42 étapes
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on verra...
Du 4 juillet au 1er septembre 2024
60 jours
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Avertissement au lecteur

Toutes les médisances et autres 'vacheries' dans ce blog sont à prendre au second degré. Si vous préférez des blogs où tout est beau et gentil, arrêtez vous à cette ligne et passez au blog du voisin. Ouais, t'es obligé de le préciser à chaque fois sinon tu te prends des commentaires de pimpims moralisateurs à dix balles.

Les fautes d'orthographe et de grammaire ? Elles sont volontaires.....euh.... plus ou moins. S'il y a des mots inconnus, ne les cherchez pas sur Google, c'est juste de la créativité à l'état pur... De même, la pauvreté du style des textes et certains mots grossiers font partie intégrante du 'Ricardo style'....

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Hello,

l'année dernière, à la même époque, t'avais trainé tes guêtres en Himalaya coté pakistanais. Paysages fabuleux, gens super accueillants. Cette année, toujours la région de l'Himalaya mais côté indien. Va comprendre, t'es moins attiré par le coté indien que le coté pakistanais. Le point d'entrée de tous les treks dans cette région est la ville de Leh à 3500m d'altitude. En principe, on te conseille de passer trois jours dans la région pour t'acclimater.

T'as contacté plusieurs agences locales pour te joindre à un groupe pour faire la traversée du Zanzar mais que dal. T'as l'impression que beaucoup de personnes viennent en petit groupe et privatisent le circuit. T'as juste trouvé un groupe qui va traverser la vallée de la Markha et taper le Kang Yatse.

Kang Yatse (6200m) - Rejoindre Groupe - Ju-Leh Adventure

T'étais pas motivé pour aller taper du sommet mais c'est le seul circuit qui partait rapidement sinon tu devais poireauter une semaine. Au pire tu feras l'impasse sur l'ascension (même si au fond de toi, ça te ferait bien chier de faire un nogo).

Au Pakistan, le trek du camp de base du K2 t'avait amené tranquillement à 5000m en quasi une semaine. Ca te laisse largement le temps de l'acclimatation. Ici, le troisième jour t'as déjà un col incontournable à 4900m. Ca risque de faire mal. Le circuit démarre deux jours après ton arrivée. Pas sûr que coté acclimatation, tu sois au point. Ouais, Ibuprofène et Diamox si nécessaire. Le descriptif précise que le circuit est végétarien. Ha?! c'est comme pour le dernier trek en Algérie??? Côté positif, on n'aura pas à se battre pour deux sardines Mouais, pas de protéine sur des grosses journées de rando, donc tu vas te ramener du saucisson... Oui, ici pas de problème avec le porc (en tout ça sans cette région de l'Inde).

T'as le droit à 13 kg pour le trek, ton sac en fait 20... Bon, tu vas devoir retirer les côtelettes et le rôti de porc du sac..

Côté transport, t'as un stop à Zurich puis une attente de minuit à 6h à new Delhi pour prendre le vol sur Leh. De porte à porte 24h de transport en bétaillère. Le meilleur moyen pour arriver en pleine forme à 7h du matin à 3500m d'altitude.

Ca fait un mois que tu regardes régulièrement la météo sur Leh. Grand soleil jusqu'à ce que tu arrives et pluie le premier jour du trek. Top !!

Ricardo, made in India

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Djulééé,

C'est le 'bonjour' (et aussi 'merci' en ladakhi en laissant traîner longtemps le 'é'.

Petite galère à la douane à l'aéroport, t'as pas imprimé ton evisa et il n'y a pas de wifi dans la zone d'arrivée. Impossible de montrer patte blanche. En pleurant un petit peu, on te donne accès à une borne wifi. Puis récupération du sac et direction des zones d'enregistrement..tu ne peux rentrer dans l'aéroport que si t'as un billet d'avion. Et à minuit, il y a du people.

Sur l'immense panneau indiquant les vols au départ de Delhi, ton vol pour Leh à 6h10 n'est pas indiqué. 1h du matin, tu te pointes au comptoir de la compagnie SpiceJet. Ils en savent rien et tu sens qu'ils ont en rien à foutre. Faut revenir entre 3h30 et 4h. T'as plus qu'à comaté. 3h45, tu repasses voir le panneau. Il y a des dizaines de vol mais pas le tien. Au comptoir d'enregistrement de la compagnie, une dizaine de gars en train de discuter avec des employés. L'hindi ? Tu le parles autant que le serbe... Ici, c'est la peine d'attendre poliment ton tour, tu te fais bouffer tout cru. Une employée daigne te dire qu'elle en sait rien et qu'en plus leur système informatique est en panne. Tu sens le plan pourri se pointer au grand galop. Les vols pour Leh sont uniquement le matin pour des raisons météos. Tu peux pas rater le vol d'aujourd'hui sinon ton acclimatation sera définitivement morte. Air India a un vol pour 6h40. Il coûte 70 balles. Le nombre de personnes qui discutent avec les employés de la compagnie augmente. Tu essayes de l'acheter en ligne mais ça merde. Seule solution, aller au comptoir d'air India pour l'acheter. Tu tombes sur une jeune qui a l'air au bout de sa vie et qui fait volontairement celle qui ne comprend pas alors qu'elle parle anglais. Tu lui montres sur ton téléphone le billet que tu veux. Tu lui aurais demandé de danser nue sur le comptoir, ça aurait été moins pire. Elle cherche une corde pour se pendre. Ben ouais, bosser dès 4h du matin c'est pas normal. 10 minutes plus tard, elle est toujours sur son ordinateur. Finalement t'arrives à acheter le billet avec ton téléphone et tu te barres, la laissant presque soulager. Maintenant faut juste aller au dépose bagage. Pareil, les gars qui bossent sont d'une mollesse et chaque indien vient au moins avec deux énormes valises. Puis c'est le passage au contrôle du sac. Le flic avec le détecteur de métaux a deux de tension. Toi, t'as dû mal à garder les yeux ouverts. Tu regardes le panneau indiquant les halls de départ des avions et tu vois affiché ton vol de SpiceJet pour la première fois. Mouais...

C'est pas terminé, ton vol air India est retardé à cause de la météo à Leh...

30 minutes plus tard, t'es enfin dans l'avion. T'espères qu'il y aura personne à côté de toi pour essayer de t'allonger un peu. Que dal, deux jeunes viennent s'installer avec des sacs embaumant la terrible odeur des hamburgers MacDo et derrière toi plein de gamins. T'as merdé grave, t'aurais dû prendre une place côté hublot car la vue semblait superbe.

On atterri enfin, tu vas pouvoir aller te coucher à ton hôtel. Que nenni, l'avion reste scotché sur la piste d'atterrissage, tous les emplacements de parking pour avion sont déjà pris. 20 minutes.

Quand ça veut pas....

Finalement t'es à ta guesthouse où il faut remplir encore une fiche. l'Inde semble être un pays où l'administratif prend de la place.

Leh, très belle surprise. La ville est dans une vallée entourée de sommets enneigés. A part la vallée et ces touches de vert, tout autour le paysage est uniquement minéral.

Au centre de Leh, une partie piétonne très sympa.

Des mamies viennent s'installer pour vendre leurs produits de la ferme. Tu trouves plusieurs marché tenus par des réfugiés tibétains. Malheureusement ils vendent tous la même chose. Des dizaines de boutiques alignées avec les mêmes produits.

Si tu veux ramener du tapis, du pashmina et toutes sortes de tissus, t'es au paradis. La partie piétonne en est blindée.

T'es à 3500m d'altitude donc tu marches lentement car le mal de crâne arrive super vite. Le palais surplombe la vieille ville en forme de labyrinthe.

Normalement, y monter est une formalité. Mais là, il faut marcher très très très lentement et bien respirer. L'intérieur a peu d'intérêt mais la vue sur la ville et la vallée est plutôt sympa.

Tu peux ensuite monter au château Tsamo qui est juste au dessus. Le chemin monte verticalement. On est trois à s'y aventurer à pieds alors qu'on peut y monter en bagnole. Le chemin est plein de débris plastiques.

Pour ceux qui se disent qu'ils vont se pointer comme une fleur et trouver un circuit qu'ils pourront rejoindre. Et bien c'est pas aussi simple. T'as fait le tour de 15 agences. Ils font quasiment que du privatif. Et tous te donnent des informations différentes sur les circuits. Certains ne vont pas dans la vallée du zanskar car il y a un problème avec les chevaux, d'autres te disent qu'il y a maintenant beaucoup de route le long du chemin. Pour l'instant c'est un peu l'échec.

19h, c'est l'heure d'aller dîner. Ouais, t'as réservé dans un epahd... T'as dû mal à garder les yeux ouverts, t'es explosé.

Le plein de poulet avant de passer en mode veg....

20h couché, 23h t'es réveillé avec un mal de crâne. Impossible de dormir avant 3h.

Histoire de t'acclimater, t'as décidé de remonter toute la vallée soit 7 bornes pour 300m de D+. Aujourd'hui le soleil est en congé et ne devrait revenir que dans deux jours. Même si tu marches sur une route il y a quasiment pas de bagnoles donc c'est plutôt cool.

Ils construisent des hôtels et guesthouses de partout mais ils font plutôt des bâtiments qui respectent l'architecture locale.

Plusieurs petits monuments bouddhistes comme les moulins à prières qui permettent d'agrémenter la marche.

A chaque fois que t'es pas concentré sur ta respiration, le mal de crâne revient.

A l'aller t'as repéré un grand bouddha

L'idée est de trouver un chemin qui mène sur une crête pour le rejoindre. Le Bouddha est en fin de construction. Un peintre s'occupe des décorations intérieures, un autre fabrique des statuettes et d'autres façonnent une énorme Jarre.

T'as le droit à un joyeux 'djullé' des rares habitants que tu croises.

Il est temps de redescendre sur Leh et de faire le plein de poulet avant ton trek végétarien. Premier resto, désolé, uniquement végétarien. Le deuxième pareil. Un gars t'explique que c'est pas la peine de chercher car aujourd'hui c'est un jour particulier donc pas de viande. Et bien c'est parti pour une soupe traditionnelle tibétaine et des momos. Très bon et pour 4 euros... T'es le seul étranger dans le resto, les autres ont des baguettes et toi avec ta tête de touriste de base, t'as directement le droit à une fourchette...

Côté bouffe, des amis qui vont en Inde chaque année t'ont prévenu. Il faut éviter de manger des trucs achetés dans la rue ou des petits boui-bouis pour ne pas être malade. Pas d'inquiétude, t'as ramené la tourista de France...

Côté organisation de trek, le prix des agences va du simple au double pour un même circuit. Beaucoup de d'anciens et longs circuits ne sont plus pratiqués car trop de routes. Et même certains endroits sont contournés car trop sales. C'est vrai que même pour monter au palais juste au dessus de la ville le chemin est plein d'ordures. S'il y a un truc à vraiment critiquer, c'est la saleté. Sauf dans la partie piétonne.

T'as merdé pour le repas. Il suffisait d'aller manger dans un resto musulman pour avoir du poulet....

Mosquée Jama
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Voici la carte du trek prévu ainsi que le dénivelé

J1 - Direction le village de Rumbak

Djulééé,

C'est mal parti pour ta pomme. T'as dormi 2h cette nuit, mal au crâne, une légère tourista made in France et en plus t'as le nez totalement pris. La totale. Oui, oui, tu commences d'entrée à faire ta pleureuse.

Finalement, on est 7, un couple belgo-neerlandais, un allemand avec son fils de 17 ans, un hongrois, un suisse français (ouf) et ta seigneurie.

Tous ont l'air en super forme, même le jeune est ultra sportif et boxeur. Le maillon faible, c'est clair, c'est le gus qui est en train d'écrire ce post.

Le premier stop est le monastère de Spituk. Le guide, Jit, nous montre le panneau explicatif sans un mot.

Ok. Il y a quelques marches pour monter au sommet du monastère. En loucedé, tu te tiens à la rambarde pour t'aider à monter. Ouais, elle mal engagée cette histoire. Tu tiens à peine debout. Partout dans la vallée des camps militaires. Dans cette région près de la chine et pas très loin du Pakistan, t'as plus de militaires que d'habitants.

Nous voilà repartis sur une piste pour retrouver l'équipe. On a une douzaine de chevaux et trois juments ont des poulains. Tu lances que t'es pas contre des spangheros (les fameuses lasagnes au cheval, pour ceux qui auraient oublié). La néerlandais a fait un bond. Le couple est végétarien. Va comprendre, généralement les végétariens sont pas sportifs, mais eux, même en pleine forme, t'es pas sûr d'arriver à les suivre. Auraient ils aussi du saucisson planqué dans leur sac?

Deux heures de marche pour 6,5 km et 550m de D+ sur une piste poussiéreuse le long de la rivière Rumbak. jit nous fait marcher très lentement, ça t'arrange grave. Le mal de crâne ne s'améliore pas. Il y a que toi qui est à la ramasse ?C'est l'anniversaire du Dalaï lama et sa bénédiction s'exprime par de la pluie.

Le Camp est dans un petit pré mais toutes les 30 minutes un gros camion passe. Ils sont en train de faire une route pour ouvrir la région aux touristes qui ne veulent pas marcher (les indiens)

On demande au guide si dans les villages, il parle avec les locaux en ladakhi ou en hindou. D'après vous? En fait, toute l'équipe est népalaise... mouais, pas top pour faire travailler les locaux

Premier dîner, un repas traditionnel népalais, du dhal bat.

J2 - direction le camp de base de Gondola

Pire nuit depuis que t'es arrivé en Inde. Tu as dormi de 5h à 6h du matin. T'as essayé toutes les positions du kamasutra, impossible de fermer l'oeil. Le rhume t'a complètement bloqué le nez, gros mal de crâne. Tu craches vert donc infection. Tu passes aux antibiotiques en espérant que ça ira mieux. Mais, putain, tu prends cher.

Aujourd'hui est encore une phase d'acclimatation. On doit monter au col de Stok à 4800m revenir à Rumbak et ensuite partir en direction du col de Gonda à 4960m d'altitude, notre objectif de demain. Tu vas avoir mal mais poker face, tu montres rien! Mais, il y a pas que toi qui est à plat. L'allemand Dieter a du mal à respirer.

Passage par le village de Rumbak puis on commence à remonter lentement la vallée.

Tu serais en bonne forme, ça passerait crème mais là, c'est peu plus compliqué.

Le Dieter est complètement à la ramasse et son fiston commence aussi à tirer la jambe.

Finalement, on s'arrête au camp de base du col. Jit a bien vu que c'était pas la peine de tenter le col. De toute façon, t'aurais un nogo sur ce col.

Il faut maintenant redescendre au village et repartir dans une autre vallée.Dieter est a la ramasse complet. Il marche sur une base d'une pause toutes les minutes. Même en descente, ça passe pas. Jit marche avec nous pour nous montrer le chemin, nous dit qu'il reste plus que 40 minutes de marche pour rejoindre le camp et retourne chercher Dieter. Le camp est sensé être à 4100m d'altitude mais 1h20 plus tard on est à quasiment 4300m quand on arrive enfin au camp de base. Pas une tente, pas un bourrin ! On aurait merdé ? Le fiston allemand la ramène beaucoup moins et c'est le suisse qui porte son sac à dos. Il est 17h. Va falloir prendre une décision. Redescendre au village ? Le belge décide de continuer pour voir s'il repère le camp plus haut. Il pète la forme, le bougre. C'est pas possible il doit se doper! Tout au fond de la vallée, tu peux voir quelques chevaux mais va savoir si ce sont les nôtres. Toi aussi, t'es à plat. Finalement on continue. Le belge a vu une tente au loin. Espérons que c'est notre camp. Tous les 50 mètres, tu fais une pause tellement t'es mort.

Alléluia, c'est notre camp. On aura mis 2h20 au lieu des 40 minutes. On est à 4500m d'altitude. Apparemment, au camp de base, il n'y avait pas d'eau pour la cuisine d'où le fait d'être monté plus haut.

Jamais le Dieter ne pourra le faire. Tu penses qu'il faudrait envoyer un des horseman avec un bourrin. Le suisse va négocier. Dieter arrivera sur le bourrin une heure plus tard. Mais ça va être compliqué pour lui car demain on doit passer le col de Gondola à 4980m.

côté dîner, ils ont sorti le grand jeu, des frites pour le goûter...puis une soupe, des momos, des légumes, des pâtes...

Djulééé (ça veut aussi dire aurevoir)

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J3 - Direction Skiu avec passage du col de Gondola

Première nuit où t'as enfin un peu dormi. Mais depuis 3h du matin, tu attends le thé. Oui, tous les matins à 6h30, on nous apporte une tasse de thé dans la tente, grand luxe. 6h, le camp est entouré par les chevaux. Va savoir à quelle heure les horsemen sont partis les récupérer.

Le Dieter va pas mieux, il pensait pouvoir louer un cheval pour passer le col mais les horseman n'ont en pas en stock. Et ils veulent pas lui faire passer le col puis redescendre au camp et remonter avec le bourrin chargé. Trop dur pour le cheval, apparemment. Du coup, Jit va monter avec Dieter et un des assistants va venir avec nous. Selon Jit on en a pour 3h. En principe c'est 2h mais il nous prend pour des charlots... Il y a juste un poil plus de deux km. On part très très lentement car le mal de crâne est toujours présent. Un paysan du coin nous double comme si on était à l'arrêt.

Des lapins, des marmottes, pas très farouches galopent comme s'ils étaient au niveau de la mer. En chopper pour ce soir ? Euh, déjà t'es déjà avec deux végétariens donc t'as arrêté de sortir des conneries sur la bouffe et puis vu l'altitude, t'auras fait un malaise avant d'avoir couru dix mètres.

Alors le Jit, c'est une brêle côté timing. On a mis 1h20 pour arriver au col à 4950m (en fonction du GPS) sans quasiment aucun stop.

Il nous reste 13 bornes de descente et 1300m de D- pour rejoindre le village de Skiu à l'entrée de la vallée de la Markha. L'assistant qui nous accompagne n'a jamais pris ce chemin donc pas la peine de lui demander quoique ce soit.

Le fiston a dû oublier la veille où il était sur les genoux car il trouve qu'on ne va pas assez vite dans la descente. Euh, au fait, le champion du monde, pourquoi tu t'asseois à chaque arrêt ?

En cours de descente, après le village de Shingo, une mamie tient une petite tea house sous une tente.

Comme notre pseudo guide ne sait pas où sera le camp et que les chevaux ne sont pas encore passés, le mieux est de buller ici. C'est l'occasion de te faire braquer par la mamie. Histoire de faire travailler la dame, tu lui achètes une minuscule tête d'animal en laine. T'as payé plus cher qu'un bon repas en ville et encore t'as négocié 20% de remise.

Finalement, on descendra cette vallée pour rejoindre la fameuse vallée de la Markha. Impossible, incroyable. De la vallée d'où on arrive il n'y a qu'un village avec 3-4 maisons et ils sont en train de construire une piste et d'installer des poteaux électriques. Fini les chemins, maintenant c'est de la piste poussiéreuse. Et bien sûr, dans la vallée de la Markha, c'est aussi une piste. Obligés d'attendre les chevaux pour trouver le campement.

Plus les jours passent, plus ils nous font à manger. Toujours une soupe pour l'hydratation puis du riz, ou des pâtes avec des légumes et toujours bien cuisinés

Même avec le fiston qui mange comme quatre, on fini rarement les plats.


J4 - Direction le village de Marha

T'as dormi dehors et étonnant c'est ta meilleure nuit. Il fait 7 degrés le matin mais ça va. En journée on tape les 32 degrés.

Le Dieter est arrivé la veille à 22h. Finalement avec l'aide de Jit, il est arrivé à monter au col en 5h puis ils sont redescendus de l'autre côté. Comme Dieter ne tenait plus debout, ils ont trouvé un cheval pour repasser le col en sens inverse et redescendre jusqu'au village du premier jour à Rumstak, puis trouvé une bagnole et finalement sont venus jusqu'au camp. Il a une tête déglingué le Dieter. Va comprendre pourquoi il a insisté pour passer le col vu l'état dans ll se traînait. Il s'en sort finalement pas si mal car les dégâts auraient pû être pires. Heureusement, il lâche l'affaire mais on garde le fiston. Comme il est mineur, t'as conseillé à Jit d'avoir un papier pour se protéger en cas de problème.

On a 21 bornes de marche avec 450m de D+ sur de la piste. Faut reconnaître que toutes ces montagnes minérales avec toutes ces nuances d'orange et d'ocre, sont superbes.

Mais ça fait vraiment chier de marcher sur de la piste. Surtout que t'avais pas l'info avant pour te préparer psychologiquement. Ouais, c'est très connu, t'es un cérébral...

Des tea houses de temps en temps et quelques groupes qui ne font que marcher dans la vallée. Le camp est à l'entré du village de Markha.

La vallée porte son nom car c'est le plus grand village. Compter une petite dizaine de maison. A peine arrivé au camp que Jit est parti dormir. Il a dû en baver la veille en passant deux fois le col avec Dieter et surtout le stress lié à sa responsabilité.

Plutôt que buller au camp, on est parti faire une descente en ville. Déjà, le pont est accueillant.

Devant le monastère tu vois une gamine sur son téléphone, incroyable il y a du wifi et c'est le moine qui nous fourni le mot de passe. Ce soir le cuistot s'est encore lâché, des patates, frites, plein de légumes, des pâtes. Le fiston, dit l'aspirateur, fini quasiment tous les plats. On est obligé de se servir au début car la notion de partage sur la bouffe est pas toujours évidente.Tu sens que tu commences à taper dans les muscles, les prochains jours tu vas certainement taper dans le saucisson.

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J5 - Direction Tachungtse

Nuit à la belle étoile. Grand ciel étoilé avec ses étoiles filantes. Un vœux ? Pff, ça n'a jamais marché ces conneries ! Ah oui, peut-être que ce salopard de cleps arrêtes d'aboyer toute la nuit. Dommage qu'ils en mangent pas ici.

La nuit a été fraîche, t'as eu du givre sur tes fringues ce matin. Il fait 5 degré au réveil.

Zoum-zoum (On est parti) pour 16 bornes et 660m de D+. 8h30 du matin il fait déjà 28 degrés. Quitte à marcher sur de la piste, t'es passé en mode sandale.

Le moine de la veille nous met un vent en chemin pour rejoindre le monastère Tacha en haut d'une petite falaise. La montée faîte d'empilement de pierres est terrible. Bizarrement pas de WiFi dans ce monastère... Tout ce perd.

De la piste, encore de la piste, mais elle se termine enfin au village d'Hankar où on s'arrête dans une tea House pour manger notre pique-nique. Elles ont toutes un chapiteau fait d'un parachute.

Forcément marcher sur un chemin est nettement plus sympa. Quelques maisons face à des champs de moutarde (les fleurs jaunes).

Dernier stop à une tea house quand Jit nous dit que le camp est juste après le tournant.

On a tous dû mal comprendre car on a encore marché 20 minutes pour y arriver... Le camp est squatté par plusieurs ânesses et leur petit. Une a repéré le sac avec les ordures. Impossible de la faire partir. Quand on dit qu'un âne est têtu...

Ce soir, à plus de 4000m d'altitude, sans un four, ils nous ont sorti des pizzas super bonnes.

Quelques mots sur le fiston qui a 17 ans. Le hongrois qui a une pp grosse expérience de haute montagne a essayé de lui faire comprendre qu'il faut marcher à un rythme lent et régulier mais apparemment il a dû mal à comprendre ce principe. Ca risque d'être un problème lors de l'ascension car s'il lâche l'affaire, tu ne sais pas comment Jit va gérer ce problème. Et puis, n'importe qui peut lâcher, toi le premier. Pour l'instant, t'es même pas sûr de vouloir tenter l'ascension. Il reste deux jours pour te décider. Il est gentil mais il parle qu'avec des affirmations qui sont systématiquement fausses.


J6 - Direction le camp de base du Kang Yatse

Impossible hier soir de dormir dehors, trop de rafales de vent. Les chevaux ont été ramené au camp. Les ânes restent au loin. On sait jamais si sur un malentendu l'un d'entre eux se retrouvait à porter une partie de notre merdier.

Sur une crête, des fameux 'blue sheeps' sont en train de nous regarder. Mouais, ils sont aussi bleus que la Seine....

On part pour 9 km de marche avec 700m de D+ pour rejoindre le camp de base qui dépasse les 5000m d'altitude. Pour y arriver en bon état, tu prends ton rythme d'altitude, des petits pas très lents, concentré sur ta respiration et pas de pause de plus de trente secondes.

Tu laisses partir devant le groupe avec Jit qui donne le rythme.

Le temps est assez couvert avec pas mal de vent. Compliqué de savoir comment se saper. Et merde, tu vois le groupe à l'arrêt, 50 mètres devant toi. Première pause après seulement 30 minutes de marche. Ca va pas le faire. Histoire d'être poli, t'as tourné en rond mais lors d'une deuxième pause 30 minutes plus tard t'as continué tranquillement en solo.

Enfin, tu vois bien le Kang Yatse.

En fait, notre ascension est celle du sommet 2 (la petite pointe enneigée qui est devant). Le vrai sommet, le 1 est plus loin et il est pour les vraies pointures donc pas pour nous. Plus ça va, moins t'es motivé à y monter. En plus si t'es même pas au vrai sommet. Bon, tu cogites....

Arrivé à plusieurs bassins dont le principal avec une statue du Rimpoche

T'attends le reste du groupe, histoire qu'on fasse encore une bonne pause.

Prochain arrêt pour la pause déjeuner. C'est pas compliqué, on est au milieu d'un troupeau de yacks et dzhos (mélange de yack et vache). Pendant que certains s'entraînent au combat, d'autres ont des idées plus intéressantes....

Autant devant nous le ciel est plutôt dégagé autant derrière c'est de plus en plus dégueulasse. Faudrait pas qu'on se prenne de la flotte.

Le camp de base est déjà occupé par plusieurs groupes.

Il y a un groupe d'une quinzaine d'indiens. Apparemment il y en aurait que trois qui ont tenté l'ascension. Bon, c'est connu, les indiens sont pas des grands sportifs (si on excepte le cricket) et surtout pas des montagnards. Par contre ils surestiment souvent leur capacité physique. Jit préfère les européens car avec les indiens c'est compliqué. Bon, faut que tu la ramènes moins car toi aussi tu vas faire un nogo...

T'as récupéré depuis les premiers jours même si t'es pas à 100%. Ca te fait vraiment chier d'être encordé et devoir dépendre des arrêts des autres. Tout ça pour même pas vraiment tapé le vrai sommet. C'est vrai que t'étais jamais monté à 6200.

En fait, Jit va marcher devant et Tanka (l'assistant qui nous avait accompagné lorsque Jit était resté avec Dieter) va fermer la marche. Les trois premières heures vont être sur un chemin donc tu vas pouvoir marcher à ton rythme sans faire d'arrêt. Mais ensuite on va cramponner et on sera tous sur la même corde. C'est là où tu ne seras pas libre de t'arrêter. jit, t'as proposé de monter juste avec Tanka. C'est très sympa mais c'est pas possible. Fiston n'a aucune chance d'y arriver. Il a beau être super sportif, il a aucune expérience de longue marche en altitude. Ca veut dire qu'à un moment il lâchera l'affaire et Tanka devra le ramener. Et dans ce cas, tu te retrouveras dans la situation que tu veux éviter. Et tu pourras potentiellement obligé plus tard de faire faire demi tour au groupe.

Grosse discussion sur qui va tenter le 'faux' sommet demain. Ce que t'appelle le point de vue. La néerlandaise a peur d'avoir une grosse migraine et a donc décidé de faire aussi nogo. Elle était surtout venue pour accompagner son copain. Donc on sera 2 charlots à grasse mater au camp. 14h, c'est l'appel pour le goûter à base de biscuits

16h, nouvel appel pour un deuxième goûter, cette fois des sortes de beignets de légumes

19h, c'est l'heure du repas. Encore plein à manger

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J7 - Bullage au camp de base

Grasse mat, on a une heure de rab. Waouh La nuit a été terrible. La veille, t'as bu du thé au gingembre, ça t'a fait un sacré effet... t'es sorti sept fois pour aller pisser et c'est comme ça que t'as vu qu'il a sacrément neigé cette nuit. Ca tapotait contre la tente, tu pensais que c'était de la pluie mais non. Au début c'était de la grêle puis de la neige. Toute la vallée est recouvert de neige et pour l'instant le Kang Yatse est invisible.

On va juste faire une petite balade pour monter à 5200m, histoire de se dérouiller les jambes. Vu toute la neige fraiche tombée le suisse est un peu inquiet d'un risque d'avalanche, le guide, pas du tout...

Arrivé en haut de la petite balade, la neige a déjà fondue au camp.

En fait, comme tu sais que tu vas pas tenter l'ascension, tu marches pénard sans aucune inquiétude. C'est ça d'être un baltringue affirmé.

Un groupe qui a tenté l'ascension la veille est déjà revenu, ils ont fait demi tour car trop de neige et temps dégueulasse. Un autre groupe est en train de redescendre mais ils semblent galérer. Le suisse est impatient de discuter avec eux pour prendre sa décision finale. Fiston, sans conscience du danger, est à fond. De toute façon, il mange, il dort ou dit des conneries...

Temps dégueulasse toute la journée. Rien à foutre. Tout le monde attend 17h. Ouais, c'est l'heure du dîner pour que ceux qui vont partir à minuit. Leur faire un petit coucou au moment du départ ? Ca dépendra de l'heure où tu vas sortir pour aller pour la énième fois aux toilettes.

 Tente toilette 

Tiens, le groupe d'indiens que l'on a croisé depuis la Markha vient de débarquer. La veille, le seul qui avait une bonne condition physique était venu demander à Jit s'il pouvait se joindre à nous pour l'ascension. Il avait dû sentir qu'avec ses confrères, ça n'allait pas le faire.

Minuit, une petite pause technique. La te tente mess est éclairée, le groupe prend une dernière collation. Le temps semble dégagé. Le groupe de tchèque est parti plus tôt car des lumières gigotent au loin sur la montagne. Allez, tu te recouches, ça serait top si tu pouvais dormir trois heures.

J8 - Rebullage au camp de base 6h30, tu sors la tête de la tente, le temps est glacial, il fait environ 4 degrés. Le Kang Yatse est à moitié caché par les nuages. On bulle à l'abri de la tente mess. Le cuistot roupille, rien de chaud à boire.

7h30, le temps s'est légèrement amélioré. On voit sur la partie neigeuse du Kang Yatse deux cordées en train de redescendre. Avec la néerlandaise, on décide de partir vers la colline sur la partie pierreuse à leur rencontre. On a pas fait 100 mètres qu'on voit son copain arrivé. Donc ce sont pas eux sur les cordées au loin.

Arrive ensuite Tanka et plus tard fiston. Manque Jit, le suisse et le hongrois qui arriveront 1h30 plus tard.Voilà toute l'histoire : Il leur a fallu 3h30 de marche pour rejoindre la zone de cramponnage (qui peut se faire en principe en 2 heures). Des stops sans arrêt. Le hongrois n'allait pas bien et le suisse avait un énorme mal de crâne. Arrivé à cette zone, fiston était déjà plus très clair pour mettre ses guêtres et ses crampons. Une fois sur la glace, le mal de crâne du suisse est passé. Des stops tous les six pas avec un rythme ultra lent. A un moment, fiston a été au bout de ses forces et a logiquement demandé à faire demi tour. Le belge qui avait les pieds glacés a décidé lui aussi de faire demi tour. Il pensait pouvoir continuer mais n'aurait pas pu aller au sommet. Il a préféré lâché l'affaire pour donner une chance aux deux autres. Car une doit Tanka parti, le moindre abandon aurait été fatal pour tout le groupe. Les trois autres ont continué avec des stops sans arrêt car le hongrois n'allait pas bien. Certainement un problème d'acclimatation. Il aurait dû faire demi tour avec les autres mais... c'est comme ça. Le temps s'est dégradé. Il ont même pas atteint les 6000m comme d'un ''commun'' accord, ils on fait demi-tour.

Les tchèques ont dû arriver 2h plus tard au camp de base en étant allé au sommet...

Fiston et le hongrois sont allés directement se coucher. Pour que fiston ne s'arrête même pas pour manger signifie qu'il devait vraiment être mort. Mais étonnement en arrivant au camp il a levé les bras en signe de victoire. Certainement pas pour le sommet mais plus sur fait d'être revenu en bon état. Franchement à 17h, respect. Mais son père n'aurait jamais dû l'emmener dans cette histoire.

Discussion avec le suisse et le belge. Aucun n'est rentré très fatigué. Ils auraient pu le faire s'il n'y avait pas eu tous ces arrêts. Conclusion, avoir son guide quand t'es en cordée pour pouvoir marcher à ton rythme.C'est bien joli, tout ça, mais tu t'es fais chier hier et ça recommence pareil ce matin.

La neige et la grêle viennent enfin de s'arrêter. Un grand ciel bleu tout autour. Avec la néerlandaise, on décide de monter jusqu'au point de cramponnage. 1h30 selon Jit alors que pour le groupe cette nuit c'était 3h30. Ouais, ouais, il a senti à qui il a affaire... 30 minutes plus tard, les nuages ont débarqué de tous les côtés et on s'est retrouvé sous la grêle. Petite grêlons pas humide mais insistant. Comme tous les autres ont été dans l'échec, on a décidé de faire pareil. Ouais, faut bien trouver une raison à la con. Faut reconnaître que la météo est de pire en pire. Au camp, les Indiens s'entraînent en deux cordées par groupe de dix. Comment marcher en cordée, comment tenir un piolet, quoi faire en cas d'avalanche....tout ça sous une grêle pas possible.

Franchement, tu vois pas comment ils vont pouvoir taper le sommet. Dix par corde, c'est beaucoup trop. Dès que le premier baltringue va lâcher l'affaire, tout la cordée va faire demi tour.

Hier, a aucun moment Jit n'a expliqué au groupe comment marcher encordé, de quel côté de la pente tenir le piolet....il est un peu light sur tous ces points.

11h30, pendant que tu écris ce post, tout le monde dort. On retrouvera le fiston qu'à 18h pour le dîner

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J9 - Direction Chogdo par le col de Kongmaru

Hier à minuit, les indiens qui partaient tenter le sommet ont fait une ola. Motivés les gars...

Lors d'une de tes sorties nocturnes, t'as vu des lumières sur la montagne, pour l'instant ils tiennent bon.

Vers 4h, la neige est à nouveau tomber. A 6h30, il fait 1 degrés.

Deux jours à rien foutre à plus de 5000m, t'as fait du gras. Ok, t'avais qu'à tenter l'ascension, tu la ramènerais moins. Il est temps de partir. On doit redescendre jusqu'à Nimaling à 4850m d'altitude puis se retaper une montée jusqu'au col de Kongmaru à 5260 et descendre sur le village de Chogdo à 3900m, soit environ 450 D+ et 1650 de D- pour un peu plus de 15 bornes.

Nimaling ? Juste un camp de tentes pour ceux qui veulent passer le col et qui généralement dorment en home stay.

La montée vers le col est rude. Junior n'en peut plus, il se traine derrière. T'as dû prévenir Jit qui marchait devant sans regarder si toutes les brebis suivaient.

Au col, si t'as une carte sim local, tu as de la connexion internet. Donc faut imaginer tous les horsemen, guides en train d'appeler maman.

Du col on peut voir le Kang Yatse et surtout une petite traînée noire en train de redescendre. Apparemment, ils ont réussi. Du coup, plus personne n'ose se foutre de la gueule des indiens.

La descente dans la gorge le long de la rivière Chushkuma est super longue. Dommage que les nuages ternissent les couleurs car c'est un festival de dégradé d'ocre, d'orange, de bordeaux.

Alléluia, une tea house pour se poser

Dernière nuit, on dort chez l'habitant à Chogdo, huit maisons dans le village. Tu choisis pas ton homestay, c'est à tour de rôle pour une bonne répartition dans les homestay.

On va enfin pouvoir manger vraiment ladakhi car c'est plutôt de la nourriture népalaise (très bonne) qu'on a eu sur le circuit.

Des raviolis au shitakis (champignon) avec des légumes. Faut pas être carnivore dans la région.Ils ont des petites serres pour les légumes et sont quasiment autonomes. Dieter nous a rejoint et a retrouvé fiston. Il a meilleure forme mais il semble encore marqué. Il est resté trois jours dans un petit village puis est revenu à Lae. On a tous souris quand fiston a raconté son ascension. A l'écouter il était quasiment arrivé...

J10 - La tournée des monastères

On devait en principe marcher 2 heures puis retrouver les voitures mais Jit a trouvé les mots justes : on va marcher sur la piste avec des bagnoles. Bon, ben on va alors prendre directement les bagnoles à Chogdo.

Direction le premier monastère Hemis

Ils ont un musée (photos interdites). La première chose que tu vois est un VTT. Un bonze a fait un tour de VTT suivi par des nonnes il y a quelques années et c'est maintenant le point d'entrée du musée. C'est pareil en France au Louvres avec le scooter de Hollande.

Puis le monastère de Stakna

Le monastère de Thiksey (appelé le Potala du Ladakh)

https://youtube.com/shorts/D5bccqX0uvs?feature=shared

Et enfin le palais de Shey (une vue du....)

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Yo,

Leh a changé en l'espace d'une semaine. Avant de partir en trek, tu croisais très peu d'étranger dans la rue. Maintenant t'as l'impression qu'il y. A plus d'étrangers que de locaux. Au moins tôt le matin, tu croises que de la locale.

Ces deux jours, au monastère de Takthok, se déroulent des danses de masques. Avec les deux allemands, t'as pris un taxi pour voir ces fameuses danses.

Soit t'as réservé une chaise et tu es bien placé, soit tu es sur des gradins où tu es de plus en plus serré au fur et à mesure que les familles ladakhi débarquent. Alors quand tu dis famille, c'est surtout les femmes et les enfants. Les hommes sont plutôt en train de jouer à des jeux d'argent à la sortie du site.

On y est vers 9h15. On nous a dit que ça commence vers 10h30. T'es assis à côté d'une italienne qui croit que la cérémonie commence à 10h. Qui a raison ?

Les moines commenceront à sortir du temple vers 11h00 pour un bon quart d'heure de musique répétitive puis redisparaissent.

C'est finalement vers 11h30 qu'un premier 'masque' apparaît. D'où tu es tu vois surtout une poutre et le gars ne bouge pas beaucoup.

Faudra attendre encore quinze minutes pour d'autres danseurs avec un masque identique et se mettent à tourner sur un rythme.

Finalement, le plus intéressant est de avoir un peu les ladakhis.

Selon l'italienne, aujourd'hui, huit principaux masques dansent séparément (t'auras vu le premier) et demain ils vont tous danser ensemble. Y retourner demain ? Non, t'as....rafting.

Beaucoup de touristes se sont aussi barrés après la première prestation.

Au retour, un très joli monastère, celui de Chemre. Oui, joli de loin. Personne n'était motivé pour y aller.

Côté bouffe,on s'est trouvé un super resto, le Tibetan kitchen. Dans une grande cours, loin de la route, un service pro et plein de plats indiens, chinois et tibétains. Si vous venez dans le coin, faut vraiment y aller mais en réservant.

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Juléééé,

Côté monastère, c'est bon, c'est checké.

Aujourd'hui avec le suisse, la néerlandaise et le belge on a décidé de rejoindre la rivière Zanskar pour 14 bornes de rafting. Dans le coin, dès que tu sors des grands axes, il te faut des permis de circuler fourni par la police.

Y en a deux qui ont pas eu le temps de les faire. Pas grave, on aura qu'à mentir lors du checkpoint. Ici, c'est pas un problème. Bon, le contrôle, on l'aura jamais vu. Par contre, sur plusieurs kilomètres c'est un enchaînement de camps militaires.

Arrivé au spot de rafting,on nous dit qu'on va se faire chier sur les 14 bornes car peu de rapides mais qu'il vaut mieux prendre l'option 26 bornes, il y aurait 2-3 class lll et un classe lV. Mais pour celà, bizarrement, il faut qu'on soit cinq et c'est ballot on est que quatre. Ca fait pas longtemps que t'es en Inde mais il y a toujours un truc qui va pas ou pas prévu avec des tonnes de 'sorry' et de grands sourires. Ok, on va payer pour cinq mais on veut que ça démarre de suite et pas dans une heure indienne. Chacun sa pression ! Hop hop hop, tout se met en place rapidement. Il faut reprendre la bagnole pour aller à Chilling. En toute, tu vos le point de départ de ceux qui font 6 km. C'est plat, pas la moindre vaguelette. Jusqu'au point de départ du 15km c'est pas non plus féroce. Mais effectivement ensuite, la gorge est un peu plus serrée d'où quelques rapides.

Il y a un deuxième bateau avec une famille indienne qui ont déjà fait du raft. Pour la sécurité, il y a deux kayakistes à côté des rafts. Après toutes les consignes de sécurité, nous voilà sur l'eau (assez fraîche et totalement marron)

Impossible d'amener un appareil photo sans risquer de le paumer. Dommage car descendre le Zanskar dans cet environnement totalement minérale (à part bien sûr la rivière) est assez photogénique.

Toute l'équipe est népalaise. Les ladakhis tiennent les business et font bosser les népalais. Notre pilote, Bintou, 23 ans, est apparemment un champion de kayak au Népal.

Premier rapide et ça commence mal pour le bateau indien. Quelqu'un est déjà tombé à l'eau. Il y a trois kayakistes autour de leur bateau.

La descente va durer deux heures avec vraiment cinq rapides où quand tu arrives dedans, l'adrénaline monte un peu. Le rapide classe lV (-) porte le doux nom de 'champion killer'. Passage nickel.

C'est le dernier rapide qui aura été quasi fatal. T'as décollé du raft mais en restant dedans alors que le belge, assis devant à ce moment, est parti lentement à la baille tout en s'accrochant au bateau. Le temps de le remonter, on était dans un creux où on en a chier pour en sortir.

Franchement, très sympa à faire à juste une heure de bagnole de Leh. L'équipe super sympa et pro.


Retour à Leh avec une ambiance totalement différente. Dans la rue piétonne, les chiites fêtent le Muharram. Tu es arrivé vers la fin mais l'ambiance était très forte.

Tous les magasins étaient fermés. Tous les chiites étaient en noir, les femmes sur le bord à regarder les hommes défilaient traditionnellement. Certains avaient du sang sur eux, au sol beaucoup de chiffons ensanglantés. Va savoir ce qui s'est passé avant que t'arrives.

Des stands offraient de la nourriture et des boissons. Tu t'es embarqué dans cette ambiance très particulière histoire de voir. Par moment des hommes portaient un autre homme totalement en crise vers des postes de médecine. Très très intenses. Tu t'es pas senti mal à l'aise même si t'étais certainement le seul étranger à t'être embarqué aussi près. Étonnement, les moines que tu vois chaque soir à certains endroits pour faire l'aumône n'étaient pas là. Certainement en cours d'aqua poney....

T'es repassé deux heures plus tard, toute la rue était nettoyée, les magasins avaient rouvert.

A l'intersection de trois rues, des cordonniers sont installés parterre. La néerlandaise est partie faire coudre une sandale. Le mec lui a demandé de ne pas la payer en argent car son boss allait lui prendre l'argent et a demandé plutôt qu'elle lui achète du riz et une bouteille d'huile...

On s'est retrouvé les quatre du rafting à notre cantine le Tibetan kitchen. Le belge qui est tombé dans la rivière a une tourista pas possible. Il a dû avaler de l'eau en tombant. Ca pardonne pas la flotte ici.

T'as changé de guesthouses, impossible de dormir dans la précédente. Un peu de verdure, ça va être sympa.

Hé non.... à 4h du matin le chien du voisin a commencé à raconter sa vie avec celui de ta guesthouse. Ce soir tu prends des caillasses car t'aimerais bien dormir un peu.

Ce matin, tu devais partir en moto avec le suisse au lac Pangong à 160 bornes de Leh. On a chacun des Royal Enfield 350. Ici, avec ton permis voiture tu peux louer une moto. Le gars a fait deux fois de la moto dans sa vie. Et vu comment conduisent les indiens, ça pue.

Finalement, il a chopper une tourista (hier il s'est volontairement laissé tombé dans la rivière lors des passages calmes. Il t'a dit que de l'eau était passé par le nez. Donc, un conseil si vous venez faire du rafting, mettez un masque et un tuba) et il peut pas s'écarter des toilettes. C'est peut être pas plus mal pour lui car ça risquait d'être chaud.

Côté moto, les compteurs essence et vitesse sont morts, le klaxon (pièce la plus importante de tous véhicules en Inde) marche à peine, va falloir y allait à l'instinct.

La règle des priorités de conduite est assez simple. Le plus prioritaire est celui qui est le plus dingue, et il y en a. Ensuite c'est une question de poids/ volume. Toi, t'es tout en bas de l'échelle. Les indiens ont tendance à couper les tournants sans savoir ce qui se passe derrière. C'est la première fois que tu vois des panneaux indiquant qu'il faut klaxonner dans les tournants.

Une fois sorti de l'axe principal et de tous ces camions qui balancent d'énormes nuages noirs, la route est plus sympa. Tu remontes une vallée.

Seul vrai problème, tu roules vraiment en direction des gros nuages gris. Il te reste encore une centaine de bornes quand tu te dis que si c'est pour arriver à un lac où tout est gris et où tu peux prendre de la flotte. L'intérêt est plutôt minime. Finalement, t'iras pas voir le lac....un échec de plus.

Retour piteux à Leh. Histoire de marcher un peu, il y a le stupa Shanti suinte permet d'avoir une jolie vue sur la ville.

La rue en direction du stupa est assez particulière dans le sens où il n'y a que des endroits remplis d'israëliens. Aucun autre étranger ne loge où déjeune dans ce coin. Il y a un petit côté ghetto..

Et bien sûr, les autres jours un grand soleil....

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Julééé,

Nouveau circuit, nouvelle agence et nouveau groupe.

8 jours de randos au départ de Rumtse pour rejoindre le lac de tso moriri. Beaucoup de cols à passer autour de 5000m et la plupart des nuits au dessus de 4000m. Apparemment, c'est une région beaucoup plus sauvage avec des nomades. Ton circuit précédent va te servir d'acclimatation.

T'as changé d'agence car la précédente te demandait plus de deux fois le prix de la nouvelle. Après on va voir sur le niveau de service...

Le couple belgo-neerlandais fait aussi le même circuit mais avec l'ancienne agence et on va se retrouver en même temps aux mêmes étapes. On pourra comparer.

Dans le nouveau groupe, il y a deux néerlandais, une israélienne et le suisse du circuit précédent (qui nous rejoindra dans deux jours), ça c'est pour les moins de 30 ans. Et il y a, côté 'anciens', un couple de français de 60 ans et ta pomme qui s'en approche...

Rdv à 9h30 à l'agence, c'est un merdier sans fin, aucune organisation.

Il y a le coule de français (2 universitaires) qui ont l'air très roots. Ils veulent, à la fin du circuit, trouver un muletier et partir à l'arrache dans la région Spiti.

L'israélienne, arrivée directement de Delhi, n'a pas d'acclimatation mais elle se la pète grave. Tu lui as conseillé qu'en cas de mal de crâne, de prévoir des médicaments. Hors de question, pas de médicaments! Ok, on verra sur place.

Les deux jeunes néerlandais ? Finalement ce sont un vieux brésilien et un américain vivant en Chine.

Le programme jour par jour? Ils n'ont en pas et ils ont photocopié ton programme fourni par une autre agence. Bienvenu dans l'improvisation !

Finalement, on part vers 11h. Quand tu dis 'on', ce sont les français, l'américain, le cuistot et son aide et ta pomme. Le guide et les autres nous rejoindront plus tard pour des raisons obscures.

On n'a pas roulé 200 mètres que le chauffeur s'arrête. Ils ont oublié nos permis... Ca promet !

Les français ont demandé à voir le monastère Hemis que t'as vu Il y a quatre jours. Côté bonze, t'as donné, c'est bon. Tu bulles au bar.

Ensuite, on est sensé rejoindre le village de Rumtse et marcher cinq heures pour rejoindre notre camp à Kaymar. Finalement ça devrait être trois heures. C'est le cuistot qui va nous servir de guide mais il parle pas un mot d'anglais. Les chevaux, l'équipement, nos sacs.... aucune idée de comment ça va se passer mais ça va être folklore. Et puis, c'est pas comme si on passé nos nuits à plus de 4000m....

On devait déjeuner dans une petite ville après la visite monastère. Ben non, l'objectif est de faire le contraire de ce qui est annoncé... Cette capacité d'adaptation !

Mais quelle organisation! Incroyable, on a retrouvé le reste du groupe lors de la pause déj et en plus, cerise sur le gâteau, le groupe qui revenait du même circuit était aussi là. Et c'est comme ça qu'ils ont récupéré tout le matériel mais sans vérifier si toutes les tentes, matos de cuisine.., étaient opérationnelles.

Le guide ? On vient de le récupérer. Tu presses le nez, du lait sort encore.

Allez, on verra bien... c'est partiiiiiii

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Voilà la suite du précédent post

Une fois arrivé à Rumtse, les voitures s'engagent sur une piste dégueulasse. Un autre groupe suit la même piste mais les touristes sont dans une voiture normal alors qu'on est dans un Jeep. Pour une fois qu'on a de la chance...

Ouais, la chance n'a pas durée longtemps. Le chauffeur commence à s'énerver de plus en plus. Finalement il s'arrête et gros conciliabule entre le chauffeur et l'équipe. C'est pas compliqué de comprendre qu'il n'est pas payé pour rouler sur la piste..

Finalement, ils déchargent tout notre matos. Le guide et un assistant repartent en voiture en disant que c'est normal, qu'une autre voiture va venir et transporter tout le matériel au camp. Le cuistot reste avec le matos et nous voilà parti avec le seul assistant qui parle anglais, Yogis.

On en a pour 2-3 heures à remonter la vallée tranquillement, un faux plat. On est déjà à 4000m d'altitude.

D'un côté de la vallée la piste poussiéreuse, de l'autre côté de l'herbe. Vous avez trouvé le seul pingouin qui est parti marché côté herbe. C'est plus sympa, tu serpentes entre les marmottes et surtout t'entends pas le brésilien qui doit être à moitié sourd et parle fort sans arrêt.

Il paraît qu'il y a des chevaux et ânes sauvages, à vous de découvrir c'est quelle bête.

De temps en temps, tu jettes un œil sur le groupe et tu vois déjà l'israélienne assise. Ca pue.

40 minutes plus tard tu vois une bagnole remonter la vallée et tu rejoins le groupe sur la piste.

C'est bien notre matériel avec le cuistot mais pas de guide. Soit disant il doit faire quelque chose à Leh et nous rejoindrait (ouais, le conditionnel) demain.

L'israélienne est en pleure. Ca va pas du tout, des mauvaises pensées. Elle te demande même de lui faire un hug pour la réconforter. Le brésilien est jaloux... Elle est où l'arrogante de la veille qui se la pétait sur le canapé de l'agence ? L'agence lui aurait dit qu'il y avait que des vieux dans le groupe donc elle aurait aucun problème pour marcher. Et elle n'aurait su que ce matin qu'elle devrait monter à 5000m... Elle veut appeler sa mère.

Tu lui as donné quelques conseils, surtout marcher lentement, se concentrer sur son souffle et de marcher derrière Yogis. Sauf qu'il ne sait pas marcher lentement. Du coup le brésilien s'est dévoué.

Les couleurs de la vallée sont superbes, surtout avec le soleil qui descend rapidement.

Le camp, à 4700m, est dans la vallée à côté du camp du couple que tu connais. On va pouvoir comparer sachant que t'as payé trois fois moins cher.

Voilà le matelas qu'ils ont voulu te filer.

T'as gueulé, on t'as refilé une autre sorte de matelas. Le lendemain tu t'appercevras qu'il sert de protection pour un cheval..

Côté tente mess, on mange par terre. C'est ça le low cost.

Premier dîner à la népalais, dal bhat, riz, chapati. T'as pas trop d'accroches avec le groupe, le brésilien te saoule tellement il parle fort, le couple de français semble sympa mais n'a pas trop l'air de percuter. Et puis écouter le gus radotait..'

L'israélienne est partie se coucher juste après dîner en prenant un cachet d'aspirine. Ha, bon, elle avait pas dit qu'elle ne prenait aucun cachet ??

La lune est montante, tu vas quand-même dormir à la belle étoile...

J2 - Direction le camp de Tisaling à 5000m

Lendemain matin, la nuit a été un peu fraîche mais l'eau n'a pas gelé dans la bouteille.

L'israélienne est toute souriante, bizarre. En fait, elle redescend à cheval avec un assistant. Elle lâche l'affaire. C'est mieux pour elle et aussi pour nous.

Côté petit déjeuner, pain, oeuf, confiture, porridge à la con, céréale, on aurait pu s'attendre à pire.

Yogis nous montre le chemin mais ne vient pas pour l'instant avec nous. Il est seul avec le cuistot pour tout ranger et dès que tu veux démonter une tente, il arrive.

A peine nous a t-il donné les infos que le couple de français est parti sans attendre les autres. Donc chacun marchera à sa manière et on part en même temps que l'autre groupe.

Premier objectif le col de Kyamar à 5070m. 5 km de distance pour 500m de dénivelé. Ça monte tranquillement. Le brésilien qui cherche toujours quelqu'un avec qui parler s'est rabattu sur un couple de l'autre groupe.

Du col, il faut redescendre dans une vallée pour taper un autre col, celui de Mandalchan à 5200m.

Une heure après être arrivé, le brésilien n'est toujours pas là. Il a décidé que dés que son cœur tapait les 120 battements/minutes, il s'arrêtait. Comprends pas, un grand sportif comme lui ?!

Au col, c'est l'heure du déjeuner pour les deux équipes. C'est l'occasion de comparer le repas low-cost avec ceux qui voyagent en première. Pour l'instant pas de différence. Notre assistant guide népalais et le guide ladakhi de l'autre groupe se parlent à peine.

Les muletiers arrivent. Tu pensais qu'il n'y aurait pas assez de chevaux mais certains ne portent rien. L'assistant qui a raccompagné l'israélienne est déjà revenu. Il y a au moins 18 bornes aller retour plus le chemin qu'on a fait ce matin.

C'est dommage que les photos ne rendent pas mais c'est un festival de couleur côté montagne. Dégradé drôle vert, orange, rose avec du bordeaux...

Le camp à Tisaling est dans le creux d'une vallée à quasi 5000m.

Quand tu vois l'état du ruisseau, tu te dis qu'il vaut mieux mettre du micropure dans ta flotte. Et dire que l'autre baltringue de l'agence de voyage te disais que l'eau était la plus pure...

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J3 - Direction le camp de tso kar à 4550m

Pas de nuit à la belle étoile, la lune est quasi pleine et le vent a bien soufflé cette nuit. Les nuages se sont pointés vers 3h du matin (oui, une pause technique...)

Tout est couvert et de gros nuages gris arrivent dans notre direction. Pas d'inquiétude pour la pluie dixit maître Yogis.

Pendant que le groupe de VIP mange tranquillement bien assis sur des chaises avec une table, nous les low cost, on est assis parterre, en contact direct avec mère nature.

Apparemment, mais c'est pas clair, des loups auraient attaqué cette nuit un cheval. Il a un énorme trou dans le museau.

A chaque fois, c'est pareil, à peine fini de petit déjeuner, le Jean Claude Duss dit qu'il est temps de partir. Rien à foutre de partir en groupe, chacun pour soit. Il prévient juste le guide assistant qui lui montre la direction, dit à maman de le suivre et yallah. De toute façon, on le rattrape 30 minutes plus tard. Le vrai guide qui devait revenir hier ? Arrêtez de vivre dans le monde des Bisounours.

Aujourd'hui, la rando commence par le col de Shingbuk à 5260m d'altitude et ensuite une longue descente vers tso Kar (le lac blanc). Chacun part quand il veut. Toi, t'as décidé de tirer tout droit. T'es plutôt bien acclimaté mais t'as toujours une tourista et surtout une toux dont tu n'arrives pas à te débarrasser.

Une heure pour monter au col. Malheureusement vu le temps, les photos sont moyennes.

Yogis nous rattrape rapidement avant qu'on entame 13 km de descente. En fait, il n'y a aucune organisation, chacun s'arrête quand il veut, mange quand il veut. Toi, tu marches plutôt avec le couple du circuit précédent.

Comme toujours, les couleurs sont incroyables malgré les nuages.

Nos chevaux vont nous doubler. Par contre l'équipe de l'autre groupe n'est pas là. Deux de leurs chevaux ont refusé de signer leur contrat d'embauche et ont tendance à se barrer dans la nuit.

Longue, très longue descente où le vent froid t'oblige à te changer régulièrement. On voit au loin une sorte de lac mais il est asséché.

Ce circuit est considéré comme celui le plus sauvage avec des vallées remplies d'animaux sauvages, des nomades. Effectivement, on a vu quelques bourrins sauvages, des blue sheep, des marmottes. Les nomades ? C'est dimanche, donc jour de messe. Et on ne s'attendait pas à tomber sur un long ruban bitumeux, des motos et des baraques qui servent pour les nomades en hiver.

Le circuit comme le plus 'remote', le plus loin de la civilisation. Mouais.

Notre camp est encore à cinq bornes du lac. Pas de rivière au camp, juste un container qui est rempli (régulièrement) par un camion. C'est clair, tu vas mettre deux micropures dans tes bouteilles.

Une fois le camp monté, ils nous ont servi une sorte de jus d'orange tang. L'eau n'a pas dû être bouillie. Malheureusement, ta tasse a glissé et oups, tout s'est renversé. Oh, c'est ballot...

Camp vraiment pas top, des déchets à différents endroits.

17h00. Une voiture arrive. C'est le suisse, rencontré sur le précédent circuit, qui nous rejoint en cours de route. Il est avec les patrons de l'agence et un nouveau....guide, Tesing, un ladakhi.

Celui entre aperçu il y a trois jour n'a jamais réapparu. T'avais demandé à l'israélienne de faire passer le message à l'agence sur leurs matelas sponsorisés par le typhus et le choléra. Ils ont en rapporté deux. Pas top mais moins dégueulasse. Ca beau être le bordel leur organisation, finalement c'est pas si mal.

Le suisse nous a raconté comment ça c'est passé pour ce nouveau guide. Ce matin, on lui a présenté le nouveau guide (qui n'est pas celui qui vient d'arriver). Le mec parlait à peine anglais avec deux de tension. Il s'absente déjeuner et quand il revient, un nouveau guide l'attend. Trop fort !

Côté dîner, on a bien sûr une soupe, puis des pâtes, des haricots verts, du riz frit et des patates. Plus un dessert bizarre. On est pas prêt de mourir de faim.

Superbe coucher de soleil.

Le nouveau guide ? Pour l'instant c'est pas un gros communicatif.,...

On t'avait dit qu'à ce camp tu aurais un accès internet. C'est l'occasion de passer un petit coucou à quelqu'un qui te manque. Mais manque de pot, t'avais une chance sur deux c'est l'autre opérateur de la région qui fonctionne dans ce coin.


J4 - Direction le camp de Nuruchang à 4650m

Aujourd'hui, un petit 16 bornes sur du quasi plat. Un pick-up arrive pour transporter tout notre matériel au prochain camp. Côté positif, c'est une journée peinard pour les bourrins. Côté négatif, ça veut dire qu'il y a une piste pour aller au camp. Et comme d'hab, tu vas être le seul à t'écarter au maximum de la piste poussiéreuse.

Le nouveau guide a essayé de nous faire rester 'groupir' mais ça n'a pas tenu 15 minutes. Chacun marche comme il veut.

Au bout de cinq kilomètres, on longe enfin le lac. Pour ceux qui connaissent les lacs du sud Lipez, c'est un peu pareil mais sans les flamands roses.

Tu peux même marcher sur les plaques de sel en faisant gaffe de ne pas trop t'enfoncer car t'es en sandales et la moindre coupure avec du sel risque de piquer très fort.

La chevauchée fantastique nous rattrape.

Heureusement que des nuages se sont pointés sinon, on aurait pris très cher côté chaleur.

On commence à quitter le lac pour remonter une vallée.

Un bourrin sauvage nous regarde de loin. Il a un petit côté moitié bourrin moitié âne.

Le guide du groupe VIP s'appelle aussi Tesing. T'as demandé ce matin au duo des Tesing si on allait voir des nomades. Car des merdes de moutons, y en a partout. Selon l'un, y a peu de chance, selon l'autre, on en verra demain....

Obligé de marcher sur la piste. Très longue ligne droite avec des barbelés de chaque côté. Tout le monde se dit que le camp va être affreux. Mais heureusement, on passe cet endroit style fin du monde pour arriver à un campement au bord d'une rivière.

C'est l'heure de l'opération lavage, lessivage pour tout le monde. Au fait, on leur jamais dit qu'il fallait se laver plus bas que le point où on prend la flotte pour la cuisine ??!?

Le soleil vient de ressortir, ça cogne grave. Les horseman sont en doudoune-capuche alors qu'on essaie de se protéger du soleil.

Après dîner, t'es allé chercher le nouveau guide qui bullait dans la tente cuisine pour avoir un semblant de briefing : comme aujourd'hui, thé à 6h30... Tu lui demandes où on va demain. Et la réponse d'un mec qui maîtrise son sujet 'on va au prochain camp'. Ah ça c'est de l'information pertinente ! Euh, rassures moi, c'est avec mon pognon que t'es payé pour donner ces réponses pertinentes?

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J5 - Direction le camp de Rajun Karu

Sur le papier, on a moins de dix bornes avec un petit col à passer. Le top guide nous a dit trois heures de marche. En partant à 8h, la journée va être longue... déjà quand on se tape 16 bornes on arrive à 12h30 au camp...

Le groupe VIP va pousser plus loin et on devrait le retrouver dans deux jours. Le temps est très couvert, on va se faire chier au prochain camp alors qu'il est préférable de marcher sans grosse chaleur.

Après discussion, on a changé notre programme, on va faire le même circuit que les VIP mais à condition que les horsemans soient d'accord. De notre camp, tu vois une piste qui part vers la gauche. En fait, elle contourne la colline et mène...au camp de nomades. C'est possible de marcher loin d'une piste dans ce bled?

Premier col à passer, le Horlam à 4900m d'où on voit encore le lac salé.

Suite à la séance de lessivage de la veille, le guide des VIP a sorti sa tenue de camouflage.

Ensuite longue descente pour remonter une autre vallée où serpente une rivière.

Rajun Karu est un camp de nomades. Une quinzaine de grandes tentes éparpillées avec quasi un pick-up devant chaque tente

Des merdes de moutons et chèvres partout. Reste ici, les femmes, les enfants et les chevreaux.

Les hommes sont partis plus loin dans les montagnes s'occuper des troupeaux.

Ton guide demande à une nomade combien d'animaux dans son troupeau. C'est un peu comme si tu demandais à quelqu'un combien il a sur son compte en banque. 250 bestioles.

Si on avait suivi notre programme, on campait ici. Maintenant on a quatre bornes pour monter 400m de D+ et rejoindre le col de Kyamayur à 5400m. Malgré l'acclimatation, la montée est rude. De là, on peut encore voir le lac salé.

Longue descente pour rejoindre le camp près de la rivière. On va dormir à plus de 5200m d'altitude.

Histoire marquer le coup, des assistants sont allés ramasser des bouses de yack séchées pour en faire une pyramide et y mettre le feu.


J6 - Direction surprise...

La nuit a été très froide.

Première fois que tu dors dans ton sac de couchage. Une française du groupe VIP n'est pas pas au top.

En principe, vu la longueur de la marche d'hier, on devait juste passer le petit col Kotse devant nous, redescendre dans la vallée et camper. Trois heures de marche.

Notre guide vient nous voir pour savoir si on serait d'accord pour continuer une heure de plus en direction du prochain col. Ca arrangerait les horsemen. Ok, mais à condition que l'autre groupe soit d'accord vu qu'on fait les bivouacs ensembles. Le guide repart et revient pour nous dire que c'est ok.

Nous voilà parti passer le col du Kotse à 5300m

La française ne va pas bien et c'est quand on arrive en bas dans la vallée pour déjeuner que tu découvres que l'autre équipe n'est pas au courant de la prolongation. Leur guide a dit ok sans leur demander leur avis. Pas contente la grenouille..

Surtout que la fameuse heure supplémentaire s'est transformée en plus de deux heures pour certains.

Les deux guides se sont arrêtés 500m avant le camp pour faire une sieste. Laissant ainsi les assistants déjà sur place tout préparer...On sent qu'on se rapproche de la fin du trek et que le moment du pourboire se rapproche. Au 'goûter' de quatre heures, on avait généralement du thé et un paquet de biscuits. Depuis hier, on a de la pastèque et plein de trucs préparés par le cuistot. Étonnement la tranche de pastèque est servie tiède.

Et en plus ce soir, les fameux momos.

Dans ton groupe, il y a le suisse de 28 ans déjà présent la semaine dernière. Dans le groupe VIP, il y a deux jeunes suissesses plutôt jolies et souriantes. Et parfois il y a des comportements étranges. Le suisse, qui n'a pas amené de lingettes ni de savon sur les deux circuits, vient de découvrir que l'on peut faire trempette dans la rivière (même si elle est un peu fraîche). C'est l'occasion de se montrer torse nu quand les suissesses sont pas loin. Pareil, le matin, à 7h du matin, alors qu'il fait 5-6 degrés, il sort torse nu de la tente. On l'avait jamais vu faire ça avant. Vous trouvez pas ça étrange ? Le mal d'altitude peut-être ??

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J7 - En direction de Karzok

Ce matin, le cuistot a mal au bide. Tu lui files des médocs mais quand c'est le cuistot qu'est pas top, c'est pas rassurant...

Dernière journée de marche, un dernier col, Yalung Nyau, à 5450m. Quand tu dors à plus de 5300m, finalement le dénivelé positif est assez faible. On voit enfin le lac depuis le col.


Puis une longue descente vers le lac Moriri où on est sûr de retrouver des bagnoles, motos et autres. Un petit 13 bornes en tout.

La descente est dans fin. Ils ont construit une piste qui mène quasiment au col, va savoir pourquoi. Maison peut encore trouver un chemin ou marcher à l'arrache pour éviter la piste poussiéreuse. Tu vois beaucoup de poussières sur une piste beaucoup plus bas. Ca y est le retour des bagnoles.

Une heure plus tard, t'arrives à l'endroit où t'avais vu un nuage de poussière. Le 4x4 est coincé dans le sable sur une piste. C'est un jeune gars avec deux gamins. Avec le couple belgo-neerlandais on a mis 20 minutes à la sortir du merdier. Pa sûr que le gamin soit en mode 4x4. Pendant qu'on se faisait chier à pousser la bagnole, les horsemen et les assistants sont passés à 50m en te regardant leur faire signe de venir filer un coup de main mais que dal.

Il est interdit de camper près du lac.np1z de baignade, de bateaux.ou quoi que ce soit, il doit être sacré. Les horsemens ont monté le camp au bord d'une rivière marron dans le tournant d'une piste. A chaque fois qu'une voiture passe, on a la chance de se ramasser un nuage de poussière.

Avec les autres, on s'est même pas arrêté. Direction la petite ville sans intérêt de Karzok à 700m. Plein de guesthouse en construction, des camps de grandes tentes pour tous les touristes qui viennent en motos.

Grosse discussion et déception par rapport à ce dernier camp. Il est 13h. Ca va être chiant. Quelqu'un lance l'idée de rentrer aujourd'hui plutôt que de camper et de repartir demain matin. La nuit dans ce camp n'a pas d'intérêt. Le brésilien est tellement remonté qu'il cherche une guesthouse plutôt que le camp.

On voit le couple de français, aidé du guide, à la recherche désespérément de chevaux pour partir ensuite dans le Spiti.

On prévient les guides des deux groupes qu'on cherche une solution pour rentrer dès maintenant à Leh. En gros, chercher en ville plusieurs bagnoles pour nous ramener en ville. Tout le monde est motivé mais de là à lever son cul pour faire le tour des guesthouse et hôtels, il y a un monde.

Pour faire court, notre guide est au téléphone avec l'agence. Notre minivan va arriver et c'est possible de repartir de suite. Les membres de l'autre sont dans l'herbe en attendant qu'une solution tombe du ciel. Seul problème le couple de français qui va pas vouloir rentrer plutôt car ils cherchent toujours un moyen pour aller dans le Spiti. Malheureusement pour eux, aucun muletier ne veut aller dans le Spiti. Trop de flotte, une rivière infranchissable. Ca nous arrange. Tout le monde est ok pour repartir maintenant. L'autre groupe a décidé de ne rien faire... Pourtant pas compliqué d'aller trouver une bagnole pour rentrer. Le prix est fixe. 100 euros pour 5 heures de bagnole à diviser par 4, c'est pas si cher.

Passage près du lac Moriri

Puis du lac Kyagar

Pour arriver à 21h à Leh, sale, couvert de poussière et impatient de prendre une douche !


En conclusion. Des supers paysages avec des dégradés de couleur assez incroyables. Pas mal de cols de plus de 5000m à passer avec aussi plusieurs nuits à plus de 5000m, donc vaut mieux avoir un minimum d'acclimatation. Seul point décevant, on est jamais très loin des pistes de bagnoles.

Finalement l'agence, malgré le côté bordélique a toujours bien réagi et a au être assez flexible et surtout beaucoup moins cher pour niveau de service plus que correct (si on oublie le matelas du premier jour)


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Yo,

T'avais amené du gros matos pour taper le Kang Yatse (que t'as même pas essayé). Pas envie de te trimballer 5-6 kg de matos pendant encore un mois. T'as décidé de renvoyer en France. T'avais fait un premier repérage la semaine dernière et vu le bordel t'as décidé de demander un coup de main à un employé de l'agence avec qui tu vas partir semaine prochaine.

T'as acheté un sac pour mettre les affaires à renvoyer. Grosse erreur, il y a marqué dessus 'Tommy Hilfiger'. A sept euros le sac, peu de chance que ça soit un vrai. Il risque d'être bloqué en douane française voir retourné en Inde. Ca serait balot. Du coup,con va acheter une sorte de gros sac en toile tissé pour le mettre dedans. Direction la poste en scooter. Le plus important est que le pilote est un casque, le passager, c'est pas grave.

A la poste principale, il y a un bâtiment pour tout ce qui concerne l'étranger.

Aïe, pa sûr que la poste accepte un sac moi, il faut plutôt un carton. Mais pas sûr, vaut mieux aller au guichet demander.

Dans le bâtiment principal, t'as au moins dix indiens collés l'un à l'autre devant les deux guichets ouverts. T'es pas rendu. Mais pas de problèmes pour ton aide, il se faufile, montre le sac et la réponse est négative. Putain, faut un carton....

Et vas y qu'on fait le tour des magasins alentours pour trouver un carton acceptable.

Retour au bureau 'international' où ça bosse dur en regardant des vidéos sur son téléphone. Ils sont deux, l'assistant et le ponte. Tu dois tout montrer ce que tu mets dans ton carton. S'il y a du métal, c'est interdit. Mais ça comprendre, les crampons sont passés mais pas les chaufferettes...

T'avais eu la bonne idée d'acheter du ruban adhésif. Une fois l'adresse du destinataire et de l'envoyeur scotchée sur le carton, il faut maintenant aller le faire peser et payer. Retour au bâtiment principale ou les queues sont toujours aussi longues. Toi, tu te mets dernier dans la file. Ton aide te rappelle devant et tu t'incrustes tout devant. Ca aurait gueulé large en France mais ici les indiens sont plus... tolérants vis à vis des étrangers.

Tu repars avec ton ticket de paiement et ton carton. Ah ouais, c'est pas fini, t'en est juste à la moitié.

Tu retournes maintenant au bureau international....il faut remplir une fiche, donner ton passeport pour faire des photos, scotché un nouveau formulaire sur ton carton.

Bon, et maintenant ?

Quoi, faut retourner à nouveau au bâtiment principale ? Elle est où la caméra cachée ?

Cette fois, on passe par les bureaux administratifs où est inscrit 'réservé au personnel ' pour arriver derrière ceux qui sont aux guichets. Ca t'a permis de voir qu'à part les eux qui triment aux guichets, d'autres bullent sur leur téléphone. Et aussi que beaucoup de cartons semblent abandonné dans différents coins.

Il te faut un nouveau coup de tampon sur un énième document.

Ensuite, tu peux retourner au bureau international, donner ton foutu document et rentrer te coucher en filant un bifton au mec qui t'a aidé.

Une heure environ, en truandant les queues...

Trois heures plus tard, le patron de l'agence (ce sont ses coordonnées que tu avais mises en envoyeur) t'envoie un numéro de suivi. Autant le process pour envoyer le paquet est chiant mais sinon derrière ça à l'air plutôt pro

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Yo,

Deux petits jours dans la vallée de la Nubra pour descendre jusqu'au village de Turtuk, dernier village autorisé aux étrangers avant le Pakistan, quinze bornes plus loin.

Il y a quelques années, y aller, c'était l'aventure, maintenant ça devient un hotspot, dans dix ans, il y a un KFC.

En principe, t'y vas en taxi partagé avec des arrêts prévus et peu de flexibilité. Le suisse avait trouvé la semaine dernière un taxi partagé avec un couple d'indiens en voyage de noce. On s'était foutu de sa gueule car il risquait de tenir la chandelle tout le trajet. Du coup, il avait privatisé une bagnole. Tu vas faire pareil, pour deux jours avec chauffeur, ca te coute le même prix que faire les 30 bornes pour aller à l'aéroport de Nice...

Première étape, monté au col de khardung à 5400 et des brouettes.

Rappel, Leh est à 3600m. Rien que la route, à moitié piste, vaut le détour.

La route est en travaux. Des dizaines de gars bossent dessus. Mais en moyenne il y en a deux qui bossent et trois qui regardent.

T'as beau être acclimaté, t'es concentré sur ta respiration et le mal de crâne arrive. Une fois le col passé, il faut redescendre de l'autre côté pour s'engager dans la vallée. Il y a des travaux partout donc le rythme est plutôt lent.

Cette route est stratégique pour l'armée car elle mène à la frontière pakistanaise

Petite arrêt devant le monastère de Diskit qui selon ton chauffeur pas très causant n'est pas visitable.

Une des attractions de la vallée est le champ de dunes d'Hunder. Le suisse t'avait dit qu'il fallait pas trop s'emballer. Mais la, c'est pire que ce que t'imaginais. Quelques dizaines de dunes pas plus haut que trois paumes à genoux. Même Mimie Mathy ne peut pas se cacher derrière. A l'entrée Ils écrivent des dunes argentées. Tu dirais plutôt couleur gris ciment.

On voit pas, mais c'est de la dune et pas une plage 

Ils ont dû importer des chameaux pour que le touriste indien puisse se prendre pour Lawrence d'Arabie....

Resto à Hunder. On t'a pas demandé ton avis, le chauffeur qui est de la vallée t'a amené dans son resto préféré et a disparu en cuisine.

Byriani poulet 

Reste 90 bornes pour rejoindre le fameux village de Turtuk. Un enfer, 3h de bagnole avec plus 35 degrés. Même ton thermomètre a rendu l'âme.

Route bloquée en plein cagnard, des énormes camions militaires qui balancent de la poussière. Ca doit être top Turtuk pour en chier autant.

En chier, c'est pas terminé. L'hôtel où tu pensais descendre est blindé, un autre est à 120 euros la nuit. Au début, tu croyais qu'il voulait te vendre sa fille... Non, non, 120 euros c'est bien pour une chambre. Ok, il y avait des peignoirs...

Le village surplombe la rivière. Beaucoup de champs. C'est l'époque des récoltes et ce sont les femmes qui triment les hommes travaillent plutôt dans les restos (ils font surtout la sieste). C'est vrai que depuis que t'es en Inde, tu n'as jamais vu une serveuse.

T'as galéré pour trouver un hôtel correct. Résultat 15 minutes de marche à traverser le village pour enfin te poser. Point positif, il y a un roof top avec une vue sympa. T'as vu sur l'ennemi : 15 km plus loin dans la vallée et c'est le Pakistan. Pas de frontière ouverte.

Le Pakistan au loin

'Autant au début de la vallée, tu voyais des stupas autant près de la frontière pakistanaise, autre ambiance. Mosquée et femmes portant un foulard. Mais aucune différence côté gentillesse.

Dans tous les villages, il y a plein d'abricotiers. Mais ici, ils sont arrivés à en faire un business touristique. Des petites boutiques te vendent des sachets d'abricots séchés et ses dérivés comme du jus, de la confiture... Certaines boutiques tentent même de te fourguer du safran.

Ah oui, le patron de ta prochaine agence de trek t'a expliqué que les abricots séchés qu'on trouve sur le marché avec une jolie couleur orange sont parfois trempés dans un produit pour les rendre plus orange. Ouais, top! Et c'est vrai que dans toutes les boutiques bio, ils sont tous un couleur marron noirâtre qui donne moins envie mais certainement plus sain.

C'est vrai que se balader dans le village est plutôt sympa et reposant mais pas sûr que ça mérite 8h de bagnole aller!

T'as demandé à l'hôtel s'ils proposaient la cuisine traditionnelle Balti (un truc du coin). Non, car les touristes n'aiment pas. Mais tu peux avoir une pizza. Euh, 8h de bagnole pour manger une pizza, c'est plutôt tentant, tu vas réfléchir. Heureusement à 200m, t'as le walnut café qui propose des plats Balti.

Sans déconner, vous allez pas le croire. T'es dans un petit café dans un village perdu au bout du monde et t'as juste à côté une table avec d'autres clients. Et c'est qui ? Des Israéliens ? Non, ils sont restés dans leur communauté à Leh. Des chinoises... Tu les imaginais plutôt en train de faire la queue devant le magasin LVMH des champs Elysées...

Côté bouffe, t'as tenté le bringya et le moskot. Les chinoises sont restées sur des plats typiques...chinois

Le moskot, c'est un peu la version locale des blinis avec tarama. Et le bringya une sorte de galette moelleuse avec du beurre. Est ce meilleur qu'une pizza ? En tout cas, fallait essayer! Malgré ton estomac en vrac, t'as pris deux jus de fruits fait maison, abricots et mûres. Si demain, t'es obligé de faire stopper la bagnole tous les cent mètres, tu sauras pourquoi.

Incroyable, pas un putain de clébard qui gueule à 4h du matin. Le rêve...ou presque. T'as les mosquées de la vallée qui ont lancé le concours de celle qui fera le plus de bruit. En tant que membre éminent du juri, c'est comme pour l'école des fans (les anciens comprendront la référence), elles ont toutes gagné. Autant à Leh, tu peux balancer des pierres sur les chiens pour les faire déguerpir quand ils aboient leur sérénade sous ta chambre. Autant, pour la mosquée, c'est plus compliqué (à moins de faire comme dans OSS 117...)

Retour sur Leh, un peu moins de 6h de bagnole. Le dimanche, les gars ne travaillent pas sur la route. Ils sont 'parqués' dans des camps de grandes tentes en plein soleil.

A Leh, tu tombes sur le couple de français. Toujours à essayer de monter des treks en solo mais qui merde....

Dans un précédent post, t'avais parlé de la néerlandaise qui avait fait réparer son sac et le gars lui avait demandé plutôt de la nourriture car il avait peur de se faire racketter. T'es tombé sur le même gars. Mais c'est une arnaque. T'as fait réparé ton sac sans demander le prix (juste une petite couture). Le mec t'a demandé de lui acheté de la nourriture. Ok, on est allé à l'épicerie. Le gars a rempli son caddie. T'en étais à plus de 30 euros. Tu veux bien être gentil mais faut pas non plus prendre les gens pour des cons. Tu vas pas payer l'équivalent de trois nuits d'hôtel juste pour une couture sur un sac à dos. Surtout que le gars a les mots parfaits pour te faire culpabiliser. Alors, ouais, les gentils vont te dire que t'as fait une bonne action. Et bien, ils ont qu'à venir ici faire leur bonne action. Où sinon t'ouvre une cagnotte litchie à ton nom pour ceux qui auraient des piécettes à refiler.

Scamed Ricardo

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Yo,

Dernière rando dans le Ladakh, la fameuse région du Zanskar. C'est devenu moins intéressant d'y aller car beaucoup de chemins sont devenus des pistes. C'est assez loin de Leh et il faut un peu de logistique.

T'as fait le tour des agences et t'as vu de tout avec des prix qui vont du simple au double pour le même circuit. Tous ne sont pas d'accord sur le circuit, sur les parties avec piste....

Impossible de trouver du monde, tu vas passer dix jours avec un guide/cuisiner et un muletier.

Sur le papier, tu pars de Kanji pour rejoindre Pishu en dix jours. Grosse discussion avec l'agence retenue pour négocier le prix. Il y a un col difficile (Kanji) à passer, si on rajoute un jour de plus à cause de toi tu devras rajouter un supplément. Le mec veut des photos du voyage pour les mettre sur son site et en échange de tes photos, il te fait 10% de remise. C'est sûr que quand tu pars d'un prix élevé, tu peux trouver un prétexte pour te faire une remise...

Tu viens de rencontrer ton guide. Un grand en Jean's et chapeau mou. Il parle très peu anglais. Ca promet ces dix jours, côté conversation.

Lydie va te rejoindre au Kashmir à Srinagar le 9 août. Donc, pas le temps de rêvasser en route. A la fin du trek à Padoum, t'auras deux fois cinq heures de bagnole pour rejoindre Srinagar.

Dernière nuit à Leh. T'es patraque depuis ce matin, mal au crâne, la bouffe n'a aucun goût.... La nuit a été terrible. Très grosse tourista avec des envies de vomir

T'as beau le savoir, t'es toujours aussi con. Les jus de fruits fait maison à Turtuk....une sacrée connerie.nah je vous laisse mon trône m'appelle pour la dixième fois... Tu vas aller racheter du PQ, ton stock est en chute libre. Encore heureux qu'aujourd'hui n'est qu'une journée de transfert....

Ricardo, suivi à la trace

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J1 - Bourbier pour aller à Kanji

T'es totalement déchiré des intestins. Faut espérer que ça ira mieux plus tard sinon la rando va être compliqué.

T'as fait connaissance de ton guide ladakhi, Wangtak qui finalement parle pas trop mal l'anglais. Pourtant ça partait mal, à l'agence, il lâchait pas un mot. Le gars est plus grand que toi et c'est plutôt rare pour un ladakhi.

En théorie 3h de bagnole à partir de Leh pour rejoindre le village de Kanji.

Petite pause déj où tu prends que du riz en espérant qu'il va faire tampon....

Grosse coulée de boue sur une route pour passer un col. Un côté de la route est entièrement sous la boue, le reste est à peine praticable. Sauf qu'on ne peut pas se croiser et personne ne fait la circulation pour alterner ceux qui montent et ceux qui descendent. Donc gros bouchon boueux...

Côté nettoyage de la route, c'est pas quelques femmes avec des balais qui vont enlever des tonnes de boue.

Et quand tu penses que c'est enfin réglé, c'est le mec en voiture devant qui est embourbé et qui n'arrive pas à s'en sortir. Puis une ambulance arrive en face toute sirène hurlante. Euh, t'as beau être une ambulance, quand il n'y a qu'une piste et que t'as plein de camions et bagnoles qui montent, tu peux mettre ta sirène tant que tu veux, tu passeras pas. Alors au lieu de bloquer la piste, tu te mets sur le côté, laisses passer tout le merdier et ensuite tu pourras passer.

Et dire que ton chauffeur va devoir se retaper ce merdier au retour. On quitte enfin la route principale pour remonter sur dix kilomètres une gorge assez étroite pour rejoindre le village de Kanji à 3800m.

Histoire de t'occuper, tu files un coup de main pour tout sortir. C'est vrai que les journées au camp vont être longues en solo. De la méditation pour s'occuper ? Euh... Sinon il y a une grande antenne et on t'a dit qu'il y avait de la connexion téléphonique. Alors oui, mais pas avec ce foutu opérateur Airtel. Si vous venez au Ladakh, oubliez Airtel et prenez plutôt l'opérateur Djo (où un nom dans le genre) si vous prévoyez d'aller dans des coins un peu reculés.

Dix minutes plus tard, t'as une petite table, un tabouret, un thermos de thé et un paquet de biscuits. Grand luxe.

Pas grand chose à faire, direction le village, Jullééé obligatoire.

Et quand tu reviens, tu vois un tente verte pas très loin de la tienne. Des voisins ? Sans déconner, il suffit que tu sois dans un coin perdu, si tu tombes sur d'autres touristes, c'est forcément des... français. Un couple du Gers. Ils font les mêmes étapes que toi.

Le ciel est de plus en plus couvert, la pluie débarque.

Des villageoises viennent vendre des chaussettes faites maison mais sans grand succès. Du coup, elles s'assoient et regardent les touristes.

Les gamins veulent jouer avec nous au volley ball. Ouais à 3800m c'est pas évident côté souffle.

18h50, c'est l'heure du repas à l'ehpad. Le guide n'a pas quitté la cuisine depuis qu'il est arrivé. Sacré boulot de faire guide/cuistot ! Au menu, des grands classiques, une soupe, du riz avec du dal bath et des légumes.

Pour l'instant t'es pas en état d'aller taper dans ta réserve de saucisson. T'aurais pas eu le temps de l'apprécier qu'il sera déjà ressorti...

Les tentes sont à côté d'une petite cahute où le proprio vend quelques broutilles. Il débarque qu'avec une bouteille de Brandy et une canette de bière. C'est le horseman des français qui se tape la canette. Le Brandy ? Personne n'est preneur....


J2 - direction le camp de base du col de Kanji

6h30, t'as le thé dans ta tente.

T'as environ 13 bornes pour 400m de D+

7h30, on remonte une petite vallée plutôt tranquillement.

En théorie on droit traverser une dizaine de fois la rivière mais ton guide, qui est déja venu la semaine dernière, est une feignasse comme toi. Plutôt que se faire chier à enlever les godasses pour traverser, on longe les bords en s'accrochant comme un peu aux rochers. A la moindre gamelle, ça ne sera pas que les pompes qui seront mouillées.

11h30, t'es au camp. Facile à reconnaître, il y a des détritus un peu partout. La journée est terminée.

Pendant que tu va chercher de l'eau à une source, Wangtak est en train d'enlever toutes les pierres sur ton emplacement de tente. Super attentionné. Le seul hic, il commence déjà à vouloir changer ton programme en le simplifiant.

Le horseman, Dorje, arrivera deux heures plus tard. Va savoir ce qu'il a foutu. Il a une drôle de dégaine avec sa moustache, son allure filiforme et surtout une râpe à fromage accrochée à son sac à dos.

T'aides à monter la tente cuisine. Ensuite Wangtak veut t'aider à monter ta tente. Que nenni, ta tente, tu te débrouilles. Il y a une priorité plus grande, monter la tente toilette que tu baptises quelques minutes plus tard. A se demander si tes médocs sont vraiment efficaces?

Le guide et le horseman des français, débarquent dans ta tente cuisine. Tu vas jeter un œil. Dorje essaye de planquer une bouteille. Il trimballe du rhum made in India à 65°. Il t'en a proposé. Euh, du 65° à 4300m d'altitude avec un bid en vrac, tu vas passer ton tour. Ce sont les deux horsemen qui tapent dedans. On verra si demain si ce sont eux où les chevaux qui mèneront la danse.

Les français sont arrivés vers 14h un poil entamé. C'est censé être la journée la plus facile et demain une des plus dures. Espérons que ça ira pour eux.

Un groupe est arrivé en sens inverse à 16h. S'ils sont partis à 7h ce matin ils auraient mis près de 9h pour passer le col ? Ca promet, surtout qu'il y a plus de montée dans ton sens.

Conjugaison du verbe buller toute l'après midi. Le camp des français est 100m plus bas donc pas top non plus pour taper le bout de gras. De toute façon, ils sont fatigués.

La source ...

18h20, Wangtak se pointe pour te dire que la soupe est prête. 18h20 la soupe ? Et à cette heure, il t'apporte aussi des pantoufles et ton dentier ? Non, faut pas déconner non plus. C'est 19h au plus tôt.

Le dîner ? L'éternelle soupe, du riz pour ton bid des légumes et des chapattis fais devant toi.

T'as dû mal à en manger deux, eux ils s'en tapent six ou sept.

Briefing du soir : Demain longue journée. Réveil 5h30. Tu vas partir tout seul pendant qu'ils vont finir de ranger. Wangtak t'a montré le départ du chemin, un pierrier vertical pour s'échauffer. Il pense que tu vas mettre 5h pour rejoindre le col qu'est à moins de 6 km. Euh, sur ton programme, il y a marqué 3h. Y aurai pas un petit décalage ?

T'es passé voir les français qui ont dîné à 18h (mort de rire). Leur guide leur a dit qu'ils devaient compter sur 9-10h pour passer le col et redescendre de l'autre côté.

Ricardo, une pantoufle dans un epad

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J3 - Passage du col de Kanji à 5200m d'altitude

Petit point intestins. La veille t'as pris du Smecta et du tiorfan. Résultat, tout est bloqué et ça gargouille sans cesse dans ton bid. Va savoir ce qui va se passer aujourd'hui, en tout cas t'as passé une sale nuit.

Aujourd'hui, c'est le passage du col de Kanji à 5200m et des brouettes. On a 900m de D+ pour 5,5 km de montée. La descente ? On verra après. Apparemment c'est un col qui fait mal car il n'est pas progressif.

Wangtak est resté pour ranger tout le camp avec Dorje qui tient debout malgré le rhum à 65°. T'es parti seul devant. Comme prévu, tu traverses la rivière et le chemin quasi invisible s'enquille dans une montée assez verticale dans les éboulis.

D'entrée, ça fait mal. T'as bourré tes poches de fruits secs pour te donner de l'énergie. Tu t'es donné l'objectif de 5h pour le col et si ça passe, ça sera saucisson au camp ce soir. Ouais, faut pas avoir peur de se faire des petits plaisirs quand on a des objectifs aussi ambitieux....

Côté météo, le ciel se couvre de plus en plus. Le couple de français est un peu plus bas que toi.

La première montée est assez dure. Ensuite t'as un faux plat népalais. Pour ceux qui ne connaissent pas, c'est qu'entre le point de départ est d'arrivée il y a peu de différence d'altitude mais entre les deux, ça monte et ça descend...Ca fait deux heures que tu marches. T'as vu le guide des français les rejoindre mais le tien est aux abonnés absents.

Deuxième mur à taper. La pluie s'invite à la fête. Deuxième faux plat népalais. Pour l'instant, t'es facile avec un rythme lent mais sans pause. Juste avant la dernière montée, tu vois tes chevaux arrivés avec Borge et Wangtak. Le terrain n'est que de la pierraille et les bourrins en bave.

On arrive au niveau de la neige et c'est encore plus pentu. L'un d'eux a même mis genoux à terre lors d'un dérapage sur la glace.

En face un glacier, va savoir si dans dix ans il y a encore de la neige. Car même avec les nuages et la pluie, il ne fait pas très froid.

Les spangheros sont passés devant toi sur un rythme fractionné, quelques pas très rapides et une pause. Impossible de les doubler jusqu'au sommet.

Dernière barre neigeuse à contourner pour arriver au col.

Le col, on a dû y rester deux minutes, le temps pour Wangtak d'accrocher un foulard en soie. De plus en plus de nuages, du vent, de la pluie, bienvenue au Zanskar... Allez cassos.

La descente est dégueulasse. Que de la pierre sous toutes ses formes. Le meilleur moyen de se tordre une cheville. Va savoir comment les bourrins descendent. Plus de 4km de descendre dans un temps dégueulasse.

C'est con car côté paysage, juste en face c'est un festival de couleur : une montagne rouge bordeaux avec de reflets verts, un peu plus loin des tons oranges, à côté un glacier avec sa rivière. Bon, faut juste enlever la couche de gris... Ouais, ça rend pas sur la photo.

Tu penses être arrivé en bas quand tu t'engages dans la gorge de la rivière. Les chevaux te rattrapent. Ouais, histoire de fuir la pluie, t'as commencé à courir dans la descente mais le risque de te tordre une cheville était trop grand.

Il faut ensuite ressortir de la gorge en remontant un flanc abrupt de la gorge. Déjà sur terrain sec, le moindre faux pas et tu finis 20-30 mètres plus bas, mais sur terrain humide. Borge et Wangtak ont la trouille. Le mois dernier un cheval d'un autre groupe est tombé. Comme t'es tellement collé à la paroi, les chevaux avec les caisses tapent contre la paroi et sont envoyés dans le décor. Heureusement, tout s'est bien passé pour nous.

Reste encore deux bons kilomètres pour rejoindre le camp à l'intersection de deux rivières.

Comme il pleuviote, on monte d'abord la tente cuisine pour tout rentrer. C'est comme ça que tu vois que le sac sensé protéger ton sac et ton matelas n'est pas étanche... Top

Cinq minutes plus tard Wangtak est en train de préparer des nouilles chinoises pour nous réchauffer. Au taquet le gars ! Et tant que tu t'es pas reservi, ils ne se réservent pas même si tu insistes. Ca en devient presque gênant.

Bon, c'est sympa mais il reste le plus important à monter, la tente toilette !!

Wangtak prépare un thé ladakhi, t'as voulu essayé en version light. Il rajoute dans le thé du beurre de yack (comme le thé tibétain). Toi, t'as mis une noisette, lui une grosse cuillère. Ensuite il rajoute du fromage de yack ultra sec. Pareil, t'as juste mis un gramme. T'as touillé, t'as goûté, t'as pu à peine avaler une mini gorgée. Un arrière goût de fromage très fort et très vieux. Eux rajoutent en plus du 'sampa' et c'est plus un thé, c'est une sorte de pâte. A l'occasion, venez tester.

Les français sont arrivés deux heures plus tard, direction leur tente pour une sieste méritée. Wangtak n'arrête pas. T'es dans ta tente et il t'apporte du thé à la menthe plus des sortes de petites ganses qu'il vient de faire.

La pluie reprend de plus belles, c'est le moment où tu découvres que le toit de ta tente n'est pas vraiment étanche.

Les français ont six chevaux plus un poulain d'à peine un mois. Apparemment, il a fait un refus obstacle sur le chemin. Tu m'étonnes! Entre deux averses, ils l'ont choppé, versé un liquide bleu sur les sabots et lui ont cousu des sortes de chaussettes pour protéger ses sabots.

C'est sûr que côté cheval, il va avoir une vie difficile et ne va pas être bichonné. Côté positif, quand ils sont trop vieux pour porter des sacs, ils vivent en liberté. Aucune chance de finir en lasagne.

Alors, la grande question, saucisson ou pas saucisson ?? Ahah, t'as mis 4h sans pause pour taper le col et 3h pour redescendre. Donc festival de la rondelle !!

Ce soir, Wangtak a préparé un plat ladakhi Tentuk en chantonnant : il découpe des morceaux d'une pâte qu'il vient de faire pour les faire bouillir avec des légumes. Bon, c'est pas exceptionnel. C'est un plat en principe qu'on fait en hiver pour bien tenir au corps. Les ladakhis de l'autre équipe vont venir faire bombance ce soir ici. Pour toi, il y a des pâtes avec des légumes plus du chou-fleur et des patates grillées. Comme dessert, il a fait bouillir des abricots séchés (très très durs) pour les amollir puis a ajouté du miel et du sucre...

La pluie reprend de plus belles. T'es dans ta tente, tu l'entends creuser une tranchée autour de ta tente. Sans déconner, t'es toujours en train de critiquer tes guides mais là t'es tombé sur une perle. T'as juste une légère inquiétude sur le fait qu'il veut changer ton programme...

Ricardo, successful saucisson

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J4 - Direction le village Dipling

Autant hier, t'avais 12 bornes de marche, autant aujourd'hui t'en as 19 en passant par le col de Pigdong à 5000m avec 770m de D+ et 1200 D-.

Le couple de français n'ira pas à Dipling, il s'arrêteront au camp de base après le col, trop fatigués.

Hier, Wangtak avait mis 3h pour te rattraper, ce coup ci, il t'a fait poireauter au camp pendant qu'ils préparaient les chevaux. Autant sur certains trucs, tu peux les aider autant sur l'arrimage du merdier sur les chevaux, tu passes ton tour.

Finalement, il te lâche la bride. Histoire d'être bien réveillé, il faut commencer par traverser la rivière qui est, à 7h du matin, plus que glaciale. Impossible de passer via des rochers, tu passes en sandales au milieu des glaçons. Puis c'est 8,5 km de remontée de rivière. Le temps ? Nuageux en s'empirant... Ca promet.

On a l'impression que le chemin ne monte pas mais quand même. Contrairement au col d'hier qui était beaucoup plus court mais beaucoup plus pentu, aujourd'hui c'est progressif pour le moment.

Toujours ces superbes paysages avec ses dégradés d'orange et toujours ces putains de nuages qui cachent le soleil.

Finalement, l'équipe te rattrape et te double. Les deux derniers kilomètres sont plus engageants et t'es dans le dur. Pas assez d'énergie. A ce moment, tu te verrais plutôt à la plage avec Lydie et une pina colada à la main. Tu te traînes comme pas possible. Wangtak, s'arrête régulièrement pour voir si ça va. Poker face, tu lèves le pouce mais intérieur c'est pas la fête. Heureusement il ne pleut pas et t'as même parfois pour quelques minutes un brin de soleil.

Le col ? Ouais, même s'il ne fait pas froid, on ne s'y attarde pas non plus.

T'auras mis cinq heures sans pause. De l'autre côté, des montages beaucoup plus escarpées. Avec du soleil, ouais, tu radotes, le paysage serait fantastique.

Wangtak t'a expliqué que même si sur ton programme il y a écrit que la journée se termine au village de Dipling, en principe, on s'arrête au camp de base au pied du col. Si tu montres la moindre faiblesse, il trouvera ce prétexte pour y camper. Donc, tu fais le fier et pars en marche rapide dans la descente. Franchement, t'es content d'être monté au col dans ce sens car la descente est super pentue alors imaginez la montée. Très très longue descente casse pattes.

La pause dej se fait à l'endroit où on aurait dû camper. Aucun regret, on ne voit rien et en plus il n'est que 13h30. Tu te serais fait chier grave longtemps. En plus, il fait soleil et Dipling est à moins de 7km. L'équipe n'est pas super emballée. Au premier tournant, tu vois le village tout au fond de la vallée. Cool! Légère descente, ca va rouler pépère. C'est sûr, t'as fait le bon choix. Ca fait pas cinq minutes qu'on marche qu'un bruit de tonnerre te fait douter. Cinq minutes plus tard, on est bon pour de la flotte. T'es à deux doigts de leur dire, 'ok, mea culpa, t'es un gros naze, on fait demi tour'. Une bonne demi heure de flotte, un pont qui tient sur un malentendu.

et nous voilà arrivés en vue de Dipling. En cours de chemin, Wangtak te montre une sorte de puits très large et de quatre mètres de profondeur. Il servait il y a cinquante ans aux villageois pour piéger les loups qui attaquaient les troupeaux. Ils mettaient une carcasse de bestiole dans le puit et le loup était assez con pour sauter et ne pas pouvoir remonter. Il y a encore un cadavre de loup au fond du puits. Comment ils font aujourd'hui ? Certainement un coup de fusil...

Aux abords de Dipling, tu vois qu'ils ont les moyens dans ce coin. Ils ont deux ponts l'un à côté de l'autre.

Les quatre premiers chevaux s'engagent sur un des ponts (t'aurais pas choisi celui-là) et passent sans problème. C'est le dernier, tenu par Borge qui fait un gros refus d'obstacle. Ils ont beau le tirer, le pousser, refus catégorique. Du coup, il l'amène à l'autre pont à dix mètres. Bon, ok c'est un bourrin mais il est pas complément con non plus. Quand il a vu qu'on l'approchait de l'autre pont, il a bien fait comprendre qu'il n'était pas un perdreau de l'année. Même à trois mètres du pont, il bloquait. Toi, si t'insistes, tu vas finir en lasagnes spangheros.... A peine, pose-t-il un sabot sur le pont en bois que le bruit lui fait peur. T'as crû que jamais il passait...

Juste après le pont, un bel emplacement avec une herbe bien verte. A la base le campement est un kilomètre plus loin. Mais Borge veut rester ici car il y a plein de bouffe pour ses bourrins. En tant que client, c'est toi qui décide (ou tu crois décider). Sans déconner, ici ou plus loin, rien à foutre. Les chevaux ont en chier ces deux jours et si ça rend le sourire à Borge, on campe ici au pied de la rivière.

A peine débarrasser de leur merdier, les bourrins se sont rouler dans l'herbe, t'ont fait une patte d'honneur et sont partis sur la colline en face ? Quoi, ils sont pas si fatigués finalement !! Et le bougre qui avait la trouille de passer le pont est passé sans problème avec ses potes. Je t'en ferais de la lasagne....

A peine le camp monté qu'une pluie fine se pointe. Mais jamais ça s'arrête ? Ah, voilà, faut gueuler un bon coup pour que le soleil vienne enfin. Une petite rondelle de saucisson pour reprendre des forces.

Dans la descente, t'avais vu dans le village, plusieurs tentes jaunes. Forcément du touriste.

Comme t'as rien à foutre au camp à part un peu de lessive, tu prends la direction du village qui est à un kilomètre. Ouais, t'as pas assez marché aujourd'hui. Va savoir quel groupe sera là-bas. Imaginez que ça soit des danseuses du Crazy horse venues prendre l'air. Ouais, on y croit !

Alors le village de Dipling, c'est une quinzaine de maisons plus ou moins habitées, un moine en train de méditer, euh, non, en train de garder des vaches et t'as dû voir une quinzaine d'habitants.

Arrivé aux tentes jaunes, elles sont pleines de personnes qui roupillent. Il y a un asiatique plus loin, tu le salues. A peine s'il te répond et se barre plus loin. Ah ouais ?! Tu te pointes à la tente cuisine et tu tombes sur ton cuistot du trek précédent au lac Moriri. Incroyable ! C'est un groupe de six coréens. Ils ont deux cuistots, un guide, un assistant et 15 bourrins. Ouais, deux cuistots. Ils sont en train de préparer des frites et donc ils t'en ont filé un bol avec un thé masala! Toujours aussi gentil. Ils font le même programme que toi mais avec plus de temps. Hier, ils ont passé le col de ce matin mais sont restés au camp de base. Aujourd'hui, ils ont juste fait les huit bornes pépères pour venir à Dipling et malgré la courte marche, ils sont tous à plat. Les deux jours les plus durs sont passés, maintenant, ça devrait être de la rigolade. Tu demandes au cuistot s'il n'a pas vu un groupe de danseuses en tenue légère, on sait jamais...

Vaut mieux retourner au camp pendant qu'il y a du soleil, une ramasse est si vite arrivée.

T'es allongé dans l'herbe en train d'écrire ces conneries quand tu vois un troupeau de chèvres et de moutons passer par les ponts (pas des trouillards, eux). C'est l'heure de rentrer au bercail. Tu fonces prendre ton appareil photo. Pendant ce temps, ceux qui ont déjà traversé ont repéré tes fringues en train de sécher sur les rochers et essayent de les bouffer. Saloperie de boucs ! T'as des trous dans ton t-shirt et un a failli se barrer avec une chaussette.

Un joli arc en ciel mais Wangtak t'annonce que la pluie risque de se pointer. Cinq minutes plus tard, les gouttes arrivent. Putain....

C'est pas encore ce soir que tu vas dormir à la belle étoile. En plus on est qu'à 3800m d'altitude, ça aurait été top.

T'as beau dire à Wangtak de faire light côté repas, la règle est une soupe plus trois plats

Ricardo, pas crazy

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J5 - Direction l'inconnu

Réveil à 4h30 par une pluie battante. T'as bien fait de ne pas essayer de dormir dehors. Le morceau de bâche posé sur le toit de la tente s'est décalé, quelques gouttes de pluie viennent agrémenter ta fin de nuit. Mais la bonne nouvelle est que ce matin, même si quelques nuages retardataires traînent encore dans le coin, un beau soleil a décidé de venir sécher tout ton merdier.

Du coup, t'as annulé la vente de ta crème solaire sur le bon coin.

Aujourd'hui, t'es sensé marcher jusqu'à une intersection 'lingshed sumdo'. C'est 12 bornes de de descente tranquille donc on va pousser plus loin mais va savoir où. Donc journée pépère de récup ! (que tu crois)

Pendant que l'équipe fini de ranger le merdier, tu repasses par le village.

Les coréens sont déjà partis. Tu te dis que tu va bien arriver à les rattraper.

Même si la descente dans la vallée est superbe (surtout avec la luminosité), ça ne vaut pas le festival de couleur des deux jours précédents.

Wangtak te rattrape mais impossible de rattraper les coréens. Ils se sont dopés ce matin ?

Finalement, on les retrouve à leur pause déj à 11h, cachés dans l'ombre des arbres. Ouais, grand soleil qui cogne fort.

Les coréens ont pas un millimètre de peau visible. Manches et pantalons longs, gants, grands chapeaux et même un masque pour protéger leur visage du soleil. Toi en bermuda, t-shirt tu crèves de chaud alors eux...

On a plusieurs petits ponts à passer, t'aimerais bien voir comment vont faire les chevaux...

L'eau de toutes les rivières est grise. Une sorte de sable que tu retrouves sur le les rives.

Arrivé à l'intersection 'lingshed sumdo', notre lieu de campement sur le papier. Il est 11h30.

Une petite gorge étroite part vers la gauche. C'est le chemin pour aller en direction du village de Lingshed. Wangtak t'avait prévenu qu'on pousserait un peu plus loin pour avancer par rapport à demain.

Des arbres, un petit torrent à l'eau transparente. Vu l'étroitesse de la gorge, un peu d'ombre va faire du bien. Ca tape les 35 degrés.

Et là, c'est le drame. T'es pas engagé dans la gorge depuis plus de cinq minutes que tu vois un affreux machin jaune, une putain de pelleteuse !

T'arrives droit sur une piste. Ils construisent une piste qui part de Lingshed pour rejoindre le village de Dipling. Ouais, celui avec 14 baraques! Une belle piste où deux camions peuvent se croiser. T'as un vague souvenir de cette histoire de piste mais l'agence t'avait dit que tu pouvais marcher à côté. Ouais, mais d'abord prêtez moi la pelleteuse pour enlever les milliers de tonnes de rochers qui ont recouvert le chemin! Hein? Quoi ? Impossible de te prêter la pelleteuse. Les mecs sont au chômage car ils attendent les barils de diesel pour la faire tourner. Quand ça veut pas...

Bon, pas le choix, c'est la piste. Plus on monte, plus la piste, à flanc de montage, s'écarte du torrent. Le soleil cogne de plus en plus et pas la moindre ombre ou léger vent rafraîchissant. Borge nous rejoint enfin. C'est lui qui décide si on s'arrête en fonction du spot pour les chevaux (ouais, finalement le client n'est plus le roi). Bon, on peu continuer. On rattrape l'équipe des coréens. Grosse discussion entre leur muletier et leurs cuistots. Les muletiers veulent continuer car il n'y a pas de spot pour les chevaux. Les cuistots veulent attendre car ils ont peur que les coréens soient trop crevés pour rejoindre un potentiel campement plus loin.

Pendant ce temps, leurs chevaux s'interrogent.

Nous, on continue toujours. Même si marcher sur une piste est plus facile que sur un chemin, tu commences à peiner. T'es déjà à quatre litres de flotte. Le problème est que la piste est à plus de cent mètres en hauteur par rapport au torrent. Et le campement est forcément au bord de l'eau.

Tu marches, tu marches jusqu'au moment où tu vois un semblant de piste qui descend vers le torrent. Alléluia, on va certainement s'arrêter là. Tu descends avec Wangtak et commences à chercher un spot pour t'étendre et mourir.

Pff, même pas. Borge, du haut de la piste dit que ça ne va pas. Il connait un meilleur spot 500m plus haut. T'es toujours prêt à pousser pour aller plus loin mais là., tu le maudis intérieurement.

14h, on est enfin arrivé. Encore 7h de marche sans quasi stop (ouais, ça c'est toi qui le veut) et 18 bornes en tout, avec juste 300m de D- et 540m de D+.

Tu te demandes pourquoi tu trimballes ton pack déjeuner vu que tu le manges quasi systématiquement au campement...

Tu récupères ton sac à dos, il est trempé. Qué passa ? Wangtak demande à Borge la raison. Ben ouais, certains ponts de ce matin n'étaient pas accessibles pour les chevaux. C'est vrai que tu t'étais dit que jamais ils pourraient accéder aux ponts. Du coup, ils traversent la rivière et apparemment il y avait un peu de profondeur...

Le campement, c'était un peu prévisible, est sur de la pierraille, en contrebas de la piste. T'as monté ta tente sur le chemin du tractopelle, le seul endroit à peu près plat.

Heureusement que la route n'est pas terminée, il y a juste 2-3 camions et tracteurs qui passent.

30 minutes après s'être installé, l'orage a tonné plusieurs fois et on a pris de la flotte. Que faire pour s'occuper ? Atelier couture, réparation aussi des pieds, écriture de ces conneries quand Wangtak 'sonnent' à la porte.

Sans déconner, il n'arrête jamais. Il t'apporte du thé masala et des beignets aux pommes super bons.

T'as perdu du muscle vu le peu d'apport de protéines. Non, le saucisson, ça ne compte pas. Mais côté bid, t'as rien perdu vu tous les plats de Wangtak et les quelques Bounty tombés par hasard dans ta poche. Non plus, c'est pas à cause du saucisson. Ouais, faire des abdos ou la planche à 4000m d'altitude, c'est un peu compliqué au niveau respiration. Tu t'es pris en selfi histoire de voir ta tronche. Émacié le Ricardo. T'as perdu de partout sauf du bid et de la connerie. La pov Lydie, elle ne va pas te reconnaître dans cinq jours.

Petit point intestins : l'équipe a bien compris qu'il fallait monter la tente toilette assez rapidement quand on installe le camp. Voilà, vous avez compris la situation. On change pas un intestin qui s'exprime facilement...

Il y a deux jours, Wangtak voulait changer ton programme. T'avais l'impression qu'il voulait prendre un raccourci et éviter Lingshed pour moins marcher. Maintenant, on en parle plus et il prolonge les étapes...

Le dîner ? Il t'a sorti une pizza avec une pâte croustillante ! Avec les cuistots népalais, t'avais un dal bhat tous les deux jours, avec lui, tous les soirs c'est différent et bon!


Contact Wangtak

Wangtak travaille via des agences où en Freelance. Franchement, t'en as consommé des guides et t'en as rarement eu un comme lui. Voilà son numéro de WhatsApp car il est exceptionnel (pas que pour la bouffe )! Le seul petit hic, il est un peu limité en anglais pour une discussion philosophique (mais est-ce utile), sinon il comprend tout mais faut lui parler lentement ! Il a commencé comme cuistot (top de top) et il fait aussi guide avec juste la petite limite dont j'ai parlé juste avant. Il peut organiser le transport, le matos.... C'est un ladakhi donc forcément le contact avec les gens est plus facile que si c'est un népalais.

Wangtak : +91 9419850167 et +91 7889506521

Pas sûr qu'il se rappelle de ton prénom (surtout que Ricardo n'est pas ton prénom...) mais si vous lui parlez du dingue sur le trek de Kanji la, il s'en rappelera sûrement !


Ricardo, une pantoufle dans l'ehpad, un pied dans la tombe

La tente primordiale, visible de loin 
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J6 - Direction le village de Lingshed

Vu Les 6 bornes de la veille, on a aujourd'hui plus que 10 bornes avec le passage du col de Barmai à 4660m pour rejoindre le village de Lingshed. Soit environ 500m de D+ et 900m de D-. Une paille. Sauf que... changement de programme. Histoire de prendre de l'avance pour être sûr que tu seras bien à Srinagar le 8 août pour récupérer la miss, on va prolonger la marche. Une fois à Lingshed, il faudra reprendre le chemin inverse et on marchera jusqu'au camp de base du col d'Hannumula. Soit un petit rajout de sept bornes et 500m de D+. Quand t'additionnes le tout, ça fait plus de 20 bornes et 1000m de D+ et D-, encore une sacrée journée de marche.

Pour l'instant, physiquement tu tiens le coup malgré ta toux continuelle, ton bid en vrac, tes pieds en sale état et maintenant un mal à la gencive qui t'empêche de macher d'un côté. Ouais, ça sent le sapin. Ca te rappelle cette histoire du mec qui saute du quarantième étage et qui à chaque étage dit 'pour l'instant, ça va'.

Bon, t'arrêtes de pleurnicher, c'est reparti pour un tour.

Le ciel est couvert, quelques tâches bleues mais faut pas s'emballer non plus. Vu que t'es sur la piste, tu préfères les nuages. Hier, le soleil a vraiment cogné.

Camp de travailleurs 

Wangtak t'a laissé partir devant. Toujours cette saloperie de piste qui mène jusqu'au col. De très grand zig-zags sans fin. Tu peux les couper mais ça monte grave. Tu croises un pov yak qui en regardant la route en contrebas à l'air aussi désabusé que toi. Et ouais mon gros poilu, fini les grands espaces sans traces humaines.

Le col ? Un peu comme tous les autres, du vent, du froid, une photo et cassos.

Et alléluia, alléluia, tu vois un chemin pour descendre vers Lingshed !! T'es 100 mètres en contrebas de la route donc c'est comme s'il n'y en avait pas.

A part Dipling où il y avait quelques cultures, t'as marché dans un environnement très minéral. Par contre la vue sur Lingshed en contrebas est un choc pour les yeux. Plein de tâches vertes et jaunes au millieu de cet environnement très minéral grise et jaune.

Wangtak te rattrape. Ouais, des pauses urgentes déclenchées par ton intestin font baisser ton rythme de marche... On arrive à une intersection

Tout droit c'est le village Lingshed, à droite c'est le camp de base où tu vas dormir ce soir. Depuis le début, tu sens que Wangtak n'est pas motivé pour aller à ce village. Donc, il te laisse y aller seul, lui va aller au camp tout préparer et il reviendra ici pour te ramener au camp ensuite. Mouais, ok, pas de problèmes. Te voilà partis vers le village où tu vois de plus en plus de tâches de couleur.

Obligés de rejoindre cette foutu piste. En fait de village, t'as le monastère toujours utilisé par les moines, une gompa où ils construisent un bouddha, et plein de maisons éparpillées. Pas un centre ville, un bar des sports voir même un terrain de boules...

Bon, le monastère, c'est pas trop ton truc mais tu vas y jeter un œil. T'es venu jusqu'ici. Déjà faut y monter.

C'est à ce moment que tu tombes sur les fameuses filles du Crazy Horse dont tu parlais la veille. Une bonne trentaine en plus. Bon, elles devaient danser à l'époque de Charlemagne. Tout un groupe de mamies, certainement du coin, qui viennent déambuler et prier. Embouteillage dans le monastère, t'es pas resté. T'en a même deux (les plus jeunes) qui trimballent une piscine locale utilisée pour quand la naïade va apparaître dans un grand splash. Et ouais, ils avaient pas les moyens pour en faire sortir une d'un grand gâteau.

Monastère, check. Reste le plus important, Wangtak, t'avait dit qu'il y aurait un petit magasin où peut-être tu trouverais ta drogue. Les villageois confirment, il est à côté de la gompa.

Tu serais bien allé aux toilettes mais comme t'es pas VIP....

T'as vu par la fenêtre que ta drogue est sur un rayon donc t'attends, t'attends. Un moine te dit que le commercant arrive. Il doit pas souvent avoir des clients près à lâcher un tombeau de pognon.

T'as fait une descente dans son stock de coca-cola. Ouais, c'est juste pour soulager ton bide, promis. T'as aussi pris des boissons pour Wangtak et Borge.

Il est temps de repartir. Vu ce que t'as acheté, ton sac a pris du poids. T'as de plus en plus de mal à avancer et retaper les 4 bornes pour retrouver Wangtak. Ah une nouvelle douleur, au tibia gauche cette fois. On arrive en même temps à l'intersection. Wangtak te propose de prendre ton sac à dos. Il est revenu du camp les mains dans les poches. Ouais, ben t'as pas hésité une seconde, tu lui as refilé. Il reste 3,5 bornes avec un petit col à passer. T'es à plat de chez plat. Fatigue cumulée et manque d'énergie.

Une fois le col passé, on doit redescendre dans la vallée de l'autre côté où se trouve le camp. La descente est à flanc de montagne, sur un terrain glissant avec 200 mètres de pente quasi verticale en dessous. Une trouille...

Sur la photo ci dessous, vous voyez le camp des coréens et sur la gauche un chemin en zigzags qui montent plutôt fortement. C'est le chemin de demain pour passer le col. Ca va encore faire mal.

Ouais, les coréens sont aussi là. Leur guide a changé leur programme. Au col, plutôt que d'aller sur Lingshed et venir à ce camp, ils ont coupé pour venir au camp directement. 3,5 km de marche au lieu de 17....

Journée tranquille pour les chevaux, Borge a décidé de leur changer les pneus arrières de ses véhicules. Espérons qu'il n'installe pas des pneus neige.


16h, tu vois quatre gars débarquer. Grosses godasses, short et grand bob. Sur le coup, t'as cru que c'était une nouvelle version de la '7éme compagnie.

Tu leurs dit bonjour, aucun retour. C'est vrai qu'on joue pas dans la même catégorie

Toi, t'es assis en sandales devant ta tente avec des biscuits et un thé masala alors que les quatre teutons trimballent des gros sac à dos, tente... Ouais, on ne se rabaisse pas à parler avec le touriste grand luxe que tu es.

Ils ont eu du pot : A côté de ton camp, il y a une ancienne baraque abandonnée. Avant, quand beaucoup de touristes passaient par ce chemin, elle faisait office de tea house. Le tonnerre gronde, la pluie tombe, les teutons se protègent dans la ruine. A chaque fois que la pluie s'arrêtait, ils allaient pour repartir quand elle tombait à nouveau. C'était presque rigolo. Ouais, t'es mesquin mais le non 'bonjour' t'est resté en travers du gosier.

Pour t'occuper, tu fais des photos de la pluie qui risque de t'arriver sur la tronche.

Grosse question sur ce circuit : en fait, à Lingshed sumdo (donc hier midi), tu aurais pu rester dans la même vallée et rejoindre ton camp de demain soir (ce que voulait faire Wangtak). Pas de pistes pourries et pas à se taper le col de ce matin et celui de demain. La question est : est ce que venir à Lingshed vaut la peine d'en baver ou pas ? (Les coréens en auront chié sans voir Lingshed, c'est pire).

Le monastère, c'est pas trop ta came. Mais c'est vrai que ce paysage était plutôt incroyable.

Ricardo, tourneur au Ladakh pour le crasy horse


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J7 - Direction le campement de Jinchen

Réveil à 5h45 car Wangtak veut te faire partir tôt au cas où il y aurait dû soleil. Ouais, ça peut arriver...

Va comprendre, mais t'as deux bourrins immobiles à deux mètres devant l'entrée de la tente. Une quête ? Une revendication syndicale ? Pas de gilet jaune à l'horizon. Ah, peut-être un piquet de grève ! T'as cassé la grève en leur donnant tes restes de flocons d'avoine du petit déj.

Alors la montée au col d'Hannumula à 4720m, c'est 750m de D+ pour 3,5 km de distance. Wangtak pense qu'il te faudra deux heures. Ouais, optimiste le gars, t'es déjà bien entamé. C'est la première nuit où tu dors non stop sans pause technique à minuit. C'est pour dire ton état de fatigue.

Départ à 7h et effectivement le soleil est présent. Enfin, il va être présent la moitié de la montée pour que tu transpires bien et ensuite il va se barrer derrière un monceau de nuages gris pour que t'es froid. Et en plus les nuages vont se pointer en direction du col.

Les coréens sont partis deux minutes avant toi. Et étonnement ils ont plutôt un bon rythme.

Ils sont galants, les deux femmes ne portent pas de sac à dos. Mais tu comprends rapidement pourquoi ils se traînent sur la journée. Ils font cinq minutes de pause toutes les dix minutes de montée. Forcément le rythme horaire en prend un coup.

T'es en train d'enquiller (lentement) tous les zigzags quand tu vois deux beaux chevaux noirs en train de te regarder tout en gardant leur distance. On dirait qu'ils cherchent quelque chose. Bizarre.

Tu continues à monter. Puis c'est au tour des coréens. Là, c'est quinze minutes de pause pour mitraillage des bourrins qui toujours regardent plus bas dans la vallée.

Maintenant le chemin est de plus en plus pentu et finalement tu vois le chorten et ses drapeaux indiquant le col.

Coup de pot, on est juste en dessous de la couche des nuages. T'auras mis 1h55. T'aurais bien fêté ça en faisant péter des rondelles de saucisson mais t'as plié le reste hier.... Wangtak et les chevaux arrivent.

Dernier point de vue sur le village de Lingshed avant de basculer de l'autre côté.

Grosse déception visuelle au début. Tu redescends en longeant un torrent entre deux collines de rocaille. Pas grand intérêt.

Ah, Borge, a bien fait de monter des pneus neige car il reste encore de gros glaçons.

Ensuite, tu retrouves des montagnes beaucoup plus colorées.

11h30, on arrive à Snerse, à la base ton camp pour aujourd'hui sur ton planning. Reste les ruines d'une tea house à l'époque (8-10 ans dixit Wangtak) où il y avait quasiment 2-3 groupes par jour qui y campaient. Depuis les différentes pistes en particulier celle qui part de Lamayaru ont tué le tourisme dans cette région. Il y a quasiment plus personne sauf ceux qui veulent en chier via le col de Kanji. Étonnement, l'agence Terdav continue à proposer le circuit qui part de Lamayaru en précisant qu'ils sont en dehors des pistes. Et quand tu demandes à toutes les agences locales et guides, la même réponse : impossible, c'est de la piste.

Wangtak décide de pousser jusqu'au prochain camp, Jinchen, à moins de trois bornes. T'as 300 mètres à flanc d'une falaise qui doit bien finir dans la rivière 400m plus bas. Parfois le sentier fait moins de 30 centimètres de large. Une trouille.

Juste avant la dernière descente, deux gars nous rattrapent. Hier soir, ils ont perdu...deux chevaux noirs. Les fameux de ce matin. Ce sont les muletiers du 'protector' qui est venu dans le coin. Alors, ici le terme 'protector' c''est un comme un préfet. C'est lui qui décide si on construit une piste, un pont...donc un mec hyper important. Ca le fait pas trop d'avoir perdu deux bourrins de son équipage (tu m'étonnes qu'ils étaient super beaux). Et surtout qu'ils ont disparu assez loin de l'endroit où on les a vu. En tout cas, les gars sont contents, car même si c'est à plus de deux heures, ils savent où les trouver.

Puis une dernière descente en chute libre pour arriver à 12h30. T'as bien fait de trimballer ton lunch pack....

Le camp est à l'intersection de la vallée que tu as lâchée avant hier. Tu aurais pu continuer dans cette vallée et arriver tranquillement à ce camp si tu n'avais pas pris l'option Lingshed.

Le camp est à 3300m d'altitude, face au col de Purfi, le dernier col de ton circuit. On voit bien le chemin sur la photo.

Une fois le camp monté, lavage et lessivage effectué, il est 14h et le soleil est revenu, ce fils de...

Seul endroit avec de l'ombre, quelques arbres où tes chevaux sont partis directement squatter.

L'équipage des coréens arrivent mais aucun des chevaux et mulets ne vont se mettre à l'ombre. T'as l'impression que te des bourrins ont privatisé le spot.

Toi, en tant que commanditaire, t'as le droit de venir. Ils sont là, placides. Quatre te regardent, le dernier te montre son meilleur profil. Mais au mois, l'option chasse mouches intégrée permet de faire partir ces saloperies.

Autant à 4000m t'es peinard autant plus bas, elles t'attendent avec impatience. C'est sûr que c'est pas très futé de s'installer à côté des chevaux qui les attirent. Mais bon, pas trop le choix. Putain, en voulant exploser une mouche, une fausse manip et t'as supprimé toutes les conneries que t'étais en train d'écrire sur ce jour. Putain de mouches ! Bon, les bourrins, fini la pause. Barrez vous brouter en emportant vos copines ! Ca a pris dix minutes pour que cette idée leur monte au cerveau et incroyable, ils ont commencé à bouger. Et tous les mulets et chevaux de l'autre groupe ont commencé à les suivre. T'es vraiment avec une équipe de leaders !! Mais Borge les empêche de partir dans la direction où ils voulaient aller. Ils sont obligés de prendre un petit pont pour traverser la rivière et aller sur la montagne en face où démarre le chemin pour le col. Et bien la pleureuse d'il y a deux jours a traversé le pont sans problème. Du cinéma...

Va savoir si c'est une vengeance ou pas, mais tous les bourrins ont enquillé le chemin qui mène vers le col. Vas pas me dire que l'herbe est meilleure tout en haut.

Si vous zoomez sur la photo ci dessous, vous verrez cinq bourrins qui sont juste au 3ème zig-zags et tous les autres quasiment en haut (des petits points blancs). En tout ça, ça fait rire les muletiers même s'Il vont devoir se taper quasiment deux fois le col.

Ah maintenant, même les tiens sont au col.

16h, les coréens arrivent. Ils sont morts. Ils sont tous assis en se demandant certainement qui est le con du groupe qui a eu cette idée de trek à la con.

 Service de thé à domicile 

T'es totalement invisible alors que t'es même pas à dix mètres d'eux. Tu serais une mule qu'ils feraient pas la différence. Plus la peine de les saluer, ils t'ignorent. T'aurais eu une plume rose, tu te la serais mise dans le c...et t'aurais fait des bonds de cabris autour du camp pour voir leur réaction. Sans déconner, ils donnent pas envie d'aller en Corée.

Petite vengeance, leur chef vient voir leur cuistot pour savoir s'il n'aurait pas du coca cola car un membre de leur groupe de K-pop n'est pas bien. Non, pas de coca-cola. Toi, t'as dévalisé hier le magasin de Lingshed. T'as même hésité à monter un stand ici... Et bien, rien à foutre. T'as continué à boire le tien tranquillement. Sans déconner, les mecs considèrent que t'es une plante verte depuis deux jours et tu vas pas jouer le mec sympa.

16h30, ils sont tous morts dans leur tente.

Wangtak vient te voir. Si tu t'ennuies, il y a un petit village à deux kilomètres en remontant la rivière. Euh, oui c'est vrai, c'est une petite journée aujourd'hui. Seulement 14,5 bornes, une paille.

Non, il vaut mieux que tu restes à proximité de la tente toilette... Ouais, pas de véritable amélioration.... En plus les gros nuages gris se sont pointés associés à des éclairs. Encore un coup à prendre de la flotte sur la tronche pour pas grand chose.

18h, t'es dans ta tente pour te protéger de la pluie. Tu regardes le col, les chevaux ont disparu. Ils ont pas compris que c'est demain le passage du col ? Les muletiers ? Pas inquiets, ils iront demain matin très tôt les chercher.

Pour le dîner, Wangtak a cuisiné en entrée des frites, puis une soupe, une sorte de tortilla, des momos vapeurs et des momos frits....

Ricardo, pas prêt d'aller en Corée

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J8 - Direction le village de Pidmo

Sur le papier, cette journée, après le dernier col devait se terminer au hameau d'Hanumil mais on va pousser jusqu'au village de Pidmo.

Le but, trouver une voiture pour foncer sur la petite ville de Padum. Et ensuite enquiller une voiture partagée ou privée pour rejoindre Srinagar via Kargil. Mais on parlera de tout ça plus tard.

Col de Purfi à 3900m d'altitude. Même s'il est beaucoup plus bas que tous les autres cols, t'as plus de 600m de D+ pour juste 2,2 km.

Tôt ce matin deux muletiers sont partis chercher les chevaux après le col. Borge te dit qu'il lui faut 30-40 minutes pour taper le col. Toi, il te faudra un poil plus d'une heure.

A peine passé le col, c'est le choc.

De l'autre côté, en contrebas la route/piste qui fait Leh-Padum qui suit le fleuve Zanskar. Les pelleteuses et marteau piqueurs sont à l'œuvre. Tu les entends du col. T'en as perdu une couronne sur implant, le choc certainement. T'as pas l'air con maintenant avec un trou dans la bouche.

Bon, faut redescendre dans la vallée. Derrière un énorme rocher, tu tombes sur deux blue sheeps qui t'avaient pas entendu. Tu leurs souris, ils ont eu une peur bleue et ont décampé fissa. Alors, tu confirmes car ils étaient tout près de toi, le bleu c'est du pipeau.

Longue marche en remontant le fleuve Zanskar impossible à traverser sans pont. D'un côté le chemin où tu marches, de l'autre la piste. Quasiment aucune bagnole ne passe, ça va pas être simple de trouver une bagnole pour te conduire à Padum.

11h30, arrivé au hameau d'Hanumil, personne ne t'a encore rattrapé. Bizarre. T'as pas envie de t'arrêter car ça pourrait être le prétexte pour camper ici.

Mais c'est vrai que cet homestay t'a fait hésiter un moment. Reste six kilomètres pour rejoindre Pidmo, soit 18 bornes en tout. Le soleil cogne. Ouais, c'est le dernier jour où t'as quasi une journée complète ensoleillée.

13h, tu vois Pidmo et surtout le pont qui permet de rejoindre la route. Au pire tu feras du stop.

C'est pas normal que l'équipe ne t'aie pas rattrapée.

Pidmo ? Quelques baraques, quelques voitures garées, des rues poussiéreuses. De toute façon, tu n'as pas ton gros sac à dos, tu peux rien faire. Du mouvement du côté de l'école. Quelques gamins et surtout un instit qui parle anglais. Le téléphone fonctionne mais pas ton opérateur. Impossible de joindre Wangtak. T'as plus qu'à attendre assis à l'ombre parterre. L'instit ne t'a même pas proposé de t'asseoir à l'ombre sous le préau

13h30, tu te dis que si à 17h, il y a personne, tu te casses à Padum (l'instit a une bagnole) et on verra pour le sac à dos. Finalement, l'équipe arrive une heure plus tard. Wangtak a attendu les chevaux car il y avait des passages difficiles pour eux.

15h, aucun intérêt pour toi à rester ici et attendre un taxi demain matin pour Padum. Grand remerciements à Wangtak et Borge en laissant un bon pourboire et tu sautes dans la bagnole de l'instit qui te conduit à Padum à 50 bornes.


En conclusion, super équipe, temps très moyen. Côté paysage, est ce qu'il y a une grosse différence avec le circuit sur Tso Moriri ? Pas évident à dire. C'est vrai que la vue sur les deux lacs est aussi sympa.

Par contre côté engagement physique, y a pas photos, beaucoup plus difficile. (alors que tu restes moins longtemps à 5000m). Côté technique, ça reste juste de la marche.

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Yo,

Voilà le périple pour rejoindre Srinagar Donc Padum, c'est pas trop le bled où t'as envie de rester. Avant de trouver un hôtel, l'instit te conduit au parking des taxis. Sans déconner, il est à cinq kilomètres du 'centre ville'. Aucun taxi partagé pour demain mais on prend ton tél et on t'appelle au cas où. Mouais, c'est un coup à passer la semaine à se morfondre devant son tél. Bon, combien pour un taxi privé ? 150 euros pour faire les 220 bornes. Ah, quand même ! T'as pas trop le choix. L'instit te dit que si tu veux, tu peux partir maintenant et t'arriveras vers 22h à Kargil. Quitte à prendre un taxi privé, c'est mieux de partir maintenant. C'est parti. Pas le choix du chauffeur, c'est dans un ordre précis. Manque de pot, t'es tombé sur une tanche qui a du mal à passer la troisième sur une belle route goudronnée. On t'a dit que cette route est en super état. Euh, la piste pleine de trous, c'est ça pour vous 'en super état '? Quarante bornes plus loin, t'es enfin sur une route asphaltée. Le seul hic est que ton chauffeur n'est pas un foudre de guerre. T'as même essayé de lui demander d'aller un poil plus vite via Google traduction en Hindi, il a ralenti.

Sur les 200 bornes, on a pas croisé cinq bagnoles. Par contre, toutes celles qui roulaient dans le même sens nous ont doublé. Il y a qu'un âne boiteux qui n'est pas arrivé à nous taper. On a même baissé la tête pour diminuer la prise au vent et le lâcher...

Parfois, des vallées s'ouvrent à l'est de la route, laissant apercevoir de superbes glaciers.

Puis, fini la belle route pour reprendre de la mauvaise piste. On a beau se rapprocher de Kargil, la route est en mauvaise état. Le chauffeur, il a une bagnole style 4x4, au moindre défaut de la route, c'est tout juste s'il s'arrête pas de la bagnole et descend pour mesurer la hauteur de la bosse. Sans fin. Surtout quand des petites bagnoles nous doublent sans problème. S'il s'arrête pour pisser, tu prends sa place et cassos!

23h, t'arrives à l'entrée de la ville. T'y es presque. Sauf que tout est bouché. Les gros camions n'ont pas le droit de traverser les villes en journée. C'est déjà suffisamment le merdier sans les camions. Donc la nuit, il n'y a que des camions qui n'arrivent pas à se croiser.

Le chauffeur te passe son tél. Hein?! Qui c'est ? Son grand frère (ouais bien sûr) qui parle anglais. Il veut savoir si demain tu veux que ce chauffeur te conduise jusqu'à Srinagar. Euh, merci mais ça va aller.

Au matin, tu tombes sur le seul autre client de l'hôtel, le brésilien du trek au Tso Moriri. Il a loué une moto et il fait le tour de la région. Il a voulu se pointer à Turtuk mais il fait tellement chaud que le glaciers fondent énormément. Résultat, les rivières débordent et Impossible pour lui de traverser en moto.

Kargil, un petite ville le long de la rivière Suru.

Franchement, pas grand intérêt à passer la journée ici. Tu te pointes à la gare des taxis. T'as pas fait dix mètres que t'as quinze chauffeurs qui te collent (pas agressivement). Taxi partagé pour Srinagar ? Oui mais il partira quand il sera plein, forcément. Taxi privé, combien ? 110 euros pour 220 bornes et encore 6h de bagnole. Les prix sont affichés, pas d'arnaque. Bon, ça fait encore du pognon à sortir mais au moins tu seras confortablement assis. Une fois que c'est décidé, c'est le tumulte côté chauffeur pour savoir le premier de la liste. T'as beau te reculer, t'as toujours 15 mecs tout autour. T'imagines Lydie se pointer pour prendre un taxi avec tous les gars collants.

Le chauffeur roule bien et klaxonne à tout va. La route est pour l'instant en bon état.

On n'est pas très loin de la frontière pakistanaise et à chaque montagne c'est le Pakistan pour lui. On peut avoir à la fois à droite et à gauche de la route le Pakistan? Si oui, on est au Pakistan !

On passe sur les checkpoints où tu remplis des formulaires qui serviront certainement d'allume cheminées en hiver.

Un stop pour un thé où l'Office du tourisme est fier d'annoncer :

Puis à un col, une activité luge.

Non, tu t'es pas arrêté pour faire un tour.

Passage d'un nouveau col puis grande descente dans la vallée. La route est bloquée par des travaux avec une circulation alternée. Des militaires armés font la circulation. Étonnant. Tu comprends quand tu vois monter deux transports de chars.

ll y a des militaires armés tous les cent mètres dans la descente. En contrebas d'immenses camps de tentes.

C'est un pèlerinage sikh vers la grotte d'Amarnath. Des centaines de milliers de pèlerins viennent chaque année pendant un mois. On est au Cashmire, avec 95% de musulmans. Ca peut créer des tensions d'où une forte présence militaire.

La route est bloquée par un troupeau. Pour doubler, soit on finit 500 mètres plus bas, soit on a du méchoui pour le dîner. Grosse engueulade entre le chauffeur et le berger.

Il reste 80 bornes. Le chauffeur veut s'arrêter pour déjeuner dans son resto favori. Cool! Et c'est quoi la spécialité culinaire de la région que vous proposez ? Du riz avec soit un morceau de mouton ou de poulet. Ok, et c'est quoi le plat du jour ? Du riz avec soit un morceau de mouton ou de poulet ! Et votre plat signature ? Du riz avec soit un morceau de mouton ou de poulet. Ok, mais sinon, sur le menu touristique vous proposez quoi ? Du riz avec soit un morceau de mouton ou de poulet ! Top, enfin, un plat qui te parle. Ca sera l'option poulet !

C'est reparti. Énormément de militaires repartis tout au long de la route.

Le chauffeur te demande ton hôtel, forcément il connait pas. On est encore à 50 bornes qu'il commence à te dire qu'il va te laisser à la station de taxi. Que dalle. La tension monte. Il te demande dix fois ton hôtel et le quartier. Tu lui répètes dix fois. Tu lui dis que tu as une application qui indique le chemin, il suffira de suivre. Il veut appeler ton hôtel. Ca discute au téléphone. Il ne prend pas les routes indiquées par ton application. Il te dit qu'il va récupérer son grand frère. La tension monte encore plus. Tu lui dis que t'as en rien à foutre de son grand frère, sa petite nièce ou son cousin par alliance. Finalement, il suit le chemin indiqué par ton application pour arriver enfin devant le B&B où attend le patron.

Le gars ose te demander un pourboire. Le patron t'explique qu'au téléphone le chauffeur lui avait dit qu'il voulait te laisser à un endroit et que le B&B envoi un taxi. Le patron l'a menacé d'appeler la police...

Enfin à Srinagar. Deux fois 6h de bagnoles même si tu conduis pas, ça entame.

Franchement sur cette journée, les paysages n'avaient rien de particulier sauf cette grande descente avec la vue sur le pèlerinage.

26

Yo,

Finalement t'es en avance pour récupérer la miss.

T'as trouvé un B&B dans le quartier de rajbagh. C'est un peu le quartier chic, pas 'trop' de bagnoles et à 10 minutes de marche du lac Dal.

Très peu d'occidentaux, t'as dû en voir une quinzaine et étonnement... Pas d'israëliens.

Le plus impressionnant est la présence quasi partout de militaires fortement armés et de policiers. Beaucoup de checkpoints où les militaires sont des casemates protégées par des barbelés.

Parfois, ils bloquent une route sans raison apparente. Chaque fois que c'est le bordel sur la route, c'est par ce qu'ils font chier. Espérons que ça va pas stresser Lydie.

Un des hot spots est le fameux lac Dal avec tous ses bateaux hôtels.

Quand tu remontes l'avenue face aux bateaux, t'es pas mal sollicité par les rabatteurs de shikala, des petits bateaux à rames te permettant d'accéder aux gros bateaux ou d'aller faire un petit tour sur le lac. On verra ça quand Lydie sera là.

Si tu prends la route qui longe le lac de l'autre côté tu peux un peu voir l'envers du décor de ces bateaux et surtout l'état du lac..

T'es à la recherche de deux choses : des endroits piétons loin des klaxons et des coins à l'ombre car ça cogne grave, surtout avec l'humidité comme seconde peau. T'as plusieurs rives de canaux, loin du bruit et parfois à l'ombre. C'est dommage que ça ne soit pas aménagé avec des endroits pour se poser et boire.

Le pont le plus sympa est zéro point bridge. Un pont en bois piéton avec 2-3 stands.

Et un peu de fraîcheur qui remonte du canal. Ouais s'il fait chaud à toutes heures.

Après, t'as des ponts un poil différent dans les quartiers populaires comme Lal chowk

Alors côté boisson, t'es resté sur le cul. Sur l'avenue touristique face à tous les bateaux, donc le coin le plus touristique de la ville, tu as vu plusieurs pancartes 'wine shop'. T'es dans une région avec 95% de musulmans et ou existe une certaine tension. Tu as des militaires présents en nombre à tous les endroits sensibles de la ville. Curieux, t'es allé voir dans le premier. Une longue petite ruelle étroite. Des grands panneaux métalliques très haut de chaque côté empêchant de voir ce qui se passe. Un mec assis sur une chaise avec une batte de cricket. Ok, sympa l'accueil. La ruelle tourne donc tu ne vois plus rien de la rue principale. Et là, tu vois une trentaine de gars par petits groupes, en train de boire debout ou assis parterre, principalement des alcools forts. Au bout de la ruelle, une petite boutique avec un mec derrière une protection métallique qui vend 2-3 sortes de vins, des bières mais surtout whisky, rhum...

50 mètres plus haut sur l'avenue, deux autres wine shops mais contrairement à l'autre, les gens sont visibles et ne peuvent pas picoler, c'est juste pour emporter.

De retour au B&B, tu en parles au patron musulman. Alors voilà sa version : dans la région natale du premier ministre de l'Inde Modi, l'alcool est totalement interdit. Mais pour faire chier les musulmans du Cashmire, il a autorisé ces établissements il y a trois ans. Mais le patron t'explique (vrai ou pas) qu'il y a beaucoup de flics armés en civil tout autour pour protéger ces établissements en cas de problème. Va savoir...

En tout cas, c'est facile de voir que c'est une ancienne colonie anglaise. Il y a la tour de l'horloge, le terrain de cricket, le terrain de polo et un golf.

T'es aller faire le tour des principales mosquées et mausolées mais rien de très flamboyant.

C'est la matinée pour récupérer Lydie à l'aéroport. Il y a un checkpoint à un kilomètre de l'aéroport. En principe, seules les personnes avec un billet d'avion peuvent passer ce checkpoint. Bon, en tant qu'étranger, t'as pu passer. C'est le patron du B&B qui t'a emmené. En théorie il a pas le droit de récupérer du monde à l'aéroport, la mafia des taxis n'apprécient pas. Une fois récupéré Lydie, il a fallu s'écarter de la zone de taxis et faire croire qu'on a arrêté une bagnole au hasard (celle du B&B) pour nous ramener.

Même si le t-shirt de Lydie n'est pas très décolleté, des hommes portent des regards très appuyés sur sa poitrine. Il y a des touristes indiennes avec des plus grands décolletés, des débardeurs mais t'as l'impression que les hommes sont attirés par les occidentales. Certains ont vraiment des regards malsains. Du coup, achat d'un foulard pour mettre sur sa poitrine et limiter les regards pervers.

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Direction la petite ville de Pahalgam, point de départ de plein de randonnées.

Mais auparavant, il y a quatre jardins à visiter sur Srinagar. Le premier, Parimal est bloqué par un checkpoint militaire, impossible d'y aller. La raison ? Va savoi... Le deuxième, consacré aux tulipes, est ouvert deux mois dans l'année et c'est pas la bonne époque. Ca part mal cette histoire.

Le troisième, le jardin Shalilmar est ouvert, alléluia ! Malheureusement les fontaines ne sont plus opérationnelles et les différents bâtiments sont mal entretenus.

Reste le jardin de nisha bagh.

Plus sympa, avec ces fontaines qui fonctionnent. C'est un peu la piscine municipale pour beaucoup de groupes scolaires.

Ils ont tous l'uniforme de leur école. Certains gamins et surtout gamines peuvent se baigner tandis que d'autres ne peuvent même pas mettre un pied dans les bassins. C'est pas compliqué, les petites filles qui n'ont pas de foulard pataugent dans l'eau tandis que les autres les regardent en crevant de chaud.

Un peu moins de 3h pour faire les 90 bornes pour pahalgam situé à 2100m d'altitude. En route, on doit voir des champs de safran. Sauf que c'est pas la saison, tu vois juste des champs labourés. Par contre t'as cinquante boutiques les unes à côté des autres qui ne vendent que du safran.

T'as dû prendre une résa bidon sur Booking car, toujours en raison du pèlerinage, les étrangers ne peuvent aller dans cette vallée. Pourtant le lieu du pèlerinage est de l'autre côté des montages à plus de 50 km de marche. Du coup, t'as une petite loupiote qui clignote dans ta tête. Si déjà la police fait chier pour juste venir au village, ça peut être compliqué d'aller faire des randos.

En plus, t'as un checkpoint sur la route où tu dois faire passer tes bagages dans des portiques comme à l'aéroport. Problème avec le sac de Lydie. Elle a acheté des bouteilles de kombucha et ils pensaient que c'était du rhum... apparemment l'alcool est interdit (alors qu'on verra plus tardun wine shop dans le village...). La petite ville est tout en longueur avec un marché central ou sinon des hébergements un peu plus retirés. On est à l'hôtel 'Palestine', avec vue sur le parking de taxis. Il n'y a pas dix secondes sans un coup de klaxonne. Ouais, erreur de débutant.

Pendant que Lydie s'installe, t'es parti voir le minuscule office du tourisme. Effectivement, à cause du pèlerinage, tous les chemins sont interdits. Le gars te dit qu'il faut une autorisation de la police. Leur bâtiment est un kilomètre plus haut et il ferme dans 20 minutes. Ok, tu fonces au poste de police. Tu vas voir différents bureaux, passe devant les cellules. Tous les flics s'en tapent. Faut insister à un bureau pour qu'un gas veuille bien te répondre. Non, c'est pas de leur ressort. Il faut une autorisation du département du tourisme. Putain, tu viens de leur bureau. Tu repars à l'Office du tourisme. Le gars te dit maintenant qu'il faut effectivement aller demander un permis au bureau principal. Putain... Mais maintenant, c'est fermé. Demain c'est dimanche, c'est, bien sûr, fermé, il faudra attendre lundi. Top, et c'est tout ? Non, il te faut un certificat médical comme quoi t'es apte à la randonnée. Il suffit demain d'aller à l'hôpital en face pour en avoir un. Waouh ! Et c'est tout ? Non, il te faut aussi un guide avec licence qui prendra la responsabilité de t'emmener. Ah ouais, quand même, tout ça, pour des petites randos à la journée ? Et il faut pas aussi une photo de Gandhi dédicacée de la semaine dernière? Putain, t'y crois pas une seconde à ce permis. Retour à l'hôtel pour annoncer la mauvaise nouvelle à Lydie. Ca craint. Toi, t'as un peu l'habitude des plans qui partent en quenouille mais elle qui vient juste de te rejoindre, t'es enmerdé. Bon, tu vas quand même discuter avec le gars de l'hôtel qui était super sympa.

Effectivement, il faut un permis. Le patron de l'hôtel est là, il donne 2-3 coups de fils pour malheureusement confirmer. Re-putain! Mais il te dit qu'il a été guide pendant 20 ans et que même si on peut pas faire les randos classiques, il peut te faire passer par la forêt jusqu'au village d'Arue. Franchement, le permis t'y crois pas une seconde. Car les chemins sont aussi interdits aux indiens. Donc, comme il dit, s'il te file un permis, il doit le donner à tout le monde et plein d'indiens ont annulé leur venu à cause des blocages. Et ça fait chier de repartir demain matin. Donc, ok, pourquoi pas la balade proposée. T'annonces la 'bonne' nouvelle à Lydie. Au moins, on sera pas venu pour rien.

2h plus tard, tu repasses par l'accueil. Aïe, y a un problème ! Finalement la rando prévue ne va pas mais tu sais pas trop pourquoi. Mais après le coup de froid, le coup de chaud, on peut faire une autre balade dans la forêt. De toute façon, pas trop le choix donc banco.

La visite de la ville ? Ce sont les éternels magasins de pashmina et de fruits secs. A part, les noix, les prunes, les pommes et les pêches, tous les autres fruits ne sont pas du coin. Rien de passionnant.

Le lendemain matin, la région est sous les nuages. C'est parti pour la balade dans la forêt.

Passage par des maisons/abris de bergers. Ils ont surtout des moutons et quelques vaches.

Les nuages sont de plus en plus gris et le tonnerre commence à gronder. Malgré ce temps, on continue à monter.

La pluie se pointe. Le guide veut nous montrer un point de vue.

Voilà le fameux point de vue....

Ouais, ça pique les yeux !

La pluie s'intensifie. Pas grand intérêt de continuer. Surtout que Lydie a un moteur de formule 1 en montée mais plutôt un parpaing à chaque pied dans les descentes.

On repasse par un des camps de bergers. Comme le guide a une maison pas très loin, on est reçu par un des bergers.

La maison est en boue séchée, quelques tapis pour s'asseoir, un coin feu et pas grand chose d'autres. Ils ont préparé des galettes et du thé salé très bon. Le guide avait prévu de venir car il a apporté un paquet de tabacs pour leur narguilé. T'as tiré trois taffes sans arriver à sortir le moindre nuage de fumée.

Ça se voit pas sur ces photos mais Barberousse a un regard apaisant et bienveillant incroyable. Et sa petite fille lui fait faire ce qu'elle veut.

C'est le moment de repartir,il y a un chemin boueux à reprendre pour rentrer et marcher avec deux parpaings aux pieds n'est pas évident 😇

Quoi faire à Pahalgam quand il pleut et dans une chambre à la propreté douteuse ? Bonne question !

On a décidé de rentrer le lendemain sur Srinagar. Pas la peine de perdre une journée à essayer de choper un permis. Si même les indiens ne passent pas...

Ricardo dans l'échec

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Bye-Bye Pahalgam même si le soleil est revenu. De toute façon, à part arpenter la rue....

Tu racontes ce qui s'est passé à la guesthouse. Forcément, les patrons musulmans affirment que l'armée a fermé les accès aux randos juste pour planter le business des musulmans... No comment.

Afin de ne pas reproduire les mêmes galères, t'es passé au département du tourisme. La salle dédiée à la réception des pimpins en goguette est immense. Plein de gens qui 'bossent'. Au guichet, t'expliques ce qui s'est passé à Pahalgam. Le mec est surpris. Ah, ouais, si même eux ne sont pas au courant.. et ensuite le mec confirme qu'il ne faut pas aller dans cette région pendant le pèlerinage qui dure quasi trois mois. Vous voilà prévenus.

Et pour les coins où tu prévois d'aller, c'est ouvert ? Oui, pas de problèmes. Mouais, mouais, mouais...

Histoire d'être autonome, t'as loué un scooter. On est parti faire le tour du grand lac Dal. Malheureusement pas d'aménagement touristique autour du lac à part près du centre ville où se trouvent tous les bateaux.

Histoire de ne pas rester que sur des échecs, on a retenté le jardin de Pari Mahal. Même checkpoint qu'il y a deux jours. Le flic veut pas te laisser passer. Tu demandes pourquoi. Tu comprends rien à sa réponse. T'insistes pour comprendre. Il donne un petit coup de tête sur le côté avec un regard malheureux. Pour toi, ça veut dire non, mais en Inde ca veut dire oui. On peut passer. On continue la route, nouveau checkpoint mais militaire cette fois. Il note ton nom sur un papier. Celui de Lydie ? Pff..pas la peine. Premier stop au jardin de Cheshme Shahi

Et finalement on arrive à l'entrée de pari mahal. Va comprendre pourquoi ils bloquent la montée car il y a pas mal d'échoppes pour touristes et il y a des touristes. Pari Mahal est connu sous le nom de Palais des Fées, c'est un jardin moghol à sept terrasses surplombant Srinagar.

Près du centre, sur une petite colline se trouve le temple hindou de Shankaracharya. Putain, refoulé à un checkpoint militaire alors que des tuktuks remplis d'hindous redescendent. Ça commence à faire chier cette pression militaire incessante et inutile.

29

Yo,

Échec à Pahalgam. On va essayer de faire des balades pas très loin de Srinagar.

Direction le petit village de Dara pour marcher jusqu'à Mamneth.

Le chemin monte pour rejoindre un premier point de vue couverts de déchets plastiques. De là, le chemin continue de manière plus pentue pour rejoindre Mamneth. Un berger de style Barberousse nous confirme qu'on est bientôt arrivé. Quelques vaches, 3-4 maisons construites en terre séchée mais surtout une bonne vingtaine de rapaces qui profitent des courants ascendants.

Il est encore très tôt. On a décidé de pousser plus loin. T'as une trace sur l'application Alltrails d'un mec qui est monté beaucoup plus haut. T'as walouh de chez walouh sur ton appli fétiche Maps.me.

Lydie est motivée pour continuer. Autant le chemin jusqu'à Mamneth est bien visible autant maintenant, tu zig-zags entre les chardons et orties. Ça monte féroce. T'es un peu inquiet pour la descente. Le chemin est de plus en plus compliqué et il n'y a pas sommet particulier à rejoindre. Vu les brumes de chaleur, la vue sur la vallée est assez limitée. Le soleil cogne vraiment. On décide de redescendre.

Déjà retourner à Mamneth a été compliqué avec la descente. Et là, c'est l'erreur ! Plutôt que redescendre au scooter par le même chemin que la montée, on prend un autre chemin (indiqué sur maps.me) qui permet de faire une boucle. Sauf, qu'en plus d'être plus long, il n'est plus utilisé depuis longtemps. Une véritable galère pour redescendre, un chemin très pentu, des broussailles, et un soleil de plus en plus fort. Un calvaire pour Lydie.

Seul moyen pour lui redonner le moral, tu t'es arrêté au retour au wine shop acheter deux bières fraîches descendues rapidement dans la chambre.

Ricardo beers

30

Yo,

Lydie a récupéré de la veille (certainement la bière). On a décidé de marcher en direction du sommet Wustarwan à 2920m d'altitude. Une rando de 12 bornes aller retour pour 1000m de D+. Le dénivelé est beaucoup moins important. Au pire, on fera demi tour si c'est trop galère. Cette fois direction le village de Ladhu a 30 bornes de Srinagar. 1h15 de scooter...no comment.

L'entrée de la rando est bien indiquée avec ces panneaux précisant qu'on peut tomber nez à nez avec des ours, des léopards et autres bestioles. Il est précisé qu'il est interdit d'amener Dee trucs en plastique. Ça doit être pour ça que sur dès les premiers mètres, des gens les balancent sur le chemin.

Le chemin est beaucoup plus facile que la veille. On marche sous les sapins sur un terrain pas trop caillouteux

On a décidé de marcher en direction du sommet Wustarwan. Une rando de 12 bornes aller retour pour 1000m de D+

Le col est une sorte de petit plateau où traînent ânes, chevaux, moutons.

Un endroit sympa pour faire une petite pause. Sauf que débarque un berger Barberousse accompagné d'une femme (sa fille ou sa femme?). Le mec très souriant veut nous parler mais impossible de communiquer. On lui fait comprendre qu'on va aller au sommet. Du coup, ils s'asseyent et nous regardent. Bon, ben, on a plus qu'à repartir. Le couple repart avec nous. Bon, ben on a un guide non voulu.

Passage par quelques maisons en terre de bergers et on continue à monter. Le chemin est toujours assez facile. Il doit croire qu'on est fatigué car toutes les 20 minutes, il s'arrête pour une pause.

On arrive près d'un gros village, c'est à dire au moins cinq maisons. Et même là, perdus dans la montagne, ils nous font chier. Une escouade de militaires bulle à l'ombre des arbres. Impossible de continuer. On est appelé par le commandant. Toute la bande est casquée, porte de gros gilet par balles et des fusils automatiques style Kalash.

C'est sûr que dans un village de quelques femmes et enfants, ils peuvent impressionner. Barberousse doit montrer une pièce d'identité et échange avec le chef. Puis c'est notre tour, enfin surtout le tien car Lydie est transparente... La seule fois où elle s'est exprimée, le gradé n'a pas apprécié. Voilà, à peu près, le résumé de l'échange. Le gars t'a fixé pendant tout '''l'interrogatoire''...

- Qu'est ce qu'on fait là ?

- On est venu marcher

- vous allez où?

- On va au sommet

- Vous êtes seuls?

- Oui

- vous avez un guide car c'est dangereux d'être seul ?

- oui, Barberousse qui nous accompagne... (Ça tombe bien qu'il soit venu avec vous)

- Non, cet homme ne va pas au sommet et ne vas pas redescendre avec vous. Il y a des ours, on en voit 3-4 chaque soir. Avez vous un spray anti ours ?

- non mais on est pas inquiet.

- Avez vous les informations récemment ?

- non

- il y a des tensions dans la jungle entre kashmiriens et militaires.

- ici on est pas dans la jungle... Je suis passé à l'Office du tourisme et ils m'ont dit qu'on pouvait venir ici sans problème (ce qui est faut, car t'as rien demandé)

- vous êtes conscients que c'est dangereux où vous allez. Il faut que vous soyez redescendus avant le coucher de soleil.

- euh, il est même pas midi, il reste à peine une heure de marche, on sera redescendu rapidement.

L'échange a dû durer dix minutes, cherchant à chaque fois une raison pour nous décourager. Finalement, photos de nos passeports et de nos tronches... Tout ça bien sûr pour notre sécurité...

On est reparti avec Barberousse, Lydie légèrement inquiète par rapport aux ours. A une intersection, Barberousse nous montre le chemin pour le sommet et lui continue vers son village. Sans lui, pas sûr que les militaires nous auraient laisser passer. In petit billet pour le remercier. Du coup, il a cru qu'on lui donnait pour qu'il nous accompagne au sommet qu'on voit pas très loin.

Juste avant la dernière montée, plusieurs bergers avec leur bêtes.

Sans déconner, vu le peuple dans la journée, l'ours a peu de chance de se pointer. Mais c'est vrai que près des maisons, il y a des chiens attachés assez agressifs. C'est peut-être pas pour rien...

Le sommet du Wustarwan

Vu les brumes de chaleur, la vue du sommet 'n'a rien d'exceptionnel.

Redescente par le même chemin quand on tombe sur des troufions. Ces feignasses font porter leurs sacs par des ânes. Ces cons veulent pas qu'on continue à descendre et veulent qu'on attendre les autres militaires qui arrivent dans dix minutes (minutes indiennes). T'as raison qu'on va attendre. A pleine cachés par les arbres, on est reparti. On est tombé sur le gradé et ses militaires dans un hameau. Notre arrivée semble les avoir arrêter. Ils semblaient fouiller les maisons. Le gradé refuse qu'on redescende tout seul. Il a fait chier un pov mec avec son cheval pour qu'il nous raccompagne.

Bon, trois minutes plus tard, le gars devait être 100 mètres devant nous....

Retour à Srinagar en passant devant un wine shop (sans s'arrêter) où les gens faisaient la queue. Ce sont certainement ces magasins qui font le plus de pognon.

Apéro (sans alcool) dans un bar de bières... Et dîner dans un environnement.. aquatique

Manger du poisson ici ? Beaucoup de perches ou carpes sur les marchés mais vu comment ils sont conservés, t'as quelques doutes sur la fraîcheur. Et vu l'état de tes intestins...

Ils ont aussi des truites étonnement des crevettes...

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On tourne un peu en rond à Srinagar. Apparemment, on pourrait faire des balades du côté de Yuousmarg, un petit bled à 50 bornes.

Ici, les bouchers spécialisés dans la viande de boeuf sont des attractions car chaque fois le chauffeur de taxi freine pour nous les montrer.

Yousmarg, à part son hôtel d'état et quelques restaurants est genre très calme. Pas de vraies montagnes mais plutôt des collines couvertes de sapins.

Cinq guides se sont pointés mais on a préféré déambuler en solo. C'est le hot spot pour les balades à cheval. Les chemins sont transformés en pistes par les sabots et comme il a plu, on patauge par moment dans la boue.

On aurait vraiment un objectif, la balade aurait été peut-être un peu plus sympa mais sans vrai but, on tourne un peu en rond.

A part une pause au café le plus branché du coin...

et discuter avec 2-3 poules pas farouches, c'est plutôt plan-plan.

Il aurait peut-être fallu prendre un guide... C'est la pas la destination qui va rester inoubliable.

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Temps de merde. On avait prévu d'aller à la station de skis de Gulmard (2 télésièges) mais aucun intérêt vu le temps.

Lydie propose de partir sur Jammu, 220 km plus au sud. On se fait entuber par le chauffeur de taxi de la guesthouse qui nous a quasi demandé le double du prix normal (on le saura au retour)

Changement d'environnement. Déjà, quasi plus aucun militaires et checkpoints. Contrairement au Kashmir qui réclame l'indépendance Jammu est beaucoup plus intégré à l'Inde. Plus de 80% des habitants sont hindous.

La végétation change aussi. Fini les sapins, c'est beaucoup plus jungle. Des singes style macaques traînent en bord de route en faisant l'aumône.

Une chaleur beaucoup plus humide. C'est comme si on avait une deuxième peau. Mais contrairement aux prévisions météos qui étaient dégueulasses pour ici, on a du soleil.

Direction l'Office du tourisme...vide. c'est en traînant dans les bureaux qu'un gars se pointe et nous donne plein d'infos utiles pendant une heure. Jammu fait beaucoup plus moderne que Srinagar. Il y a des wine shop partout sans grillage de protection, une rue avec plein de magasins de fruits secs. L'ambiance est détendue. Lydie se sent beaucoup plus à l'aise car pas de regards déplacés. Elle a même investi dans une tenue indienne. Pas simple à porter de retour en France.

La bière fraîche coule à flot. Il y a même quelques bars plutôt sympas et de très bons restos.

Les seuls touristes croisés, des chinois...

Journée visite des principaux sites de la ville. A côté de l'hôtel, le temple hindou de Raghunath.

Interdiction de faire des photos dans le complexe. Du côté opposé, il ya un jardin avec des macaques

Sans déconner, ils aiment pas les photos. Quand tu sors ton téléphone, ils s'écartent. Autant pour le temple, tu comprends, mais pour les singes ?

Y en a même un qui s'est pointé avec les crocs bien en évidence pour dire que tu ne respectes pas son droit à l'image. Lydie qui les trouvait mignons au début change étonnement d'avis. Tu penses que ça va se calmer quand un bébé singe commence à gambader vers toi. Et merde, ça va mal finir cette histoire. Forcément, la mère a débarqué tous crocs dehors. Ok, on fera pas le tour du jardin, sales bestioles !

Le deuxième site est le palais Mubarak Mandi, ancienne bicoque d'un maharaja. Grand complexe en théorie en restauration mais tu reviens dans 20 ans, pas une brique n'aura été remontée.

La seule partie en bon état est la façade de l'entrée du musée. Le musée permet de voir des très vieilles peintures, des armes, des objets mais photos interdites. Le musée doit être géré par les macaques du temple précédent.

Plus bas, en bord de rivière, le temple hindou de Peerkho dans des grottes. Bien sûr, pas de photos à l'intérieur même si les macaques ne sont pas là pour surveiller.

En principe, il y a un télécabine qui permet de traverser la rivière et de rejoindre le fort Bahu. Peut être qu'un jour, il fonctionnera.

L'accès au fort Bahu fait penser à un magasin Ikea.... Tu dois suivre une petite rue piétonne entourée de boutiques vendant du henné, des encens, des colliers de fleurs. Que des indiennes en sari. On a changé d'Inde. Énormément de personnes se dirigent vers l'entrée du fort.

Arrivé à l'entrée, un militaire avec une grosse mitraillette. Putain, ça manquait ! Tu tiens ton téléphone à la main. Un gars le voit et te dit que c'est interdit dans le complexe. Pareil, chaussures interdites. Bon, c'est pas juste un fort alors? On cherche des casiers quand un autre militaire te fait signe de mettre ton téléphone dans ton sac et de le suivre. On passe la sécurité et on réalise que le fort est devenu un temple hindou. Direction le bureau de l'armée où on nous offre une petite bouteille d'eau. Petit échange sympathique avec un gradé, on enlève nos chaussures et un militaire nous guide jusqu'au temple le plus sacré. Il ne va pas plus loin car il doit pas avoir envie d'enlever ses godasses... Il fait signe à quelqu'un et on nous fait rentrer dans le temple hindou. Il doit faire 3 x 3 mètres et un monde de dingue. Trois hommes sont derrière une barrière et reçoivent des offrandes. Un des gars nous fait signe de s'approcher et parle anglais. Difficile de tout comprendre car c'est très bruyant surtout qu'une dévote part en transe en hurlant. D'après le peu que t'as compris, ce temple te permet de réaliser tes souhaits d'où l'affluence. Le gars est la septième génération de 'gardien' de ce temple. Il a fait cinq ans d'études en Angleterre mais malgré ça, il est revenu pour suivre la tradition familiale. On nous offre à chacun un paquet avec un collier de fleurs, une sorte de foulard en tulle et des sucreries. Il t'explique aussi que juste à côté du temple, il y a un endroit pour exhausser les voeux des paysans. Et effectivement, juste dehors, il y a un enclos avec des chèvres et pas mal d'hommes sont en train de serrer contre eux une chèvre....

Grâce au gars de l'Office du tourisme, on est allé à la frontière pakistanaise à 30 bornes. Le weekend en fin d'après midi, une cérémonie de descente de drapeau est présentée au public. L'année dernière, tu avais vu cette cérémonie mais côté pakistanais.

Le taxi nous laisse devant le checkpoint militaire. Le troufion doit pas souvent voir débarquer des touristes. Interdiction d'entrer. Pourquoi ? Euh!? Il va chercher un gradé. Finalement un civil à badge revient et nous fait rentrer. On nous fait passer devant les indiens qui font la queue pour s'enregistrer. On laisse nos passeports et nos sacs et nous voilà entrés.

Une petite route, des chaises de chaque côté. Au bout, un premier checkpoint puis un deuxième pour ceux qui veulent aller se prendre en photo avec la frontière pakistanaise derrière.

On est pas super bien placé, un peu trop excentré. Tu vas nonchalamment traîné du côté des sièges VIP pour voir si un ponte te proposerait de rester. On est les seuls étrangers. Allez, un petit effort ! Que dalle, tu retournes piteusement à côté de Lydie'

18h, tout le monde est installé. La cérémonie va commencer. Un militaire en grande tenue vient nous voir pour nous inviter côté VIP. Cool ! C'est le Mr Loyal militaire, c'est lui va faire monter l'ambiance.

Un civil commence à chanter accompagné d'un groupe. Puis ils invitent les gens à danser. L'ambiance monte.

Puis le militaire rentre en scène, faisant encore monter d'un cran l'ambiance. Il fait crier les gens. T'es un peu obligé de suivre. L'hymne national commence, tout le monde est forcément debout.

Deux militaires arrivent d'un pas rapide suivi plus tranquillement par deux labradors plutôt pépères. C'est le moment de la démonstration de dressage. Pas sûr que ça inquiète les militaires pakistanais...

Puis, débarquent deux autres militaires. Leur style de marche en levant la jambe style french cancan est un peu particulier. Puis, comme ils n'ont pas de bâtons de majorette, ils font tourner leur fusil.

https://youtube.com/shorts/dZ59C23nmDk?feature=shared

Viennent ensuite d'autres militaires, toujours en levant la jambe. L'un d'eux fait des gros yeux en levant les bras, genre provocation aux pakistanais.

Enfin vient le clou du spectacle, la descente du drapeau.

Histoire de se remettre de tous ces levers de jambes. On s'est trouvé un bar plutôt sympa pour finir la soirée...

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On a vu hier les principaux monuments et temples de Jammu, aujourd'hui on part direction le fort d'Akhnoor à 30 bornes. Pas de location de scooters à Jammu. On a décidé de prendre un bus local histoire de voir... Heureusement que Lydie était installée côté vitre car côté couloir, vu les gens écrasés comme des sardines, même en étant assis, t'as eu l'impression d'être écrasé. Bon, c'était une petite expérience du quotidien indien. Grosse déception pour le fort. C'est à peine s'il est accessible.

En repartant, on est interpellé par une jeune femme pour venir à une cérémonie au poste de police à 100 mètres. Mouais... Lydie est motivée et elle avait raison. Une dizaine de jeunes femmes sont là pour remercier la police de les protèger. Ca se passerait pareil au Kashmir... Elles nous accrochent un petit bracelet à chacun, un point rouge sur le front et nous offre des sucreries. Ensuite vient, bien sûr, la séance photo... où se joint une petite fille avec une écharpe comme pour miss France. Sauf, qu'elle serait miss Bombay junior. Euh..

On a un peu trainer pour essayer de voir quelque-chose comme un temple hindou rose bonbon.

Retour à Jammu (en mini camionnette privée...) où on a pu rentrer dans un temple Sikh. Comme un peu partout, il faut enlever ses chaussures mais il faut en plus mettre un foulard sur le crâne.

A 50 bornes de Jammu, t'as deux lacs. Ça permet un peu de sortir de la ville et d'être dans la nature. Ils ont aménagé, des chemins plus ou moins bien entretenus pour en faire le tour loin des bagnoles.

Lac Surinsar
Lac Mansar
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Retour à Srinagar pour une dernière journée shopping et bullage sur le lac Dal.

Dans le principal Mall, on a vu un gros canari qui faisait office de voyante. Le gars tout en jaune, des bâtons d'encens, des images de lignes de la main au mur, la totale. Tout le matériel nécessaire pour te prédire l'avenir. Lydie motivée, a décidé de tout savoir sur son avenir. Entre temps, phénomène de partenogénèse, il s'est dédoublé. Lui, toujours en jaune et l'autre, version identique mais en orange. Impossible de les rater de loin. Le seul hic, ils pipent pas un mot d'anglais et nous l'hindi c'est uniquement sous la torture.

T'avais prévu de racheter un t-shirt donc t'as fait plusieurs magasins jusqu'à tomber sur un vendeur souriant et sympa et tu lui as demandé s'il connaissait pas quelqu'un qui pouvait faire interprète pendant une dizaine de minutes. Nope. Bon, on va quand même tenter notre chance auprès du canari qui est à nouveau tout seul. Tout ce qu'on comprend c'est que la séance coûte 500 roupies (5 euros). Ok et après ? Le gars a bien senti qu'il avait accroché une jolie truite et va dans la boutique de jouets à côté. Grosses palabres. Il revient avec deux vendeurs dont l'un a mis Google traduction sur son téléphone. Et voilà Lydie face au canari entouré d'un vendeur avec son téléphone et d'un autre avec son fusil en plastique. Le mec a beau être voyant, il a besoin d'une loupe pour regarder les lignes de la main. Il commence par dire des choses fausses. Professionnel qu'il est, il comprend qu'il faut qu'il passe plutôt aux questions, moins de chance de se planter. Et à chaque fois soit avec le traducteur armé soit avec Google on essaye de comprendre ce qu'il raconte. Pas simple du tout. Secret oblige, tu ne diras pas le contenu de l'échange mais il est très focus sur tout ce qui touche au pognon. Et puis, faut bien qu'il trouve un moyen de gagner plus. Il détecte un problème chez Lydie. Ben oui, si tout est nickel, qu'est ce qu'il peut faire ? Un problème mais lui, bien sûr, peut le résoudre. Ah ça devient intéressant ! Si Lydie lui achète deux petits coquillages et les garde chez elle ou dans son sac, le problème va rapidement disparaître. Trop fort ! On a bien fait de venir ! Ah, et ces coquillages miraculeux, c'est combien? 5000 roupies (55 euros). Ah ouais, l'équivalent de 100 rasages. Ouais, maintenant que tu vas chez le barbier, tu comptes en rasage à 50 roupies. Faut qu'il en fasse des clients pour gagner ce montant, le barbier ! Lydie n'a pas donné suite bien évidemment et sentant le poisson se décrocher il a écourté la séance. La pov Lydie va rester avec son problème...

On a finalement pris un de leur sharika pour passer deux heures sur le lac. C'est sympa et surtout, quand t'es loin de la route c'est reposant. Pas de putain de klaxon. Faut reconnaître que le petit vieux qui pagaie n'est pas un violent donc on va pas très loin.

Le seul vrai truc chiant est que très/trop souvent, des petits bateaux t'accostent pour essayer de te vendre des trucs.

Et le pire, on te fait finir le tour en passant par un canal avec des boutiques de chaque côté.

Une de nos cantines à Srinagar a été le resto Adhoos. Quand tu dis cantine, c'est un peu galvaudé car c'est un des meilleurs de la ville. Ils ont un plat te permettant de goûter à des spécialités locales surtout à base de moutons.

Sauf si vous êtes fan de moutons, il vaut mieux prendre autre chose...

Le lendemain, il est temps de raccompagné Lydie à l'aéroport, de repasser ces p.... de checkpoints en espérant qu'elle va rentrer sans problèmes. T'en connais plusieurs qui ont eu des problèmes avec leur sac en soute...

35

Lydie est bien rentrée. T'as rejoint le lendemain un circuit au départ de Sonamarg à 80 bornes au nord de Srinagar.

T'as retrouvé dans le taxi, un couple vietnamien arrivant juste ce matin de Saïgon. On va passer les 4000m d'altitude. T'as des doutes quand tu les vois.

Le camp à quelques kilomètres de Sonamarg est à 2650m d'altitude.

Plein de tentes installées sous d'immenses pylônes électriques. Par contre la vue sur les glaciers en face est superbe.

Juste devant un HLM de tentes.

Quand on arrive, le gars qui fait office de guide ne semble pas particulièrement sympathique. Il nous montre nos tentes, ne se présente pas, ne nous demande pas nos noms et disparaît. Premier abord, tu le sens pas.

L'agence est censée fournir des matelas. Le truc bleu de 0,3 cm d'épaisseur, c'est pas un matelas. Vu le guide, tu préfères faire une photo et poser la question à l'agence. Une heure après, un gars vient installer une fine couverture en plus dans ta tente. T'as testé, les nuits vont être rugueuses.

Le trek est végétarien. Les vietnamiens sont inquiets. Ils ont payé pour une option viande et poisson mais se demandent comment ça va être gardé au frais. Bonne chance !

14h, tu vas voir la tente cuisine pour savoir si un dej est prévu ? Ils vont aller en ville, tu peux venir. Les vietnamiens? Ils sont crevés, ils dorment dans leur tente. Ils t'ont déposé devant un boui-boui puis ont disparu sans rien te dire te laissant seul avec le chauffeur de taxi. T'as même dû lui payer son repas... Il t'a proposé de te conduire à un wine shop. T'as refusé. Tu regrettes maintenant, t'aurais du prendre une bouteille de rhum pour te bourrer la gueule...

On est passé à l'hôtel où se trouve le couple d'indiens qui nous rejoint demain. L'indienne t'a vu et t'a totalement ignoré. Putain, ça va être top ce circuit ! Elle aurait pas du sang coréen ? (Voir le post sur le circuit au Zanskar)

On revient au pied du camp, il y a une pente de 50m. Les gars te demandent de porter une petite bombonne de gaz. Ok, pourquoi pas. D'en haut, un gars de l'équipe resté au camp te voit, fait demi tour et va se réinstaller à la tente cuisine devant son téléphone. Y a fallu que tu l'appelles pour qu'il daigne se lever et venir récupérer la bombonne. Sans déconner...

Le thé à 17h? Il arrivera un jour par train express de Darjeeling...

Premier dîner. Jamais vu un riz aussi mal cuit depuis que t'es en Inde. On a du dhal et quelques légumes. Le poulet ou le poisson ? Ils arrivent dans le même train que le thé... Le vietnamien finalement demande pour son poisson et son poulet. Oui, oui, demain poulet et après demain poisson. Du poisson dans deux jours ? Tu peux déjà leur refiler tes médocs pour la tourista.

Ils ont aussi commandé des chevaux à monter. Vu ce qui s'est passé pour le poulet, ils s'inquiètent aussi pour les chevaux...

T'as posé une seule question concernant demain. Pas pour le circuit, le dénivelé où d'autres informations intéressantes, juste l'organisation pour le petit déj. Réveil, 5h, petit-déjeuner 5h30, départ 6h. Inchallah. Vu le bruit tout autour comme les mecs qui gueulent au téléphone, la nuit va être compliquée...

Le cuistot nous répète plusieurs fois de ne rien laisser dehors.en dehors de la tente. Top, ça promet.

Un petit mot sur ce trek. Comme son nom l'indique, tu vas voir sept lacs sur six jours de randos. C'est un trek très connu au Kashmir d'où le fait qu'il y a des camps de tentes un peu partout.

36

J1 - Direction Nichinai

5h t'es réveillé. 5h30 prêt pour le petit déj ! Rien ne bouge dans la tente cuisine, pas la moindre lueur dans la tente. Le vietnamien est en train de fumer devant sa tente en laissant tranquillement les mégots au sol. De toute façon, à 50m du camp, il y a des déchets partout, une poubelle à ciel ouvert.

Tiens, un gars sort de la tente cuisine et nous apporte du thé. On a plus qu'à attendre. Seule occupation, regarder le vietnamien avoir peur du cheval qui s'approche pour sentir sa tasse de thé. Même les chevaux sont en piteux états.

6h, les clients des autres groupes commencent à sortir tranquille de leurs tentes.

6h15 toujours le même gars revient avec une assiette avec quatre pov toasts soit cramés soit humides et un pot de confiture. C'est sûr qu'il ne faut surtout pas comparer avec la cuisine de Wangtak lors du dernier trek dans le Zanskar.

On est toujours debout. Un mec qui ressemble pas au guide débarque d'on ne sait où pour te dire que tu peux t'asseoir au milieu du merdier de la tente cuisine pour déjeuner Le prénom du guide ? Perlimpinpin ou bidule ou téquitoi ou... le gars s'est jamais présenté.

Voyons le côté positif, le soleil est en train de se pointer et le muletier a apporté des grains pour les bourrins.

Le couple d'indiens doit nous rejoindre mais va savoir à quelle heure...

7h, tu bulles dans ta tente.

7h30, tu vas voir ce qui se passe dans la tente cuisine. Ils bouffent tranquillement.

Les coréens ? T'as l'impression que le gars a fait venir sa photographe personnelle. Il lui montre comment le filmer et se met à marcher très rapidement. On va voir s'il a le même rythme quand on va vraiment marcher.

Finalement, le pseudo guide se pointe et donne le départ.

Aujourd'hui, on marche jusqu'à Nichmai à 11 km avec 800m de D+. Le programme dit 6h de marche...euh? Lydie serait là, elle le plierait en 2h30...

On n'a pas fait 200 mètres que les vietnamiens sont déjà dans le dur. Ils ont réservés des chevaux de monte mais va savoir où il sont... Certainement avec les poulets et les poissons en train de jouer à la belote.

Ils réclament les chevaux. Le mec est surpris. Ça part mal. Il répond ok mais tu sens bien que c'est un ok pour ne pas être enmerdé. Les vietnamiens un peu trop naïfs, tu leurs fais comprendre qu'il devrait insister un poil. Le gars leur montre un point plus haut, c'est le checkpoint militaire. On vérifie nos permis et ils nous prennent en photo. Les chevaux ? Ils sont pas là car leur contrat ne leur permet pas d'être pris en photo. Les vietnamiens le relancent pour les chevaux. Le gars leur dit ok et montre quelques cahutes plus haut. Ouais, bien sûr.

On croise un muletier avec un bourrin, le guide lui parle. On sait jamais sur un malentendu s'il peut en avoir un... Que dalle. Finalement, il donne un coup de fil. Arrivé aux cahutes, il dit qu'il va falloir attendre. Les chevaux ont été commandés, ils sont en cours de fabrication et vont être livrés par un drone Amazon.

Le vietnamien se pause sans cesse. En montée, il marche très vite vingt mètres puis fait une pause essoufflé. S'il n'a pas les bourrins, jamais il montera.

Il y a un gros groupe d'une vingtaine d'indiens sur le chemin. Plutôt que d'attendre d'éventuels bourrins, tu pars avec eux. Le guide ? Il reste avec les vietnamiens. Les indiens marchent en mode lent fractionné. C'est à dire qu'il marche très lentement en faisant des arrêts tous les 200 mètres. T'es parti en solo.

Côté paysage, c'est très sympa, mélange de roches et de sapins. En plus, même si le chemin monte, il est facile et le terrain est meuble pour l'instant. Tu t'es arrêté trente minutes, personne n'arrive.

Arrivé une partie caillasse sur le flanc d'une montagne en longeant le torrent Nichinai.

Comme c'est un chemin très fréquenté par les touristes, t'as parfois des tentes (appelée dabha) qui vendent quelques biscuits et boissons.

La végétation a changé rapidement. Fini les arbres, t'es maintenant dans un environnement plus minéral même s'il y a du gazon partout.

Tu sais pas trop où le camp sera monté car les emplacements possibles sont étalés sur plus de 800m sans forcément se voir. Comment reconnaître un emplacement ? Des déchets pas loin. Faut reconnaître que le chemin n'est pas trop dégueulasse par contre autour des camps...

 Pour l'instant, personne 

T'es monté au plus haut, tu reconnais pas ton matos, t'as plus qu'à redescendre en espérant croiser lles muletiers (mais tu sais pas à quoi ils ressemblent) ou les vietnamiens. T'es redescendu jusqu'en bas de la zone de camping quand tu reconnais ton sac sur un cheval. Vu ta tronche de seul occidental, les muletiers te reconnaissent. L'un d'eux baragouine l'anglais et te dit que les autres sont plus bas en train de déjeuner. Ouais, il est 13h. Tu peux rien leur reprocher, t'es pas rester groupir. Tu remontes avec eux et il te filera à bouffer au camp. Et bien, t'es bon pour tout remonter. L'avantage, on a le camp le plus haut à 3620m donc la rivière ne devrait pas trimballer des saloperies des autres groupes.

Le dej ? Une assiette de riz avec des morceaux de carottes crus piquantes.

Les mecs montent les tentes et installent les 'matelas'. T'es le seul à avoir une couverture supplémentaire...

La vietnamienne arrive sur son cheval. Son cheval traverse la rivière à un endroit où le muletier va se tremper les pompes. Du coup, il lâche la bride et voilà le bourrin qui part tranquillement dans la mauvaise direction sans que la vietnamienne en soit consciente.

A droite un gars court pour rattraper le bourrin. 

Elle est un peu étonnée. Elle a fait un stop à une tente pour voir un thé, elle a dû le payer à toute l'équipe qui était avec elle.

Dix minutes plus tard arrive le vietnamien. On dirait qu'il survol la rivière tellement il va vite. Il pourri la vietnamienne comme pas possible et part dans sa tente. La vietnamienne, sur le cul, va s'expliquer. Le pseudo guide arrive et aussi le couple d'indiens ainsi que le cuistot (guide??) que t'avais vu la veille. Le couple d'indiens t'ignore. Des descendants de coréens, forcément !

Ça gueule sec dans la tente des vietnamiens. Le vietnamien sort de la tente et pourri le guide plusieurs fois. Ca va être top ce circuit ! Puis il part bouder près de la rivière.

14h, les nuages se sont pointés, on se pèle, tout le monde est dans sa tente sauf le boudeur.

Si un scénariste de feuilletons débiles est en manque d'inspiration, il devrait venir ici !

Ça te démange d'aller les voir pour leur dire que plus bas, il y a une grosse plaque de neige où il pourrait mettre au frais le poisson qu'ils devraient avoir demain. Ouais, c'est taquin..

Alors côté lacs, t'es sûr LE trek des lacs ! Sur ton appli, t'as un chemin qui monte au lac Nichinai. C'est 1,5 km pour 500m de D+. Tu vois pas de chemin et t'es face à un mur. Bon, est ce qu'il comptait dans les sept, celui là ? Le prochain peut être ?

La vietnamienne t'a expliqué la raison du craquage. Faut savoir que le gars a 33 ans et donc pas un jeune ado immature. Quand elle a eu le cheval, forcément elle est allée plus vite. A un moment, il l'a perdu de vue et a eu peur. Pas pour elle, pour lui, se retrouver seul sur le chemin, le pov. Le guide s'est fait engueulé car il ne marchait pas avec lui. Sans compter les muletiers, les bergers, on doit bien être 200 sur le chemin qui, en plus, est impossible à rater. Une heure après son arrivée, des gens arrivent encore. Alors, le pov petit qui pique sa crise car il est abandonné...

En tout cas, t'as bien fait de t'installer assez loin car s'il repique une crise dans la soirée...

20 minutes plus tard, il est dans la tente fermée et la vietnamienne est assise dehors devant la tente cuisine où, incroyable, cuisent des poulets! Tout s'arrange !

Au fur et à mesure, d'autres groupes arrivent. Heureusement il n'y aucune possibilité de s'installer à côté de notre camp. On devrait être au calme. Faut reconnaître qu'ils ont choisi un très bon emplacement. Le seul 'dérangement', des méchouis sur pattes qui passent de temps en temps... T'as proposé à la vietnamienne d'acheter un mouton et de le faire cuire.

Pour t'occuper, t'es parti sur une petite colline, histoire de voir tous les camps. T'as bien une trentaine de camps et des mules arrivent encore.

Au retour les vietnamiens discutent avec les indiens. Ouais, le pov petit vietnamien a fini sa crise. A quand la prochaine ?

L'indien te demande où t'es allé ? Tu lui réponds peut-être d'abord bonjour....Voilà c'est fait, maintenant on communique normalement, cool !

La vietnamienne voulait faire une petite balade mais impossible d'y aller sans le boulet sinon c'est crise à nouveau. Il a coupé des brins d'herbes pour en faire un bouquet et ça fait 40 minutes qu'elle le photographie sous tous les angles. En fait, c'est sa chose.

Le dîner ? Du riz (le plus mauvais mangé en deux mois), quelques légumes et waouh du poulet ! Du coup, tout le monde en a eu.

Briefing pour le lendemain ? Réveil 5h30, petit dej 6h, départ 6h30. Euh...si c'est comme hier où on est parti deux heures plus tard, va falloir expliquer. Hier, le checkpoint militaire était ouvert à partir de 8h. Demain pas de militaires. Ah, donc c'est donc la première fois qu'il faisait ce trek.

Et demain on déjeunera au camp. Ouais, donc ça va pas être très long cette histoire

En sortant de la tente, le vietnamien, sans en parler avant à personne, dit au cuistot que demain soir le dîner est à 18h pour qu'il puisse après faire des photos. Mon gars, c'est pas gagné pour toi

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J2 - Direction le lac de Vishansar

Le petit déj ? Tes deux toasts humides grillés avec une petite omelette.

6h30 le départ ? Ahah, les indiens sont encore en train de déjeuner tranquillement dans la tente. Le guide ? Il bulle aussi dans la tente. Seule la vietnamienne est prête. Toi tu te pèles de froid car t'as pété en plus la fermeture éclair de ton coupe vent.

6h50, rien ne bouge, tu te casses en faisant signe au guide.

On a soit disant 11 bornes avec le passage au col de Nichinai à 4080m. C'est censé être une journée plus facile qu'hier. Effectivement t'as trois kilomètres de montée pour 500 de D+. Au col, deux dhabas qui se font face. L'une vend du Coca. Ton choix est évident.

40 minutes plus tard arrive le couple d'indiens puis plus loin le vietnamien avec le guide. Apparemment la vietnamienne a pris un cheval mais elle a dû faire un faux départ. Le vietnamien est venu sans eau. Va savoir ce qu'il transporte dans son sac à dos ? Des photos de lui?

Du col, tu peux voir un échantillon de lac.

Non, non, il ne compte pas dans le septs prévus! Dans l'autre direction, deux débuts de glaciers qui auront disparu dans quelques années et une grande vallée.

La descente est plutôt tranquille et bucolique. Comme on part super tôt, t'es tout seul sur le chemin.

Puis tu vois plusieurs groupes d'hommes qui vont dans la même direction. Ah un wine shop peut être ? Et non, c'est jour de tonte des moutons. Tout un troupeau est réuni et une trentaine de gars les prennent un par un pour les tondre. Ils ont une sorte de gros ciseaux artisanales et il faut compter bien 15 minutes pas mouton. Et à chaque fois que des bergers arrivent, ils se mettent en ligne et choppent chacun un mouton.

T'as bien dû rester 30 minutes à regarder des gars bosser. Au moment où tu pars, trois gars arrivent avec une gamelle de riz, des assiettes et une théière. Ils t'ont invité mais t'as refusé. Tu vas pas prendre de la bouffe à ceux qui bossent !

La vallée s'élargit, tu marches tranquillement le long de la rivière Raman Nala. Quelques cascades provenant des glaciers. C'est vraiment tranquille.

Toutes tes pauses font que des muletiers commencent à te doubler mais pas ton équipe.

C'est comme ce matin, les emplacements sont sans fin donc vaut mieux attendre. Finalement ils arrivent et le chef muletiers cherche comme hier un coin un peu sympa pour se poser. Mais putain, qu'est ce que c'est dégueulasse. Il y a vraiment des papiers partout. L'équipe n'a même pas un sac pour récupérer nos déchets de cuisine. T'imagines même pas comment ça doit être une fois le camp démonté. Du coup, tu gardes les tiens en attendant de revenir en ville.

T'es rapidement allé remplir tes bouteilles d'eau au torrent avant que d'autres groupes arrivent. Même avec ton filtre t'es moyennement confiant. Leur demander de bouillir de l'eau, ahha.

T'es arrivé au camp à 11h15 en comptant presque deux heures d'arrêt. La journée va être très longue.

12h30, on a un thé et à chaque fois t'as le droit à un paquet entier de biscuits. Respect.Le déj ? Exactement comme les autres soirs, du riz et les mêmes légumes en sauce. Ça va être le moment de faire péter ton dernier saucisson....

Au fur et à mesure que le temps passe, la vallée, vide au début, se charge de camps.

Le lac Vishansar ? Il est caché par un petit monticule. Il faut monter plus haut pour avoir une belle vue sur le lac.

En continuant encore plus haut (en fait le chemin que tu vas prendre demain), tu atteins le lac Krishansar.

Tu pensais buller l'aprèm ici mais des gros nuages gris et le tonnerre te font changer d'avis. A peine arrivé à ta tente, de la petite grêle et de la flotte.Comme tu t'enmerdes, t'as même une tondeuse à gazon qui vient te voir pour taper le bout de gras. Dommage que la vietnamienne n'a pas voulu acheter un mouton.

Le cuistot passe te voir à ta tente pour savoir si tu aimes le poisson. Alors soit il le trimballe au chaud depuis deux jours, soit ils sont allés le pêcher dans le lac alors que c'est interdit. T'as vu personne avec une cane à pêche alors t'as préféré t'abstenir. Déjà que tu gardes un œil sur la tente toilette... Ouais, ça va pas mieux côté intestins.

16h, des groupes arrivent que maintenant. Mais ils ont fait quoi sur le chemin ?? Franchement, avec un peu de condition physique, tu fais ces deux jours largement en une seule journée sans te faire mal.

Ton intestin te dit qu'il faut aller urgemment aux toilettes. Le problème, la tente chiotte se plie en deux avec le vent. Avec tes bâtons, t'essayes de la faire tenir de l'intérieur. Et puis, c'est comme dans un mauvais sketch à la TV. T'es accroupi, le cul à l'air quand tu vois que la tente est en train de décoller du sol et de passer au dessus de toi. Les piquets ont pas tenu par la force du vent. In extremis tu la retiens d'une main. T'es coincé, tu peux rien faire, toujours le cul à l'air. T'as plus qu'à attendre que le vent se calme...

18h, la pluie s'est enfin arrêtée. tu repars (oui ça fait longtemps que t'es sorti de la tente toilette) faire un tour du côté du premier lac histoire de t'occuper et de ne pas être présent pour le repas EHPAD.

Le vietnamien fait copain copain avec les moutons.

Des mecs ont amené des battes de Cricket et ont organisé une petite partie. 19h tu reviens au camp, les vietnamiens ont déjà dîné. Tu vas dîner avec les indiens qui ont aussi refusé de dîner à l'heure des poules. Il y a effectivement du poisson au repas et t'as même vu un mec passé avec une canne à pêche. T'es resté au riz et leur mixture de légumes.

En fait, t'as compris pourquoi tu fais un blocage vis à vis de l'équipe. Ils semblent très sympas et souriants mais leur manière de communiquer est très (trop) directives. Peut-être est-ce un problème d'anglais. Ensuite, t'as absolument aucune information sur le circuit et t'as quelques doutes sur le minimum d'hygiène en cuisine.

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J3 - Direction Gandsar

Aujourd'hui c'est la journée la plus 'engagée' de la semaine. Les indiens ont été prévenus mais pas toi... comme la veille t'étais monté au deuxième lac, t'avais vu le mur à passer et t'avais prévenu la vietnamienne pour qu'elle demande un cheval.

Comme d'habitude réveil à 5h30 pour un départ à 6h30. A 6h30 les indiens commencent leur petit dej et deux Télétubbies regardent le paysage.

Allez cassos!

Tous les groupes sont déjà levés et certains sont déjà sur le départ. Ils savent qu'il y a une sacrée montée et veulent pas arriver à la frontale... T'as même un groupe où ils sont tous en rond et crient pour se motiver. Apparemment ça fait allonger les pas et limiter le nombre de pauses.

Grand ciel bleu, la journée devrait être sympa.

Tu repasses au premier lac refaire quelques photos. Ouais, vous allez en bouffer de la photo de lacs.

Au deuxième lac tu rattrapes tous les indiens partis plus tôt dans la montée.

T'es face à la montée au col Gandsar qui est à 4180m. Devant toi, 1,5 km de montée pour 700m de D+. Ca va pleurer derrière.

Plus tu montes et plus t'as différentes vues sympas sur le lac.

Jusqu'à la vue sur les deux lacs.

Tu te fais rattraper par une fusée ? Hein?! Quoi?! Un muletier qui a pris un touriste indien sur son cheval pour le conduire au col.

Arrivé au col, la Dhaba est fermée. A part le gars arrivé sur le bourrin, il n'y a encore personne. Le muletier à peine arrivé redescend prendre un nouveau client. Et tu vois plein de muletiers avec leurs bourrins faire la même chose. Ils facturent 1000 roupies la montée. Ça fait 11 euros, c'est énormément d'argent ici mais ils sont en position de force.

T'as décidé d'attendre une partie des autres au col donc tu pars un peu plus haut sur une crête pour admirer la vue. La vue des deux côtés du col est superbe.

Ces gros pitons rocheux avec les reliquats de glaciers qui surplombent le lac, ça a plutôt une sacrée gueule, non? Rien que pour cette vue, le trek en vaut la peine. De l'autre côté, tu peux voir trois lacs, le premier n'a de nom, le deuxième est le Yamsar et le plus loin est le Gandsar. C'est là où on doit se retrouver pour déjeuner. Mais lesquels comptent dans les sept ?

Le couple d'indiens arrive. Franchement, ils ont une bonne condition physique surtout en comparaison des baltringues qui pleurent dans la montée.

Vue l'affluence, le bar a ouvert. Les indiens commandent un thé. Tu fais pareil. Ils ont pas demandé le prix avant et ont s'en resté sur le cul. 100 roupies pour une mini tasse. Et ouais, la vue se paye !

La vietnamienne arrive sur cheval. Ce matin, c'est le vietnamien (vous avez vu, jamais t'écris 'vietcong ou viet') qui a pris le cheval ce matin et il est resté avec les muletiers. Elle a commencé à monter à pieds mais a finalement engagé un bourrin pour finir la montée. Elle doit peser max 30 kg de riz, le mec aurait pu lui faire un prix.

On est reparti. T'as pas le quart des groupes sans bourrins qui sont arrivés au col.

Une fois le col passé, ce n'est plus que de la descente dans la vallée entourée de ses montagnes rocheuses.

Le temps commence à se couvrir méchamment. Ça pourrait mal se finir cette histoire.

A 10h15, t' es au lac Gandsar a regardé une grosse indienne en train d'essayer de monter sur un bourrin qui pleure rien qu'en la voyant. C'est sûr qu'il préférait la vietnamienne.

Sinon, comme occupation, y a le lac.

Les muletiers des autres équipes te doublent et personne ne s'arrête au lac. Bizarre que le cuistot ai décidé de déjeuner ici. Les indiens arrivent. Grosse discussion, ils ne sont pas motivés non plus pour rester et le ciel devient d'un mauvais gris comme hier. Il reste 5.5 km avant le camp. Au moment de partir, on voit au loin un grand échalas accompagné d'un Teletubbies jaune, c'est le guide et la vietnamienne. On leur dit qu'on se barre. Pas de problème mais il y a un checkpoint militaire et il faudra attendre qu'il arrive avec les permis. Le camp sera ensuite 300 mètres plus loin. Mais il y a des abris au checkpoint pour attendre.

Sans déconner, en plein milieu de nulle part, faut qu'il y ai des militaires pour faire chier!

Une petite heure de marche sous la flotte. La vallée s'est un peu élargie, la rivière Gandsar serpente, des chevaux, moutons et chèvres gambadent. T'aurais eu un grand soleil, t'aurais fait construire une baraque ici. Mais sous la pluie, ton seul objectif le checkpoint.

Le checkpoint n'est pas là que pour contrôler les touristes (indiens compris). Un mec de chaque agence doit aussi venir avec la carte d'identité de tous les gars de l'équipe, indiquer combien de cuisinier, de muletiers... Quinze minutes à chaque fois tellement le militaire a deux mains gauches. Putain de flicage à la con! Et personne ne bronche, ils sont souriants, attendent patiemment leur tour. Une fois le guide arrivé, on est passé devant tout le monde... no comment.

Il pleut toujours. C'est pas l'orage comme hier mais ça ne s'arrête pas. Étonnement, ils ont pris un emplacement de merde. Chaque fois c'était top mais là. En plus, on est loin de la rivière. De toute façon, vue la pluie, à part rester dans ta tente à sélectionner les photos, écrire ce post...

13h30, on t'apporte ton déjeuner dans ta chambre, euh dans ta tente. Quel service ! Le même riz habituel et les mêmes carottes que le dej d'il y a deux jours. T'as la dalle, tu pars à la tente cuisine prendre du rab de riz et là tu vois en train de mijoter des oignons et autres trucs avec d'épices. Mouais, va savoir si c'est pour ce soir ou juste pour eux. Pas grave du saucisson et des noix de cajou t'attendent dans ta tente.

De temps en temps, tu jettes un œil à l'extérieur, et voilà aujourd'hui deux agneaux étonnés de voir un blanc ici. Hé les gigots, la tente cuisine est juste un peu plus bas. Allez y faire un tour ! Oui, car avant hier, poulet, hier poisson, quelle viande ce soir ?

18h, temps toujours aussi pourri. Contrairement à hier où s'était vraiment orageux, là on est plutôt sur des nuages style brume bien décidés à rester dans toute la vallée. On a eu un coup de pot pour le col ce matin.

Tu passes rapporter ta tasse à la tente cuisine quand tu choppes les trois muletiers avec une petite bouteille de rhum. Trop tard pour la planquer, gaulé ! T'as le droit à une petite rasade mais faut surtout pas que le cuistot le sache (en faut, c'est lui le chef ici). Euh, et ils voudraient pas aussi une rondelle de saucisson avec?

Le couple d'indiens est joueur de cartes, ça va nous occuper.

Finalement, tout le monde dîne à 19h30. Le cuistot explique que demain on va faire deux étapes en une car le prochain camp sera surpeuplé et que l'étape était très courte. Quel problème, la pluie. Demain il y a une montée dans la terre et ça risque d'être boueux. C'est la descente qui peut être dangereuse surtout pour les chevaux qui peuvent glisser et finir dans la rivière. S'il pleut, on bouge pas. Et si c'est pareil le surlendemain ? Pas de réponse. Toi, t'as un avion, va falloir trouver une solution.

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J4 - Direction le lac Satsar

La pluie est tombée par intermittence toute la nuit. T'es le seul à être levé comme prévu à 5h30. Merde il recommence à pleuvoir. 6h, l'heure du petit déj, tu tombes sur le cuistot. Il dit qu'on ne partira que s'il voit un autre groupe partir. Personne ne bouge dans les autres camps ni même dans les tentes de tes collègues.

Ça pue. Il part préparer du thé.

6h15, tu traînes du côté des autres camps pour demander ce qu'ils vont faire. Ça te permet de voir qu'il y a pas photo côté cuisine. Ça mijote, ça sent bon, y a même un gars qui prépare des momos. Toi, t'es sûr que tes deux tranches de pain de mie mal grillées et ton omelette t'attendent au retour. Tous les groupes attendent de voir comment la météo évolue.

6h30, tu tombes sur le chef muletier, celui pris en flag hier avec sa bouteille de rhum. Il dit que ça peut être dangereux pour les chevaux dans la descente, ce que tu comprends parfaitement.

7h, les indiens sont pas encore sortis de leur tente, Les viets (ouais, ça fait trop long à écrire en entier) montrent leur nez. Ils avaient pas compris que si on partait pas aujourd'hui, on pourrait rester aussi demain si le temps ne s'améliorait pas. Et là c'est la panique. Il fonce voir le cuistot. Oui, personne ne pose de questions au guide car il ne sait rien. Il est plus accompagnateur du vietnamien pleurnicheur que guide sur un malentendu.

Il s'est arrêté de pleuvoir, les nuages sont toujours présents mais une légère luminosité te redonne espoir. Tu regardes les autres camps, rien ne bouge.

7h45, le chef muletier dit qu'on peut ranger les tentes. Alléluia ! T'aurais eu une bouteille de rhum, tu l'aurais fait péter ! Mais ni les viets ni les indiens n'ont rangé leur tente. Faudrait pas que le chef change d'avis.

Sans déconner, le vietnamien se met en scène avec son téléphone, genre je marche, je m'arrête, je médite, j'hume l'air...enfin plein de conneries pendant que les autres attendent qu'il range son merdier pour plier la tente et préparer les bourrins. Putain...

Objectif le camp du lac Satsar et s'il fait beau, on poussera comme annoncé hier au lac Gangabal.

8h, on décolle. Il faut d'abord passer par un pont de glace pour entamer une montée courte mais pentue et surtout très boueuse.

Les chevaux risquent d'en chier. On a eu le bon timing car tous les groupes sont partis en même temps et ça risque de bouchonner grave dans cette montée. Personne ne monte de cheval, trop compliqué pour les bourrins et aussi très dangereux. Ça va faire mal aux cuisses pour ceux qui espéraient avoir le cul sur une selle.

C'est la plus petit journée du circuit. Même pas 300m de dénivelé, à peine 9 km de distance.

Après cette petite montée, t'es sur une légère montée à flanc de colline. Tu croises quelques bergers dont l'un n'a pas dix ans.

Le guide est resté avec les vietnamiens. Puis vient la vraie montée de la journée. C'est pas là que les chevaux risquent de tomber. T'as lâché les indiens.

T'es maintenant dans la brume qui se transforme ensuite en nuages plein de flottes. La température s'est refroidi, faut garder le rythme pour pas trop se peler. T'arrives à des dabhas où tu pourrais te poser et attendre les autres. Il reste 4 km pour rejoindre le lac et surtout tu vois une pub indiquant une petite maison de bergers qui propose boisson, repas au lac.

T'enquilles direction le lac alors que la pluie redouble s'accompagnant d'un peu de brouillard.

Premier panneau indiquant que tu arrives au lac sat sar 2. Ah merde, y a deux lacs. A travers la brume, t'essayes de distinguer une cahute où une tente. Walouh. Tu pousses jusqu'au deuxième lac. Pareil, que dechi. Putain, t'es comme un con, soit tu poireautes sous la pluie car il y a aucun abri, soit tu fais demi tour car t'as aucune idée de quand va se pointer le reste de la compagnie. Surtout que tu ne sais pas où ils vont planter le camp. Si c'est au premier lac, tu peux attendre longtemps ici.

Ton appli maps.me indique un point 200m plus loin. Au point où t'en es, allons voir. Alléluia, une tente avec plein de trucs à vendre devant.

Par principe t'as demandé le prix du thé mais tu l'aurais payé une blinde juste pour te protéger de la pluie.

15 minutes plus tard, tu te dis que tu vas repartir en sens inverse pour voir où est le camp. Coup de pot, l'équipe de muletiers passe juste à ce moment, le camp est 300m plus haut. 2 minutes plus tard, tu les ratais et tu repartais pour un bout de temps jusqu'à ce que tu tombes sur les vietnamiens.

Certains camps ont envoyé des muletiers en avance pour réserver les emplacements. On est les seconds, on a trouvé un coin un peu à l'écart. Le temps de monter les tentes et la pluie redouble. C'est dommage car le paysage rappelle (quand les nuages s'estompent quelques secondes) un peu le parc du Mercantour.

Le chef muletier te demande en passant si t'as pas de l'alcool dans ta tente.

Les couches de mousse qui nous servent de matelas servent aussi de protection des affaires sur les bourrins. Vous comprenez la suite... Une belle mousse sale et mouillé, c'est pas le top pour dormir ?

T'as demandé plusieurs fois ta couverture. Elle est trempée mais t'es le moins à plaindre. Tes principales affaires sont au sec dans un sac étanche dans ton gros sac à dos. Les viets ont leurs sacs de couchage trempés. Les indiens n'ont pas de véritables vêtements imperméables.

12h, Il y a plus qu'à attendre le repas à base de riz et de légumes puis taper le carton avec les indiens dans leur tente humide.

Il reste deux jours, environ 20 bornes. On envisage avec les indiens de voir si on pourrait pas les faire en une seule journée. Les viets n'en seront pas capables.

Jusqu'à 19h, l'heure du dîner, la pluie ne s'est pas arrêtée une minute. A 17h, des indiens arrivent encore à cette heure. Ils ont dû soit en chier grave soit s'arrêter à une dabha en espérant que le temps se dégage. Tu vois même pas les autres camps à moins de 100m. On a eu finalement un coup de pot d'avoir pu partir ce matin.

Lors du dîner (riz et toujours les mêmes légumes), le cuistot nous apprend une mauvaise nouvelle. Un des chevaux est mort à l'arrivée. De froid ? De fatigue ? T'en avais déjà vu quelques uns morts très récemment sur le chemin. Les mecs doivent trop les charger. Lors du dernier trek au Zanskar, où on était trois au total, t'avais autant de chevaux qu'aujourd'hui alors qu'on est dix (5 touristes, 1 pseudo guide, 1 apprenti cuisinier et 3 muletiers).

Impossible de faire en une journée les deux étapes surtout avec un cheval en moins. Mais quel que soit le temps, on part demain matin.

C'est la sixième fois que le cuistot fait ce circuit cette saison, première fois qu'il a un temps pourri pareil.

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J5 - Direction Trunkhal

La pluie s'est arrêtée pendant la nuit. Peut-être qu'on aura un peu de chance. Pas un grand soleil mais au moins pas de pluie

Comme d'hab, lever 5h30 et comme d'hab t'es le seul. 6h15, personne dans la tente cuisine, rien n'est prêt. Un autre camp pas loin, un gros groupe fait la queue devant la tente cuisine pour le petit dej. Tous les autres groupes sont actifs. Le pseudo guide roupille dans sa tente. La pluie reprend. Ca sent encore une journée pourrave.

A part tes pompes qui font office de baignoires, t'as des fringues sèches sur le dos.

On a une petite dizaine de km avec 500m de D+ pour passer le col de Zajibal à 4050m puis une descente sur les lacs Gangabal et Nundkol. Côté lacs, t'as arrêté de faire le compte. Plus trop de motivation vu les conditions météos du trek.

Tu pars avec les indiens, le cuistot nous a indiqué un raccourci pour éviter de descendre puis de remonter. Ça permet de voir les camps d'au dessus et aussi le serpent de brume qui remonte la vallée.

Ok, c'est peut être un raccourci mais faut crapahuter entre les rochers sous une bonne pluie. Résultat l'indien en perd une semelle. La suite ne va pas être simple.

On retrouve le vrai chemin qui monte en zigzag. Difficile de marcher sur le chemin car il se transforme en gadoue glissante. Alors, en plus avec une semelle en moins.

Dernière dabha avant le dernier kilomètre pour rejoindre le col dans la brume.

On voit tellement que dal que tu siffles pour indiquer la direction aux indiens derrière. Au col, tu vois pas à plus de 20 mètres de chaque côté.

Coup de pot, à un moment donné, une éclaircie de quelques minutes permet de voir les lacs Nundkol (à gauche) et Gangabal. T'as toujours pas compris où on allait camper ce soir. Comme on te dit quasiment rien, le couple d'indiens te raconte un peu ce qu'il veut.

La descente est plutôt pentue et c'est plutôt sur cette partie que tu penses que les chevaux auraient dû mal. Surtout que tu vois un bourrin à quelques mètres du chemin, les quatre pattes en l'air, le ventre gonflé, et qui sert de repas à des corbeaux.

On doit attendre les muletiers à dabha en bas de la descente. Presque deux heures à buller. T'en as profité pour commander des nouilles chinoises. Ca fait du bien de manger autre chose que du riz.

Les indiens étaient motivés pour rentrer directement en ville et éviter le dernier campement mais ils semblent avoir changer d'avis. Les mecs leurs racontent un peu n'importe quoi surtout sur la distance restante. Quand t'as un GPS, difficile d'être pris pour un lapin de six semaines.

Deux de nos muletiers arrivent. Y a une nouvelle merde côté bourrins. Y en a un qui fait grève. Il a vu un de ses potes clamser hier. Puis un autre dans la descente. Préavis de grève, il refuserait de descendre. Le cuistot et le chef muletier sont restés pour gérer le problème.

On n'a plus qu'à repartir sous la pluie. Malgré tes vêtements imperméables, t'es plus qu'humides. Tes pompes font des bulles à chaque pas. Finalement, on ne va pas camper près des lacs. Tu verras pendant une éclaircie le lac Nundkol et surtout le pont qu'il faut passer. On s'attendait à un petit pont en pierre. Que nenni, deux poutres branlantes et glissantes avec la pluie.

Des locaux prévoyant, regardent les gens traverser. Parient-ils sur une chute ?

L'indien a de plus en plus de mal avec sa chaussure sans semelle. Il n'est plus motivé pour finir le trek aujourd'hui.

T'as très rarement des éclaircies (qui se comptent en quelques secondes) mais le peu que tu vois donne envie de revenir avec un grand ciel bleu (et une autre agence). On passe de montagnes très minérales à des alpages avec des bouts de glaciers... Chercher pas sur les photos ci dessous, le temps de sortir ton téléphone et c'est mort.

Putain, on doit encore repasser par un camp militaire. Le connard est bien protégé dans sa grande tente pendant qu'on attend sous la pluie.

On arrive enfin au camp, il reste à peine 8 bornes. Si tu vois passer un berger avec un bourrin, tu lui demandes combien pour qu'il trimballe ton gros sac jusqu'à la fin du trek. En 2h30 tu pourrais être descendu et ce soir faire un bon repas après une bonne douche chaude. Et non...

Comme prévu les tentes sont super humides, les plaques de mousses servent à protéger les affaires sur les bourrins donc elles sont mouillées. T'as demandé une couverture, t'appuies dessus, y a de l'eau qui sort. Mais tu t'en sors le mieux car t'as toute mis dans ton sac étanche dans ton gros sac. Au moins tu peux te changer et ton sac de sac de couchage est sec. Les indiens ont quasiment aucune affaire de rechange à peu prêt sèche. Et c'est pire pour les viets, leurs sacs de couchage sont restés sur le bourrin en grève.

On est tous dans la tente mess quand le cuistot et le chef muletier arrivent. Très mauvaise nouvelle,le cheval est mort. Est ce l'ont forcé ? On ne saura pas. Du coup ils porté tout ce que trimballait le cheval. Les sacs de couchage sont trempés. C'est pas un sac style sac à patates qui protège des affaires de la pluie... La viet est dans la merde. Mais son pote a récupéré le seul qui était protégé dans un sac poubelle. Ça aurait été le contraire, il aurait piqué une crise.

La nuit dernière a été une hécatombe pour tous les muletiers. Plusieurs dizaines de chevaux sont morts de froid. Les muletiers n'ont jamais vu un temps pareil à cette époque. Personne n'était préparé. Il paraît qu'un groupe a perdu ses trois chevaux et serait redescendu en laissant tout son matos au lac.

Apparemment, une centaine de chevaux clamsent dans la saison. La société Spanghero veut proposer une semaine lasagne à volonté.

Tout le monde essaye dans la tente cuisine de faire secher un peu d'affaires en particulier les pompes.

La pluie ? Elle ne s'arrête jamais plus de dix minutes.

Il suffit que tu laisses juste tes affaires dans la tente pour qu'elles deviennent humides. Un vrai cauchemar et pourtant t'es le moins à plaindre. Ton sac de couchage devrait résister au moins cette nuit à l'humidité.

Tout le monde est motivé pour rentrer au plus tôt. Alors, on fait comme d'hab. Lever 5h30 pour un départ à 6h30. Tu demandes poliment au couple d'indiens s'ils seront capables pour une fois de ramener leur cul à l'heure.

Dernier dîner humide, du riz et les mêmes légumes. T'as chercher une cuillère dans la malle cuisine, c'est dégueulasse, les affaires sont pas nettoyées.

20 mètres plus, des muletiers ont monté un camp. Apparemment un autre groupe a décidé de pousser le plus loin possible.

En fait, d'un côté les gars sont sympas car ils essayent de faire au meilleur mais de l'autre ils ont en rien à foutre de l'hygiène, de la protection des affaires... Ce sont pas des pros. Comme ils disent, la saison dure à peine plus de deux mois (sinon trop de neige), le reste de l'année, ils bullent car ils veulent pas aller chercher du boulot en ville.

41

J6 - Direction Rananag, c'est la fin

Hier soir vers 22h, les trekers de l'autre camp sont arrivés à leurs tentes. Ils ont dû partir en même temps que nous et arrivent que maintenant. En tout cas, ils ont bien fait chier tout le monde jusqu'à 1h30 du matin.

Pluie et orage pendant la nuit. La dernière matinée va être sympathique.

5h30, t'es levé, le plus dur est de remettre tes pompes qui font office de piscine.

6h, t'es devant la tente cuisine. T'as juste le pseudo guide qui est là. 200m plus haut le toit à base de troncs d'un abri pour animaux est tombé à cause de la pluie. Les gars sont allés aider. Bon, là, tu peux rien dire. Tu regardes en direction du fameux abris. T'as dix mecs debouts immobiles qui regardent l'abr. Euh, ils font de la télékinésie avec leur regard ?

Attendre pour le petit dej les deux tranches de pain ? Mouais. Les indiens voulaient partir avec toi mais un des muletiers doit prêter ses chaussures à l'indien car il n'a plus de semelle sous aucune de ces pompes. Et apparemment c'est pas un problème pour le muletier... Finalement, les mecs, qui n'ont fait que regarder, reviennent. Un tronc a tué la vache d'un frère du chef muletier. Putain, déjà deux chevaux, maintenant une vache. Très grosse semaine de merde pour lui.

L'indien récupère des pompes et nous voilà partis en avalant goulûment les deux tartines. T'as jamais marché avec les viets car ils ont peur sans guide.

Le temps ? Il pleuviote par moment mais c'est pas trop fort et de toute façon, on commence à être habitué.

L'équipe nous a dit qu'il y avait 12 bornes pour redescendre. Sur ton appli, c'est moins de 8... Ils nous avez annoncé aussi 4h de marche. Ouais bien sûr, en plus avec que de la descente. La veille ils ont tout fait pour nous décourager de continuer.

Effectivement il y a 1000m de D- et le chemin parfois boueux est un poil glissant.

En chemin, on croise deux gars qui sont envoyés en secours au lac Satsar. Quelqu'un aurait un problème pulmonaire.

T'es descendu pépère avec les indiens. On aura 2h30. Ouais pour 7,5 km de descente c'est pas fameux.

Au village de Rananag, le frère du cuistot est là. On va se mettre au chaud en attendant les autres.

Des camionnettes attendent pour embarquer les chevaux et les ramener au point de départ. Les bourrins n'ont jamais de repos, pas étonnant que ça soit l'hécatombe.

T'as pas vu une seule femme dans le bled, juste des hommes qui se ressemblent et attendent de voir les groupes descendre.

1h30 plus tard arrive un muletier avec un cheval regroupant tous nos sacs. Ça c'est fait, même si tout est bien trempé.

Les vietnamiens avec le reste de l'équipe mettront en tout cinq heures et demie ! Ouais, cinq heures et demie ! En plus, ils ont pris plein de flotte sur la tronche. La viet a un bandage pour tenir son genou en vrac. Elle a dû en chier grave, elle boite bas. Ça aurait été un cheval, elle aurait été abattue fissa. Et son con de pote ne lui a même pas passé son baton de marche pour l'aider dans la descente. Sa priorité, avoir du réseau pour regarder son compte Instagram...

C'est le patron de l'agence qui nous ramène en bagnole. Le viet voudrait savoir comment il va récupérer l'argent qu'il a versé pour le cheval qu'il devait monter et qu'il n'a pas eu pendant deux jours. Pareil pour son poulet qu'il n'a pas eu tous les jours. S'il veut, il peut remonter chercher un bout de steak mais ça sera du cheval...On a beau être dans la même voiture, le patron semble passer sous un tunnel et ne plus capter... T'as même pas essayé de discuter avec lui, le gars en a rien à foutre. Il a super site web, très réactif et pros sur les échanges WhatsApp mais derrière il sous traite à des équipes qui font de leur mieux sans être formé un minimum. Donc agence pas recommandable.

Kashmir trek. https://www.kashmirtreks.com/kashmir-great-lakes-trek/#august

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Yo,

T'avais hésité à t'arrêter une journée au retour à Delhi à cause de la chaleur et l'humidité. Et bien, t'es pas déçu.

La loose, t'as rechargé hier ton forfait internet mais à peine arrivé à l'aéroport de Delhi, la carte sim est désactivée. Ça doit être une carte particulière qui fonctionne uniquement au Ladakh et au Cashmire.

A peine sortie de l'aéroport, t'as une seconde peau humide, tes lunettes sont couvertes de buée.

T'as décidé de voir quelques spots via le métro. Tout est écrit en Hindi et en anglais. Pas un papier au sol, interdiction de manger et même de boire malgré la chaleur. Mme Hidalgo que faites vous pour rendre un semblant de propreté au métro parisien ? Des places assises réservées aux femme et aussi le premier wagon leur est réservé.

C'est samedi, le métro est censé ne pas être trop blindé. T'as pas su comment acheter une carte rechargeable donc à chaque fois tu dois acheter un ticket. Pour chaque parcours, t'as un prix différent donc tu dois te taper à chaque fois une queue pas possible. Ici, certaines femmes considèrent qu'elles ne doivent pas faire la queue et essayent de passer devant tout le monde.

Premier arrêt au temple du Lotus. Les 300 mètres dans le parc pour rejoindre le temple t'ont fait perdre un litre de flotte.

T'es pas rentré car l'entrée était de l'autre côté en longeant une route bruyant en plein cagnard.

Deuxième stop, Dili hata. Une Esplanade avec une cinquantaine de boutiques proposant de l'artisanat de toutes les régions d'Inde. T'as surtout plein de petits restos proposant aussi des plats des différentes régions. Comme ils sont tous en extérieur, il faut d'abord en trouver où la terrasse est à l'ombre avec des ventilateurs sinon, c'est chaud, au propre comme au figuré... Dernière dosa des vacances.

Direction en tuktuk du tombeau d'Humayun. Ca te permet de voir un peu ce qui se passe dehors. Va savoir qui était Humayun mais même mort il a vu grand. Plein de jardins avec différents mausolées de mecs moins pointus que lui. Et puis son tombeau, enfin sinon peut appeler cette petite bicoque un tombeau.

Re-tuktuk pour aller au temple hindou d'akshardham. Quand t'as vu le monde et le bordel ne serait ce que pour laisser son sac, t'as lâché l'affaire.

T'as lâché les déplacements en tuktuk pour bénéficier de la clim du métro. Le plus usant est l'incivilité des indiens dans les queues. Et ils sont étonnés quand tu les repoussent ou gueulent quand ils essaient de te la faire à l'envers.

T'en as vu de l'occidental sur les sites mais aucun dans le métro. Certains ont rater l'époque Katmandou, Goa mais essayent quand même d'en avoir le look..

Direction 'red fort' juste avant le coucher de soleil ça fait vraiment ressortir sa couleur. Une fois l'enceinte passée, t'as d'immenses jardins avec des différents bâtiments et même des petites boutiques.

Même à l'ombre des arbres la chaleur associée à l'humidité est exténuante. T'avais prévu de voir la version en anglais du show mais tes tellement en nage que t'as envie de retourner plus tôt à l'aéroport pour te poser et trouver une solution pour te changer. Impossible de repartir en tenue serpillère. Du coup, t'as demandé si tu pouvais voir le show en Hindi 1h30 plus tôt.

Franchement, même si t'as rien compris au blabla , le show (avec son et superbe lumière) est vraiment à voir. Il retrace en une heure, la guerre entre les maradjahs jusqu'à l'indépendance en terminant par un petit speech de l'actuel 1er ministre et l'hymne national. Le tout entrecoupé de danses. Même les moustiques t'ont pas fait regretté d'être venu.

Le fort, éclairé de nuit est aussi pas mal.

Histoire de terminer en beauté, t'as remonté toute la rue Chandni chowk. Pas de voitures ni même des tuktuks, uniquement des rickshaws. C'est la rue des grossistes. T'as un temple hindou qui de nuit ressemble à Disneyland. Un autre bâtiment ?? Très éclairé et un bordel pas possible dans la rue.

À 21h, les conducteurs de rickshaws sont allongés sur le sol avec un léger drap pour se protéger de la saleté. Ils dorment là, certains à côté de vaches qui pioncent elles aussi. Assez incroyable.

Delhi, en 1/2 journée, t'as rien vu, même pas vraiment eu le temps de s'imprégner.


Tu viens d'apprendre qu'il y a eu trois morts sur le circuit des sept lacs que tu viens de terminer la veille, entre Satsar et Gangabal. Il y aurait même eu de la neige. Deux touristes et un berger. Étonnant pour le berger. Pour les touristes, certains avaient aucune condition physique et peut être pas les affaires pour du froid.

Allez, il est temps de rentrer en France et de rapporter ce que t'avais emmené avec toi...ta tourista....elle t'aura permis de perdre 8 kg en deux mois