Lorsque j'ai obtenu mon diplôme de graphisme aux Beaux-Arts, Thomas et moi avions pour projet de partir nous installer au Canada -ce que nous avons fait par la suite-. Mais il restait une année d'études à Thomas, alors, j'avais une année à tuer en l'attendant. Je suis donc repartie faire une année d'études supplémentaire en graphisme, en Licence pro, cursus qui me permettrait de faire un long stage, et à l'étranger. Car j'avais déjà un studio de graphisme à Delhi en tête.
J'ai fait ma demande de stage au studio, et une fois qu'elle a été acceptée, je me suis inscrite en licence. Bref. En février, je m'envolais pour New Delhi.
J'avais créé un site web à ce moment là, il s'appelait "99 India", mais je l'ai récemment retiré d'internet, car je n'avais plus envie de payer mon hébergement web. Aussi, je n'ai plus rien pour parler de ce voyage, alors j'ai eu envie de reparler de mon voyage ici.
Lajpat Nagar
Mon arrivée à Delhi, toute seule, était un peu effrayante. Il était 6h du matin, et j'ai réussi à m'engouffrer dans un taxi prépayé avec une touriste habituée. Elle m'a rassurée, et une fois descendue, je me suis mise à discuter avec le chauffeur qui ne savait pas trop bien où se rendre. Il m'a enfermée dans son taxi une fois arrivés dans mon nouveau quartier de Lajpat Nagar pour aller demander son chemin à des hommes qui dormaient dans la rue.
Je ne connaissais rien d'autre que l'occident, il faisait nuit et j'étais vraiment apeurée, bêtement. Une fois déposée à bon port, et recueillie par Elise (dans la colloc que je partagerai plus tard avec ma cousine Louise, Marie, et Luisa), j'ai fait un petit somme avant de sortir lorsque le quartier commençait à s'animer.
Je suis allée à la rencontre de ce quartier, qui me manque tant aujourd'hui. Lajpat Nagar, I block. Je me souviens de chaque personne, chaque détail, chaque odeur, chaque recoin.
Ce quartier formidable, où nous avions nos habitudes, nous a accueillies comme si nous en étions. Je rêve souvent de revenir juste pour y retrouver les habitants. De la dame du salon de beauté Cinderella qui me donnait des coups de poing dans le dos en guise de massage ; à Maddhu qui nous prenait sous son aile, ainsi que sa soeur et son neveu ; aux monsieurs afghans aux yeux magnifiques du pain, qui se moquaient de nous chaque jour, car on se brûlait les doigts en ne voulant pas attendre que le pain ne refroidisse pour le grignotter ; au monsieur Sikh qui nous vendait les cartes de téléphone, et qui m'a demandé de "repasser demain" pour faire un portrait de lui, car il voulait que sa barbe soit impeccable ; au petit garçon et son papa qui nous vendaient les fruits et les légumes devant les toilettes publiques ; bref, toutes ces personnes avec qui nous vivions en harmonie, et qui nous ont adoptées, comme de vraies résidentes.
J'ai adoré chaque matin aller négocier mon Richshaw, ou mon cycle. La négociation, c'est un peu difficile, car on ne se sent pas toujours légitime de tirer les prix quand, lorsque l'on fait la conversion, il ne s'agit que dizaines de centimes d'euros. Mais ça fait partie du quotidien, c'est comme ça. Il faut avouer que les hommes qui conduisent les rickshaws, et surtout les cycle, ont vraiment la vie dure. Il a fait jusqu'à 48 degrés à Delhi, oui, 48 ! Et les hommes tiraient quand même leurs vélos. J'avais vraiment du mal à les faire travailler, mais en même temps, je préférais payer ces hommes qui trimaient plutôt que les autres.
J'ai aimé chaque instant de mon stage, auprès de Pushkar Thakur, et de Shruti, ma co-stagiaire. J'étais en roue libre, et à vrai dire, mon stage m'a plus servi à découvrir la culture indienne du point de vue de quelqu'un qui connaissait la mienne, car Pushkar et Shruti avaient beaucoup voyagé en occident.
Aussi, Pushkar traitait admirablement bien Shyam Singh, son employé, qui nous préparait chaque jour les meilleurs mets que j'ai dégusté en Inde. Je l'aimais beaucoup, c'était un homme simple, humble et timide.
Bref, voilà pour cette intro. Dans ce carnet, je ne vais pas raconter le détail de ces 99 jours, mais plutôt évoquer des moments, des lieux, ou des événements, à la manière de cette petite partie sur mon quartier de Lajpat Nagar.