En terres japonaises|partie 1

Z
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Du 8 novembre au 5 décembre 2018
4 semaines
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Moscou-Tokyo 

J'ai pleuré quand le train a quitté la gare de l'aéroport et que j'ai découvert pour la première fois un paysage nippon. La Moi de 16 ans est revenue et m'a transmis toute son émotion.

J'étais partie pour 7 mois de voyage, je l'avais envisagé pendant 2 ans et demi, et le premier paysage que je voyais c'était celui dont je rêvais depuis l'adolescence : des forêts de bambou, des toits courbés, des petits jardins avec des bonsaïs, des voitures si étroites qu'on aurait dit qu'elles avaient été écrasées, des rizières et des panneaux aux idéogrammes colorés.

Thomas me regardait avec compassion, il savait ce que tout cela impliquait. Le Japon était aussi un rêve d'enfant pour lui.

Le train a continué de rouler, et la verdure a laissé place aux buildings. Les rails zigzaguaient entre les immeubles avant d'arriver dans le centre de Tokyo. On a laissé nos affaires dans notre capsule hôtel de Ginza, et on est vite partis en exploration.

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Shinjuku | Omoide Yokocho


C'était la sortie du travail. Les fameux "Salary Men" étaient lâchés. C'est l'heure de manger des brochettes et de boire du saké dans les ruelles de Shinjuku. Très vite, on a vu des gens à terre, incapables de se maîtriser, pleurant même parfois. C'était drôle et un peu triste aussi. Une autre culture.

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Tsukiji Market

En ce premier jour complet, encore jetlagués, on a voulu y aller tranquillement. D'abord, on avait le temps ! On avait un mois au Japon. Un mois, c'est long, rien de réservé, rien de prévu, alors on a décidé qu'on irait à notre rythme et au gré de nos envies.

Notre première envie : des sushis, évidemment ! Alors on a filé au petit matin à Tsukiji Market, pour voir le marché aux poissons. Quelle vie ! Ça grouillait de partout. Il y avait des choses à voir dans tous les recoins. Je nous revois, ébahis dans les allées étroites de ce marché, à renifler toutes les odeurs, écouter les cris des marchands et les conversations en gloubiboulgas incompréhensibles à nos oreilles, et à observer toutes ces couleurs (épices, poissons séchés, sucreries, objets...).

On s'est arrêtés dans un restaurant de sushis, il était 10h30. Un peu tôt pour du poisson cru dans l'estomac (surtout pour une végétarienne), mais c'était beaucoup trop tentant. Je n'ai JAMAIS mangé de poisson aussi fondant et aussi goûtu. Chez nous, la loi nous oblige à congeler tout poisson servi cru, mais j'ai bien l'impression que ce n'est pas le cas au Japon (c'est la seule raison que j'ai trouvée pour justifier cette différence de goût).

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Hamarikyu Gardens


Juste à côté de Tsukiji, les jardins d'Hamarikyu. Tokyo a des espaces verts merveilleux, bien entretenus et tranquilles. Nous avons rencontré nos premières japonaises en kimonos, venues faire une cérémonie du thé et des photographies.

La ville est si silencieuse, même en journée (enfin du moins, plus silencieuse que d'autres villes), qu'on en oublierait presque qu'on se trouve dans une des plus grandes mégalopoles du monde.

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Imperial Palace


Nous avons repris un train de Shimbashi jusqu'à la Tokyo Station, puis on a marché jusqu'à l'Imperial Palace. On était épuisés, nos jambes et notre excitation nous portaient à peine, et le Palais Impérial est démesurément grand. A vrai dire, il n'y a pas grand chose à voir si on n'entre pas dedans. Mais bon, on a voulu voir de nos yeux. Voilà, on a vu.

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Akihabara


Une de nos plus grandes envies aussi, c'était Akihabara. Et quoi de mieux que de passer du Palais Impérial, si traditionnel et zen, à Akihabara, le temple du grand n'importe quoi, des lumières sous acide, et des sons abrutissants. Qu'est-ce qu'on a ri !

On a marché pour l'atteindre, on ne voulait pas rater une miette du spectacle des rues de Tokyo.

Une fois qu'on avait atteint les salles d'arcade et les boutiques de "gatcha gatcha" (les machines où on gagne des goodies, porte clefs, peluches, et autres consoles), on s'est arrêtés de longues minutes pour observer les japonais jouer.

Ils sont hyper forts ! Vous les verriez sur DDR et ses variantes. C'est un véritable lieu de socialisation, où les jeunes se retrouvent et s'amusent. Comme dans les mangas.

On trouve de tout à Akihabara, même des jeunes filles déguisées en soubrettes qui attirent et accueillent les Salary Men en manque de relations amoureuses. Nous ne sommes pas entrés dans ces maid cafés, car je ne soutiens pas ce genre d'industries exploitant les femmes, mais d'après ce que j'en ai compris, tout ce qui se trame dans ces cafés sont des conversations, des rires, de l'alcool, et cela s'arrête là ; comme un héritage des geishas en somme.


Je voulais aussi vous partager le portrait de cette jeune femme. J'ai volé ce portrait, c'est vrai. Mais il représente une face du Japon que j'ai beaucoup observé : la solitude. J'ai vu beaucoup de personnes seules, les yeux rivés sur leurs téléphones portables, comme pour oublier cette solitude. Les visages sont parfois fermés, et il ne semble pas y avoir beaucoup de place pour l'expression des individus. Les japonais m'intriguent, me questionnent, on avait très envie de les rencontrer pour les comprendre.

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Harajuku

Quand j'avais 16 ans, je lisais des mangas, je faisais du cosplay même, et je connaissais donc forcément le quartier de Harajuku. Je rêvais d'y aller, et d'y voir les cosplayers japonais s'y retrouver (bon, à priori ça a changé, on n'en a pas vu !).

Mais il y avait ce café, le Monster Café. C'était pas donné, mais j'avais trop envie de le découvrir. Bienvenue dans l'antre de l'extrême et du monde acidulé japonais :

On a continué dans les rues surpeuplées du quartier, à la recherche des meilleurs (mais alors vraiment les meilleurs) Gyozas qu'on n'ait jamais mangés. Je salive rien qu'en y repensant. C'était à Gyozas Lou, dans des ruelles plus calmes pour le coup. Puis on a filé vers Yoyogi-Koen.

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Meiji-jingū & Yoyogi-Koen


À la frontière avec Harajuku, nous nous sommes replongés dans le Japon traditionnel. Et puis très traditionnel d'ailleurs, car c'était une période importante de Novembre, celle des Shichi-go-san : les 7-5-3 (un rite initiatique pour les les enfants de trois ans, les garçons de cinq ans et les filles de sept ans). Les parents et enfants se retrouvent en tenue traditionnelle au temple Meiji-jingū pour prier.

Le temps s'est comme arrêté dans ce parc.

2

On a longtemps cherché une famille qui voulait bien nous accueillir (le couch surfing, c'est bien pour ça). Mais c'est compliqué, car les logements sont tous petits, et on n'accueille pas si facilement des gens dans son foyer. Mais on a trouvé.

On a été accueillis par une chouette famille de 3 personnes, et une à venir.

Yoko, la maman (enceinte), Soya, le petit et le Papa dont j'ai honteusement oublié le nom. On a retenu plusieurs choses : on est plus forts qu'eux à Mario Kart et Soya a une collection de pokémon bien plus impressionnante que celle que Thomas possédait à son âge. On a passé deux chouettes nuits là-bas, à échanger sur le mode de vie des japonais, sur l'école, le travail, la famille. On faisait des comparaisons, des échanges culturels. J'aurais aimé le faire plus souvent au Japon, mais c'est malheureusement la seule expérience qu'on ait pu trouver.

Le lendemain, Yoko nous a conseillé d'aller faire le musée "Cup Noodle" à Yokohama. Franchement on y est allés en rigolant, mais c'était top ! Les nouilles instantanées que nous voyons comme un repas d'étudiant de médiocre qualité a littéralement sauvé la population japonaise qui souffrait de la famine après la seconde guerre mondiale.

Nous avons ensuite visité Yokohama, ville portuaire gigantesque.

On est rentrés chez Yoko et sa famille, on a dégusté des plats préparés maison (notamment une de nos découvertes préférées : LES TAMAGOYAKI (omg), une sorte d'omelette japonaise délicieuse. On a aussi eu le droit à des petits onigiris pokémon. Un délice.

C'était une de nos plus chouettes expériences au Japon, une de celles où on apprend à comprendre les locaux, leurs us et coutumes. On retournera au Japon un jour, c'est sur, je m'y prendrai d'avantage à l'avance pour trouver une autre famille à rencontrer.

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Nous avons pris un ticket de train illimité pour quelques jours pour la région d'Hakone, afin d'aller y observer le Mont Fuji (si nous étions chanceux).


On a jeté nos affaires à l'auberge, dans une chambre capsule (ci-contre).

<---- L'hébergement est si cher au Japon, afin de voyager dans un tarif raisonnable, on a régulièrement dormi dans ce genre de lieux. Notre futon deux places était dans la petite cabane en haut de l'échelle sur l'image. Très cosy et confortable, j'ai adoré dormir dans ces cocons !

La qualité de l'hébergement est telle, que peu importe le type d'hébergement, c'est toujours au top de l'équipement et du confort.


La petite ville d'Hakone est très sympathique (et un peu touristique quand même). Elle fait un peu village de montagne, c'est mignon.

On a ensuite filé prendre le bus pour le lac Ashi, afin de tenter de voir le Mont Fuji (mais il était caché derrière les nuages). On est allés voir le temple Shinto de Hakone Jinja. La lumière commençait à descendre, il y avait une ambiance particulière avec les lanternes qui commençaient à s'allumer alors qu'on s'enfonçait dans la forêt.

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Le lendemain matin, on a sauté dans le même bus pour aller LE voir. Le Mont Fuji. Fuji San. Fuji Sama. Si mythique, et tant attendu de notre part. Le ciel semblait s'être dégagé.

On est donc repartis au bord du lac Ashi, à Hakone-en, et on l'a découvert, sa tête dépassant des nuages, avec dans notre champs de mire le Torii (la porte) rouge de Hakone Jinjya. Parfois, les gens vont là-bas et n'ont pas la chance de l'apercevoir, mais on a été chanceux !

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On a ensuite sauté dans un bateau, puis dans un téléphérique pour se rendre à la station thermale d'Ōwakudani, où on allait pouvoir déguster des oeufs cuits dans le souffre et les sources chaudes (apparemment on gagne 7 ans de vie en en mangeant haha...bon ben on s'est fait un festin !)

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On a continué notre chemin, en téléphérique toujours, puis en train de montagne, pour atteindre les petits jardins de Gora.

Les couleurs d'automne étaient déjà sublimes. Des érables du Japon partout dans ce joli parc.

Notre périple s'est terminé avec notre retour à la gare d'Hakone, où une sublime lumière nous attendait.

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Les Onsen.

Aller au Japon, c'est aussi tester les Onsen. Lucky us, nous n'avons pas de tatouage, et les portes nous sont donc grandes ouvertes !

Je ne peux bien sur pas prendre en photo l'intérieur des bains, alors je vais décrire mon expérience, qui doit être différente de celle de Thomas, car nous étions séparés.

Il faisait frais et nuit dehors, je suis rentrée dans les vestiaires des femmes, en observant un peu autour de moi ce qu'il fallait faire. Il y avait des petits prospectus à l'attention des touristes, avec des petites bd en anglais expliquant la marche à suivre. Déjà, c'est toute nue. Il ne faut pas mettre sa serviette dans l'eau (mais sur sa tête ou à l'extérieur des bassins). Je tentais de me cacher avec pudeur avec la minuscule serviette, n'ayant pas pour habitude d'être nue devant des inconnues. J'étais la seule blanche, bien que ça n'ait pas vraiment d'importance.

On passe d'abord par une étape de douche, afin d'être propre avant d'aller dans les bains. Personne ne se regarde, il y a un calme certain partout. Certaines femmes viennent entre copines, mais pas d'esclandre. Je sors à l'extérieur et découvre les fumerolles de chaleur s'échappant des bains. C'est si calme. On est au milieu de la végétation éclairée par des lanternes, à l'abri des regards. Je rentre dans un bain, quelques minutes, et comme les autres femmes, je ressors, vais dans un autre bain, et ainsi de suite. Ils ont des températures différentes. J'ai du mal avec l'eau bouillante sur ma peau froide, mais je m'adapte. Je découvre la solitude et la quiétude des onsen, et je comprends pourquoi c'est important dans la culture japonaise.

Après 1h, Thomas et moi nous retrouvons, et continuons de nous reposer dans les salles sur tatami prévues à cet effet. Se poser, pour de vrai : quel luxe.

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Hakone, jour 2.

Nous sommes repartis au bord du lac Ashi avec l'idée en tête d'aller faire le funiculaire de Hakone Komagatake (pas inclus dans notre pass), et de changer de point de vue sur le Mont Fuji. Juste avant, on est passés par la porte du bord du lac (et on n'a pas fait la queue pour se prendre en photo en dessous, j'ai réussi à voler une photo entre deux passages de selfies, mais en vrai il y avait une queue d'une cinquantaine de personnes qui attendaient pour se prendre en photo sous la porte).

Puis, on est allés au funiculaire, après un court trajet en bus. C'était une des meilleures décisions qu'on ait pu prendre, malgré nos réticences (le pass nous offrait déjà un large panel de choses à voir) : tout simplement l'un de mes plus beaux souvenirs de voyage, de toute la vie. Le funiculaire nous montant en haut de la montagne était tout vieux, et abimé. Mais quand il montait, Fuji San était incroyablement cinématographique, se mouvant à la vitesse lente de notre déplacement, comme dans un travelling de film.

L'air nous fouettait le visage, il faisait vraiment froid, mais la vue était IMPRENABLE, on voyait carrément Tokyo ! Bref, on est montés encore un petit peu, profitant de la balade en haut de la montagne jusqu'au temple la surplombant, donnant un point de vue surréaliste sur le Mont.

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Pour rentrer, on a marché autour du lac, à notre rythme, profitant du calme de la balade. On a fini cette journée sur un coucher de soleil sur le lac Ashi. Sublime.

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Après Hakone, on est retournés sur Tokyo (d'où on allait pouvoir repartir dans les Alpes Japonaises en bus plus tard, mais je le raconterai dans un second carnet).

Asakusa

On a décidé d'aller visiter le quartier d'Asakusa, et ses petites rues et son temple (le Sensō-ji). Bon, c'était BLINDÉ de monde. Mais c'était chouette à voir.

La spiritualité du lieu, et des japonais en général, est indéniable.

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Shibuya


Aller à Tokyo sans découvrir, d'un point de vue en hauteur, les fameux passages piétons de Shibuya, c'est passer à côté de quelque chose.

On s'est installés à l'étage du Starbucks, et on a observé la vie grouiller (et encore, c'est plutôt soft sur les photos).

Juste derrière Shibuya station, il y a Shibuya Yokocho, une autre ruelle typique ancienne de restaurants et autres lieux de vie. C'est aussi un lieu super photogénique, alors on s'en est donnés à coeur joie.

Shinjuku Kabukichō

On a poussé un petit peu plus loin, et on est retournés à Shinjuku pour aller y observer la folie des néons de nuit.

Enfin, parce qu'on ne pouvait pas s'en lasser, on a fini notre visite de Tokyo par aller encore observer les japonais jouer dans les salles d'arcades.

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On a profité à fond de Tokyo et de tout ce qu'elle avait à nous offrir. On a couru la ville, 14km par jour en moyenne. On dévoré chaque recoin, chaque boutique Ghibli, chaque sale d'arcade, chaque magasin d'électronique, chaque restaurant, chaque marché, chaque temple. On pourrait rester des semaines à Tokyo tant il y a à visiter !

Le lendemain, on allait partir pour les montagnes.

La suite du récit en partie 2.