Parenthèse au Maroc

Z
Par
Mars 2017
7 jours
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Bab Boujloud 

Après être descendus de l'unique avion de l'aéroport -minimaliste- de Fès, nous avons été accueillis par un taxi (nous avons appris plus tard que le roi du Maroc était attendu depuis des mois pour inaugurer la nouvelle partie de l'aéroport...mais qu'il n'avait annoncé aucune date). L'air était doux, et les familles pique-niquaient sous les oliviers dans un village près de l'aéroport, et les orangers fournis qui habillaient les rues ne cessaient de m'éblouir.

Un homme nous attendait à Bab Boujloud, il a récupéré nos sacs pour les mettre dans un chariot, et nous l'avons suivi tandis qu'il déambulait dans la médina. Mes yeux se sont écarquillés à la minute où nous avons passé la porte bleue. Chaque mètre était une nouvelle scène, de nouvelles images, de nouveaux parfums. Puis, au détour d'une ruelle, il nous a déposé à notre Riad, le Riad Adarissa. Une petite merveille de tranquillité au milieu de la médina.

Bon plan logement cool : Le Riad Adarissa. Pensez à réserver directement via leur site internet (pas de pourcentage retenu par airbnb ou booking.com, et toujours une porte ouverte pour la négociation...!)

Nous sommes sortis, une fois nos affaires déposées et le thé à la menthe bu. Nous avons commencé par aller manger un bout, au restaurant Bouayad, conseillé par le Guide du Routard. Un petit resto qui ne paye pas de mine, mais dans lequel nous sommes retournés plusieurs fois ! Le personnel était vraiment sympa, et la nourriture bonne ! Puis, nous avons continué notre chemin à la découverte de la médina.

Le soir tombant, nous sommes allés profiter de la vue imprenable sur la ville depuis la terrasse du Riad. L'appel à la prière résonnait à des kilomètres à la ronde, porté par le vent frais qui nous traversait ce soir-là.

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Nous nous sommes réveillés au son de la douce musique du patio et du chant du paon, et l'odeur du miel et du thé nous a fait sortir du lit jusqu'à la table du petit déjeuner de rêve dans le patio arabo-andalou. Nous avons fait appel aux services du guide Hadj Rachid, qui connait le labyrinthe qu'est la médina comme sa poche, tout autant que la médina le connaît. Il est 10h du matin, et les commerces ouvrent. Le monde s'agite dans cette médina si calme au réveil.

Les voitures ne pouvant pas entrer dans l'enceinte, dont les murs n'ont pas changé depuis le moyen-âge, on peut découvrir au matin la collaboration des animaux et des hommes.

Hadj Rachid nous a emmenés dans tous les coins et recoins de la médina. Hors les murs, il faisait chaud, mais les minuscules couloirs étroits laissaient les ruelles fraîches et ombragées.

Puis, il nous a emmenés dans la partie andalouse, pour finir aux tanneries Chouara.

L'odeur était très forte. On nous a donné de la menthe à l'entrée pour nous couvrir le nez. Quand je préparais le voyage et que je voyais les photos des tanneries, je n'avais vraiment pas pris en compte l'aspect macabre de cet endroit. Nous étions vraiment partagés entre admiration des traditions et écœurement face à l'odeur des peaux d'animaux morts, trempées dans la chaux.

Puis nous avons continué encore un peu la visite, vers la Medersa Bou Inania.

Hadj Rachid nous a laissés après presque 4h de visite. C'était vraiment chouette, et habituellement, je ne fais pas appel à des guides, mais je pense que pour visiter cette médina-labyrinthe, c'est indispensable pour ne rien rater ! Nous avons enfin fini notre journée par le musée Batha.

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Départ en bus pour Chefchaouen. Je rêve de cette ville depuis dix mille ans (au moins). La ville bleue ! J'en ai déjà fait une de ville bleue, une fois, en Inde, c'était à Jodhpur.

J'avais oublié ce que c'était que de voir le monde de derrière la fenêtre d'un bus.

A l'arrivée, des taxis nous ont assaillis, cette cohue était un peu bizarre, mais nous étions éblouis par la beauté de cette ville au milieu des montagnes. Une fois descendus, nous avons découvert les rues effectivement très bleues de la médina, et ses bons petits plats, après un 4h de bus agité.

Nous avons passé la nuit au Dar Terrae, une charmante petite maison de poupée.

La chambre était petite, mais coquette, et la nuit agréable.

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La terrasse était très très agréable pour le petit déjeuner du matin, et le personnel d'une très grande gentillesse.

Avant notre voyage, j'ai fait quelques recherches pour vivre une expérience un peu plus authentique au Maroc. Les riads, c'était cool pour se reposer, mais j'avais envie d'en savoir un peu plus sur le Maroc. Au détour de mes recherches, et de notre ami Google, je suis tombée sur la page du Gite Talassemtane.

Le site internet ne payait pas de mine, et on ne se rendait pas compte de la mine d'or que c'était. Fatima, la gérante, nous a préparé un programme sur-mesure, entre randonnées dans le Parc National de Talassemtane, hébergement dans un village des montagnes du Rif, repas traditionnels, et autres petits bonheurs.

Rendez-vous sur le site internet du Gite Talassemtane pour un petit séjour de randonnées sur-mesure !

Fatima et Abdel -notre guide- sont donc venus nous chercher au Dar Terrae après le petit déjeuner. Nous avons fait une heure de route dans les montagnes, en discutant. Fatima nous a déposés au départ des randos d'Akchour.

On a entamé une randonnée dans un sentier relativement difficile, mouillé, escarpé et caillouteux. Forme physique : zéro. Heureusement, l'air était frais, il bruinait à certains moments et les épais nuages venaient caresser les crêtes des montagnes.

Nous n'avons fait qu'environ 8km, en allant au Pont de Dieu (un pont de roche naturelle, dans une gorge).

Nous avons également traversé des villages, et des champs en terrasse. Nous avons appris sur le moment que toute la région cultive le kif. Je ne vais pas m'étendre sur le sujet car les locaux ont une évidente pudeur à ce propos, mais sachez que c'est très, très abondant, et que l'étendue des cultures est très impressionnante.

Nous sommes ensuite revenus au point de départ pour repartir vers les dites-chutes d'Akchour. Une zone "balnéaire" très fréquentée l'été, et agréablement désertée le jour de notre passage.

Abdel est incollable sur la végétation qui l'entoure. Il nous a fait découvrir énormément de variétés de plantes, et nous a beaucoup appris sur la faune et la flore locale.

Une chose nous a étonnés et attristés : la pollution générée par les déchets. C'est abominable de voir des montagnes si belles et si dévastées par le plastique, faisant peu à peu disparaître les poissons des rivières.

Après cette journée de randonnée, Fatima est à nouveau venue nous chercher, et nous avons roulé une bonne heure supplémentaire vers le gite. Nous sommes passés dans un village, Bab Taza me semble-t-il, dans lequel chaque semaine, les berbères descendent des montagnes et viennent vendre au souk : cultures, bétail, artisanat (sans oublier les chaussures Made in China).

Nous avons pu découvrir le charmant gite, d'où la vue sur les montagnes baignées dans la lumière de fin de journée était magnifique.

L'intérieur était joyeux, Fatima a imaginé sa décoration elle-même avant de faire travailler des femmes de la région pour réaliser ses créations. On avait en fait tout le rez-de-chaussée de la maison. Nous avons mangé comme des rois, avant de retourner profiter de l'extérieur.

Nous sommes allés sur la terrasse regarder la scène la plus drôle de cette semaine, quand la chienne de Fatima a décidé de faire son travail de berger et de courir après une brebis appartenant à deux femmes les ramenant au village après une journée dans les paturages.

Tout le village s'est radiné pour régler la situation, les enfants tombaient en courant, les femmes hurlaient, et le mouton s'est mis à faire une syncope. SCANDALE. Tout est bien qui finit bien, Abdel a sauvé le mouton, les villageoises sont rentrées chez elles, et heureusement que cette histoire était finie car on commençait à avoir mal aux abdos à force de se tordre de rire.

Fin de la journée depuis cette même terrasse, à regarder les étoiles et les villages parsemés dans les montagnes, après un long moment à échanger avec Fatima sur la culture du pays.

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On s'est réveillés avec la lumière du soleil qui chauffait doucement la chambre. Il faisait frais dans les montagnes, mais le soleil faisait bien son travail. La sœur de Fatima nous a préparé le meilleur des petits déjeuners de cette semaine marocaine. Le miel était brut, et tellement bon ! Les olives et leur huile, venant de la région, cent fois plus savoureuses que les nôtres. On a également eu le droit à des Sfenj (beignets), des Baghrir (sortes de pancakes "mille trous" à base de semoule, de farine et d'oeufs), une omelette, du café au lait et du thé.

Puis, on a pris la route, 12km dans la montagne jusqu'à Chefchaouen avec Abdel.

Les champs, avant d'être cultivés pour autre chose, sont remplis de camomille. Elle n'est pas récoltée.

En mars, les villageois commencent à préparer la terre. Les fermiers des montagnes labourent encore beaucoup de champs avec des ânes (certains lieux n'étant pas accessibles par des tracteurs, ou par manque de fonds).

Nous avons grimpé pendant les 2 premières heures (et c'est là que je me suis vraiment rendue compte de ma condition physique déplorable), découvert des paysages magnifiques à base d'oliviers, de cactus de barbarie, de camomille, de roche, de lauriers-fleur, d'agaves, de lavandes, d'herbes aromatiques, de verveine, de calendula ; nous avons arpenté des villages, escaladé des cailloux et traversé des ruisseaux.

Une fois l'altitude la plus haute atteinte, nous avons pique niqué avec une vue sur ce paysage :

Nous sommes descendus tranquillement vers Chefchaouen. Plus l'altitude était basse, plus il faisait chaud. Puis nous avons retrouvé la fraîcheur de la médina.

Abdel nous a raccompagnés à notre Dar (le Dar Sababa), où Fatima avait déjà déposé notre sac à dos. Elle avait également fait jouer ses contacts pour nous avoir un prix vraiment correct pour la chambre.

Après avoir visité la Kasbah, et arpenté les ruelles une dernière fois, nous sommes allés nous coucher, tout courbaturés que nous étions, profitant une dernière fois de la beauté de cette ville plantée là, la nuit, au milieu des montagnes.

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Après un petit déjeuner correct sur la terrasse du Dar Sababa, d'où la vue était incroyable, nous sommes repartis prendre un bus pour Fès. Le voyage a été long et parsemé de frayeurs (la conduite marocaine...).

Nous sommes revenus au Riad Adarissa. Nous avions vraiment aimé l'endroit, et surtout le personnel. Nous avons flâné tranquillement dans la medina, et nous sommes reposés après ces deux jours de randos et de voyage en bus.

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Au dernier jour, le samedi, comme nous avions décidé de ne pas louer de voiture, peu sûrs de savoir comment bien conduire sur place, nous avons réservé un guide pour nous emmener faire le tour de la ville, aller aux différentes portes, découvrir la Mellah, et l'extérieur des remparts.

Nous avons commencé par les tombeaux des Mérinides, tombeaux des derniers sultans mérinides (XIVème siècle).

Le site n'est pas très bien conservé, pas étonnant quand on sait que notre chauffeur s'est carrément garé au pied des ruines (pour cela, je vous conseille de vous rendre à pieds aux tombeaux, ou de demander à votre chauffeur ou votre taxi de se garer plus bas). La vue sur Fès, les remparts, et les entourages y est imprenable.

Nous avons ensuite visité le Borj Sud, avec une vue tout aussi imprenable, puis nous avons rejoint la Mellah, l'ancien quartier juif, au bord du palais royal.

Le palais royal, quand à lui, est une débauche de mosaïques magnifiques et de portes immenses.

Suite à ça, nous sommes allés à la rencontre d'artisans potiers dans une coopérative. L'artisanat est un des trésors du Maroc, et il est vraiment intéressant de voir comment il se perpétue et s'enseigne aux plus jeunes.

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Retour au Riad. Nous profitons une dernière fois des ruelles et des souks de la médina.

Nous avons fait notre dernière expérience gustative en goûtant des figues de barbarie (des figues de cactus). Pour ceux qui aiment les teintures naturelles, vous pourriez obtenir un magnifique magenta pour vos tissus.

Et pour finir, notre dernier repas, dans un restaurant où nous sommes allés 3 fois : Restaurant des Jeunes. Il n'est dans aucun guide, et n'est pas vraiment rutilant, mais nous a été conseillé par Haddou, l'un de nos hôtes au Riad. Leur pastilla végétarienne est à tomber par terre, vraiment, une de mes découvertes culinaires de l'année (si ce n'est des 4 dernières années), mais je ne saurais dire ce que vaut le reste de la carte.

Dégustez la Pastilla végétarienne du Restaurant Des Jeunes.

Personnellement, je ne mange presque plus de viande depuis des mois, et étonnamment j'ai pu manger des plats végétariens typiques et excellents tous les jours, et partout. La France peut en prendre de la graine !

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Haddou s'est levé à 4h45 pour nous accompagner jusqu'au taxi qui nous amènerait à l'aéroport ; quelques fidèles se rendaient en silence à la mosquée pour la première prière de la journée. Haddou a été une belle rencontre sur place. Il nous a beaucoup parlé de sa culture, de son pays, de sa famille et de sa vie. Nous avons eu la sensation de vraiment rencontrer le Maroc via Haddou. Il nous a emmené voir les bons herboristes, nous a fait découvrir les bons restaurants qui ne payaient pas de mine et n'étaient dans aucun guide, mais où la nourriture familiale était délicieuse. Je tiens vraiment à le remercier ici pour tout cela.

Merci également à Fatima, qui a partagé avec nous son point de vue sur la condition des femmes, sur l'écotourisme, et pour son amour pour la région de Chefchaouen. Abdel, pour ses nombreuses connaissances sur le Parc Talassemtane, sur la faune, la flore, et à peu près n'importe quel autre sujet.

Pour dire vrai, nous avions prévu au début d'aller en Norvège. Je suis allée l'an passé en Islande, et je voulais montrer à Thomas les aurores boréales. Mais notre portefeuille n'adhérait pas avec ce projet. Et au départ de Nantes, les vols étaient tellement accessibles, que nous avons un peu choisi cette destination par hasard. Et nous ne le regrettons vraiment pas.

Nous avons été surpris par la diversité des paysages, car nous n'avions que des clichés en tête. L'accueil des marocains est chaleureux, et ce voyage a été une véritable parenthèse dans une vie active déconnectée de la réalité du reste du monde.

Vols pas chers au départ de Nantes pour Fès, avec Ryanair : nous avons payé chacun 90€ aller-retour en Mars 2017 (penser à l'ajout d'un bagage)