Du 2 au 21 août 2015
20 jours
Partager ce carnet de voyage
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Avertissement au lecteur

Toutes les médisances et autres 'vacheries' dans ce blog sont à prendre au second degré. Si vous préférez des blogs où tout est beau et gentil, arrêtez vous à cette ligne et passez au blog du voisin. Ouais, t'es obligé de le préciser à chaque fois sinon tu te prends des commentaires de pimpims moralisateurs à dix balles.

Les fautes d'orthographe et de grammaire ? Elles sont volontaires.....euh.... plus ou moins. S'il y a des mots inconnus, ne les cherchez pas sur Google, c'est juste de la créativité à l'état pur... De même, la pauvreté du style des textes et certains mots grossiers font partie intégrante du 'Ricardo style'....

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Salut,

Cuba est devenu américain. Il faut se dépêcher d'aller au Venezuela. Tu pars avec un couple rencontré au Tchad. Sur le papier ça devrait le faire, pas le genre à chercher trop de confort. On s'est mis d'accord sur ce qu'on voulait faire : une semaine en Amazonie histoire de manger un peu de jungle, l'ascension du fameux plateau du Roraima et ensuite aller voir la plus haute chute d'eau du monde qui fait un 1km de haut, le salto Angel. Toi, au début tu voulais faire 15 jours dans la jungle profonde mais ils étaient pas très motivés.

Salto Angel 

Trop compliqué pour organiser sur place le circuit car plein de vols intérieurs donc on a contacté une agence locale pour tout gérer et aussi nous privatiser un Cessna pour éviter de passer deux jours dans un bus. Ouais, on se la pète... Le gros problème va être la météo, c'est la saison des pluies. On va prendre de la flotte tous les jours et pas quelques gouttes. Mais le top c'est l'humidité. Marcher sous des déluges et avec un taux d'humidité très élevé, ça va être compliqué. Impossible de se protéger de la pluie sans mourir de chaud avec un poncho. Du coup, t'as amené un parapluie. Tu vas pas avoir l'air con dans la jungle avec ton pépin.

Deux mots sur l'équipe : On va rigoler car lui marche lentement en montée et elle lentement en descente. Elle est malade en avion et lui en bus et en voiture. Une belle brochette de boulets en perspective. Et on est parti sur le principe de chacun sa merde.

On va arriver samedi après-midi et tu te dis que ça serait sympa de se faire un Caracas by night avant de partir le lendemain dans la jungle. Mais Caracas a une mauvaise réputation, c'est la 3eme ville la plus dangereuse. Mouais, vas dire ça à des kurdes de Kobane. Le pote refuse de sortir le soir sauf si le guide nous dit que ça va. Alors le guide, on a vu sa fiche descriptive sur le site de l'agence. Il parle que de dieu et il voyage pas sans sa bible, ça promet mais bon c'est un spécialiste des tribus d'Amazonie. Pour rassurer le collègue, dans l'avion pour Caracas tu discutes avec les hôtesses pour savoir ce qu'elles font le soir. Ce n’était pas la bonne idée. Air France leur interdit de sortir de l'hôtel même pendant la journée, trop dangereux. Du coup tu sens que la salsa à Caracas c'est un peu mort.

Arrivé à l'aéroport, notre guide Félix nous attend. Il a l'air super sympa. Direction l'hôtel prêt de l'aéroport, on est à plus de 20 bornes de Caracas. Comme il est 15h et qu'il y a rien où on est, tu lui demandes si on peut pas aller faire un tour en ville voir le centre historique. Ok mais faut trouver une bagnole car les taxis sont trop dangereux selon lui. Ca va pas rassurer les autres. Finalement l'hôtel nous trouve une voiture sûre... et nous voilà parti.

Mais avant de parler de notre virée en ville faut comprendre le principe de la monnaie vénézuélienne. Au cours officiel, un dollar vaut 12 bolivars. Au cours semi officiel, les agences de change, tu as 200 bolivars pour 1 dollar. Ouais, y a déjà une sacrée différence. Mais au marché noir le dollars vaut maintenant 680 bolivars. Et ça monte tous les jours. L'agence nous a proposé de nous les changer pour 400. T'as gueulé un peu, c'est passé à 500. Le problème c'est que c'est facile de changer au black dans certains pays mais t'as un doute pour le Venezuela. Prenons pas de risque, on a fait changer chacun 150 dollars. Surprise à l'hôtel on avait chacun 2 kg de billets. C'est pas la merde. T'avais envie de défaire tous les liasses et de les jeter sur le lit pour faire ton gangsta. Ah oui le salaire mensuel d’un fonctionnaire, que tu sois médecin ou balayeur, est de 12$. Oui par mois... Le soir on est allé au resto. Pour payer tu empiles les liasses. Les serveurs comptent pas les billets, y en a trop.

Bon, revenons à notre virée à Caracas by day, le centre historique semble assez petit, une petite place ombragée avec plein de gens, 2-3 rues piétonnes autour,1 cathédrale et 2-3 vieux bâtiments. Sincèrement, rien d'exceptionnel. Sur une petite place, de la musique et des gens qui dansaient. Tu voulais t'approcher mais le guide te dit que ça peut être dangereux. Ouais, faut arrêter les conneries. Ok, on est les seul à avoir des tronches de touriste mais on va pas non plus se faire systématiquement démonter. Tu t'es rapproché, les autres t'ont finalement suivi et incroyable, ils nous est rien arriver. Et bien à part ça, pas grand-chose à voir dans la ville. Beaucoup de bâtiments décrépis, abandonnés. Devant les supermarchés d'état, tu as des queues de 200 personnes. A la tombée de la nuit, il y a des militaires partout.

Bonne nouvelle comme notre sortie sur Caracas by day s'est passé sans agression, Félix nous a dît que pour notre dernière soirée, on pourrait réserver une voiture et aller diner et boire un verre à Caracas. Waouh !!! Demain on se lève tôt pour prendre un coucou pour Puerto Ayacucho. Il fait 40 degrés dans la chambre et dehors y a une sono monstrueuse et en plus tu entends les avions. Ca va pas être simple.

PS : Comme dans tous mes blogs, il faut les prendre au second degrés en particulier quand je me moque gentiment (oui, c'est du second degrés) de ceux que je rencontre.

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La nuit a été super courte. Coucher à 22h, réveiller à minuit. Et puis impossible de dormir, décalage horaire, chaleur dans la chambre et surtout une putain de boite de nuit qui joue de la techno jusqu'à 5h du matin. La prochaine fois tu y vas. On doit prendre un vol intérieur pour Puerto Ayacucho, porte d'entrée de l'Amazonie. On doit y être au moins deux heures à l'avance. Ouais c'est un minimum. Un bordel, 3 gugus au guichet pour 100 personnes, ça avance pas. Finalement on a eu 1h30 de retard. Pas étonnant, les passagers obtiennent leur billet bien après l'heure du décollage.

Alors, comment dire, Puerto Ayacucho le dimanche c'est ville morte mais vraiment ville morte. Sauf que près de l'hôtel, traîne un groupe de 40 personnes avec des cagoules kakis. C’est quoi ce bordel? Mais ils nous font signe de passer. Mouais. Il fait chaud et humide. Bon, nous on est dans le meilleur hôtel de la ville, avec une grande piscine. Tu te dis que ça va être cool. Sauf que l'hôtel autorise l’accès à la piscine aux non clients et donc t'as l'impression que t'es dans une piscine municipale. Y en a qui se baigne en jean's, un cauchemar.

On a laissé le guide à l'hôtel et on a voulu aller au marché des indiens même si on savait que presque tout allait être fermé. Pour y aller, on a évité la rue où il y avait le groupe de mecs cagoulés. La seule échoppe ouverte vendait des trucs made in china. Et près du marché plein de militaires armés, des militaires en moto, moteur allumé, tournés en direction du groupe cagoulé. Ouais, on est quand même un peu au milieu.

Pour ceux qui m'ont passé commande de masque, vous êtes sur que vous voulez pas du chinois?

Donc, on est au milieu de la rue et on se dit qu'on va pas trop tarder dans le coin vu le nombre de mecs armés au mètre carré. On se rapproche de la place centrale, elle est plein de militaires. On veut la contourner mais un militaire nous rattrape et nous demande de le suivre. Putain ça pue. Il nous amène à un gars de la garde civile. Il dit qu'il va nous présenter au général qui est juste à côté. Bon, on va pas refuser, si on peut se faire des relations haut niveaux. Au moment où il commence à parler, les manifestants sont dans la rue à 20m de nous et crient en espagnol 'on veut plus de manioc', ouais à chacun ses revendications. Et de l'autre côté arrivent les militaires en moto et un camion. Descendent du camion une vingtaine de militaires en tenue anti-émeutes, casqués, boucliers anti-émeutes et fusils. Prochaine vacance, la Bretagne.

Mais on comprend qu'en fait, c'est un entraînement. Les mecs balancent des trucs sur les militaires et eux répliquent avec des balles à blanc. Le général nous dit qu'on peut même faire des photos mais pas de vidéos. Bon toi tu comprends mal l'espagnol, t'avais pas compris la deuxième partie de la phrase. Au bout de 20 minutes d'exercices, débriefing du général. Ils se sont tous fait pourrir.

Simulation manif avec le Capitan 

Après 1h de discussion sur Napoléon et Zidane avec le gars de la garde civile, on a tenté néanmoins la piscine. Les moustiques étaient là à t'attendre. Résultat, t'es blanc comme un cul avec 12 grosses taches rouges de piqûre. Superbe.

Alors, concernant les vénézuéliennes, et bien on est tous d'accord, ça le fait pas. Comment dire, à part miss Vénézuela, les autres sont plutôt en surcharge pondérale.

Pour vous donner le coût de la vie, un bon repas tu en auras pour 2euros.

La minute culturelle: signification du drapeau Venezuelien

2 versions

Historique : jaune pour l'or, bleu pour la mer qui sépare le Venezuela de l'Espagne, rouge pour le sang et enfin les 7 étoiles qui représentent les 7 régions. Entre temps Chavez a fait rajouter une étoile.

Romantique : le héros vénézuélien Francisco de Miranda était amoureux de la fille du tzar et pour lui prouver son amour il aurait créé le drapeau : jaune pour la couleur de ses cheveux, bleu comme ses yeux et rouge comme ses lèvres. Et les sept étoiles correspondent au sept jours de la semaine auquel il pense à elle. C'est pas beau?

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Yo,

C'est pas le top de l'organisation notre agence....

On avait réservé un bateau avec un toit. Ca paraît insignifiant mais quand tu passes plusieurs heures sur un bateau il vaut mieux être protégé du soleil et surtout de la pluie. On l'avait indiqué à notre guide dès le premier jour. Il a rien vérifié et bien sûr 30 minutes avant de partir, Vincente, le mec qui s'occupe de l'organisation lui dit que notre bateau n'a pas de toit mais il est plus rapide. On a rien lâché et donc ça a été un bordel car il fallait trouver de l'essence supplémentaire car soit disant le bateau est plus lourd et il faut l'autorisation de la garde civile... enfin tout un micmac pas possible. Et puis tous les papiers pour les checkpoints n'étaient pas prêts, le guide Félix dit miaou, ayant eu tout un après-midi pour s'en occuper. Finalement on arrive à partir avec 2h de retard. Sur 60 km au moins 5 contrôles et pas avec du flic de base, ici ils sont tous en gilet par balles et fusil mitrailleur.

Arrivé au débarcadère, quelques barques, des indiens qui attendent mais surtout des militaires qui nous font encore chier. Oui, de l'autre côté du fleuve Orénoque, c'est la Colombie et il y a des FARC. Mais eux sont calmes donc ils ont le droit de faire du business ici. Alors le bateau, 15m de long tout en métal et un toit en métal. On aura pas froid. On embarque en plus de Félix, un cuistot et le pilote du bateau. Le guide nous a annoncé la pluie. Résultat, 3h de navigation en plein soleil. Trop fort ce guide.

En fonction des affluents, l'eau est de différente couleur, de marron à noir. Les rives sont couvertes de jungle. Le niveau de l'eau est très haut et tous les arbres ont leur tronc en partie sous l'eau. On arrive dans une communauté piaroa, Boca de Autona. La modernité est passée par là, maison en béton et groupe électrogène. Ils ont un toucan apprivoisé (enfin, ils lui ont coupé les ailes) et tu lui donnes des boulettes de farine de maïs dans la main. Il faut juste faire attention, il a tendance à chier partout.

Installation des hamacs avec moustiquaire. Oui c'est un cauchemar ici. Malgré l’anti-moustique t’es couvert de piqûres et ça te démange et c'est que le premier jour. Le hamac va poser problème. Quand t'es habitué à dormir sur le ventre, essaye de dormir dans un hamac.

On peut pas dire que les locaux soient super accueillants. Soit de la timidité soit du non intérêt. Première nuit dans le hamac, ton voisin, le pilote du bateau est un ronfleur de première. Étonnement pas de coq, un chien, un appel à la prière ou autres bestioles le matin pour te réveiller, faut dire qu'on se lève avant 6h du matin. Avant de partir, moyennant finance, on fait un petit tour dans la jungle histoire de trouver une tarentule. Ils enfoncent une tige d'herbe dans un trou. Dans le premier la tarentule était trop fatiguée pour sortir mais dans le deuxième elle est sortie tout de suite et pas contente. Toute marron, couleur feuille d'automne, ça donne pas envie de la faire chier.

En embarque sur le bateau et 20 minutes plus tard panne de moteur. Enfin un peu d'aventure! Faut comprendre qu’on ne croise pas quelqu’un toutes les 5 minutes dans le coin. Apparemment dixit le pilote, le moteur a chauffé. Faut attendre qu'il refroidisse. Ils discutent entre eux mais on comprend qu'ils disent que comme on a changé de bateau le moteur est pas assez puissant. 20 minutes plus tard, le moteur démarre toujours pas. coup de pot, on est passé avant devant un village et on va repasser devant lui grâce au courant. Mais on a pas une rame pour sortir du faible courant et se rapprocher de la rive. Des rames sur un bateau, quel intérêt!!

Tant bien que mal, on y arrive. Mais faut pas croire que ça se passe du genre salut c'est nous, vous auriez pas un moteur en trop? Déjà faut trouver qqun qui soit prêt à nous aider. Miaou, qui a pourtant passé 10 ans dans la région laisse faire le pilote. Bon, on a peut être une solution. Un mec est prêt à nous prendre en remorque avec son bateau pour nous ramener au village précédent où là, selon miaou, on pourra discuter car ils nous connaissent. Le mec veut de l'argent et de l'essence. C'est beau le monopole. Avec sa petite pirogue et son petit moteur, il nous ramène au village précédent. On nous laisse poireauter sur le bateau pendant que le guide va discuter avec le chef de la communauté pour qu'il nous loue son moteur. A un moment, t'es passé devant eux, miaou semblait énervé et parlait fort alors que le chef travaillait sur le toit de sa maison, genre je suis pas intéressé...trop fort!!!

Bon nous on attend en jouant au domino. Finalement miaou revient au bateau chercher son téléphone satellite. on n’est pas parti. Plusieurs parties de domino plus tard, il revient nous voir pour annoncer la solution, il a négocié la location du moteur. Le chef n’avait pas confiance car il voulait l'argent tout de suite. La confiance règne. Il a du appeler son patron et je ne sais qui mais finalement on va pouvoir repartir. Le moteur prêté est de la même puissance que celui qui a chauffé et bizarrement il va pas chauffer. Peut-être par ce que le pilote va moins vite. On a bien fait d'insister pour le toit car on se prend une ramasse. Tu passes du trop chaud avec un simple t-shirt à froid malgré ta goretex. Pays de dingue!

Arrivée dans une nouvelle communauté, Raudal de Segura, pas plus pas moins accueillante que la précédente. Comme on est arrivé super tard, on ne fait rien. le paysage est superbe, on est face à un tepuy (cherchez sur internet, ca vous occupera) et une colline qu'on va monter demain. On a demandé au guide s'il pouvait nous organiser une ballade de nuit dans la jungle. Il a l'air super motivé. Le seul gars à qui il a demandé a peur des fantômes et ne sors pas la nuit. Pas prêt d'aller faire du jungle by night. Donc soirée domino... ah oui quand tu parles de soirée, c'est dîner à 18h et coucher 21h.

Raudal de Cegura 

Le père de miaou était champion de domino donc forcément miaou est un ponte. Il a perdu 3 parties de suite du coup le lendemain il n'a pas voulu rejouer, vexé?

Ricardo, employé du mois chez Domino's pizza

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Après cette super soirée domino, on est tous à fond pour la marche. Sur le papier, on prend le bateau pour traverser la rivière et puis on a au moins deux heures de marche pour monter et pareil pour rentrer. On a un guide local, le jeune qui a peur des fantômes. 10 minutes avant de partir, il a disparu. Il n’avait plus envie. Putain, mal barré la jeunesse ici. En fait, ils bossent que s'ils ont besoin d'argent sinon ils se font pas chier. Par contre ce sont premiers à venir quand on déjeune pour essayer d'avoir de la bouffe, de demander des hamacs ou autre truc mais c'est en sens unique.

Un vieux le remplace et on part avec sa vieille pirogue trouée (oui il y a bien un trou à l'avant de sa pirogue). Seul petit hic, trop de poids à l'avant et on embarque énormément de flotte, faut qu'on s'arrête en urgence. Va changer de place sur une pirogue 80cm de large car le con qui se dévoue pour se lever et risquer de tomber, c'est qui... Finalement on arrive en écopant au bout du ruisseau et le début du chemin.

Tu en peux plus des moustiques, donc t'es en pantalon long, chemise manches longues, tu vas crever de chaleur. T'es resté en sandales, de toute façon la première demi-heure, on en bave en marchant dans l'eau et la boue. On est tous trempé de sueur. Tu marches dans la jungle, c'est extrêmement glissant, les moustiques bourdonnement autour de toi et c'est que le début. Le guide local nous fait signe, il vient de voir une tarentule. Pas un de nous n'arrive à la voir tellement elle se confond avec la végétation. En s'approchant, on la détecte enfin. Elle est énorme, ici ils l'appellent une goliath, ça vous donne une idée de la taille. Plus grande que ta main. Elle et en positionne de défense, les deux pattes avant dressées et les crocs prêts à mordre. Elle est couverte de poils. Même les poils sont urticants. Sale bestiole. 10 minutes plus tard, il en trouve une autre sans trop chercher, ça pullule apparemment. Oui, rappel t’es en sandales.

Tarentule goliath 

Pendant une pause, dans un tronc, un trou, il prend une tige d'herbe et la rentre dans le trou. Ca rate pas, deux secondes plus tard, une énorme tarentule sort super énervée de son trou (ouais, t'as vu à son air qu'elle était pas contente). Elle essaye même de grimper sur la tige.au bout de 2-3 minutes elle retourne dans son trou, le guide remet la tige et elle ressort aussitôt. Y a des cons qui la cherchent et elle compte bien leur faire payer. Elle rentre à nouveau. Tu essayes, tu mets la tige et tu tournes. Tu sens qu'elle l'accroche mais tu arrives pas à l'énerver assez pour la faire ressortir. Marre de jouer, on reprend la marche. Au fait, je vous ai dit qu'on en bave et que c'est super humide? T'es trempé et t'es même pas à la moitié du chemin. On va finalement arrivé au sommet mais les 200 derniers mètres sont extrêmement pentus et glissants. Le retour va être sportif. Au sommet de la colline, la vue est superbe, on voit le fleuve en bas, le village prêt de la rive, des montagnes et c'est de la jungle à perte de vue. T'as pas sorti le drone car trop de vent.

C'est à la descente que ça a merdé. Rappel, ton pantalon est trempé. Et en écartant les jambes pour descendre la partie difficile tu entends un gros craquement. Le pantalon s'est déchiré d'un genou à quasiment l'autre genou et c'est ton seul pantalon. T’as rapidement mis de l’anti moustique à l'endroit où ça s'est déchiré, au cas où...

Gabriel s'est vautré dans la descente, bosse à la tête et mal au genou. Retour épuisant jusqu'au bateau. A chaque fois qu'on attendait Gabriel et miaou, on se faisait attaquer par les moustiques. Retour au village pour un bon bain moussant et un massage thaïlandais. Je déconne, c'est trempette dans la rivière et lavage des fringues.

Bon, on était censé pêcher cet après-midi mais les indiens veulent pas nous louer des hameçons. Incroyable. En plus il pleut et il y a des milliards de moustiques. Ca vous donne envie ces vacances? Comme je vous dis c'est pas des vacances, c'est du voyage.

Donc t'es dans ton hamac à écrire cet mail. Et Kinnary, la copine de Gabriel est en train de recoudre ton pantalon. Mais non c'est pas macho! !! C'est elle qui disait qu'elle s'embêtait! Lui est dégoûté car en France, elle refuse de lui coudre un bouton. Ca va quand même te couter un resto.

Il est 21h. Je vous écris de mon hamac, protégé des agressions extérieurs. On a joué bien sûr au domino (sans miaou). Quand t'as fini de dîner à 19h30 faut bien trouver une occupation mais gare aux fantômes qui traînent. La jungle s'éveille. Si vous entendez comme un marteau piqueur, c'est juste le bruit du crapaud buffle entrecoupé des ronflements et pas des ronronnements de miaou. Levez les yeux au ciel, vous allez voir un ciel très noir où on distingue parfaitement la voie lactée. T'aurais pas les moustiques, tu resterais plus longtemps dehors.

Alors, connaissez-vous le tchopo? Une variante du domino, un jeu de carte locale? Que nenni! !! C'est un truc de chaman. Miaou nous avait dit que si on trouvait un chaman on pourrait tester le tchopo. Mais faut trouver d'abord un chaman. Incroyable, dans ce village, il y en a un. La veille il n'était pas venu nous voir car soit disant il n'avait pas de tchopo. Aujourd'hui c'est sûr il vient. Bon il va venir, euh il devrait venir, lazy chaman. Miaou t'avait prévenu, si on se sent pas top après le tchopo, il faut boire du café ou du coca, donc t'as amené du coca au cas où. Finalement le chaman se pointe. Un vieux monsieur avec une bouille sympathique. Il sort son attirail.

Pour ceux qui ont lu jusque-là, je vous sens impatient. Le tchopo provient d'une racine qui est écrasée et mise en poudre. Le chaman sort un petit flacon avec de la poudre noir, une petite coupelle, une plume et une sorte de double paille faite dans l'os d'une bestiole. Mystère. Il met de la poudre dans la coupelle et nettoie la paille en y faisant passer la plume.

Miaou nous a bourré le mou que si on sniffait du tchopo, on faisait un remake de "i believe i can fly'. Mais il n'y a pas d'addiction. Gabriel ne veut pas essayer, tu essayes le premier, toujours partant pour essayer les trucs à la con. Le chaman sépare la poudre pour Kinnary et toi. Tu te fous la paille dans les narines et tu inspires pas trop fort car tu te méfies quand même. Résultat, ca pique le nez, tu éternues, puis ça pique la gorge. A part ça que dal de chez que dal. Kinnary essaye ensuite mais en inspirant plus fort. Seule différence, ses yeux deviennent larmoyants. Mouais, mouais, mouais... tu redemandes au chaman une nouvelle dose, mais non y a pas d'addiction... T'enfonces bien la double paille dans les narines et tu y vas un bon coup. Bah rien de plus que les yeux qui brillent quelques secondes. Selon le guide, le tchopo serait trop vieux. Mouais. Comme on va les prochains jours chez d’autres tribus d'indiens, on verra s'il y a pas un chaman avec un truc qui marche

Chaman et son pigeon 

Vincent, ça aurait marché, je t'en aurais ramené un peu. A part les indiens d'Amazonie personne ne connaît donc j'aurais peut être tenté la douane. Et puis le prix, chaque sniff coûte 30 centimes.

Ricardo tchopo

Ps: concernant les commandes de masques, impossible d'en trouver dans les communautés où t'es passé. Surtout que le guide a jamais demandé et de toute façon ils avaient pas la tête d'artistes. Il y en a en ville, je vais faire au mieux.

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Je vous ai déjà dit qu'on était couvert de piqûres de moustiques mais surtout de tiques? On en peut plus, aucune solution pour atténuer les démangeaisons. On se demande même si on aurait pas embarquer des bestioles dans nos affaires mais elles sont tellement minuscules qu'on les voit pas. Sur le retour à la civilisation, entre deux grattages, on nous emmène voir un soit disant village pioroa traditionnel, Salvitina de Pintao.

Vous le sentez venir?

Il y a la chupata, c'est la grande maison conique traditionnelle où plusieurs familles vivent ensemble. Et d'autres maisons plus classiques à côté. Tu demandes au guide s'ils vivent encore dans la grande maison. Oui bien sûr. Vas-y, prends moi pour un lapin de six semaines. Ils nous voient débarquer et un indien s'en va prévenir les autres. Et oh miracle, un indien arrive avec 3 petits enfants, tous en tenue traditionnelle. On nous explique toute sa tenue sauf ses colliers de perles. Histoire de déconner, tu demandes en quoi elles sont. En plastique...

On a le droit d'essayer la sarbacane qui fait deux mètres de long. T'as beau souffler comme un âne, t'es lamentable. Puis on rentre dans leur grande maison. Putain, y a encore plein moustiques, on en peut plus. On nous explique leur tradition, les cérémonies...

Puis clou du spectacle, l'indien veut nous épater en ramenant une souche de bois creuse d'où sort une tarentule. Pff, espèce de charlot. La veille, c'était notre quotidien ces bestioles. On a fait l'Amazonie nous!!! Sauf qu'il la prend dans sa main. Ok, là, respect. On n'a pas essayé.

Sur le bateau du retour on s'était plaint au guide sur différents trucs qui avaient merdé dont en particulier le fait qu'on devait goûter de la tarentule. Du coup il nous propose celle qui est devant nous. Là, tu fais moins le fier. Gabriel a dit ok donc t'as suivi. L’indien attrape la bestiole par les pattes, lui retourne les pattes sur le dos et tapote sous le ventre avec une planchette de bois pour faire sortir le venin. Ensuite il arrache le ventre plein de poils urticants et met la tête et les pattes dans le feu. Deux minutes plus tard le repas est prêt. Avant de te lancer tu demandes au local de manger une patte pour voir comment il fait. C'est le même principe que le crabe. Tu ouvres la carapace pour manger la chair blanche à l'intérieur. Ca la texture du crabe, c'est super bon. Quand ils ont vu ça, les gamins se sont jetés dessus comme sur des bonbons.

Non, je suis pas atteint par Alzheimer mais je vous ai déjà dit que j'avais les jambes en feu. Putain de tiques.

Nuit de recup dans un hôtel climatisé et on repart demain pour deux nuits chez d'autres indiens mais on sait pas où car l'organisation est du n'importe quoi.

Mesdemoiselles, je vous ai trouvé des jolis bracelets en cartilage de serpent. Très joli. Je vous sens impatiente.

Tarentula man

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Encore deux jours en Amazonie. Après multes discussions on part pour deux jours dans le nord de Puerto Ayacucho. Objectif, voir une tribu traditionnelle dans leur village Las bateas (celui qui le trouve sur google earth je lui ramène un souvenir du Venezuela), les panare, pour pêcher, faire un trek.

Sauf qu'on avait pas compris qu'il y avait 4h de bagnole sur une route défoncée rien que pour y aller. Le guide local ne sait pas que Gabriel comprend bien l'espagnol. Pendant le trajet le guide local, Vincente, explique à ton guide miaou que la tribu où on va est très difficile. Déjà que les autres sont pas accueillantes. Et en plus il lui demande plusieurs fois si on sait que la route est dangereuse. Et l'autre qui lui dit : t'inquiètes, ne leur dit rien. C'est pas compliqué, les rares fois où il y avait une moto dernière nous avec deux personnes, il flippait et prenait son grigris dans la main puis ralentissait pour la laisser passer.

Au village panare, c'est pas compliqué, à peine ils nous ont vu, ils ont tous disparu. Pourtant les deux guides connaissent très bien ce village. Après discussion et achat de bracelets et colliers pour fluidifier le contact, on est accepté. Le 'capitan' du village ok, sa famille est devenue un peu moins timide. Autant chez les piaroa, ils en avaient rien à foutre de toi autant ici c'est vraiment de la timidité à outrance. Leurs maisons sont en terre séchée et toit en palmes. Des agents du gouvernement sont passés et veulent remplacer leur maison par des maisons en briques bien alignées et toit en taule. Pas sûr qu'ils veulent. Les panare sont très typés, les femmes ont des cheveux noirs très longs. Elles portent juste un morceau de tissu enroulé autour d'elles. Les enfants sont très timides et fuient à notre approche.

Comme on s'en doutait, pas grand-chose à faire. Il y a un autre village piaora pas très loin donc on y va à pied histoire de marcher un peu pendant que les guides y vont en bagnole. On s'est pris un orage. Est ce qu'ils seraient venu nous chercher en voiture. Pfff

Puis les guides se renseignent auprès des locaux sur la pêche. La rivière est très haute, il n'y a pas de poissons en ce moment, ils sont partis ailleurs. Putain, on a fait 4h de bagnole pour aller au bord de la seule rivière sans poisson de l'Amazonie. Pas prêt de chopper du piranha, le rRcardo. Bon ben soirée dominos avec du vin chilien imbuvable. Tu vas t'en souvenir de ta semaine en Amazonie.

Fillette panare 

2h de sommeil cette nuit. Ouais le hamac c'est pas facile. Vous avez pas l'impression que ça commence à faire beaucoup?

Le matin, ils nous ont organisé une marche de 3h avec le chef du village panare. Le mec, la veille, il a passé 4h à la chasse et a tué un sanglier à la lance. Ouais ici ca plaisante pas!!! Comme c'est le chef il a gardé la tête du sanglier et un cuissot. Et du coup, ce matin au petit dej, t'avais le droit à un bout de sanglier. Pas les autres. Ouais il a du sentir ton côté chasseur à l'affût.

Revenons au trek. Tu commences par la savane où tu espères qu'il n'y a pas de tiques, puis de la jungle où les moustiques t'attendent de pied ferme. Puis enfin t'arrives à une caverne avec des peintures rupestres. Le chef ne savait pas nous dire l'origine et nos deux guides étaient restés au camp dans des hamacs. Un peu de flotte sur la tronche au retour pour agrémenter tout ça et c'est parti pour 4h de bagnole en vérifiant que des motos ne sont pas derrière nous.

Petit point sur les moustiques : toi tu as juste 100 piqûres, entre celles de moustiques, de tiques, de taons et autres bestioles. Oui il y a bien écrit 100. Mais ça va encore, le collègue Gabriel en a plus de 300. Et selon notre guide, nos prochains jours seront du même type question bestioles. T'es impatient!!!!

Un point sur la vie au quotidien du vénézuélien. Dès 6h du matin les gens font la queue devant les banques, les pharmacies, les supermarchés. A 9h du matin, t'as plus de 100 personnes qui attendent. Et ils font ça presque tous les jours. Les gens pensent que ça va péter tôt ou tard.

Le prix d'une bouteille de rhum : 1 euro. Et pour le même prix tu as 80 litres d'essence. Oui vous avez bien lu 80 litres.

Demain tu fais deux vols intérieurs pour aller à Puerto Ordaz, ensuite deux jours entiers de bagnole pour rejoindre le pied du tepuy Roirama qu'on va monter. Notre objectif le sommet. Oui le guide t'a dit qu'il n'y a pas de moustiques au sommet. Il devrait faire 4 degrés mais pas sûr que tu sois équipé pour.

Ricardo PLQ

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Salut,

Ca a été compliqué mais j'ai pu trouver des masques piaroa.

En fait, les indiens ne fabriquent plus de masques depuis des années car ils sont en train de perdre toute leur culture ancestrale, par exemple plus aucun jeune ne veut devenir chaman. Ils ont encore qqs masques qu'ils utilisent lors de leur cérémonie mais les gardent précieusement. Donc quand tu vas dans leur village c'est même pas la peine de demander. Le guide local (pas miaou) t'a aussi expliqué qu'il y a une dizaine d'année, un revendeur d'art premier français venait ici et il partait avec lui dans des coins reculés pour trouver des objets traditionnels mais maintenant il y a plus rien. Tu peux en trouver encore des semis récents mais ils font nazes et ils sont faits pour les touristes.

Je vous explique tout ça car les masques que je vous ramène (si j'arrive à les ramener) ont une histoire. Le père de mon guide local est arrivé en Amazonie en 1950 pour un mois et finalement y est resté toute sa vie. Au fil des ans il a commencé à collectionner des masques et finalement en a fait un business. Son père et mort en 2004 et il a repris son business en plus de guide. Il avait des masques récents (moins d'une dizaine d'années) et des plus anciens (15-20 ans). Les vieux étaient abîmés et j'ai pas pris le risque de vous les acheter. Par contre ils n'ont jamais été portés lors de leur cérémonie Warime (je vous laisse chercher sur internet) même s'ils ont été faits pour ça. Ils sont en peinture naturel. Le blanc est du kaolin, les autres couleurs viennent de plantes de la jungle mais j'ai pas noté le nom.

Masque piaora 

Vincent, tu m'avais demandé un singe noir. Il en avait pas. Pas vraiment bcp de choix. Les masques ont de la paille autour (les chats vont être contents) ce qui est preuve de leur 'ancienneté' car maintenant c'est trop 'fatiguant' à faire. Je vous ai pris une tête de chauve-souris. il n y a que 3 types de tête d'animaux représentées en masque : chauve-souris, singe noir et singe blanc

Jusqu'à encore ce matin, deux heures avant de prendre l'avion j'étais pas sûr de pouvoir les acheter. A chaque fois le mec devait les apporter et finalement trouvait une raison pour ne pas les apporter. Il semblait vraiment sincère et il a longtemps hésité à m'en vendre car ils les tiens de son père. Je pense qu'il me les a vendu car il est inquiet de la situation de son pays et ne sait pas ce que sera l'avenir. A moins que ca soit un truand de première mais je ne crois pas car il y a d'autres trucs qu'il n'a pas voulu vendre, même pas donner un prix. Maintenant faut que je les ramène sans les casser. Je vais devoir acheter une valise pour les ramener.

Ps : à paris je vous enverrai une photo. Si ca vous plaît pas, c'est pas un problème

Ah oui, le prix est de 70 euros.

8

Deuxième partie du voyage, direction la région de gran sabana pour faire l'ascension du tepuy Roraima.

Au Venezuela si tu as moins de 3h de retard sur ton vol, c'est que ton avion est à l'heure. On avait deux avions à prendre de chacun d'une durée 1h. On est arrivé à l'aéroport à 9h et en est sorti à 19h. Le lendemain on a environ 10h de bagnoles sans arrêt particulier. C'est juste un transfert.

Ca commence bien, on est sensé partir à 8h mais il y aura du retard car la voiture prévue est trop petite pour les bagages et nous donc ils en cherchent une autre. C'est vrai que pendant la nuit, le nombre des bagages s'est multiplié. Finalement on se retrouve avec une énorme bagnole et départ vers 9h. Entre temps on cherche dans toutes les pharmacies de l'anti-moustique mais introuvable. On va prendre cher. Au bout de 2h de bagnole, on traverse une petite ville ou il y a une queue d'une cinquantaine de voitures devant une station essence. On hésite à se mettre dans la queue. Si c'est le cas, jamais on arrivera à notre destination.

Dans cette région, il y a des chercheurs d'or et le gouvernement rationne l'essence pour pas qu’ils s’en servent dans des mines sauvages. Et c'est le bordel dans toute la région. Devant une autre station essence qui elle est fermée, 20 voitures attendent. Ca pue cette histoire. Miaou décide de continuer. A midi, on trouve un resto juste à côté d'une station essence fermée mais il y a une citerne qui devrait la ravitailler. Quand? Inch allah. Oula pardon faut pas dire inch allah. Miaou est un fervent chrétien mais il aime pas les catholiques qui sont, selon lui, toujours en train de quémander alors ne parlons pas des musulmans.

Donc on se met dans la file, derrière une vingtaine de voitures et on va déjeuner. Ici la viande est fraîche, la carcasse de la vache pendouille à 10m de toi. Déjeuné terminé, la station essence est toujours fermée. Miaou décide de ne pas attendre. Il faut aussi savoir qu'ils mettent la climatisation super forte dans la voiture et tu as une polaire tellement tu te pèles. Tu dis à miaou qu’il faut arrêter la clim pour économiser l'essence. Mais non, il veut pas car il va avoir trop chaud dans la voiture. No comment.

On traverse la petite ville de mineur, Clarita. Tu veux t'arrêter pour acheter des fruits sur un étal sur le bord de la route mais non, trop dangereux. Il commence à te saouler le miaou. Dès qu’il ne veut pas faire un truc il te dit que c'est dangereux. Une heure plus tard, bizarrement on arrête de rouler à 140 sur une route limitée à 90, on arrête la clim et on roule les fenêtres ouvertes. Ca pue la panne sèche. Et au milieu de nulle part, on tombe en panne d'essence. Qu'il se démerde. Déjà, il y a très peu de bagnoles qui passent et comme tout est dangereux, ils vont pas s'arrêter quand ils voient trois vénézuéliens au bord de la route. On envoi Kinnary avec eux, une présence féminine devrait rassurer les autres conducteurs.

Peu de succès. Les rares qui s'arrêtent ont aussi peu d'essence donc ils vont pas nous en vendre quelque soit le prix. Rappelez-vous, ici tu as 80 litres d'essence pour 1 euros. Miaou te raconte qu'ils ont dû acheter au marché noir 20 litres pour 59 centimes, la ruine.

Bon, ben on attend. Toi mort de rire. La totale serait qu'on se fasse dépouiller, tout est tellement dangereux ici... le seul truc, c'est qu'on est arrêté sur la route au milieu de la jungle et que les moustiques rappliquent. Ouais, tu fais une fixation sur les moustiques... le reste, pfff.

Coup de pot monstrueux, un 4*4 d'une autre agence de tourisme arrive et s'arrête. Miaou les connaît. Ils ont un groupe d'allemand et sont super organisés, ils ont des jerricans d'essence plein sur le toit de leur bagnole. Chapeau bas !!!! Avoir prévu de l'essence en plus dans une région qui est connue pour sa pénurie te dépasse! !! Mais comment ont-ils pu avoir cette anticipation incroyable d'amener de l'essence. Grosse négociation, c'est pas un problème d'argent, c'est de récupérer l'essence qu'ils vont nous filer. On récupère 20 litres qui doivent nous permettre d'atteindre notre destination de ce soir. Après c'est plus notre problème car demain on prend un autre 4*4, qui, inch allah, devrait avoir de l'essence. Alors pourquoi toi t'as pas d'essence, c'est simple selon miaou, on a pas le droit d'avoir de jerricans d'essence dans la voiture. Uniquement sur le toit. Alors la question simple, pourquoi ne pas avoir une voiture qui le permet. Ne posez pas la question, la réponse est dans le titre de cet émail. On roule à toute vitesse car le chauffeur veut nous déposer rapidement car il veut ensuite faire la queue pour trouver de l'essence pour rentrer. Bonne chance.

Côté paysage, on est dans le parc de Cainaima avec de la savane partout. On est passé directement de la jungle à la savane.

Je pense qu'à partir de demain je n'aurais plus d'internet pendant minimum 1 semaine alors je vous donne le programme juste de demain car je vois pas comment c'est possible même avec une organisation qui serait optimale. On va encore rigoler. On doit faire 3h de bagnole puis 45 minutes de pirogue puis 1h30 de marche pour rejoindre les chutes d'Aponwao. On déjeune sur place puis remarche d 1h30, re-pirogue et enfin 5h de bagnoles. Et en plus il faut arriver pas trop tard car il faut tout préparer pour les cinq jours d'ascension qui débutent le lendemain. Mais même pas en rêve, ca va se passer comme prévu. Pour l'instant c’est jamais arrivé sur des trucs assez simples.

Ah oui, pendant les moments d'attente, on est passé du jeu de domino au Uno. Ca vous donne une idée du niveau. Qui a parlé de régression?

Ricardo Jaime Bonde

Tepuy 
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Hola tchamo,

C'est comme ça qu'on interpelle qqun dans ce pays.

Imaginez une grande plaine vallonnée herbeuse à perte de vue et au milieu des plateaux avec des parois verticales de 1500 à 2000 m de haut. Ce sont les fameux tepuy vénézuéliens. La plupart sont accessibles uniquement en hélicoptère, le plus connu grâce au livre de Conan Doyle 'le monde perdu' (le début est un peu chiant mais va vous donnera une idée) s'appelle le Roraima. On a prévu 5 jours aller-retour pour y monter. Sur la route, on s'arrête et on croise un groupe de français qui en revient. Tu les vois sortir de leur bagnole, on dirait des zombies. Ils ont les jambes couvertes entièrement de gros boutons rouges. En comparaison tes piqûres de tiques c'est de la rigolade. Ouais, où on va, c'est le terrain de chasse de puri-puri, des mini mouches extrêmement agressives. Apparemment ils ont pris cher. Ils ont pris de la flotte et en plus certains ont choppé la tourista. Ils vont s'en rappeler du Roraima. Ca promet. Surtout qu'on est court anti-moustiques (toi t'en a plus).

Ici on est chez les indiens Pemons. Ton top gun de guide dit que tout est super organisé par une pointure de chez pointure. C'est clair, on en doute pas. Il y a un autre groupe de 45 vénézuéliens qui partent le même jour que nous, et pas des pros de la montagne. S'ils le font c'est que c'est vraiment une balade. Donc pour être sûr qu'on a une bonne place au prochain camp à la Tek river, ils font partir un porteur à 3h du matin avec nos tentes pour arriver en premier et les installer aux endroits stratégiques. Top! On a confiance!

J1 : Départ à 8h, 30 minutes en avance, première fois depuis le début, on en revient pas, il va se passer un quelque chose. Comme miaou se traîne, il nous indique le chemin pour qu'on y aille à notre rythme. Résultat on arrive au camp à 11h. La journée est finie. Putain on avait demandé à faire des longues journées de marche, et on va se traîner 3h par jour.

Au fait, bizarre il y aucune tente mais il y a un autre guide de notre agence. Le mec est venu avec un groupe sans prévenir qu'il avait un problème au genou. Résultat au bout d'une journée, il peut plus marcher. Son groupe est parti sans lui avec le guide pemon et les porteurs. Il nous dit qu'on peut aller à la rivière car à cette heure il y a pas bestioles. Mouais, on s'est approché et on a fait demi-tour. Que des pointures, je vous ai dit. Miaou est arrivé 30 minutes plus tard le porteur avec les tentes 1h après. Si vraiment le mec est parti à 3h du matin, il a du faire des pauses... Après-midi à buller et à se battre avec les puri-puri. Il fait chaud, t'es en pantalon long, chemise manches longues, chaussures et sac plastique autour des chevilles pour éviter de te faire piquer à travers les chaussettes. On se fout de ta gueule mais au moins t'es couvert.

Roraima 

J2 : On est réveillé à 5h30 par les autres groupes. On doit libérer nos tentes à 7h pour qu'un mec puisse, comme la veille, les monter au prochain camp. Ouais, bien sûr! ! On doit traverser une rivière et il faut attendre le guide car lui seul connaît l'endroit le moins dangereux. Et le voilà qu'il traverse sans nous attendre (il a deux bâtons de marche pour s'aider, les autres ont en un chacun et toi t'en a pas car tu leur as filé les tiens). Il y a 20m à traverser et un putain de courant. Le guide se fait même aider par un local pour finir la traversée. Toi tu peux pas marcher sur les rochers car t'as rien pour résister au courant donc tu descends entre les rochers et tu sers de tes mains pour pas te faire embarquer par le courant. Les autres se sont arrêtés, ils vont pas y aller. Tu finis de traverser alors que le guide a tranquillement posé son sac et est revenu sur un rocher pour indiquer aux autres, à distance bien sûr, ce qu'il faut faire. De l'autre côté c'est clair qu'ils passeront jamais tout seul et le guide bougera pas. Donc tu poses ton sac et tu y retournes. Et dire qu'au début du voyage la règle était chacun pour soit. 20 minutes pour faire 20m et à la fin tu te fais engueuler par le guide car tu les as pas fait passer par le bon endroit. Tu lui dis que lui il est resté sur son rocher au lieu de venir aider. Mais pas du tout, si tu y étais pas allé, il y serait allé bien sûr. On verra au retour.

vers le Roraima 

2h de marche pour se taper 800m de dénivelé et atteindre le camp de base. Les tentes n'y sont pas, bien sûr. Il est 10h30, la journée va être longue surtout qu'il y aucun endroit pour se balader. Le guide arrive une heure plus tard et les porteurs 2h encore plus tard avec les tentes. Le guide nous avait promis que sur le Roraima, ça allé être la fête au niveau de la bouffe, on va dire que c'est bon mais frugal. Bon ben on se fait un peu chier du coup on apprend le Uno à un des porteurs. On s'occupe comme on peut.

Comme il y a beaucoup de brouillard en haut des tepuy, de grandes chutes se forment temporairement. Les rares moments où il y a pas de brouillard, c'est très joli. Pour l'instant on a du soleil alors qu'on aurait du prendre de la flotte. Le groupe de 45 vénézuéliens arrivent vers 16h, harassé. C'est vrai qu'ils portent tout, eux. Dîner à 19h, coucher à 20h, c'est la fête!

J3 : Nuit difficile, il a plu et tes voisins de tente ont discuté de minuit à 1h. Manquerait plus que l'appel du muezzin à 5h du matin. On a que 2,5 km à faire mais très pentu et miaou veut que tu l'attendent à un endroit soit disant dangereux. Ca commence par un chemin très pentu sur du kaolin, ensuite tu marches dans le lit d'un ruisseau. Arrivé au soit disant endroit dangereux, on doit passer sous une cascade et il faut juste rester près de la paroi. On attend miaou 30 minute non pas parce qu'il est lent mais parce qu'il discute sans arrêt avec ceux qui redescendent. Il est incapable de rester 5 minutes sans parler, on en peut plus. En attendant qu'il arrive on a vu au moins 40 personnes descendre et il y a aucune difficulté. Il arrive, nous dit de bien rester près de la paroi et on peut y aller. Putain, 30 minutes plus tard on est sur le plateau. On a mis 2h au lieu des soit disant 4h.

Maintenant faut trouver un hôtel pour s'installer. Ouais, t'as pris un circuit luxe, ici les campements dans les rochers s'appellent des hôtels. Il y a une dizaine d'hôtels et tout le monde n'en aura pas. Les 45 vénézuéliens vont être dans la merde. On en trouve un, le Basilio. Bien sûr, un porteur aurait dû arriver avant pour réserver. Mais finalement comme on va super vite, c'est nous qui réservons. Alors le campement Basilio est assez étroit mais s'il pleut on devrait être protégé de la pluie.

Le Roraima est une sorte de plateau (dans sa longueur il fait près de 30 km de long) au milieu de la savane. Une grande partie de sa végétation est endémique, il y a encore des insectes qui n'ont pas été répertoriés. C'est très rocailleux et très noir, t'as parfois l'impression de marcher sur de la lave même si c'en est pas. On avait peur que le guide veuille rester au camp l'après-midi mais on va aller voir les hots spots du coin. D'abord un endroit plein de cristaux, y en a partout. Miaou a expliqué la raison de leur provenance mais t'étais en mode off. Il y a aussi les jacuzzis. Des piscines naturelles de roche orangée avec au fond des cristaux. Ca fait de très jolies couleurs quand il y a le soleil. Le problème est que le soleil joue avec nous et qu'il est rarement à l'endroit où on arrive.

On s'approche du bord du plateau. Il y a un éperon rocheux où tu peux aller. En dessous tu as 700m de vide. Malheureusement on n’y est pas au bon moment car on est dans les nuages. Gabriel veut y aller. Le guide lui montre le chemin. Faut pas se rater car à 1,5m du chemin tu fais du base jump. La roche est mouillée. Gabriel s'avance et glisse. Où il est tombé il y avait peu de risque mais quand même. Il revient vers nous, penaud. Ces jambes sont prises de tremblements. Toi avec ton vertige même pas en rêve surtout avec ce qui a failli lui arriver.

Dernier hot spot, le plus haut point du Roraima. De là tu sautes d'un rocher et en photo tu as l'impression de sauter dans le vide. On s'amuse comme on peut...

Retour à l'hôtel, on voit les vénézuéliens arrivaient. Ils cherchent des endroits pour s'installer. Ils vont devoir s'installer dans une petite plaine. S'il pleut, ils vont en chier. Miaou est mort. Demain on est sensé aller au triple point. C'est l'intersection entre le Venezuela, le Guyana et le Brésil. En 3 pas tu passes dans 3 pays. Il y a 7-8h de marche aller-retour. Miaou nous dit qu'il n'ira pas. C'est notre chef porteur, Alexander, qui viendra. Ca rigole plus, le mec a 23 ans, et c'est le champion de la course des 100km en montagne ici. A ce propos, un petit mot sur nos porteurs. Ils sont 4. Ils portent des longs et étroits paniers dans leur dos pour porter nos sacs, tentes, bouffe, bonbonne de gaz et même chaises pliantes... T'as essayé de porter leur panier. Au bout de 2m sur du plat, t'as les épaules cisaillées par leurs lanières en osier. Ils portent ça pendant des heures en montée et en plus à l'arrivée ils doivent monter les tentes et préparer les repas. Grand respect!!!

Dîner à 19h. Miaou n'arrête pas de parler et surtout il parle très fort. T'as sorti le saucisson (merci Guy) et on a une bouteille de vin rouge chilien pas mauvais. Miaou se tait uniquement au moment où il se couche, 30 secondes après il ronfle. Que veux tu faire...

J4 : Nuit difficile. Il a plu toute la nuit. L'eau tombait en cascade sur un rocher à côté de ta tente. T'avais l'impression qu'un mec avait passé la nuit à pisser à côté de ta tente. Rajoutes à ça le ronflement de miaou et t'as l'image d'une belle nuit. Lever à 6h. On est dans les nuages, il pleut, il fait froid. Kinnary a choppé la tourista. Elle a été malade toute la nuit. Le guide en profite pour dire que c'est peut-être parce qu'elle a marché trop vite dans la montée. T'as raison mon gars, elle court du 100km alors ta balade de charlot. Bon ben y a plus qu'à attendre. T'es dans ta tente avec la musique pour ne pas entendre miaou bavasser.

7h, il y a des petits oiseaux, miaou en déduit que le temps va bientôt se dégager.

9h le temps est toujours aussi pourri. Trop fort ce guide. Il te propose néanmoins d'y aller. Il s'en fout lui, c'est Alexander qui ira. Kinnary est HS, vu le temps, Gabriel n'est pas motivé donc t'y vas seul. En théorie c'est 8h aller-retour, miaou pense qu'on le fera en 7h alors on part avec des lampes au cas où et de la bouffe. Alexander est en croc chaussettes, soit disant c'est le mieux pour marcher sous la pluie. Le mec est parti comme une fusée, toi t'essayes désespérément de le suivre, au bout de 100m t'es essoufflé. En plus, il a vu qu'un autre groupe y aller aussi et il a voulu les taper rapidement. Ben ouais, c'est le champion de la région, il a une réputation à tenir et toi t'en baves. Les mecs ont vu passer une fusée et un baltringue qui essayait désespérément de rester dans son sillage.

Temps de m.... 

Comme il a énormément plut, il y a des mares partout. Au début t'essayes de les éviter mais à un moment t'as 20 cm de flotte et même de l’eau jusqu'en haut des cuisses. Le chemin se transforme parfois en cascade. A partir de ce moment, vu que tu as 1 litre de flotte dans chaque pompe, tu vas tout droit. Alors le paysage? Difficile à décrire vu que t'es concentré sur où tu poses tes pieds pour pas te vautrer. C'est pas compliqué, tu mets un pied à côté du chemin t'es sur le cul. On est passé par la vallée des cristaux. En fait c'est un petit canyon avec des cristaux blancs et transparents partout. Ça doit être très joli avec du soleil...

Vallée des cristaux 

On est arrivé au triple point en 2h15. 30 minutes de légère éclairci (je n’ai pas dit soleil) le temps de grignoter qqchose et on est reparti. 30 minutes plus tard on croisait l'autre groupe qui était en train d'arriver. Leurs deux porteurs étaient frigorifiés, ils avaient juste un t-shirt et un sac poubelle pour se protéger du froid et de la pluie. Vu leur vitesse ils ont du rentrer à la nuit. On a été sympa, on leur a dit d'éviter le chemin par lequel on était venu pour ne pas se retrouver dans 1m de flotte. Retour en 2h10, complètement mort (toi, pas lui). Quand il croisait d'autres porteurs, il leur disait le temps qu'il avait mis. C'est pas tous les jours qu'il peut y aller avec des touristiques à ce rythme. Toi, t'es allé directement faire une sieste. Lui il est parti chercher 20 litres d'eau et commencer à préparer le dîner. No comment.

Triple point 

J5 : C'est le jour de la descente, le temps est pourri. C'est au tour de Gabriel d'être malade, il a vomi toute la nuit. Tu laisses les autres redescendre avec le guide. Tu pars 2h plus tard avec les porteurs histoire de ne pas avoir à les attendre trop longtemps en bas. Il y a du brouillard partout, un groupe est totalement perdu et ne trouve pas le chemin de la descente. Sans le porteur qui connaît le chemin impossible de savoir comment redescendre.

Apparemment le guide s'est vautré trois fois dans la descente. Vu la flotte qui est tombée impossible de traverser la rivière à pied. Ils nous font passer un par un allongé dans un canoë. Miaou n'aura pas à nous aider, dommage. Fin d'après-midi, tu fais décoller ton drone histoire de faire un petit film. Gros coup de vent, il est emporté au loin, très loin. 1/2h de recherche dans l'herbe avec 3 des porteurs. Bon, ben en dehors de la soirée photos de 4h, vous échappez à la séance cinéma.

Petites natures...

J6 : Lever à 5h car on a 3h de marche pour récupérer la bagnole et ensuite on va se la péter avec notre avion privatisé. Kinnary est à nouveau malade.

Ahlala ces touristes petite nature...

A ton arrivé, le chauffeur de la bagnole qui doit nous emmener à l'aéroport te propose une bière fraiche. Euh il est 9h du matin... 2 minutes après être de retour au bureau des guides, tout le monde savait le temps qu'on avait mis pour aller au triple point. Une légende le ricardo. Tu reviens l'année prochaine, il y aura une plaque en bronze avec le temps de la dream tea

Prochaine étape les chutes de Salto Angel mais auparavant il faut prendre un petit avion.

Speedy ricardo

I belivee I can fly 
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Salut,

Vous allez recevoir plein de mails vu que j'étais dans la pampa pendant 10 jours. On doit aller dans un bled perdu Kavac. Seul moyen, l'avion mais pas un Airbus. La piste atterrissage est de la terre battue, ça vous donne une idée. On a privatisé un Cessna de 5 places pour aller de Santa Helena à ce fameux Kavac. Environ 1h30 de vol. Gabriel est déjà malade dans les gros avions alors dans un coucou. Alors il prend pilules sur pilules pour se détendre. Kinnary aime guère plus l'avion et avec sa tourista ça va pas être simple, elle se shoote aussi. Quand Gabriel voit l'avion il reprend une pilule.

Va savoir le niveau de maintenance de ces avions dans cette région. Miaou a dit que le vol allait être "smooth". Il s'est planté à chacune de ses prédictions, ça promet. Le ciel est quand même bien couvert. Dernier tour aux toilettes pour les deux avant le départ et c'est parti. Miaou est assis à côté du pilote, Gabriel derrière à côté de toi et enfin, car c'est la plus légère, Kinnary encore derrière.

Décollage et pendant les 5 premières minutes de vol, Gabriel ne desserre pas les dents. Pour l'instant c'est calme, on monte progressivement à 8000 pieds. En dessous, de la jungle et quelques tepuys au loin. Gabriel se détend un peu, il fait même des photos. Kinnary mitraille aussi derrière. Pas de trous d'air, le vol est smooth. Le pilote est le seul à avoir un casque pour les oreilles donc on entend bien le moteur à hélices. S'il s'arrête, on sera au courant.

Le ciel devient de plus en plus couvert. On commence à traverser quelques nuages pendant quelques secondes. De très légères secousses. Puis les nuages sont de plus en plus gros et de plus en plus gris. On y voit plus rien, il pleut. Gabriel a rangé son appareil photos et a fermé les yeux. Apparemment pour Kinnary ca va pas mieux. C'est vrai que 20 minutes dans un coucou sans aucune visibilité, ça peut donner quelques sensations, un petit côté oppressant. Mais bon, le pilote tient son palonnier d'une main, c'est que tout doit bien se passer. On aura passé plus de la moitié du temps de trajet dans les nuages, la chance comme d'hab.

On est sensé survoler la chute de salto Angel avant d'atterrir. Mais l'espace entre le haut du plateau d'où tombe la chute et le plafond nuageux est assez faible et le pilote décide de ne pas y aller (est-ce que c'est vrai où parce que le guide lui a dit que si on risquait d'être secoué, il valait mieux éviter vu l'état des passagers. En tout cas dans le cul lulu). Ca fait 10 minutes que Gabriel a pas desserré les dents et ça s'améliore pas quand le pilote fait virer l'avion pour se mettre dans l'axe de la piste en terre.

A peine sortie de l'avion, Kinnary vomit et Gabriel est à genoux, une prière peut être? Il a très au crâne et n'entend plus rien. Ils ont passé l'après-midi couchés pour récupérer. Toi, t'as essayé de te balader un peu mais dans la journée c'est blindé de puri-puri et le soir de moustiques très agressifs. T'es obligé de marcher avec des sacs plastiques autour des pieds pour pas te faire piquer à travers les chaussettes.

Un truc bizarre, pour l'instant t'as pas eu la moindre merde. C'est inquiétant.

Dessin fait par Anna pour une petite fille Pémon 

Ricardo Airlines sur liste noire.

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Yo,

En fait Kavac, c'est une piste d'atterrissage en terre battue, une guesthouse avec une petite dizaine de bungalows et une route en terre pour rejoindre un bled nommé Kamarata où on va prendre une pirogue pour naviguer deux jours pour rejoindre la chute de salto Angel. Dans toute la région il n'y a que deux bagnoles. Gabriel va très mal. Il parle pas et a très mal à l'oreille.

Le matin, avec Kinnary et un guide Pemon on va se baigner dans un canyon au pied d’une chute.

On s'arrête à l'hôpital de Kamarata. Il doit y avoir 1000 habitants mais il y a un hôpital. Tu t'attends à voir un vieux médecin mais que neni, une jeune infirmière et une jeune doctoresse se pointent. Du coup tu te sens malade aussi. Au Venezuela, une fois ses études terminées, le médecin doit travailler plusieurs mois dans un bled perdu avant de pouvoir exercer. Diagnostic : Gabriel a la membrane de l'oreille gauche déchirée. En principe il peut plus prendre l'avion. Il va en chier car on en a encore trois à prendre. Il a même droit une piqûre mais la doctoresse a la main lourde car il a du mal à s'asseoir ensuite.

Il a pris cher, d'abord plus de 300 piqûres de moustiques et de tiques en Amazonie, puis un gros rhume avant de démarrer l'ascension du Roraima, il a vomi la veille de la journée de marche la plus difficile et maintenant l'oreille. Pas prêt de revenir avec toi le Gabriel, surtout que toi, à part ta centaine de piqûres de bestioles, ca va plutôt pas mal.

On a deux jours de descente en pirogue à moteur sur la rivière Akanan. Le problème avec cette pirogue est qu'on a pas de toit et que dès qu'il pleut, on déguste. Notre dernière destination, Salto Angel, la plus haute chute du monde, qui fait presque 1 km de haut. Pour y arriver on s'est tapé 1.5 jours de pirogue juste pour l'aller. Sur le bord du fleuve des campements sauvages d'orpailleurs, ca doit pas être facile mais en ville ce sont les seuls à avoir du pognon. Il tombe des cordes, en 4h le niveau de la rivière est monté de plusieurs mètres. En attendant, Uno et domino.

Il fait tellement humide que nos fringues puent le rat crevé. C'est insupportable. On renifle les affaires des autres pour les mettre très loin des hamacs car forcément c'est l'autre qui pue. Ca va être compliqué sur le vol de retour sur Paris. J'écris cette partie de cet mail de mon hamac en essayant d'oublier les effluves qui m'entourent. Le guide s'est installé dans un autre campement sous prétexte qu'il ronfle en fait c'est plutôt à cause de nos odeurs.

1h de marche pour rejoindre le point de vue sur la chute. Coup de pot, c'est dégagé. On s'est mis sur un rocher, les vénézuéliens se sont installés sur un autre. L'odeur peut être? Comme on a rien faire de la journée, on reste 2h à regarder la chute et se faire bouffer par des moustiques. Retour au camp où nous attend un repas frugal. On crève la dalle. Il est 13h on a rien à faire à part l'éternel Uno ou domino.

Salto Angel, plus haute chute du monde 

Ah si, l'attraction de l'après-midi : un mec a débarqué près de l'endroit où est installé notre guide. Le mec a l'air énervé, il a un couteau, il frappe dans un tronc d'arbre, dans des feuilles, il part, revient à nouveau, frappe à nouveau et disparaît dans la jungle. Euh, ça va être sympa cette nuit. Comme on ne sait pas où il est passé, tu te rapproches de l’endroit où il a disparu avec le guide et deux indiens. Le guide tient un tuyau en plastique dur et toi t'as ramassé une pelle (petite référence au film Bernie). L'avantage de la pelle, c'est qu'une fois qu'il l'a prise en pleine gueule, il y a plus qu'à creuser un trou avec. Le dingo a disparu. On le revoit ensuite sur la berge. Il plonge dans la rivière et disparaît. T'as gardé la pelle près de ton hamac pour la nuit, au cas où... De l'autre côté de la rive, il y a un autre campement. Apparemment cette nuit vers 2h, ils étaient tous avec leur lampe torche. Est ce qu'il s'est passé qqchose avec l'autre barjot?

Le voyage arrive à sa fin, on a passé la demi-journée à descendre le fleuve pour rejoindre la petite ville de Canaima, histoire de passer sous la chute salto Sapo. Un truc de fou, tu te dis, ils vont te faire passer sous dix mètres de chute avec quelques gouttes d'eau. En largeur, la chute fait plus de 120m. Tu la traverses entièrement. Par moment il y a tellement de flotte que tu vois rien. T'as une corde pour te tenir mais le sol est glissant. Le père Gabriel avait mis sa cape de pluie pour se protéger l'oreille. L'effet de souffle sous la chute lui a retourné la cape sur la tête. Il voulait pas lâcher la corde pour ne pas tomber et il était juste où tombait le plus de flotte. Impossible de bouger. C'est le guide qui s'est aperçu qu'il ne suivait plus et y est retourné. Il y avait tellement d'écume qu'il le voyait pas. Il a juste vu deux jambes toute blanche. Il le fait pas exprès mais tout lui tombe dessus.

Passage sous Salto Sapo 

Et demain on a 2 vols pour rejoindre Caracas. Il y a tellement d'annulation de vols qu'ils nous ont pris pour chacun 2 billets sur 2 vols différents pour être sûr qu'on puisse rejoindre Caracas samedi soir pour le vol de dimanche matin pour Paris.

Et dire qu'en ce moment certain se repose à Bali...entre deux massages.