8 étapes
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Du 17 au 28 mai 2012
12 jours
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Avertissement au lecteur

Toutes les médisances et autres 'vacheries' dans ce blog sont à prendre au second degré. Si vous préférez des blogs où tout est beau et gentil, arrêtez vous à cette ligne et passez au blog du voisin. Ouais, t'es obligé de le préciser à chaque fois sinon tu te prends des commentaires de pimpims moralisateurs à dix balles.

Les fautes d'orthographe et de grammaire ? Elles sont volontaires.....euh.... plus ou moins. S'il y a des mots inconnus, ne les cherchez pas sur Google, c'est juste de la créativité à l'état pur... De même, la pauvreté du style des textes et certains mots grossiers font partie intégrante du 'Ricardo style'....

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Bon t'avais toujours dit que t'irais jamais... Finalement comme il te restait des jours à prendre, pourquoi pas. Mais bon, si c'est pour aller en Israël, tant qu'à faire, allons plutôt côté palestinien.

Tu prends ton billet d'avion et puis tu regardes sur internet pour te renseigner, et là, c'est pas gagné. Il semble que les israéliens font chier à l'arrivée si tu as un nom avec une consonance arabe ou un passeport avec des tampons de pays méchants.

Ils ont même fait chier une collègue de bureau car son 2ème prénom est Maud et ça faisait arabe. Alors toi, avec tes tampons de Mauritanie, Egypte, Jordanie, Libye, t'es mal barré. Et encore t'as changé de passeport, l'ancien c'était la totale, Iran, Arabie Saoudite, Yémen, Algérie.

Donc, gros plan de bataille pour éviter de te faire refouler à l'aéroport. T'as racheté un Lonely Planet où t'as mis au stabilo que les endroits autorisés, surtout pas la Palestine, tu t'es créé une nouvelle adresse email car avec l'ancienne, on te trouve sur des forums liés au Yémen, et t'as même réservé ta première nuit à Jérusalem dans un couvent. On peut pas faire mieux. Arrivé à Roissy plus de 3 heures à l'avance, t'es pas sur la liste des passagers, putain le mossad est très fort! Va comprendre, tu montes quand même dans l'avion Air méditerranée. Si tu fais plus de 1m50 tu mets pas tes jambes au niveau des sièges.

Arrivé à l'aéroport de Ben Gourion, tout va se jouer. Il y a des milliards de russes qui font la queue, bizarre. C'est ton tour, le douanier regarde ton passeport.

1ère question : est-ce que tu voyages seul ? Oui, mauvais point.

2ème question : où tu vas ? Tu pipotes en donnant que des endroits en Israël. Le mec a des doutes.

3ème question : il te montre un visa et te demande de quel pays. C'est la Libye. Ça s'améliore pas !

4ème question : Où en Libye et pourquoi. Marcher dans le désert, dur à croire pour un gros comme lui. Tu sens qu'il hésite. Tu lui poses la question qui l'achève : avoir le tampon israélien sur un papier à part.

Résultat, il garde ton passeport et te demande d'attendre dans une salle à part.

Tu te pointes, un mec est en train de remettre sa ceinture. Ça promet... Une autre nana attend, elle a le teint bronzé. D'autres français ont dû attendre car le Figaro traîne sur une table. Tu le lis, genre, je suis peinard mais tu regardes du coin de l'œil. Une autre française arrive, une black qui comprend pas pourquoi elle est là alors qu'elle a de la famille en Israël. Et oui ma fille, il y a pas que des Lepen en France.

Tu poireautes 15 minutes et on t'appelle, tu te prépares à 2h d'interrogatoire (c'est la moyenne) mais on te demande simplement si tu veux ton tampon sur une feuille à part. Incroyable. Toi tu dis oui sans poser de questions et cassos. Et dire que tu t'es fais chier pour rien. Mais il paraît qu'au retour c'est pire le contrôle.

PS : Comme dans tous mes blogs, il faut les prendre au second degrés en particulier quand je me moque gentiment (oui, c'est du second degrés) de ceux que je rencontre.

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Shalom,

Bon, Jérusalem. Dubitatif.

Après 2h de bus, oui le gars faisait un détour pour déposer chaque personne, t'arrives par la porte de Damas pour entrer dans la vieille ville, c'est le côté musulman. (Jérusalem est partagée entre les quartiers chrétiens, musulmans, juifs et arméniens). 1er choc en arrivant, des vieilles ruelles, une ambiance, tu as l'impression de revenir 1000 ans en arrière. T'as réservé dans un couvent. Impressionnant, endroit très sympa avec une superbe vue sur la ville.

souk et vieille ville 

Puis tu pars te perdre dans la vieille ville, et là commence un peu la déception. Toutes ces vieilles ruelles sont remplies d'échoppes pour les touristes. Il y en a partout. Par contre, les vendeurs n'essayent pas de te faire rentrer dans leur magasin. La plupart des ruelles des souks sont recouvertes et on voit très peu de ciel. C'est uniquement dans les quartiers d'habitation qu'on est en plein jour et dès 10h, le soleil cogne. Les populations se croisent sans parler. La principale population, c'est le touriste, il y a en a des milliards, la plupart en groupe qui suivent un guide à la queuleuleu. Des russes partout. mais aussi des groupes d'indiens, bizarre.

Certains lieux sont réservés aux musulmans comme l'esplanade des mosquées avec le mont du temple. C'est autorisé aux non musulman uniquement à certaines heures et certains jours. Si t'y vas pas aujourd'hui c'est mort car demain c'est vendredi, jour de la grande prière et c'est complètement fermé. Ça ouvre cet aprèm pour 1 heure à partir de 13h30. T'y es à 12h45 et il y a déjà la queue.

Après contrôle des sacs, tu passes une grande esplanade mais la mosquée et le mont du temple ne sont pas autorisés, faut être musulman. On t'aurait pas posé la question, tu aurais essayé d'entrer comme en Iran, mais là on te demande et puis t'as la tenue touriste alors... Même si on peut accéder à ces lieux, l'esplanade est calme en comparaison de l'agitation des souks.

Esplanade des mosquée

Tu vas voir aussi le mur des lamentations où les juifs se balancent devant le mur, ils chantent, dansent. Pareil, détecteur de métaux et contrôle des sacs pour y aller. Pour s'approcher faut une kippa, ils t'en prêtent. L'esplanade est considérée comme une synagogue à ciel ouvert et donc les femmes ont un endroit séparé des hommes.

Mur des lamentations 

Au couvent, manque de pot, t'es le seul dans ton dortoir, donc personne avec qui aller dîner. Le soir, la vieille ville est morte donc tu vas dans la nouvelle ville voir un peu d'animation. Une rue piétonne avec des boutiques et qqs bars. Un mec s'installe pour jongler avec des objets en feu, mais les jeunes israéliens en ont rien à foutre, se mettent devant lui et mettent de la musique et dansent, et ouais mec.

A force de marcher en sandale t'as des énormes cloques et en plus un coup de soleil sur la nuque, tout ça en 4h le premier jour...va trouver des compeed et de la biafine...

Vendredi, le jour de repos pour les musulmans et en fin de journée, le début du shabbat pour les juifs.

T'as fait tout ce qui est déconseillé, c'est-à-dire d'être dans des foules :

- Tu t'es joint à la foule des musulmans qui sortaient de l'esplanade pour rejoindre la porte de Damas, le moindre mouvement de foule et on était tous écrasés.

- t'es allé au mur des lamentations au moment du début du shabbat, un monde fou. Les juifs ont différentes tenues, il y a certainement différents courants religieux. Certains ont des grands chapeaux en poil, d'autres des chapeaux sans poil... Tu sens que le communautarisme est très fort.

- chaque après-midi, il y a une procession chrétienne qui refait le chemin de croix de Jésus. A différents endroits il y a des marques pour dire que là il s'est arrêté, là il a parlé avec je ne sais qui...on appelle ça des stations. T'as une trentaine de moines suivis de 300 pèlerins qui font le chemin et qui prient. Un moine au micro qui raconte des trucs. Tu les a suivis 5 minutes après bof...

Procession 

Comme le vendredi soir c'est shabbat, on peut même pas aller dans les quartiers des juifs... mais sinon tout le reste est ouvert.

Tu vas voir l'église du St Sépulcre. Le lieu où Jésus a été décroché de sa croix. Un monde, pouah...au moins une heure de queue pour rentrer 30 secondes où serait le tombeau du Christ et faire une photo. Laisse tomber. Tu te balades dans l'église, au moins il fait frais. Elle est partagée par différentes fractions religieuses, orthodoxe, franciscain... et chacune a sa partie bien définie.

Saint Sepulcre 

Histoire de se balader, tu montes au mont des oliviers. Ben ils sont où les oliviers ?

Vendredi fin d'après-midi, commence le shabbat. tous les magasins tenus par des juifs ferment. Déjà que le soir pour bouffer c'était pas simple mais là c'est pire. Au mur des lamentations y a foule et plus le droit de faire de photos.

Dimanche c'est un jour de fête à Jérusalem. Toi tu reviens d'Hébron, le choc. Des milliers d'adolescents dans la rue en train de chanter. La plupart ont un drapeau israélien, certains ont même l'étoile de David dessinée sur la joue. C'est ça qui est bizarre, systématiquement tout est ramené à leur pays alors qu'on fête une ville. C'est comme si on fêtait Paris et que tout le monde se baladait avec un drapeau français. Et les gamins entre 15-17 ans. On dirait de l'endoctrinement.

Ricardo le croisé

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ça y est, fini Jérusalem, tu vas côté palestinien en commençant tranquillement par Bethléem. Bus local pour y aller, au checkpoint ils en ont rien à foutre, c'est au retour que ça contrôle.

T'as réservé dans une guesthouse. En fait elle est tenue par des chrétiens. oui la ville est partagée entre chrétiens et musulmans et tu trouves de l'alcool sans pb. T'as ramené 2 bouteilles de rouge de terre sainte, cher et pas fameux.

Les rues du centre ville sont fermées pour le marché mais ça n'empêche pas que des bagnoles essayent de passer. Le made in china est passé par là, énormément de stands de fringues. Les trucs locaux c'est pour les touristes. Ah oui, une précision, les touristes arrivent par wagons entiers. Ils descendent à un arrêt de bus spécial, remontent la rue où ils sont attendus de pied ferme. Puis on les emmène dans un restaurant panoramique où ils passent avec leur plateau, genre flunch, puis ils ont droit au clou de la visite : l'église de la nativité. Avec un peu de chance, 2 heures de queue pour descendre dans la grotte où serait né Jésus. Et le pire, c'est que quand commence la messe, ils ne peuvent plus descendre et doivent attendre.

Toi, tu vas du côté de la sortie, et comme les flics sont cools quand tu es tout seul, ils te laissent y aller. Bon, ben il y une étoile d'argent gravée dans du marbre. Les gens s'accroupissent à côté pour se faire prendre en photo. Apparemment il y a aussi la mangeoire de l'âne. A se demander qui est l'âne... Puis ils vont à la grotte de lait (Marie aurait perdu deux gouttes de son lait, ils sont forts en marketing les chrétiens). Dans une rue qu'avec des boutiques pour touristes, on trouve tout pour le pèlerin, soit en bois d'olivier local, soit en made in China. Puis ils vont au champs des bergers. T'es allé voir aussi, ben, peut pas dire que le champs soit top, mais c'est là que la fameuse étoile du berger serait apparue. Et puis retour à la maison sans avoir rien vu de la ville, oula trop dangereux de rester ici.

Manque de pot dans la guesthouse, côté mec t'es le seul, côté fille il y a une minette qui doit avoir 20 ans. Tu lui proposes en fin d'après-midi d'aller boire un verre, non elle a du travail! Il y a différents sites à voir mais sans bagnole, c'est pas possible. Donc tu te prends un taxi pour 2h histoire d'aller voir ce fameux champs des bergers, le site d'Hérodius, une montagne forteresse faite au temps d'Hérode et enfin le fameux mur que les israéliens ont construit pour se protéger des méchants palestiniens.

En passant il te montre au loin des colonies, bien sur autorisées.

Le chauffeur, qui est musulman, t'explique qu'il a un passeport palestinien, qu'il ne peut plus aller à Jérusalem ou le reste d'Israël depuis 11 ans. Et que même si la France lui donnait un visa, les israéliens pourraient l'empêcher de quitter le pays. Apparemment c'est plus simple si tu es chrétien palestinien que musulman palestinien.

Donc, ce fameux mur de l'apartheid, il doit bien faire 10m de haut avec des tourelles de garde. Des artistes palestiniens ont peint certaines parties du mur, en particulier une fresque qui reprend le tableau de la liberté mais en remplaçant le drapeau français par le drapeau israélien.

Le soir, personne pour aller dîner et même dans les rares resto, il y a personne. T'essayes un plat local, on te dit que tu vas avoir du poulet avec du riz, des pois et du yaourt. Bizarrement le yaourt est servi à part, à toi de le mélanger.

Bon, entre Jérusalem et Bethléem, plein le c... du spirituel, tu peux cocher la case pèlerinage, c'est fait.

Demain, tu vas à Hébron.

Ricardo le berger sans étoile

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Hébron est une ville particulière car des colons juifs se sont installés en plein milieu de la ville. Il y aurait 500 colons pour 3000 militaires qui les protègeraient.

T'as trouvé un mini bus local qui t’emmène. T’es le seul touriste bien évidement dans le bus. A côté de toi, une grosse brute qui parle très fort et qui est un peu intriguée de te voir. Hébron est un point généralement assez chaud, les touristes se battent pas pour y aller. En cours de route, le mec te montre, tout autour, des colonies qui se sont créées en moins de 10 ans. Et c’est pas 2-3 tentes, ce sont de vraies villes avec des clôtures électrifiées, des routes qui leur sont réservées. Il y a même un supermarché et une station essence pour ces colonies hyper protégées.

En fait, les grandes villes palestiniennes sont sous responsabilité palestinienne mais pas les grandes routes (c’est plus complexe que ça), et dès qu'on rejoint la route israélienne, on doit mettre la ceinture, sinon rien à foutre...petite anecdote. Bizarrement, tous les gens dans le mini bus parlent entre eux comme s’ils se connaissaient alors qu'ils en avaient pas l'air au début. La grosse brute te demande ton travail et pour t'indiquer le sien te montre sa carte 'intelligence security'. Security, ok mais pour le reste... Bon faut espérer qu’il n’est pas recherché par le Mossad. Tu regardes dans le ciel, s’il y pas un drone qui guette.

La plupart des gars descendent avant le terminal sauf un petit gars assis devant. Et juste à l’arrivée, il se met à parler avec toi. Il est surpris que tu sois venu seul et que tu ne connaisses personne à Hébron. Euh... Du coup, il te demande où tu vas, à la mosquée d'Abraham, et il te propose de t’accompagner. En chemin, il te dit que, lui aussi, il est de l'intelligence security', qu’il travaille dans un bureau, donc qu'il a un meilleur job que l’autre grouillot qui bosse dans la rue. Il travaille à Ramallah et il doit venir une fois par semaine à Hébron pour signer des papiers. Il prend sa bagnole pour aller à Bethléem puis prend le bus car s’il va en bagnole à Hébron, il serait systématiquement bloqué et emmerdé au checkpoint israélien alors qu’en bus ça passe plus facilement. Et oui, les palestiniens ne sont pas libres de circuler comme ils veulent chez eux. Donc le gars te balade pendant 15 minutes pour t’amener à la mosquée, sauf que l’entrée est côté israélien et qu’il n’est pas autorisé à y aller, donc du coup il repart.

Hebron coté palestinien

Côté palestinien, toutes les rues étaient super commerçantes mais plus tu t’approches du checkpoint moins il y a de boutiques, sur les hauteurs des maisons abandonnées, des barbelés et des tours de surveillance israéliennes, ça rigole moins dans les ruelles. Le checkpoint se trouve dans une ruelle couverte, au bout, des militaires israéliens en arme dans un mini blockhaus surveillent ceux qui veulent passer. Tu as un portique de sécurité que tu passes, tu poses tes affaires sur une chaise bien visible des militaires puis tu fais demi-tour et tu repasses sous le portique pour montrer que ça ne sonne pas. Puis tu reprends tes affaires et tu montres ton passeport à un militaire qui te regarde comme une merde et te demande si tu es chrétien. C’est pas le moment de faire le con. Quelques mètres plus loin d’autres militaires sont là au cas où.

Tu as l’impression d’être passé dans un autre monde, les rues autour du checkpoint sont vides, à part 2 boutiques pour touristes, les magasins sont fermés, abandonnés, ça fait vraiment ville morte. Le mot le plus adapté est désolation. Les colons doivent vivre plus loin car ici il y a rien. Mais il y a quand même un car de touristes côté israélien mais très diffèrent des autres touristes, ils ont des têtes de malais ou philippins, mais bon y a pas la foule.

Hebron coté israelien 

La mosquée d’Abraham est partagée en deux, un côté juif car transformée en synagogue et un côté musulman. Il y a les tombeaux d’Abraham, de sa cousine, sa grand-mère par alliance, bref toute la famille.

tombeau d’Abraham 

Pour retourner côté palestinien, tu dois suivre un chemin vers un poste de contrôle, mais le militaire ne regarde pas et puis ils ne vérifient pas ton passeport quand tu t’en vas, plus rien à foutre. Ils sont là pour protéger les colons, pas les palestiniens.

Petite balade dans le souk côté palestinien, il y a même un mall à l'américaine mais pas avec les mêmes marques. Au retour, gros merdier sur la route, complètement bloquée. Le chauffeur de bus conduit à l’orientale en se faufilant sur la bande d’arrêt d’urgence et arrive à remonter la file jusqu'à une intersection. Et on part par un chemin différent de celui de l’aller mais au moins on roule. Et finalement on retombe sur l’intersection où le checkpoint bloque tout. Les militaires prennent leur temps pour regarder chaque bagnole. Nous, on arrive à 300 m du checkpoint, sur une route en terre, soit on rejoint la route principale et on n’est pas rentré, soit on continue et on passe juste derrière le checkpoint. Finalement le chauffeur décide de continuer, les militaires nous regardent au loin mais ne nous font pas signe de nous stopper. Champion le chauffeur, sinon on y passait la nuit.

Retour à Bethléem puis Jérusalem et bien évidemment checkpoint. Et oui dès que tu veux retourner côté israélien tu peux pas y échapper.

Le bus s’arrête, des militaires armés jusqu’aux dents surveillent. Tous les gens de moins de 45 ans doivent descendre. Oui les israéliens ont décrété que les vieux restaient dans le bus et c’est eux qui montent dans le bus pour contrôler. Donc t’es en bas, dans la file. Un militaire, l’air méchant et con, regarde chaque passeport, il te regarde d’un air ‘t'es qu’une merde’, te demande de quel pays tu viens, si tu voyages seul et te laisse passer. Putain de connard!

Demain location d’une bagnole pour faire une petit tour en Israël, histoire de voir la mer morte.

Checkpoint Ricardo

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Bon t’étais pas motivé pour te balader côté israélien, mais il faut quand même aller voir la fameuse mer morte. Mais avant de partir, t’achètes du compeed, tes sandales t’ont ouvert les pieds et t’as lu que l’eau est tellement salée dans la mer morte qu’une simple égratignure et tu hurles de douleur. Alors avec tes pieds déchirés, c’est même pas la peine d’y aller. Un peu le merdier pour sortir de Jérusalem mais finalement, c’est bon tu es dans la bonne direction. A quelques kilomètres de Jérusalem, sur le bord de la route désertique des camps de bédouins. Ils vivent dans des camps où les maisons (si on peut appeler ça des maisons,) sont en tôle ondulée et vu la chaleur... Ils ont quelques chèvres et moutons mais pas un brin d’herbe à l’horizon.

Les israéliens considèrent qu’ils ont pas le droit de s’installer (alors qu’eux ne se gênent pas avec leurs colonies) et parfois viennent avec des bulldozers pour tout détruire. Du coup, sur les zones de repos ou dans les stations essences, un bédouin t’attend avec son chameau pour te faire faire un petit tour sur sa bestiole. Et ça marche avec les touristes (oui, car la mer morte fait partie du tour de base et les bus défilent).

Balade en fin de matinée et comme un con tu te coupes légèrement le doigt sur un rocher. Qui c’est qui va crier en allant se baigner? Alors la mer morte, on est à moins 200 m sous le niveau de la mer. Tu t’arrêtes à la plage Ein Geidi, si on peut appeler ça une plage publique. C’est pas là que tu passerais une semaine mais bon, t’es là pour essayer. Tu vérifies que tous tes pansements sont bien mis. Une pancarte indique tout ce qu’il ne faut pas faire, bien sûr mettre la tête sous l’eau, boire de l’eau, éclabousser tes voisins… Sur le bord du rivage, d’énormes morceaux de sel. Ambiance. Tu rentres lentement dans l’eau, dès que ta main rentre dans l’eau qui est un peu visqueuse, tu sens l’agression sur la coupure. Et tu t’assois finalement dans l’eau, oui c’est un truc de fou. Tu flottes vraiment, t’essayes de t’enfoncer mais tu rebondis. Scotché le Ricardo. Tu peux lire un bouquin dans l’eau sans problème. Tu comprends comment il a fait Jésus pour marcher sur l'eau, pas compliqué.

L’eau est 30 fois plus salée qu’en Méditerranée. T’as un gars qui merde et met la tête dans l’eau, grosse panique, on l’aide à ressortir et dans la panique, pour se nettoyer il reprend de l’eau dans ses mains pour en mettre sur son visage.

Mer morte 

Fin d’après-midi, tu rejoins une guesthouse au pied de la forteresse/montagne Massada. Il y a une piscine, tu penses te détendre. Impossible, un groupe de 20 israéliens foutent le bordel. Insupportable. Le ‘maitre-nageur’ ne dit rien. Le lendemain, les israéliens ne seront pas là, il y aura un groupe d’anglais qui feront pas le dixième du bordel de la veille et le maitre-nageur intervient tout de suite, no comment.

Lendemain matin, lever à 4h du mat pour faire l’ascension de Massada et y être pour le lever du soleil. A chaque fois que tu as fait ce genre de truc pour te retrouver au lever du soleil, t’y trouves aucun intérêt...mais bon. Après 8h ils ne permettent plus de faire l’ascension à pied, il fait trop chaud. Oui à 8h00 du mat, il fait déjà 35 degrés. Il y a qqs individuels mais surtout des groupes d’israéliennes. Tu pars devant, au plus vite pour espérer un peu de tranquillité là-haut avant que tous les jeunes israéliens arrivent. Effectivement tu arrives en haut 2ème mais il y a un autre point de départ de l’ascension de l’autre côté de la montagne et le chemin est plus court. Des flots de lycéens israéliens arrivent. T’auras eu 30 secondes de tranquillité. Comme prévu, pas top le lever du soleil. Tu redescends avant l’ouverture du téléphérique (oui il y aussi un téléphérique pour les grosses mamas russes qui vont arriver).

Massada 

Nouvelle petite baignade mais à Ein Bodek. C’est la ville balnéaire par excellence, que des grands hôtels avec leurs plages privées, des dizaines de bus et même Mc Do. Dernière baignade, car les pansements ne tiennent plus trop et c’est limite.

Mer morte 

T’as décidé de descendre dans le sud, dans le désert du Neguev pour voir une sorte de canyon au bord de la ville de Mizpe Ramon. Mouais. 2H30 de bagnole pour voir ça. Mouais. Mouais. Bon, on se casse, on remonte sur la mer morte et on verra ce que tu fais pour le dernier jour de location de bagnole.

Bon, t’as décidé que pour le dernier jour, tu montais dans le nord, histoire de voir le lac de Tibériade et si possible d’aller côté nord-ouest à Acre pour voir la fameuse citadelle des templiers. Quand tu quittes les bords de la mer morte, tu passes par un checkpoint. Contrôle du passeport, on te demande où tu vas, on te demande si tu as une arme. Tu leur dis que tu as un petit couteau dans ton sac qui est dans le coffre de la bagnole. La minette regarde à nouveau ton passeport et plus particulièrement le tampon de la Libye. Suspicieux un gars qui est allé en Libye et qui transporte un couteau. Allez, ranges-toi sur le côté, t’es bon pour la totale. Alors, on te demande d’ouvrir toutes les portières, le coffre, le capot avant. Tu passes tes sacs dans un détecteur comme dans les aéroports. Et ils font venir un chien pour renifler dans ta bagnole. Il ne cherche pas de la drogue, non, des armes ou explosifs. T’avais un fruit sec sur le siège, il l’a même pas bouffé ! Putain, on peut même pas corrompre un chien avec de la bouffe ici.

Acre est une forteresse au bord de la mer. Tu peux te balader dans la vielle ville faite de rues piétonnes. Ici tout reste authentique, très peu de boutiques pour touristes. T’es au bord de la mer, il y a plein de poisson sur les étals et t’es pas foutu de trouver un resto de poisson qui soit pas pour les groupes de touristes. Putain, être à 3 mètres de la mer et se rabattre sur un chawarma et des falalels, ça fait chier.

Acre 

Retour sur Jérusalem pour laisser la bagnole puis bus pour Ramallah pour revenir dans la réalité palestinienne.

Ricardo, l'homme qui marche sur l'eau

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Les derniers jours sont prévus en Palestine, finies les vacances au bord de la mer, direction Ramallah, plus exactement le village de Jifna pour passer la nuit dans une guesthouse tenue par des palestiniens. Ce sont des chrétiens, des bouteilles de whisky vides sont sur le bar. Ils ont une maison de 4 étages, 6 ou 7 chambres, une énorme TV, un grand frigo. La vie en Palestine ne doit pas être dure pour tout le monde. Dîner et petit déjeuner traditionnel palestinien, si t’aimes pas l’houmous et les fallafels, ça va être dur. Le couple est très remonté contre les israéliens, ils t’expliquent qu’il y a de nouvelles colonies qui se construisent, qu’ils font le plein d’eau une fois par semaine alors que les israéliens ont l’eau à volonté, que lorsqu’ils construisent une colonie à côté d’une route, ou d’autres maisons palestiniennes, ils les font fermer car considérées trop dangereuses. Pas très loin de chez eux il y a une route qui était fermée depuis 7 ans. Elle est ouverte depuis 15 jours et ça leur évite 20 minutes de détour en bagnole. Mais le soir il faut faire attention car les colons israéliens lancent des pierres sur les bagnoles qui passent.

Apparemment, même le président de la Palestine doit avoir l’autorisation du gouvernement israélien pour aller dans une autre ville de Palestine.

Le gars de la guesthouse te propose d’aller dans le camp de réfugiés de Balata et de rencontrer qqun qui s’occupe des enfants dans le camp d’un point de vue psychologique. Le gars t’explique qu’à la base le camp devait être temporaire pour aider les palestiniens qui avaient été chassés par les israéliens. Au début c’était un camp de tentes, puis ça c’est bétonné, et maintenant ce sont des maisons de 3 étages. Le camp fait 1km carré pour 25.000 habitants dont 60% ont moins de 18 ans.

Balata 

Dernièrement des adolescents sont allés près des murs palestiniens pour se faire tirer dessus car ils n’ont aucune perspective d’avenir… Ambiance. En plus comme ils n’ont pas de travail donc pas d’argent, ils n’ont pas les moyens de se marier donc frustration sexuelle et ça dégénère dans le camp. Chaque soir il y a des coups de feu, soit entre les colons et les palestiniens, soit entre palestiniens. Même les écoles sont pas sûres. La semaine dernière 4 ados ont essayé de pendre un autre ado dans la classe. Le mec voit aucun avenir, il est évident que les palestiniens ne pourront jamais retourner dans leur maison et même le gouvernement palestinien n’a aucun intérêt à régler le problème des camps car ça leur permet d’avoir des arguments contre Israël. Les réfugiés sont vraiment de la chair à canon dans cette histoire. Puis le gars t’emmène faire un petit tour dans le camp. C’est dur à dire mais tu t’attendais à quelque chose de plus misérable. Les ruelles sont très étroites mais ça donne pas l’impression de favelas. Bon, faut reconnaitre que tu vois qu’une toute petite partie, peut-être la plus présentable.

T’as décidé de passer la nuit suivante dans la ville de Naplouse, c’est une des villes qui a le plus réagi lors de la précédente Intifada. Balade dans le souk de Naplouse, sur beaucoup de murs, des posters des «martyrs» morts lors de la précédente Intifada. Tu visites une fabrique de savons, ils étalent la pâte sur le sol pendant plusieurs semaines et après ils la découpent.

Le soir, tu discutes avec un palestinien qui a toujours le statut de réfugié même s’il vit en dehors du camp. Il connaît le Coran par cœur, et les gens l’appellent pour avoir son avis, genre est-ce que je peux mettre du vernis à ongle…(véridique). Apparemment dans la nuit, les pickups des colons descendent en ville et tirent des coups de feu pour bien montrer qui est le boss ; Il semble qu’ils aient eu l’autorisation d’aller à partir de 23h sur un lieu de culte près de la ville et ils en profitent pour mettre la pression. Il y avait des étudiants journalistes français, ils racontaient l’interview d’un rabbin dans une colonie qui a clairement dit que la Palestine appartenait à Israël et qu’il fallait les foutre dehors… Elle est pas finie cette guerre.

Retour sur Ramallah où enfin tu rencontres un autre touriste, Andy. 8 jours sans avoir pu échanger avec d’autres touristes. Avec lui tu vas aller faire le con face aux murs israéliens. Mais entre temps, t’as voulu essayer Ramallah by night qui est censé être le lieu le plus branché de toute la Palestine et même plus que Jérusalem. Bon, on a fait tous les restos de la ville; au mieux il y avait 5 personnes. Finalement, l’endroit de fou : Ramallah est une ville très business, beaucoup de bâtiments, de routes, assez peu de parcs. Et tu tombes sur le Snowbar, le paradis ; Ils ont construit un bar au milieu de grands arbres, des tapis, des coussins partout et même une piscine, tout ça dans un coin à l’écart du bruit du trafic. Putain, si tu avais su, tu y serais allé tous les soirs !!

Ramallah

Dernier jour en Palestine pour aller à Jéricho, pareil checkpoint. La ville est près de la mer morte, il fait une chaleur et une humidité difficile à supporter. Tu vas là-bas pour voir le Mont de la Tentation. Un lieu où Jésus faisait un jeûne et où le diable lui aurait proposé une miche de pain. Bien sûr, il a résisté! Soit tu montes à pied, soit avec une télécabine. Et il précise que la télécabine a été fabriquée par les suisses. Bizarre, on a pas confiance dans la capacité des palestiniens à construire une télécabine. Il y a un petit monastère, mais un groupe est déjà dans la salle en train de prier et il répète ‘satanas’… Au pied de la télécabine, un complexe restaurant et boutiques. Il y a des centaines de personnes mais que des produits israéliens. C’est pas là, alors qu’on est Palestine, que tu vas trouver des drapeaux palestiniens. Les touristes viennent par bus de Jérusalem, prennent la télécabine, visitent, puis shopping et cassos, hors de question de passer par la ville….

Ricardo

Jericho 
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Le patron de la guesthouse à Jifna te dit que, chaque vendredi, il y a des manifestations dans certains villages palestiniens contre les murs israéliens. Et il emmène régulièrement ses clients (il nous facture le déplacement bien sûr et comme il est très remonté contre les israéliens…)

Andy, l’autre routard dans la guesthouse est partant donc Yallah… Bon, tu sais pas trop à quoi t’en tenir. T’as pris ton passeport et comme il fait chaud t’es en sandale et t-shirt. La vraie tenue du touriste de base. Le village qui manifeste chaque semaine est Bilin. Le point de rendez-vous est dans le hall du principal manifestant. Il y a les drapeaux, les posters pour le boycott, la panoplie. On doit être une quinzaine d’étrangers. Pendant que les palestiniens sont à la prière de 13h, un gars nous explique comment ça se passe en général et ce à quoi il faut faire attention.

On va être face à un mur de béton de 10 mètres de haut avec des barbelés et des militaires israéliens en haut du mur. Alors, les risques :

- Ils vont lancer des fumigènes, donc dès qu’on entend un tir, regarder en l’air pour repérer vers où ça tombe car si on se le prend sur le crâne, ça va mal finir. Si on se retrouve dans la fumée, on va se sentir mal pendant 5 minutes. Il ne faut surtout pas boire, se toucher les yeux. Il faut attendre ou faire signe à quelqu’un pour qu’il vienne vous déplacer. Mais au bout de 5 minutes ça va mieux. Ah ouais quand même…

- Ils envoient, sous forme de jet, un liquide chimique qui pue comme c’est pas possible. Le gars de la guesthouse t’a raconté qu’un de ses clients s’en est pris dessus. Aucun bus ni taxi voulait le ramener. Il a dû se laver 10 fois, se raser les cheveux. 3 semaines après, sa caméra sentait encore. Bon faudra éviter car toi, tu t’en vas dans deux jours, donc impossible de pas prendre l’avion.

- Si ça dégénère trop, ils tirent avec des balles en caoutchouc. Ils sont sensés tirer en dessous de la taille… Sympa. Personne ne parle, la plupart viennent pour la première fois et se demandent ce qu’ils font là.

- Ne jamais se mettre sur la même ligne entre un militaire et un palestinien, s’il rate son tir, il peut te toucher.

- L’arrestation par les militaires. En principe, sur ce site, ça ne se fait plus depuis 1 an, car les militaires sont en haut des murs et ne peuvent descendre facilement côté palestinien mais, au cas où, le gars explique : si tu te fais arrêter, tu refuses de répondre à la moindre question, même à la couleur de ton tshirt, tu refuses de signer quoique ce soit. S’ils te frappent ou t’insultent tu demandes à le faire noter. Mais surtout essayer de prévenir qqun que tu as été embarqué. Toi, ça va, il y a le patron de la guesthouse qui est là et qui sera au courant. En théorie, les étrangers arrêtés sont gardés 5-6 heures et puis sont libérés.

Après toutes ces réjouissances, on monte dans les voitures pour s’arrêter à 200 m du mur et on commence à se diriger vers le mur. Tu regardes autour de toi, la plupart des étrangers ont des kéfiés pour se protéger le visage des fumigènes, deux gars ont des casques de l’armée et deux autres des masques à gaz et ils sont tous en basket. Effectivement tu fais touriste…

Tiens, une ambulance arrive, au cas où….

Les palestiniens crient des slogans en anglais qu’on reprend mollement, nous, on est plutôt en train de regarder le terrain et de se demander ce qu'on fout là. Effectivement avec les sandales ça va pas être top pour courir si nécessaire. Il faut savoir qu’avant le mur en béton, il y avait un mur de barbelés qui était 300 m plus proche du village et c’est suite aux manifestations que le mur en béton a été mis plus loin. Il y aussi parmi nous des israéliens qui sont contre les colonies.

Manif à Bilin 

Les palestiniens brandissent des drapeaux et nous demandent de rester prés d’eux. Alors effectivement tu veux pas rester loin car tu es quand même venu pour les soutenir mais d’un autre côté comme tu ne sais pas comment ça va se passer, t’as pas envie d’être en première ligne. On se rapproche des barbelés, ça crie, ça menace. En face, en haut du mur, il y a 2 militaires tous les 100 m protégés par des plaques en plexi transparent, plus leur bouclier. 100 m derrière de jeunes enfants israéliens regardent ce qui se passe. C’est l’attraction du vendredi. Pareil pour les militaires, en semaine personne alors que le vendredi il va y avoir du sport… Mais si on se met à la place des gamins, ils voient quoi, des palestiniens qui viennent les provoquer et jeter des pierres et des étrangers qui sont aussi contre eux. Donc en grandissant… Elle est pas finie cette guerre…

Manif à Bilin - Coté israelien 

Finalement un militaire balance un fumigène et tout le monde recule. Certains palestiniens sortent d'énormes frondes et commencent à lancer des pierres. La réplique n’attend pas, les fumigènes fusent, toi tu regardes en l’air pour éviter de t’en prendre un sur le crâne. Tu comprends mieux les mecs avec les casques et les masques à gaz. Finalement tu te prends un peu de fumigène dans la gueule et effectivement, t’es pas bien. Un gars te dit de venir près de lui car c’est dégagé mais comme t’as les yeux qui te brûlent et qu'en plus il faut se rapprocher du mur…. Mais quelques minutes après, ça va mieux.

Tu regardes derrière toi, le mec qui fait le brief avant est tranquillement derrière, bien hors de portée. Ouais on est la chair à canon… A 100m, tu vois un grand jet d’un liquide marron qui passe par-dessus le mur israélien. Les palestiniens reculent. Quand l’odeur arrive jusqu’à toi, tu comprends qu’il va falloir clairement éviter cette saloperie.

Il y a une dizaine de palestiniens avec des frondes, des jeunes de 20 ans. Tous les étrangers sont derrière ces gars. Toi t’es derrière l’un d’eux (pas dans la ligne de mire du militaire, t’as bien noté la leçon) sauf que le palestinien rate complètement son jet de pierre avec sa fronde (c’est pas une petite fronde, c’est le truc super dangereux et les cailloux qu’il balance sont pas des gravillons) et la pierre part dans ta direction. Tu la vois au dernier moment, ben oui tu regardais plutôt les militaires israéliens, elle t’arrive droit sur la tête. Elle passe à 2 cm de ton œil gauche… Enorme frayeur. A 2 cm près, soit tu étais aveugle, soit mort !!!

Manif à Bilin - coté palestinien 

Pendant tout le reste de la manif, tu as surveillé les gars avec les frondes. Vraiment une énorme trouille.

Ça va durer 1h30, il y a des fumigènes un peu partout, parfois ça prend feu. Les palestiniens se déplacent pour tester les différents militaires. De toute manière c’est sans issue mais ils peuvent pas arrêter sinon les israéliens diront qu’ils ont laissé tomber.

On est reparti, (on pensait que c’était fini) les palestiniens s’attaquaient à un autre endroit. Faut bien que chaque militaire ait sa petite dose d’adrénaline….

Il suffit de taper sur internet ‘bilin protest’ et tu peux trouver des vidéos.

Ricardo vatenguerre

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Voilà, retour à Jérusalem car tu préfères être côté Israélien pour le dernier jour au cas où ces cons fermeraient les checkpoints. Sauf que ce jour est un jour férié pour les juifs et c’est aussi pendant le weekend de Pentecôte. Donc pas de bus et tous les hôtels sont pleins. Toi, ton avion est le lendemain matin à 8h donc ça veut dire qu’il faut que tu sois à l’aéroport à 5h donc départ à 4h du matin. Ça va pas être simple cette histoire. A 19h la guesthouse où tu pensais passer la courte nuit te dit que c’est plein. Plein de personnes cherchent un lieu pour la nuit. T’es pas dans la merde. Coup de chance, l’anglais rencontré à Ramallah a une chambre. Sinon t’étais bon pour te pointer à l’aéroport à 20H et poireauter jusqu’au lendemain matin.

Il parait que les contrôles sont plus chiants au retour qu’à l’aller. Donc t’as jeté tous les tracts pro palestiniens au cas où. Premier contrôle avant de rentrer dans l’aéroport, on regarde ton passeport et tu passes. Puis contrôle plus poussé. La nana te pose une question, voit tes tampons et demande à un chef de venir. Pour chaque tampon, pourquoi t’y es allé, avec qui, as-tu des contacts là-bas…

Finalement tu peux prendre dans ton sac pour aller au contrôle du contenu. Ça ne passe pas, allez, on te fait aller à part et ils ouvrent tout le sac et passent un petit chiffon qu’ils passent dans une machine pour détecter de la poudre ou un truc dans le genre. La nana qui contrôle est remplacée par une autre qui te pose des questions mais genre c’est juste une discussion sympa, pas un interrogatoire. T’as une petite bouteille d’huile d’olive dans une bouteille en plastique, elle te demande ce que c’est et où tu l’as achetée ? Tu dis Ramallah. Ouille tu sens tout de suite qu’elle réagit et elle te demande négligemment pourquoi tu y es allé. Bien sûr pour aller faire la fête… Puis elle te dit que tu peux ranger ton sac et qu’elle va t’accompagner au check-in et te demande aussi combien il te reste de temps avant le départ. Bizarre ? Tu vois pas pourquoi elle t’accompagne. Mais bon, grâce à elle tu passes en début de file et elle te dit que tu ne pourras pas laisser ton sac à dos mais qu’il faut l’emmener ailleurs. T’es tellement parano avec toutes leurs conneries que tu te dis que c’est pour t’emmener dans une salle et t’interroger. Mais non, finalement tu vas bien déposer ton sac ailleurs et elle te dit au revoir. Ce qui est marrant, c’est que dans l’avion, un gars dit à l’autre, alors toi aussi t’as été emmerdé, l’autre répond que oui et qu’ils ne feront pas d' achat de matériel en Israël….

Ricardo, le passeur de douane finger in the nose