Moscou-Tokyo J'ai pleuré quand le train a quitté la gare de l'aéroport et que j'ai découvert pour la première fois un paysage nippon. La Moi de 16 ans est revenue et m'a transmis toute son émotion.
J'étais partie pour 7 mois de voyage, je l'avais envisagé pendant 2 ans et demi, et le premier paysage que je voyais c'était celui dont je rêvais depuis l'adolescence : des forêts de bambou, des toits courbés, des petits jardins avec des bonsaïs, des voitures si étroites qu'on aurait dit qu'elles avaient été écrasées, des rizières et des panneaux aux idéogrammes colorés.
Thomas me regardait avec compassion, il savait ce que tout cela impliquait. Le Japon était aussi un rêve d'enfant pour lui.
Le train a continué de rouler, et la verdure a laissé place aux buildings. Les rails zigzaguaient entre les immeubles avant d'arriver dans le centre de Tokyo. On a laissé nos affaires dans notre capsule hôtel de Ginza, et on est vite partis en exploration.
Shinjuku | Omoide Yokocho
C'était la sortie du travail. Les fameux "Salary Men" étaient lâchés. C'est l'heure de manger des brochettes et de boire du saké dans les ruelles de Shinjuku. Très vite, on a vu des gens à terre, incapables de se maîtriser, pleurant même parfois. C'était drôle et un peu triste aussi. Une autre culture.
Tsukiji Market
En ce premier jour complet, encore jetlagués, on a voulu y aller tranquillement. D'abord, on avait le temps ! On avait un mois au Japon. Un mois, c'est long, rien de réservé, rien de prévu, alors on a décidé qu'on irait à notre rythme et au gré de nos envies.
Notre première envie : des sushis, évidemment ! Alors on a filé au petit matin à Tsukiji Market, pour voir le marché aux poissons. Quelle vie ! Ça grouillait de partout. Il y avait des choses à voir dans tous les recoins. Je nous revois, ébahis dans les allées étroites de ce marché, à renifler toutes les odeurs, écouter les cris des marchands et les conversations en gloubiboulgas incompréhensibles à nos oreilles, et à observer toutes ces couleurs (épices, poissons séchés, sucreries, objets...).
On s'est arrêtés dans un restaurant de sushis, il était 10h30. Un peu tôt pour du poisson cru dans l'estomac (surtout pour une végétarienne), mais c'était beaucoup trop tentant. Je n'ai JAMAIS mangé de poisson aussi fondant et aussi goûtu. Chez nous, la loi nous oblige à congeler tout poisson servi cru, mais j'ai bien l'impression que ce n'est pas le cas au Japon (c'est la seule raison que j'ai trouvée pour justifier cette différence de goût).
Hamarikyu Gardens
Juste à côté de Tsukiji, les jardins d'Hamarikyu. Tokyo a des espaces verts merveilleux, bien entretenus et tranquilles. Nous avons rencontré nos premières japonaises en kimonos, venues faire une cérémonie du thé et des photographies.
La ville est si silencieuse, même en journée (enfin du moins, plus silencieuse que d'autres villes), qu'on en oublierait presque qu'on se trouve dans une des plus grandes mégalopoles du monde.
Imperial Palace
Nous avons repris un train de Shimbashi jusqu'à la Tokyo Station, puis on a marché jusqu'à l'Imperial Palace. On était épuisés, nos jambes et notre excitation nous portaient à peine, et le Palais Impérial est démesurément grand. A vrai dire, il n'y a pas grand chose à voir si on n'entre pas dedans. Mais bon, on a voulu voir de nos yeux. Voilà, on a vu.
Akihabara
Une de nos plus grandes envies aussi, c'était Akihabara. Et quoi de mieux que de passer du Palais Impérial, si traditionnel et zen, à Akihabara, le temple du grand n'importe quoi, des lumières sous acide, et des sons abrutissants. Qu'est-ce qu'on a ri !
On a marché pour l'atteindre, on ne voulait pas rater une miette du spectacle des rues de Tokyo.
Une fois qu'on avait atteint les salles d'arcade et les boutiques de "gatcha gatcha" (les machines où on gagne des goodies, porte clefs, peluches, et autres consoles), on s'est arrêtés de longues minutes pour observer les japonais jouer.
Ils sont hyper forts ! Vous les verriez sur DDR et ses variantes. C'est un véritable lieu de socialisation, où les jeunes se retrouvent et s'amusent. Comme dans les mangas.
On trouve de tout à Akihabara, même des jeunes filles déguisées en soubrettes qui attirent et accueillent les Salary Men en manque de relations amoureuses. Nous ne sommes pas entrés dans ces maid cafés, car je ne soutiens pas ce genre d'industries exploitant les femmes, mais d'après ce que j'en ai compris, tout ce qui se trame dans ces cafés sont des conversations, des rires, de l'alcool, et cela s'arrête là ; comme un héritage des geishas en somme.
Je voulais aussi vous partager le portrait de cette jeune femme. J'ai volé ce portrait, c'est vrai. Mais il représente une face du Japon que j'ai beaucoup observé : la solitude. J'ai vu beaucoup de personnes seules, les yeux rivés sur leurs téléphones portables, comme pour oublier cette solitude. Les visages sont parfois fermés, et il ne semble pas y avoir beaucoup de place pour l'expression des individus. Les japonais m'intriguent, me questionnent, on avait très envie de les rencontrer pour les comprendre.
Harajuku
Quand j'avais 16 ans, je lisais des mangas, je faisais du cosplay même, et je connaissais donc forcément le quartier de Harajuku. Je rêvais d'y aller, et d'y voir les cosplayers japonais s'y retrouver (bon, à priori ça a changé, on n'en a pas vu !).
Mais il y avait ce café, le Monster Café. C'était pas donné, mais j'avais trop envie de le découvrir. Bienvenue dans l'antre de l'extrême et du monde acidulé japonais :
On a continué dans les rues surpeuplées du quartier, à la recherche des meilleurs (mais alors vraiment les meilleurs) Gyozas qu'on n'ait jamais mangés. Je salive rien qu'en y repensant. C'était à Gyozas Lou, dans des ruelles plus calmes pour le coup. Puis on a filé vers Yoyogi-Koen.
Meiji-jingū & Yoyogi-Koen
À la frontière avec Harajuku, nous nous sommes replongés dans le Japon traditionnel. Et puis très traditionnel d'ailleurs, car c'était une période importante de Novembre, celle des Shichi-go-san : les 7-5-3 (un rite initiatique pour les les enfants de trois ans, les garçons de cinq ans et les filles de sept ans). Les parents et enfants se retrouvent en tenue traditionnelle au temple Meiji-jingū pour prier.
Le temps s'est comme arrêté dans ce parc.