Aujourd'hui, quartier libre ! Après le récit que nous a fait Chantal de sa visite du port de Kafountine qui nous a impressionnés, nous demandons à Omar de bien vouloir nous accompagner et guider sur le port de Kafountine.
Le port étant une zone de travail où l’activité est incessante, le touriste est une gène. Les photos, sans être bannies, sont sujettes à tractations (gratuites) et doivent être effectuées de façon discrète. Omar, connaissant parfaitement les codes de l'endroit, nous offrira l'occasion de quelques clichés .
Nous rejoignons Kafountine à bord de son véhicule. Il y a de la circulation à cette heure matinale, camions, voitures, motos et même charrettes tirées par des bœufs ou des ânes.
A pied, à cheval... Beaucoup de jeunes aussi qui se rendent au collège ou au lycée situé à l'extérieur de la ville à pied, à vélo ou en Djakarta (la mobylette locale).
Nous arrivons à Kafountine et passons devant l'hôtel de ville et plusieurs boutiques. Nous réalisons une petite vidéo, depuis la fenêtre du véhicule, espérant donner une idée de l'ambiance du marché local.
Le marché Quittant l'axe principal, Omar nous mène dans les petites rues adjacentes où nous découvrons l'envers du décor. La pauvreté est bien visible mais les visages sont toujours souriants et les signes amicaux nombreux. La pollution par les plastiques est un vrai fléau ici...
La forte odeur de poisson nous indique que l'on est proche du port... Une fois garés, en route pour la visite.
Nous rejoignons la plage pour assister à l'arrivée des pirogues et le déchargement du poisson. Omar nous prévient qu'il faudra être très discrets pour prendre des photos et qu'il nous précisera quand se sera possible.
Plusieurs pirogues sont de retour après une nuit de pêche, le débarquement des poissons se fait sans accoster, les porteurs entrent dans l'eau, une grande caisse en plastique sur la tête et reviennent de la même façon avec la caisse pleine qu'ils vont vider en courant à différents endroits indiqués par les acheteurs. Ils sont payés à la caisse transportée 500 F Cfa (ce qui fait environ 0,80€)... Un vrai travail de forçat !
Une grande partie du poisson est vidé, séché ou fumé sur place pour être ensuite acheminé vers les pays voisins. Le poisson destiné à la vente locale est également préparé sur place puis transporté dans des glacières jusqu'au lieu de vente. Ce sont souvent les femmes qui sont chargées du conditionnement et de la vente.
Omar nous conduit ensuite vers les lieux où le poisson est séché sur des tables en plein air. Chaque poisson est lavé, vidé, étêté et salé puis posé sur des tables de séchage. Omar se place près d'une table où du poisson est prêt à être conditionné pour le transport afin de nous permettre de prendre une photo.
Les poissons sont ensuite conditionnés dans des petits paniers en palme séchée et en sacs pour le transport.
Nous continuons la visite par le chantier naval où sont construites et entretenues les pirogues. Une belle pirogue neuve est prête à prendre la mer, des hommes la hissent sur des supports pour pouvoir la pousser jusqu'à la mer. Nous discutons un moment avec son propriétaire qui nous explique qu'ici on baptise les pirogues avec les noms des gens qu'on aime. Il a donné à la sienne, le nom de sa maman.
Nous passons par la plage pour atteindre le lieu où le poisson est fumé. Au passage, Omar nous fait remarquer les dégâts que cause l'avancée de la mer sur les terres, plusieurs bâtiments sont déjà tombés et le prochain est bien visible...
Avant d'atteindre le lieu du fumage, nous passons près des pêcheurs à la ligne, ceux-ci utilisent de petites pirogues, (les grandes étant réservées à la pêche au filet). Ils sont en train de préparer leurs lignes en enfilant des appâts sur les hameçons, ce sont des poissons trop petits pour être commercialisés. Cette technique de pêche permet d'attraper de gros poissons.
Ces deux jeunes pêcheurs ont accepté d'être pris en photo pendant leur travail.
Le va-et-vient est incessant. Les bateaux rentrant croisant les bateaux sortant. Pas de répit pour le poisson !
Nous arrivons au niveau des opérations de fumage. La chaleur déjà intense en ce milieu de matinée est encore accentuée par les nombreux feux de bois et l'atmosphère enfumée gêne la respiration.
Les poissons destinés au fumage sont alignés tête en bas au dessus du four. Omar nous montre un feu éteint et son chargement de poissons déjà fumés.
Lorsque les poissons sont fumés, ce sont les femmes qui prennent le relais, chaque poisson est étêté, écaillé et conditionné pour le transport.
Elles travaillent dans cette atmosphère chaude et enfumée, bien souvent avec leur bébé sur le dos... et quand on voit les montagnes de poissons à traiter, on a l'impression d'un travail sans fin...
Poissons fumés à écailler (à gauche) Prêt à être conditionnés ( à droite)Nous n'avons pas pu les photographier, mais l'image est gravée dans notre souvenir... Ici, hommes et femmes travaillent dur et dans des conditions extrêmement difficiles... Nous en avons parlé avec certains, ils nous ont dit "On n'a pas le choix, si tu ne travailles pas, tu ne manges pas..."
Nous voyons des écailles de poissons étalées sur des bâches au soleil, Omar nous explique qu'elles sont réduites en poudre, par le piétinement, et utilisées comme engrais pour les cultures ou comme nourriture pour les poussins.
Les poissons fumés sont conditionnés dans de grands sacs et transportés par camions vers les pays limitrophes.
Poissons fumés conditionnés pour le transport En continuant notre visite, nous passons près d'un grand tas de coquillages vides, ce sont des Cymbium du Sénégal, un gros mollusque consommé abondamment dans le pays.
Coquilles de Cymbium du Sénégal Une autre image nous a frappés lors de cette visite, nous avons vu des séchoirs solaires neufs, construits par une ONG et laissés à l'abandon...
Omar nous a dit qu'après les avoir essayés, les femmes les avaient refusés et préféraient continuer à sécher leur poisson sur les tables à l'air libre ...
Séchoirs solaires Tables de séchage traditionnelle...Cette visite nous a vraiment marqués, nous n'imaginions pas la dureté du travail des ces hommes et femmes et les conditions qu'ils doivent accepter pour gagner leur vie.
Nous sommes ébahis et partagés entre des émotions très diverses. Nous voyons toute la pénibilité de ce travail, mais d'un autre côté, que deviendraient ces personnes dans ce pays au très fort taux de chômage si tout était mécanisé ?
Le cliché répandu en Europe de l'africain fainéant en prend un coup après avoir vu cela. La suite de notre séjour nous montrera d'autres exemples du courage des sénégalais...
Nous quittons le port pour faire un tour au village des artisans où nous faisons l'achat de quelques souvenirs, puis, nous allons prendre un verre dans un bar avec Omar.
Nous rentrons à l'hôtel retrouver nos amis pour déjeuner.
Chantal, nous raconte sa matinée plutôt sportive. Elle est partie de bon matin en compagnie de Lamine, le frère de Fatima, une commerçante d'Abéné avec qui elle a sympathisé, pour une randonnée de 12 kms en direction de Niafarang et de la frontière avec la Gambie par le bord de mer.
La marée haute les oblige parfois à marcher dans l'eau jusqu'à la taille, mais Lamine, très prévenant, aide Chantal dans les passages difficiles.
Lamine trouve un beau poisson tout frais échappé des filets des pêcheurs sur la plage, il le ramasse et le transporte pendant toute la randonnée, il en fera son repas du soir.
Lamine et Chantal à Niafarang Arrivés au niveau de Niafarang, ils obliquent par le bolong, bras de mangrove, traversent ensuite savane, rizières et forêts pour rejoindre le village et arrivent au pont de bois que nous avons vu lors de notre passage ici avec Patrick.
Ils sont ensuite allés vers le village en longeant de beaux jardins pour découvrir les très beaux baobabs et fromagers.
Le retour s'est fait par la mangrove et la plage, mais c'était plus simple qu'à l'aller grâce à la marée basse... Une belle randonnée !
L'après-midi, toujours aussi chaud (nous frôlons les 40°) sera consacré au repos, à la baignade et au traditionnel tour dans les environs.
Francolin d'Ahanta, irrisor moqueur, camaroptère à tête grise, tourtelette d'Abyssinie, voiliers des citronniers, écureuil fouisseur sont au rendez-vous.
Camaroptère à tête grise Irrisor moqueur Francolin d'AhantaEcureuil de Gambie Voilier des citronniers Tourtelette d'Abyssinie La surprise du jour : un nom imprononçable mais une grâce en vol inoubliable, Tchitrec à ventre roux.
Tchitrec à ventre rouxUne bonne Gazelle, entre ami(e)s pour se remettre de ces émotions et surtout étancher la soif, un bon repas et dodo. A demain !