Carnet de voyage

Mexico - Ushuaïa. Sans itinéraire.

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Traverser l'Amérique du sud ! Un voyage qui me fait vibrer depuis longtemps. S'imprégner de la vie latina-américaine en suivant un chemin inconnu. Avec les rencontres, comme seul essence.
Octobre 2024
100 jours
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J1
J1
Publié le 17 octobre 2024

Jour 1 : mercredi 16 octobre 2024. Arrivée à México city !! 8 heures de décalage horaire.

L'altitude de la ville ne suffisait pas, j'ai choisi un backpacker au 4ème étage sans ascenseur, c'est un effort mais c'est le meilleur moyen pour bien observer la pollution.

J'écris les premières lignes de ce grand voyage depuis le roof top de l'hôtel Massiosare. C'est la pleine lune. Les gens sont gentils, le lieu est vraiment chaleureux, il y a un mec de l'Ohio qui joue de la guitare. Il a les cheveux longs, c'est ringard, mais il joue talk to me, des "petits mouchoirs". Ca va être un beau voyage.

Lit tout doux dans un dortoir de 8 personnes, ça parle 5 langues et ça sent le vieux renard. C'est superbe.

Situé en plein centre de la capitale à cinq minutes de la rue piétonne Francisco Madero et du Zocalo. L'hôtel est vraiment cool. Couché 20h09. Heureux.

J2
J2
Publié le 18 octobre 2024

On y est !

Impossible de faire marche arrière.

Il est temps de s'attaquer à un vieux rêve. D'ailleurs il est grand temps en général de s'attaquer à ses rêves.

Traverser l'Amérique latine a capela ! Avec un slip de rechange et peu de point de rendez vous sur la carte. Seulement se servir des rencontres et des conseils des locaux et d'autres voyageurs pour se déplacer.

Petit dej à l'hotel Massiosare sur la terrasse : riz, haricots, café, banane. Programme de la journée : trouver une carte sim et un peu de liquide pour être complètement prêt. Visiter le phénoménale musée d'anthropologie, aller à Décathlon, s'asseoir et discuter avec les gens qui ont des gros sacs à dos. Partir plein sud.

Mexico City 
J5
J5
Publié le 21 octobre 2024

Quitter la ville. Initier le mouvement.

Et quoi de mieux pour se mettre en mouvement que les bus longue distance d'Amérique du sud !? Un de mes endroits favoris au monde : telenovela, chargeur USB, siège 5 étoiles... dans la télé, Joaquin Phoenix joue un corse célèbre, en espagnol, sous titré espagnol. Ca va être un beau voyage.

Arrivée à Oaxaca !! Etape obligatoire vers le Pacifique après une route magnifique sur les hauteurs de la sierra de Tehuacan. Arrivée dans l'hôtel très très coquin el viajero Oaxaca. Objectif : partir randonner quelques jours pour s'immerger dans les communautés de la sierra Ozolotepec. Si tout se passe bien, au bout c'est l'océan.

J6
Monte Alban 
J7àJ12

Une semaine pour passer la dernière montagne. Ce voyage est déjà rentabilisé. Trek incroyable entre les petits villages Ozolotepec bien accrochés entre 2500 et 3000 mètres d'altitude au sud de Oaxaca. J'y ai laissé quelques litres, sur la fin j'avais l'impression que mon sac pesait une tonne heureusement un homme m'a ramené à la civilisation en moto. En passant sur le versant des bananiers et des fleurs de tiaré les degrés sont vite montés.

Très beau souvenir, direction maintenant la plage.

Objectif : faire une machine, faire du hamac, aller voir l'Océan Pacifique.

J13
J13
Publié le 30 octobre 2024

Huatulco et ses plages où les touristes ne vont pas.

petit incubateur pour les oeufs de tortue, Bahia Chahué, Crucecita, Huatulco.  
J14
J14
Publié le 30 octobre 2024

Tuxtla Gutierrez et son célèbre Cañón del Sumidero. Grosse ville.

J16
J16
Publié le 2 novembre 2024

Départ tôt parce que c'est le genre de journée que je déteste et je ne connais pas le Guatemala mais cela devrait bien se passer.

Au bout d'une heure de route, les membres bien armés d'un des cartels du Chiapas monte à bord de la camionetta pour nous vérifier, j'étais prévenu, mais j'ai quand même sali un slip, le bleu.

Du coté Guatémaltèque l'ambiance est plus cool. Première rencontre avec les "chicken bus", unique moyen de transport dans ce beau pays jungleux. Chicken veut dire : quatre par siège, bus signifie : roule grâce au divin.

J'ai onze enfants sur les genoux mais tout le monde à l'air joyeux, même celui qui vient de vomir. Le chauffeur roule fort. Mais il roule bien, c'est dommage je suis en train de me rendre compte que nous sommes sur un tronçons de la Pan-Américaine !! La route 1 !! Qui au beau milieu de ces paysages chargés à outrance de végétation au dessus de la rivière Sacuma offre un spectacle magnifique dont je profiterai peu.

Au bout de quelques heures je me rends compte que mon cerveau est en grève et que la nuit va tomber, je décide donc d'interrompre le projet initiale et m'arrête dans une ville qui a un nom rigolo, on appelle cela l'instinct du voyageur. Nous sommes à la veille d'un des jours fériés les plus importants en Amérique du Sud, la fête des morts, je n'ai pas de réservation et la ville dans laquelle je pénètre se prépare visiblement à la fin du monde. Dans la joie, les fleurs et le maquillage.

Formidable ! On n'aime tu ça l'aventure nous autres...

Points positifs : c'est la fête et ça sent le graillou. Le vrai graillou, le chicharrones bien frit et la tortilla de maïs. Ca généralement ça me remet vite le sourire, si je réussis à changer un peu d'argent, j'ai pas dit mon dernier mot.

Et si par miracle ce soir je dors sur un vrai matelas, ce sera une belle journée !

Huehuetenango, Guatemala.
J18
J18
Publié le 14 novembre 2024

Sud ouest du Guatemala. Début des volcans fous.

 Volcan de Pecul, sud de Quetzaltenango. 
J19
J19
Publié le 14 novembre 2024

Rencontres.

Arrivée au paisible lac Atitlan. Pas de buildings, pas de routes. Sur le lac, l'éternel estivant passe sa mort en vacances, sur un paddle cette fois-ci. Tout retombe enfin, la route, les bus, la ville et je m'imagine déjà prolonger mon séjour ici. Cela va être difficile je n'ai aucune réservation.

L'homme ! A qui j'ai fait un café ce matin à Quetzaltenango me dit en descendant du bus de l'accompagner au gran colibri adventure park parce que ça à l'air pô pire !

Hugo, strasbourgeois, travaille dans le social, vit à Montréal. Aime la bière et le cinéma. Possède un diplôme de projectionniste. C'est un bon cheum. Il a croisé le cartel lui aussi dans le Chiapas et a avalé beaucoup de route jusqu'au lac, l'ambiance dans ce camping est absolument délicieuse, on y restera 3 jours en paix avant de reprendre la route. Vers le sud.

Tipis colorés du camping, volcan Atitlan. 
J22
J22

Retour aux affaires après un paisible tour du lac à pied et en lanchas, j'ai rendez vous avec mon premier costaud : le volcan Atitlan.

Départ de San Lucas Toliman au bord du lac à 15h. Nouilles chinoises, pain de mie, purée de frijoles, 4 litres d'eau, nous sommes à 1500m d'altitude.

Nuit dans la montagne. Levé 4h. Arrivée au sommet pour le levé du soleil. 3520m d'altitude !!!!!!!! Le calcul est simple ! J'aurais le temps d'y réfléchir pendant la descente mais c'est peut-être mon record de dénivelé en moins de 24h. Ce sera un bon entrainement pour la suite. Nuit au bord du lac. Paisible. Double burritos.

Sommet du volcan Atitlan, au loin le volcan de Fuego s'ébroue. 
J24

Deuxième costaud. L'attraction numéro un du Guatemala ces temps-ci : les éruptions du volcan de Fuego.

Alexandre ! Le prince de Gif sur Yvette, rencontré au bord du lac il y a quelques jours fait demi tour dans son voyage pour m'accompagner, il veut voir de la lave ! Il a loué un sac de couchage et acheté des Oréos. Comment lui refuser ? Il fera bien plus chaud à deux dans la tente.

Départ 15h dans les nuages, nuit à 3000 mètres, réveil à 2h du matin parce que la lave ne se voit que dans l'obscurité. Démarrage nocturne bras dessus bras dessous à la frontale, des Oréos et de la banane plein la barbe.

La suite fut très heureuse. Pas mal de gens étaient très émus au levé du soleil. La beauté après l'effort, joli combo d'endorphine, mais tout de même ! Les gens sont quand même très fragiles...

Alex m'a dit que j'avais les yeux mouillés. Je lui ai dit que c'était le froid.

Vues sur le volcan de Fuego depuis le volcan Acatenango 
J26
J26
Publié le 14 novembre 2024

Troisième costaud : le volcan de Agua.

Départ de la ville d'Antigua, joyeuse et colorée, très appréciée des touristes. Les routes sont pavées et quand arrive le crépuscule, le volcan de Agua devient seul roi à l'horizon, entre chien et loup.

Départ à 15h du village au pied du volcan. A force de m'arrêter manger à tous les stands du mercado, chien jaune a dû se douter que j'avais la frousse. Il m'accompagnera nuit et jour jusqu'au sommet en échange d'un peu d'eau.

 Il était attendu le volcan de Agua ! Mais j'ai passé la matinée dans les nuages sans rien voir. Restent les vues lointaines. 
J28
J28
Publié le 14 novembre 2024

Jour de frontière jour de galère.

Otras vidas y otros toros.

Direction Guatemala city. Quelle horreur. Mais il faut bien changer de bus puis changer encore.

Le dernier bus ne viendra pas il y a eu un grave accident sur la route. Par mille et une camioneta nous arrivons à la frontière. Coup de tampon. Encore deux bus et je verrai le début de la ruta de la flores à Concepcion de Ataco, royaume des cascades et du café.

Antonio m'ouvre la porte, fait une grimace en m'observant puis me met à l'aise. Il a 3 super-pouvoirs : la lutte contre la maltraitance faite aux chiens, recevoir ses hôtes et faire la cuisine.

Il m'invite tout de suite dans son laboratoire culinaire pour un petit show. A 4h du matin ses pupusas partent aux US pour une commande de gringos qui ne savent pas comment dépenser leur argent. Il veut me faire gouter : j'avale 4 pupusas d'une livre chacune, la dernière est au jalapeño, la digestion sera festive mais certaine.

Mon appétit l'honore, il veut en cuisiner d'autres. Pendant que je transpire, le couple hôte se décommande. Je récupère la maxi chambre pour 12 euros puis Antonio au grand coeur m'apprend qu'il cherche un bénévole, un volontariado pour le soulager dans ses nombreuses missions bienveillantes. En échange de la chambre et de la bouffe divine il faudrait faire tourner des machines à laver, préparer la pâte, arroser les plantes, laver les chiens. Après-midi libres. Mi casa es su casa.

20h12 ! Matelas si moelleux et double oreiller, mes yeux se ferment. J'étais loin de m'imaginer que la journée se terminerait ainsi. Vive le Salvador.

 très très bienvenudo !
J32
J32
Publié le 28 novembre 2024

Je peine à croire que je viens d'écrire ce titre.

C'est la magie du voyage. Le Salvador est désormais tellement safe, je ne m'attendais pas à ça. Une nouvelle ambiance pour ce pays tourné vers le tourisme, le surf et les pupusas revueltas ! Les gens sont hyperactifs, ça fourmille, ça grouille, ça donne un coup de main au voyageur avec le gros sac à dos, ça fait du business, et beaucoup d'enfant.

Le voyage se poursuit dans la ruta de las flores en direction du volcan très coloré Llamatepec puis bascule plein sud jusqu'aux plages de l'Océan Pacifique : el Zonte, el Sunzal, playa San Blas, El Tunco...

Décors riches et variés dans des petites distances. A pied, en bus, en vélo le rythme est très agréable. Seule ombre au tableau je n'ai toujours pas vu la couleur du ciel...

Tour des plages à bicyclette. Volcan Llamatepec. 
J33
J33
Publié le 28 novembre 2024

Eh bien je ne verrai jamais la couleur du ciel salvadorien. Après une semaine à randonner sous les averses ou bien bronzer sous les orages, elle a fini par arriver : la tempête tropicale qui a un nom de femme. Voyageant entre les Caraïbes et le Pacifique ça nous fait un point en commun. Apparemment elle n'est pas prête à se dissiper. Je lis quelques articles sur internet, c'est moche.

Double frontière aujourd'hui au programme pour filer vers le sud et la ville de León au Nicaragua.

Le petit passage obligatoire par le Honduras que j'avais tant attendu fut un décors bien sordide quand au milieu des champs transformés en lac il ne dépassent que les toits des maisons.

Les routes en revanche surnagent au milieu des inondations même si les conditions sont apocalyptiques. Le voyage continue. Vers le sud.

J36
J36
Publié le 1er décembre 2024

Le Nicarawouaah !! Comme dirait Adrien Salomon, le conquistador de l'amour.

La journée de la tempête a été usante. Ca fait longtemps qu'il fait tout gris, les gens font la moue à l'hostel Volcano. J'enfile mes claquettes qui font floc floc et pars chasser le double burrito dans les rues de León, Nicaragua.

León, primera capital de la revolución. Une centaine de portrait de plus de 2 mètres en hommage au martyrs de la révolution entourent la cathédrale, ça prend aux tripes. Age, décès, type de torture, lieu des manifestations. Ici rien ne sera oublié. Ca m'a fait oublié la pluie. Je suis rentré en silence rejoindre le japonais qui dort dans le lit en dessous, demain il fera jour.

En fait je connais ce japonais, il est peut être le seul jap sur le circuit sac à dos d'Amérique Centrale. On m'avait dit tu verras il rote, il fume et il a un nom de bière. Au réveil il me propose d'attaquer le volcan Telica au nord de León. Cool, c'était aussi mon plan.

What's your name bro? My name is Asahi !? I like it, let's go volcano.

Puis c'est en rentrant à l'hostel Volcano que cela s'est produit.

Ils étaient là. Non pas un, ni deux, mais cinq savoyards, au regard malicieux, en train de vider des canettes avant d'aller voir le coucher de soleil sur le toit de la cathédrale. On s'est reniflé. On s'est aimé. A partir de ce moment là, la seule tornade qui soufflait était celle du voyage. En quelques heures, tous les sacs à dos gravitant sur les terres mayas ont été recrachés, siphonnés dans la ville de León. Une vingtaine de museau est apparu à la première éclaircie et par la plus belle des coïncidences, l'un a déjà croisé l'autre, dans la grande chaine de la vie où il fallait que nous passions.

Asahi a randonné il y a un mois avec Alex, le prince de Gif sur Yvette, il m'apprend que ce dernier a pris un bus sans fin pour sortir de la tempête. Il dort dans le backpacker au bout de la rue.

Romain, rencontré ce matin sur le volcan ne va pas tarder à arriver, il connait les savoyards, ils ont pris une brosse dantesque à la tree house party de Granada, ils proposent une revanche.

Arrive ensuite le coupe star : Ugo Escuder, demi de mêlée à la Seyne-sur-Mer et son amoureuse Mélissa, visiblement mannequin lingerie ou actrice à Hollywood... Elle travaille dans l'humanitaire, elle rentre de Djibouti, j'ai toujours eu un flair pour deviner les professions. Des gens adorables.

On a tous décidé de prolonger à León pour profiter du cocon bienveillant, protecteur et festif.

Et on s'est créé de nombreux souvenirs pour la suite du voyage.

J37
J37
Publié le 1er décembre 2024

Au comptoir d'une aurore bancale je trinque à la santé de personne, une goutte de rosée matinale gifle ma gorge frissonne, je décide de réveiller le dernier savoyard, il m'avait promis de m'emmener à l'océan rejoindre les autres montagneux. Les savoyards ça aiment bien la carmagnole mais au bout d'un moment faut que ça glisse. Ils vont passer une semaine sur la côte pacifique à surfer matin et soir en fonction des marées, le plan à l'air respectable.

Je le regarde dormir, il est splendide. Mathis Delamousse, véritable quetzal flamboyant des montagnes de Chambéry, c'est un superbe. Dans un souci de carrière et de progression sociale, il a demandé à être cité dans ce carnet de route à renommée international, c'est chose faite.

Direction le sud de Leon à El tránsito au bord de l'océan Pacifique. 70 km, deux changements en chicken bus, ça a pris quatre heures. Autre loisir du Nicaragua, heureusement que les paysages sont beaux parce qu'on a beaucoup de temps pour les admirer.

Le coucher de soleil méritait mille fois ce chemin à rebonds. El tránsito, c'est très beau. Nous sommes accueillis par Matis Somelet mais à El tránsito tout le monde l'appelle Soso Slater le rider des murs du Pacifique ainsi que Pierrot Bondier l'homme idéal. Tablette de chocolat du calendrier des pompiers, rider inépuisable, acteur érotique, danse du ventre, cuisinier hors pair. C'est un animal. J'ai quand même allumer son Instagram pour mieux voir à qui j'avais affaire : première photo il est au sommet du Huayna Potosi avec Mathis Delabrousse en cordes et en piolets à 6088 mètres d'altitude en Bolivie et ça, ça te situe un homme. Que dis-je un homme ? Un savoyard vindieu !

On a coulé 5 jours de très grande qualité avec comme uniques obligations : surfer, cuisiner du poisson et regarder les couchers de soleil. On ne devrait jamais quitter El tránsito.


J42
J42
Publié le 1er décembre 2024

On ne devrait jamais quitter El transito sauf peut-être... pour aller sur l'île d'Ometepe. Véritable cerise sur le gâteau du voyage au Nicaragua. Le genre d'endroit où il ne faut pas amener Belette sinon il serait capable de re faire une demande en mariage, ce con.

L'île en forme de 8 avec deux volcans majestueux. Les logements sont économiques, la bouffe est goûtue, l'ambiance est douce et partout sur l'île c'est la nature qui décide.

Belle surprise à la descente du ferry je tombe sur le prince de Gif sur Yvette. Il m'attend souriant avec son scooter qui va un peu vite. L'hostel qu'il a dégoté est le moins cher et le plus haut de l'île, quel talent ! On est donc monté sur la terrasse avec bar et piscine pour observer le couché de soleil sur le lac. Merci ma bonne étoile.

Le lendemain on retrouve Robin et Paul, autres coupables de la gang de Leon, il parait qu'on peut voir des caïmans en faisant du kayak. Gallo pinto pour le petit déjeuner et en avant les mobylettes. Ainsi va la vie à Ometepe... ça ne m'étonne pas que les gens n'arrivent qu'avec un ticket aller.

Clou du spectacle le dernier soir pour le coucher de soleil à playa Mango. Le ciel est parfait, les gens sont joyeux, ça boit des cocktails en surveillant l'horizon. Dans l'algorithme des itinéraires nous retrouvons le couple mannequin, Mélissa et Ugo toujours au bon endroit au bon moment et on a passé une extraordinaire soirée à rire et à regarder le spectacle volcan lac lumière.

Puis la plage s'est vidée, le bar a fermé, la nuit est tombée et l'île s'est éteinte. Seules ombres encore debout sur l'île, Alex et moi bras dessus bras dessous remontant la piste jusqu'au bolide dont le retour en pleine nuit va être coquin avec les chiens, les chevaux et les poules errants... il fait nuit noir mais l'air est divin, je fredonne une chanson de U2 qui va très bien avec cet instant, que va interrompre Alex.

Val, j'ai pas les clefs du scooter... One looove. Elles sont dans le sac de Robin et Robin dort... One liiife. Tu m'en veux... One blood. On n'a pas de réseau... with each other. J'ai plus de liquide... love is the temple. On est à 31km de la maison... love a higher law. Y a beaucoup de chien... sisters, brothers. On va devoir consulter nos bonnes étoiles...

One life, but we are not the same, We get to carry each other, carry each otheeeeer...

J44
J44
Publié le 5 décembre 2024


Perezosos 

Cette fois ci je ne fais que passer. Dans le pays pura vida où j'habitais encore l'année dernière.

Je profite de la seule chose peu chère de ce pays : les vols internationaux, pour clôturer la première partie caribéenne de ce voyage. Très heureux d'avoir pu atteindre l'aéroport sain et sauf, ces premières semaines auront été courtes mais intenses. Déjà beaucoup de photos et d'anecdotes dans la boite à souvenirs, c'est très encourageant pour la suite de l'aventure.

Voici mes plus belles photos des 4 coins de la vida bien tuanis mae. Entre deux océans: https://www.flickr.com/photos/197272940@N06/albums/72177720319631510/

La Colombie étant prévue pour un autre voyage, je saute un bout de cordillère et on se retrouve dans quelques jours en haute altitude, à Huaraz, dans la cordillère blanche du nord du Pérou.

De nouveaux treks au programme, de nouvelles rencontres, une belle page vierge comme compagnie et une seule direction.

J51
J51
Publié le 9 décembre 2024

Huaraz. Cordillère Blanche. 3052m d'altitude, immense terrain de jeu pour les globules rouges et véritable carrefour de la galéjade. Petit paradis sur Terre dont voici quelques célébrités :

La montagne du logo de Paramount est à quelques kilomètres au nord, au lac Paron.

Le Huascarán, point culminant du Pérou, 6768m.

Le trek de Santa Cruz et ses campements magiques.

La cordillère de Huayhuash. Celle là elle ne perd rien pour attendre.

Le célèbre lac 69 et ses reflets parfaits, qui lui valent son nom ( en plus ce coup ci vous aurez vraiment la migraine, mais le nez et l'horizon bien dégagés).

Vous pouvez également descendre de quelques kilomètres sur votre gauche pour aller vous baigner dans l'océan Pacifique à Chimbote (tu m'en diras tant). Ou sinon, sur votre droite, la ville de Pucallpa sur la rivière Ucayali... en Amazonie, où vous attendent ses randonnées coquettes.

Véritable merveille que cette cordillère blanche pour les amoureux de la nature. Attention au chant des sirènes. Il faudra savoir refermer le sac à dos.

Petite particularité cela dit... et tant mieux... parce que j'ai un voyage à continuer... La saison des pluies est ici inversée du reste de l'Amérique du sud : de novembre à mars, y mouille en simonac ! Hier encore, pour aller voir un lac, peu éloigné (parce qu'à 4550 mètres, les premiers jours tu réapprends à déplacer ton corps et à respirer), je sanglotais de douleur en découvrant la tempête de grêle, en altitude, avec vent violent, sans abri, seul, et mouillé. C'est émouvant.

 Huaraz, le lac churup, des gonzes et un hostel très chaleureux.
J54

Cordillera Huayhuash : absolument magnifique ! Autre joyaux de la cordillère des Andes ! Au nord c'est la cordillère blanche, au sud c'est le Macchu Picchu. C'est un voyage de qualité.

Lacs émeraudes et glaciers à 6000, ce petit paradis se mérite. Difficile d'accès et sentiers de treks assez exigeants, il faut être patient.

J'imagine quand même qu'aucun aficionados du trekking n'a fait l'impasse sur ce lieu mythique qui n'a rien à envier aux autres montagnes de la planète.

Encore un peu juste niveau météo et une nouvelle fois trop tout seul dans la montagne, j'ai eu de la chance avec le temps mais pendant les deux nuits à 4000 je ne faisais pas le fier. Le silence a parfois des airs angoissant. Ça valait vraiment la peine et je remercie ma bonne étoile mais je vais calmer désormais ce genre d'expéditions en solo.

J'écris ces lignes au chaud à l'hôtel Los Nogales, à Chiquián, un podium du voyage ! Chambre individuelle 6€, triple couette dont une avec un tigre ! Le stade toulousain vient de ravager l'Ulster et je trie de bien belles photos. Couché 21h04. Heureux.

Huayhuash 
J57
J57
Publié le 12 décembre 2024

Parfois j'aime bien tenter le nulle part : 1500 km à parcourir sans quitter la cordillère des Andes. Ne pas descendre de la montagne. Aller voir à quoi ressemblent ces villages si éloignés sur la carte.

Avancer sans se retourner. Toujours en mouvement et les yeux grand ouverts. Au rythme de la marche, au poids du backpack. La vraie vitesse. Et puis de temps en temps un bus, local, qui sent la sueur avant même que les gens montent dedans, avec le piou piou des poussins dans un carton avec deux trous sur le dessus et le bruit de toutes les videos à la con qui s' échappent des téléphones. Autre ambiance celle de la réalité.

Le paysage défile tout doux, les alpagas broutent. On se croirait tantôt en Islande tantôt dans l'Ouest canadien ou bien au milieu de l'Atlas. Elle est complètement folle cette cordillère coincée entre l'Amazonie et le Pacifique. Et dire que dans 3h c'est la jungle, la selva centrale comme au Costa Rica. C'est un sublime mariage, an amazing wedding day !!

Avancer, ressentir, écrire. Comme le faisait Christopher MacCandless dans into the wild, ou Sylvain Tesson, ou bien tout ce que j'ai pu lire dans ma vie qui ne sorte pas de rugbyrama. L'impression donc d'être au bon endroit, au bon moment. C'était le meilleur investissement à faire. Ce voyage va rapporter gros et me transporter maigre. En ce moment le bus traverse la réserve nationale de Junin. C'est plaisant. Note pour plus tard : quelle était la bataille de Junin dont ils fêtent le bicentenaire ?

Vers le sud il y a trois routes parallèles. Celle de la côte pour les touristes qui n'ont pas le temps. Celle au pied de la cordillère pour ne pas avoir à porter de bonnet. Et l'autre. Là haut. Celle des besogneux, les gens fiers mais qui ne sourient pas. Quand je leur demande où ils sont nés, souvent ils me le montrent en levant le doigt. Dans les cantinas il y a deux fois le même plat : la hamburgesa. La hamburguesa a lo pobre.

Je fais tâche dans le décors. J'appréciais d'être le seul étranger mais j'ai vite regretté l'idée, les gens ne me doivent ni aide ni information, ils ont d'autres préoccupations. Ou tout simplement il faudrait que j'arrête de sourire. C'est frustrant parfois cela peut m'atteindre, mais c'est l'apprentissage, c'est ce que je suis venu découvrir.

Ecrire m'aide à laisser de la distance. J'écris pour faire de la place. Je ne sais pas si c'est une thérapie ou un super-pouvoir. J'aimerais écrire davantage mais mon meilleur ami est paysan, le seul livre qu'il ait lu c'est comment charger un peigne électrique. Alors je fais répéter aux señoras la recette des soupes de volaille, caldo de gallina, ça me procure mon quantième de conversation pour la journée et le chemin continue.

C'est l'expérience, cela fera une autre ligne dans mon journal de bord. Je ne suis pas pressé. Je finirai bien par arriver à Cuzco avant Noël. Comme tout le monde. Ensuite je pourrais m'attaquer au trek des incas qui va au Macchu Picchu. Et ça... c'est plus que Noël, c'est l'euro millions !

C'est le retour sur investissement.

L'autre route. 
J61
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La jungle c'est incroyable. A Junin, les paysages andins étaient pelés, désertiques, les alpagas maintenaient le fairway à hauteur. 100km plus loin : bienvenidos a San Jamon puerta de oro de la selva central. Changement de climat désormais caliente humide, véritable tableau pour les yeux, chaque route de cette région suit forcement une rivière et les fonds d'écrans varient entre plantations de bananiers, de café, de cacao, ou d'ananas. Véritable Eden, cela prendra une semaine pour rejoindre une jungle un peu plus célèbre dans la ville de Ollantaytambo.

Une semaine ou j'ai d'ailleurs pas tenté grand chose à part ouvrir grand les yeux. Seulement envie de vivre parmi ces gens. Je goutais dix plats par jours, j'observais les locaux qui vont leurs vies, sans artifices, ici il n'y a aucun touriste à séduire ça change la donne. On observe les vrais rapports entre gens de la même communauté. Et puis un jour il a fallut partir, c'est comme ça. Deux jours de 4x4 à travers la pampa avec quelques locaux sympas qui ne parle pas beaucoup.

On a eut du fun. Le plein d'essence, un chiffon sur les yeux, quelques machettes et vamos a la discoteca.

Bon c'était pas ma guerre. Certaines coutumes et certaines situations allaient au delà de mon imagination. Pendant deux jours à l'arrière des 4x4 on a chargé à bord tout ce qui pouvait respirer ou être comestible dans cette jungle sachant que l'un n'empêche pas l'autre. On a rencontré des communautés indigènes vêtues de toges de couleurs incroyables en passant par des lieux comme San Martin de Pangoa, Cubantia, Santa Teresita de Anapati, Puerto Ene, le poste de police lunaire de Cielo Cunko je n'en croyais pas mes yeux et finalement, la ville de Kepashiato. Arrivée de nuit. Chambre individuelle à l'hostal y multiservicios Santa Rosa, 9€. Double chorizo de trottoir avec frites de yucca. Nuit paisible.


 Photos représentant un millième de la puissance de ces lieux. 
Un peu de douceur au réveil 
J68
J68
Publié le 22 décembre 2024

Eh bien malheureusement ce n'est pas parce que l'accent est beau que l'histoire est belle. Ce Salcantay ce n'était pas le trek du siècle. Un peu chiant d'accès, très fréquenté par de jeunes freluquets, un niveau de difficulté digne du Pic Saint Loup... mais heureusement quelques beaux points de vues et des moments conviviaux dans de superbes gites.

Disons que ce fut une bonne transition après les longues distances en 4x4, ça remet le corps en route.

Le trek du Salcantay : 4 jours de marche dans la jungle d'Urubamba qui finissent par 10 bornes à longer les rails jusqu'au camp de base du Macchu Picchu, à Aguas Calientes. Pour des raisons économiques je n'irai pas faire la chenille cette fois-ci au Macchu village, je dois encore économiser pour le malbec en Argentine. Je retournerai en haut de la célèbre cité inca avec Lucien, s'il a perdu son chagrin.

Ce matin, pour le dernier jour, le trek surplombait le Macchu Picchu au mirador de Llactapata. C'est émouvant. Puis au niveau des rails du train bleu j'ai bifurqué vers Santa Teresa direction les sources thermales de Cocalmayo, ça je suis assez doué, et surtout les transports et les hébergements retrouvent des tarifs décents.

Direction maintenant la ville de Cuzco qu'il faudra bien atteindre un jour mais les kilomètres parcourus à chaque étape réduisent sans cesse. Le moindre relief de cordillère cache un site historique, un lac, un glacier, un endroit mythique. Il faudra être malin.

Paysages du Salcantay 
J70
J70
Publié le 25 décembre 2024
 Moray
 Ollantaytambo 


 Salinas de Maras
 Pisac
 montagne du Macchu Picchu
 Plaza Mayor de Cuzco
 Cuzco
J71
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Publié le 26 décembre 2024


Se réveiller le 25 décembre à Copacabana, au dessus du lac Titicaca.

Faire chauffer de l'eau, sortir un stylo, sourire, prendre le temps.

Être reconnaissant.

Bienvenidos a Bolivia
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Publié le 31 décembre 2024

Le voyage continue avec le fabuleux trek du Illampu en Bolivie.

Il y a un mois quelqu'un en parlait en disant que c'était un trek pour ceux qui ont du poil au torse, je me suis dit que ça vallait le coup de mettre un pin's sur la carte, en plus c'est pas loin du lac qui a un nom rigolo.

(Préparation d'itinéraire de très haut niveau).

Quel trek magnifique !! Trop peu reconnu. Ou alors j'ai eu de la chance avec la météo.

Un voyage merveilleux ! La magie du 5 jours 4 nuits, une sorte de renaissance : c'est toujours agréable de voir le corps et les idées revenir à leurs places. Merci le Illampu. Des paysages qui changent souvent, au milieu des bouquetins et des lamas et encore une fois l'impression de cheminer dans les Highlands de la cordillère des Andes. Pierres blanches, herbes vertes fluo et moutons au long cou, il faut croire que c'est bien l'Écosse qui sépare les déserts boliviens de la jungle amazonienne. Soit ! Puis vint le dernier jour : trois passages à plus de 5000m, 4 vallées avec vu sur un glacier et le lac qui va avec, lamas courtois et heureusement pas assez de batterie... pour limiter le stock de photos.

Un trek assez difficile il faut le dire. Au pied des glaciers, les nuits sont très glaciées. Vu que je suis équipé comme une cigale, j'ai dû acheté une immonde couverture à la vieille dame au marché, pour ne pas claquer des dents. J'avais le choix, pour changer, entre les dauphins et les tigres....

 Des nouilles et des lamas

Direction maintenant la capitale La Paz pour pouvoir adresser la parole à quelqu'un pour le nouvel an.

Puis rendez-vous avec un géant le temps le permet et enfin il faudra penser au désert blanc et aux nuits étoilées, histoire de gagner enfin quelques degrés.

 Le fameux dernier jour
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 El teleférico, la meilleure activité de La Paz
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Le grand rendez vous de la cordillera real, à 6088 mètres d'altitude.

24h d'une aventure qui marque les esprits à tout jamais !

Encordés à 1h du matin avec Manon & Léo et notre guide, une équipe bien soudée et joyeuse, piolet en main, crampons aux pieds, les mètres se gagnent difficilement et le levé de soleil n'attend personne.

Une bien belle rencontre ces 2 tourtereaux, quelques heures avant de se passer la corde on était tous les 3 en pyjama à manger du pop corn dans le chalet pour se donner du courage. L'ascension s'est bien passée, le guide était top, l'ambiance était bonne et la motivation n'a pas fondue.

Pas un levé de soleil comme sur la carte postale mais qu'à cela ne tienne, ce sera pour la prochaine fois.

An Unexpected Journey  
 Huayna Potosi, 6h17.
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Publié le 7 janvier 2025
 L'immense désert blanc.
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Lundi, Calama. 
Mardi, Antofagasta. 
Mercredi, Barazarte.
Taltal 
Jeudi, Vallenar, c'est pas vraiment le pays basque.  
Jeudi après midi, nuageux. 
 Vendredi, La Serena, un semblant de verdure. 
La Serena, Coquimbo, Chili. Et finir à la grande motte. Une semaine incroyable...
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Publié le 15 janvier 2025


Retrouvailles extraordinaires à Santiago avec un vieux frère de cerises !!

Le Natzo ! Personnage inoubliable et très apprécié, sûrement ce que le Chili a de meilleur.

Je l'ai rencontré en 2022 dans l'ouest canadien. La première récolte après la pandémie. Il était venu se changer les idées dans les grandes rangées d'arbres de la vallée de l'Okanagan et pourquoi pas gagner un peu d'argent. J'étais en train de faire une liste de course pour affronter la saison quand je l'ai vu revenir de la ville. Il avait pas un dollar sur lui et il m'a dit : le magasin d'occasion, il est vraiment cool ! On peut s'équiper pour pas cher !! Il avait acheté un club de golf et un saxophone. On est devenu très copain.

2023 rebelote. On s'est retrouvé dans la même ferme pour une saison fantastique où il y avait tellement de cerises qu'elles sautaient toutes seules dans les paniers.

Cherry picking 

Un an plus tard nous revoilà !! Il m'a préparé un lit avec amour à Santiago pour que j'ai un peu l'impression d'avoir un chez moi. On a bu quelques bières, on a monté des meubles et il a pris la décision de faire les premiers pas en Patagonie avec moi.

Bus de nuit, 1000km, c'est parti !

Rendez vous dans la région des lacs.

Direction le sud. 
J97
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Publié le 20 janvier 2025

Après ce petit passage à la grand ville, qui m'a permis de prendre un métro, un ascenseur et un McFlurry, le temps est venu de s'attaquer à la pire partie du voyage. L'été en Patagonie.

Natzo m'avait toujours promis qu'un jour il m'accompagnerait pour faire un trek en grand, il a tenu parole, ha cumplido su palabra, je vais pouvoir cheminer avec un compagnon.

Début du rêve Patagonie : Puerto Montt, Cochamo, estuaire de Reloncaví. Nous avons choisi un trek légendaire : la herradura du lac Gormaz Vidal. Ce lac perdu où quelques familles vivent comme dans Légendes d'automne avec leur potager, leur four à pain et quelques moutons crucifiés en asado.

Beaucoup de réussite encore une fois pour cette semaine sur une autre planète. Merci ma bonne étoile pour ce ciel bleu unique. Et aussi pour toutes ces truites qui ont bien voulu faire partie de la carte postale. Et aussi pour la fumée du feu de camp qui va toujours du côté de Natzo. Et aussi pour ces rencontres et ces moments de partage avec les gens qui vont à cheval. C'était incroyable.

L'album photo est à ras bord. Mon ami se souviendra longtemps de cette expérience dans son propre pays. Pour ma part l'aventure continue sur la mythique carretera australe, la route panoramique du bout du monde... Où rien ne m'attend.

 Sous le ciel de Patagonie 
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Hornopiren  
Plage de Chaiten, au loin le volcan Corcovado. 
Puyuhuapi, un village un lac.
Glacier Queulat 
16 ans plus tard, naviguant sur les mêmes eaux...
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Samedi 25 janvier 2025, Coyhaique, jour 102, 15h.

Dernière en avant de l'aviron bayonnais et c'est l'USAP qui gagne.

Aujourd'hui changement de tactique, c'est un départ canapé, je quitte la ville à pied. Le chemin de traverse jusqu'au parc national est long mais il y aura des rencontres. 5 jours de vivres dans mon vieux backpack, il craque un peu mais moi aussi. Il faudra tenir sagement jusqu'à la prochaine épicerie, nous sommes dans le sud du continent, pour la première fois en trois mois la terre fournit une eau minérale en abondance mais pour la nourriture les distances s'espacent de plus en plus.

Au bout de deux heures de marche. Je longe toujours une route en construction en ligne droite. Je me déteste. Encore une brillante initiative. Un couple de retraités me ramasse et m'avance quelques kilomètres plus loin dans un décors signature. Il va faire nuit tard je prolonge un peu la marche en direction des grandes tours du château : le parc national du cerro Castillo.

Je jette la tente dans un champ de vache et fais chauffer un peu d'eau. La température des nuits en Patagonie me surprendra toujours, un vrai massage pour le corps et l'âme.

10h du matin je reprends la route au milieu de gros lapins et des lupins en fleurs. La Patagonie se réveil et je défie la montagne au loin, je marche droit devant moi avec un sourire niais. Perdu sur le gravier au bout du monde avec ma canne à pêche sur le dos, entouré de glaciers célèbres et de lacs à truites... C'est la photo finale. Le voyage est terminé. Plus personnes autour. Rien de plus beau au monde que le théâtre dans lequel j'ai amené mes souliers. Je m'arrête là et je contemple. Longtemps. Je pose le retardateur et tente de me rappeler dans mes rêves les plus fous, si le dessin que j'avais en tête ressemblait à ces lieux.


Sur les chemins de la bohème j'ai croisé le bout du monde, une fille qui m'a dit je t'aime, un soir où elle n'avait pas sommeil. Avant de partir, le pouce en l'air, à l'autre bout, du bout du monde...


Un gros fourgon s'approche. 4 chiliens de la capitale fraîchement retraités sont en exploration. Ils m'invitent à bord. Ils sont ici pour construire une maison en pleine nature, à partager à quatre. Pour passer du temps ensemble. Se retrouver. Partager. En les voyant je me dit que l'humanité à louper certaines personnes.

Le départ de mon trek est un lieu qu'ils voulaient visiter, le lac Monreal, ils décident de m'amener. Puis ils chantent la Marseillaise.

Très bon choix ce chemin de traverse puisque je vais attaquer les pics du cerro Castillo loin des touristes, en itinéraire nord-sud par la vallée de Las Horquetas, c'est vraiment trop beau.

A l'idée de terminer ce voyage par l'été patagon je voyage seulement avec un coupe vent et une petite polaire mi saison assortie assez tendance. On m'avait dit tu vas voir, le trek du cerro Castillo c'est un des podiums absolus c'est de toute beauté. J'ai fait un pas sur le sentier, il a neigé pendant 2 jours. Et la nuit entre les deux est désormais tatoué dans ma mémoire. J'ai croisé madame la mort à 3,62 mètres. "Hey salut le gnals !! T'aimes tu ça l'aventure ??"

Non merci madame.

Effectivement j'avais acheté des noodles goût épicé mais je n'avais pas regardé la météo.

Le deuxième soir j'ai allumé un petit feu au campement pour exposer l'intégralité de mon sac. La nuit fut reposante, merci la nuit. Le lendemain départ imposé après midi, mon corps est en charpie.

Acte 2, le soleil revient à sa place on change de mélodie. C'est le passage carte postale du parc naturel. Je vous épargne les photos j'en ai pris treize millions, nous sommes là dans ce que la nature a de plus beau a offrir. Le sommet du château est une montagne qui se termine par deux pics rocheux qui emprisonnent un glacier turquoise surplombant une falaise étrangement verticale contre laquelle coule une farandole de cascade argentées qui ondulent joyeusement jusqu'à se jeter dans un lac d'un bleu sans nom. Le tableau est d'une puissance phénoménale on n'entend pas un bruit à cent kilomètres. Les remparts veillent sur la cordillère. Après une longue étape j'ai décidé de pousser jusqu'à la dernière montagne, elle permet de voir la forteresse de plus haut. Le cerro Castillo a petit à petit pris ses couleurs de soirées. Face à moi le château et en me retournant je vois la plaine, en contrebas la petite ville, au loin des lacs émeraudes. Sur la gauche le cône enneigé d'un volcan paisible, au milieu serpente le rio Ibáñez et tout au bout, c'est l'Argentine. Le soleil se couche. J'entends le clic de la jauge du bonheur qui vient de se déclencher. Ça y est. Vient d'être atteinte ma capacité maximale à être heureux et émerveillé. C'est le plafond émotionnel et physique, la récompense ultime... dans exactement dix secondes je vais hurler face au vent les yeux remplis de larmes en me rappelant que le chemin fut long mais que devant cette apothéose on oublie la pluie. Généralement je braille une chanson de Léo Ferré et je sens que tout jaillit en tout sens par tous les pores. L'important est de faire durer ce moment le plus possible.

Et puis les minutes passent et le calme revient. Me voilà totalement exorcisé. Vide. Laver. Neuf. La version nue de moi même, sans les accessoires. En paix. Se sont envolés dans la nature les frustrations, les rancoeurs, les craintes, les regrets, les boudineries. Reste désormais à savoir que faire de cet état de légèreté ?

J'aperçois en contrebas le campement au bord d'une petite rivière. Il est temps de redescendre. Il y a un moment où ça redescend.

Le lendemain, sifflotant au bord de la carretera australe, le gros bus en direction de Cochrane s'arrête mais il est plein. Le chauffeur est buena onda il me propose le siège du copilote. Vue panoramique sur les montagnes enneigées et les rivières fluo, on est devenu ami. Toute la journée à faire des commentaires sur les villes traversées et à boire du maté en écoutant de quartet argentin. Moment privilégié.

Dans la ville de Puerto Tranquilo il m'a semblé voir Théo monter dans le bus. Le bel apollon des Andes australes, responsable de la production des films chez Pathé. C'est un sublime, je l'avais rencontré sur la rando d'un glacier plus au nord, on avait parlé rugby.

En arrivant tous les deux chez la vieille dame dans la ville de Cochrane nous rencontrons Floriane, autostoppeuse. La personne qui l'a ramassé est un militaire de la région, il propose d'aller s'assoir en terrasse pour goûter les bières locales. Nous cheminons. Le soleil se couche sur la ville, petit nid douillet aux larges rues avec ses jardins fleuris, ses maisons en bois ambiance village de montagne qui sent bon la gaufre au Nutella et la pêche à la mouche. Décidément cette journée aura été le panthéon de la pure beauté de la nature, les 200 derniers kilomètres de la carretera australe depuis Puerto Tranquilo et le lac Carrera vous font entrer dans une autre dimension de glace, de relief, de couleurs.

Au réveil je décide de changer les plans, nous allons rester une nuit de plus dans ce petit paradis, j'en informe la vieille dame, elle n'est pas d'accord. Elle n'a pas beaucoup dormi et elle est de mauvaise humeur, tout comme la plupart des hôtes qui ont le regard fuyant. Elle n'a pas apprécié le boucan et m'accuse d'avoir couru dans le couloir toute la nuit et d'être rentré dans chaque chambre des autres voyageurs. Nous sommes priés de faire nos sacs et de partir. Mais les souvenirs se dérobent il me faut faire un effort.

Après les bières hier nous avons été escortés par les militaires jusqu'à la caserne pour prolonger la fête sur le thème du Pisco Sour, un doux breuvage local qui permet d'avoir le même regard que le sibérien de ma soeur. Je me souviens d'une soirée bienveillante pleine de rires et un retour à pied très joyeux sous le ciel étoilé de Cochrane et le besoin désormais de réserver une autre nuit puisque les militaires nous invitaient le lendemain à un barbecue... ça reste correct. Je pars donc réveiller Théo, qui, à ma grande surprise ne dort pas dans le même lit. Théo mon lapin, pourquoi as-tu changé de lit ? Oh mince je suis désolé ! Quand je suis brassé je fais du somnambulisme, quelle chance que je sois resté dans cette chambre pas vrai !?

Il s'est excusé, on s'est fait viré et on est parti monter nos tentes au camping pour se reposer un peu et reprendre des forces, ce soir il y a un asado à la caserne.

Peut être la plus belle du voyage
 Des montagnes et des cuivres
Couleur Patagonie 
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Là où la route s'arrête.

La petit ville de 300 âmes perchée sur des pilotis à l'embouchure de l'impressionnant rio Baker. La Patagonie chilienne regorge de pépites, ce lieu est absolument incroyable. J'imagine bien les vieilles légendes et les mythes de ces lieux, au delà de ces pilotis l'homme n'a plus sa place, l'océan inonde, les glaciers se déversent, les fjords se dressent et pourtant... des hommes se sont risqués à explorer ces horizons effrayant.

Les possibilités de rejoindre le sud se réduisent de plus en plus, il faudra être malin.

Petite assiette de saucisses frites devant la démonstration du XV de France. La belle vie.

Et le voyage continue.

Tortel, Le sud, là où se jette la route et les rivières. 
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Publié le 9 février 2025

Ça commence avec une rencontre, Floriane, l'autostoppeuse. Inusable petite fée aux semelles de vent traçant son chemin à son rythme, elle vient de boucler la diagonale des fous en relais en octobre, aujourd'hui elle lève le pouce. Jamais très longtemps. Designeuse de vêtement chez Décathlon, la belle affaire, elle se dirige plein sud à Puerto Natales pour un volontariat dans une éco-ferme. Après avoir écouté mes complaintes chez la vieille dame, elle me propose un contact pour embarquer in extremis sur le bateau qui traverse les fjords depuis Caleta Tortel jusqu'à Puerto Natales. Ça a fonctionné. Nous cheminerons, sur l'eau, au milieu des glaciers et des dauphins dans cette partie du globe où je ne viens pas souvent. Ce passage n'a pas besoin de qualificatifs c'était une métaphore de voyage délicieuse. Une bien belle équipe s'est retrouvée à bord, dans l'allégresse et les joyeuses anecdotes...

Mentionnons tout de même la perf de Laurent, 47 ans, expatrié à Nouméa, et pas le dernier pour la bagatelle. Au réveil du deuxième jour nous accostons nulle part, à Puerto Eden, pour ramasser 3 innocents et 25 palettes d'algues rouges. Et mon Laurent, rusé, vient me voir tout content en me disant que nous avons du réseau internet :

" J'ai activé Tinder !! "

"Hola Chicas! Laurent 47 ans. Au port pendant 45 minutes. 45 minutes de douceur."

J'ai ri pendant toute l'après-midi.

Puis nous avons atteint l'objectif au troisième jour, avec la tête ahurie de beauté, de nature. Comment pouvons-nous nous quitter après tant d'émotions ? Laurent a dit : " j'ai du internet ! Nous pouvons tous aller au El Calafate club resto bar !!

Pour rajouter quelques souvenirs .

 juste après le bout du monde. 
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Publié le 11 février 2025
Le détroit de Magellan !!!
Direction la Terre de feu.
 En bonne compagnie. 
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Publié le 14 février 2025


Le Sud !  

Le voilà !!!! Le bout du !

Le bout du voyage ! Une lumière plutôt incroyable sur la baie d'Ushuaïa pour conclure 4 mois d'aventure.

Un ciel étrangement complice pour un dernier trek dans la Terre de feu. Juste un petit trek... entre le long retour au pays à préparer et le match du XV de France c'était pas le moment de tenter des folies.

Ci dessous, une dernière galerie photos et pas des moindres, dans un lieu de la planète assez capricieux mais absolument magnifique. Tout est beau, tout le temps. C'est une happy end !

Une façon très agréable de clôturer le Mex-Ushu. Une expérience qui vous remue un peu et qui remet les idées bien en place. Chaque jour de ce voyage fut une chance inouïe. C'était un peu trop agréable pour être vrai, j'avais peur que ça ne tienne pas jusqu'au bout.

Il arrive un moment ou il faut savoir quitter le casino !! Surtout quand les sacs sont pleins !

Quelle joie d'apercevoir le port d'Ushuaïa ! (C'est loin quand même !)

Ce voyage fut démesurément agréable ! Vivement le prochain.

Voici donc les dernières couleurs patagones en attendant prochainement un dernier texte sur ce carnet de voyage. Disons que je ne voulais pas louper l'occasion de publier un 14 février.

Dernières douceurs. 
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Siempre cupliendo sueños, de eso se trata la vida, commentait mon ami Alvaro il y a quelques jours. Ce voyage fut absolument incroyable. En hommage à ce que l'on sait faire de mieux dans la vie : la vivre.

Le retour au bercail va être un petit peu technique mais il y a des ficelles... de longues siestes et beaucoup de photos à trier.

Je n'en reviens toujours pas de cette chance en arrivant à Ushuaïa. Pendant la dernière semaine les éléments se sont alliés joyeusement et tout à dérouler pour la meilleure des fins. Cela doit être dû à l'expérience ? Non ce n'est pas ça. Mais c'est assez nouveau dans mes voyages... j'en suis extrêmement reconnaissant même si je serai malheureusement le seul à faire le grand chelem.

Merci à vous tous,

un grand merci à ceux qui ont eu la patience de lire mes états d'âme. Sans les commentaires et les témoignages, il est sûr que l'on va moins loin. Simplement quelqu'un qui suit ton récit, c'est du grand luxe, ça aide à grimper une montagne de plus ou bien faire plus attention à soi... car comme disait le gars d'Échirolles :

ce chemin n'est que le déguisement de la seule chasse qui vaille, à savoir celle de poursuivre sans relâche le but, de voir un jour vos yeux s'illuminer d'un éclair de fierté !


Quelques images joyeuses de ces 4 derniers mois.  Peso Pluma-Hollywood.