Dans ce site remarquable, face à la mer, on arrive sur une plate forme non restaurée avec des moaïs renversés, des chapeaux en tuf rouge éparpillés et souvent en piteux état. La base de la plateforme contient encore quelques ossements humains , ceux des rois des clans dont le mana est passé dans la statue. Pour le moment, les RapaNui s'opposent à ce qu'on redresse ces statues qui témoignent d'un épisode douloureux de leur histoire.
Tout autour, les vestiges d'un ancien village avec ses cercles de pierre autour desquels les habitants se réunissaient pour débattre.
Sur le côté se trouve un bassin où les poissons de mer étaient emprisonnés puis nourris . La marée montante les emmenait dans cette crique et ils y étaient retenus prisonniers. C'était comme un aquarium, mais un aquarium/ frigo. Quand ils étaient bien gros et gras, ils servaient de nourriture.
Les RapaNui possédaient aussi des poulaillers de pierre, bien à l'abri des intempéries.
Ils cultivaient leurs légumes dans ces jardins de pierre, toujours pour protéger leur culture du vent et des intempéries.
Leurs maisons étaient faites au début de bois et paille qu'il fallait changer tous les ans. Puis est venu le temps des maisons de pierre, bien plus solides et protectrices. La cuisine se faisait à l'extérieur, même principe que le four tahitien.
Les moais : leur visage représente une personnalité défunte , de la bourgeoisie. Ceux coiffés d’un chignon appartiennent à la noblesse.
C’est ici, dans la carrière de Puna Pau que l’on trouve la pierre rouge volcanique pour les coiffes des moaïs. La pierre y est plus dure que celle du volcan intact de cette photo.
Le tuf est une roche volcanique friable assez facile à sculpter (à relativiser quand même car les Rapa Nui n’utilisaient que des outils en bois, en pierre ou en os) mais pas très simple à transporter car lourde et facilement cassable.
Des cylindres de pierre étaient taillés puis roulés jusqu’à la carrière où les autres morceaux du moaï étaient taillés. Distance : 3 kms. Là, ils étaient sculptés au bon diamètre.
Plus la distance est grande entre la carrière et la plateforme, moins le moaï sera grand . Les statues de 10 m se trouvent toujours près des carrières
Environ 900 moaï ont été recensés sur l’île de Pâques.
On compte 400 moaïs érigés sur des plateformes en bord de mer, 300 plus ou moins terminés dans la carrière de Rano Raraku et une petite centaine « en chemin » disséminée sur l’île de Pâques, entre la carrière et leur hypothétique destination.
La centaine de moaïs restante correspond à ceux en fragments sur les sites et aux moaïs dans les musées à l’étranger.
Ils ont une position stratégique, souvent astronomique.
Sur ces 7 moaïs, celui de gauche est orienté Nord, celui de droite est orienté Sud et celui du milieu est orienté Est et Ouest. Ils étaient utilisés pour fixer le calendrier de l’année. Ils regardent vers la terre pour protéger le clan
Les parties claires des moaïs, à l'arrière, sont le "ciment " de leur restauration. On y a placé aussi des tiges en ferraille pour les consolider.
Les moaï ont une large tête au menton proéminent, ornée d’yeux en corail blanc ajoutés au moment où la statue était érigée sur la plateforme.
Leur corps massif se termine par un gros ventre, signe d'abondance, sur lequel reposent les mains.
Ils sont parfois coiffés d’un chapeau (ou d’un chignon) rouge appelé pukao.
Le corps de la plupart des moaï a été sculpté à partir du tuf de la carrière du volcan Rano Raraku
D’autres moaïs, comme celui ci, sont placés soit à l’équinoxe de printemps soit à celui d’hiver . Quand le soleil les frappait verticalement, on pouvait planter ou préparer la terre. Les 4 mains sur leur ventre représentent les 4 saisons. Ce sont des mains fines et longues , celle d’un noble et pas d’un travailleur.
Un peu d’histoire
L’histoire de l’île de Pâques reste, en grande partie, toujours bien mystérieuse. Il faut dire que le travail des archéologues est particulièrement difficile à cause du manque d’ écrits ou de sources fiables. Même si le voile a été levé partiellement et que les extra-terrestres n’ont rien à voir dans tout cela, de nombreuses questions sont encore sans réponse ou âprement débattues dans la communauté scientifique.
Les Polynésiens exploraient le Pacifique, à la recherche de nouvelles îles, grâce à de grands catamarans sur lesquels embarquaient plusieurs dizaines de personnes. Ils emportaient avec eux des plantes et des animaux afin de pouvoir les réintroduire sur les îles colonisées.
Leur science de la navigation était extrêmement développée.
Ils s’orientaient, sans carte ni boussole, en étudiant la position du soleil et des étoiles mais aussi les courants marins et les migrations des bancs de poissons.
La position d’une île pouvait être établie, bien avant d’être vue, en s’aidant de la présence des oiseaux, des changements de couleurs de l’eau, de l’aspect caractéristique des nuages qui forment une couronne au dessus des îles et qui sont visibles de très loin.
D’après des études récentes,, l’île de Pâques n’aurait possiblement connu qu’une seule vague de peuplement par le débarquement de moins d’une centaine d’individus, en 700 après J.-C.
Il a été démontré, plus récemment, qu’avant l’arrivée des européens, il y aurait eu des contacts entre des populations précolombiennes d’Amérique du Sud et des Rapa Nui. On ne sait cependant pas si ce sont les Rapa Nui qui ont fait le voyage aller-retour vers l’Amérique ou si ce sont les Américains qui ont navigué jusqu’à l’île de Pâques.
L’écriture rongo-rongo reste à ce jour encore indéchiffrée. Un mystère de plus !
Il s’agit d’une série de signes gravés sur des tablettes en bois.
Selon la tradition orale, le roi Hotu Matu’a serait arrivé sur l’île de Pâques avec 67 de ces tablettes, ce qui semble improbable puisque aucune écriture de ce type n’existe ailleurs en Polynésie.
L’autre hypothèse est que le rongo-rongo fut inventé après le passage , en 1770, des Espagnols qui demandèrent aux Rapa Nui de signer un document validant l’annexion de leur île ! On aurait alors affaire à une écriture originale induite par le contact avec l’occident.
La civilisation Rapa Nui a été décimée par le choc colonial, par les maladies inconnues introduites suite aux différentes expéditions, par des raids d’esclavagistes portugais .
En 1877, il ne restait plus que 111 Rapa Nui sur l’île de Pâques
.Cet événement finit de déstructurer totalement la société Rapa Nui car beaucoup de chefs et de sages qui avaient encore la connaissance des traditions et de l’écriture rongo-rongo furent enlevés et moururent en captivité. Tradition orale qui ne fut plus transmise et dont on ne sait presque rien auj.