Aujourd'hui, nous allons visiter l'école, le poste de santé et rencontrer certaines personnalités du village à la demande du comité de jumelage. Mais d'abord, je dois passer chez Fatou afin de lui livrer les tissus pour les nappes achetés hier à Ziguinchor.
Je pensais me limiter à cette livraison, mais Fatou souhaite que nous fassions la coupe ensemble pour être sûre de bien comprendre la commande.
Nous nous attelons donc à la tâche sur le sol de son atelier, une expérience sympathique qui m'aura permis de découvrir une autre caractéristique des tissus africains, on m'a vendu des Yards de tissu alors que je croyais avoir acheté des mètres (1 yard = 91,44cm).
Ces opérations m'ont occupée une bonne partie de la matinée. Quand je reviens à la Téranga, Gnamo, qui devait nous guider, est rentré chez lui. Nous partons donc à sa recherche et le retrouvons devant son domicile.
Nous partons à la rencontre du chef du village, de l'imam et du Calife afin de leur remettre des portraits réalisés par l'équipe du comité de jumelage en 2020. Cela nous permettra surtout de faire leur connaissance et de partager un petit moment avec eux.
Nous commençons par l'imam. Il nous reçoit dans sa cour, entouré de membres de sa famille. Il nous offre des sièges et nous bavardons quelques minutes. Après avoir remis la photo de groupe, nous prenons congé.
Nous poursuivons par la visite au chef du village. il ne parle que les dialectes, Gnamo fera gentiment office d'interprète. Ici, la population appartient à l'ethnie Diola, mais deux dialectes sont parlés dans le village, le diola et le mandingue.
Le chef du Village nous reçoit dans sa véranda et nous offre des sièges où nous nous installons pour un petit palabre. C'est un homme très jovial. Il s'exprime soit diola soit en mandingue (ce qui crée quelques soucis à Gnamo qui ne peut traduire que le diola). II nous assure être heureux de faire notre connaissance et nous dit que nous faisons maintenant partie des habitants de Ouonk. Il apprécie les actions du comité de jumelage en faveur de son village et reçoit son portrait avec joie et fierté.
Nous quittons ce personnage volubile et fort sympathique pour aller rendre visite au Calife.
Il nous reçoit également dans sa cour, nous lui remettons son portrait, il est visiblement très ému et très heureux de ce présent.
Nous terminons la matinée à l'école primaire. La directrice, nouvellement nommée, est absente pour raison de santé mais Gnamo (ancien directeur de l'école) réussit à la joindre. Nous discutons avec elle au téléphone, elle nous remercie de notre visite et nous dit que son adjoint se fera un plaisir de nous recevoir.
Nous arrivons dans la cour silencieuse, les enfants sont en classe, atmosphère studieuse. Les classes "bambou" qui étaient encore en service lors de notre précédent passage ont été remplacées par des classes "en dur". Nous trouvons sans problème la classe du directeur adjoint. Il enseigne dans une classe de cours élémentaire bien remplie. A notre entrée, les enfants se lèvent et un peu de sympathique chahut s'installe.
Nous échangeons un petit moment puis nous sortons, accompagnés de l'instituteur, qui nous fait visiter le local informatique, construit et équipé par le comité de jumelage. Le directeur adjoint n'a pas encore eu le temps de remettre en service les ordinateurs qui ont été rangés à l'abri des rongeurs pendant les vacances scolaire (la rentrée des classes est fixée à la mi-octobre ici). C'est une sage précaution, ils ne l'avait pas fait l'an dernier et les souris ont rongé les câbles des claviers et souris qui ont du être remplacés.
Nous le suivons ensuite dans son bureau où nous discutons un peu (nos amis sont enseignants). Nous avons apporté quelques petits cadeaux pour l'école que nous lui remettons, des bonbons, des crayons, des stylos et une ramette de papier pour imprimante, cadeau de Béatrice qui comble notre interlocuteur. Il nous explique, qu'ayant été classés parmi les toutes meilleures écoles du Sénégal, une ONG les a dotés d'une imprimante laser et de quelques ramettes. N'ayant pas de crédits, ils doivent renouveler le papier sur leurs fonds propres.
Il nous explique également que c'est dans la pièce où nous sommes qu'il avait installé l'exposition de nos photos et du livre sur les oiseaux que nous avions envoyés au printemps, une occasion de sensibiliser les enfants à la biodiversité qui les entoure.
C'est l'heure de la récréation, les élèves et les enseignants sortent et nous discutons un moment avec eux à l'ombre du fromager. Plusieurs enseignants sont jeunes et parmi eux, certains sont d'anciens élèves de l'école au temps où Gnamo en était le directeur.
Nous quittons l'école et repassons devant la concession de Gnamo. Il nous fait entrer et nous retrouvons une partie de sa nombreuse famille occupée avec les membres d'une ONG qui fabrique et installe dans le village des pompes à eau très simples et peu coûteuses. L'une d'elles est en cours d'installation dans la concession de Gnamo, nous en profitons pour assister aux premiers essais.
Une grande animation règne autour de cet évènement qui permettra d'obtenir pour un coût modique de l'eau potable. En effet, le forage descend à 20 m sous terre, à l'abri de toute pollution.
La famille accueille les membres de l'ONG pour le déjeuner et le poulet yassa figurera au menu. J'en profite pour remettre à Cariatou quelques petits bijoux fantaisie créés par ma fille pour les femmes et filles de la famille.
Nous rentrons à "la Téranga" pour déjeuner et prendre un peu de repos. Aujourd'hui, pas de sortie ornithologique au programme, nous avons un tout autre programme pour la fin d'après-midi.
Avec l'aide de Ibou et Adama, correspondants locaux du comité de jumelage, nous avons engagé la troupe "Badiata" qui doit donner pour nous et tous les villageois qui voudront bien y assister, un spectacle de musique, danses avec de nombreux masques (ou djinns). Une plongée dans la culture locale qui promet d'être festive.
Nous avons émis quelques souhaits que la troupe a gentiment accepté. Nous voulons voir l'ensemble des masques et que le spectacle ait lieu "de jour" pour que les enfants puissent y assister (il y a classe demain) et pour pouvoir prendre des photos plus facilement. Nous avons rendez-vous sur la place du village (devant le poste de santé) à 16 h.
Nous quittons donc la Téranga en milieu d'après-midi et retrouvons Gnamo et Adama pour la visite du poste de santé que nous n'avons pas pu faire ce matin.
Ce dispensaire, ainsi que la maison de l'infirmière ont été rénovés grâce au comité de jumelage. Nous sommes missionnés, le comité de jumelage, Covid oblige, ayant renoncé à se déplacer cette année, pour témoigner de l'avancement des travaux et de ce qu'il reste à faire.
L'infirmière est absente, c'est la sage-femme qui nous accueille et nous fait visiter les locaux fraîchement repeints et propres.
Une jolie petite fille est née ce matin, nous sommes heureux de constater que la jeune maman et le bébé sont installés dans des lits neufs qui font un heureux contraste avec l'état constaté avant travaux (voir le récit de mars 2020). La jeune sage-femme nous dit qu'il reste encore beaucoup à faire, elle nous montre les armoires et bureaux dont les portes ne ferment plus, les ventilateurs sont tous hors d'usage, le dernier en état de marche est installé dans la pièce qui sert de pharmacie pour permettre la conservation des médicaments. Il en faudrait dans toutes les pièces, il fait environ 35 degrés dans la chambre de la jeune accouchée...
Nous visitons également la maison de l'infirmière. C'était un lieu insalubre où elle cohabitait avec les rats. Ce logement, qui a bénéficié d'importants travaux, est maintenant un endroit fort agréable.
Il est presque 16 h lorsque nous ressortons du poste de santé. La troupe Badiata nous attend sur la place, des sièges ont été installés à l'ombre du fromager. Le sympathique responsable de la troupe vient à notre rencontre. Nous le remercions d'avoir accepté nos conditions, il nous invite à prendre place et le spectacle commence. De nombreux enfants du village sont déjà sur place, heureux de profiter de ce divertissement, leur joie fait plaisir à voir.
La fête commence à l'heure prévue (on nous avait dit que c'était impossible 😉) , les percussions donnent le rythme.
Le premier masque arrive, il se nomme EssamaÏ. C'est aussi le nom donné à une maladie qui ressemble à l'épilepsie. La légende raconte qu'un chasseur aurait trouvé le remède par le biais d'un tigre symbolisé par ce masque. Cette petite vidéo vous donnera une idée de l'ambiance :
Les masques se succèdent à intervalles réguliers, certains sont très impressionnants.
Cette courte vidéo vous donnera un aperçu des différents masques.
Les artistes sont venus nous chercher pour danser avec eux, notre sens du rythme a bien amusé les villageois et nous aussi tant l'ambiance était sympathique.
Les enfants sont excités et ne tiennent pas en place, une vieille dame avec son bâton les canalise de temps en temps.
La nuit tombe doucement. Après trois heures de spectacle et le passage de l'ensemble des masques, nous quittons le spectacle heureux d'avoir découvert cette troupe et d'avoir partagé ce beau moment avec les villageois.