J1 - Direction Nichinai
5h t'es réveillé. 5h30 prêt pour le petit déj ! Rien ne bouge dans la tente cuisine, pas la moindre lueur dans la tente. Le vietnamien est en train de fumer devant sa tente en laissant tranquillement les mégots au sol. De toute façon, à 50m du camp, il y a des déchets partout, une poubelle à ciel ouvert.
Tiens, un gars sort de la tente cuisine et nous apporte du thé. On a plus qu'à attendre. Seule occupation, regarder le vietnamien avoir peur du cheval qui s'approche pour sentir sa tasse de thé. Même les chevaux sont en piteux états.
6h, les clients des autres groupes commencent à sortir tranquille de leurs tentes.
6h15 toujours le même gars revient avec une assiette avec quatre pov toasts soit cramés soit humides et un pot de confiture. C'est sûr qu'il ne faut surtout pas comparer avec la cuisine de Wangtak lors du dernier trek dans le Zanskar.
On est toujours debout. Un mec qui ressemble pas au guide débarque d'on ne sait où pour te dire que tu peux t'asseoir au milieu du merdier de la tente cuisine pour déjeuner Le prénom du guide ? Perlimpinpin ou bidule ou téquitoi ou... le gars s'est jamais présenté.
Voyons le côté positif, le soleil est en train de se pointer et le muletier a apporté des grains pour les bourrins.
Le couple d'indiens doit nous rejoindre mais va savoir à quelle heure...
7h, tu bulles dans ta tente.
7h30, tu vas voir ce qui se passe dans la tente cuisine. Ils bouffent tranquillement.
Les coréens ? T'as l'impression que le gars a fait venir sa photographe personnelle. Il lui montre comment le filmer et se met à marcher très rapidement. On va voir s'il a le même rythme quand on va vraiment marcher.
Finalement, le pseudo guide se pointe et donne le départ.
Aujourd'hui, on marche jusqu'à Nichmai à 11 km avec 800m de D+. Le programme dit 6h de marche...euh? Lydie serait là, elle le plierait en 2h30...
On n'a pas fait 200 mètres que les vietnamiens sont déjà dans le dur. Ils ont réservés des chevaux de monte mais va savoir où il sont... Certainement avec les poulets et les poissons en train de jouer à la belote.
Ils réclament les chevaux. Le mec est surpris. Ça part mal. Il répond ok mais tu sens bien que c'est un ok pour ne pas être enmerdé. Les vietnamiens un peu trop naïfs, tu leurs fais comprendre qu'il devrait insister un poil. Le gars leur montre un point plus haut, c'est le checkpoint militaire. On vérifie nos permis et ils nous prennent en photo. Les chevaux ? Ils sont pas là car leur contrat ne leur permet pas d'être pris en photo. Les vietnamiens le relancent pour les chevaux. Le gars leur dit ok et montre quelques cahutes plus haut. Ouais, bien sûr.
On croise un muletier avec un bourrin, le guide lui parle. On sait jamais sur un malentendu s'il peut en avoir un... Que dalle. Finalement, il donne un coup de fil. Arrivé aux cahutes, il dit qu'il va falloir attendre. Les chevaux ont été commandés, ils sont en cours de fabrication et vont être livrés par un drone Amazon.
Le vietnamien se pause sans cesse. En montée, il marche très vite vingt mètres puis fait une pause essoufflé. S'il n'a pas les bourrins, jamais il montera.
Il y a un gros groupe d'une vingtaine d'indiens sur le chemin. Plutôt que d'attendre d'éventuels bourrins, tu pars avec eux. Le guide ? Il reste avec les vietnamiens. Les indiens marchent en mode lent fractionné. C'est à dire qu'il marche très lentement en faisant des arrêts tous les 200 mètres. T'es parti en solo.
Côté paysage, c'est très sympa, mélange de roches et de sapins. En plus, même si le chemin monte, il est facile et le terrain est meuble pour l'instant. Tu t'es arrêté trente minutes, personne n'arrive.
Arrivé une partie caillasse sur le flanc d'une montagne en longeant le torrent Nichinai.
Comme c'est un chemin très fréquenté par les touristes, t'as parfois des tentes (appelée dabha) qui vendent quelques biscuits et boissons.
La végétation a changé rapidement. Fini les arbres, t'es maintenant dans un environnement plus minéral même s'il y a du gazon partout.
Tu sais pas trop où le camp sera monté car les emplacements possibles sont étalés sur plus de 800m sans forcément se voir. Comment reconnaître un emplacement ? Des déchets pas loin. Faut reconnaître que le chemin n'est pas trop dégueulasse par contre autour des camps...
T'es monté au plus haut, tu reconnais pas ton matos, t'as plus qu'à redescendre en espérant croiser lles muletiers (mais tu sais pas à quoi ils ressemblent) ou les vietnamiens. T'es redescendu jusqu'en bas de la zone de camping quand tu reconnais ton sac sur un cheval. Vu ta tronche de seul occidental, les muletiers te reconnaissent. L'un d'eux baragouine l'anglais et te dit que les autres sont plus bas en train de déjeuner. Ouais, il est 13h. Tu peux rien leur reprocher, t'es pas rester groupir. Tu remontes avec eux et il te filera à bouffer au camp. Et bien, t'es bon pour tout remonter. L'avantage, on a le camp le plus haut à 3620m donc la rivière ne devrait pas trimballer des saloperies des autres groupes.
Le dej ? Une assiette de riz avec des morceaux de carottes crus piquantes.
Les mecs montent les tentes et installent les 'matelas'. T'es le seul à avoir une couverture supplémentaire...
La vietnamienne arrive sur son cheval. Son cheval traverse la rivière à un endroit où le muletier va se tremper les pompes. Du coup, il lâche la bride et voilà le bourrin qui part tranquillement dans la mauvaise direction sans que la vietnamienne en soit consciente.
Elle est un peu étonnée. Elle a fait un stop à une tente pour voir un thé, elle a dû le payer à toute l'équipe qui était avec elle.
Dix minutes plus tard arrive le vietnamien. On dirait qu'il survol la rivière tellement il va vite. Il pourri la vietnamienne comme pas possible et part dans sa tente. La vietnamienne, sur le cul, va s'expliquer. Le pseudo guide arrive et aussi le couple d'indiens ainsi que le cuistot (guide??) que t'avais vu la veille. Le couple d'indiens t'ignore. Des descendants de coréens, forcément !
Ça gueule sec dans la tente des vietnamiens. Le vietnamien sort de la tente et pourri le guide plusieurs fois. Ca va être top ce circuit ! Puis il part bouder près de la rivière.
14h, les nuages se sont pointés, on se pèle, tout le monde est dans sa tente sauf le boudeur.
Si un scénariste de feuilletons débiles est en manque d'inspiration, il devrait venir ici !
Ça te démange d'aller les voir pour leur dire que plus bas, il y a une grosse plaque de neige où il pourrait mettre au frais le poisson qu'ils devraient avoir demain. Ouais, c'est taquin..
Alors côté lacs, t'es sûr LE trek des lacs ! Sur ton appli, t'as un chemin qui monte au lac Nichinai. C'est 1,5 km pour 500m de D+. Tu vois pas de chemin et t'es face à un mur. Bon, est ce qu'il comptait dans les sept, celui là ? Le prochain peut être ?
La vietnamienne t'a expliqué la raison du craquage. Faut savoir que le gars a 33 ans et donc pas un jeune ado immature. Quand elle a eu le cheval, forcément elle est allée plus vite. A un moment, il l'a perdu de vue et a eu peur. Pas pour elle, pour lui, se retrouver seul sur le chemin, le pov. Le guide s'est fait engueulé car il ne marchait pas avec lui. Sans compter les muletiers, les bergers, on doit bien être 200 sur le chemin qui, en plus, est impossible à rater. Une heure après son arrivée, des gens arrivent encore. Alors, le pov petit qui pique sa crise car il est abandonné...
En tout cas, t'as bien fait de t'installer assez loin car s'il repique une crise dans la soirée...
20 minutes plus tard, il est dans la tente fermée et la vietnamienne est assise dehors devant la tente cuisine où, incroyable, cuisent des poulets! Tout s'arrange !
Au fur et à mesure, d'autres groupes arrivent. Heureusement il n'y aucune possibilité de s'installer à côté de notre camp. On devrait être au calme. Faut reconnaître qu'ils ont choisi un très bon emplacement. Le seul 'dérangement', des méchouis sur pattes qui passent de temps en temps... T'as proposé à la vietnamienne d'acheter un mouton et de le faire cuire.
Pour t'occuper, t'es parti sur une petite colline, histoire de voir tous les camps. T'as bien une trentaine de camps et des mules arrivent encore.
Au retour les vietnamiens discutent avec les indiens. Ouais, le pov petit vietnamien a fini sa crise. A quand la prochaine ?
L'indien te demande où t'es allé ? Tu lui réponds peut-être d'abord bonjour....Voilà c'est fait, maintenant on communique normalement, cool !
La vietnamienne voulait faire une petite balade mais impossible d'y aller sans le boulet sinon c'est crise à nouveau. Il a coupé des brins d'herbes pour en faire un bouquet et ça fait 40 minutes qu'elle le photographie sous tous les angles. En fait, c'est sa chose.
Le dîner ? Du riz (le plus mauvais mangé en deux mois), quelques légumes et waouh du poulet ! Du coup, tout le monde en a eu.
Briefing pour le lendemain ? Réveil 5h30, petit dej 6h, départ 6h30. Euh...si c'est comme hier où on est parti deux heures plus tard, va falloir expliquer. Hier, le checkpoint militaire était ouvert à partir de 8h. Demain pas de militaires. Ah, donc c'est donc la première fois qu'il faisait ce trek.
Et demain on déjeunera au camp. Ouais, donc ça va pas être très long cette histoire
En sortant de la tente, le vietnamien, sans en parler avant à personne, dit au cuistot que demain soir le dîner est à 18h pour qu'il puisse après faire des photos. Mon gars, c'est pas gagné pour toi