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Entre plages paradisiaques, vestiges mayas et villes coloniales, un voyage haut en couleurs au cœur de la culture mexicaine !
Novembre 2016
15 jours
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Le Mexique, pays évocateur de paysages contrastés; entre forêts et déserts, plages de rêve et sites mayas, grandes villes animées et petits villages; offre autant d'idées de voyages...

Pour notre premier périple en terres mexicaines nous avons donc jeté notre dévolu sur la Péninsule du Yucatán. Un classique, un incontournable presque, mais surtout un itinéraire que j'ai préparé avec grand plaisir, et qui s'est finalement concrétisé en véritable coup de cœur !

La Péninsule du Yucatán ne doit pas être confondue avec l'état du même nom. Elle comprend en effet trois États: Campeche, Quintana Roo, et celui du Yucatán. L'État du Quintana Roo a d'ailleurs un fuseau horaire différent (+1heure) par rapport aux deux autres régions.

Terre de contraste et vibrante de couleurs, au Yucatán on en prend plein les yeux ! Car s'il y a milles coins à découvrir dans la région, ils ne se ressemblent pas, et les couleurs y sont si vives et lumineuses que l'on ne sait plus où donner de la tête. La péninsule a aussi un patrimoine historique riche, autrefois terre de la civilisation maya dont les vestiges s'élèvent ici et là, il faut ajouter l'héritage des colons Espagnols avec leurs bâtiments coloniaux et autres haciendas. Bref, des routes chargées de cultures et traditions !

De l'apogée de la civilisation maya, que l'on peut deviner au travers des vestiges restants; à la conquête difficile du territoire par les Espagnols, dont l'empreinte est encore présente; en passant par les révoltes indiennes et l'indépendance, jusqu'à la guerre des castes et la révolution; la péninsule est chargée d'une histoire mouvementée, d'une culture riche et variée !


Nous nous sommes rendus au Yucatán début novembre et le temps a été idyllique du début à la fin, avec un taux d'humidité supportable. Puis surtout la saison touristique n'a pas encore atteint son apogée, de quoi découvrir les sites sous leurs meilleurs jours et loin du tourisme de masse !



Le coût de la vie est généralement abordable, il est par exemple facile de dénicher des petites adresses pour se régaler de spécialités mexicaines à bas prix. Personnellement nous disposions d'un budget assez confortable qui nous a permis de choisir et séjourner dans de beaux hôtels, mais l'offre d'hébergement est également très large sur la péninsule !


Nous avons choisi de louer une voiture pour explorer la région à notre rythme et les routes sont généralement en bon état, même si un 4x4 peut s'avérer utile pour sortir des routes principales. Nous nous sommes toujours sentis en sécurité dans la péninsule, la région est réputée pour être plus sûre que d'autres, même s'il faut évidemment toujours rester vigilant..

Je tiens à préciser que ma principale source d'inspiration pour ce road trip vient de Bestjobers, un superbe blog connu et reconnu d'un couple qui parcours le monde et nous offre une foule de bonnes adresses, des idées d'itinéraires et d'excellents conseils !

Voici donc l'itinéraire suivi lors de notre voyage au Mexique :

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Après un long voyage, nous voici enfin sur le sol mexicain, plus précisément à Cancún. Nous y passons la nuit, mais avons décidé dès le lendemain d'embarquer pour "l'île des femmes" !

Isla Mujeres, accessible via une petite heure de ferry seulement, nous permet une pause farniente avant de prendre la route. Une destination avec un charme naturel, que nous avons eu la chance de découvrir à une période où la fréquentation touristique est encore raisonnable.. Les premières quesadillas les pieds dans le sable sonnent définitivement le début des vacances :)

Décor de carte postale à Playa Norte la journée, ambiance chaleureuse le soir venu dans son centre-ville, l'île nous enchante par son authenticité et sa douceur de vivre !

Dans une charmante rue pavée, Lola Valentina propose une délicieuse cuisine des caraïbes, ou bien sur le port, Bally-Hoo est idéal pour savourer les spécialités de la mer.

Moyen de locomotion très répandu sur l'ile, nous louons une voiturette de golf pour explorer l'extrême sud de l'ile, Punta Sur, où se trouvent les ruines de la Déesse Ixchel. Le contraste est saisissant, sauvage.

Après cette escapade, il est temps de prendre la route pour découvrir les richesses de la péninsule...

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La Riviera Maya, zone côtière qui s'étend de Cancún jusqu'au sud de Tulum, est connue pour être l'une des plus belles du Mexique, et on comprend désormais pourquoi. Plages de sable blanc, eaux turquoise et palmiers sont en effet le quotidien ici...

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Parenthèse sur les "Cé-no-té"

Les vrais trésors du Yucatán sont incontestablement les Cenotes. En effet, cette eau cristalline qui émerge des sols est un spectacle en soi. Il existe ainsi des milliers de cenotes dans la péninsule, de tailles et types différents, certains sous forme de grottes, d'autres totalement ouverts.

Les Cenotes sont des puits naturels d'eau douce, créés à partir de l'érosion du sol calcaire, qui sont reliés à travers un complexe système de fleuves souterrains (pour faire simple). Un phénomène géologique unique au monde ! Dans la culture maya, ils étaient considérés comme sacrés, porte de communication avec les dieux, lieux d'offrandes et de sacrifices..

Sur la Riviera nous avons choisi de nous arrêter au Cenote Azul. Celui-ci est complètement ouvert avec des couleurs magnifiques, mais lors de notre passage assez fréquenté. La baignade reste tout de même superbe, et je trouve que mes photos ne reflètent malheureusement pas bien l'originalité du lieu...

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Le lendemain nous nous réveillons à l'aube à Tulum, avec comme premier cadeau un lever de soleil spectaculaire sur la mer des Caraïbes, un dégradé de couleurs saisissant, un moment unique...

Piedra Escondida: seulement 9 chambres dans un style cabanes, vue incroyable sur la mer des Caraïbes, un bon restaurant sur la plage et en bonus une petite crique privée.

Hip Hotel: plus grand et donc moins intimiste, mais tout aussi agréable avec ses chambres qui ont un accès direct sur la plage.

Tulum (côté plage) est un mélange de bohème et de chic, place donc au style "bobo" dans les hôtels et restaurants alentours, avec des prix qui en découlent... Mais à l'époque de la grisaille automnale en France, nous avons apprécié cette parenthèse enchantée de quelques nuits, les pieds dans le sable !

Mateo's Mexican Grill: au son d'un super groupe de musique live, mélange de salsa et reggae, avec de bonnes spécialités mexicaines à préparer soi-même, le concept est sympa.

Cette partie de la côte abrite notamment le célèbre site archéologique de Tulum, où les vestiges de cette cité maya fortifiée surplombent une eau turquoise ! Il vaut mieux prévoir guide papier pour se repérer et en apprendre un peu plus sur les différents bâtiments du site (ce que nous n'avions pas....)

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Littéralement « là où nait le ciel » en langue maya, Sian Ka'an est une réserve naturelle et protégée au sud de Tulum, reconnue biosphère et inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco !

Rendez-vous avec Martine, notre guide du jour originaire du Québec et installée au Mexique depuis plusieurs années. Diplômée en anthropologie, elle a notamment voyagé aux quatre coins de l'Amérique et va nous faire découvrir en toute intimité le patrimoine culturel de la réserve biosphère de Sian Ka'an !

Notre super guide Martine !

L'expédition commence au cœur de la jungle de Sian Ka'an où l'on s'enfonce peu à peu, jusqu'à atteindre une tour d'observation s'élevant au-dessus de la canopée et offrant une vue imprenable sur la biosphère !

Sian Ka'an englobe plus de 400 000 hectares de marais, mangroves et une forêt tropicale. Les mammifères emblématiques sont le jaguar et le puma, mais le site accueille surtout une grande population d'oiseaux. Martine en profite donc pour nous raconter toutes sortes d'anecdotes sur cette faune et flore luxuriante, l'écouter est un pur plaisir !

Puis nous atteignons le site archéologique de Muyil, une ancienne cité maya peu connue et pourtant dotée d'une histoire s'étalant sur 18 siècles. Martine nous compte alors les croyances de cette civilisation et ces ruines nous transporte définitivement dans leur histoire...

L'expédition continue au rythme de l'eau et sur les traces des mayas, avec la traversée des lagunes de Muyil et Chunyaxche ainsi qu’une partie du canal les reliant à la mer des Caraïbes. Martine nous explique que ce canal était jadis fréquenté par les mayas de l’époque précolombienne, mythique donc !

L’aventure se termine par une séance de "flottaison" sur ces eaux limpides, entendez par là se laisser porter par les courants du canal, confortablement assis sur vos gilets de sauvetage, le temps de partager un moment unique de sérénité, comme un arrêt dans le temps....

C'est sans aucun doute l'expérience à vivre sur la péninsule du Yucatán, loin des circuits touristiques et en contact direct avec la nature, Martine nous a touché par son honnêteté et son rapport à l'environnement qui nous entoure, une passion et une joie de vivre communicatives, bref une vraie rencontre ! Pour la contacter: [email protected]

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La lagune de Bacalar est surnommée ainsi pour ses eaux cristallines dont la tonalité turquoise varie selon l'endroit ! Mais nous n'aurons que peu de temps pour en profiter..

Ce sera en effet pour nous l'occasion d'une petite étape d'une nuit sur la (loongue) route pour Campeche. Une fois sur place, je me suis rendue compte que j'avais choisi un hébergement assez excentré de la ville de Bacalar, et donc loin des principales activités du coin... Même si cela nous a du coup permis de nous sentir vraiment seuls au monde !

Bacalar Lagoon Resort: un petit chemin sinueux et escarpé (de surcroît assez mal indiqué) permet de rejoindre ce petit village de cabanes installé le long de la lagune et qui a son charme.

Nous aurons juste le temps d'apprécier les premiers rayons de soleil balayés les rives de la lagune, les lieux sont une véritable invitation à la détente. Baignade, location de kayaks, excursion en bateau ou découverte de cenotes, il y a sans aucun doute de quoi s'attarder un peu plus ici...

A noter sur le trajet Bacalar/Campeche, la réserve biosphère de Calakmul où se trouvent les vestiges d'une des plus puissantes cités mayas de l'époque au cœur d'une jungle luxuriante. Avec le recul je regrette de ne pas avoir pris le temps d'une ou deux nuits dans cette réserve!

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Nous quittons les plages paradisiaques du Quintana Roo pour rejoindre les côtes ouest de la péninsule et l’État de Campeche, où l'histoire du Mexique nous rattrape et nous happe !

Après 6 heures de route qui vont nous paraitre une éternité, nous sommes récompensés par la découverte de cette authentique capitale provinciale ! Ses ruelles pavées, ses belles maisons aux couleurs vives, sa cathédrale blanchâtre qui tranche avec le bleu du ciel, un véritable chef d’œuvre de l'architecture coloniale... Gros coup de cœur pour cette ville inscrite au patrimoine mondial de l'humanité de l'Unesco !

Les conquistadors Espagnols mirent un quart de siècle à conquérir cette région maya, et à fonder au XVIe siècle la ville coloniale San Francisco de Campeche. Elle prospéra et devint le principal de port de la péninsule, attirant la convoitise des pirates. Après plusieurs attaques, les fortifications furent érigées à la fin de XVIIe siècle pour la protéger.

Nous en profitons pour nous intéresser à l'histoire de la péninsule et du Mexique en général, et c'est passionnant ! L'histoire se vit ici à chaque coin de rue, elle s'exprime à travers le patrimoine architectural de la région, fruit de la rencontre entre les civilisations précolombiennes et espagnoles !

Hacienda Puerta Campeche: appartenant à un groupe de cinq haciendas de la région sous la marque "The Luxury Collection", ce boutique-hôtel unique en son genre mérite amplement le détour si le budget le permet. Le service attentif est à la hauteur de la beauté des lieux avec un tas de petites attentions, les chambres sont spacieuses avec de hauts plafonds et poutres apparentes, le sol carrelé rouge et blanc, un style résolument rétro qu'on adore !

Située dans le centre historique de Campeche, cette demeure de caractère est née de la restauration de plusieurs bâtiments, bâtis par les riches Espagnols au 17e siècle. La "belle époque mexicaine" reprend alors vie à travers cette palette de couleurs éclatantes, où le style traditionnel est subtilement allié au luxe moderne.. Le petit plus, cette piscine atypique qui semble comme onduler entre les murs de l'hacienda !

Cette hacienda nous transporte dans l'ambiance même Campeche, une ville aux couleurs vives mais dont la douceur de vivre est sans égal ! Cette étape de notre voyage est celle qui confirme notre coup de cœur pour cette péninsule aux milles et uns visages...

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Nous atteignons l'Etat du Yucatán et empruntons la Ruta Puuc qui serpente entre les collines, reliant plusieurs zones archéologiques et formant l'un des centres de la civilisation maya !

La plus grande cité maya de la région était Uxmal, aujourd'hui inscrite au patrimoine mondial de l'humanité de l'Unesco, qui exerça son pouvoir durant quatre siècles, de 600 à 1000 après J-C. Son nom signifie "bâtie trois fois" en langue maya, mais la cité fut en réalité édifiée à cinq reprises !

Uxmal témoigne des talents et de l'ingéniosité des mayas à survivre dans un environnement aussi sec et hostile, avec un style architectural Puuc reconnaissable aux pierres taillées en forme de mosaïques harmonieuses et géométriques. Ici la majestueuse pyramide semble alors dominer cette dense forêt, comme si rien ne pouvait l'atteindre !

En arrivant sur le site, nous sommes en effet tout de suite frappés par la Pyramide du Devin, haute de 39 mètres et à la forme ovale inhabituelle. Petite anecdote: les marches des temples se gravissent toujours en diagonale, pour ne jamais faire face au dieu ni lui tourner le dos !

Le Palais du Gouverneur signe quant à lui l'apogée du style Puuc, avec ses longues façades riches d'un sens du détail impressionnant. La visite se termine par la vaste Quadrilatère des Nonnes, édifice de 74 pièces pour lequel les archéologues divergent quant à sa vocation - académie militaire, école royale ou palais.

Bref Uxmal est une belle surprise, beaucoup moins touristique que Chichén Itzá, où le calme des lieux permet ainsi un véritable saut dans le temps !

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En quittant Uxmal, nous reprenons la direction du nord et empruntons les petites routes pour nous enfoncer toujours plus dans la campagne mexicaine !

Ici pas de circuits touristiques, on finit par se perdre pour aller à la rencontre d'un nouveau visage de la péninsule, sa face cachée. Car il ne faut pas oublier qu'une grande partie de la population vit encore sous le seuil de pauvreté, et si une majorité s'est concentrée dans quelques grandes villes où le tourisme est moteur de l'économie, il faut sortir des sentiers battus pour apercevoir une réalité bien différente...

On traverse ces villages souvent faits de bric et de broc, les enfants nous suivent du regard avec curiosité, certains habitants nous font un signe de la main lorsque d'autres nous regardent d'un air méfiant, et nous continuons notre route en toute discrétion à la découverte des cenotes de la région...

Sur la route 261 il faut prendre la direction d'Abalá, traverser ce petit village et emprunter un chemin de terre une dizaine de minutes pour accéder à ce cenote perdu au milieu de nul part. Loin des sites aménagés et bétonnés, c'est une famille mexicaine (du grand-père au petit-fils) qui nous accueille chaleureusement au cenote Kankirixche... Un étroit escalier en bois nous mène ensuite dans les entrailles de cette petite grotte, où les stalactites semblent plonger droit dans l'eau cristalline qui émerge comme par magie des sols calcaires. Une pause aussi rafraîchissante qu'étonnante !

L'accessoire indispensable lors de notre séjour, une paire de masque et tuba ! Que ce soit pour explorer les fonds marins caribéens, ou la profondeur de certains cenotes (parfois effrayante), il ne faut pas oublier d'en prendre dans sa valise :)

Toujours sur la route 261, on continue un peu plus au nord vers San Antonio Mulix, point de chute pour accéder aux deux cenotes suivants. L'environnement est sauvage et chaleureux à la fois, pourtant même ici on retrouve des bâtiments à l'effigie de la célèbre marque de soda....

De là on peut louer des vélos ou un quad pour rejoindre les cenotes X-Datun & Dzombakal, l'un complètement ouvert et l'autre sous forme de grotte, mais tous deux avec un dégradé de turquoise saisissant et de nouveau loin du tourisme du masse !

Il y a d'autres cenotes dignes d'intérêt dans la région, notamment ceux de Cúzama et ceux de Pixyá. A ce sujet, l'article de BestJobers est une mine d'informations.

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C'est au milieu de cette campagne détonante que nous allons passer la nuit dans une hacienda somptueuse, l'un de nos plus beaux souvenirs !

Trésor niché au fond du Yucatán, l'Hacienda Temozón se mérite. Cachée derrière une épaisse végétation, l'entrée de la propriété dévoile déjà toute sa grandeur ! L'hacienda a retrouvé ses lettres de noblesse d'antan, et son passé industriel se mêle désormais aux plaisirs de l'hôtellerie haut de gamme !

Hacienda Temozón: toute comme celle de Campeche, l'hacienda est gérée sous la marque "The Luxury Collection". C'est clairement un budget que de séjourner ici, mais nous ne regrettons pas et l'expérience fut au-delà de nos espérances !

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Petite histoire de l'Hacienda

Enregistrée pour la première fois en 1655, l'Hacienda Temozón n'était d'abord qu'un petit ranch familial, dont l'ancêtre était tout de même Montejo, conquérant du Yucatán.

Ce n'est que dans la deuxième partie du 19e siècle que le site est transformé en hacienda pour la culture du Henequén, ou Sisal, une plante dont les fibres permettent des cordages résistants et qui étaient alors exportés dans le monde entier. Cet "or vert" transforma la péninsule du Yucatán en une puissance financière importante.


Mais ce sont surtout les colons, gros propriétaires terriens, qui contrôlaient le marché et firent fortune. Le siècle qui suivi fut marqué par les révoltes des petits propriétaires, soutenus par les ouvriers agricoles dont les conditions de travail étaient parmi les plus oppressives du Mexique.



La production de sisal déclina finalement peu à peu à partir des années 50, avec notamment l'apparition de nouveaux substituts synthétiques. Les propriétaires abandonnèrent les terres, et les haciendas furent laisser à l’abandon.


Puis des aventuriers financiers du 20e siècle se lancèrent corps et âmes dans la restauration de ces propriétés agricoles, les transformant en demeures privées ou en véritables hôtels. L'Hacienda Temozón en fit l'expérience en 1996, offrant désormais un confort de qualité au sein de ses bâtisses somptueuses.

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Je dois avouer qu'on a d'abord ressenti un léger malaise face à tant de luxe dans une région clairement défavorisée... On apprendra quand même que l'hôtel joue un rôle important dans l'économie locale, source de travail pour les habitants et en accord avec les structures locales, de quoi apaiser un peu notre sentiment de culpabilité...

Des jardins luxuriants, une piscine somptueuse et des couleurs pétillantes, voici la vue dont l'on peut profiter dès le petit-déjeuner, douceur de vivre quand tu nous tiens ! Puis on s'aventure dans le "Cenote del Spa" pour un massage au rythme d'incantations maya, un moment juste incroyable...

Sans surprise nous sommes tombés amoureux de cette hacienda, une propriété chargée d'une énergie particulière et où la sérénité semble être le maître mot.

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La Ruta de los Itzáes nous emmène désormais plus au nord de la péninsule, dans des bourgades qui mélangent toujours aussi subtilement le style colonial aux inspirations mayas !

Mérida, la cité blanche

Surnommée la cité blanche, Mérida est la capitale commerciale du Yucatán et la plus grande ville de la péninsule. Fondée sur la cité maya de T'ho mais profondément ancrée dans l'histoire coloniale, ce sont ses rues étroites et ses larges places qui la caractérise, ainsi que la diversité de sa population.

Pourtant, cette ville ne nous a pas convaincu, trop grande et trop bruyante à notre goût. Après déjà plusieurs jours sur les routes mexicaines en pleine nature, ce retour à la civilisation est surement trop brutal. Nous préférons écourter notre séjour à Mérida et changer nos plans...

Ceci n'est que notre ressenti personnel, la ville a certainement un charme que nous n'avons peut-être pas su apprécier à sa juste valeur...Elle peut également être le point de départ d'une excursion à Celestún, réserve protégée de la côte ouest qui attire les flamants roses.

Izamal, la ville jaune

L'un des plus beaux villages de la péninsule, dont les rues ensoleillées nous charment instantanément, une balade sous une chaleur étouffante mais tout de même hypnotisante !

Izamal illustre de façon très visuelle l'affrontement entre les cultures maya et espagnole.

Ce fut autrefois une cité prospère et un important centre religieux, dont les temples étaient dédiés au culte d'Itzamná, dieu suprême des Mayas, et au dieu du soleil, Kinich Kakmó.

Puis les colons Espagnols imposèrent leur architecture coloniale pour bâtir une nouvelle ville. Ainsi aujourd'hui, les pyramides mayas, bâtiments coloniaux et constructions modernes coexistent, ce qui vaut à Izamal d'être surnommée "la ville des trois cultures" !

Lorsque les Espagnols conquirent Izamal et comme pour asseoir leur pouvoir, ils détruisirent une pyramide maya et employèrent ses pierres pour ériger l'un des premiers monastères de l'hémisphère ouest, c'est le Couvent de San Antonio de Padua (1553-1561) qui s'élève désormais au cœur de la ville.

Nous profitons ensuite d'un tour de calèche, typique ici en compagnie de chevaux coiffés de chapeaux loufoques, pour apercevoir cette succession de rues dont les bâtiments sont entièrement peints d'un jaune vif ! Pendant que les habitants vaguent tranquillement à leurs occupations, on apprécie simplement l'ambiance de ce village qui a su conserver une certaine authenticité !

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Chichén Itzá est la zone archéologique la plus célèbre de toute la péninsule, cataloguée au patrimoine mondial de l'humanité de l'Unesco en 1988, et élue comme l'une des sept nouvelles merveilles du monde en 2007 ! Bref un lieu incontournable et majestueux...

Du coup il est préférable de venir à l'ouverture, avant que la foule n'envahisse le site. Si Chichén Itzá est entouré de mythes et de légendes, on sait que son nom a deux origines, d'une part la nature qui l'entoure et d'autre part un des peuples qui l'a habité: Chi Chén signifie "bouche du puits" en maya, rapport au cenote près duquel le site est bâti; et Itzá provient du "peuple des Itzáes" qui occupait la cité autrefois.

Chichén Itzá demeure encore aujourd'hui à plus d'un égard une énigme, notamment quant à sa chronologie ! Le site aurait connu l'apogée de la civilisation maya entre 250 et 900 après J-C., mais à partir de l'an 1000, elle entra dans une période de déclin culturel et politique, puis la cité fut progressivement abandonnée lorsque les Espagnols conquirent le Yucatán dans les années 1530. Envahie par une végétation épaisse, Chichén Itzá sombra dans l’oubli jusqu’à sa redécouverte en 1843.

Depuis, les recherches archéologiques menées à Chichén Itzá ont permis de mettre en lumière l'ingéniosité maya, à commencer par leurs connaissances très approfondies des cycles solaires ! Cela s'observe notamment grâce à l'impressionnante Pyramide de Kukulcán, ou El Castillo, haute de 24 mètres et véritable représentation en pierre du calendrier maya:

91 marches x 4 versants = 364 marches

+ 1 plateforme au sommet = 365 marches = 365 jours de l'année

Un phénomène extraordinaire arrive alors aux équinoxes de printemps et d’automne, c'est "la descente du Kukulkán", représentation du serpent à plumes. Les rayons du soleil viennent éclairer les bords angulaires de la pyramide et projettent sur l'escalier nord une ombreuse sinueuse, qui descend au fil du coucher de soleil jusqu’à se confondre avec la tête de serpent en pierre, située au pied des marches: le Dieu du serpent à plumes est de retour sur terre...

Les mystères mayas n'ont d'ailleurs pas fini de révéler tous leurs secrets, comme l'acoustique qui reste une autre énigme ici ! En effet, un simple claquement de mains produit un écho incroyable dans tout le site, et sur le Gran Juego de Pelota une conversation peut s'entendre d'un bout à l'autre du terrain, soit à 135 mètres de distance. Il faut essayer pour le croire, c'est assez étonnant :)

Un long chemin permet aussi d'atteindre un immense puits naturel, le Cenote Sagrado, bassin de 35 mètres de profondeur dont les parois sont désormais couvertes de végétation, mais qui était autrefois sacré et considéré comme l'entrée de l'au-delà souterrain. On a longtemps pensé que les récits de sacrifices humains n'étaient que des rumeurs, jusqu'à ce que des fouilles mirent à jour des centaines d'objets précieux qui reposaient au fond du cenote, ainsi que les ossements des victimes...

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Petite ville qui a su préserver son aspect colonial et réputée pour sa douceur de vivre, elle est également un point de chute idéal pour découvrir les trésors qui se cachent aux alentours !

Nous avons été conquis par la simplicité de Valladolid, son ambiance de quartier et ses rues commerçantes, où l'on trouve d'ailleurs de superbes boutiques qui vendent de l'artisanat mexicain de qualité ! La place principale nous rappelle que la ville est également un haut lieu de l'histoire mexicaine, car c'est ici que débuta la guerre des Castes en 1849, ainsi que la révolution mexicaine en 1910.

Sur cette place se trouve le restaurant de l'hôtel El Mesón del Marqués: on mange dans la cour d'un manoir colonial au son d'une guitare acoustique, crevettes flambées sous nos yeux, ceviche de poulpes et autres spécialités, tout pour passer un moment très sympa !

Valladolid offre de nombreuses adresses abordables, le choix a donc été difficile parmi tous ces B&B, mais nous avons été ravis de notre halte au Casa Tía Micha: un établissement familial avec un accueil attentionné et chaleureux, ici on se sent comme à la maison !

L'attraction principale reste le Cenote Zací, 29 mètres de diamètre, trou béant et bassin naturel d'eau douce en plein cœur de la ville ! Zací signifie "épervier blanc" en maya, qui était le nom de la cité préhispanique et centre de cérémonie maya, sur laquelle les Espagnols fondèrent plus tard la ville coloniale de Valladolid.

Nous avons eu la chance de découvrir ce lieu stupéfiant en toute tranquillité et avons trouvé que le site était plutôt bien préservé... Contrairement à ce que nous avions pu lire ici et là, l'eau était même étonnement pure pour un cenote en plein centre-ville. Après une baignade rafraîchissante sous les chutes d'eau, on peut même déjeuner au restaurant sur place, qui offre une vue imprenable sur ce trou géant !

Plus au sud de Valladolid, il y a également les Cenotes X'kekén et Samulá, surnommés Cenotes Dzitnup, qui ont la particularité d'être sous forme de cavernes et accessibles par des escaliers souterrains. Une ouverture dans le sol permet tout de même d'entrevoir le ciel et de laisser un flux de lumière naturelle entrer dans la grotte. Nager au plus près de ces longues stalactites millénaires procure un sentiment particulier !

Cependant nous n'avons pas beaucoup aimé l'ambiance ici, le site est ultra-touristique, aménagé et goudronné, avec des vendeurs ambulants qui nous interpellent constamment. Les cenotes n'en demeurent pas moins remarquables, mais il faut avouer que ça gâche un peu la magie du lieu...

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Déclarée réserve de biosphère en 1979, le parc naturel de Río Lagartos est surtout prisé pour l'observation des nombreuses espèces d'oiseaux qu'il abrite !

Depuis Valladolid on peut facilement organiser une journée dans ce parc préservé au nord de la péninsule, qui se situe à environ 1h30 de voiture. C'est dans le petit village Río Lagartos que les pêcheurs du coin proposent des excursions en bateau, et même si la communication est parfois difficile, notre guide improvisé va nous faire découvrir à sa manière les beautés du site en toute intimité !

Il ne nous faudra pas longtemps pour apercevoir ce qui fait la réputation du parc, les fameux flamants roses ! Ils ne sont pas nombreux à cette période, mais leurs couleurs - allant du blanc, au corail, en passant par le rosé - nous émerveillent déjà ! Bon à savoir, la coloration de leur plumage vient d'ailleurs de leur alimentation, des crustacés riches en carotènes...

On ne se lasse pas d'admirer discrètement ces oiseaux majestueux, l'horizon s'enflamme lorsqu'ils prennent leur envol, comme s'ils effectuaient un vrai ballet, ils semblent comme danser en harmonie sur l'eau ! Un instant de grâce privilégié.

En continuant de naviguer sur la lagune on découvre une nature débordante de vie, au détour des mangroves et des bancs de sable une espèce d'oiseau différente s'offre à nous, le tout dans un décor apaisant ! Puis on atteint progressivement les rives du Golf du Mexique, là où se rencontrent la lagune et la mer, là où nous attendent des centaines d'oiseaux... Des pélicans, des cormorans, des hérons et tant d'autres, ils sont tous réunis et s'envolent finalement dans un joyeux vacarme, une expérience incroyable !

De retour sur la terre ferme, on prend la direction de Las Coloradas, un petit village minier spécialisé dans l'extraction du sel, autour duquel un curieux lac rose s'est formé. Le décor est tout simplement féérique, le ciel se reflète dans l'eau avec une intensité déroutante, un détour à ne pas manquer...

Nous apprendrons par la suite que la pigmentation du lac est due à un phénomène tout à fait naturel ! En l'occurrence c'est une forte concentration de micro-organismes marins, contenant là encore du carotène, qui donne cette couleur rosée à l'eau.

Au milieu de ces montagnes de sel quelques flamants roses se posent parfois même sur le lac, un ton sur ton pour le moins de circonstance ! Et puis sur chemin qui longe la côte le contraste est d'autant plus saisissant, entre le rose pâle du lac et le bleu intense de la mer, c'est ce dégradé étonnant qui termine en beauté notre journée dans le parc de Río Lagartos...

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Du rose, du rouge, du jaune, du bleu, du vert, ce sont toutes ces couleurs qui ont rythmées notre route mexicaine ! Du littoral de la péninsule jusqu'à ses villes coloniales, en passant par les cités mayas et leurs cenotes, des tonalités différentes qui ont toutes su nous charmer à leur manière et surtout nous faire voyager dans le temps !

Dernier lever de soleil au Mexique 

Retour sur la Riviera Maya à Playa del Carmen, la boucle est bouclée. Station balnéaire festive, elle est à mi-chemin entre Cancún et Tulum, tant géographiquement qu'au niveau de sa fréquentation. Le centre-ville est très animé le soir, mais aussi très touristique. Par contre pour une succulente paella sur la terrasse d'une agréable rue piétonne, rendez-vous au Mar de Olivos !

A la foule de la ville nous préférerons la tranquillité de notre dernière petite folie avant de quitter le Mexique, Le Reve Hotel: tout est dit dans le nom..... :)

Le temps de profiter de nos derniers jours sous le soleil mexicain - accompagnés d'un bon bouquin et de quelques pauses snorkeling - le temps d'un dernier petit-déjeuner et de se remémorer ces 15 derniers jours déjà inoubliables ! Un coup de cœur foudroyant pour cette région, qui nous donne encore plus envie de découvrir le reste du Mexique, plus tard on l'espère....

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* 2031 kilomètres de pur bonheur *