Réveil à 5h15 après une courte nuit. Le grand jour ! Nous avons réservé, le 07 juin, auprès de Photo-logistics (https://www.photo-logistics.com/), un affût « spécial Gangas ». Ce délai aussi court s'explique par le contexte de crise sanitaire, en temps normal, les délais de réservation sont beaucoup plus longs.
Nous rejoignons Codo, notre lieu de rendez-vous à 15 minutes de Belchite, à 6h30. Rafaël, notre guide de « Photo-logistics » nous attend sur la place du village. Présentations faites, nous le suivons, sur quelques kilomètres, jusqu’à l’affût.
Une petite cabane en bois, avec vitre sans tain donnant sur une petite mare, trois chaises et pas de toilettes.
Après les recommandations d’usage : pas de bruit, ne pas toucher la vitre, ne pas sortir avant 11 h (nous avons la possibilité de garder l’affût pour la journée, mais Rafaël nous indique que la chaleur nous obligera à sortir avant 12 h) …) et lui avoir remis les 260 € de la réservation, notre sympathique guide reprend la piste.
Le soleil se lève. Nous nous installons.
Et le festival commence : Des alouettes se désaltèrent. Quelques pies bavardes, un œdicnème criard, une pie-grièche méridionale qui cherche à boire sans se mouiller les pattes, se succèdent au bord de la mare et dans nos cartes mémoires.
Alouettes calandrePie-grièche méridionaleOedicnème criard Mais l’essentiel de l’activité est créé par les nombreuses alouettes, calandres, calandrelles et pispolettes, ainsi que les cochevis huppés qui viennent boire.
Alouette calandre Alouette calandrelle Alouette pispolette La lumière est belle, les cartes chauffent. Un bruant proyer se toilette consciencieusement.
Pie bavarde Bruant proyer Peu avant 9 h, alors que nous entendons leurs cris depuis un petit moment déjà, un couple de gangas cata apparaît. Le rêve ! Ils sont extrêmement méfiants, hésitent longtemps avant de venir se désaltérer.
Ganga CataNous retenons notre souffle (et nos mouvements) sans oublier de mitrailler à qui mieux mieux. La place étant apparemment sûre, d’autres suivent. Un régal. Ils sont magnifiques sous cette belle lumière.
Ganga CataIl y a beaucoup de mouvement. A la moindre alerte, tout le monde s’envole puis ils reviennent par petits groupes, boivent puis repartent et reviennent .
Ganga CataDeux femelles gangas unibandes se mêlent aux catas. Un bonheur.
Ganga unibande (femelle) et Ganga CataUn faucon crécerelle fait fuir tout le monde en venant se poser devant l’affût. Il a soif. L’occasion est belle, nous immortalisons la scène.
Faucon crécerellePuis une fois le faucon envolé et les gangas revenus, un jeune lapin de garenne vient tranquillement boire. Craquant.
Lapin de garenne L’heure avance et nous commençons à cuire dans la cabane.
Gangas CataIl est 11 h passée quand nous envisageons, les cartes bien remplies, de sortir respirer un peu. Un dernier coup d’oeil à la mare nous permet d’apercevoir un mâle unibande. Nous l’avions espéré toute la matinée, il est là. On se réinstalle calmement et nouvelle séance photo.
Ganga unibande (Mâle) Nous sortons du four peu avant midi cuits à point mais comblés. Nous reprenons la direction de Belchite, croisons Rafaël. Nos mines réjouies et nos pouces levés, le rassurent.
Nous nous garons près du terrain de foot, sous des arbres, bien à l’ombre. Repas dehors, agressés en permanence par les minuscules fourmis qui fourmillent (évidemment) sur le sol. Pénible !
Nous repartons en direction de Codo pour sillonner la réserve ornithologique « El Planeron ».
Des guêpiers sur un arbre mort attirent notre attention. Etant en plein contre-jour, nous décidons de repasser en fin d’après-midi.
Guêpier d'Europe Une mare en bordure de piste abrite cigognes blanches et hérons.
Nous ferons de nombreux kilomètres de pistes à très faible allure, levant quelques cochevis et alouettes mais nous sommes servis de ce côté. La beauté des paysages compense.
Un champ en moissonnage attire quelques milans noirs et un faucon crécerellette en chasse.
Faucon crécerellette Milan noir El PlaneronNous nous garons à proximité de l’arbre mort. Les guêpiers toujours présents vont jouer plus loin. Un couple de tourterelles des bois et un bruant proyer les remplacent.
Bruant proyer Tourterelle des bois Une huppe fasciée passe au loin.
Huppe fasciéeAprès 20 bonnes minutes à être attaqués par les moustiques, alors que nos guêpiers commencent à revenir, une moissonneuse tente, vainement, de passer sur le chemin où nous sommes garés. Nous rejoignons le fourgon en hâte, libérons le passage et décidons de revenir le lendemain matin.
Guêpier d'Europe Retour au village de Belchite, à l’ombre. Le ciel s’obscurcit. Nous faisons le tour des spectaculaires ruines du village martyr.
Belchite, ville ruine-fantôme de la province de Saragosse fut le théâtre de combats acharnés entre nationalistes et républicains durant la guerre d'Espagne. Franco décida que cette ville détruite serait le témoin-martyr des abus commis par ses opposants, les privant du même coup de ce "privilège".
Dans son ouvrage "Belchite, Ruines-fantômes de la guerre d’Espagne", Stéphane Michonneau nous raconte l’histoire du premier village-martyr conservé de l’histoire européenne. Situé à 40 km au sud de Saragosse, Belchite est passé de mains en mains à partir de 1936 sous domination franquiste et républicaine au gré des victoires militaires et au prix de son existence même. La singularité de ce site tient dans ce que Franco a voulu en faire après sa victoire : il a été interdit à quiconque de détruire ou de reconstruire le bourg qui se devait, à travers ses ruines, de représenter la mémoire de cette guerre, interprétée selon la mystique franquiste comme le symbole de la rédemption espagnole après la tentation républicaine.
Les ruines de l'ancien village de Belchite Les ruines de l'ancien village de Belchite Nous regagnons le bahut... et les fourmis. Malgré quelques gouttes, la température ne baisse pas.
Nous avons parcouru 54 km aujourd'hui.