Carnet de voyage

Sénégal oriental 2023

14 étapes
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Après trois séjours en Casamance, nous décidons d'élargir nos horizons et notre connaissance du Sénégal. Le parc du Niokolo-Koba et les ethnies minoritaires du Sénégal oriental sont au programme.
Du 30 janvier au 11 février 2023
13 jours
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Troisième séjour au Sénégal. (voir carnets de voyage des séjours 2020 et 2021 ainsi que celui de 2023 en Casamance)

Nous nous étions, jusqu'alors, cantonnés à une petite partie de la Casamance : Abéné, Ouonck et leurs alentours, sans oublier, bien-sur, l'étape obligatoire à Dakar.

Le Parc National du Niokolo Koba nous faisait de l'oeil depuis un moment et Denis Tirat, patron de l'Espace Thialy à Dakar, nous vantait, à chacun de nos passages, les merveilles du "Pays Bassari".

Nous avons donc allongé notre séjour de deux semaines et Denis nous a concocté un circuit incluant la visite du Niokolo-Koba et le pays Bassari du 31 janvier au 10 février 2023. Que du bonheur !!!

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Après un excellent séjour en Casamance (voir carnet https://www.myatlas.com/tess4756/casamance-janvier-2023), nous partons à la découverte du Sénégal oriental.

Alors que nous devons quitter Ouonck tôt lundi matin, le taxi qui devait nous emmener à Tambacounda déclare forfait dimanche soir. Ghansou, notre hôte et ami, nous rassure aussitôt : pas de problème, je vais trouver une solution ! Et, en effet, une demi-heure plus tard, il nous annonce qu'il nous conduira à Tambacounda demain avec la voiture que l'ami Ibou met à notre disposition. Magique ! Un immense merci à vous les amis.

Nous partons donc lundi matin vers 8 h30 pour 400 km et plus de 6 heures de très bonne route. (Ghansou fera le retour dans la foulée).

 Le trajet du jour 

La route est en bon état, nous traversons Sedhiou, belle ville relativement moderne puis continuons en direction de Kolda. Une petite troupe de babouins de Guinée en bordure de route nous oblige à un arrêt pour quelques photos. C'est une première.

Babouin de Guinée 

Nous quittons le pays Diola et arrivons en pays Peulh. De plus en plus de cases rondes dans les villages.

Villages peulhs 

Nous arrivons vers 15h00 à Tambacounda. Denis nous a réservé, auprès d'un loueur, un véhicule 4X4 avec chauffeur qui nous pilotera dans le Parc du Niokolo-Koba. Solution moins onéreuse que la location d'un véhicule du Parc. Le contact avec le loueur, cupide, sera houleux, le chauffeur bien peu sympathique. Nous regretterons cette petite économie.

Après avoir chaleureusement remercié Ghansou, nous partons pour une petite heure de route qui nous mènera à l'entrée du Parc.

En chemin, nous remarquons plusieurs feux de brousse, certains tout près de la route, nous interrogerons notre guide le lendemain pour savoir si ces feux sont accidentels ou non, il nous dit qu'à cette saison, ils sont provoqués par les villageois pour diverses raisons : créer des coupe-feux en vue de la saison sèche, débroussaillage, écobuage et aussi pour éloigner les animaux sauvages des villages.

Près de l'un de ces feux, des dizaines d'oiseaux, rolliers et choucadors, posés sur la route pour tenter d'attraper les insectes qui fuient l'incendie, ne s'envolent pas à l'approche des véhicules. Ils se font écraser ou percuter en vol par dizaines. Notre chauffeur, sourire aux lèvres, ne fera pas exception 😥.

Nous assistons impuissants à cette scène bien triste.

Dans un village, nous faisons un arrêt pour récupérer le très sympathique Abdoulaye Kanté, notre guide pour la visite du parc et arrivons à l'entrée du Parc national du Niokolo-Koba.

Nous nous enregistrons à l'accueil et pénétrons dans le Parc. Il ne faut pas bien longtemps pour apercevoir notre première antilope :

 Céphalophe à flancs roux

Une bonne heure de piste, parfois difficile, sera nécessaire pour rejoindre notre campement "Le Camp du Lion". A chaque rencontre intéressante, arrêt et photos. Il faut descendre du véhicule, la vitre latérale ne s'ouvrant pas ! Grrr !

Rencontres au fil de la piste

Francolin à double éperons                                                                      Choucador pourpré 
 Babouin de Guinée
Guib harnaché                                                                           Vervet 

Nous atteignons le campement vers 18 h, accueillis par le très sympathique Kekouta, nous prenons possession de notre case. Ce sera sommaire ! Pas d'électricité, pas de réseau (comme dans l'ensemble du Parc). Douches au godet et toilettes au bout du jardin, le dépaysement total ! Et c'est super !!!

Précisons tout de même qu'il est possible, dans la journée, de recharger le portable ou les batteries d'appareils photos au local restaurant. Au prix d'un astucieux système, il est également possible d'envoyer des messages. A voir sur place !

Il y a trois solutions d'hébergement dans le Parc, tous au bord du fleuve Gambie :

- Le Camp du Lion créé et géré par les guides du Parc, le plus authentique et dépaysant.

- L'Hôtel Simenti, en cours de réouverture complète après les soucis "Covid".

- Le Niokolo Lodge, hôtel haut de gamme, pour la région, à tarifs hauts de gamme.

Un petit tour au bord de l'eau au soleil couchant, en espérant voir le lion qui rôde dans les alentours.

Un excellent repas (viande, riz et sauce oignons) est préparé et servi par un personnel attentif et éternellement souriant au milieu des singes vervets à l'affût de votre moindre moment d'inattention pour chaparder ce qui traine sur la table.

Il ne nous reste plus qu'à aller dormir. La nuit sera fraîche.

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Le Parc National du Niokolo Koba (913 000ha) obtient le statut de Parc National en 1954. En 1981, il entre au Patrimoine Mondial de l'Unesco. Traversé par le fleuve Gambie, il offre une grande diversité de milieux : forêts, savanes, collines. Il abrite une faune riche et diverse : lions, guépards, chimpanzés, babouins, antilopes dont l'éland de Derby, la plus grande des antilopes, buffles, hippopotames, plus de 300 espèces d'oiseaux, de nombreux reptiles. L'entrée y est réglementée : véhicule 4x4 et guide du parc obligatoire.

Une carte du secteur que nous avons visité :

Le réveil est matinal : 6h15 ! Petit déjeuner dans la foulée et un tour au bord du fleuve pour le lever de soleil.

Nous entendons seulement le bruit du fleuve puis, petit à petit, les chants des oiseaux qui se réveillent. Un moment d'une grande sérénité que nous avons tenté de saisir en vidéo.

Notre guide, Abdoulaye, installe trois fauteuils métalliques à l'arrière du pick-up et nous voila partis pour la journée. Plus de soucis de fenêtre récalcitrante, une vue bien plus dégagée et un confort sommaire.

Abdoulaye donne ses instructions au "sympathique" chauffeur et nous indique les animaux que nous ne voyons pas toujours. Il a l'oeil aiguisé et une grande connaissance du milieu. Aimable et toujours disponible, nous passerons un merveilleux séjour avec lui.

Beaucoup de nouveautés, principalement des mammifères, au cours de cette journée.

Pintade de Namibie                                                                                  Cossyphe à calotte blanche 
Ourébi 

Les babouins de Guinée relativement nombreux.

Babouin de Guinée 

Les cobes

Cobe des roseaux ou Nagor                                                                                        Cobe de Buffon 

Nous trouvons nos premiers guêpiers à gorge rouge près d'un gué sur le fleuve Gambie.

 Martin-chasseur à poitrine bleue                                                                           Guêpier à gorge rouge

Abdoulaye nous indique une empreinte récente de lion

                                             Bateleurs des savanes                                               Bergeronnette pie

Les arrêts photos sont nombreux

Cobe defassa                                                                                Guib harnaché 

Nous faisons halte à l'hôtel Simenti

Pause pique-nique dans l'observatoire de la mare de Simenti. Et nous observons !

Veuve lucia                                       Jacana à poitrine dorée                                Marouette à bec jaune 

Un rapace, loin et très haut. Tentons !

Busautour des sauterelles 

Une importante troupe de babouins de Guinée traverse la mare au milieu des antilopes, phacochères et des oiseaux :

Phacochère commun                                                Babouin de Guinée                                  Cobe de Buffon...

Histoire de digérer agréablement le sandwich sardines, un petit aller-retour sur la passerelle.

De l'autre côté, une mare presque à sec qui nous offre quelques belles images :

Oie-armée de Gambie                                     Grue couronnée                                        Cigogne épiscopale 

Nous retrouvons les bords du fleuve. Un hippopotame !

Quelques rencontres sur la piste avant de rejoindre le campement

Cobe defassa                        Ourébi              Cobe de Buffon 

Une Gazelle, de rigueur après les antilopes, une douche, le souper avec les vervets. Une civette, rodant près des cuisines, fera notre bonheur. Pas de photo.

Dodo !

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Réveil matinal ! Alors que nous rejoignons le "réfectoire", Abdoulaye, qui scrute le fleuve, nous appelle vivement : le lion, le lion !!! . Le temps de le rejoindre, en récupérant les appareils photos dans la case, le lion a disparu. Nous descendons au bord du fleuve, attendons quelques minutes mais rien !

Petit déjeuner pris, nous partons explorer les alentours, côté fleuve. Un guib harnaché se laisse surprendre juste aux abords du camp.

 Guib harnaché

Au bord du fleuve Gambie, un coucal prend le soleil sous la surveillance d'un pygargue vocifer.

Pygargue vocifer                                                                                                Coucal du Sénégal 

Un grébifoulque sur la rive opposée :

Grébifoulque d'Afrique 
Grébifoulque d'Afrique 

Avec d'infinies précautions un guib vient se désaltérer sous l'oeil amusé (extrapolation) d'un jeune crocodile

Guib harnaché

Nous regagnons le campement et nous réinstallons dans le pick-up sous l'œil amical (extrapolation) de notre chauffeur pour une matinée de pistes dans le parc.

C'est au tour de l'autour de se montrer avant de surprendre un bucorve.

Autour sombre                                                                                    Bucorve d'Abyssinie 

Un couple de gangas quadribandes traverse la piste ! Une aubaine !

Ganga quadribande 

Nous approchons de l'eau et retrouvons avec plaisir les superbes guêpiers à gorge rouge

Guêpier à gorge rouge 

Gué à passer très lentement si vous ne voulez pas qu'il devienne un gué tapant (pardon)

Euplecte vorabé                                                            Travailleur à bec rouge 

Un phacochère commun et son petit à droite de la piste. Super !

   Phacochère commun 

Une mangouste des marais, au même moment, à gauche. Re super !!! Et bien plus exceptionnel ! On se régale !

Mangouste des marais                                                                                          

Petite halte près d'un observatoire. Une cigogne épiscopale et un bateleur des savanes nous offrent un ballet aérien.

Nous quittons l'observatoire. Un diplocode nous occupe, Abdoulaye nous appelle. Alors qu'il scrutait la savane aux jumelles, il a posé le pied à 50 cm d'un python de Seba, enfoui dans les herbes ! 4 à 6 m de long pouvant atteindre 100 kg, une belle bête. Tout en prenant quelques distances, nous tentons de le déranger pour en voir plus mais il se faufilera dans les herbes sans que ne puissions voir sa tête.

Python de Seba 
Python de Seba 

N'oublions pas le diplocode ...

Diplocode noir 

Nous reprenons place dans le véhicule pour rejoindre le campement. Deux poulettes de roches traversent la piste. Nous en avions entendu avec Patrick à Abéné sans arriver à les voir.

Poulette de roche 

Abdoulaye nous indique une fleur jaune qui tapisse le sol à certains endroits. La fleur à phacochère (Cochlospermum tinctorium). Fleur à rhizome, elle est consommée en grande quantité par les phacochères. Elle donne, également, un colorant brun/jaune servant de teinture pour différents tissus.

C'est aussi, et surtout, une plante médicinale traditionnelle très respectée en Afrique de l'Ouest. Jaunisse, maladie de foie, pneumonie, oedème, conjonctivite... sont soignés avec son rhizome. Fleur de saison sèche. Précieuse !

Cochlospermum tinctorium 

Nous découvrons ensuite la "pharmacie des éléphants". Lorsque le parc abritait des éléphants, ils fréquentaient ce lieu et en consommaient les plantes et le sol doté de propriétés particulières.

Une petite troupe de vervets peu farouches se laisse photographier.

 Vervets

Puis, c'est le grand indicateur.

   Grand indicateur

C'est l'heure du repas (viande, riz et sauce oignons) en bonne compagnie !

Puis du repos

Des artisans s'affairent au camp du lion, allons les voir... Deux chantiers sont en cours.

- Construction de mobilier en rônier :

- Réfection des toitures des cases :

Le moment où il faut poser la charpente sur la case nécessite la contribution de tous, ce n'est pas un problème en Afrique où la solidarité est omniprésente. Nous en profitons pour filmer l'action :

Vers 16 h 30, Abdoulaye bat le rappel. Il faut y retourner !

Deux libellules

Trithémis pourpré                                                                                   Brachythémis à ailes barrées

Des patas et un guib en bord de piste

Guib harnaché                                                                                                 Patas 

Cobes, ourébis, pintade de Numibie et hérons garde boeufs en grand nombre sur une zone dégagée

Ourébis                                                                                                           Cobe defassa 

Un superbe cobe defassa en bord de piste

Même à l'intérieur du parc, des feux sont allumés. Notre véhicule arrive au niveau d'une zone en feu et sur la piste, nous retrouvons les oiseaux posés qui espèrent attraper les insectes fuyant l'incendie; cette fois, le chauffeur manœuvrera pour les éviter.

Nous retrouvons les bords du fleuve avant le coucher du soleil : peut-être un lion... Non !

Mais, une rencontre avec des pluvians fluviatiles.

Pluvian fluviatile 
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Une dernière matinée au Niokolo avant de retrouver Ibrahima, notre guide pour la suite du circuit, au campement "Chez Ibrahima" à Dar Salam, juste à la sortie du Parc. Nous prenons place à l'intérieur du véhicule de notre charmant chauffeur qui, manifestement, ne parle qu'a son téléphone. Abdoulaye s'installe gentiment derrière, côté vitre close. A nous les vitres ouvertes ! Nous revisitons la mare de Simenti.

La mare de Simenti 
Cobe de Buffon 
 Oie-armée de Gambie                                                                                            Busard des roseaux

Deux phacochères communs et un cobe de Buffon bicéphale (espèce rarissime... mais très pratique pour la surveillance) le long de la piste

Et, cerise sur le gâteau (excellent au demeurant) un groupe d'antilopes rouannes ou antilopes cheval, 2ème plus grande antilope après l'Eland de Derby. De quoi faire passer l'amertume de devoir sortir de cet Eden faunique.

Antilope rouanne 

Nous terminerons par un petit tour sur la magnifique terrasse du Niokolo Lodge. La classe !

Le tarif des consommations : hors classe !

Abdoulaye au Niokolo Lodge 

Sur le chemin de la sortie, nous photographions un dernier bucorve d'Abyssinie.

Bucorve d'Abyssinie

Et voila ! Le Parc National du Niokolo Koba, c'est fini. Nous espérons que cela vous a plu 😁

Pour notre part, ce fût un régal ! Même sans lion ! Outre la faune, très riche et quasi entièrement nouvelle pour nous, la gentillesse, la simplicité, la disponibilité et le sourire du personnel du Camp du Lion resteront à jamais gravés dans nos mémoire. Merci à vous.

Une mention particulière à Abdoulaye Kanté, notre guide, aux compétences naturalistes et particulièrement ornithologiques incontestables. Pratiquant la photographie, il nous a chapeautés avec savoir, patience et gentillesse pendant ces trois jours. Un immense merci à toi, l'Ami.

Nous sortons du Parc avant midi et nous installons dans le campement "Chez Ibrahima". Nous déjeunons, servis par le sympathique Daouda, sans attendre Ibrahima (vous suivez) parti de Dakar ce matin. 640 km et 8h30 de route. Il arrivera en milieu d'après-midi au volant d'une Peugeot 307. Ce sera notre véhicule pour la fin de notre séjour 2023. Ibrahima nous guidera pendant la semaine qui vient.

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Nous faisons plus ample connaissance avec Ibrahima, puis ajoutons, tant bien que mal, nos volumineux bagages dans un véhicule déjà bien chargé. Après avoir salué et remercié chaleureusement Abdoulaye.

Nous partons pour 1h30 de bonne route jusqu'à Kédougou, ville principale du sud-est du Sénégal. Petit arrêt ravitaillement (de l'eau minérale principalement). Il nous restera 30 km et une heure de bonne piste pour rejoindre notre campement à Malinda, village Dialonké.

L’ethnie dialonké ne représente au Sénégal qu’un petit groupe isolé. Elle est localisée dans la région de Kédougou, plus précisément dans la zone de Fongolimbi proche de la frontière guinéenne. Bien qu'islamisés de gré ou de force par les peulhs, ils gardent quelques coutumes animistes.

La société dialonké se divise en trois classes d’âge. La première, qui commence à la naissance, va jusqu’au quinzième anniversaire du jeune dialonké. La deuxième classe comprend les jeunes gens jusqu’à ce qu’ils atteignent entre trente cinq et quarante ans. Suit la troisième et dernière classe d’âge.

L’un des rites principaux de la société Dialonké est celui de l’initiation qui englobe la circoncision de l’aspirant et le séjour dans le bois sacré. L’initiation permet à l’enfant le passage dans la classe des adultes responsables. Cependant, la société Dialonké a fortement évolué et il ne reste de certaines pratiques que le souvenir des anciens eux-mêmes initiés selon la tradition. Autrefois, la circoncision avait lieu lorsque le jeune garçon avait atteint une taille suffisante et possédait certaines caractéristiques de force physique. Il devait par exemple être capable de porter un certain poids, de parcourir une certaine distance en courant. Cela signifiait qu’il était prêt à devenir un homme. La date du rituel était fixée après les récoltes et les futurs initiés étaient déjà pris en main par leurs aînés qui les éloignaient de leurs camarades plus jeunes. Une fois passée la circoncision, les jeunes garçons prenaient le chemin du bois sacré pour une durée de un à deux mois. Là bas, leurs aînés les confrontaient à la souffrance physique et à des labeurs pénibles afin de les préparer aux souffrances qu’ils auraient à affronter lors de la création de leur propre foyer. Les aînés devaient « ouvrir les enfants à la souffrance du monde ». Après cette période, les initiés rentraient au village et pouvaient accéder à la case des adultes. Le mariage ne tardait pas à suivre. Il en était de même pour les filles : après le rite de l’excision, les jeunes filles devenues femmes pouvaient être données en mariage. Aujourd’hui, cette tradition est de moins en moins suivie, l’excision est désormais interdite par l’Etat sénégalais et n’est, en théorie, plus pratiquée. Les garçons sont maintenant circoncis peu après leur naissance et l’exode rural dilue une tradition devenue archaïque pour beaucoup de Dialonké

Les Dialonké, originellement chasseurs et cueilleurs sont aujourd’hui agriculteurs. La production de mangues est abondante. Les Dialonké pratiquent un artisanat varié, ils réalisent non seulement de la poterie et de la vannerie mais encore du tissage. (Source : Association des Minorités Ethniques)

Les paysages changent ! Nous commençons à apercevoir les premiers reliefs.

Beaucoup de terres brulées ici, également.

Nous arrivons au campement vers 18 h 00. Nous prenons possession de notre case avec cabinet de toilette intégré.

Sadaba, le sympathique responsable du campement nous invite à faire le tour du village.

Les femmes pilonnent les céréales, elles me proposent d'essayer... Ne riez pas !

ou tirant l'eau du puits

Préparation du repas

Le soleil couchant nous offre de belles lumières

Un bon repas sous la lumière artificielle (pas d'électricité dans le village), mais Sadaba qui possède un panneau solaire propose gentiment de recharger nos téléphones...

Viande, riz et sauce oignons 

Et dodo !

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Réveil à 6h15 ce matin. Au programme, 2h30 de marche pour rejoindre le village Dialonké de Toumania situé sur un plateau. Il va falloir monter sérieusement. Ici pas de sentiers en lacets, on grimpe tout droit et ce n'est pas toujours aisé ! Il fait vite chaud, d'où le réveil matinal.

Sadaba, en sandales, nous guidera pour cette excursion. Il nous indique, en bordure du village, la classe d'alphabétisation pour adultes.

Il va falloir aller là-haut

Nous atteignons un premier plateau

Des fleurs et des oiseaux pour nous distraire

 Baobab chacal  ou rose du désert                                                                         Cochlospermum tinctorium
 Barbican à poitrine rouge                           Petit moineau                                           Combassou du Sénégal 

Dont un Rufipenne de Neumann, une première pour nous

 Rufipenne de Neumann

Toutes les occasions de pauses sont bonnes : admirer la vue

Se désaltérer ou laisser passer un convoi exceptionnel (mais pas si rare que ça, en fait)

Nous arrivons à Toumania un peu avant 10 h 00.

Sadaba nous mène tranquillement au centre du village

Nous faisons connaissance avec le clown du village

Rencontrons de charmantes personnes et avons droit à une démonstration de pilon.

Nous sommes accueillis par Fanta, la femme du chef de village, lui-même absent ce jour. Une personne admirable, d'un calme et d'un savoir remarquables. La grande classe !

Nous nous asseyons autour de la natte sur laquelle nous mangerons un peu plus tard. Avec beaucoup de douceur, elle nous expliquera le fonctionnement du village, répondra à toutes nos questions. Nous serrons juste interrompus quelques instants par le passage sur la natte d'une mante géante... qui finira dans le bec d'une poule.

 Mante géante africaine

Fanta nous emmène visiter l'école du village

puis sa concession où un jeune homme assemble les tiges de rônier pour faire des palissades.

Nous sommes en admiration devant les manguiers couverts de fruits (en Casamance les fruits ont la taille d'une petite noisette). Les récoltes auront lieu d'ici une quinzaine de jours. Grrr !

Notre charmante hôtesse, ayant eu vent de notre déception, s'éloigne un instant, revient et nous offre trois belles mangues mûres. Les toutes premières de l'année. Cadeau inestimable ! Nous sommes très émus de tant de gentillesse. Trois oranges (cadeau d'un de nos amis casamançais) font le chemin inverse. Nous partagerons le tout au moment du dessert. Un régal et un moment de partage inoubliable !

Après ce bon repas, c'est le moment du thé à la menthe préparé par Ibrahima, une vraie cérémonie dont nous ne nous lassons pas.

Quelques derniers clichés avant de reprendre la piste

Nous remercions chaleureusement Fanta, la merveilleuse femme du chef de village et entamons la descente vers la cascade de Kafory, prochaine étape.

Un petit indicateur... nous indique le bon chemin

Petit indicateur 

Après une petite heure d'agréable descente, nous découvrons le site. En fait, nous sommes environ dix mètres au dessus de l'eau et les marches sont hautes ! Qu'à cela ne tienne : une corde, deux amis rassurants et efficaces et c'est parti ! Une expérience inédite pour nous.

D'en bas la vue est splendide. Le calme absolu. L'eau est claire. A bonne température. Nous y passerons une rafraichissante demi-heure, en short et t-shirt, en compagnie de quelques poissons, sous l'œil amusé de nos deux accompagnateurs. Un vrai bonheur !

Une famille babouin passe à proximité. Une belle libellule profite du soleil.

Planeur de roche écarlate                                                                                 Babouin de Guinée 

Nous longeons la rivière un moment

Sur une branche, un martin-pêcheur géant

Martin-pêcheur géant 

Une petite heure plus tard nous rejoignons le village de Malinda. Nous sommes accueillis par le sourire des enfants.

Fatigués mais pleinement heureux, nous profitons du coucher de soleil avant le repas et une bonne nuit.

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Après avoir remercié Sadaba pour sa gentillesse et sa disponibilité, nous quittons Malinda en début de matinée pour rejoindre Andiel, village Bédik.

Nous nous arrêtons à Kédougou pour refaire le plein d'eau. Ibrahima achète des noix de Kola, friandise préférée des anciens.

La noix de kola est très commune dans de nombreuses cultures traditionnelles d'Afrique de l'Ouest. Symbole de bienveillance, elle est longuement mastiquée. Elle a des propriétés stimulantes, digestives, antidépressives et aphrodisiaques.

Nous avons goûté, mais ne sommes sans doute pas assez "anciens" pour apprécier.

Noix de Kola 

Ceci fait, nous reprenons la route

Puis la piste

Nous garons la 307 près d'un puits et entamons la montée menant au village.

Ça grimpe sec, c'est mal pavé et il fait chaud

Au bout de l'escalade nous arrivons au village

Nous avons rendez-vous avec Jean-Pierre (son prénom catholique, mais il a aussi un nom bédik) qui nous présentera, son ethnie et son village.

Les Bédik sont localisés près de Kédougou, zone de Bandafassi. C'est l'une des plus petites ethnies (3500). Certains Bédik se disent animistes catholiques, d’autres catholiques animistes mais tous concilient sans aucun problème les deux pratiques religieuses. Il existe plusieurs clans chez les Bédik. Les Mbiwol se trouvent à Andiel. L’on peut voir chez certaines femmes Mbiwol, la pratique d’un rite archaïque qui est de porter dans le nez une épine de porc-épic. Trois familles chez les Bédick, Keita, Camara et Kanté. Chacune ayant une spécialité (les agriculteurs, les éleveurs, les forgerons)

Le calendrier bédik compte sept grandes fêtes qui sont des occasions de réjouissance, de repas plus copieux, de danses et de chants mais elles sont surtout constituantes du lien social et de l’identité du groupe ethnique. Si les gens tendent à venir vivre en plaine, la plupart des fêtes sont encore célébrées dans les villages ancestraux. Les habitants de la plaine sont alors accueillis chez leurs parents avec qui ils passent les trois jours ou plus de célébration. L’une des principales fêtes du calendrier Bédik se nomme Gamond, fête des femmes et de la fertilité. Dernière fête avant la saison de pluies, elle est censée déterminer la quantité des semailles et la réussite de l’ensemble des travaux agricoles qui vont s’initier durant l’hivernage. Avant la fête de Gamond, se succèdent deux activités importantes : l’une dévolue aux hommes, l’autre aux femmes. La première est bien sûr la chasse, menée par les hommes qui ont entre quinze et trente ans. Ces derniers doivent ramener tout le gibier qui sera consommé pendant la fête. Quant aux femmes, elles ont pour charge de préparer la bière de mil dont la préparation dure de huit à dix jours. La fête de Gamond dure une semaine et chaque jour « appartient » à l’une des familles. (source Association des Minorités Ethniques)

Le village d'Andiel (260 habitants) est donc situé sur un plateau. C'était le meilleur moyen de se protéger des envahisseurs peuhls. Les cultures se font dans la plaine. L'eau est dans la plaine. Les femmes assurent le ravitaillement, se coltinant la montée avec les bidons sur la tête. Nous demandons donc pourquoi, puisqu'il n'y a plus de danger, ils ne s'installent pas dans la plaine. Impossible ! Les esprits protecteurs sont ici !

La captivante présentation terminée, nous faisons le tour du village.

La case des "non initiés"                                                                         La case du curé un peu à l'écart

Jean-Pierre nous présente l'église du village et les tambours du père Caméléon (moyen traditionnel de communication entre les villages)

Les enfants, toujours prêts à tout pour une photo et d'élégantes ancêtres

Nous redescendons au puits pour pique-niquer à l'ombre d'un manguier. Nous évitons soigneusement le "Vasimolo" très prisé de notre ami Ibrahima.

Le "Vasimolo"                                                                                              Femmes Bédiks au puits 

L'excellent thé d'Ibrahima avalé, nous voila prêt pour la suite des aventures.

Nous passerons nos deux prochaines nuits au campement de Tacko Mayo, près de Dindéfelo. Un véhicule 4x4 est impératif pour y accéder... à moins d'utiliser une moto benne ! Mémorable... Merci Denis !

Nous retrouvons donc notre futur véhicule et Camara son pilote, dans une station essence et nous voila partis pour 1h30 de trajet. Après un 1/4 h de route bitumée, nous bifurquons vers une piste en terre.

Et c'est parti, malgré les précautions du pilote, pour plus d'une heure de machine à laver. Vidéo possible car la début piste est bon, nous nous concentrerons ensuite sur comment ne pas passer par dessus bord. Nous en croiserons plusieurs véhiculant une douzaine de grands gaillards. Nous sommes petits joueurs !

Nous arrivons, malgré tout, hilares, au campement de Tacko Mayo.

Notre case est équipée de toilettes, douches et électricité. Luxe !

Après une installation sommaire, nous partons à la découverte des abords du fleuve Gambie situé en contre-bas du campement.

En profitons pour reprendre notre passe-temps favori

Guêpier à gorge rouge                              Combassou du Sénégal                                     Tisserin à tête noire 

Un monumental nid d'ombrette africaine attire notre attention. Il faut savoir que cette construction est en fait une chambre avec une petite ouverture en façade (pas visible sur la photo). Les ombrettes nichent donc à l'abri.

Au loin, un touraco violet !

Touraco violet 

Nous rentrons au campement pour la traditionnelle Gazelle et le lever de lune.

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Après le lever de lune d'hier soir, le lever de soleil de ce matin

Petit déjeuner avalé, nous allons prospecter sur les bords du fleuve

Colombar waalia                                                Ane commun                                     Autour unibande 
Capucin nonnette                                       Camaroptère à tête grise                               Combassou du Sénégal

Quelques odonates.

Sapho fumosa   ♂   et   ♀

Nous regagnons le campement.

Et embarquons avec grand plaisir dans la moto benne pour rejoindre la cascade de Dindéfelo. 17 km et une heure de piste cabossée. Nous nous évertuons à ne pas l'être.

Nous faisons un arrêt au centre d'accueil de la réserve naturelle communautaire de Dindéfélo pour les explications et recommandations d'usage ainsi que la visite d'un petit musée. C’est un lieu de présentation de la culture et de la biodiversité de la réserve à travers l’exposition d’objets et d’ustensiles traditionnels ou des ressources forestières naturelles qui permet de mieux comprendre comment la communauté locale et la faune sauvage les utilisent.

C'est dimanche et jour de marché à Dindéfelo.

Nous croisons de nombreux guinéens et guinéennes, bien chargé(e)s, venant tenter de vendre leur production sur le marché. La Guinée est toute proche. Partant de leurs villages à pieds, à vélos ou autres véhicules qu'ils laisseront en haut du plateau visible en arrière plan, ils feront l'aller-retour dans la journée et la pente est raide. Admirable !

Nous visitons la boulangerie locale, le boulanger nous offre une baguette, un pain délicieux, très serré et nourrissant.

Puis nous empruntons un sentier longeant la rivière. C'est dimanche et jour de lessive

Une petite demi-heure de marche et nous atteignons la cascade. Il y a du monde !

Le cadre est magnifique. Une piscine naturelle permet la baignade.

Après y avoir trempé les pieds, nous renonçons ! Elle est glacée...

C'est manifestement le rendez-vous dominical de nombreux locaux. Baignades, douches (l'eau tombe d'une centaine de mètres) constituent le "challenge" des jeunes locaux, c'est à qui restera dans l'eau glacée le plus longtemps...

Pique-nique et musique pour tous. Et de la bonne humeur tout le temps.

Après avoir pique-niqué, non sans avoir testé (très parcimonieusement) le "vasimolo", pris trois petits verres de l'excellent thé d'Ibrahima (il ne se déplace jamais sans le braséro et le charbon de bois), nous prenons le chemin du retour.

Il est 16h, le marché de Dindéfélo bat son plein

Une petite heure de moto benne (on commence à y prendre goût) et nous revoilà au campement.

Un petit tour en bord de fleuve pour quelques oiseaux

Moineau gris                                  Souimanga à longue queue                                Touraco gris 

Une bonne bière Gazelle, un excellent repas (riz, sauce oignons, viande) et dodo.

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Après une bonne nuit, le petit déjeuner au soleil levant, surveillé par un gendarme (tisserin).

 Tisserin gendarme

Le soleil se lève à une vitesse impressionnante. A peine plus d'une minute pour cette série.

Le campement du Tacko Mayo abrite un atelier couture, une vingtaine de jeunes filles, âgées de 14 à 25 ans, y sont formées à la couture. Alpha, le responsable du campement, avec l'aide d'une ONG espagnole a lancé «l'atelier» qui a formé plus de 60 jeunes filles déjà à la couture en plus de leur offrir des cours d'alphabétisation.

Ces jeunes filles reçoivent une formation de couturières pendant 2 ans tout en étant hébergées sur place, puis repartent dans leur village avec un métier et la machine à coudre offerte par le centre de formation. Les jeunes filles y apprennent aussi à cuisiner et préparent des confitures qui sont vendues au campement, en plus des pièces d'artisanat qu'elles confectionnent : une initiative mise en place au départ pour freiner les mariages précoces dans la région. Alpha cultive de nombreux projets, toujours dans le but d’améliorer les conditions de vie des habitants de la région, dont celui d'ajouter des activités de formation technique pour les jeunes garçons. »

Un charmant vieux monsieur expose ses créations. Nous nous laisserons tenter par quelques objets authentiques. Le marchandage sera ardu mais particulièrement amical. C'est un jeu, en fait !

Ceci fait, nous réembarquons, avec plaisir, dans le moto-benne. Camara, le très sympathique pilote nous ramène à la station service où nous récupérons la 307. En route pour Salémata, notre prochaine étape.

60 km et une heure de route plus loin, nous arrivons à Salémata, commune de 6000 habitants environ, à majorité Peulh suivi des Bassari.

Nous nous enregistrons à la gendarmerie et rejoignons le campement Peluun.

Le campement "Peluun" à Salemata 

Récupérons notre confortable case nommée "Ethiolo" dont la partie "salle d'eau" à ciel ouvert est ombragée par un papayer 🤗 .

Avant de prendre un déjeuner (viande, riz et sauce au oignons) traditionnel.

Le "restaurant "

Il fait bien chaud, petite sieste de rigueur.

Vers 17 h, guidés par Ibrahima et Blaise, notre intarissable "puits de culture locale", nous partons découvrir les rives de la rivière Diarra et ses oiseaux. Nous devons d'abord traverser un village Bassari au milieu de la savane.

Quelques oiseaux en chemin

Francolin à double éperons                            Corvinelle  à bec jaune                                Combassou du Sénégal 

Plus beaucoup d'eau dans la rivière, il ne reste que quelques mares.

Assez pour attirer les beaux guêpiers à gorge rouge

Guêpiers à gorge rouge 

Blaise nous met en garde contre une plante toxique, Argémone mexicaine, dont la piqûre peut avoir de graves conséquences, notamment des dropsies épidémiques (gonflement du corps). Elle est soigneusement évitée par les ruminants. Nous prenons garde... et des photos

Nous regagnons le campement tranquillement. Une nouvelle belle journée nous attend demain.

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Ce matin, accompagné du seul Blaise, nous allons rejoindre le campement "Chez Balingo" à Ethiolo, autre village Bassari. Petite randonnée de moins de dix kilomètres, pendant laquelle Blaise nous éveillera à la culture Bassari. Tellement intéressant que nous ne verrons pas le temps passer.

Les Bassari, autre minorité ethnique, sont environ 10 à 15 000 répartis entre le Sénégal (la majorité) et la Guinée. Cette population qui a vécu longtemps isolée dans un habitat troglodytique a conservé une organisation de type matrilinéaire et structurée en classes d’âge. Ce matrilignage implique que les femmes possèdent une place importante au sein de la société, sans pour autant que celle-ci soit matriarcale. L’enfant reçoit le nom de sa mère et c’est à l’oncle maternel d’éduquer l’enfant. Lors de l’initiation du jeune garçon, l’oncle maternel devra également combattre les masques aux côtés de son neveu. Comme les Bédik, les Bassari étaient principalement des chasseurs cueilleurs. Ils continuent ces pratiques tout en cultivant pendant l’hivernage. Un peu d'artisanat, également. Principalement de la vannerie à base de rônier. Les forgerons réalisent un peu d’armes et de bijoux en fer (particulièrement pour les cérémonies). Les Bassari concilient l’animisme et la religion catholique. Trois personnages jouent un rôle important dans leur religion : Kartes (dieu), Lukuta (diable) et Couyé (Esprit des ancêtres). Aujourd’hui certains Bassari immigrés en ville commencent à opter pour la religion musulmane.

(Source : Association des minorités ethniques)

Nous croisons de nombreux jeunes rejoignant leurs établissements scolaires.

Nous sommes rapidement seuls sur la piste. Blaise fait de nombreuses pauses explicatives Il nous explique qu'à partir de l'âge de 7 ans, les enfants (garçons et filles) ne dorment plus dans la case de leurs parents, mais dans la case de leur tranche d'âge et ils changent de case tous les 6 ans.

Nous demandons comment cela se passe pour les adolescents et les jeunes, il nous répond qu'il arrive, en effet qu'il y ait des relations sexuelles entre les jeunes et que parfois des enfants naissent de ces relations. C'est tout à fait accepté par les bassari. L'enfant restera avec sa mère et son futur mari, qui ne sera pas forcément le père biologique de l'enfant, devra l'accepter et l'élever comme le sien. Blaise nous précise qu'il a lui-même une fille ainée née dans ces conditions.

Il nous présente l'amboucrouca (en langue bassari, nous n'avons pas trouvé le nom latin), l'arbre qui prévient du bien et du mal; il suffit de tenter de séparer une petite branche d'une autre, si le côté gauche ne casse pas, c'est bon signe. Dans le cas contraire, il faut vite trouver l'anocoto (Piliostigma thonningii) arbre porte bonheur... Ou recommencer l'opération jusqu'à la réussite.

 l'anocoto (Piliostigma thonningii) arbre porte bonheur,                   On utilise aussi son l'écorce pour faire des cordes.. .

Nous continuons notre chemin

Traversons des zones brulées

Nous nous posons en haut d'une colline, à l'ombre. Blaise, fiches à l'appui, nous explique les coutumes Bassari concernant l'initiation des jeunes hommes.

A la fin de la saison sèche, au début du mois de mai, les Bassari organisent l’un des principaux rituels qu’est celui de l’initiation. Elle symbolise la mort du jeune garçon qui va renaître en tant qu’homme, fils du caméléon. Toute la famille du futur initié prépare le rituel, l’ensemble des parents sera présent et tous apporteront des cadeaux, formant ainsi une grande chaîne de solidarité. Avant l’initiation, un coq est sacrifié et ses entrailles annonceront le bon déroulement ou non de l’initiation. Le moment clé de ce rituel est la rencontre d’un masque avec le jeune garçon secondé par son oncle maternel. Le combat, qui aujourd’hui n’est plus violent, permet aux futurs initiés d’affronter leurs peurs et d’apprendre la maîtrise de soi. Il se déroule dans une clairière et doit être à l’abri du regard des femmes et des non-initiés. Les masques sont nombreux et forment la « société des masques », ils représentent les ancêtres morts qui continuent à encadrer la société des vivants, ils sont garants de la cohésion sociale et du bon fonctionnement de la société bassari. A la fin du combat, les masques s’en vont et les enfants partent pour le bois sacré où ils vont renaître en tant que fils du caméléon. Si, autrefois, cette période pouvait s’étendre jusqu’à six mois, les obligations modernes telles que l’école principalement, ont réduit la durée du séjour à une, deux ou trois semaines selon les disponibilités de chacun. Aujourd’hui, l’initiation reste surtout symbolique et lors du premier crépuscule, les enfants rentrent au village dans une case spécialement préparée pour eux. Lors de leur retour définitif au village, les enfants ne savent plus parler leur langue. Ils doivent réapprendre les gestes les plus élémentaires comme celui de marcher, de manger, on leur présente à nouveau leur mère, leurs frères et sœurs ainsi que l’ensemble de leur famille. Le statut d’initié au sein de la société bassari est celui d’un homme responsable, il peut à présent prendre la parole lors des assemblées et prendre des décisions.

Source : Association des Minorités Ethniques.

Une fois instruits, nous posons des questions sur l'initiation des jeunes filles, il nous répond que seules les femmes savent répondre à cette question.

Nous reprenons la route. Les paysages changent.

Nous atteignons un village au milieu de nulle part

Blaise nous invite à nous asseoir. Une dame nous présente ses créations (Ça doit faire partie du circuit 😂). Comment ne pas succomber à la tentation ?

Un bracelet plus loin, nous reprenons la route.

Croisons un arbre à karité, appelé également "or des femmes". Les amandes des fruits de cet arbre servent à la fabrication du beurre de karité. Dans les pays de l'Ouest de l'Afrique, le beurre de karité est utilisé pour l'alimentation, la santé et la beauté (soin de la peau et des cheveux, contre les conditions climatiques, le vieillissement, la sècheresse, en savon). Depuis peu, il est intégré en Occident, dans la composition de certains produits cosmétiques.

Fleur et arbre à Karité 

Après 3 heures de balade pédagogique, nous atteignons le campement "Chez Balingo". Ibrahima nous attend avec son excellent thé au chaud et un taro cuit. Nous goûtons le taro.

Le taro (Colocasia esculenta) est un tubercule tropical consommé comme légume, aussi appelé colocase, songe, eddo ou chou de Chine. (Source Le monde\jardinage)

Il ressemble un peu à une betterave et a un goût rappelant le fond d'artichaut. C'est bon !

Le propriétaire du campement, Balingo Benja, personnage quelque peu cabot mais captivant, nous accueille chaleureusement.

Balingo 

Après avoir fait le tour du campement dont les cases sont faites de pierres volcaniques, Balingo nous montre un chantier de construction en cours...

Nous partons, accompagnés d'un jeune homme, visiter la place des cérémonies. Située à l'extérieur du village, elle surplombe Ethiolo. Si, par définition, cette place accueille les cérémonies locales, elle est conçue également, pour recevoir les jeunes du village lors de leur initiation.

Place des cérémonies 

Nous regagnons le campement.

Un excellent repas nous attend (viande, riz et sauce oignons) . Nous le partageons avec une vingtaine de touristes polonais en visite éclair (repas, une demi-heure de danses traditionnelles et on repart).

Nous profitons, avec joie, du spectacle de danses.

Après ce sympathique et inattendu aparté, nous rentrons au campement Peluun à Salémata en 307.

Les femmes, toujours aussi élégantes, reviennent du marché

Pendant que nous nous amusons, un artisan refait la couverture d'une case. Les cases sont en général en banco pour les murs, en rônier pour la charpente et couvertes en paille d'herbacées diverses. Il faut en changer tous les trois à cinq ans.

Les Bassari sont maitres dans l'art de la couverture.

Un bref retour à notre passe-temps favoris

Choucador à longue queue 

Avant le repas du soir (riz, sauce oignons et viande) et dodo. A demain !

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Denis nous avait concocté une dernière journée à Salémata avec visite d'Eganga, autre village Bassari et retour à Dakar le lendemain : 800 km, 12 h00 de route ! Ce n'est pas en moto-benne, certes, mais c'est trop quand même. Nous renonçons, pour cette fois, à Eganga et décidons de faire étape au campement "Chez Ibrahima" que nous avons déjà fréquenté. Nous partirons en début d'après-midi et avancerons donc de 250 km environ.

Matinée libre donc ! Un peu d'ornitho sur les rives de la rivière Diarra pour s'occuper agréablement. Ce sera une sortie avec de belles surprises. C'est parti !

Quelques belles plantes à la sortie du campement pour commencer :

Ficus trichopoda                                  Kapokier rouge (Fleurs et fruit)                                     Caesalpinia

Nous retraversons la savane

Astrild à joues oranges 

Beaucoup de petits piafs picorant sur le chemin. A notre approche, ils se mettent à l'abri dans les arbustes environnants

Euplecte vorabé                                            Euplecte franciscain                            Travailleur à bec rouge

Un autour unibande surveille tout ça !

 Autour unibande

Des choucadors aux teintes métalliques profitent du soleil

Choucador pourpré 

Un petit indicateur nous signale un trio de touracos gris alors qu'un vautour espère...

Petit indicateur                                       Touraco gris                                            Vautour charognard 

Des arabesques oranges au milieu de branches ! Ça ne reste pas en place ! Super c'est un tchitrec d'Afrique ! Une première pour nous deux.

Tchitrec d'Afrique 

Puis un souimanga à poitrine rouge ! Une autre coche ornitho !

Souimanga à poitrine rouge 

Avant une prise plus modeste : le prinia... modeste !

Prinia modeste 

Et, entrant dans l'arène, pour l'apothéose, la dernière surprise du jour, troisième coche de la matinée : le splendide gladiateur de Blanchot

Gladiateur de Blanchot 

Emu, Blaise s'assoit près de la rivière

Nous n'avions pas de bouteille pour fêter ces beaux moments ! Dommage car nous avions le tire-bouchon et les baies de jujube pour accompagner.

Un écureuil se régale de figues

Ecureuil de Gambie 

Nous rentrons au campement heureux sous les regards d'une tourterelle et d'un gobemouche et en nous régalant de baies de jujube cueillies par Ibrahima et Blaise.

Tourterelle mailllée                                                                                              Gobemouche gris 

Il ne nous reste plus qu'à fermer nos sacs, profiter d'un excellent repas (sauce oignons, viande et riz), remercier chaleureusement l'adorable Blaise et le très sympathique Clément, gérant du campement Peluun.

Véhicule chargé, nous entamons notre long retour vers Dakar.

Les routes sont en bon état, la circulation quasi nulle.

Près de trois heures plus tard, nous retrouvons avec plaisir le toujours aussi souriant Daouda.

Quelques photos des oiseaux environnants

Epervier shikra                                                                        Bulbul des jardins 

Des choucadors

Choucador à oreillons bleus                                                                            Choucador à queue violette 

Après nous être soigneusement lavés les mains grâce à l'astucieux procédé local, nous dégustons l'excellent repas (viande, sauce oignons et riz) et regagnons notre case pour une bonne nuit.

Bonne nuit à vous également !

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Nous prenons la route de bonne heure. 600 km et 8h30 de bonne route nous attendent. Très peu de circulation. Nous avons le temps de contempler les paysages. A nouveau le plat pays !

Nous faisons une pose dans une ville pour un plein de carburants, c'est jour de marché. Nous sommes sollicités par des enfants mendiants appelés "talibés". C'est un crève-coeur pour nous, ces enfants sont confiés par leurs parents à de soit-disant écoles coraniques qui cachent une organisation mafieuse de traite humaine, on les rencontre dans de nombreuses villes du Sénégal.

Les enfants sont contraints de mendier et risquent de mauvais traitements s'ils rentrent bredouilles. D'un autre côté, leur donner de l'argent revient à encourager ce système mafieux.

Quelques associations et ONG tentent de lutter contre cette calamité dans le pays. Voir l'article publié par Amnesty international : https://www.amnesty.org/fr/latest/campaigns/2022/11/les-enfants-talibes-qui-sont-ils/

Quelques villages ici ou là, de monumentaux baobabs nous distraient quelque peu.

Nous doublons des véhicules à l'improbable chargement. Remarquons nombre d'ânes morts en bords de route.

A l'approche de Dakar, la circulation s'intensifie jusqu'au blocage complet suite à un accident mortel. A l'arrêt, nous serons doublés par une dizaine de véhicules, sirènes hurlantes ! Ambulances ? Non ! Ministres et autres personnalités diverses allant se faire filmer se recueillant sur les lieux du drame. Quand on ajoute du chaos au chaos... Une bonne heure plus tard, nous repartons et retrouvons la pollution dakaroise.

C'est fourbus (nous imaginons la fatigue d'Ibrahima) que nous pénétrons l'oasis que représente l'Espace Thialy et son écrin de verdure.

Le trajet du jour 

Chantal nous accueille avec le sourire. Le personnel s'active à remplir une profonde cuve souterraine avec des bidons de dix litres d'eau sortis d'une réserve : une imminente coupure d'eau est annoncée pour les trois jours à venir ! L'hôtel est complet, il faut œuvrer ! Ils assurent !

Après une bonne douche chaude, une bonne Gazelle, un bon plat de riz... avec du poisson, nous allons passer une bonne nuit. Notre dernière au Sénégal pour cette année. Demain soir, c'est retour en Europe.

Un joli poème alimentera nos rêves

La nuit fût bonne, effectivement. Nous trainons un peu : pas d'affolement, nous décollons la nuit prochaine vers 1h30. Rien au programme, aujourd'hui, si ce n'est farniente ! Nous ne sortirons pas de notre oasis. Il fait plutôt frais. Nous avons perdu une dizaine de degrés par rapport à hier. Nous passerons une bonne partie de notre temps à observer les oiseaux au bord de la fontaine, au rez-de-chaussée ou dans les bougainvilliers à l'étage.

Amarantes et capucins sont majoritaires

Amarante du Sénégal 

Ça nourrit chez les amarantes

Amarante du Sénégal  

Chez les capucins, également. Vous remarquerez qu'être parent d'un tyran n'est pas de tout repos !

 Capucin bec d'argent
Capucin bec d'argent 

Les bulbuls viennent se toiletter dans la fontaine avant de se sécher à l'étage.

Bulbul des jardins 

Corbeaux-pie et milans chassent à proximité.

Corbeau pie                                                                                                       Milan d'Afrique 

Pendant ce temps, un couple de pigeons tente quelques acrobaties sur un toit voisin.

Pigeon roussard 

Une tourterelle maillée pose pour la postérité

Tourterelle maillée 

Un travailleur à bec rouge s'expose après sa séance de maquillage

Travailleur à bec rouge 

Les tisserins sont des habitués des lieux

Tisserin minule 

Un voilier en plein oasis

 Voilier des citronniers

Et, clou du spectacle, un oiseau que nous n'avons encore jamais vu ailleurs qu'ici : le coliou huppé

Coliou huppé 

Ceci fait, nous rangeons notre matériel et fermons nos sacs et valises.

Après la sole grillée de ce midi, brochettes de lotte ce soir ! Chantal nous gâte !

Nous chargeons nos bagages dans la 307. Disons "au revoir" à Chantal et Denis. Ibrahima nous emmène à l'aéroport, à un petite heure de là. Nous sommes très en avance mais cela permet à notre ami d'être libre plus tôt. Nous nous quittons émus. L'étreinte sera chaleureuse et sincère. Nous avons rencontré un bel homme.

Enregistrement des bagages, embarquement et décollage à l'heure (1h30 environ), 5 heures d'escale à Lisbonne et redécollage à 11 30 pour Orly... sauf qu'il y a grève générale en France. Mais ceci est une autre histoire.

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Ces cinq semaines au Sénégal nous ont encore apporté de grandes satisfactions. Revoir nos amis à Abéné et à Ouonck et profiter de la richesse faunistique de la Casamance pendant les trois premières semaines (objet du carnet de voyage : https://www.myatlas.com/tess4756/casamance-janvier-2023 ).

La visite du parc national du Niokolo-Koba, sa magnifique faune et les belles rencontres humaines que nous y avons faites resteront longtemps dans nos souvenirs.

Le circuit de découverte des ethnies minoritaires du Sénégal oriental, de leurs cultures et surtout des personnes formidables qui nous ont accueillis et guidés ont été un bonheur de chaque jour.

Nous dédions ces récits à nos amis Catherine et Jean-Philippe qui ont du renoncer. Nous avons beaucoup pensé à vous pendant tout ce voyage.

N'oublions pas, bien sûr, le bilan photographique de ce séjour.

260 espèces photographiées dont:

  • 200 oiseaux dont 34 coches,
  • 34 insectes dont 18 inédits,
  • 18 mammifères dont 12 inédits,
  • 8 divers (reptiles principalement) dont 3 inédits.