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Ouais, juste un bout, même en 8 mois
Du 12 mai au 27 décembre 2019
230 jours
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Yo,

De l'île de Pâques à Manaus, c'est un poil long surtout que tu fais des zigzags pour traverser toute l'Amérique du Sud, Santiago du Chili puis Sao Paulo et enfin Manaus, 24h de porte à porte.

Alors pourquoi Manaus ? Bonne question... Une idée à la con, tu t'es dit, mais pourquoi pas traverser une grande partie du bassin amazonien en bateau (à pieds tu le sentais moyen, tout le monde n'est pas Mike Horn... ), en partant de Manaus, puis passer par la zone des 3 frontières (Brésil, Colombie et Pérou) à Laeticia (oula, zone rouge...), et continuer en traversant le nord du Pérou via Iquito et rejoindre la frontière équatorienne (ça doit pas être très français ce mot) à Nueva Rocafuerte et enfin arriver tant bien que mal à la capitale de l'Equateur, Quito.

Ouais, t'as pas que des idées de génie à chaque fois. Bon, t'as déjà fait plus 'con' , t'es déjà allé dans des endroits juste à cause du nom du bled. Qui n'a jamais rêvé de remonter le fleuve Niger jusqu'à la mythique Tombouctou, s'enfoncer dans la jungle de la Papouasie Nouvelle Guinée ou découvrir les volcans du Kamchatka? Personne ? Ah merde... Plus tard t'as prévu d'aller au Mato Grosso ? Vous connaissez ? Pas sûr qu'il y est qqchose à voir, mais toi, rien que le nom 'Mato grosso' te fait voyager. Chacun ses délires.

En tout cas, tout ce trajet en bateau sur le fleuve Amazone (pas le vendeur de bouquins qui va révolutionner notre quotidien) en essayant de trouver des arrêts pour s'embarquer un peu dans la jungle. Ouais, les moustiques et l'humidité qui vont ruisseler sur toi, quel bonheur en perspective.

Sur la partie purement transport, en fonction de si tu chopes le bon timing côté bateau, il faut compter au moins 2 à 3 semaines de traversée. Mais avec ta chance si t'as pas au moins un bateau qui coule, ça sera pas rigolo. Ca fait quand même longtemps que t'as pas eu pas une grosse galère. Va falloir changer le thème du blog. Bon, 3 semaines de fleuve ça risque de faire un peu long. Pour les rares qui peuvent être inquiets (Vero, je suis déçu, à l'époque je pouvais compter sur toi. Maintenant 3 mois sans nouvelles, t'en as plus rien à taper. T'es trop occupée à valider tes tickets de loto gagnants. En tous cas, t'es mal barrée pour avoir des bracelets du fin fond de l'Amazonie chinoise), vous avez grandes lignes le trajet.

Petit point actualité française, t'as hésité à faire une copie d'écran du site du ministère des affaires étrangères en cas de merde. Ouais, tu viens de voir qu'ils ont changé les conseils sur leur site pour le Bénin APRES l'enlèvement et en culpabilisant les mecs enlevés....trop fort. Guy, t'as toujours mon enveloppe à transmettre à Macron en cas de merde? Oui, c'est la minute un peu sérieuse de ce post. Quand on voyage et qu'on décide d'aller dans des endroits déconseillés, il faut savoir prendre ses responsabilités. D'où cette lettre qui assume le fait d'aller en zone rouge et de considérer que l'état français n'a pas à intervenir en cas de merde et surtout ne pas risquer la vie de militaires. Mais pour le Bénin c'était différent, rien n'indiquait sur le site du ministère des affaires étrangères qu'il y avait un risque potentiel. Désolé pour ce petit dérapage mais quand on voyage hors Monaco, tout le monde il est pas gentils.

Revenons à Manaus. Plus de 2 millions de pimpins qui vivent dans une ville au milieu de la jungle. A une époque, la ville était tellement riche avec le latex qu'ils ont construit un immense opéra. C'était un de tes hot spots pour toi. T'es arrivé a Manaus dimanche après midi juste après la fermeture des visites de l'opéra, le lundi il est fermé et t'as ton bateau mardi à 6h du matin, super timing.

Bien sûr t'es arrivé sous le pluie avec d'énormes nuages. Ici, tous sont contents de la pluie, ils ont crevé de chaud depuis plusieurs jours jusqu'à ton arrivée. A ce demander si tu vas pas devenir le gourou 'rain maker'. Si t'es un paysan au fin fond de Bernay et que t'as besoin de la pluie sur ton champs de betterave (y a de la betterave à Bernay?)

Dimanche après midi, ville morte, tu te croirais aux Tonga. T'es logé à quelques mètres de l'opéra, dans le quartier historique de Manaus. Rues vides et temps gris, ca fait pas rêver pour l'instant. A la guesthouse, on t'a conseillé d'éviter les rues vides. Euh, elles sont toutes vides les rues. Apparemment les gens sont à la plage. Oui, au bord de l'Amazonie, il y a des plages, surprenant.

A partir de 18h la vie s'anime autour de la place de l'opéra. Les bars et petits restos rouvrent et installent leurs tables au bord de la route. Ils ont fermé un petite portion de la route, installé des tables et chaises en plastique et des petits stands qui vendent de la nourriture et bien sûr de la caïpirinha. La caïpirinha à 2€ le verre, ça risque de faire mal. On est dans le pur cliché brésilien : d'un côté de la rue, un groupe joue de la musique brésilienne et les gens de tout âge se trémoussent sur leur chaise ou se lèvent naturellement pour danser. Et de l'autre côté de la rue, ils ont sorti des grandes TV pour regarder un match de foot. Musique et foot, bienvenu dans ce Brésil qui ne peut pas laisser indifférent.

Tout serait idéal si t'avais pas un gars de la sécurité à chaque entrée de la rue, un gars armé devant certains restos et la police touristique qui trainasse dans le quartier. Et les flics ont la main posée sur le holster avec un regard parfois agressif. C'est presque dérangeant cette ambivalence : les gens souriants, une joie de vivre, de la musique un peu partout où t'as l'impression que la vie peut être tranquille et de l'autre côté ce sentiment que tu peux te faire agresser ou voler à tous moments (merci aux médias). Reste qu'il y a quand même plein de gens/familles qui dorment dans la rue et un mec qui dort par terre devant un magasin de matelas

Changement d'ambiance lundi matin, les rues sont blindées de monde, plein de petites échoppes qui vendent tout et rien ainsi que des vendeurs à la sauvette qui essayent de fourguer des caleçons et même des médicaments. T'as même un gars en gilet jaune dans la rue qui fait de la pub pour...un dentiste. Dans toutes les rues des magasin de hamac. Sur les marchés, en dehors des fruits et légumes traditionnels, tu trouves plein de sachets d'herbes séchées. Faut vraiment avec un local pour vraiment apprécier ces marchés sinon t'as aucune idée de ce que c'est. Et il faut parler portugais car ici personne ne parle anglais ou même quelques mots d'espagnol.

T'es allé sur le port où des dizaines de gros bateaux attendent les passagers pour naviguer sur l'Amazone. Ce sont ces fameux bateaux, très lents à plusieurs ponts où tu installes ton hamac et regardes les rives du fleuve défilées infiniment. Histoire d'économiser sur le prix des stands, les pêcheurs ont trouvé la solution, ils étalent directement leur pêche sur la proue de leur bateau

Malgré les nuages, l'humidité est bien présente et des 11h du matin tu poisses.

T'as essayé le bus pour aller au centre culturel ''dos provos de amazonia''. On est pas à Paris, ça fraude pas dans le bus. T'as même le guichet et le tourniquet dans chaque bus. Le prix d'un ticket correspond à la moitié du prix d'une caïpirinha. Ouais, maintenant ton unité de prix est la caïpirinha. Le petit musée est gratuit et tu peux voir plein d'objets utilisés par différentes tribus. Le seul regret, tout est écrit en portugais, une petite version en anglais ou espagnol aurais été utile. Le plus impressionnant sont les parures à base de plumes de piafs. Chap ? Pour tes soirées de folie au KB ? Y en en toc au marché d'artisanat.

Histoire de pas mourir idiot (c'est pas gagné) t'as quand même prix un bus pour aller à la plage 'ponta negra'. Incroyable, une vraie plage de sable mais elle est totalement factice car ils ont importé le sable et fait en sorte qu'il y ai toujours du sable même quand le niveau du fleuve monte. Plein de stands qui te louent des tables, chaises et parasols. T'as mis un pied dans l'eau, super chaude et d'une couleur cuivrée. A cet endroit l'Amazone est pas très large car tu peux voir au loin (très au loin) l'autre rive. Il paraît qu'à certains endroits tu ne vois pas la rive opposée. Je sais pas si vous connaissez mais au Brésil sur les plages, t'as des mecs qui se baladent avec un mini BBQ portatif et te font griller des petites brochettes de fromage arrosées de jus citron vert. Super bon, mais vu le prix payé, t'as dû te faire escroquer.

T'es tranquillement dans ta guesthouse sécurisée. Oui, sécurisée car caméra à l'entrée qui scrute la rue avant d'ouvrir la porte, fils barbelés électrifiés sur tout le haut des murs et t'es photographiés à ton arrivée. Ouais, t'es donc tranquillement dans ta guesthouse quand t'entends plein de pétards à l'extérieur. Tiens y a une fête ce soir? Euh, pas vraiment, une locale te dit que ce sont des coups de feu des dealers de drogues, une sorte d'avertissement. Vu le bruit, ça doit pas être du 22. Tiens, ils répètent leur avertissement plusieurs fois. Apparemment, ceux qui sont censés être avertis ont pas l'air de comprendre. T'es allé jeter un œil, Manaus n'est même pas en orange sur le site du MinAff donc ça devrait aller... En fait, ce sont des gens qui font exploser des gros pétards devant l'église sur la place principale Je t'en fouterai des tirs de kalach... Ils portent tous le même t-shirt, ça doit être le lancement du cartel de ''l'hostie qui fait planer''. En tout cas, leur Dieu ne doit pas aimer le bruit, car il vient de balancer une énorme ramasse de flotte, tout le monde a décampé fissa pour aller se protéger. La pluie commence à diminuer, un connard a refait péter un pétard, la pluie est répartie encore plus forte. Même ceux qui ont des parapluies restent planquer tellement ça tombe. Putain, si tu prends ça quand tu seras dans la jungle. Tu devais pas être hors saison des pluies ?

Allez demain, c'est parti pour au moins 36h de bateau en théorie. Mais pas sur un beau gros bateau à plusieurs ponts, sur un bateau express, (36h au lieu de 6 jours). Bon, c'est pas certain car t'es tombé sur une grosse équipe de baltringues qui t'a vendu le billet. Pour l'instant tu l'as pas, peut être demain à 5h mais c'est pas sûr...

Ricardo, l'homme qui parlait à l'oreille des nuages

PS : Comme dans tous mes blogs, il faut les prendre au second degrés en particulier quand je me moque gentiment (oui, c'est du second degrés) de ceux que je rencontre.

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Yo,

Ça y est, c'est parti pour 1700 km de remontée d'une petite partie de l'Amazone soit plus ou moins 36h non stop de speed boat confortable avec fauteuils en simili cuir, clim avec la température d'un congélateur, la TV juste au dessus de ta tête et vitres teintées pour pas être dérangé par les paysages. Du coup tu t'es installé à l'arrière, dehors, ce qui permet de voir défiler les berges, d'entendre parfaitement le moteur et de profiter de l'humidité. Ça démarre très fort, ils ont oublié de fermer une vanne où t'es installé. L'eau sort à gros bouillon et inonde tout. C'est un des passagers qui s'est dit que ça devait pas être normal et a foncé fermer la vanne. Du coup, ils sont descendus dans la salle machine voir le moteur. Vu les cadors, avec un coup de pot, on va peut-être tanker une girafe qui s'est perdue et traverse le fleuve...oui, la girafe d'Amazonie maîtrise le crawl.

Goooood morning amazonia, radio amazonian-Ricardo vous offre un point de la situation après les 8 premières heures : Petit point météo avec ces quelques photos qui ne sont pas en noir et blanc. Les commentaires sont superflus.

Petit point trafic : fleuve dégagé, circulation fluide, peu de bouchons prévus dans la journée même à la sortie des horaires de pêche, par contre attention à la chaussée humide voir très humide.

Côté paysage, comment dire, bon, t'es pas sur un bateau touristique qui fait des stops pour te montrer des spots avec des bestioles, t'es sur le TGV de l'Amazone. Donc, des berges avec du vert, du vert et du vert qui bouge très vite. Parfois des grands arbres qui tôt ou tard finiront sous forme de parquet occidentale. Faut pas se le cacher, c'est assez monotone. Y en a encore des bisounours qui vont écrire que t'es blasé... Ne me dites pas que si vous vous tapez 6h de TGV au milieu des champs de maïs, vous allez passer 6h à regarder pousser les épis avec émerveillement. Même un japonais se lasserai à force. Ici, c'est pareil, mais tu remplaces le maïs par un truc plus vert et tu passes la durée de 6h à 36h. Ok, les St Thomas, vous voulez une preuve? Voilà donc, offert par amazonian Ricardo, 2 extraits de 15 secondes. Les berges vues de loin et de près.

A repasser en boucle pour les amateurs de film mi expérimental mi documentaire.

Kinnary, Gabriel, si ça vous manquent les heures sans fin sur un fleuve, je vous file les infos et en janvier vous venez ici plutôt que d'aller à Cuba abuser d'un pauvre voyageur en fin de circuit. Ça marche ? Et ainsi Kinnary aura le temps d'écrire les scénarios de la prochaine saison de GOT. Ouais, en fait personne n'est mort, c'était qu'un rêve.

Alors oui, parfois, apparaissent quelques maisons/petites communautés sur pilotis en bord de fleuve et étonnement des poteaux électriques, parfois, quelques pirogues et barques de pêcheurs en train d'installer des filets mais y a pas foule.

Et puis de rares stops dans des villes perdues sur le fleuve où quelques personnes montent ou descendent. Une petite vidéo d'un bled afin de vous faire voyager et rêver. La dernière vidéo est le bled Bananal en cas où qqun chercherez un coin reposant. N'hésitez pas à faire péter le nbr de vue sur YouTube.

''Goood morning Amazoniaaaa''', ici Radio amazonian-Ricardo pour un point de situation en cette belle et nouvelle journée : 6h du matin, la chaussée reste, bien sûr, très humide et en cette heure matinale aucune circulation dans les deux sens. Aucun bouchon non plus prévu sur les dix années à venir. Côté météo, on ne change pas une équipe de nuages qui gagne. Et côté paysages, comme d'hab, appréciez ces berges recouvertes de trucs verts à fort potentiel de planchers. Si vous ne retrouvez pas vos lunettes de soleil, ce n'est pas grave vous n'en aurez pas besoin. Profitez de la vue, il ne vous reste plus que 12h de navigation. C'était Amazonia-Ricardo, la radio qui vous accompagne sur vos longs trajets.

Tu t'attendais pas avoir autant de monde sur ce type bateau car le billet est pas donné pour le niveau de vie du pays, 160 euros. T'espérais pouvoir échanger avec d'autres passagers mais le bruit du moteur est assourdissant et surtout personne ne parle un peu anglais. Tu te disais, le pays est entouré de pays qui parlent espagnol, peut-être que tu vas pouvoir t'en sortir avec ton baragouin espagnol. Que neni, ici c'est le portugais à la sauce brésilienne, point barre. Donc pas facile car tu pipes rien de rien. Faut reconnaître que si t'habites au milieu de l'Amazonie brésilien, les autres langues vont pas te servir tous les quatre matins. En fait, c'est pareil en France, qu'est ce qu'un chauffeur de camion dans un trou comme Bernay par exemple, a besoin de parler l'anglais.

36h c'est un peu long... et dire que t'avais imaginé prendre l'option 7 jours. Et pour l'instant t'as pas fait la moitié et encore, t'as fait la partie la plus directe. Te voilà enfin arrivé dans la région des 3 frontières. T'es arrivé du Brésil dans la ville de Tabatinga qui est collée à la ville Colombienne Leticia. Et de l'autre côté du fleuve t'as le Pérou qui sera ta prochaine direction. L'objectif étant toujours d'arriver à Quito en Équateur, inchallah bien sûr.

Tu t'attendais à l'ambiance un peu 'particulière' des villes frontières surtout dans des endroits un peu perdu mais que dal. Plein de restos, de bars sympas, ambiance décontractée. Tu t'es installé côté colombien car ça semblait plus vivant et ça sera plus facile côté discussion. Ta guesthouse a une piscine dans le jardin. Holà vous emballez pas, leurs chiens viennent boire dedans. Vous en connaissez des chiens qui boivent de l'eau chlorée?


T'as un truc de fou dans cette ville mais apparemment il y a plein d'endroits comme ça. En plein centre ville, tu as un petit parc avec des arbres. Vers 17h15 des piafs débarquent de la jungle par paquet de dix pour s'installer dans les arbres de ce parc. Puis tout s'accélère, ils arrivent pas centaines puis par milliers. C'est un tourbillon de piafs qui cherchent à s'installer. Ça piaille comme c'est pas possible. Les arbres se recouvrent d'oiseaux. Tu penses que ce sont des feuilles mais non ce sont des piafs. C'est le délire. Apparemment c'est pas simple de trouver la bonne place car ça s'engueule. En tout cas, c'est un peu la roulette Leticienne (c'est quand t'as 50 piafs qui passent au dessus de toi) quand t'es dans le parc à cette heure, surtout si t'es proche d'un arbre. Y a des fientes de piafs partout mais partout donc c'est vite d'être couvert de merde. A certains endroits c'est même irrespirable.

4h plus tard, ça piaille encore. Une fois bien installés, peut-être qu'ils se racontent leur journée : "alors Brice, c'était comment cette journée ? Pas mal, j'ai revu Bricette, on s'est trouvé une petite mare qui peut faire jacuzzi....'' Ouais, donc plein de trucs intéressants dans ce genre. Et va comprendre pourquoi, tous les soirs ils rentrent en ville. Le bruit des bagnoles leur manque peut-être? C’est quand même pas la trouille de passer la nuit dans la jungle ? Tu le fais bien toi alors que t’es un charlot de la ville. Si un jour, vous allez au nord de la Malaisie à Kota Bahru, c'est pareil mais avec des chauves-souris. L'aéroport est même fermé tellement ça peut être dangereux pour les avions.

Dès que tu te rapproches des berges, ambiance différente avec des maisons en bois sur pilotis.


T'es retourné à pieds côté Brésil acheter ton billet de bateau pour Iquitos. C'est pas la même ambiance, pas sûr que tu te baladerais le soir dans le coin alors que côté Colombie aucun problème. Mais c'est vrai que le soir t'as un flic tous les 100m. T'as quarante sortes de police et armée ici, la brigade de la jungle et même la police 'ambiantial', va savoir, en tout cas ils aiment les paresseux. En plus t'es logé à 50m de la prison. Et Non !! Adnana, j'irais pas demander s'ils vendent de l'artisanat dans la prison. Côté artisanat, t'as trouvé un objet grandeur nature, ça intéresse quelqu'un? Oui, on peut pas toucher dans le magasin mais une fois acheté...

Le truc le plus étonnant ici, c'est la gestion des visas. T'es arrivé du Brésil, t'as fais ton tampon de sortie du Brésil mais t'es pas allé faire celui de l'entrée en Colombie alors que dors plusieurs nuits en Colombie. Et tu fais, en Colombie, ton visa d'entrée au Pérou juste à côté du guichet des visas de sortie de Colombie sans que ça pose problème.

Ca serait con de faire toute la traversée du bassin amazonien sans s'arrêter. Donc tu pars vendredi 5 jours dans la jungle avec une agence locale Colombienne. On est ?? (ouais ?? Car c'est pas clair à la veille du départ ). Indiana Jones prêt à se perdre dans la jungle mais que neni. C'est un truc un peu pépère. En fait, tu contactes plein d'agences à l'avance, quasiment aucune ne te répond sauf pour te donner des réponses sans rapport avec tes questions. Et sur place, y a pas de touristes qui veulent s'embarquer sur plus d'une ou deux journées donc tu te rabats sur ce qu'il y a.

https://forestours.com/tour-packages-5-days-zacambu-lodge-and-tupana-aru-u/

Et ouais.. Super, tu vas te retaper un paquet de bateau/pirogue. Gabriel, grosse erreur de débutant, j'ai oublié de demander s'il y avait un toit sur le bateau.

T'as quand même cherché si tu t'étais gouré côté timing météo. Le meilleur moment pour les treks du côté de Manaus, est octobre. Et bien putain, t'es pas tombé loin, juste 5 mois de différence. Et côté pluie, t'es moins mauvais c'est à partir de juin que les précipitations baissent. T'as aussi demander à la guesthouse pour le soleil. Ouais, ils ont en eu jusqu'à ton arrivée.

Petite devinette : A quoi on reconnaît-on un pays qui s'y connaît en moustique ? Un pays où tu peux acheter du DEET en spray anti-moustique. Ouais c'est agressif pour la peau, la nature... Mosento en comparaison c'est du talc pour bébé, mais au moins c'est efficace. Et ici, t'en trouves partout!!!!! Pour les 'eco' responsables qui se pointent avec de la citronnelle ou un autre produit genre à l'aloe vera, sachez que les moustiques détectent cette odeur et savent qu'il n'y a que les touristes qui ont l'utopie d'avoir confiance et donc c'est comme un appel pour eux.

Amazon boat people Ricardo

Ps : au fait Delphine, c'est pas toi qui voulait à une époque faire la traversée du Pacifique sur un cargo ? Euh, je vais pas être dispo à cette date...

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Yo,

Incroyable de chez incroyable. T'as été contacté par National Geographic.

Ils ont vu tes photos et ils veulent que tu shoots une série de photos sur le thème 'un ciel sans soleil'.

Donc voilà la première série, encore toute chaude :

T'arrives à faire des photos avec un plafond nuageux super haut qui recouvre totalement le ciel. Puis beaucoup plus bas, des gros nuages biscornu dans tous les tons de gris. Enfin, c'est là où le génie s'exprime le mieux, une petite couche de nuages entre le deux couches précédentes en cas où un rayon de soleil arriverait à percer. Du grand art qu'ils disent chez National Geographic.

Et pour cette dernière et sublime photo, un grand merci à Gabriel qui t'a appris à bien cadrer tes photos de paysage avec l'horizon pile au milieu, un chef d'œuvre.

Ricardo cloud designer

Grand merci Gabriel...
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Yo,

Te voilà parti pour 5 jours de 'jungle' en all inclusive (ouais, ça fait mal).

Finalement on est 3, 4, 5, ça change tous les jours mais tous ceux que tu croises voyagent pour au moins 6 mois. On commence par une heure de bateau (avec toit, Gabriel). D'un côté du fleuve t'es en Colombie, de l'autre au Pérou. Ensuite on monte sur une petite pirogue à moteur (sans toit, Gabriel) pour remonter le minuscule Rio Parana qui serpente dans la jungle. Quand l'Amazone est bas, tu pars à pied, en ce moment impossible sans bateau. Et t'arrives enfin dans un petit lodge. Le patron de l'agence t'avais que c'était rustique. La vache, t'as un super bungalow avec une vraie salle de bain avec du carrelage. Tu t'attendais à une planche de bois et une sceau de flotte. On est quand même dans la jungle. T'as même droit à lumière le soir. Oui, le groupe électrogène est à 20m de ton bungalow, ce qui permet de ne pas être dérangé par le bruit des animaux le soir. Le lodge à un petit lac avec des poissons dont le fameux arapaima. Ils ont en une quinzaine dans le lac qui sont pas très grands, ils font que 2 mètres... Chap, arrête de poster tes photos de poissons ridicules de la taille d'un gobi et viens ici.

L'agence t'avais prévenu que le guide ne parlait pas anglais. Elle explique qu'elle fourni un vrai guide de la jungle alors qu'un guide de la ville s'y connaîtra moins (et sera beaucoup plus cher), ce qui est pas faux. Les 2 autres touristes parlent parfaitement espagnol et du coup super compliqué pour comprendre le guide qui parle à une vitesse normale. Il faut s'équiper pour partir se balader 3h dans la jungle : t-shirt et pantalons manches longues et bottes. Ah ça va pas être possible, même pas en rêve, et pourquoi pas aussi un anorak et un bonnet en alpaga. Le guide t'explique que c'est pour se protéger des guêpes. Hein? Des guêpes, tu crois que ton t-shirt avec manches longues ça va changer quelque chose ? Blabla blabla...Intransigeance sur les bottes en caoutchouc à cause des serpents. Toi qui marche généralement en sandales, ça te fait bizarre.

Quoi, du soleil, juste avant de partir marcher dans la jungle, waouh. Nous voilà parti machette à la main (euh, juste le guide) nous enfoncer dans une jungle où personne n'est jamais allé (en fait, on suit un sentier boueux). On croise des milliers d'animaux (inimaginable le nombre de fourmis au mètre carré). Il faut parfois traverser des rivières sauvage (Oui, y a un peu d'eau mais y a toujours une planche où un tronc d'arbre pour traverser). On croise des autochtones. (un petit vieux qui revenait de 6h dans la jungle à chasser sans voir la moindre bestiole). Si le mec du cru a rien vu au bout de 6h, c'est pas nous avec notre petite balade qu'on va croiser un jaguar.

Les autres Indiana Jones parlent espagnol mais marchent peu jungle. A chaque fois, ils sont à la limite de se vautrer surtout le Mickael, un français, qui a la trouille de tout. Le guide explique plein de trucs, en particulier sur les arbres et plantes médicinales mais tu comprends pas la moitié. Il nous montre une feuille qui pique si tu la touches (l'ortie locale). Au moment où on s'arrête pour l'explication, tu touches involontairement sa cousine avec ton bras, et ouais ça pique. C'est con t'aurais eu des manches longues... Histoire qu'on s'en rappelle, il coupe une feuille et nous en met un petit coup sur la main. Ouais, ça pique comme sur le bras. Alors, bien sûr, du vert, du vert et encore du vert. La ballade est sympa mais à part 2-3 piafs qui ont fait coucou et un grand papillon noir et bleu, pas très actif cette jungle. T'as demandé pour les tarentules. Ouais, y en a plein mais elles sortent qu'à la nuit. Euh, au Venezuela, on les agaçait avec un brin d'herbe et elles sortaient de leur repère en plein jour tous crocs dehors. Mais ici, ils doivent être eco friendly avec les tarentules.

Le soir, il y avait la possibilité de faire 30 minutes de balade à la frontale autour du camp. Mouais, t'as peu de chance de voir une bestiole, faut remettre ces satanées bottes en caoutchouc, retranspirer, t'as laissé les autres y aller qui ont vu du noir.

Le lendemain matin, on part en pirogue (sans toit, oui vous verrez ça a une importance) rejoindre l'Amazone et aller dans la communauté, (c'est comme ça qu'on appelle les petits villages), La Libertad, de l'ethnie Yagua. A part la grande maison traditionnelle qui sert de réunion ou pour les fêtes, toutes les autres maison sont classiques, planches et toit en rôle. Y a un mec qui a eu un coup de génie. C'est le vendeur de tôle. Il est arrivé à faire gober au gouvernement Colombien que de construire des toits en feuilles tressées détruisait la forêt, du coup, tous les villages doivent maintenant utiliser de la tôle pour leur toit. Mais c'est vrai qu'à côté de ça, on déforeste pas...

La pluspart des maisons ont leur antenne parabolique et à l'intérieur la TV et des enceintes. Rien d'autre. Ils installent leur hamac pour la nuit. Faut pas s'attendre à voir des gens en pagne, ils sont habillés comme tout le monde, avec un téléphone. Donc, en tout cas, en bord de fleuve, faut pas à s'attendre à un remake 'd'un indien dans la ville'


Un enfant a un très jeune singe comme animal de compagnie. Quand il sera grand la bestiole fera 1 mètre. Le guide te dit que quand elle sera grande la bestiole partira dans la jungle. Ahah la bonne blague. Les mecs du village sont des chasseurs qui ont du mal à trouver des animaux dans la jungle pour se nourrir et ils laisseront bien sûr 10 kg de viande sur pattes partir plus tard. Vas y, prends nous pour des lapins de six semaines.

Ensuite, on est allé picoler et taper le bout de gras avec un des chamans. Ouais y en a au moins 4 dans le village. Il est tout beau le chaman, tout en bleu turquoise. Côté picole, ici c'est la chicha, c'est fait à base yuka et de canne à sucre pour la fermentation de l'alcool. Pas mauvais, pas fort, un côté un peu laiteux. Ils en font boire aux enfants des 6 ans. Ensuite tu passes à ce qu'ils appellent 'El vino', le vin de yuka. C'est la catégorie au dessus, beaucoup plus fort, pas sur que si tu prends une cuite à ça, le lendemain, t'es pas un léger mal de crâne.

Côté chaman, le gars t'explique que ça lui est tombé dessus quand il avait 20 ans et qu'il soigne avec la fumée. A l'écouter le mec est mondialement connu, y en a qui viennent du Pérou, du Brésil pour le voir, impressionnant. Cool, il va pouvoir te soigner. Près de 500 personnes pas jour (ouais, c'est pas toi qu'a mal compris, ce sont ceux qui parlent couramment espagnol qui te l'ont traduit) viennent le consulter. La vache, 500 par jour. Waouh, une pointure ce chaman, enfin un vrai, pas un qui pue comme au Vietnam... Mais ça fait 1h qu'on cause et qu'on picole avec lui et on a vu personne. Ils sont cachés où les 500 pèlerins de ce jour? Encore un gros mito, mais sympathique. Finalement t'as pas demandé son aide.

Petit message pour Jean-Philippe. Pas de potentiel business pour toi, ils se coupent les cheveux entre eux et c'est rasoir et ciseaux de cuisine. Et que serait-ce la visite d'un village si on s'arrêtait pas voir un peu d'artisanat. Histoire de faire vivre l'artisanat local, t'as acheté quelques bracelets (hein Vero !! Malgré tes mauvais commentaires). Ils te disent que ce sont des couleurs naturelles. Euh ouais, elles sont quand même super éclatantes leurs couleurs...

Retour au lodge histoire de se ridiculiser à la sarbacane puis on remonte sur notre pirogue (sans toit) pour revenir sur le fleuve et prendre prendre ensuite la plus grosse barque qui a un toit. Et c'est enfin là que ça se passe. Tiens, quelques petites gouttes, puis des plus grosses et enfin le déluge.

Petite devinette : comment reconnaît-on qqun qui a déjà pris cher sur un bateau ? C'est celui qui a son poncho de pluie à portée de main et qui reste sec alors que les autres les ont laissé dans leur sacs et arrivent trempés. Bien sûr, la pluie s'est arrêtée quand on est arrivé au bateau avec toit, sinon c'est pas drôle.

Donc 2 jours pour ceux qui veulent découvrir un bout de jungle tranquillement. Non Jean-Philippe, même ça sera trop dur pour toi, reste sur ton SPA au Maroc..

Ricardo poncho

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Yo,

Deuxième partie du circuit, tu rejoins le fleuve Zacambou où tu vas passer 4 jours sur un lodge sur pilotis sur le fleuve. A part une petite communauté à une heure de bateau, il n'y a pas d'habitant dans ce coin.

On est dans ce qu'ils appellent la partie basse de l'amazone, les terres sont immergées quasiment toute l'année. Ce coup ci t'as d'un côté le Brésil, et de l'autre le Pérou. Au lodge, ils ont récupéré il y a 5 ans un minuscule single, un ouistiti pygmée, la race la plus petite du monde. La bestiole a perdu une partie de sa queue lorsqu'une autre bestiole plus grosse a voulu la boulotter et a été ensuite abandonnée par ses confrères. Elle tient dans la main et quand tu la caresses, on dirait plus des plumes que des poils. Une paire de gants fourrés avec sa fourrure, ça doit être super doux. Poser pas de questions concernant la banane sur la photo, tu dois la trimbaler jusqu'à... pff au moins.


Premier soir, ils nous proposent d'aller faire un tour en canoë à moteur sur le lac qui est juste à côté. Le français, Mickael, est habillé des pieds à la tête en cas où un moustique s'approcherait. Et il ne monte sur la barque que s'il y a un guide... Donc on se balade, le guide essaye avec sa lampe de détecter des bestioles mais à part un serpent qui roupille pas grand chose.

Enfin des loupiotes oranges se reflètent dans sa lampe. Peut-être une paire de pompes potentielle. C'est pleine lune, c'est pas le meilleur moment pour les attraper car la lumière nous éclaire. On se rapproche lentement sans bruit, le guide essaye de choper les pompes, pas assez rapide, elles disparaissent sous l'eau. On refait un petit tour et on revient au même endroit, on revoit les 2 loupiotes oranges. Retentative et reratage. Le guide veut pas lâcher l'affaire et les pompes ont l'air de nous provoquer à réapparaître au même endroit. Finalement il chope la bestiole, un caïman, qui doit faire un mètre de long. C'est une jeune car les adultes font 4 mètres de long. T'es déçu, vu la taille, au mieux tu peux te faire une ceinture mais jamais une paire de pompes. 3 fois qu'elle revient au même endroit alors qu'on a déjà essayé de l'attraper, c'est pas pour que dal. Sans déconner, c'est de la provocation, le sac à main potentiel veut être sur Instagram...

Le lendemain matin lever à 4h30 pour prendre le bateau est aller voir le lever du soleil. Ouais, on aurait pu largement le voir dans aussi bien du balcon du lodge. Puis on part faire une balade en canoë. 2 bateaux, un guide et cinq touristes. Forcément le Mickael est sur le bateau avec le guide, sécurité avant tout. On va passer la matinée sur le bateau, il est en grosses chaussures, jean's et t-shirt manches longues, manque plus que la capuche. Toi, t'es sur le bateau avec un couple de Suisse. On pensait se balader tranquillement le long du fleuve. Que neni, on s'embarque dans la jungle, le but étant de slalomer entre les arbres en évitant les broussailles pleines de bestioles qui piquent et qui grattent. En fait, t'es dans la jungle mais sur l'eau. Étonnement, sur ce genre de barque longue et lourde, c'est le mec qui est à l'avant qui est le barreur. C'était le suisse à l'avant et on a pas raté un arbre, pas un.

On a passé notre temps à faire des marches arrières pour se sortir du merdier dans lequel on était. C'est pas compliqué, 3h plus tard t'es recouvert de feuilles et piqués de partout. Et ouais, t'aurais du t'habiller en Mickael. On a vraiment l'impression d'être au milieu de la jungle. A un moment, on entend un énorme bruit comme si un arbre venait de tomber dans la jungle. Puis plus tard, un bruit sourd et répétitif. Ponc... Ponc.... Ponc... Ponc... Des bûcherons alors que c'est interdit . Le guide s'arrête pour nous montrer un machin tout en haut d'un arbre. T'as beau zoomer, ça reste une boule de poils. En fait c'est un paresseux.

L'après midi, on va voir les dauphins. Ils pullulent dans le fleuve, des gris, des roses, des moitié gris et moitié rose. Les roses sont vraiment roses. C'est l'heure de la chasse pour eux, et ils apparaissent quelques instants à droite pour réapparaissent ensuite à gauche. Les guides sifflent, tapent dans l'eau avec leurs rames, genre ça va les faire venir. Que dal, ouais. Quasiment impossible de les choper en photos. Pourtant ils savent qu'on vient de loin pour les voir, ils pourraient faire un effort. En bord de fleuve, t'as des arbres couverts de piafs. A se demander si ce sont pas ceux là qui rentrent le soir à Leticia. Autant on doit pas déranger les araignées dans leur trou autant là, tu peux te faire plaisir pour faire s'envoler la bande de piafs qui bullent sur l'arbre.

Le guide nous amène à un lac où il n'y a pas trop courant pour se baigner. Avant t'as demandé s'il y avait pas le fameux ''poisson pénis''. Il doit avoir un nom plus technique mais c'est le poisson qui rentre dans ton urètre et qui en ressort que sous opération médicale. Oui, rien qu'à y penser t'as déjà mal, non faut même pas y penser. Non, c'est que dans les points d'eau fermés, statiques. Les sushis en sursis tournaient à 30m de nous mais chaque fois que tu t'approchais, ils se barraient. L'eau est marron, même avec un masque tu verrais pas à 50cm. Le 'Mickael' a hésité à descendre dans l'eau mais il voulait pouvoir dire à sa mère qu'il s'est baigné dans l'Amazonie avec des dauphins roses. On a du d'abord y aller avant qu'il y mette un pied. Mais auparavant il a demandé s'il y avait des paires de pompes grande taille dans le coin. On revient de la balade, on va vers les salles de bain, t'as une chauve souris qui trouve pas la sortie et qui tourne au plafond. Oula, Mickael part en courant. Il a rien à craindre, pourtant, il a pas de cheveux...

Le lendemain était prévu un long trajet en bateau de 3h puis 2h de balade dans la jungle où tu fais un feu, et patati et patata et 3h de bateau retour. L'autre activité est une matinée de pêche aux piranhas (oui Gabriel, cette fois on est sur un fleuve où il y a des poissons.) .Il pleut sans arrêt depuis 5h du matin. Le bateau qui doit faire la longue activité à la journée n'a pas de toit alors que celui pour la pêche où on fait 5 minutes de bateau en a un. Bizarre ce choix de bateaux, les guides se sont peut-être dit que si on nous propose la journée avec le bateau sans toit, aucun voudra y aller vu le temps pourri. Qu'est ce que tu vas aller t'enmerder assis 6h sous la pluie, marcher 2-3h dans la gadoue, puis essayer d'allumer un feu. Vu ce qu'il tombe, il va faire gris, peu de chance de voir des bestioles, tes fringues sécheront jamais, joker.

Le Mickael et une allemande y vont. Toi avec l'autre français, t'as pris l'option pêche. Même avec un toit, on est humide. Le bateau s'enfonce dans jungle. Côté matos de pêche, l'investissement est minime, une branche, un bout de fil de pêche et un hameçon. C'est pas comme un certain charlot du KB qui achète des canes japonaises de compétition pour attraper des échantillons de poisson. Comme appât, de la peau de poulet. Pour appâter le poiscaille, tu secoues très fort le bout de ta cane dans l'eau pour faire des remous. Ouais, technique locale pour les prévenir qu'il y a des touristes. Chap, essaye, peut être que tu choperas un poisson.

L'autre français a juste le temps de mettre son hameçon dans l'eau qu'il a une touche et qu'il sort un piranha rouge. La vache, elles ont faim les bestioles ou il est doué. Le poisson est trop petit, il repart à la flotte. C'est le seul qu'il attrapera de la matinée. Toi, ça mordille rapidement mais impossible d'en accrocher un. T'as la pression, t'es potes avec le plus grand pêcheur (1.90m) du Kremlin-Bicetre. Tu peux pas lui faire honte. Finalement, vu la pression sur tes épaules, t'en chopes un blanc mais aussi trop petit. Et puis va comprendre, ensuite t'en sors un toutes les dix minutes mais à chaque fois trop petit. Résultat t'en as choppé qu'un seul qui puisse être bouffé. Le guide en a chopé un aussi qui a le droit d'être boulotté. On est eco-piranha friendly ici. T'as une chaîne alimentaire particulière. Le poulet se fait manger par le piranha qui lui se fait manger par le touriste qui lui se fait dévorer par les moustiques. L'autre français s'était parfumé en citronnelle, il a pas été déçu. Toi malgré ton fameux DEET, t'as bien une trentaine de piqûres. Ils en viennent même à te piquer les oreilles. Gabriel, Kinnary, plutôt que Cuba, venez à Zacambu, rien que le nom est déjà plus rigolo.

Fin d'après midi, le Mickael est revenu de sa journée 'rainman' légèrement humide. Il comprend pas que sa doudoune ne soit pas imperméable. Je sais pas, appelle ta mère pour lui demander...

On est retourné le lendemain à la pêche aux piranhas avec le Mickael et 3 allemands. Alors là, grand respect, voir très grand respect. Un des allemands est arrivé à choper une bestiole de 70 kg avec juste un bout de bois, un fil et un hameçon. 70 kg facile. Alors Chap, un commentaire ? Au moment le bateau se déplaçait le gars est arrivé à ce que son fil s'accroche dans une branche et l'hameçon se plante dans la main. Forcément avec le bateau qui se déplace, et la branche qui bouge, le hameçon s'est planté profondément dans sa main. 70 kg de barbaque allemande. Impossible d'enlever l'hameçon. Donc retour au lodge mais pas mieux. Seule solution l'hôpital. Ils ont le choix entre l'hôpital de la ville de Leticia ou celui d'un petit village. Bizarrement, ils ont préféré aller à celui de la 'grande' ville. Mickael, lui, aurait demandé un rapatriement sur Bogota voir Paris. Véridique, comme des poissons avaient déjà mordu l'hameçon, il pensait que si les poissons avaient la rage, ils risquaient de le transmettre via l'hameçon. Et ouais, on est sur du lourd ! En tout cas il a attrapé son piranha et a demandé au guide de lui récupérer la mâchoire avec toutes les dents. (ouais c'est un warrior). En parlant de dents, le gars tenait un piranha dans la main et lui mettait une petite branche dans la gueule; un coup de mâchoire et c'était coupé.

Petite devinette : Sachant que t'es en plein Amazonie, qu'elle est la marque de bière vendue au lodge ? Amazonia, Jaguar, Ah que calor, Tarentula... Perdu, c'est de l'Antarctica. Ouais en plein Amazonie.

Paresseux vu de dos et de loin... 

Les rares dizaines de minutes où t'as eu du soleil transforment complètement la jungle. Le vert s'anime, même le fleuve passe du gris au marron (oui, oui, le marron est plus joli que le gris). Pour ceux qui se forcent à lire ce blog et qui aimeraient une petite expérience sans risque dans la jungle, c'est certainement une bonne idée de venir ici. Non, non toujours pas pour toi Jean-Philippe. Faut y aller par étapes progressives. Essaye d'abord un pique nique dans la forêt de Fontainebleau.

Maintenant 12h de bateau pour rejoindre la ville d'Iquitos au Pérou. C'est ensuite que les vraies galères vont commencer pour trouver des transports. T'en as pas encore croiser qqun qui est venu par où tu veux aller. Ça promet. Euh quand tu dis maintenant, t'es optimiste. L'agence t'as pris un billet pour un départ à 5h du matin alors que tu reviens de la jungle avec eux à 16h. Forcément le bateau, il est plus trop là. Ça discute, c'est pas leur faute alors que tu leurs avais qu'il y avait un problème. Blablabla, finalement t'as un bateau qui part à 23h, celui que tu leur avais demandé de réserver alors qu'ils disaient qu'il y en avait pas. Tu vas te reconvertir en dénicheur de boulets.

Caïman Ricardo

6

Yo,

T'y croyais moyen vu l'équipe de branquignoles de l'agence et même si ton billet était raturé de partout, t'as pu prendre le bateau pour Iquitos. T'as 2 façons de décrire cette partie du voyage :

Version 1 : Gooood morning amazoniaaaa. Un petit point après ces 9h de navigation. Nous commençons par le fameux point météo, heureux voyageur, votre chance continue avec cette amélioration du temps : de la brume et de la brume, ne vous inquiétez pas si vous ne voyez même plus les rives du fleuve, elles ne sont pas différentes de celles vues lors des 36 précédentes heures de bateau. Cette drôle de chose qui semble briller dans la brume s'appelle le soleil... Vous inquiétez pas, une fois la brume levée, elle sera remplacée par des nuages. A ce propos, nous vous conseillons d'acheter le prochain National Geographic dédié aux nuages en Amazonie. La circulation est toujours aussi fluide sur le Rio Solimoes, oui, vous n'êtes plus sur le fleuve Amazone. Néanmoins faites attention car d'autres utilisateurs de WazeRio nous indique des troncs d'arbre flottants au milieu de la chaussée en direction de l'ouest. Votre bateau, qui est énorme, est piloté par un suisse, ancien barreur de pirogue (voir post précédent) il est donc normal que le bateau, pourtant équipé de radars et zonars dans tous les sens, fasse marche arrière, suite à une légère erreur de trajet. Bonne et longue navigation à tous, il vous reste plus que 6h de navigation. C'était radio Amazonian-Ricardo

Version 2 : Après une agréable navigation nocturne, la brume se lève lentement, laissant découvrir son trésor, une magnifique jungle d'où d'immenses arbres s'élèvent au dessus de la canopée. Les nuages jouent avec le soleil offrant ainsi au ciel un patchwork de couleur. Le fleuve Solimoes s'étire lentement et nous fait profiter de sa jolie couleur brune. Parfois, le capitaine, arrête son fier navire et fait marche arrière pour nous faire profiter encore plus longuement de ce fabuleux paysage. Ces 12h de bateau sont malheureusement trop courtes pour profiter pleinement de ce paysage unique.

La vache, t'as eu du mal à écrire la Version 2.

Autant Colombie et au Brésil, vu la mixité, tu pouvais arriver à passer pour un local, autant au Pérou c'est plus compliqué, ils ont tous perdu 20cm, te voilà à nouveau Gulliver. Et puis ils ont une peau beaucoup plus mate.

Iquitos, t'auras pas le temps d'y rester trop longtemps car ton bateau est dans deux jours pour la frontière équatorienne. Après, rester plus longtemps , à moins de répondre favorablement à tous les mecs qui te proposent de la drogue dans la rue, bof;

En tout cas, t'es content, tu viens enfin de voir ton premier magasin chinois depuis 2 semaines.

Côté météo, c'est vrai que tu boucles sur ce sujet mais ça fera bientôt un mois que t'as pas une journée entière de soleil, ici c'est particulier il pleut avec du ciel bleu. Une forme d'amélioration. La photo de l'église avec un grand ciel bleu, c'est juste une question d'angle. Tout autour c'est nuageux.

Iquitos. Plus grande ville d'Amazonie péruvienne, y a pas de routes pour y aller. Iquitos, c'est une ville avec des routes en damier, beaucoup de circulation avec énormément de tricycles, quelques bâtiments de l'époque coloniale. L'endroit sympa, le bord de fleuve où il n'y a pas de circulations avec des bars, des restos des dizaines de boutique d'artisanat (véro, j'ai encore acheté des bracelets). Adnana, il y a des supers tissus traditionnels... Le soir, les gens déambulent tranquillement. C'est le coin le plus sympa. T'as une maison en fer conçue et transportée en 1889 jusqu'ici pas le plus grand ferrailleur français, un certain Gustave E.... C'est devenue une pharmacie.

Puis t'as le coin beaucoup plus pauvre avec des maisons sur pilotis. T'as commencé à t'embarquer dans ce quartier mais y a un truc qui t'as fait un poil réfléchir. T'as un flic au seul point d'entrée de ce quartier. Euh, ça veut peut être dire quelque chose. Ouais, donc t'es aller jeter un coup d'œil, genre tu cherches un pote qui traîne dans le coin et t'es reparti tranquillement sans avoir sorti ton appareil photo.

Pour toi, Iquitos est juste un stop pour aller en direction de l'Équateur. En théorie, ça va être la partie galère. Tu passes à l'office du tourisme, oui, oui y en a un et même climatisé. La vache, le mec a un papier qui t'explique tout. Le bateau part après demain donc demain tu prends un bateau pour aller dans un bled puis une moto taxi pour rejoindre un autre bled, Mazan, où il y a une sorte de guesthouse pour la nuit et le lendemain t'es sur le bateau, trop facile. T'as même les infos pour la suite du voyage. Le mec te dit de repasser le le demain et il appellera (ouais y a même les numéros de tel) pour confirmer s'il y a bien un bateau ce vendredi. Demain, bien sûr... T'es pas un perdreau de l'année donc de retour à ta guesthouse tu demandes au mec de l'accueil d'appeler. Leur bureau est ouvert, tu peux aller acheter maintenant ton billet. Tu sautes sur un tricycle qui t'enmene dans la direction opposée que t'as indiquée la guesthouse, aïe. La route devient un piste en terre, tu te dis que tu vas te faire dépouiller au milieu de nulle part. Mais non, y a bien une maison avec un bureau qui vend les billets. Et le pire, c'est que t'as même pas à gérer tout les changements. Tu pars d'Iquitos et ils te gèrent tous les transferts jusqu'à ce que tu arrives à Pantoja avant la frontière. Ça prend quand même 2 jours avec une nuit dans un village de Santa Clotilde mais ça t'as pas tout compris. Sans déconner, c'est trop simple. T'as choisi ce parcours pour traverser le bassin amazonien, car c'était en théorie le plus galère et tout est super simple, voir trop facile (euh, Jean-Philippe, quand je dis simple, c'est légèrement un poil plus compliqué que de partir avec FRAM). Ouais, alors vous pouvez dire 'hé couillon, t'as qu'à acheter une pirogue et y aller à la rame, on verra si c'est simple'. Euh, pourrait y avoir un juste milieu.

Si tu viens Iquitos, c'est pour aller plusieurs jours dans la jungle. T'as plein de 'touts' qui t'alpaguent dans la rue pour te vendre des packages et te rabattent vers des agences. T'as un peu de temps, t'es allé en voir 2. Les mecs commencent à te vendre leur package, veulent te montrer une vidéo. Tu leurs dit que tu viens de faire la même chose à Leticia, toi ce que tu veux c'est 8 jours de vrai jungle pour aller chatouiller les moustaches d'un jaguar (c'est une image). Étonnement, ils ont rien à proposer.

Un des trucs incontournables à voir est le marché de Belen, un des quartiers d'Iquitos. Il est immense et tu trouves de tout : plein de sortes de poisson, de la tortue, du caïman, et quand tu vois la queue tu te dis que la bestiole faisait pas 1m comme en Colombie. Tu trouves aussi de la viande d'agouti, du singe et d'autres animaux de la jungle, du yuka, des épis de maïs noirs... T'as la ruelle des médecines naturelles où t'as pas la moindre idée des poudres de perlimpinpin.

Sur le marché tout coûte rien. Un gros avocat pour 80c, un jus de fruit pour 20c, le poisson est à moins de 2 euros le kilo. Tiens il pleut, ça faisait longtemps... Vu qu'il y a plein de sortes de bouffe, t'as demandé si on mangeait ici le dauphin. Non et pas pour des raisons de protection. Il y a tellement de poissons ici qu'ils ont aucune raison de tuer des dauphins. C'est une blague pour le sushi de dauphin.

Côté bouffe, pour l'instant t'as quasiment tout le temps mangé du ceviche. Ça te rappelle le conseil du médecin spécialiste en maladie tropicale : 'surtout ne mangez rien de cru'. Bingo

Le marché est collé au fleuve près des maisons sur pilotis. T'as décidé d'y aller jeter un œil, inchallah... T'arrives au bord du fleuve, l'eau est recouverte de déchets. Tu t'embarques sur une passerelle en bois quand tu remarques qu'un mec te jette un coup d'œil puis marche lentement et te laisse le dépasser. Bizarre. Tu t'arrêtes pour à nouveau le laisser passer. Vaut mieux voir un mec arrivé sur toi que dans le dos. Tu vois que le mec hésite. Bon, il a pas l'air non plus dangereux mais même passe-partout s'il sort un flingue, tu le prends au sérieux. Finalement le gars s'approche de toi et te dis qu'il a une barque juste à côté et demande si tu veux faire un tour dans la cité lacustre. Tu vois sa barque à 10m, il y a d'autres personnes qui passent sur la passerelle tranquillement, ça n'a pas l'air d'un traquenard. Pour 4 euros tu pars 45 minutes sur sa barque faire le tour des différents quartiers. En fait, tout l'eau que vous voyez sur les photos aura disparu dans 3 mois et sera remplacée par une piste. En attendant la décrue les gens vivent dans des maisons sur pilotis, et les maisons les plus pauvres flottent simplement. Tu peux voir devant certaines maisons un tricycle qui attend la décrue. C'est vraiment très pauvre. Vu la chaleur et l'humidité, les maisons sont ouvertes et tu peux voir qu' il y a vraiment pas grand chose à l'intérieur. Le gars est très sympa et essaye de t'expliquer plein de trucs. Du coup, tu l'as engagé une demi heure pour t'accompagner sur le marché et te montrer différents produits. Avec lui t'as goûté à des jus de fruit en espérant que l'eau est traitée sinon on pourra te suivre à la trace.


Ps : Tu viens de sortir des zones orange et rouge selon le site Web du MinAff. Elles sont en orange et rouge parce que ce sont des zones de narco trafic. Mais qu'est-ce que des trafiquants de coke iraient enmerder un charlot qui slalome entre les gouttes de pluie. Pour la même raison, ils ont qu'à mettre aussi Marseille en orange. Et t'as peu de 'chance' de tomber sur des barbus enturbannés, y a même pas un pauvre vendeur de chèche ou de kebab... Par contre tu connais un charlot qui dans quelques mois part au Pakistan en pleine zone orange/rouge, et là c'est pas une zone en carton. T'as hésité à balancer son nom au MinAff... Ca commence par Bru et ça fini par le contraire de yes (y a que le conducteur de camion de Bernay qui trouvera pas)

Ricardo #balanceTaZoneRouge

7

Yo,

Goooood morning Amazoniaaaaa. Vous voilà de retour sur votre radio préférée. Comme d'habitude un petit point circulation : si lors de vos précédents voyages fluviaux vous aviez l'impression d'un fort trafic, rassurez vous, vous ne serez pas ennuyé par la vue d'un bateau ni même d'une pirogue.

Que le français moyen qui geint à chaque fois sur la météo soit content, il aura enfin du soleil mais bien sûr avec des nuages et quelques gouttes de pluie.

Ne vous inquiétez pas (trop) si votre bateau passe par dessus des troncs d'arbre, vous êtes dans un modèle 4x4.

Côté décoration florale, vous retrouvez de la jungle sur chaque rive avec parfois quelques minuscules villages. On ne change pas un paysage qui pique les yeux.

Ah nous avons un auditeur qui a une question : ''Euh, ouais, je m'appelle Ricardo, français et fier de l'être et je comprends pas un truc. Sans déconner, c'est partout pareil ici, que du vert, de la jungle ça fait des journées entières qu'on voit que ça. Les mecs sont pas orientés business ici. C'est quand même pas compliqué. Les americanos doivent bien avoir un fond de napalm qui traîne quelque part, t'en balances 2-3 bidons histoire de nettoyer le terrain. En plus avec un peu de chance t'auras du singe grillé au dîner. Ensuite, c'est super simple. Tu coules une immense dalle de béton, tu fais des belles places de parking et puis tu importes la grande gastronomie française avec un Campanile, un Hypopothamus voir même un Flunch pour les plus aventuriers. Si tu veux faire un peu plus exotique, t'ouvres une pizzeria Pino et un MacDo pour les amerloques. C'est ça que veulent les gens, du béton, de la grande bouffe, des choses connues, quoi. Pas 3-4 cons de singes qui font des cabrioles dans un arbre, y en a plein le zoo de Vincennes. Et là tu vas faire du touriste de masse, du vrai, celui qui porte un bob et qui suit en groupe un autre gars qui tient une pancarte. Hein c'est pas une bonne idée, ça ? Et puis tous nos produits toxiques qu'on arrive plus à refourguer aux pays pauvres, pourquoi on vient pas les balancer ici dans le fleuve, on le fait bien dans la Seine? C'est pas 10 dauphins roses qui vont nous enmerder. En plus rose... Quand on a une couleur pareille, on la ramène pas''

Ah nous avons un 2eme auditeur en ligne : ''Ouais, c'est Brice de Bernay. C'est quoi cette histoire de vouloir copier exactement ma ville. Le parking, le Flunch, le Campanile, on les a à Bernay et ça doit rester à Bernay.!! On veut pas perdre nos 10 touristes annuels. Au fait qui peut me dire le contraire de yes en anglais?''

Voilà, c'était la radio Amazonian-Ricardo qui remercie ses auditeurs pour leurs commentaires inutiles. Profitez de ces 2 derniers jours de bateau au Pérou sur le Rio Napo.

Dans la bible Lonely Planet est écrit que ce trajet pour passer du Pérou en Equateur est celui le plus reculé, difficile, vraiment pour les aventuriers, genre la dernière frontière avant l'inconnu. Waouh, ça met la barre haute. T'es super motivé, enfin tu vas rentrer dans le dur. Mouais, le charlot qui a écrit ça à du venir ici il y a 30 ans où il est jamais passé à l'office du tourisme d'Iquitos. Déjà tu pensais que tu serais le seul clampin sur le bateau hors les locaux. Et non, il y a 2 espagnoles et la sœur hollandaise de Bugs Bunny, ouais, elle voyage avec son kilo de carottes qu'elle passe son temps à grignoter. Si même une lapine passe par ici....le côté survivor.. Et ensuite tout est organisé. Le seul hic, t'as 2 bateaux par semaine donc faut pas se rater côté créneau horaire.


Dans la bible Lonely Planet est écrit que ce trajet pour passer du Pérou en Equateur est celui le plus reculé, difficile, vraiment pour les aventuriers, genre la dernière frontière avant l'inconnu. Waouh, ça met la barre haute. T'es super motivé, enfin tu vas rentrer dans le dur. Mouais, le charlot qui a écrit ça à du venir ici il y a 30 ans où il est jamais passé à l'office du tourisme d'Iquitos. Déjà tu pensais que tu serais le seul clampin sur le bateau hors les locaux. Et non, il y a 2 espagnoles et la sœur hollandaise de Bugs Bunny, ouais, elle voyage avec son kilo de carottes qu'elle passe son temps à grignoter. Si même une lapine passe par ici....le côté survivor.. Et ensuite tout est organisé. Le seul hic, t'as 2 bateaux par semaine donc faut pas se rater côté créneau horaire.

Stop à un petit bled, Santa Clotilde, pour passer la nuit. Ouais ce bateau ne navigue pas de nuit, déjà que de jour il tape les troncs d'arbres. Tu t'attendais à un trou mais non, une vrai route qui va tu ne sais où, plein de tricycles, de motos. Sans déconner, on est dans la jungle à plus de 7h de bateau express de la grande ville et t'as autant de circulation qu'à Bernay un mardi matin. Manque plus qu'un Flunch et on est bon. Comme partout à cette époque, les mecs qui ont leur baraque en bord de fleuve ont dû installer des pontons temporaires pour passer de maisons en maisons. Tous les gens te disent bonjour dans la rue. Les maisons sont très simples et comme partout, le plus beau bâtiment est l'église. T'as un vrai terrain de foot avec des gradins (oui Linda et Bruno, un vrai terrain de la taille d'un terrain de foot. Pas comme votre arnaque à Isla del sol....) et vu la taille des gradins, ils doivent au moins jouer en Nationale.

Le prix du billet de bateau comprend l'hébergement dans une hospedaje (guesthouse), t'as donc même pas à chercher où dormir, all inclusive. Sur la photo, c'est vrai que ça donne pas trop envie de traîner dans la chambre. En vrai, c'est plus, comment dire... chaleureux... faut rajouter les moustiques et une chaleur pas possible. Et encore, t'as pleuré pour changer de chambre et en avoir une avec fenêtre.

Comme il y a l'électricité de 18 à 23h, le bar/boîte de nuit qui est à 30m de ta fenêtre a un créneau horaire limité pour attirer le chaland et met la musique à fond. Le fils du patron de la guesthouse veut certainement lui faire concurrence en mettant de la musique encore plus fort dans sa chambre qui est à 5m de la tienne. Double vitrage ?? Ahaha. Quitte à pas dormir, t'es allé jeter un œil au bar. Des spots bleus et rouges dans tous les sens, une musique forte à t'arracher les poils du nez mais pas un pekin à l'intérieur.

Côté photos du bled, non tu t'es pas trompé, c'est bien ces photos que tu voulais afficher. Y a un côté...artistique (en particulier celle avec le tabouret rouge) que tout le monde ne peut pas appréhender. Encore merci Gabriel pour ces précieux conseils. National Geographic les juge trop avant gardiste pour eux. (Kinnary, c'est une blague).

A 7h on t'apporte le petit déjeuner. Alors ça y est, vous vous dites, le bougre il fait une grasse mat, on lui apporte son petit dej dans sa chambre, avec un croissant, un jus de fruit... Et après il se plaint que c'est trop plan plan. Presque! A quelques détails près... Déjà, tu t'es levé à 3h du matin pour embarquer à 3h30 pour les dernières 12h de bateau. Ton petit dej, c'est une feuille de bananier qui contient une boule de riz bien grasse, un échantillon de poulet et un ersatz d'œuf dur. Ils ont remplacé le cappuccino par un verre de coca. Mais par contre, c'est vrai, on te l'a apporté à ton siège. Que les médisants en particulier une qui commence par un K, se taisent. Et contrairement à ce que tu pensais, on est effectivement parti de nuit sans lampe juste avec la lumière du clair de lune. Pas sûr qu'on passe un permis bateau ici.

Merde, tu viens de rater l'émission radio d'Amazonian-Ricardo mais c'est toujours la même chose qui est radotée.

Sur cette dernière parti du trajet, le bateau est devenu facteur, livreur Amazon premium. On livre du pain ou de la bière, tout dépend des besoins vitaux de chaque communauté. Là, plus de routes, plus de motos, juste quelques maisons sur pilotis mais étonnement souvent des pylônes électriques. Les gens secouent leurs vêtements en bord de fleuve pour attirer l'attention du pilote et embarquer sur le bateau, ouais faut pas le rater.

Pause repas à un Canpanille local, le seul restofleuve que t'auras vu. Le seul plat du jour de la tortue avec du riz et haricots. T'as toujours pas compris ce qu'il y avait à manger dans la tortue. Au moment où le bateau s'écarte, un excès de gentillesse de ta part, tu dis qu'il manque les 2 espagnols. Ils ont une sacré dette car sans toi, ils étaient bons pour attendre 5 jours le prochain. Au moins ils auraient été nourris.

T'es enfin arrivé à Pantoja, le dernier bled côté péruvien, la frontière de l'ultime, où même Indiana Jones n'a jamais eu le courage de venir. Mike Horn t'a même demandé de faire du repérage pour lui (Kinnary, c'est une blague).

On peut passer la frontière que par bateau et pour plus de fun, ils ont installé le bureau de l'immigration en haut d'une colline... On est obligé de passer la nuit ici car trop tard pour passer la frontière et surtout, le bureau de l'immigration côté équatorien sera fermé. Là, y a vraiment pas grand-chose, on a même eu du mal à trouver un endroit pour dîner. Les autres ne veulent pas mettre 4$ pour une chambre et sont partis planter leurs tentes dans un champ.

Que 2h de pirogue pour rejoindre Nuevo Rocafuerte en Equateur. Le mec nous a dit qu'on allait voir en chemin des singes, des dauphins roses, des anacondas, des perroquets, waouh. Sauf qu'on est dimanche et qu'ils sont tous à la messe à part une bande de singes qui étaient en retard... Des anacondas. Pff

Nuevo Rocafuerte est en construction, il bétonne le bord de fleuve. Eux au moins ils ont compris, dans 3 mois t'as enfin un flunch ici.

Ricardo easy Survivor

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Yo,

Alors un coup de pot incroyable. T'es au trou qui s'appelle Nuevo Rocafuerte. Beaucoup d'agences qui sont à Coca, à 10h de bateau d'ici enmement leurs touristes dans cette région. Et t'es tombé sur un de leur guide qui baragouinait l'anglais. Tu lui as dit que le dauphin à part en sushi, bof, toi tu veux un opération selfi avec un jaguar. C'est là où la chance intervient. Le gars vient d'une communauté Piada-Piada (il doit y avoir que des bègues) à 2 jours de marche dans la jungle mais il y enmene pas les touristes des lodges car c'est déjà difficile d'accès pour les charlots qui veulent faire que du bateau et aussi car c'est dangereux à cause de plusieurs jaguars qui traînent dans le coin. Et le top, le mec doit retourner dans sa communauté demain.

Ça y est, c'est enfin le retour de Ricardo Jones. Deux jours à galérer dans la jungle, t'es parti avec le minimum. Le gars t'a dit d'amener de l'eau, pour la bouffe on s'arrangera avec ce qu'on trouvera dans la jungle ou la rivière. Le gars est parti avec une machette, ça c'est le minimum vitale, une lance, ça c'est pour la bouffe et un petit sac.

Je vous passe les 2 jours de marche mais pour faire simple. Lui a dans son sac une moustiquaire, pas toi, un hamac, pas toi. Ça vous donne une idée de la nuit... Et vas essayer de faire un feu avec cette humidité. Côté bouffe, on a légèrement oublié une casserole, au pire on aurait pu faire cuire dans le feu mais vu que le feu.... Et le comble, la lance, elle a servi à quoi? A rien. Qui chasse encore à la lance ici. Va chopper un singe à 15m de haut avec une lance.

T'es finalement arrivé à Piada-Piada sur les genoux. Essayer de trouver sur Google map. Une dizaine de cahutes. Forcément les autochtones ne s'attendaient pas à voir un touriste débarquer donc ça un peu surpris. Étonnement que des femmes et des enfants. Les hommes sont partis à la chasse. Espérons qu'ils sont meilleurs que ton guide car côté bouffe faut attendre leur retour.

On te montre un endroit pour t'installer. Oui, au fait, pas de photo, t'as oublié ton appareil photo en 'ville' et ton téléphone a pas aimé l'expérience (vous lirez plus tard pourquoi).

Pas un vendeur de hamac à l'horizon par contre plein de collier de grandes griffes suspendus à l'entrée des maisons. C'est pas de la griffe de caniche, certaines font plus de 10 cm. Tu rentres dans la cahute, 2 peaux de jaguars accrochées au mur. Ah ouais quand même.

Y a plus qu'à attendre le retour des gus sous le regard des enfants. Aucune femme ne te regarde, ouais tu dois les impressionner...

L'équipe de chasseurs n'est revenu que le lendemain matin. 2 jours que t'as pas bouffé. Ils ont ramené 3 singes, c'est la fête. Le 'guide' te présente au chef du village qui s'appelle 'Abdel'. T'as fait répéter deux fois car tu pensais avoir mal compris. Adnana, t'es collègues ont cherché à recruter jusqu'ici ?

Les singes passent à la broche et t'as le droit à... une main. Ouais, t'as une main de singe sur une feuille de bananier devant toi. C'est con pour les photos. 2 jours que t'as pas mangé. Y a pas grand chose à manger sur une main et ronger les doigts ça fait bizarre.

Ton guide et le chef discutent entre eux. Ça palabre, ça palabre, ça jette des regards vers toi. Mouais. Aucune idée de ce qui se dit, en plus entre eux ils parlent leur jargon. Le guide revient. Il te dit que le chef est d'accord pour aller chasser le jaguar avec toi mais t'auras pas le droit de ramener la peau, juste quelques griffes. Euh, toi tu voulais juste en voir un qui soit pas enfermé dans une cage, c'est tout. T'as pas prévu de te faire une toque en peau de jaguar, bien qu'après réflexion...

Reblabla. Il t'explique que le jaguar ici c'est un concurrent pour la bouffe donc quand ils en voient un, ils lui font la peau. Ah dans ce cas c'est différent, si c'est juste une question d'éliminer la concurrence sur un marché porteur, ça tu comprends. Trump fait pareil avec Huawei. Le départ est prévu demain. Tu demandes quand est-ce qu'on reviendra de l'expédition. Bon, apparemment c'était une question con.

Depuis que t'as parlé avec le chef, les femmes te regardent maintenant, ouais, t'as ton passeport validé. Une journée à buller, le guide a disparu. Le soir vient et le guide réapparaît. Il vient te chercher pour la cérémonie. Hein ? Quelle cérémonie ? Comme c'est très dangereux, ils font une cérémonie à chaque fois qu'ils vont chasser le jaguar, en cas où un gars reviendrait pas entier. Comme futur membre, tu dois y participer et tu retrouves à moitié nu à danser (c'est là où t'es content de plus avoir d'appareil photo) autour d'un feu au son des percussions sur un tronc d'arbre. Si t'es un jaguar pas trop con et à l'oreille fine, tu te dis que c'est l'ouverture de la chasse et qu'il serait peut-être pas idiot d'aller faire un tour plus loin. Ensuite on te fait picoler un alcool local. C'est vrai que c'est pas con de partir chasser avec une gueule de bois. Ce qui se passe ensuite à Piada-piada reste à piada-Piada.

Lendemain matin on est 6 dont le boss et le guide. Il a toujours sa lance. En fait ils ont tous une lance et y en a même une pour toi. Mais pas de machette pour toi, trop dangereux tu pourrais te couper...le délire. Et un fusil, ça serait pas une bonne idée les gars? Les mecs tuent les jaguars à la lance ici. Non, pire que ça. Le guide t'explique, en tout cas c'est ce que tu comprends, que le but est de coincer le jaguar avec les lances pour le forcer à aller dans le fleuve où il a pas pied et les mecs se jettent sur lui pour le noyer. T'as fait répéter 2 fois car tu t'es demandé s'il se foutait pas de ta gueule. Non, dans l'eau le bestiau peut difficilement se défendre avec ses pattes. Les mecs veulent pas abîmer la peau avec leurs lances. Et les gars, une idée toute bête : une aiguille et un peu de fil et c'est recousu.

Nous voilà parti dans la jungle direction une portion du fleuve. Sympa, ils t'ont filé un bout de singe (pas une main) et du yuka. Bah, en bord de fleuve on pourra pêcher. L'idée est d'attendre pas trop près du fleuve pour pas qu'il nous renifle. Et tôt le matin quand il vient s'abreuver, surprise ! Apparemment l'animal a ses habitudes. Quand il vient boire à un endroit il y retourne. Donc faut déjà trouver une trace en bordure de fleuve. Un des gars, Roméo (à se demander où ils ont tous sortis des prénoms pareil en pleine jungle, ils ont Netflix caché dans une hutte?), avait repéré des traces il y a quelques jours. Une journée et demi de marche. Et la nuit pas de feu, pour ne pas faire peur à la toque sur pattes. Bah, on y prend goût au singe... On arrive en fin d'après midi et effectivement il y a plusieurs traces de pattes. T'aurais été seul, jamais tu les aurais jamais remarquées et Delphine, je suis sûr que t'aurais marché dessus comme au parc Kruger...

Y a plus qu'à s'écarter assez loin en fonction du sens du vent et attendre. Immobile dans la jungle, le rêve, tous les insectes rappliquent sur toi. Tu sorts ton insecticide mais le guide t'arrête. L'odeur peut faire fuir le jaguar. Et les gars, tu voudrais bien revenir avec un peu de sang dans les veines. Y aurait pas le palu dans le coin ? Tu essayes d'écraser sans faire de bruit les moustiques qui ont trouvé le repas du siècle. La nuit est interminable, impossible de dormir. Les autres dorment pépère même si ça ne doit être que d'un œil. Tiens, il pleut, ça commence à faire beaucoup pour voir un gros chat.

L'aube se lève et les animaux commencent à s'agiter. Roméo part en éclaireur. Le mec fait pas un bruit quand il se déplace. 10 minutes plus tard les mecs se lèvent. L'oiseau qui vient de chanter et en fait un appel de Roméo. La vache, on se croirait dans un film. Les gars vont y aller et toi tu vas être 50m en arrière car tu fais trop de bruit quand tu marches dans la jungle. C'est pas faux. Mais, euh, si le jaguar se barre et vient dans ta direction, c'est du tête à tête. T'as pas laissé 50m, légèrement moins... Histoire d'essayer de pas faire de bruit, tu marches lentement tout en essayant de voir vers où vont les autres gars. Ça serait con de se paumer. La pression monte. T'entends un rugissement et tu vois le guide revenir vers toi et te faire signe de te dépêcher. Y a un jaguar au bords l'eau tous crocs dehors qu'a pas l'air content d'avoir été dérangé pendant sa pause café. Bon, il est pas non plus énorme, tu t'attendais à un machin plus imposant. Tu sens que t'es pas avec une équipe de baltringues, les mecs sont supers organisés. A coups de lance, ils arrivent à bloquer le jaguar au bord du fleuve. C'est là où tout se joue, soit le jaguar force le passage mais t'es là en couverture...soit il va dans l'eau.

Il met les pattes arrières, ça a l'air de plutôt bien se dérouler, même si un des gars a l'épaule en sang. Ça a du se passer avant que t'arrives. Finalement le jaguar fait demi tour et se jette à l'eau. Les mecs foncent et se jettent aussi à l'eau. 2 appuient sur sa tête et 3 sur ses épaules avant et un le tient par la queue pour essayer de l'empêcher de se retourner. Toi. T'es comme un con sur la rive du coup tu te jettes à l'eau en oubliant d'enlever le téléphone qui doit nager maintenant avec les dauphins (d'où pas de photos). Faut pas déconner non plus, tu prends l'option queue du jaguar. On va passer les détails mais la bestiole a bu la tasse. C'est un peu comme noyer un chaton mais en plus sportif. Oula, cette phrase va pas plaire à tout le monde.

Ici, ils perdent pas de temps. Un gars est retourné dans la jungle chercher des feuilles médicinales pour soigner le blessé qui pisse le sang pendant que les autres sont déjà en train de récupérer la peau. En tout cas, ils en reviennent pas que tu te sois aussi jeté à l'eau, euh toi non plus. Retour au village, tu vois que les hommes palabrent entre eux en te regardant. Le soir arrive, ils ont décidé de faire une fête pour le succès. Le chef te parle, le guide traduit. En gros, ils ont été impressionné même si au début ils t'avaient rangé dans la catégorie gros baltringue. C'est pas dit comme ça, mais c'est l'idée. C'est la première fois qu'un étranger se jette à l'eau du coup ils veulent que tu rejoignes la communauté et que tu te maries. Et si tu restes, la peau de jaguar sera pour toi. Ah ouais quand même. Toi t'étais venu juste pour un selfi avec un chat sauvage et tu te retrouves avec un mariage et potentiellement une accusation de noyade de gros chats avec Brigitte Bardot sur le dos. Euh....

Il comprend que ça peut être compliqué pour toi mais si tu refuses tu n'auras pas la peau du jaguar. Mais vu ton courage, une fois les griffes nettoyées, il te les enverra via UPS.

Et à ce moment, t'as un mec qui sort de nulle part avec un cameraman et qui crie ''Coupez, on refait la scène. Merde! les mecs respectaient le script, on a dit DHL pas UPS, on a des sponsors. Merde!!' ''

Allez jeter un œil sur Google traduction sur le nom de la communauté en portugais

Sérieux ? Abdel et Roméo au fond de l'Amazonie qui noient des jaguars à main nue.... Coco, Kinnary ? Vous avez plongé ? Qui d'autre?

Kinnary, les producteurs de GOT veulent refaire leur dernier épisode de m..., ils m'ont appelé pour récrire le scénario. Tu le crois?

Ricardo piada mais alors très grosse piada

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Ah lala, Piada-Piada....quel souvenir

Plus sérieusement, on a pas du en parler en France mais il y a eu un tremblement de terre au Pérou qui s'est ressenti jusqu'au bled où t'étais. Il y a eu aussi d'énormes pluie et le fleuve est recouvert sur certaines parties de troncs et de branches. Pas sûr que vous allez me croire si je vous raconte qu'on a coulé et nagé jusqu'à la berge et qu'on s'est fait attaquer par un anaconda de 6m de long qui s'appelle Robert...

Impossible de trouver un guide à Nuevo Rocafuerte, ils demandent des prix délirants et sont antipathiques au possible. Pas là que t'iras chatouiller les moustaches d'un jaguar. Vu le nombre de barges chargées de camion qui naviguent sur le fleuve, le pays semble vouloir développer cette région, il y aurait beaucoup de pétrole.

On passe sur les 8h de bateau, les dernières, pour arriver à Coca. En tout depuis Manaus, hors balade en bateau, juste pour la partie trajet, t'auras passé près de 90h sur un bateau. Du coup ça fait plaisir d'enchaîner sur 7h de bus pour rejoindre la capitale Quito. Et t'as de la chance, car suite au tremblement de terre, certaines routes ont été coupées. Mais là ça passe.

Tu viens de passer de 100m à quasiment 3000m d'altitude, et tu le sens à chaque pas.

2 autres grands changement : un truc que vous connaissez bien même si vous êtes en train d'en sortir, c'est le froid. Fini les shorts et tongs. Et l'autre qui est un vrai régal, c'est de sentir le savon. Avant, t''avais tellement de moustiques que juste après une douche, tu te couvrais d'anti-moustiques, avant de se coucher, idem, en te levant, idem, une vraie plaie.

Quito, t' as 2 grands coins pour les touristes, le centre historique et Mariscal le coin avec les bars et restos. Sur cette partie, pour ceux qui connaissent Paris avec la rue de la Roquette et Oberkampf, c'est rien en comparaison.

Premier objectif, trouver un moyen de faire toutes les ascensions prévues comme le Cotopaxi, Chimborazo et Cayembe. T'apprends que pour le Cayembe, c'est mal barré à cause des pluies. Ouais, un temps pourri vient d'arriver de l'Amazonie... Surprenant. Tu t'y attendais pas. Euh, non t'y es pour rien.

Pour les autres, t'es en avance sur la saison donc y a encore beaucoup de neige... Donc tout va bien. C'est la basse saison donc pas grand monde et donc t'as de grande chance d'avoir juste un guide pour toi. Ce qui est peut-être pas une mauvaise idée. Sur ce type d'ascension on est 2 gugus encordés pour un guide. Mais si tu tombes sur une fusée comme BruPasYes tu vas te brûler et si tu tombes sur un des charlots de Menton, tu vas mourir de froid pendant qu'il pleure pendant toute la montée. Alain, non, on peut pas y monter en voiture.

Va savoir si parce qu'ici la devise est le dollars mais tout est super cher en comparaison du Pérou. En tout cas tu viens de passer d'un repas à 3-4$ à 20$. Du coup, tu manges pleins trucs comme de la banane grillée avec du fromage, des petites galettes de Yuka..

T'as plein de fabricants artisanaux de chocolat, soit disant le meilleur du monde. T'es allé goûter, ça serait con de passer à côté et t'es reparti avec 2 tablettes de chocolat noir incrusté de fragments de cacao, un régal. Soit 10$ pour 2x60gr soit environ 80$ le kilo. Ok, c'est pas du Lindt mais t'as eu l'impression de te faire légèrement braquer. En parlant de braquage, Quito est connue pour ses pickpockets. Sur les coins touristiques, comme le marché artisanal qui vend plein de tissus indiens (d'Inde) et de babioles chinoises, t'as un flic au m2. C'est pas compliqué, nos pickpockets du métro parisien viennent ici en formation avant de passer faire un tour en Roumanie pour dire bonjour à leur famille puis de revenir sévir en France avant leur majorité.

Côté centre historique, il y a 2 gangs : le gang des papys qui squattent les bancs 3n tapant le carton sur la 'plaza grande' et le gang des mamies à casquettes et bobs qui picolent des sodas à l'entrée des églises.

Côté église, c'est pas compliqué, tu donnes un coup de pied dans une pierre, t'as une église qui apparaît. Si t'es pas branché église et tu veux en voir qu'une, c'est l'église des copains de Jesus. 160 balais pour la construire. Les autres églises que t'as vu, déjà ça piquait les yeux côté dorure mais alors celle là. Le décorateur en chef a du avoir un cahier des charges genre, ''pas plus de 10cm de murs sans dorure.'' Même Claude Dalle aurait pas osé aller jusque là pour décorer un palais d'un cheikh du Koweït. Interdiction de faire des photos dans l'église donc vla le lien

http://fundacioniglesiadelacompania.org.ec/portal/m/#./Inicio

Tu peux aussi monter tout en haut de la basilique del Voto national. Et t'as quoi dans une des tours de la basilique ? 2 magasins et un petit resto. C'est peut-être une bonne idée lors de la reconstruction de Notre Dame, un Flunch et un magasin Dior pour remercier Arnault.

T'as toute une partie piétonne où tu peux déambuler tranquillement et dès que tu t'écartes de rues autour de la plaza grande, t'as plein de petits vendeurs de tout et de rien. T'en as même un qui vend des tours Eiffel, va pas faire fortune. On reconnaît ceux venus des Andes avec leur chapeau traditionnel style borsalino (contrairement en Bolivie où les mamies ont un chapeau melon), leur peau très mate mais aussi leur taille, 1,20m même avec les talonnettes de Sarkozy.

Petit point côté fringue : quand t'es en Thaïlande, Cambodge, tu vois plein de gens qui portent des pantalons ou shorts avec des éléphants, genre on est en cool. Ils ont pas compris qu'il y a que les touristes pour se déguiser comme ça. Dans la cordillère des Andes, l'éléphant est moins en vogue mais t'as aussi des phénomènes vestimentaires.

Pour ceux qui ont un budget serré, ils peuvent à la fois voir Quito et la place St Marc de Venise, en tout cas pour la partie pigeons.

T'es parti pour rester un paquet de temps sur Quito. T'as besoin de faire des journées d'acclimatation progressive avant d'aller taper les gros. BruPasYes, ça te parle le Rucu Pinchicha, le Corazon et le Iliniza ? Tu passes par une agence locale pour la partie acclimatation et ensuite t'enquilles sur le Cotopaxi et si tu reviens entier et toujours aussi con, tu tenteras le Chimborazo mais ce coup juste avec un guide avec toi. Ouais vu ta condition physique à la ramasse, tu prends pas le risque de te retrouver avec une fusée.L'agence te demande pas comment est ta condition physique, si t'as déjà tapé de la montagne. Rien, aucune question. C'est rassurant. C'est vrai que monter à plus de 6000m, une pacotille quand t'es du coin.

Tiens, la terre vient encore de trembler pendant tu écris ce post. Ah ça recommence et plus fort.

Première journée d'acclimatation. T'as un téléphérique qui te monte au dessus de Quito. Toi t'as décidé de faire très tôt le chemin à pied plutôt que de prendre le téléphérique. T'as pas fait 10m que 2 papys arrivent en sens inverse et te dises que c'est interdit. T'essayes de comprendre pourquoi. Un simule des flingues avec ses mains, genre tu vas te faire braquer et l'autre te fait comprendre qu'il y a eu des morts. Ah ouais, ce sont quand même des bonnes raisons. Mais, bon tu comprends pas tout et finalement un des vieux te fait signe dans le dos de l'autre d'y aller quand même.

Y a bien un panneau mais un petit (donc ça compte pas) où tu penses avoir compris que tu peux faire le chemin en descente mais pas en montée. Va comprendre. En 2h tu passes de 3000 à 4000m. Tu t'es traîné. Comme le téléphérique n'ouvre qu'à 9h, t'es tout seul en haut. Si t'as la moindre merde, tu seras pas dérangé. Y a pas plus débile que de partir en montagne seul, sur un chemin inconnu sans que personne soit au courant avec un temps de merde. Tu pars en direction du sommet Rucu Pinchicha, encore 800m de dénivelé positive en plus. Autant les jambes suivent autant le souffle, le cœur et la tête ont plus de mal.

Côté paysage, les photos parlent d'elles même. T'as eu une éclaircie où tu pouvais voir Quito en contrebas. Impressionnant tellement c'est étendue, presque à perte de vue. Avec un grand ciel bleu tu aurais la vue sur la vallée des volcans, là, t'as la vue sur le panneau...

Autant sur la première partie, tu marchais volontairement tranquillement (façon, ton souffle et ton cœur te rappelait à l'ordre à la moindre accélération) autant sur cette deuxième partie tu t'es traîné comme jamais. Ouais, 6 mois à picoler des bières sur la plage sans quasiment aucun vrai trek, ça laisse des traces, des grosses. T'as juste 3kg de ventre à perdre... En plus le temps s'est dégradé, t'as commencé à te peler, tu voyais pas à 10m. T'as mis tes gants trop tard, du coup tu sentais plus les extrémités des doigts. T'es finalement arrivé à 100m du sommet après une grande montée bien directe histoire de te finir. Et bien, t'as fait demi tour. Le but c'est de faire de l'acclimatation et de toute manière tu vas le refaire demain. T'as à peine commencé à redescendre que tu vois arriver ceux qui ont pris le téléphérique sur la première partie. Ok, ils ont moins marché mais t'as l'impression de voir des fusées. C'est mal barré le Cotopaxi et le Chimborazo. T'es redescendu avec des percussionnistes dans ton crâne et ça passe pas. T'as investi dans une boîte d'aspirine, 10 euros. Le délire.

T'as renquillé le lendemain mais ce coup ci t'as pris le téléphérique pour la première partie et étonnement la 2eme partie a été beaucoup plus facile. Pour les photos, c'est pire que la veille sauf si vous voulez voir de la pluie et de la grêle. Arrivé au point où t'avais fait demi-tour la veille, ce coup-ci t'es pas à moitié mourant. Mais impossible de trouver le bon chemin dans la brume, y a des barres rocheuses où il vaut mieux pas s'aventurer. T'as commencé à faire des petits tas de cailloux pour marquer ton chemin retour (ouais, t'as tout piquer au petit Poucet), vu la brume, tu vois pas à 10m.

T'as 2 allemands qui sont aussi venus pour faire de l'acclimatation avant de taper du gros. Au moins t'es plus tout seul en cas de merde... Finalement l'un d'eux trouve le bon chemin et t'es enfin au sommet avec cette vue incroyable...

 Superbe vue !!!!!

Journée tranquille avant de commencer la vraie phase d'acclimatation. T'es allé en bus local à Mitad del Mundo. Déjà le bus, c'est un magasin ambulant. A chaque arrêt t'as qqun qui monte et qui vend des ciseaux, des tubes de colle, des feutres, tout et n'importe quoi et en plus ça marche. A Mitad del Mundo, t'as la fameuse ligne de l'Equateur où tu mets un pied côté hémisphère nord et l'autre au sud. Ouais, lui sur la photo, il a pas de pieds. T'as une sorte de tour où tu peux monter et chaque étage est un petit musée sur l'Equateur

Allez, demain tu pars pour taper le Corazon, un poil en dessous de 4800m.

Ricardo testeur pour Doliprane

Etude sur le maïs équatorien

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Yo,

C'est parti pour la phase d'acclimatation.

Premier volcan, le Corazon. Déjà faut sortir de Quito qui fait quasiment 50 km en longueur. T'es dans '' l'avenue des volcans.'' Quand il n'y a pas de nuages, t'as des volcans de chaque côté de la route. Vous emballez pas sur la photo, l’éclaircie à durée 10 minutes et c'est le volcan Iliniza Norte, celui que tu vas taper lundi.

Tu rejoints 4 autres personnes. On te l'aurait dit tu l'aurais pas cru : 2 missionnaires américains (assemblée de dieu) qui vivent en Équateur depuis 15 ans et qui sont un avec sa fille de 20 ans et l'autre avec son fils de 15 ans. My god, t'as du changer ton vocabulaire. Le pasteur et son fils vont aussi faire l'Iliniza et le Cotopaxi avec toi. Ils vivent dans un bled aux portes de la jungle près des communautés Shuars. Ça tombe bien, t'as prévu d'y aller.

On monte en bagnole jusqu'à 4000m. Alors vous vous dites, mais quelle bande de charlots, il vous reste plus que 800m de dénivelé. Et en plus vous savez pas tout, y a pas 4 km de distance pour rejoindre le sommet. https://images.app.goo.gl/L39BebU84mBn44h89 pour ceux qu'ils veulent voir à quoi il ressemble quand il y a un temps normal

Alors on est parti super lentement dans des collines herbeuses avec un peu de soleil.

Puis a commencé la vrai montée avec le temps pourri. C'est là que le pasteur qui va faire le Cotopaxi a pas du prier assez son dieu car il en a bavé grave. Les 2 gamins parlaient en marchant. Ça paraît rien mais à cette altitude, ça veut dire que tu te balades. T'aurais pas fait tes 2 entraînements il y a quelques jours, t'aurais pleuré comme l'autre gars.

Bien sûr, le temps se couvre. Le guide Freddy nous dit qu'il faut mettre maintenant nos harnais et nos casques. Ouais, il y a 2 parties techniques. Il sort une corde et il dit qu'il va encorder les 3 vieux, pas les gamins car ils font de l'escalade. Holà, il sait pas à qui il a à faire, Ricardo Jones, le neveu par alliance du fameux Indiana Jones. C'est presque une insulte. Tu l'as joué easy, en disant que t'en auras pas besoin. Freddy part devant attacher la corde à un rocher, elle est là au cas où. Quand t'as vu où il fallait passer et le vide qu'il y avait en dessous si tu te ratais, t'as regretté de l'avoir joué finger in the nose. Après le 2eme passage chaud , t'as dit à Freddy que pour la descente, tu prendrais l'option corde. Ouais, c'est uniquement par alliance que t'es de la famille d'Indiana...

On est finalement arrivé au sommet où il y a... une croix et un alien... À se demander si elle te suit pas, cette satanée bestiole. Pas mal le paysage en arrière plan sur la photo.

Tu t'attendais à une petite prière/bénédiction de la part de l'assemblée de dieu mais que dal. S'il nous arrive un problème dans la descente, on saura pourquoi.

Côté redescente, tout le monde a pris l'option corde sans la moindre hésitation.

On aura mis 6h pour faire environ 7 bornes.

Pour l'instant le pasteur a pas convaincu Freddy sur sa capacité à taper le Cotopaxi. T'as eu un coup de pot de tomber sur ce guide (patron de l'agence Sierra Nevada à Quito pour ceux qui veulent un guide très pro et sympa) car c'est un des meilleurs d'Equateur. Formé à Chamonix, il accompagne des clients partout dans le monde. Le seul truc inquiétant c'est que, pour lui, la montagne que veux taper si t'as la condition physique, le Chimborazo, est la plus dangereuse d'Equateur.

Journée de récupération. C'est le jour du marathon de Quito. T'as dit journée de récupération... Et puis va courir à 3000m d'altitude, au bout de 200m c'est direction l'hôpital.

Donc t'es parti à Mindo.

Au fait, vous connaissez pas Mindo ? C'est la Mecque des amateurs de piafs, y aurait plus de 400 sortes de bêtes à plumes qui squatteraient dans le coin. Sauf qu'en 2h de bus, t'as perdu 1700m d'altitude. Pas du tout prévu, et t'as eu peur pour ton processus d'acclimatation. Du coup, t'es même pas resté 3h sur place et t'es remonté dans les nuages. En plus c'est dimanche, les piafs sont certainement à la messe. T'es juste allé voir une serre de papillons. Voir prochain post dédié à ce sujet.

Lever à 4h15 pour cette dernière journée d'acclimatation, direction le volcan Iliniza Norte, 51é6m. L'Iliniza sud est 100m plus haut mais recouvert de neige. De retour avec le pasteur Joil et son fiston, ils ont du faire une petite prière car la vue est super dégagée sur l'Iliniza norte, le sud est sous les nuages.

Pareil pour que le Corazon, on monte en bagnole jusqu'à 4000m mais cette fois on passe de 800 à 1200m de dénivelé positive. Ouais, ça paraît rien quand tu pars du niveau de la mer mais à plus de 4000m c'est un poil différent.

Un petit coup d'œil à droite pour voir le sommet du Corazon qui dépasse des nuages et derrière toi, pour la première fois, tu vois enfin le Cotopaxi.

Ça y est c'est parti. Le pasteur se met dans la roue du guide suivi du fiston et tu fermes la marche. Ça monte tranquillement, la vue est superbe et t'es tellement optimiste que tu mets de la crème à bronzer. Ça fait 1 mois que t'as le tube, tu t'en es quasiment jamais servi. 10 minutes plus tard, un vent glacial se pointe en amenant avec lui ses copains nuages. Le pasteur a du mal et on se traîne dans le froid. La vue est légèrement différente...

T'as un chien planqué à l'abri d'un rocher qui décide de nous suivre. Rien d'autre à foutre de la journée, le cleps se dit qu'il pourra certainement nous gratter de la bouffe. Freddy nous annonce qu'on arrive bientôt au refuge et qu'on va pouvoir se faire un bon thé chaud. Le gardien est pas là et impossible de faire marcher la bonbonne de gaz. Bye-bye le thé chaud.

Le pasteur est sur les genoux (non pas pour prier, au figuré). Il aurait pas dormi de la nuit. On commence la vraie montée avec le chien qui nous lâche pas. Lui, c'est un habitué du coin car il court dans tous les sens sans être essoufflé. Mais comme il nous voit nous traîner, il se couche à l'abri du vent et nous rejoint ensuite. Passage un peu technique, le pasteur est encordé car il est épuisé. Le chien fait du stretching...

Toi, étonnement, avec ta condition physique à base de bière, t'as l'impression de survoler l'étape. A 150m du sommet, le pasteur jette l'éponge. Le chien s'assoit sur ses genoux pour le réconforter. Trop fort, le cleps, plutôt que de monter avec nous au sommet il la joue 'je reste pour réconforter le fatigué'. En tout cas, ça marche car on lui aura tous filé une partie de notre bouffe. Il reste 150m de montée en ligne droite dans les rochers pour arriver à un rocher avec une croix et un alien. Il est collant celui-là.

6h pour monter... Redescente par un autre chemin. Le con de chien va aboyer après une vache et son veau. En 30 secondes t'as une dizaine de taureaux qui rappliquent l'air pas content. Le chien a plié les gaules fissa sans la ramener. Freddy nous dit de ne pas faire de bruit et de la jouer profile bas le temps qu'on soit assez loin. Les taureaux nous ont fixé jusqu'à ce qu'on soit loin. Quand Freddy regardait pas, histoire de déconner, tu faisais des grands mouvements avec les bras en direction des taureaux. Le chien nous a suivi jusqu'à la bagnole histoire de nous taper nos restes de bouffe puis et remonter au refuge retrouver son maître qu'on avait croisé dans la descente. Grand respect pour le cleps

Ricardo, missionnaire de l’acclimatation

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!!!!!!!!!!!!!!!!! ATTENTION LEPIDOPHOBE S'ABSTENIR !!!!!!!!!!!!!!!!!

Yo,

Ce post dédié à la serre de papillon de Mindo.

Lépidophobie, c'est dingue qu'on est inventé un nom pour cette peur...

T'en avais jamais fait, pensant que t'allais voir 10 papillons qui se courraient après. Ouais, ça fait pas que voler et picoler le pollen des fleurs. Comme t'as pas le temps de courir la forêt pour jouer à cache cache avec les piafs, t'es donc allé voir cette serre. T'as une vingtaine de sortes de papillons et tu peux voir tous le processus même des photos de la phase de reproduction....

Quand c'est encore une sorte de cocon. Côté camouflages, ce sont des pointures, certains ressemblent à des gouttes d'eau, des feuilles séchées...

Et puis t'as la phase d'éclosion. Il faut environ une petite heure à la bestiole entre le moment où elle s'extirpe de son cocon et le moment où elle peut voler.

Ils ont poser des assiettes avec des fruits ou de l'eau sucrée pour qu'ils viennent se nourrir. En fait tu mets ton doigt devant un papillon et en avançant le doigt il s'accroche à toi. Parfois ils viennent se poser sur toi sans rien faire. T'as un gars, son job est de secouer de temps en temps les arbres histoire que ces gros flemmards volent autour des touristes. Sinon, ils passeraient leur temps à faire du gras accrochés à une branche. Les plus anciens ont compris que pour être tranquille fallait se poser tout en haut de la serre sinon t'es bon pour un selfi avec un couillon de touriste.


La penseuse de Mindo 

Si vous regardez les ailes des gros papillons, leurs extrémités font penser à des têtes de serpent et au centre un gros œil.

Celui là, tu l'avais vu dans la jungle au Vietnam, et pareil on dirait des serpents aux extrémités des ailes

T'as même un hôpital de brousse. Un bout de ruban adhésif sur une aile mais ça n'a pas l'air de fonctionner. Bruno, toi qui a une fiancée vétérinaire à Strasbourg, un conseil ? C'est vrai qu'à Strasbourg, t'as peu de chance de voir qqun se pointer avec un papillon chez un véto. Bruno, on fait des pulls pour papillon ?

Ricardo, I believe I can fly

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Yo,

Journée de repos avant l'ascension du Cotopaxi.

T'as décidé d'aller à Otavalo. En principe, il faut y aller le samedi, le jour du marché d'artisanat (et celui des pickpockets). Toujours aussi bon côté timing, t'y es en semaine. T'as quand même la place des ponchos (fallait l'inventer) qui est rempli de stands. Et il paraît que c'est rien en comparaison du samedi.

Tu t'écartes de quelques rues et t'as les grossistes avec leur grands sacs plastiques qui débordent de produits identiques made in ???. Il y a plein de mamies en tenue traditionnelle, un chemisier blanc brodé avec un poncho par dessus, un borsalino ou une pièce de tissus sur la tête. T'as regardé leur cou (non, t'es pas fetichiste) pour voir le type de collier qu'elles portent. Elles ont toutes des colliers à plusieurs rangées avec des perles dorées. Pas vu un seul de ce type sur le marché par contre t'as du collier en veux tu en voilà. À 50m t'as 10 grossistes qui te vendent des sachets plastiques remplis de perles de toutes sortes. Sinon, ils ont des masques tricotés main à porter dans certaines soirées parisiennes. Pour les parisiens nostalgiques t'as même le t-shirt Paris, oui, oui 100% produit typique.


La ville est au pied du volcan Imbabura, ouais, le gros machin caché en partie par les nuages. Ils ont peint les trottoirs au couleur du pays mais ça ressort pas trop quand il fait gris.

En haut d'une colline, t'as le fameux 'el lechero'. Pour y aller, t'as pris l'option marche à pied dans la colline plutôt que taxi. T'as découvert qu'il faut marcher avec des pierres dans tes mains. Chaque maison a au moins un chien qui t’aboie méchamment dessus dès que tu passes près de la baraque. Certains, quand tu leur montres la pierre dans ta main se disent que finalement tu fais que passer, qu'ils ont fait leur boulot et que ça vaut peut-être pas la peine de se faire caillasser. Mais d'autres sont beaucoup plus teigneux et faut leur balancer des pierres. Ils s'attendent à la première donc reculent mais reviennent à la charge et la seconde les calme généralement. Mais vraiment galère de marcher avec son sac de pierres. Entre les chiens et les taureaux, ca va être folklo quand t'iras faire des balades.

Alors le fameux el lechero (y a 2 heures t'en avais jamais entendu parler), c'est un arbre millénaire. Tu t'attendais à un arbre impressionnant mais côté taille, il est adapté à celle des locaux. On va dire que le cadre le rend sympathique avec en arrière plan un bout de l'Imbabura. Un peu de lecture sur l'utilisation de cette arbre.

Sinon, t'as découvert une entrée secret de spider man. Ils veulent te faire croire que c'est un cadran solaire mais c'est du pipo, y a jamais de soleil.

Le fameux volcan Cotopaxi. L'ascension se fait de nuit donc on arrive au parking du refuge qui est quand même à 4580m dans l'après midi. Il y a juste 300m de dénivelé pour rejoindre le refuge. Au début ça semble couvert voir très couvert mais coup de pot les nuages se barrent. Le ciel bleu, la neige et ensuite la terre rouge, cocorico.

Basse saison, on est une dizaine de trompettes avec différents guides trompettistes qui vont tenter l'ascension. Le timing est simple : dîner à 18h puis repos avec tentative de roupillon (à 4900m, pas simple de dormir), lever 23h pour un départ vers minuit. Objectif 6 à 7h de montée. T'as une photo avec le record, y a une fusée qui a mis 1h37 pour faire l'aller retour. Nous on est sur 6h juste pour la montée.

Parmi les autres trompettes, t'as un gars qui a une jambe en métal à partir du genou.

La trompette d'or est remise au pasteur qui a annoncé d'entrée qu'il faisait un refus d'obstacle. il est là pour soutenir fiston mais il ira pas plus haut. Avec fiston on aura donc un guide chacun. Ton guide sera Edgar, il t'a jamais parlé et a passé son temps au téléphone.

23h, tout le monde se prépare. D'autres équipes sont déjà parties. Côté matos, t'as mis tout ce que t'avais, t'as même loué des chaussures de montagne qui ressemblent à des chaussures de ski, tu sens leur poids à chaque pas.

On commence par 2h de montée sur la moraine. Au bout de 5 minutes t'as compris que c'était loin d'être gagné. Des rafales de vent avec de la neige. En 30 minutes toutes tes affaires étaient glacées et recouvertes de givre. La couche en dessous est trempées. T'as 3 couches de gants et c'est limite. Ton GPS a jeté l'éponge, le téléphone aussi, les fixations des bâtons sont gelés et tu les pètes en voulant les débloquer. T'as pas les mêmes problèmes sur les plages en bord de mer.

Faut s'imaginer de nuit avec un vent glacial, avancer pas à pas avec des pompes super lourdes, ne voir que ce que le halo de ta frontale te laisse voir, chercher son souffle à chaque pas et entendre les tambours du Bronx qui font un bœuf dans ton crâne et t'as payé pour ça.

Freddy, qui ouvre la marche se plante de chemin et quand l'autre guide l'a prévenu, on a déguerpi vite fait du coin. On arrive au début de la glace, il est temps de mettre les crampons, le casque, sortir le piolet et s'encorder. T'es donc avec Edgar. Tous tes vêtements craquellent de givre. Tu te dis que t'as fait le tiers facile du chemin.

T'es maintenant que sur de la glace et c'est de plus en plus pentue. Le Edgar va trop vite. T'es en train de te brûler et tu cherches ton souffle sans arrêt. Le grand coach sportif mondialement connu à Villejuif, Brupasyes dit que tout est dans le mental. Alors t'as essayé d'y aller au mental...

Dans une grande montée, où t'en peux plus et où tu cherches ton souffle, tu te fais presque engueuler sur l'utilisation du piolet par Edgar qui est au dessus de toi et par Freddy qui est en dessous. Toi, tout ce que tu veux c'est 15 secondes de pause. Ton piolet aurait pas été attaché au baudrier, tu leur aurais bien balancé à la gueule. Le mental...

Ça monte sans fin, sans jamais le moindre faux plat pour récupérer un peu. Le mental. Commence à en avoir ras le bol du mental.

Le froid est toujours intense, Brupasyes, le mental lâche. Tu dis à Edgar que tu veux faire demi tour. Lui rien à foutre, n'essaye même pas de comprendre pourquoi. Freddy arrive et lui est plus dans l'empathie et essaye de comprendre. Y a encore 2 jours tu te baladais et là t'es à la ramasse. Trop vite, plus de souffle et il reste encore 3h de montée. Ok, Edgar va aller plus doucement, ouais pendant 20 minutes.... Malgré les chaufferettes dans tes gants tu sens plus ta main droite. T'as tapé sur ton genou, tu sens pas ta main. On doit être environ à 5400m et le sommet est à 5897m. C'est là que trompette Ricardo jette l'éponge définitivement. Ricardo trompette d'argent. Le mental, ça sera pour la prochaine fois, au Sajama, hein Brupasyes... 5 minutes plus tard fiston redescend, crampons cassés, trompette de bronze. Il a de quoi être fier le guide Freddy, ces 3 poulains sur les 3 premières marches du podium.

Dans la descente, tu croises toutes les autres trompettes qui montent super lentement. Ils font un pas, ils ont le temps d'une pause café, puis font un 2éme pas, recafé... On est quasiment parti en même temps qu'eux et on leur a mis 30 minutes dans la vue, pas étonnant que tu te sois brûlé.

Retour frigorifié au refuge même si, ahah, à ce moment le vent est tombé.

Lendemain matin au refuge, concert de trompettes, tout le monde est là et personne n'a tapé sommet à cause du temps. T'as demandé au mec qu'à une jambe en titane, la raison. Lui, il avait froid au pied, t'as pas osé demander lequel...

Les conditions météo étaient vraiment dégueulasses mais même sans ça pas sûr d'avoir le physique pour..

Conclusion :

- tu vas bien sûr pas essayer de taper le Chimborazo et donc faire des économies

- Brice de bernay, c'est plus que mal barré pour le pic Lenine

- finalement la plage c'est peut-être pas si mal..


Ricardo, le Miles Davis de la montagne

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Après ce super succès sur le Cotopaxi avec ta trompette d'argent t'es parti direction sud pour le bled de Latacunga. Ouais, pour l'instant pas la peine de t'attarder pour tenter le Cayambe et le Chimborazo. Déjà qu'une trompette ça prend de la place dans le sac, alors une collection.

Alors, pourquoi aller à Latacunga ?

Pour son vendeur de citrons ? pour ses gigantesques corbeilles de fruits? Pour son délirant fleuriste ? Pour son chien mannequin ? Pour un de ses rares 'restos' ouvert un vendredi soir ? Ou enfin pour croiser du trekker tout confort qui trimbale sa chaise pliante? La liste est sans fin. Sans parler des vieilles places historiques et ses églises mais ça, y en a partout. Si grâce à toi, ils ouvrent pas un office du tourisme en te nommant manager.

C'est le point de départ pour rejoindre un autre bled, Quilotoa, et faire sa fameuse boucle qui est en fait un trek en ligne droite. Depuis le début, en regardant les photos sur internet t'es pas convaincu et surtout il y a souvent une météo de merde. Ok, il y a un très beau lac mais franchement, y a des lacs partout ici. Mais même les locaux te disent que c'est superbe. Alors... Inchallah.

Le gars de l'hôtel te dit que si tu montes sur la terrasse, t'as une superbe vue sur le Cotopaxi. A deux doigts de se prendre une trompette dans la tronche, le gars. Sujet encore sensible... De toute façon il fait nuageux et on voit rien.

Le trek est sur 2 ou 3 jours en fonction dans quelle catégorie de baltringues tu joues. T'as pris un premier bus local pour Zumbahua. 40 places dans le bus, on est 70. Toutes les femmes ont le même look sympathique, le borsalino, le collier doré, une couverture polaire qui leur sert de poncho, une jupe plissée et des souliers noirs. La hauteur des talons et la longueur de la jupe sont liés à l'âge. Plus t'es jeune et plus la jupe est courte et les talons sont hauts.

On est à 3700m, les montagnes sont couvertes de champs et pas un tracteur, tout à la bêche. La route serpente entre les montagnes et incroyable un grand soleil illumine tous le paysage. Impossible de faire des photos du bus, le dessous de bras d'un gars gâche le paysage.

C'est le jour du marché. Il y a une queue monstrueuse.?? Flunch vient d'ouvrir ? Tu vas jeter un œil. Merde, pas de Flunch, c'est juste la queue pour la banque, 200 personnes qui attendent. Et les banquiers, Laure, Guy et Sylvain, vous voulez pas un vrai métier de banquier ici? Pas le temps faire une pause café ici quand t'as 200 personnes qui attendent.

Les mamies au visage cuivré et buriné par le soleil. C'est ça de passer ses journées à buller sur les plages de la cordillère des Andes et descendre des pinacolada. Encore une vie facile.

T'as raté la camionnette pour rejoindre Quilotoa. Le chauffeur de taxi te dit que c'est dangereux de faire ce trek car il y a des 'ladrones', des voleurs de grands chemins.

Pas grave, arrivé au village de Quilotoa, tu passes au CCBGQ. C'est juste en face du parking pour ceux que ça intéresse. Le Club Canin Body Guard de Quilotoa. Alors, tu sais pas comment ils fonctionnent mais au bout de 2 minutes de marche t'as un chien qui s'est accroché à tes basques et même pas un aboiement, un mot, rien. Il aurait eu un téléphone tu l'aurais confondu avec Edgar ton guide du Cotopaxi. Tu fais 100m et tu es déjà sur le chemin qui fait le tour du lac. Pour une fois, t'as bien fait de ne pas t'écouter et de venir car avec le soleil la vue est magnifique. Le lac est d'une couleur verte assez exceptionnel. Tu peux même descendre jusqu'au lac et faire du kayak. L'objectif est de faire une partie du tour du lac puis partir en direction des villages. Ton bodyguard est toujours avec toi. Dès que tu t'arrêtes pour faire des photos, il t'attend tranquillement en surveillant les alentour, tu sens le chien expérimenté, très professionnel.

T'arrives à l'intersection où tu peux soit faire le tour complet du volcan soit partir en direction du premier village Chugchilan. Petit stop et tu files un gâteau au cleps qui du coup fait des bonds dans tous les sens. Grosse erreur, très grosse erreur. Quand il voit que tu ne pars pas en direction du tour du lac, il est moins motivé. Tu commences à croiser d'autres marcheurs qui font le circuit dans l'autre sens. Oui, en fait tout le monde termine par où t'as commencé pour finir avec la superbe vue sur le lac. Toi, tu t'es dit que t'allais arrivé au bout du trek au lac avec un temps pourri donc t'as préféré commencer par le lac histoire d'être dégouté d'entrée. Mais pour une fois depuis un mois, t'as eu un gros coup de pot côté météo car ça s'est couvert ensuite.

Ouais, donc, tu croises d'autres qui viennent dans l'autre sens. C'est là où t'as fait l'erreur de payer le chien avant. Le bougre est reparti avec les autres. Ne jamais payer un artisan avant la fin du boulot. Qui paye un plombier avant qu'il est réparé la fuite d'eau, personne. Résultat plus de protection.

Juste un point sur les 'ladrones' locaux que t'as croisés. T'as, sans arrêt, été agressé par un 'Buenos dias' ou un 'hola', à donde vas'. Des vrais méchants.

Direction le village de Chugchilan. T'as juste 1000m de dénivelé négative puis positive à taper. Mais tu dois faire un choix. T'as 2 chemins, le chemin 'seguro' et le chemin 'extrema'. Ton côté trompette d'argent t'as fais hésité une seconde. Tu croises dans l'autre sens d'autres trekkers qui font une pause. Un des gars te voit arriver par le chemin et te demande si c'est le chemin pour rejoindre le lac. Euh, t'as le panneau, tu vois un gus qui descend par ce chemin et tu te poses la question. Tu serais pas trompette de platine ?

En parlant de trompette, t'as croisé un gars au milieu d'un chemin qui se trimbalait un saxophone, un vrai. Il a fait quoi pour obtenir le saxo ? demi tour sur le Chimborazo ? Chaque montagne a son instrument/diplôme de loose ici?

T'arrives d'abord à un village plein de ladrones qui te disent bonjour.. Mais le plus fort c'est le panneau indicateur. Ah, ici on rigole pas sur la précision !

Côté chemin extrema, mouais. Il y a 2-3 passages où il faut faire attention mais même les boulets de Menton auraient pu le faire. Euh, juste pour la partie descente. Je vous laisse découvrir les paysages via les photos. Vous voyez, c'est rarement plat.

T'arrives à 12h30 au village de Chugchilan. Ça fait super tôt pour passer la nuit au milieu de nulle part donc t'enquilles sur le prochain village Insivini. T'achètes pour 2$ un gros morceau de poulet et des frites à une dame dans la rue et c'est reparti. Il faut juste redescendre à nouveau dans la vallée, passer un pont en bois et retaper à nouveau les 1000m de dénivelés. Les nuages arrivent au loin, faut pas traîner.

En haut d'une montée, t'as un canasson qui traînasse. A peine il te voit, il vient vers toi. Il aurait pas été attaché, il te suivait. Ouais c'est bon, t'as plus confiance dans la faune locale. T'arrives enfin au village d'Insivi. Alors faut pas s'attendre à des villages très typiques même si dans le lonely planet, t'as l'impression d'être au bout du monde. T'as même un super lodge avec un spa. Le village, enfin les 2 rues, est tout petit et il y a rien de particulier à part les 3 lamas qui broutent dans le jardin de la guesthouse.

T'as tapé le tarot avec 4 autres français. Sérieux, toi t'es trompette, ok, mais eux c'est le délire. Ils vont aussi tenter le Cotopaxi dans 2 jours. Ils ont fait aucune acclimatation, ils ont eu du mal sur ce circuit qui est un faux plat en comparaison du Cotopaxi. Une fait quasiment aucun sport. Ils ont aucune idée de ce qui les attend. Mais va savoir... Inchallah comme dirait l'autre.

Dernière petite marche sympathique de 2h pour rejoindre le bled de Sigchos et choppé un bus pour Latacunga puis un autre pour Ambato et enfin un denier pour Banos où tu vas essayer de faire du rating.

Pour une fois t'es bon côté timing car maintenant tout est couvert de chez couvert. Le lac a du perdre sa couleur, tout est devenu gris, il pleut. Mais quel coup de génie d'avoir fait le circuit dans l'autre sens.

Ricardo, génie malgré lui...

Ps : un petit commentaire lié à l'actualité, toi, le Cotopaxi, tu l'as lamentablement vautré sans oxygène... CCBGQ de Quilotoa

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2h de bus pour arriver à Banos sous la pluie. Un choc. Non pas la pluie, ça tu connais, la ville. Autant Latacunga ressemble à une vraie ville, autant Banos c'est l'exemple de la ville qui est devenu un spot touristique, surtout pour les equatoriens. Tout le centre ville n'est fait que de restos, d'hôtels, de magasins d'artisanat 95% made in China et d'agences qui proposent toutes les mêmes activités. T'as au moins 50 agences, va choisir la bonne pour aller faire du rafting. Ouais, l'avantage du rafting, c'est que t'as pas à marcher, t'as juste à donner 2-3 coups de rame de temps en temps, en théorie tu peux pas finir trompette.

Toutes proposent la même rivière au même prix. En 3 questions t'as déjà éliminé une grosse partie des charlots. Quand tu demandes combien il y a de personnes inscrites, si le gars sait pas répondre, c'est qu'il est juste un sous traitant pour une véritable agence qui elle a les rafts, allez next. L'autre question c'est sur les 'class' (niveau) des rapides. T'en as un qui te dit class V alors que les autres t'annoncent class lll max lV sur la même rivière, next. Et la dernière concerne la sécurité, à savoir s'il y a un kayak de sécurité (en gros un gus en kayak qui vient t'aider si le raft se renverse). Quand une agence te dit qu'elle met un kayak à partir de 2 rafts minimum, tu fuis, le mec fait des économies sur la sécurité. Voilà c'étaiten les humbles conseils de Ricardo. Et après tu t'enmerdes pas, tu regardes sur internet l'agence la mieux notée...

Histoire de rigoler, voilà le forecast météo, ça motive...Il paraîtrait que la ville est au pied du volcan Tungurahua, il paraîtrait... T'as même pas imaginé une seconde faire l'ascension. Tout est couvert de nuages. Et les horaires de la messe. Sérieux, c'est l'usine. Le poids des mots, le choc des photos

C'est parti pour le rafting, on est une quinzaine dont 'une famille de français avec 3 enfants dont le plus jeune à 9 ans. Ahah quand tu repenses à l'autre baltringue qui te parlait de class V. Va envoyer un gamin dans du V.

Ils ont fait envoyer leur jeep toute équipée (Laure, Brice, même genre qu'en Australie) de France, passent 10 moins en Amérique du Sud et la renvoi ensuite en France. Ça te démange de faire ça dans quelques années, s'il y a des courageux.

Côté rafting, c'est vraiment du class lll tranquille, du coup ils nous font faire les cons, se mettre debout sur les boudins, debout à l'avant du bateau en se tenant à une corde...

Tu peux faire la route des cascades en vélo, 16 bornes c'est rien. Tu pensais que c'était que de la descente. Que neni. Même si tu as 600 de dénivelé négatif, t'as quand même plein de faut plat et tu sens l'altitude à chaque coup de pédale.

Les cascades sont de l'autre côté de la route et à chacune ils ont mis en place une sorte de trolley dans lequel tu montes pour t'approcher. Faut avoir confiance dans l'équipement équatorien. Surtout qu'il est fait pour les locaux, donc la barrière t'arrive en haut des cuisses. T'as aussi des tyroliennes, des ponts de singe au dessus du vide...

Mais la cascade incontournable est 'pailon del Diablo'. T'as 2 entrées. Une ou tu surplombes la cascade et l'autre où tu pars du milieu et tu rampes le long de la cascade pour la remonter. Alors, c'est pas un petit filet d'eau, en 2 secondes t'as une douche gratos. Ça confirme que ta goretex payée une blinde n'aime ni la neige ni l'eau. Kinary, Gabriel, côté cascade, aucun rapport avec celle de Canaima. Ici, tu peux pas passer en dessous et elle doit faire 10m de large mais impressionnant quand même.

Tu remontes de la cascade, tu prends le vélo et tu vois la camionnette qui transporte les vélos en train de partir. Le mec est en train de faire demi tour il t'a bien vu mais il part sans t'attendre, l'enfoiré pour être poli. En plus il y a que 2 personnes à l'arrière. Gros coup de stress, 17h30, il y a quasiment plus personne. T'es trempé, t'imagines pas une seconde te taper en vélo 15 bornes (ouais c'est rien) avec 600m de dénivelé à plus de 2000m d'altitude. Si t'avais su t'aurais pris 'le pot belge.'

Tu vois une autre camionnette, tu pries pour qu'elle aussi propose se service sinon tu dors sur place. Oui, le gars attend 2 autres pimpims.

Changement de programme, il fait un temps tellement pourri que tu laisses tomber toutes les treks prévus dans la région de Sangay et du volcan Altar. Tu voulais aller à dans une hacienda pas très loin du volcan Altar. D'abord tu prends un bus pour un bled perdu qui s'appelle Penipe. Ça c'est simple. Ensuite faut trouver un transport qui t'enmene au hameau La Calenderia. Au pire, tu fais l'américain en sortant un billet de 5$. Ensuite tu dois trouver l'hacienda, ça doit pas être difficile car il doit y avoir 3 rues et voir avec eux pour obtenir les clefs des refuges en direction de l'Altar. Sur le papier, ça n'a pas l'air trop compliqué... Ça fait 3 jours que t'essayes de joindre l'hacienda sur leurs 3 numéros de téléphone ou par email, que dal. Ça sent le plan 'fermé pour cause de mauvais temps'. Et quand t'es arrivé à Penipe, tu vois même pas le tiers supérieur des montagnes. Si ce sont pas des signes de plan foireux. Du coup, t'es même pas descendu du bus. A 2 doigts de prendre un billet pour Cuba.

Tu pensais tenter le trek de l'inca, la version équatorienne, impossible de joindre le guide sur ces 2 numéros. Quand ça veut pas.

Donc t'as poussé jusqu'à Alausi, petit village qui n'a rien de particulier sauf son fameux train des pignes version Equatorienne, le Nariz del Diablo. Déjà sur le nom, ça en impose beaucoup plus. Seul gros soucis, le village est en partie dans les brumes. Donc t'as même hésité à prendre le billet. Au guichet, on t'a dit qu'hier il faisait beau... En principe tu fais l'aller retour mais coup de...chance ce jour il va beaucoup plus loin et faut se démerder pour revenir. Ouais, t'es en train de perdre tout ton bronzage, dure.

Y aurait eu une agence de voyage dans le bled, demain t'étais à la Havane à picoler des mojitos sur la page ensoleillé.

Même ici, ils ont leur restaurant chinois. C'est rassurant. Guy, tu veux pas lancer ton fameux croque monsieur ? Tu peux aussi avoir un stand au marché. T'as l'impression que tous les marchés sont sur le même modèle. Un étage avec fruits, légumes, viandes... et un étage style food court mais qu'avec du local.

Incroyable, pas de brume le matin. Si tu te bases sur le nombre de touristes là veille dans ville, on va être 5 dans le train. Que neni les bus débarquent 15 minutes avant le départ et va comprendre tous les wagons sont pleins sauf le tien, le dernier wagon, où on est que 6.

Qqs conseils, prendre un siège côté droit du train et le dernier wagon. Les groupes monopolisent les wagons de devant mais ils voient rien de plus et en plus à l'arrière quand le train part en marche arrière tu peux sortir dehors. si on vous dit qu'il reste que des sièges à gauche, à part les 10 premières minutes, tu verras que le flanc des montagnes. Ça serait balo de venir ici pour regarder un flanc de colline.

Ils disent qu'il y a eu 25000 morts lors de la construction de la ligne, ça semble beaucoup.

Très mauvaise nouvelle, il est interdit depuis plusieurs années de faire le trajet sur le toit. C'est ce genre d'indices (ainsi que mettre la ceinture dans le bus) qui montre que le pays se normalise. Ça va devenir compliqué de trouver des endroits où on peut faire des conneries. Bruno, le Pakistan ? Chap, la creuse ? Gabriel, Metz ? Guy, la Bretagne ?

Au bout de 30 minutes de trajet à flanc de montagne, stop d'une heure pour qu'une communauté nous montre leur type de maison, leur danse et leur artisanat...shopping time.

Puis 2eme stop pour photographier la narine du diable. T'as beau essayer de comprendre, tu vois pas en quoi ça ressemble à une narine..

les nuages, on les voit bien mais la narine??? 

Ça c'est le circuit standard et ensuite tu fais marche arrière pour remonter à Alausi. Toi, t'es tombé le jour où le train va jusqu'à Huigra, t'es au fond de la vallée sans aucune visibilité. Vaut mieux faire le circuit standard. Sincèrement, la balade est sympa mais courte surtout pour 33$, les vieux wagons en bois, l'ambiance mais le fait de plus pouvoir monter sur le toit casse un peu le truc.

Au fait, faut pas croire qu'en voyage longue durée on n'a pas nos petits soucis du quotidien. C'est vrai que le maniement du balai, la serpillière...t'as un peu oublié. Par contre juste en une journée :

- Fermeture éclair de ton seul pantalon de trek pétée. Faut trouver un gus qui te la change et pas en rose. Pas comme certaines qui font des coutures multicolores...on citera pas de nom, hein Kinnary.

- chaussures de trek en train de se découdre, idem, faut trouver un zapatero

- beaucoup plus galère, la boucle de la ceinture ventrale de ton gros sac à dos, vient de péter. Va porter 23 kg sans ceinture. Deuter, qualité allemande, de la merde ouais.

Tu pensais ouvrir une cagnotte leetchi....

Ricardo, pointure en rafting

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Très bonne affaire

À vendre sur le bon coin :

- un tube de crème à bronzer acheté il y a 2 mois, jamais utilisé

- lunettes de soleil

- un tube de biafine

- casquette

Ricardo qui a besoin de se libérer de poids inutile...

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Passage par Cuenca, ville coloniale. Alors t'as de l'église et même du couvent en plein centre ville.

Les carmélites (rouquines, attention grosse référence musicale) ont un business de boisson florissant. Ça s'appelle 'pitimas', une boisson couleur rose aux bienfaits sans fin dont la fabrication est secrètement gardée par les nonnes. Côté goût, euh.. Faut essayer. Pour t'en remettre tu testes les jus de fruits frais sur le marché garantie avec de l'eau traité. Tes intestins ont un avis contraire...

Côté trek, comme ton contact ne répond pas pour faire 2 jours de treks pour rejoindre le site inca d'Ingapirca et que les agences demandent 560$, t'y vas en bus. No comment. Façon, marcher dans les nuages sans visibilité..

2h de bus local pour rejoindre le site. Grande première, tu peux pas rentrer sans guide, du jamais vu... Dans 5 ans faudra se tenir par la main. Comme y a pas de Disneyland dans le coin, les locaux viennent avec leur enfant de 3 ans et on doit être 40 dont 1/3 de mômes qui cherchent Mickey, le rêve. Le site est loin d'être immense et tu dois marcher sur un piste. Involontairement t'as lâché le guide qui annone son speech. Je vous laisse vous en mettre plein les yeux avec ces photos.

T'es monté au temple du soleil, t'aurais bien fait un sacrifice mais pas sûr que les parents acceptent de te refiler un de leur mioche. Pas de sacrifice, pas de soleil.

Les débroussailleurs sont en train de former leurs futurs remplaçants.

Tu pars passer la frontière pour le Pérou à. umba mais sans chorégraphie. T'as l'impression que c'est là où il y a moins de pimpins qui passent la frontière. Et de l'autre côté, t'espères que c'est comme pour Tchernobyl, que la frontière arrête les nuages.

Attention il paraît que cette partie du Pérou, c'est encore le far west. T'es impatient de croiser John Wayne sur son fidèle lama.

Ricardo, sacrificateur raté

Selfi de profil 
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Direction plein sud de l'équateur pour passer au Pérou.

Tu commences tranquillement par 4h30 de bus pour rejoindre la ville de Loja. T'as vu que de là il y a des bus qui te gèrent tout le transport jusqu'à l'autre côté de la frontière. Tss, tss, trop simple. Ça avait été déjà trop simple côté Amazonie alors ce coup-ci t'as décidé de pimenter le truc. Donc tu sautes dans le premier bus (6h pour 170 bornes ) pour rejoindre Zumba. Passage par la ville de Vilcabamba, la ville des centenaires, pour ceux qui voudraient vivre vieux... Sylvain, revends ta chambre d'Ephad et viens t'installer ici avec Mme Burger. Mais côté Beach volley, ça sera un peu plus compliqué.

Le bus passe par des cols de plus de 3000m pour redescendre dans des vallées, longer des flancs de montagnes. La nature est intacte à perte de vue, pas un village, pas la moindre trace de champs. Plus on monte et plus on s'enfonce dans la brume. Trop con t'as été au temple du soleil, un sacrifice, faire, tu aurais dû... Finalement après le dernier col, on ne fait que descendre. La route se transforme en piste et ça doit être un cauchemar en saison des pluies. Pour ceux qui connaissent la 'Ruta de la muerte' en Bolivie, c'est un peu la petite sœur. Plus on descend plus on voit que la civilisation reprend ses droits, des pans entiers de montagnes sont déboisés.

La dernière heure se fait de nuit, confiance... Arrivé à Zumba, tu sais pas trop où descendre car le 'terminal' est à une borne du centre ville. Sans déconner le bled est tout petit et ils ont fait le terminal des bus à 1km. Soit la mafia des taxis est intervenue soit le maire voit très grand.

Depuis le début on te raconte que des conneries : Au guichet du bus, on te dit qu'il y a un bus à minuit pour la frontière, l'aide chauffeur te dit qu'il y a un bus qui part à 19h. Ouais bien sûr il reste plus d'une heure de trajet et la frontière ferme vers 19h... Donc, t'es là dans le bus à te demander où descendre. T'as demandé à un gars qui t'a indiqué un hôtel que t’espérais pas aussi bien surtout pour le bled.

Et là, tu fais l'erreur de débutant. Dès que tu vois marqué cevicheria t'es attiré comme un aimant. Tu commandes un ceviche sans poser de question. Quand on te l'apporte tu te dis que t'es à plus de 15 heures minimum de transport de la mer (gros doutes sur la chaîne du froid). En plus c'est un ceviche tiède et de crevettes. A la première bouchée, ton estomac a dit qu'il fera de son mieux mais il garanti rien. Nuit lourde...

Côté Zumba, en arrivant, t'as pas vu grand chose à part quelques rues animées. T'es à peine plus de 1000m d'altitude donc beaucoup plus chaud et les gens sont dans la rue mais étonnement personne ne danse dans la rue (ouais, elle est un peu facile)

Lendemain matin, un ciel bleu pendant 30 minutes comme t'as pas vu depuis 1 mois. Maintenant faut prendre une ranchera, un camion transformé en transport public avec des bancs en bois pour rejoindre la frontière. 2h pour 30 bornes, ça laisse le temps d'apprécier la brume et comme tout est ouvert t'as vraiment l'impression d'être intégré dans le paysage. Mais ou sont cachés les gorilles ? Tout le monde, du plus jeune au plus vieux, balance ses papiers et bouteilles plastiques vides par la fenêtre. T'arrives enfin à la frontière. Toute cette partie du voyage aura certainement été la meilleure d'Equateur.

Un pont pour passer d'un pays à l'autre. Tu sors du poste d'immigration au Pérou et véridique de chez véridique, tu prends la pluie pour ta première minute au Pérou. Si c'est pas un message. Alors, les frontières, ça arrêtent les particules nucléaires mais pas les nuages ?

Tu sautes dans un taxi collectif direction la ville de San Ignacio. Sans déconner, un vrai tueur côté enchaînement le Ricardo. De là il est trop tard pour aller directement à ta destination finale (le collectivo est que tôt le matin). Pas grave, champion tu es, tu reprends un collectivo qui t'abandonne au milieu de nulle part, Tamborapa où là tu dois choper un transport qui va à Huancacamba. I believe I can fly tellement c'est facile. Sauf que, t'as beau être à Tamborapa à 13h, pas un transport en direction de ton bled. Apparement il n'y a des transports que le matin. Et là c'est chute libre de ton petit nuage. Ricardo en piquée.

T'es à l'intersection, assis à la terrasse d'un boui boui et tu vois les bagnoles passaient mais quasiment aucune prend l'embranchement. Et les rares bagnoles qui s'y engagent sont bourrées jusqu'à la gueule, même à l'arrière des pickup tu peux pas monter. Et ouais le principe des collectivos est de partir que lorsqu'ils sont pleins donc pour en chopper un en cours de route. 1h que t'attends, 'I believe I can wait for ever'. Une serveuse, le cuistot, et les dames qui tiennent leur stand de l'autre côté de la route sont tous au courant et quand tu vois une bagnole tourner, ils te disent si c'est la peine de tenter ta chance. Alors vous vous dites, 'bien fait, il avait qu'à prendre le bus all inclusive'. Non ça change rien, car il t'aurait laissé au même endroit. On te fait comprendre (ouais, ils parlent super vite au Pérou et tu as du mal à les comprendre) que t'as aucune chance à cette heure de trouver un transport jusqu'à ta destination, il va falloir changer en court de route. Ça se complique.

Bientôt 15h, une bagnole arrive, le coffre rempli de bagages et 5 personnes dedans. Tu tentes ta chance. Tu comprends pas grand-chose mais elle va dans la bonne direction et tu devrais pouvoir monter. Le mec met tous les bagages sur le toit. Tout le monde se demande où tu vas t'installer vu que ce sont pas des petits gabarits dans la bagnole. Et là tu comprends que ta place est dans le coffre de la bagnole... Ouais.Coup de chance il transporte un matelas.

C'est ça ou pas grand chose d'autre. T'en as pris des transports à la con, mais t'as jamais fini dans le coffre d'une bagnole. Une grande première ! On est parti, t'as ton menton posé sur les genoux avec une belle vue imprenable sur le ciel via la vitre arrière. Et la meilleure, c'est que t'as aucune idée jusqu'où tu vas avec cette bagnole ni comment tu vas faire par la suite. Inchallah comme dirait l'autre. La route ou plutôt la piste dégueulasse n'est faite que de lacets et tu remontes une vallée quasiment parallèle à celle que tu as descendu le matin. Tiens ! Un checkpoint, 3 para militaires armés font la quête / rançonnent les bagnoles qui passent. Le chauffeur doit avoir l'habitude et a déjà l'argent dans sa main. Soit disant, ils sont là pour assurer la sécurité de la route car il y aurait des ladrones. Plus de 3h de bagnole comme ça juste pour faire 60 bornes.

Chaque mur visible des maisons en bord de route est peint en blanc avec le même slogan pour les prochaines élections. Ici, les gens louent leurs murs, façades aux politicards mais au lieu de mettre une affiche, ils peignent le mur.

Finalement t'arrives à un bled qui n'est même pas sur ta carte. Terminus pour toi. En traversant le bled, t'as vu 2 hospedajes, une définitivement fermée et une en construction, ça pue. Dans ta tête, t'es prêt à sortir les biftons (ça veut dire 20 à 25 euros) pour privatiser une bagnole pour faire les 60 bornes qui restent. Mais à l'arrêt le chauffeur te dit que la bagnole qui est en face part pour ta destination. Waouh ! Gros 4x4, siège en cuir et t'es assis devant. I believe I can fly... Tu passes de coincer dans un coffre à siège en cuir. On mettra 3h de nuit de route dégueulasse, en grande partie dans la brume pour arriver enfin à Huancacamba. Donc difficile de décrire les paysages, la première partie tu l'as faite dans un coffre et la seconde de nuit.

Alléluia, Allah akbar, bhoudha est grand... out ce que vous voulez mais t'es enfin arrivé. T'y croyais pas. Mais quel plaisir d'arriver de nuit dans un petit bled, sans hôtel réservé, sans booking, sans rien.

Petite remarque sur la différence entre l'Equateur et le Pérou. Ces 2 derniers jours t'as traversé des petits villages paumés dans chaque pays. En Équateur, toutes les maisons étaient en béton alors qu'au Pérou elles étaient faites de brique 'fait maison'. Ça paraît con comme remarque mais ces simples briques dépaysent complètement.

Alors, pourquoi Huancacamba ? Posez pas des questions stupides, c'est évident!

Ricardo, spécialiste en logistique de transport

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Yo,

Côté far west, c'est vrai qu'il y a des cow-boys, t'as croisé lucky Luke avec son fidèle rantanplan et le représentant local des gilets jaunes. Le lama de John Wayne avait trop chaud donc ils sont répartis.

Sinon Huancacamba, c'est une petite place pleine de piafs, une église en rénovation et un petit marché typique. Les anciens portent un chapeau traditionnel et c'est marrant de voir une mamie qui a jamais dû utiliser un téléphone marcher devant un magasin qui propose un forfait internet. Le truc qui te surprend encore c'est que même perdu dans des petits villages où tu te dis que la vie doit être paisible, t'as des vigiles armés devant chaque banque.

Le nouveau sheriff en jupon a débarqué en ville

Alors, pourquoi Huancacamba ?

T'es venu jusqu'ici pour rencontrer les curanderos, des guérisseurs qui sévissent autour des lacs Huaringas. Oui. Tu voyages pour trouver des guérisseurs/chamans pour soigner ta connerie mais pour l'instant, ils ont pas trouvé de solution. Grâce à ton hôtel, tu trouves un chauffeur pour t'enmener aux lacs et il connait un guérisseur, un bon, un très bon, une pointure.

Les lacs sont à plus de 3500m d'altitude. C'est 30 bornes mais faut compter 1h30. En cours de route, on s'arrête à une baraque, c'est là où vit la pointure. Forcément il s'attendait pas à te voir débarquer. Grosses discussions, le prix est assez inimaginable pour le pays. T'arrives à négocier un rabais de 30% pour 2 séances différentes. La prochaine fois que vous allez chez le médecin, essayer de négocier.

Le maestro, oui ici on les appelle maestro met sa tenue poncho et bottes en caoutchouc et prend tout son matériel. C'est pas la tenue de maestro, c'est la tenue locale... En cours de route, on s'arrête pour acheter des roses blanches, des citrons, du sucre, une bouteille de vin et de l'alcool fait maison à partir de canes à sucre, du Canazo.

Lors du trajet, histoire d'essayer d'avoir un peu de conversation vu ton niveau lamentable d'espagnol, tu parles de la pluie et du beau temps, et en particulier que t'as pas eu un jour entier de soleil depuis plus d'un mois. Vous allez voir, ça a une importance pour la suite.

Comme tu sais ce qui va se passer pour la première séance, tu pries pour qu'il fasse pas trop froid. On roule dans les nuages et le froid pour atteindre une sorte de plateau légèrement au dessus de la brume et on prend une piste qui s'arrête à quelque baraques. D'autres 'touristes' péruviens sont là, tout le monde vient pour la même chose.

Première partie : le petit baigneur

Il y a 40 minutes de marche sur une piste boueuse empruntée quotidiennement par des chevaux et des mules. Le maestro t'avais prévenu que lui ne marchait pas donc tu lui as payé sa mule et toi tu dérapes dans la boue pour le suivre. Il fait vraiment pas chaud et le chauffeur t'a prêté un bonnet péruvien. On est ridicule avec mais il tient chaud aux oreilles. Non, le selfi reste sur ton téléphone. On arrive enfin au lac Negra, un des lacs utilisés pour les séances de cure des chamans. Toi t'es tout seul avec ton maestro et il y a 2 autres groupes de péruviens avec le leur. Certains trempent des photos dans la lac car il a des bienfaits curatifs.

Le maestro commence à sortir tout son attirail, d'abord 4 épées puis une demi douzaine de bâtons sculptés, certainement des saints. Ensuite il pose sur le sol différentes bouteilles d'alcool, des coquillages, des pierres, un harmonica, un crucifix, une sonnette, des bouts de corne de chèvre.

Avant de commencer il prend une des cornes de chèvres et la bouteille d'alcool et va offrir la tournée aux autres chamans. Puis commence la cérémonie. Il boit à différents bouteilles d'eau de Cologne parfumée puis recrache en postillonnant le tout en l'air, puis refait de même mais cette fois dans tes mains et tu dois inhaler l'odeur. Tu lui as dit que tu ''bossais'' dans l'informatique donc dans ces incantations il parle de travail (beaucoup trop à ton goût), de pays, d'argent, d'amour. Entre chaque bouteille il fait des incantations. Ensuite il écrase un citron pour en extraire le jus qu'il mélange avec du sucre puis il verse le tout dans un coquillage. Ensuite il se verse le jus dans les narines. T'espères qu'il va pas te demander de faire pareil. Il mâchouille les pétales d'une rose qu'il recrache ensuite le tout entrecoupé d'incantations quasiment identique (d'après ce que tu arrives à comprendre).

Il fait très brumeux mais par moment le soleil perce quelques instants et à chaque fois il te le montre en te disant que c'est grâce à son travail. T'aurais dû la fermer sur le soleil. Quand il disparaît, t'as envie de lui demander si sa magie est temporaire.

Par moment tu dois tenir un des bâtons en bois dans tes mains ensuite lever les mains au ciel. Parfois il tourne autour de toi avec des incantations. Il prend une épée et frotte ton corps. Ça doit bien durer 30 minutes, toi t'es quasi immobile dans le froid et t'attends avec une légère inquiétude le bouquet final (oui, tu sais ce qui va se passer). Ça y est, showtime! Faut se déshabiller pour aller dans l'eau glacée du lac. Pas con, t'as ton maillot de bain et une serviette pour te sécher ensuite, sinon t'es mal. T'es dans le lac, de l'eau jusqu'aux genoux et tu dois d'abord en boire trois fois puis t'asperger/te laver entièrement pour bénéficier des bienfaits de cette eau magique. Généralement tu pleures pour rentrer dans une eau à 25° mais là t'y vas super rapido. Certains péruviens repartent avec des bidons de 25 litres qu'il ramènent leur famille.

Une fois ressorti du lac, le maestro refait des incantations et postillonnent directement sur toi. Avec une baguette il tape sur ton corps comme pour faire sortir les mauvais esprits et s'écarte pour chasser les mauvaise esprits de la baguette. Tu peux ensuite te rhabiller. Il te fait sautiller sur place et courir un petit peu, certainement plus pour te réchauffer qu'autre chose.

Ensuite c'est l'heure de la dégustation. Il épluche un citron, met des pétales de rose, du sucre et tu dois manger le tout alors qu'ils continuent ces incantations. Ah le soleil réapparaît, t'as le droit à la même remarque. Si ça marche pour le soleil comme pour tout le reste, tu vas avoir un super job, gagner des millions et rencontrer la plus belle femme du monde mais ça va durer que 2 minutes.

Puis il verse un peu de vin cuit dans un coquillage et tu dois le boire. Pour la première fois il utilise le crucifix et ensuite la cérémonie se termine. Tu se sens mieux ? Euh plutôt différent. Différent comment? Ben tu sens plus tes pieds et tes mains à cause du froid.

On commence à redescendre vers la voiture, grand soleil, pas longtemps mais du soleil. Respect ! Faut savoir oublier son côté cartésien. Il explique au chauffeur que grâce à son travail, il a fait revenir le soleil, le chauffeur est convaincu. Toi aussi. Re-respect !

Au fait c'est quoi cette brume dans laquelle on roule ? Retour à la maison du maestro pour la 2eme partie.

Intermède

Le chauffeur t'a laissé car la 2ème partie va se passer de 22h à 4h du matin chez le maestro.

C'est aujourd'hui la fête des pères donc il prépare une boisson particulière. Tu montes des blancs d'œuf en neige puis tu rajoutes du sucre brun et le jaune d'œuf et tu rajoutes une bonne dose d'alcool et tu malaxes le tout. C'est lourd à boire. Ensuite, le maestro fait tourner l'alcool local mais comme tu sais un peu ce qui va se passer ensuite, tu fais attention.

T'es sur son banc devant sa maison en train d'écrire cette partie. Il pleut, ça compte pas, la nuit le soleil peut pas être là.

2ème partie : Oui, flagelles moi

T'as poireauté jusqu'à 21h30. Dans une pièce il a préparé ce qu'il appelle la table de cure avec à peu près les mêmes objets que lors de la séance au lac. Il recommence les mêmes incantations comme recracher l'eau de Cologne, parfois sort de la pièce.

22h, c'est le moment du San Pedro. Le San Pedro est un cactus hallucinogène qui fait partie des traditions chamaniques ici. Le maestro l'a fait bouillir avant. Il commence des incantations pour San Pedro puis se sert 2 verres plein du liquide provenant de la cuisson. Toi, t'as le droit à un fond de verre puis il reprend encore un verre entier. Côté goût, c'est pas agréable. Côté effet, t'attends.

Le maestro se rassoit sur sa chaise, toi sur le lit avec 2 couches de poncho pour pas trop te peler et il te dit qu'il va éteindre la lumière pour mieux se connecter. Euh, en 4G?

T'es dans le noir et t'attends. Tu sais pas quand les effets vont commencer.

T'attends.

T'attends à moitié somnolant.

23h le maestro allume sa lampe torche, te poses 2,3 questions mais tu comprends rien et à sa voix, il est pas à 100%. Tu réponds oui car tu comprends pas un mot. Il fait une incantation et se rassoit en éteignant la lumière. Ah ouais...

Peut-être qu'il faut plus de temps pour que tu ressentes un effet. T'es à nouveau assis dans le noir en te disant que la nuit va être super longue. Pas le moindre lama rose qui vole dans les airs, que dal.

T'attends...

T'attends...

Minuit, re lampe torche, re incantation, re noir

T'attends...

Tu te sers de ton sac à dos pour faire office d'oreiller, histoire d'essayer de 'siester' un peu.

T'attends...

1h du matin, idem

T'attends.... Mais qu'est ce que t'es encore venu tester ici ?

T'attends... T'imagines avoir amener des potes avec toi, entre les transports et cette nuit, ils t'auraient maudits.

2h. Les incantations sont plus longues. Le maestro mélange certains 'élixirs' et verse le mélange dans un coquillage. La lumière est éteinte. Tu l'entends éructer, roter, grogner. Il doit s'enfiler le mélange par les narines et ça doit piquer.

Puis t'attends....

T'attends...

3h. Au boulot ! T'as le droit aux incantations puis te fait mettre en t-shirt et remonter tes bas de pantalon pour frotter avec une mixture tes épaules et genoux (les endroits où t'avais dit que t'as mal. Donc, déconnez pas si vous venez, ne dite pas que vous avez mal à la fesse gauche sauf si...). Tu en as aussi plein les mains. Puis il te fait sortir. Il pose un boule de métal incrustée de cristaux sur le ventre, sur le dos. Il te fait sautiller en secouant les bras, te postillonne dans les mains, sans le cou, dans la nuque. Ouais, imaginez vous sautiller à 3h du matin pendant que quelqu'un te postillonne dessus avec de l'eau de Cologne. Puis avec un bâton et une épée, il frotte ton corps pour enlever le mal. Il utilise aussi une baguette pour te 'frapper' dessus et faire sortir le mal. Ça réchauffe, les coups... Puis tu prends la baguette, prends une gorgée d'alcool et crache plusieurs fois sur la baguette. Et là, vous allez pas le croire. C'est là où tu vois que t'as affaire à une pointure. Le maestro te montre que l'on voit la lune. Ah ouais, incroyable, en pleine nuit, la lune, respect. Oui, il fait un très bon travail et il est capable de diriger les astres comme le soleil cet après midi. Re respect. D'autres maestros en sont incapables.

Bon, tu sautilles encore, lèves parfois les mains au ciel (tu croises les doigts pour pas qu'il y est une webcam de planquée). Le maestro te refait sortir pour voir le ciel, on voit quelques instants une étoile. Ouais, même les étoiles, il maîtrise trop, le bougre. Retour dans la chambre, tu remets tes couches de fringue alors que t'es poisseux, un délice.

Tu piques un roupillon jusqu'à 4h, le moment du grand final. Cette fois ci tu dois manger à nouveau un citron avec des pétales de rose et du sucre, puis sautiller à nouveau. Et là, encore plus fort qu'avec la lune. 4h30 du matin, un coq chante. Le maestro t'explique que c'est signe de chance et que c'est grâce à son travail qu'un coq en pleine campagne, chante. Et oui, la réalité dépasse la fiction. Un signe de croix avec le crucifix et la cérémonie est terminée. Le maestro te dit qu'il faudra revenir pour aller à un autre lac. Euh oui, certainement, mais bon, t'as un agenda un peu chargé pour les prochaines décennies. Par contre, tu peux lui filer les 06 qui savent pas trop quoi foutre.

Avant de partir, il te dit que pour ton épaule il faut pas porter de poids et prendre des vitamines. Ah ouais, et dire qu'il y en a qui font 10 ans d'études de médecine pour te dire la même chose.

Conclusion

Même si ça c'est passé il n'y a que quelques heures, t'as du oublier certains trucs mais vous avez certainement maintenant suffisamment d'informations pour rapidement poser 15 jours de congés et venir ici. Après, on y croit ou pas mais ce qui est certain c'est que le maestro fait pas semblant et que c'est pas un truc à gogo. Il est complément convaincu de ce qu'il fait et tout ce rituel se transmet de génération en génération.

T'écris cette deuxième partie sur la plaza de Huancacamba, à l'abri d'un arbre. Oui il pleuviote. Pas prêt d'être riche...

Grâce à toi, il va avoir une renommée mondiale. Le maestro qui a fait apparaître le soleil à une trompette qui l'avait pas vu depuis des mois.

Seule déception, tu pensais ressentir certains effets avec le cactus san pedro mais que dal (Gabriel, Kinnary, pas mieux que le tchopo au Venezuela)

T'auras quand même pris cher, un bain glacé, en train de sautiller les mains poisseuses de vin cuit, postillonné dessus, flagellé par qqun que t'as appelé maestro. Dans un autre contexte, il te manquait plus qu'un masque en latex et une chaîne autour du cou et t'étais la star dans certains soirées parisiennes. Bruno, le masque en cuir que tu m'as commandé, tu pourras me le prêter certains soirs ?

Demain direction Chachapoyas, minimum 10h de transport multi collectivos. La meilleure, vous savez ce que veut dire chachapoyas? Le peuple des nuages. Après quand on est masochiste.

La minute culinaire et honnêteté

Histoire de te remettre de ces 24h, t'es allé au marché déjeuner. Et quoi, en pleine rue, du ceviche. T'en as pris 2 fois. Du poisson cru dans la rue dans un village perdu dans la montagne, si tu choppes pas un truc... Mais non, t'as rien à craindre après ta cure, intouchable.

Depuis l'Equateur, tu voulais essayer le cuy. Le Pérou, pays du cuy, ça devrait être facile à trouver. Ton patron d'hôtel demande à son fils à te déposer à un bouiboui à un km de là. T'es le seul client. En même temps que tu discutes avec la patronne et ces filles de 9 et 16 ans, tu goûtes au plat typique de Huancacamba, du cuy avec des patates bouillies. Et bien, c'est tellement bon que t'en as recommandé une 2eme fois. Au moment de payer, ça te paraît super cher mais comme t'en as pris 2 fois... Tu repars en moto taxi à ton hôtel. 20 minutes plus tard, on cogne à ta porte. Bizarre. La mère a envoyé à pieds de nuit (il est 20h30) les 2 gamines, car elle s'est trompée dans l'addition pour te rendre la différence. No comment. Ah oui, au fait le cuy, vous en avez peut-être chez vous dans une cage. C'est du cochon d'inde. Guy, tu passeras le bonjour à tes nièces et leur cuy...

Ricardo, toujours aussi con malgré 2 séances de cure

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Direction la ville de Chachapoyas (Chachas pour les intimes). On va passer sur les 12h de transport mais c'est pour dire que tu as vu la route que t'avais prise de nuit pour venir. Ame sensible s’abstenir, route super étroite avec des précipices et sans l'option barrière de sécurité. L'avantage de rouler de nuit est que tu ne vois pas à côté de quoi tu roules.. Tu découvres que t'es passé par des plantations de café et ils font sécher le café sur des bâches en bord de route. L’arrière gout 'pot d’échappement' du café péruvien provient de cette technique se séchage. Dans la vallée tu passes par différentes ambiances, des rizières, des montagnes pelées qu'avec des cactus et épineux, et pendant 60 km tu roules au fond d'une vallée encaissée, les paysages sont sublimes. J'ai pas de photos, ça vous obligera à venir.

Chachas est un ville coloniale, sa grande place est entourée que de maisons blanches à 2 étages avec des portes et volets en bois. Et un monde... après 4 jours perdus, ça fait un choc de voir autant de monde déambuler. Les flics ont des casques coloniaux et des gilets fluo. Les mamies qui attendent leur pension à la banque n'ont plus de chapeau de cow-boys mais juste une pièce de tissu blanc.

Ah oui, dans la vie tout se paye, en particulier le ceviche mangé dans la rue...

Un petit conseil, n'allez jamais chez le coiffeur au moment d'un match de foot, le gars passe plus de temps à regarder le match que ta tête. Encore heureux qu'il y a pas eu de but sinon t’étais bon pour une balafre;

Comprends pas ! Comprends vraiment pas ! T'es dans le coin du peuple des nuages et t'as jamais eu autant de ciel bleu (faut pas s'emballer non plus). Trop fort ce maestro. Il a juste oublier de te dire que pour pas avoir mal au genou, il fallait éviter de marcher.

À une trentaine de bornes, tu peux voir Gocta, soit disant la 3eme cascade la plus haute du monde, 771m. Histoire de te reposer et n'avoir rien à gérer, t'as décidé d'y aller avec l'agence de ta guesthouse. Encore une connerie. On est 20 dans un bus, que des allemands de 20 ans qui restent entre eux et des familles locales avec des gamins (t'as rien contre les gamins sauf à Cuba) et on arrive super tard sur le site.

Impossible de s'entendre dans le bus tellement les trompettes jouent fort... Vu qu'il y a plusieurs heures de marche, t'es allé voir la guide pour lui dire que tu vas y aller en solo. Tu veux monter jusqu'au sommet de la cascade et si tu restes avec le groupe, c'est totalement impossible. Tu lui as même dit de ne pas t'attendre, si t'étais pas de retour à 16h, le bus pouvait partir sans toi. Pointure tu es en transport péruvien.

771m de haut, gros pipeau, la cascade est en fait 2 grandes cascades. Qu'est ce ce qu'il faut pas inventer pour faire venir le touriste. Le volume d'eau est tellement faible que t'as l'impression d'être en slow motion quand tu regardes l'eau tomber. Tu t'es tapé la montée jusqu'à la chute la plus haute, effectivement ça monte sec et tu peux même pas accéder au bord. Gabriel, Kinnary, ok vous aviez pas le niveau pour triple point mais là au moins sur la première cascade vous pourriez y arriver. Mais rien de comparable avec la chute de Salto Angel. Comme vous pouvez le voir sur les photos, c'est totalement indispensable de se balader en montagne avec ses quilles de jonglage. Peut être qu'il fait des vidéos devant chaque cascade en train de jongler. Et puis comme d'hab, si t'as pas ton chien c'est que t'as raté ton trek.

Tu peux faire aussi des treks pour rejoindre le site inca de Kuelap sinon c'est une sortie à la journée en all inclusive. Tu viens de donner pour la cascade, c'est suffisant pour l'année. Tu fais le tour de toutes les agences en ville, plus d'une dizaine, elles ont toutes les mêmes circuits à la journée. C'est incroyable ce nivellement par la facilité. Coup de pot, t'as une agence qui propose 4 jours dont 1,5 jours de trek et on est 2 pimpims. A suivre...

Ricardo, mesureur de cascades

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Yo,

Alors, à l'agence, t'as bien précisé tu ne faisais pas le circuit si t'etais en solo avec le guide. C'est le deal.

Tu te pointes à l'agence le matin, ça commence fort. L'autre personne ne te rejoint sur le trek que demain alors qu'elle démarrait avec toi, bizarre de bizarre. Aujourd'hui, c'était prévu, c'est plus une journée de visite. Le gars te dit que tu vas aller avec 14 autres personnes pour cette journée. Ahah, même pas en rêve. Les 14 personnes, il les met dans un charter et les envoi où il veut mais au prix où t'as payé, jamais. Finalement on sera 3 et t'auras jamais vu le bus des 14 sur les sites. Est-ce qu'il a essayé de te refourguer sur un autre truc?

L'idée est d'aller, dans un premier temps, voir la cité des morts. 2 heures de bagnole sur une piste en haut des montagnes puis 1,5 km de descente à pieds pour rejoindre la cité. Les 2 autres, des péruviens un peu rondouillard de Lima ont oublié leur condition physique à la maison. Un des gars est même en pantalons et chaussures de ville. Rien que la descente a été une galère pour lui. La cité des morts des chachapoyas, en fait les quelques ruines restantes, sont à flanc d'une paroi rocheuse. Soit tu faisais parti du tout venant et ta momie (ouais, à l'époque ça momifiait à tout va) était mise avec les autres dans un trou creusé dans la roche. Soit t'étais d'une famille aisée et il y avait des pièces réservées pour la famille. Et puis, si t'étais un ponte genre politicard, là le graal, t'avais le droit à ton propre sarcophage. Si on ramenait ça à aujourd'hui, t'aurais plein de momies en gilet jaune entassées dans une caverne, une maison avec un avion de chasse comme symbole, une autre avec un shampoing qui le vaut bien et une autre avec un tailleur Channel pour les grandes familles et enfin un petit sarcophage 'en marche'.

Impossible de s'approcher car t'as de grandes chances de te retrouver 50m plus bas. Et vu ta catégorie social, t'auras tout juste le droit à la grotte commune.

Et donc tu vas sur un autre site, Karajia, où tu peux voir 6 sarcophages de près de 2m de haut qui sont encore en très et bon état avec leur peinture. Ils sont dans un renfoncement rocheux au milieu d'une paroi inaccessible. A l'intérieur il y aurait encore les momies et des objets qu'ils emportaient dans leur prochaine vie. Les mecs à l'intérieur c'est pas le locdu du coin. Pour avoir le droit d'être dans ce type de sarcophage, c'est le niveau Napoléon ou Jules Cesar. Ils ont jamais trouvé d'autres sarcophages aussi grand dans toute la région.

Les 2 péruviens sont répartis avec la bagnole en ville et toi t'es resté dans un minuscule village, Cohechan avec ton guide qui s'appelle... Ricardo.

Parlons du guide, t'as l'impression que c'est le gars qui a perdu à la courte paille et qui est puni. Faut le voir marcher la tête basse, les bras ballants le long du corps, il porterait une croix, ça serait pareil.

Gros défi, des arbustes sont tombés dsur le chemin,  

On dort chez l'habitant. Il t'a montré ta cellule de prison et puis il s'est enfermé dans la sienne. Il doit avoir 22 ans, tu sens que guide, c'est pas passion et en plus il a l'air mal à l'aise. Tu sens le plan foireux arriver.

Ils ont des façades de maisons particulières. Très peu de fenêtres mais à l'étage une porte qui donne sur un balcon de 30 cm de profondeur.

Dans toute la région, c'est une semaine de fête. 20h, branle bas le combat. Tous les enfants sont dans la rue en tenant des lampions multicolores en forme d'étoile, d'avion, d'oiseau... Et tout le monde défile. Il y a même une fanfare, il manque juste le chef des majorettes de Bernay. Une fois le tour du village effectué, direction le terrain de sport, en fait la place la plus grande du village où tout le monde s'installe sur des gradins. T'as de mecs au micro qu'essayent de raconter leur vie mais la fanfare en a rien à foutre, elle continue son show. Au bout de 20 minutes de bordel, tout rentre en ordre, on a le droit à l'hymne national puis tu réalises qu'en fait c'est la kermesse. Chaque classe d'enfants danse. Les gamins sont en t-shirt, toi t'as 3 couches et tu te pèles. T'as plié les gaules avant la fin.

5h du matin, ça pète de partout, guerre civile ?

Non et en plus tu entends la fanfare. Putain, les gars, il fait encore nuit. T'as une dizaine de personnes qui dansent au son de la fanfare qui connaît que deux morceaux. Et vos pétards, ils sont homologués? Ils font quasiment trembler les murs.

Tu te recouches, le son de la fanfare s'atténue au fur et à mesure, ils ont du aller dans un autre coin du village.

6h, rebelote ! C'est comme avec le maestro, toutes les heures y a un truc ?

7h, petit dej, la dame te demande si tu veux une truite, un steak.. Euh non merci, un bout de pain avec du fromage, ça sera parfait.

Comme tu le sentais venir, Ricardo te dit que la voiture va venir pour nous amener au départ du trek mais que l'autre personne ne vient plus. Il devait le savoir depuis le début d'où sa gêne. On appelle l'agence, tu peux annuler mais il te rembourse 1/3 du prix alors que t'as passé qu'une journée, les enculés. Ouais, là t'es énervé car ils t'ont vraiment pris pour un con. Suis certain que l'autre personne n'existait même pas d'où le fait de te faire croire qu'elle ne commençait pas le premier jour avec toi, comme ça une fois que t'es parti. C'est stupide de retourner en ville, t'as pas vraiment trop le choix mais 3 jours avec un gars qui parle pas un mot et qui mange même pas à ta table. Tu dis au revoir à la fanfare qui sévi encore et tu pars avec la bagnole. Bizarrement on repart en direction du site avec les sarcophages. Après 30 minutes de bagnole, Ricardo dit au chauffeur que c'est pas la bonne route.. Déjà que t'es énervé mais si en plus les mecs sont à la ramasse.

A un moment Ricardo te demande de regarder sur ton GPS si c'est ici qu'on lâche la bagnole pour commencer la marche...Oh putain, il est déjà venu ?

L'intérêt de cette première partie du trek est de rejoindre la vallée Huaylla Belen. Elle est très photogénique, elle doit faire 500m de large, toutes les collines autour sont couvertes de broussailles vert foncé alors que toute la vallée n'est que de l'herbe à vaches, vert très clair. Ajouter en plus une petite rivière qui serpente (serpente plus que ça, c'est pas possible) dans toute la vallée, sur photos c'est très beau. Sur photos, tu vois pas le côté marécageux qui est un peu moins sympa quand tu marches dedans.

On a du passer 2h à marcher le long de la rivière sous le regard étonné des vaches.

Ricardo a du sortir 3 phrases. Le gus s'arrête pour ramasser des mûres mais même pas il te dit qu'il y en a.

Ensuite il s'agit de prendre le chemin de Vilaya. Il est 12h30 et le panneau indique 6h de marche pour rejoindre le hameau où tu vas dormir à Congon. En gros on va arriver dans la nuit.

En cours de chemin tu peux aller voir des constructions de l'époque des chachapoyas. La montagne est remplie de ses murs arrondis.

Tiens, Ricardo s'arrête de marcher puis repart et fais un bond de côté. Hé, ho, toi le guide tu peux me dire ce qui se passe ? Ah, y avait un serpent. Et tu pourrais peut-être me prévenir au cas où. S'il y a un précipice, tu me le dis avant ou après que je sois tombé dedans ?

Tiens, il s'arrête à nouveau et ce coup-ci il te le dit pour le serpent.

Ce n'est que de la descente casse pattes pour rejoindre Congon. On est arrivé à 15h30, le jeune Ricardo est allé se coucher, le vieux Ricardo est assis sur un semblant de banc à se dorer au soleil. Oui 1/2 journée entière de beau soleil. Plus que 2 jours avec ce moulin à paroles de guide. Côté cuisine, les cuys sont en train d'attendre leur tour. Mais t'y auras pas le droit, juste des pâtes avec un bout de thon en boîte.

C'est la journée qui doit faire mal. 19km avec 1700m de dénivelé positif pour atteindre un col à plus de 3400m et ensuite 700m de dénivelé négatif.

5h de montée sans fin dans des montagnes où tu vois quasiment jamais les paysages avec un guide qui doit pleurer intérieurement et qui t'as pas sorti 3 mots. Côté plante verte, t'as de tout, du bambou, des fougères, des trucs avec des épines qui t'arrachent la peau. Je te foutrai un coup de napalm sur tout ça histoire de dégager la vue.

Arrivé au col, t'es sur les genoux. En 5h de montée on a fait une pause de 15 minutes. Le Ricardo te dit qu'il faut manger rapidement pour éviter la pluie. Euh, les nuages ce sont les mêmes depuis ce matin, non ? 1h30 plus tard on a rejoint la route où on doit prendre un transport. Il est même pas 15h. A quelle heure est le transport ? Entre 16h et 17h. Ah super on a bien fait de se dépêcher.

Ricardo a disparu sans prévenir. Bon, ok. Il revient 15 minutes plus tard avec une bouteille. 1h avant tu lui avais demandé s'il y aurait un magasin quand on aurait rejoint la route et il t'avait dit que oui. Ce connard, car faut dire ce qui est, y est allé sans te prévenir. Toute la bouffe que t'as apporté, genre biscuit, tu lui en proposes. Lui les trucs qui sont fournis par l'agence pour nous deux, il se les bouffe en douce. 'Amazon expédition', rappelez vous du nom de l'agence.

Dernière nuit au village de Kuelap, juste à côté de la forteresse. Tu dois partager la chambre avec lui. A peine arrivé il se couche et ronfle. Putain, il parle pas mais il ronfle, la totale.

Comme t'as dormi dans le village juste à côté de la forteresse, t'es le seul sur le site le matin. Kuelap est une forteresse à la base chachapoyas puis Inca quand ils sont venus mettre leur grain de sel. T'as un premier mur de défense de 20m de haut. Tu rentres par un chemin étroit dans la forteresse. Toutes les habitations (ce qui en reste) sont de forme arrondie sauf les rajouts incas qui eux plus rigoureux font dans le rectangulaire. Tu dois marcher sur des pontons de bois et suivre le seul chemin autorisé pour déambuler dans la forteresse. En fait, c'est plus un village fortifié qu'une forteresse. Si t'étais une pointure militaire, une ligne sur le mur de ta maison représentait les yeux du jaguar, t'étais un médecin, c'était le serpent. C'est étonnant comme depuis très longtemps le serpent est associé à la médecine. La forteresse était réservée de toute façon qu'au gratin chachapoyas.

Il reste une maison en assez bon état et tu peux voir le puit central où il conservait le grain et plus marrant, un délimitation avec des pierres où il conservait les cuys. Et histoire de rajouter une petite touche animal, t'as 3 lamas qui trainassent.

Sur les photos, t'as essayé de pas rater les nuages en arrière plan.

Alors pour ceux qui aiment les pierres, une fois arrivé au pied de la montagne, vous avez 3 possibilités pour rejoindre la forteresse qui est à 1200m d'altitude au dessus de vous :

- tu te dis, c'est un site exceptionnel qui doit se mériter et tu te tapes les 9 km de montée, et ça monte !

- tu te dis, 6 mois à faire du gras et picoler des bières, il est temps de se bouger les fesses et tu te tapes la montée

- tu te dis, ils sont vraiment cons les deux autres gars, tu prends le téléphérique et tu picoles des bières en les attendant.

Toi, t'es redescendu par le chemin, t'as croisé personne qui avait choisi l'option 1 ou 2.

Arrivée en bas sur la route il est temps de rentrer en ville. Plusieurs taxis et collectivos qui passent nous font signe mais non, on les dédaigne. Au bout de 15 minutes tu demandes à la grande muette ce qu'on attend. Une voiture en particulier, un carrosse peut-être ? Pas compris la réponse mais du coup on est monté dans le taxi suivant.

Cerise sur le gâteau, le premier jour t'avais laissé au chauffeur de l'agence des trucs pour qu'il les ramène à l'agence et les laisse sur ton sac. A ton retour, 4 jours plus tard, rien. Finalement, après avoir insisté, les gars contactent le chauffeur qui dit que c'est pas vrai.

Bon, ben y a plus qu'à les pourrir sur internet

Ricardo, hater sur internet


Alors en vrac, la gendarmette, le tetris péruvien, quand un menuisier a oublié de se mettre d'accord avec le plombier, une future garagiste, flyer office du tourisme et un monochrome.

21

12h de bus de nuit pour rejoindre la ville de Trujillo. 9h du matin, la brume glaciale du pacifique te souhaite la bienvenue. Tu vas dormir dans une petite ville balnéaire, Huanchaco. Pas trop le genre de plage où tu mets ta serviette et tu rôtis la journée mais plutôt connue pour ses vaguelettes pour surfeurs désœuvrés, ses pélicans qui sont en vacance cette semaine et ses 'embarcations' traditionnelles de pêche faites en joncs. Tu pensais qu'elles servaient plus que pour le folklore mais vers 13h les mecs reviennent du large avec leur pêche et faut pas avoir peur. Ils ont même pas une rame, juste un morceau de bambou coupé en deux.

Chap, t'es attendu de pieds fermes. Tu vends une de tes cannes à pêche et tu peux racheter toute la flottille et t'es le nouvel amiral du coin. Mais t'es pas venu dans le coin pour parler merlan. Il y a un site archéologique classé au patrimoine mondial, Chan Chan. T'es venu pour ça. Sur la route pour rejoindre Huanchaco, le taxi t'a donné deux informations, la brume devrait se lever vers midi, bonne nouvelle, et il te montre en passant l'entrée du site de Chan Chan. Hein ? Ce terrain vague où tu viendrais même pas installer ta roulotte? T'as pas tapé 12h de bus pour ça?

13h, le soleil perce la brume, trop fort ce chauffeur de taxi, il aurait dû être maestro. Tu te décides à prendre un collectivo qui te laisse en bordure de route pour rejoindre le site. Alors, ça pique pas les yeux côté première impression?

Vous avez raison, faut pas se laisser guider par sa première impression. Alors la deuxième ? C'est vrai que ça en impose ce mur en adobe. Ça y est, vous avez acheté votre billet d'avion tellement vous êtes impressionnés.

Un kilomètre plus loin, t'arrives à l'entrée du site. C'est un site de la civilisation Chimu. En plus, 'Chimu' va choisir un nom pareil (sauf si leur sponsor s'appelait Duralex...), mais bon avant leur civilisation s'appelait 'Moche'. Pas étonnant qu'ils aient jamais gagné l'Eurovision s'ils chantent comme ils construisent et en plus avec un nom pareil.

Ok c'est en adobe donc ça tient pas la route face à de la bonne vieille pierre. Les mayas et aztèques, au moins ils faisaient dans le dur et dans l'impressionnant. Ici, ils ont du mettre des toits en taule pour protéger les derniers vestiges, quelques reliefs en forme d'écureuils, de poissons...

T'es à l'heure de pointe, on doit être 5 sur le site. S'ils veulent développer le tourisme, va falloir se bouger un peu. Pas compliquer, tu fais appel à Bouygues, tu rases tout, une belle dalle de béton, un leader price, un Campanille, tu creuses un bassin, tu choppes 2-3 baleines au large et ça y est, c'est parti ! Après si les péruviens préfèrent jouer de la flûte en poncho en chantant 'el condor passa'...

Tu pensais aller (ou pas) au musée du site mais le lundi c'est repos, c'est balo...

Bon, je sais pas si ça ressent derrière cette couche d'ironie et de cynisme mais t'es pas super convaincu. Mais t'as croisé un gars il y a quelques jours qui lui est un accroc des vieilles pierres et qui t'avait dit Chan Chan, bof, va plutôt à Huaca del sol y de la luna.

Bon soldat, tu t'y es pointé. Déjà le Huaca del sol est pas accessible car ils ont pas de pognon pour restaurer le site donc ça sera la Luna en forme de pyramide. Sur ce site, tu dois avoir un guide obligatoire. La guide commence par dire que c'est la 5ème fois qu'elle fait guide aujourd'hui et ça fait beaucoup. Ah ouais, tu sais motiver tes visiteurs, toi.


Mais finalement c'est super intéressant, tu passes d'un paquet de briques empilées à une histoire. Ce site n'est qu'une toute petite partie de l'ancienne cité Moche. Et ils pensent qu'il servait aux sacrifices. Les Moches étaient des habitués du sacrifice par décapitation. Pas étonnant quand tu t'appelles Moche qu'on te dézingue la tête. Tout ça pour apaiser leur dieu. Mais selon la guide, qui vivait déjà à cette époque, malgré les sacrifices, ils ont eu des années de pluie et se sont dit que ça servait à rien d'adorer des dieux qui étaient pas foutu de faire apparaître le soleil et ont lâché l'affaire. Ils se sont dit 'Moche' tout le monde se fout de notre gueule avec notre nom, quitte à changer, on change tout. Ils ont pensé à 'Michou' mais c'était déjà pris par un baltringue toujours habillé en bleu et ont choisi 'Chimu. Et ils sont partis 15 bornes plus loin construire le site de Chan Chan.

Alors tout ce que je vous raconte, c'est pas écrit dans le marbre, tout n'a pas été vérifié, en particulier concernant le fameux 'Michou' qui aurait quitté le Pérou pour monter une affaire à Lutèce.

Revenons au site, le plus impressionnant sont les 'fresques peintes'. D'après la guide, qui je vous rappelle faisait déjà des visites du site à cette époque, en fait, il y a plusieurs 'couches' superposées qui ont été rajoutées par les nouvelles générations de Moche. En fait, un Moche peut en cacher un autre. Tu peux voir plusieurs tunnels creusés dans la pyramide, ce sont les pilleurs de tombe. Les archéologues ont retrouvé dans ces tunnels des journaux qui dataient de 1890. Au Pérou, des journaux en 1890???

En tout cas, si vous avez un peu de temps entre 2 bus, choisissez sans hésitation Huaca de la luna.

Vincent, plutôt que de chercher des cuillères avec fiston avec ton détecteur de métaux, tu viens ici. T'as tout un site qui a jamais été exploré. Tu viens le soir en douce et qui sais bingo. Les prisons péruviennes ? Euh, connais pas... Au pire, je t'apporterais des oranges.

Ricardo, actionnaire Bouygues

22

Huarraz, c'est un peu le Kathmandu du Pérou, principal point de départ pour faire des treks et ascencions de sommets de plus de 6000m.

La ville, à 3000m d'altitude, est dans une petite cuvette entourée de montagnes dont les sommets sont couverts de neige. Et incroyable, que du grand ciel bleu ! Enfin, un paysage qui pique les yeux.

Huarraz, tu t'attendais à une ville moche sans âme et non, autour du marché, tu as toutes les petites mamies qui viennent vendre le produit de leur jardin, des vendeuses de fromage, et à 200m des rues marchandes plus modernes.

T'es bien sûr venu pour faire des treks et il doit bien y avoir 30 agences en ville. Le prix va du simple ou double mais le plus compliqué est de trouver des dates de départ. On est en plein début de la saison touristique et c'est très calme. T'as laissé tomber l'idée de faire les 8 jours de treks en solo en portant tout, ton genou gauche a annoncé qui ferait grève dans ce cas.

Petit problème logistique, un coup de vent et tes chaussettes de trek ont fini sur un toit 10m plus bas. Impossible de les récupérer, t'as fait toutes les boutiques de la ville, apparemment, ils savent pas que ça existe au dessus de la taille 43.

C'est parti pour 8 jours pour faire en trek le tour de la cordillère Huayhuash. On est 8, 2 allemands, 1 australienne et 4 israéliens, le plus vieux à 24 ans à part toi bien sûr. Le premier qui t'appelle papy...

Histoire de passer pour un charlot, t'es arrivé dans le minibus en short et sandales alors qu'ils sont tous en grosses chaussures de marche et tenue de trek. C'est vrai que pour passer 5h dans un bus, c'est important les grosses chaussures. Ça fait longtemps que t'as pas été dans un groupe, espérons qu'il y aura un boulet et qui s'appelle pas Ricardo.

Le guide ? Le mec qui est assis à l'avant sans jamais nous avoir parler ? Ouais ça doit être le guide. A un arrêt, tu lui as demandé comment il s'appelle du coup il t'a demandé ton nom. Mais pas sûr qu'au bout des 8 jours il connait le nom de 7 autres.

La route serpente entre les collines couvertes d'herbes sèches et au loin surgissent les pics enneigés avec en arrière plan du bleu, du bleu, du bleu..

Ricardo blue sky

23

Matin du premier jour, lever à 6h pour petit dej 6h30. Le camp est à 4100m d'altitude, tout le monde a mal dormi. T'ouvres ta tente, putain, c'est couvert.

Il y a 2 autres groupes, le premier est avec une agence mais 2 clients sont malades donc ça va être compliqué pour eux et sinon t'as 4 nanas de 20 ans qui le font en autonome.

Ce premier jour, on doit passer 2 cols à plus 4700m et le guide part d'entrée super vite. En plus pas le temps de se chauffer, ça monte direct depuis le camp. Ça va permettre de voir s'il y a un boulet. La vache, ils galopent tous sauf une. Sinon t'étais le boulet à traîner. Mal de crâne, des cernes monstrueux, elle se traîne, la pauvre.

On est vraiment dans un environnent minéral, pas un machin vert avec des feuilles pour te gêner la vue. Seul gros hic, les nuages gris de plus en plus nombreux. Arrivé au premier col, t'espères que la vue sera plus dégagée de l'autre côté, que dal. En plus, on s'est pelé à attendre le mal au crâne. Dire qu'il faut redescendre dans la vallée, la traverser et se retaper la montée pour l'autre col. Toi qui au début pensait faire le trek en autonome avec tout le matos, euh, pas sûr que tu finissais la journée.

Tiens, il commence à tomber quelques gouttes. Tu vois le guide, Binder, oui il s'appelle Binder, mettre la protection pluie sur son sac. C'est mauvais signe. T'es le seul à avoir apporter un poncho, on a pris une ramasse. Du haut du 2eme col t'as une vue sur un glacier qui s'arrête à quelques centaines de mètres du lac Carhuacocha. Une vue, en partie seulement.

On est surplombé par plusieurs 6000m couverts de neige et au mieux tu les as vu 5 secondes. Toute la chaîne de montagnes est couverte de nuages. T'as proposé de sacrifier le plus jeune en le jetant dans le lac.

Le soir, c'est dîner dans la tente principale à 18h30, beaucoup trop froid pour rester dehors. 19h30 tout le monde est couché, folle ambiance. Tu partages ta tente avec un allemand, il se sera lavé ou changé une fois de tout le circuit. Et après on dit que les français sont sales.

Le lendemain matin, pas mieux, du gris, du gris et encore du gris. C'est encore parti pour 8h de marche. Le boulet va pas mieux mais son mec dit que son mal de crâne n'est pas lié à l'altitude.

On marche prés de petites 'fermes', en gros une petite baraque faite de pierre, un toit en herbe séchée et un enclos fait de pierre pour garder les moutons, pas plus, pas moins. Pas prêt d'avoir Netflix dans le coin.

Cette journée, on passe par 3 lacs dont un couleur turquoise. Le deuxième est juste en dessous d'un glacier et toutes les 10 minutes de la neige/glace se décroche pour finir dans le lac. Bon, on verra jamais les sommets. Par contre on va prendre de la pluie, puis de la grêle. L'australienne est contente, c'est la première fois de sa vie qu'elle voit de la grêle. Ouais, super !!


Le guide comprend pas, il a jamais eu ce temps à cette époque, c'est censé être la meilleure période. Il a même pas amené ses affaires de pluie.

Le lendemain, grosse montée pour taper un col à 5000m. De là, une superbe vue sur un lac couleur émeraude. Oui, ils ont tous des superbes couleurs.

Arrivé au camp, t'ouvres ta tente histoire de la faire sécher. Oui, en fait, quand on part le matin, le muletier est en train de tout empaqueter. Tu dois être le seul à l'aider à démonter la tente mess. Puis en cours de route, on voit des fusées passaient avec des bonnets d'ânes et quand on arrive au camp, les tentes sont montées. Bon, il les monte les unes à côté des autres mais surtout pas forcément sur un terrain bien plat. Comme elles sont mal tendues, la surtente touche la tente et transmet l'humidité. Du coup, c'est toi qui t'y colle pour la réorganiser histoire de pas dormir dans un environnement humide à 4000m.

Arrivé à 14h au camp, du soleil, donc t'ouvres grand la tente. 30 minutes plus tard de la pluie.. Quand ça veut pas. On se met tous dans la tente mess et on bulle. Quand on ressort de la tente mess, tout est recouvert de neige. La vache, chaque jour c'est de pire en pire. L'australienne est super contente, elle voit pas de la neige tous les jours dans son pays.

Demain c'est le col de San Antonio, c'est de là que la vue est la plus belle mais si c'est nuageux, on essayera même pas la montée. Faut dégager la neige de la tente et à 20h tout le monde est couché.

Lendemain, tu ouvres anxieusement ta tente et incroyable pour la première fois, pas le moindre nuage. Toutes les montagnes autour de nous sont recouvertes d'une fine couche de neige. Seul hic, le guide est malade, mal à la gorge et n'est pas très motivé pour se taper les 1h30 de montée puis les 3h de descente de l'autre côté du col et ensuite les 5h de marche jusqu'au camp. On est parti quand même et d'entrée ça monte sans zigzags, t'en baves grave. Le boulet qui était parti devant s'est arrêté au bout de 2 minutes. On monte dans une sorte de goulet avec de la neige et de la glace. Certains sont en chaussure de trail et ils galopent devant. Toi avec tes grosses chaussures de trek, t'as froid au pieds, mais comment font les autres ? La montée est sans fin mais quel vue au col. Toute la chaîne des huayhuash est dégagée. Le guide est arrivé après puis beaucoup plus tard le boulet et son compagnon.

Maintenant faut se retaper la descente jusqu'au lac couleur émeraude Juraucocha. Et là, on s'est pas ce qui se passe mais le boulet fait sa princesse. Elle s'arrête sans arrêt et sans raison. Les israéliens font bloc derrière elle et les autres ont en un peu marre de son comportement. En plus, ils passent leur temps à parler entre eux en hébreux et dès que les 2 allemands parlent dans leur langue, ils leurs demandent de parler en anglais.

En plus le guide nous a pipeauté sur les durées. Comme il était pas motivé pour passer par le col, il a essayé de nous décourager pour qu'on passe par la vallée. Du coup à 15h, on est au seul village du coin, Huayllapa, où on dort sur le terrain de foot. On est à 3500m, ça doit être la seule vraie nuit que t'as passé.

Côté bouffe, c'est plutôt simple mais bon et varié mais quand on croise d'autres camps, en comparaison on est dans la version cheap. 300 euros pour 8 jours, tu peux pas demander du cochon d'Inde à manger. Côté guide, c'est cheap aussi. Chaque soir on a le droit à 30 secondes de briefing. Quand tu lui demandes une carte, que dal, il a tout dans la tête, super.

Nouvelle journée avec un grand ciel bleu. On remonte l'autre côté de la montagne de la veille mais malheureusement on ne voit plus l'ensemble des pics enneigés. T'es parti pour la première fois en sandales. Le matin, à 7h, il fait frais entre les doigts de pieds mais ensuite t'as l'impression de voler sur le chemin même si on se tape 1200m de dénivelé. La balade est sympa mais ça pique pas les yeux comme aux premiers jours. Comme dhab, on passe notre temps à attendre 3 des israéliens qui ont en rien à foutre. A ce propos l'un d'eux voyage avec un boîtier satellite qui lui permet d'envoyer des messages. Dès qu'il est hors connexion internet, il doit envoyer un message par satellite à ses parents, le petit.

Ça s'améliore pas, le muletier a choisi de monter le camp au milieu d'un terrain humide, résultat, à 4600m, camp Gashpapampa, on est harcelé par des sortes de taon. L'eau a un goût dégueulasse et on apprendra le lendemain par un autre groupe, qu'il y avait un accès à de l'eau à quelques mètres de nous alors que le 'guide' nous a rien dit.

Autant dire que la nuit glacée à 4600m t'as pas permis de faire des rêves. Ouais, pour rêver faut dormir...

Lendemain matin, grand ciel bleu mais glacial. Tout a givré pendant la dernière nuit. On passera notre temps à attendre la boulette israélien. Même quand le guide dit qu'il faut repartir, elle en a rien à foutre.

Mais quelle vue sur toute la chaîne, les sommets enneigés, le glacier, des lacs de différentes couleur, même les montagnes ont des 'traces' de différentes couleurs. C'est dans ce coin où tu peux voir des condors. Ouais, mais de loin, le condor, c'est pas le genre de piaf à poser pour des selfies donc tu vois un gros point noir avec des ailes. Mais comme le guide dit que c'est un condor. Grosse descente pour rejoindre le lac Jahuacocha où se trouve le camp. T'es toujours en sandales mais gros problème, les semelles sont lisses donc ça glisse dans les descentes. Gabriel, demande à Décathlon de relancer le modèle.

14h, certains jouent au foot, on est quand même à 4100m d'altitude (Bruno, c'est pas un vrai terrain de foot, juste un coin herbeux à peu près plat). En tant que champion du monde, tu t'abaisses pas à jouer avec les 2èmes divisions.

Le camp est au bord d'une rivière, histoire d'enlever la couche de poussière, t'as fait trempette 10 secondes dans la rivière, ouais 10 secondes c'est largement suffisant vu la température de l'eau.

Dernière demi journée de marche avec son col journalier à passer et l'attente des boulets.

En fait, si t'avais pris 8 jours de nuages et de pluie, t'aurais refait le trek tellement c'est exceptionnel.

Sincèrement, ça pique les yeux.

Ricardo plein les yeux

Vue des toilettes 
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Histoire de faire un break entre 2 treks tu as décidé de faire une sortir à la journée au lac Paron. Impossible d'y aller en solo car pas de transports donc tu passes par une agence. En fait, t'as pas trop cherché les informations. Résultat, le minibus arrive, t'es le seul en tenue de marche. Putain t'as du te gourer, y a même une mamie qui a du mal à descendre du bus. T'as près de 4h de transport juste pour y aller et 2h30 sur place. Et t'as le droit à la totale comme un arrêt de 30 minutes devant le meilleur glacier du bled (une glace à 9h du matin... Et ils ont en tous acheté). Ensuite t'as le droit à un stop de 5 minutes pour faire la photo du Huazcaran, le plus haut sommet du Pérou, pile face au soleil.

T'as une famille de chinois dans le minibus, le fiston a du faire 200 photos juste sur le trajet aller. Peut être un repérage pour ouvrir une chaîne de restaurants.

A deux doigts d'avoir le guide avec son petit drapeau pour pas qu'on le perde.

Finalement, on arrive et là tout le monde fait un waouh de surprise. Le lac est d'une couleur turquoise incroyable. C'est le plus grand lac de la région. Il est entouré de de sommets enneigés. Un vent glacial à décorner Bernadette Chirac. Comme activité, tu peux faire de la barque, ouais tu dois faire 100m sur le lac et tu reviens frigorifié, le kayak t'as même pas imaginé sans combi grand froid. Vu le zef, ils pourraient monter un business de kite surf.

T'as le droit à 2h30 de perm avant de te retaper le retour, beaucoup trop court pour pouvoir faire le tour du lac. Ça fait près de 8h de trajet pour 2h30 sur place

Le truc vraiment inquiétant, c'est que de gros nuages sont en train de se pointer et ont pas l'intention de vouloir se barrer et demain tu pars pour 4 jours dans la cordillère blanche.

Au retour, on change pas une équipe qui gagne, un petit arrêt devant le magasin de biscuits.

Ricardo à nouveau all inclusive

25

Yo,

Histoire d'être intelligent (comme d'hab), t'as choisi l'agence la moins cher pour faire le trek de Santa Cruz de 4 jours dans la cordillère blanche. Résultat t'as ce pourquoi tu payes.

D'abord l'équipe : On est 12, 3 brésiliens d'un certain age, 3 français, 1 rosebeef, 1 mangeur de pâte, 2 israéliens (père et fils) et 1 couple franco-péruvien. Déjà la péruvienne est en chaussure style sneaker, Jean's et chemisier. Oui, pour aller taper du 4700m... La plupart sont partis du principe qu'il allait faire beau donc pas de vêtements de pluie. Un des français, plus lourd que lui pas possible, grande gueule, vulgaire, il porte même pas de sac à la journée alors il tape des trucs à tout le monde. Autant sur le trek précédent t'étais qu'avec des jeunots autant là, t'es dans la moyenne d'âge.

5h de bus pour rejoindre le point de départ. Ça commence mal, le muletier refuse de prendre certains sacs. Un merdier d'entrée, du coup le guide porte un des sacs, un des français se retrouve aussi à porter son sac qui contient toutes ses affaires pour le trek. Ils ont quasiment aucun sac de protection pour la pluie. Toi, t'as insisté pour que ton sac soit dans un sac de protection alors que le guide dit qu'il va pas pleuvoir. Le muletier range d'abord les tentes sans les sacs et ensuite les sacs de couchage.

Histoire d'agrémenter le trek, t'as rapporté un fromage et une bouteille de pisco, t'es le seul.

On commence par une petite pluie de bienvenue, on va croiser les doigts. Oui, tu vois absolument aucun sommet. On a pas marché 30 minutes sur de la descente tranquille qu'on fait déjà une pause. Ça pue grave. Surtout que le circuit est beaucoup plus facile que celui de Huayhuash.

30 minutes plus tard, un des israéliens râle pour avoir une pause. Du coup, un premier groupe guidé par la cuisinière part devant. Et la vache, elle galope (ça aide d'avoir des mollets aussi larges que les cuisses), on doit être 4 à la suivre. Et le reste marche avec le guide. On marche dans une vallée quasiment à plat et certains ont du mal.

Côté paysage, pour l'instant, sans aucune mesure par rapport à Huayhuash, t'as même pas sorti l'appareil photo. On aura dû marcher 3h pour cette première journée et certains sont crevés et beaucoup sont inquiets du lendemain car c'est la journée 'difficile', on doit passer un col à 4700m. Ça promet. Les brésiliens sont frigorifiés dans la tente mess, pas l'habitude de cette température chez eux.

Lendemain, ciel super gris. En fait, la montée au col est assez tranquille. Le seul problème, on a fait que prendre de la pluie, de la neige et de la grêle, le tout pendant les 6h. Le boulet de français qui veut marcher devant parfois ne trouve pas le chemin et gueule pour savoir où est le guide. Ben, le guide attend dans les nuages, ceux qui vont lentement pour pas qu'ils se perdent. Et si tu marches devant t'as qu'à suivre les crottes d'âne, tu devrais les reconnaître, t'es de la même famille... Descente dans la neige et sur des sentiers transformés en ruisseau. Le gros bœuf sans sac, a rien pour se protéger de la pluie. Finalement on arrive avec la cuisinière à 13h. Les ânes arrivent une heure plus tard. Ça change de la semaine dernière où t'arrivais les tentes montées.

Comme elles ont été pliées trempées, tu la montes trempée. Une bâche plastique pour poser la tente ? Ahah, t'es en version cheap. Sioux, dans ton sac, t'as en plus un sac étanche où t'as tes affaires principales comme le duvet sinon tu serais comme les autres, essayant de faire sécher désespérément leur duvet. Une des surtentes est déchirée, donc ils ont des flaques dans leur tente. C'est la Bérézina totale. Côté visibilité, ahaha.

Le soir dans la tente mess, ils sont tous près à rentrer demain et faire sauter une journée. Certains râlent qu'on leur a pas dit qu'en montagne on pouvait avoir un temps pourri. Incroyable ! Tous les locaux ne comprennent pas comment on peut avoir un temps aussi pourri en cette saison. Euh.. T'as une petite idée.

Le couple franco péruvien fait 3 jours au lieu de 4 donc demain, ils doivent se démerder pour porter leur sac et ensuite prendre un collectivo. Super pour eux, du grand n'importe quoi.

Ah oui, un des intérêts de la cordillère blanche est de voir 2 montagnes particulières, l'Artesonraju, c'est la montagne que l'on voit en début des films de la Paramount, celle avec les étoiles autour, et l'Alpamayo, soit disant la plus belle montagne du monde. On doit voir ses 2 montagnes dans le cadre d'un détour demain, si le temps le permet, inchallah. Tout le monde va se coucher dégouté dans sa tente humide voir trempée pour certains.

Nuit compliquée. Oui sinon c'est pas rigolo. Il y a 2 cons de chiens, gentils comme tout, qui ont fait qu'aboyer toute la nuit.

Lendemain matin, grand ciel bleu. Tout le monde a le sourire, sinon c'était retour direct à Huaraz. Du coup c'est parti pour faire le détour et monter au lac Arhuaycocha où se trouve le camp de base de ceux qui font l'ascension de l'Alpamayo. Manque de pot, le côté où on est ne permet pas de voir la face de l'Alpamayo qui l'a rendu célèbre. De même, la fameuse montagne 'Paramount' est de profile mais elle reste sacrément impressionnant. Donc c'est un peu la loose. Mais on a du ciel bleu et un peu de soleil. Faut pas trop s'en vanter car des gros nuages arrivent vite. Les groupes qui arrivent après nous verront pas les sommets.

Paramount 
Alpamayo 

Côté dream team, le père israélien arrête pas de se plaindre, ne comprend rien au circuit et veut remettre en question à chaque fois les horaires. A l'écouter, on partirait le matin à 10h.

Côté gros boulet français, c'est le festival. En plus, le mec a la tronche de JC dans 'caméra café'. Il part sans bouteille de flotte et va taper les gens trop gentils pour l'envoyer bouler. Il a bien compris que ça passait pas à avec toi.

De la famille du boulet français... 

On peut dire ce qu'on veut des chinois mais voilà un bel exemple. Il y a 3 chinois avec une agence qui ont leur camp à côté du notre. Ils sont luxes, ils ont même la tente chiotte. Un des gars passent devant nos tentes, se racle la gorge est crache devant nos tentes. Putain, il est pas prêt de repasser vu comme il s'est fait pourrir.

Oh galère !! T'es sur un rocher en train d'écrire ce bout de mail en fin d'après midi quand tu vois débarquer les 2 cons de chiens qui ont foutu le bordel la nuit précédente. Ah ils sont gentils, ils font des mamours mais s'ils recommencent cette nuit, tu commandes du chien au petit dej. A moins que ça soit le repas des chinois.

Dernier jour , 3 h de marche en descente pour rejoindre Huacapampa, coté vue, c'est la partie la moins intéressante, coté soleil, c'est notre meilleur jour.

Tout le monde parle de la laguna 69 qu'il faut voir. Elle est juste dans la cordillère blanche, là où tu vois dans l’après midi les nuages qui sont en train de revenir. Se lever à 4h30 pour plus de 4h de bus aller pour se prendre de la flotte et se retaper 4h de bus, mouais, ca sera la prochaine fois.

Ricardo, overdose de boulets

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Yo,

Bye-bye Huaraz et ses montagnes, direction l'océan. Plus de 8h de bus pour rejoindre Lima et ses bouchons et sauter dans un autre bus pour 4h30 de route afin de rejoindre Ica. A Lima, ça doit pas rigoler avec la sécurité car dans le bus t'as un gars qui monte dans le bus pour filmer tous les passagers avant que le bus démarre. Bon, t'es pas non plus dans le bus du pauvre, chaque siège a son écran comme dans avion. Ensuite à Ica, c'est taxi pour rejoindre l'oasis de Huacachica. T'es parti le matin à 8h30, t'es arrivé à destination à 23h30. Longue journée de transport.

Côté paysage, t'as vu qu'un côté de la route. Comme d'habitude, le local aime rouler les rideaux fermés. Une fois rejoint la côte, comment dire, ce n'est que du désert côtier parsemé de petites villes ou villages. Le ciel est tout le temps brumeux. Étant en hiver, tu pensais voir un ciel dégagé mais non. C'est même pas une question de nuages, c'est brumeux.

La ville d'Ica s'arrête aux portes du désert. Ensuite tu as 4 km de route pour rejoindre la minuscule oasis de Huacachina. Un petit lac de 100m de diamètre, une trentaine de palmiers et des hôtels, restos et bars. Un des bars a choisi son nom pour se passer de la clientèle chinoise.

Aucune véritable habitation pour le local, que de l'habitation à touristes. Le bled est entouré de très hautes dunes. Le matin, tu vois pas le sommet des dunes tellement il y a de la brume. Tu sens bien que t'es en hiver, il doit pas faire 10 degrés jusqu'à ce que le soleil dissipe les brumes.

Histoire de s'occuper, t'es monté en haut d'une des grandes dunes qui surplombent l'oasis, t'as un bout de plastique au mètre carré. Vu d'en haut l'oasis fait super bétonné mais en bord de lac, c'est plutôt agréable surtout pas rapport aux autres bleds péruviens non coloniaux.

Alors comme activité, tu peux faire du pédalo sur le minuscule lac, euh, t'as longtemps hésité mais non.

Sinon le truc ici est de faire du buggy dans les dunes. Tu pensais conduire, que dal, toi t'as le droit d'être le touriste de base avec 8 autres pimpims. Tu peux aussi faire du surf sur les dunes.

T'as décidé de mixer les 2 en faisant la sortie pour le coucher de soleil. La vache, t'avais l'impression que l'oasis était vide, mais à 16h des centaines de personnes arrivent de tous les côtés. Tu pars en buggy dans les dunes. T'as un buggy style Mad Max mais au couleur de Starsky & Hutch. Le mec te dit qu'il peut y avoir jusqu'à 100 buggys qui partent avec jusqu'à 13 personnes dedans. C'est pas le meilleur moment pour aller faire une balade romantique dans les dunes.

 MAd Max au Perou

Le pilote commence par nous balader en zigzaguant dans les grandes dunes. Le mec de l'agence t'avait dit qu'avec lui c'était différent, tu irais beaucoup plus loin que les autres dans le désert. Tu dois pas être si bon en espagnol car t'es dans la masse des bagnoles, t'es parti le dernier et rentré le premier. Puis c'est la pause surf. Une planche à repasser où tu frottes une bougie pour la rendre glissante. T'es allongé sur la planche, tête la première, rien ne doit dépasser de la planche. La dune n'est pas trop haute, t'es confiant et t'écoutes pas le gars qui t'avait dit de garder les pieds dans le sable pour freiner. Résultat t'arrives un peu vite en bas de la dune où tu décolles sur une petite bosse, sur le choc, tu sors un peu le coude. Bon, ben t'es un peu brûlé avec les frottements du sable. Puis il nous amène sur une dune deux fois plus haute. Ouais, ce coup, t'as utilisé les pieds pour freiner, la connerie a des limites.

Et bouquet final, t'as le droit au coucher de soleil dans le désert. Le coucher de soleil, c'est sympa quand t'es en haut d'une dune, quand t'es en bas, il se couche beaucoup plus rapidement. Si t'as déjà vu un coucher de soleil dans le désert, aucune intérêt d'y aller à 16h. Vaux mieux faire une sortie le matin quand il y a quasiment aucune bagnole.

Voilà, t'as vu Huacachina, maintenant direction Nazca et ses fameuses lignes.

Sur le pourquoi, quand, qui a fait ses lignes dans le désert, il suffit de demander à Frank, le spécialiste de Wikipedia. Sinon il doit y avoir plein de sites Web avec de la pub et différentes théories.

2h30 de bus à travers un environ désertique et montagneux parfois impressionnant. Ouais t'es dans le bus 'Cruz del sur' où t'as que du touriste vu le prix et le touriste aime avoir les rideaux ouverts pour profiter des paysages. Au fait, dans tous les bus, tu peux voir le compteur de vitesse. Si le bus dépasse les 90km/h tu peux aller te plaindre.

En bord de route, tu vois des champs de cactus. Bizarre, du San Pedro pour les chamans ? Non, les cactus sont infestés d'insectes que les paysans récupèrent pour en tirer de la teinture rouge. Débile, un bon pot de peinture industrielle cancérigène, c'est quand même plus simple.

Le problème à Nazca, c'est que les avions ont tendance à se crasher au sol régulièrement et certaines agences françaises ont enlevé cette étape de leur circuit.

Le bus arrive sur une plaine caillouteuse à perte de vue. Des panneaux indiquent ces fameuses lignes mais bien sûr, du sol, tu vois que dal sauf en haut d'une tour mais le bus ne s'arrête pas.

Ils ont construit un petit aérodrome juste pour le survol. Et c'est un sacré bordel. Imagines un jour de grève à Orly, c'est un peu le même genre. Les gars enregistrent des clients pour un vol à 7h du matin alors que la brume se lève qu'à 9h, donc forcément ça passe pas.

Pas la peine de passer trop de temps à rechercher la compagnie la plus fiable. T'avais payé à une compagnie et t'es monté dans l'avion d'une autre. Ce sont des avions 6 places donc tout le monde est bien placé.

Le vol dure 30 minutes et tu vas voir une dizaine de 'dessins'. Sur le coup, les motifs, singe, arbre, baleine, condor... semblent ridiculement petit vu d'avion. Mais faut reconnaître que les mecs qui ont fait ça sont des pointures de précision. Ils devaient vraiment avoir rien à foutre de leur journée pour faire des trucs pareils... Pour chaque motif, le pilote fait un tour dans un sens puis dans l'autre pour que tout le monde puisse voir. Du coup il penche bien les ailes et étonnement c'est le dernier motif que ton voisin n'a pas supporté et il a rempli le petit sac plastique fourni au décollage.

Côté photo, c'est à chier. Tu voyais pas l'écran dans l'avion donc t'as pris au pif. Du coup, un petit jeu concours avec les photos ci dessous. A vous de retrouver, l'araignée, le singe, la baleine, le condor, l'arbre. Y a quoi à gagner ? Un yo-yo en bois du Japon.

Nazca, un peu de verdure dans cet environnement désertique, t'as pas voulu y passer la nuit. Il te reste 6h à attendre le bus de nuit pour Arequipa donc tu sautes dans un taxi pour aller voir la nécropole de Chauchilla. C'est là où ils enterrent les corps quand les avions se crashent.. Ah ouais, ça rigole moins.

A part Kinnary, qui va gober ça.

Mais non, ils ont retrouvé tout un paquet de momies qui date de fpff au moins voir plus. Pour les dates exactes, demander à Franky Wikipedia.

Et ouais, c'est plus facile à prendre en photos, ça bouge moins

Ricardo, I believe I can fly

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Arequipa, jolie ville coloniale au pied 2 volcans, le Misti et le Chachani qui tape les 6070m. Ton côté trompette resurgit et tu cherches une véritable agence de trek sur les 200 agences de voyage de la ville pour taper du 6K. Et bien, super dur d'en trouver une qui t'y enmene. T'as 2 options possible, partir à minuit de la ville et monter jusqu'à près de 5000 en jeep et taper le sommet ou partir la veille, dormir à 5000m sous la tente et taper le sommet le matin. Qui va être capable de dormir à 5000m...en gros tu tournes dans ton sac de couchage sans te reposer. En plus, faut monter tout le matos, tente, sac de couchage et 5 litres de flotte minimum par personne...Il n'y a personne pour l'option en 1 journée et de rares départs pour les 2 jours avec une agence qu'a pas super réputation. Ils te demandent même pas si t'es acclimaté. Et dire qu'en France, on te demande un test à l'effort...

Volcan Misti - vue de l'hotel 

En attendant de trouver une solution, tu vas voir le fameux monastère de Santa Catalina construit en 1500 et des brouettes. Une petite ville à l'intérieur de la ville. Un vrai labyrinthe, les parties de cache cache ne devaient jamais finir. Tu t'attendais à des cellules austères, que neni. Les cellules sont plus grandes que ta chambre actuelle, certains ont même des fours à pizza. Y a même un bassin, où ils devaient patauger. Côté couleur, ils ont tout piqué à la France, du bleu, du blanc et du rouge. T'as même eu le droit à une pure pointure française qui voyant un cactus dans le jardin, se demandait si ça piquait vraiment et voulait poser sa main dessus. Et de la grenouille à Arequipa, t'en as à tous les coins de rue.


Comme toutes les villes coloniales, tu as la place centrale avec sa basilique, ses rues pavés piétonnières, ses bâtiments blancs, sa bergère avec sa brebis. Vous connaissez l'inca cola ? T'en trouves partout en Amérique du Sud. Alors peut être que Frank Wikipedia pourra nous dire en quelle année les incas ont inventé cette boisson. En tout cas, ils sont des précurseurs, arrivés à créer une boisson couleur pisse avec un goût 100% naturel chewing-gum-gum, respect. C'est étonnant qu'ils aient pas encore fait la peau de Red Bull.

Histoire de cocher la case 'culture', t'as tapé 3h de collectivo pour rejoindre le bled inconnu de Corire puis un taxi pour rejoindre le site de Toro Muerto. 3h de route désertique avant d'arriver dans une vallée où le vert pique les yeux. Ouais t'as entrevu le paysage à un moment où le rideau s'est entrouvert. Le coin de Toro Muerto est super aride, une petite vallée couverte de sable et de rochers. Certains rochers sont couverts de pétroglyphes. Pour ceux qui connaissent la vallée des merveilles dans l'arrière pays niçois, c'est la même décoration murale, là aussi ils ont tout piquer à la France. T'es seul sur le site, des rochers partout. Tu te balades, au bout de 10 minutes t'en as pas encore vu un avec des pétroglyphes, on t'aurait menti ? Et finalement, tu tombes sur un nid. Tous les rochers ont des pétroglyphes, certains rochers en auraient jusqu'à 150. Alors bien sûr, t'as toujours des connards qui se sont amusés à écrire leur nom sur le rocher genre 'Jacquie et Michel. '

Selon les pointures Wikipediennes, ça daterait de 500 ans avant le mec sur la croix. Bon, toi t'as eu la chance de croiser (attention, référence à une série mythique) un vieux qui traînait par là à cette époque et qui a tout vu. En fait, c'étaient les écoliers d'une classe verte qui traînaient dans le coin. Leur charrue a eu un pneu crevé (à l'époque c'est un cheval qu'a perdu un sabot). Le temps de réparer le bourrin, les gamins se sont éparpillés dans la nature et ont tagué les rochers. Car faut être réaliste, quand tu vois le niveau des dessins, t'as les mêmes accrochés sur les frigos des mamans fières de leur futur Picasso.

Allez, demain c'est le retour de la trompette...

Ricardo,

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Yo

Trompette Ricardo est de retour, histoire de se frotter au Chachani à 6070m (et accessoirement écraser le score de Bruno)

Bon, on est trois, chacun avec sa trompette, Miles Davis, Luis Armstrong et Chet Baker

Il y a un irlandais et un Luxembourgeois. Ils ont pas la trentaine et semblent en bonne condition. 3 h de piste pour rejoindre le point de départ où démarre le chemin rejoindre le camp de base. Il y a un groupe qui en revient, ils se sont pelés grave, ça promet. L'avantage, ils ont laissé tout le matos au camp de base. Toi tu trimbales ton matos à part la tente, c'est finalement pas un super avantage.

Le 4x4 nous a monté à 5200m d'altitude et le camp de base est à la même altitude. En théorie il faut 2h pour rejoindre le camp de base, on l'a fait en 45 minutes. Du coup, t'es au camp à 13h et t'as plus qu'à attendre l'heure de la soupe et les pâtes à 16h30. T'as la vue sur un volcan au loin qui toutes les 2h balancent son crachat de fumée. Mais interdiction d'y aller.

17h le soleil est caché par les montagnes, il commence à faire froid. A part aller dans ta tente. Et là tu réalises que les 2 zips de la tente et la surtente sont pétés, impossible de fermer la tente et en plus une partie est déchirée. Putain, on est quand même à 5200m d'altitude, pas le meilleur endroit pour faire une soirée tente porte ouverte. Ça n'émeut pas particulièrement le guide qui lui a sa tente en parfait état. 20 minutes d'échec plus tard, tu laisses tomber les zips. Tu utilises tes bâtons pour essayer de coincer les fermetures histoire de pas te retrouver en glaçon au matin. De 18h à 1h du matin t'as tourné dans sac de couchage sans fermer l'œil en ayant souvent l'impression de ne pas pouvoir respirer mais, va comprendre, en crevant de chaud. Les autres se sont pelés toute la nuit avec une tente fermée.

Lever à 1h avec un gros mal de crâne, rapide petit dej et départ pour l'ascension. 900m de dénivelé en 6h en théorie. Bizarre quand même cette durée.

Le guide part un peu vite, le luxembourgeois est collé juste derrière lui les mains dans les poches, ça va être la balade des gens heureux pour lui. Suit l'irlandais et tu fermes la marche. On est quasi pleine lune, on pourrait marcher sans frontale. Le guide a vu que tu traînais la patte donc il a légèrement ralenti. Dès que t'es à plus de 15m du groupe, il s'arrête, la vache la pression. Ce ne sont que des zigzags sur un chemin sablonneux. C'est ni technique ni très pentu, c'est juste l'altitude qui démonte la tête. Ah tiens, l'irlandais a un peu plus de mal. 2h plus tard le guide annonce qu'on a fait la moitié. Ah ouais, ça veut dire qu'on va arriver super tôt au sommet et on va se peler grave. 1h plus tard le guide fait une pause mais tu lui dis que tu vas marcher lentement en avant sans pause. Un peu plus tard, tu te retournes, les 2 autres sont à l'agonie. T'en as un qui tous les 50m se plie en 2 pour essayer de vider son estomac et l'autre est à peine mieux, 2 zombies. Alors les jeunes, on tient pas la distance ?

T'as eu le droit à 30 secondes de neige, ouais sinon c'est pas drôle. Les 50 derniers mètres sont couverts de pénitents histoire de se tordre la cheville. Il est 6h, le soleil est pas encore très haut, il y a un vent glacial, les 2 gars ont fait des selfis et sont redescendus à l'abri. Bon, ben t'as fait ta photo et t'es aussi redescendu. Les 2 autres sont vraiment pas bien.

Plutôt que de retaper tout le chemin, on descend dans un pierrier. Imaginez 1000m de dénivelés dans un pierrier, le régale.

Le régale, mais pas pour tout le monde 

En descendant, tu vois une nana intelligente. Elle est parti à minuit d'Arequipa donc elle a pu se reposer et ensuite a commencé à marcher vers 3h du matin. Bon, elle va pas vite mais elle va arriver vers les 11h au sommet, grand soleil, belle vue, pas froid. Et sinon, t'as trois charlots qui ont pas fermé l'œil de la nuit, qui se sont pelés dans la montée et qui sont arrivés trop tôt...

Pour les adeptes des peluches, le steak sur pattes sur les photos est une vigogne.

Ricardo, extrait du lièvre et la tortue

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Direction le canyon de Colca, le 2eme canyon le plus profond du monde mais méfiance, déjà qu'il pipeaute sur leur hauteur de cascade.

Beaucoup d'agences proposent des sorties sur 2 jours où tu dois marcher 3h par jour donc t'as décidé d'y aller en solo. Déjà c'est 6h de bus local de nuit pour rejoindre le village de Cabanaconde. C'est le principal point de départ pour descendre dans le canyon. Tu as plusieurs villages qui sont soit tout au fond du canyon soit à flanc de montagnes, ce qui est certain, c'est que tu vas bouffer du dénivelé. T'as plusieurs points de vue assez impressionnant où tu peux voir le fond du canyon, sa rivière (Chap, il paraît qu'il y a des truites mais des vraies, pas celles lâchées la veille pour les pêcheurs du dimanche. Mais en amont il y a une mine d'or et d'ici 10 ans, y aura plus de poissons... Dépêches toi de venir), sa fameuse oasis de Sangalle avec ces hospedajes avec piscine entourée de gazon coupé au millimètre. Le bleu de la rivière, le vert de l'oasis et différentes couleurs sur les flancs des montagnes, manque plus que le soleil.

T'es à plus de 3000m d'altitude et t'as plus de 1000m de dénivelé négative sur un chemin dégueulasse, plein de caillasses pour descendre au rond du canyon. Ça beau être une descente assez brutale, tu vas mettre plus de 2h pour descendre au fond du canyon est rejoindre le village de Llahuar. Alors village c'est un bien grand mot. T'as 3 maisons abandonnées et 2 hospedajes avec des bassins d'eau chaude naturelle. Ouais le coin est assez actif et parfois tu peux voir des fumées sortir de la terre avec une bonne odeur d'œuf pourri. T'as un mec qu'a d'abord construit sa piscine et ensuite qui est en train de construire son auberge, il sait attirer le chaland.

Alors, t'es à 9h15 dans le bled, ça va faire long de passer la journée entière dans un bassin en béton d'eau chaude. Donc t'as décidé de remonter un canyon perpendiculaire jusqu'au village de Fure. Remonter, c'est le mot adapté. Tu marches à flanc de montagnes sur des sentiers parfois soutenus par des empilements de pierre. Vu que t'as parfois 100m de vide dessous, t'es content que le chemin soit du made in Inca et pas made in China sinon tu finissais en bas. T'arrives enfin à Fure, une hospedaje avec 6 cabanons et vue imprenable et 20 maisons abandonnées. Depuis le début, t'as croisé 5 touristes mais ici personne. Tiens, du soleil donc tu pousses jusqu'au fond du canyon pour aller à la cascade Huaruro. Trop lent tu es. T'arrives juste quand les nuages sont de retour et t'accueillent avec quelques gouttes de pluie. Retour à Fure où tu t'installes. Ça fait 6h de marche sans la moindre pause, tu décidés de rester là pour la nuit. De toute façon t'as pas trop le choix, t'as un chat noir au yeux verts qui est venu squatter tes genoux.

Le gars qui s'occupe de l'hospedaje est un jeune argentin qui vient faire du bénévolat. La vache, perdu au bout du monde... T'avais lu que certains villages n'avaient pas l'électricité donc t'avais amené ta frontale. Ouais, les infos datent de la guerre de 100 ans. T'es vraiment dans un bled perdu où il n'y a rien et bien ils ont du WiFi. Mais pas d'eau dans la douche. Mais vu la température des quelques gouttes qui sont tombées, t'aurais juste laver entre les doigts de pieds.

Nuit fraîche, tu pars aux aurores. Tu te retapes la redescente et ce coup-ci tu es de l'autre côté du canyon. Tu vois très très haut à flanc de montagne une piste qui t'intrigue. Tu t'aides de maps.me pour trouver le chemin qui y mène, sinon t'es bon pour marcher sur la route. Après 10 minutes d'aller retour, tu trouves enfin le chemin qui monte droit dans un pierrier. Ouais, c'est mieux que la route. T'en chies pour arriver en haut et tu tombes sur une vraie piste. Apparemment le gouvernement péruvien a du commencer à construire cette route puis a laissé tomber. Tu marches sur cette ancienne piste qui est recouverte de broussailles et de là t'as une vue exceptionnelle sur le canyon. En fait t'es 400m au dessus de la route. A un moment maps.me t'indique de prendre le chemin qui redescend vers la route alors que la piste continue. C'est tentant de continuer, au pire tu feras demi tour. A un moment tu surplombes même la fameuse oasis de Sangalle où tu vois le bleu turquoise des piscines.

La piste est coupée par un glissement de terrain. Tu t'approches. T'as 200m de vide en dessous. T'as 95% de chance de finir en bas si tu essayes de passer et t'as oublié ton parachute. La piste n'est indiquée sur aucune carte, personne ne sait que tu es là et t'as peu de chance de croiser quelqu'un. Ça pue. Dégoûté, tu commences à faire demi tour quand tu vois des traces de pompes qui partent sur le côté. En fait, il y a un petit chemin qui permet de contourner l'obstacle. Ça se reproduira plus tard. La piste se transforme en chemin. Alors expliquez moi comment les mecs ont construit une piste carrossable qui commence et se termine par un chemin. Faut ensuite se faufiler entre les broussailles.

Finalement, après une petite montée où t'es déchiré de partout t'arrives à un point de vue sur une autre partie du canyon, juste au dessus du village de Malata. T'as souvent douté mais comme t'avais vu des traces de pompes, tu t'étais dit que ça devait bien amener quelque part. Descente en slalomant entre les cactus et les broussailles pour rejoindre le bled. La civilisation, 2 petites boutiques, une petite place et des gens. Oui car t'as vu aucun habitant dans les 2 villages où t'es passé avant. La dame de la boutique te dit qu'il y a une fête au village de Cabanaconde, celui en haut du canyon d'où t'es parti la veille. C'est la fête de la Vierge de Carmen et c'est le dernier jour. La vache, t'es du mauvais côté du canyon, ça veut dire qu'il faut redescendre tout en bas et se retaper la montée. Direction l'oasis de Sangalle où tu vois des pimpims en train de buller au bord de la piscine. Tentant? Que neni. Il est 11h tu marches depuis 6h30 du matin et t'es face à la montée qui est donnée pour 3h30 de marche. Beaucoup de gens remontent très tôt le matin pour éviter la chaleur. Toi, t'as signé avec l'agence Ricardo travel qui garantie par contrat un temps pourri. Donc t'enquilles direct avec 2 litres de flotte. Putain, ça fait que monter sans faux plat. T'as beau être un 'i believe I can walk 6000m', ça casse les pattes. Tu mettras 2h15 pour arriver au sommet sur les rotules avec un procès pour rupture de contrat car t'as chauffé dur dans la montée sans nuage.

Tu files prendre une chambre (et une douche). Toutes les femmes sont en tenue traditionnelle avec leur grande robe et chapeau brodé. Les hommes, eux, portent le chapeau de cow-boy. Plusieurs fanfares jouent dans la rue, manque plus que les majorettes de Bernay.

Puis direction l'arène. Ouais, petit bled mais arène. C'est pas ton truc là boucherie en pleine air mais tu y vas pour voir l'ambiance. Elle est déjà blindée de monde et la bière coule à flots. Tu te débrouilles pour être tout devant, assis au dessus de la porte par où entrent et sortent les taureaux. Vue imprenable. Faut juste bien lever les jambes quand les bestiaux passent. T'as une demi douzaine de toréadors dont une guest star mexicaine. Mais t'as aussi 4 bouffons déguisés. Premier taureau qui rentre dans l'arène. Les bouffons essayent de l'exciter avec leur cape. Ahah, que dal, le taureau a peur et fuit. Au bout de 5 minutes, un mec choppe le taureau au lasso et ils essayent de le faire sortir. C'est là le plus marrant, le taureau refuse de passer la porte. Toi t'es juste au dessus et tu pries pour pas tomber. Un des bouffons donne un coup de pied au cul du taureau pour le faire avancer. Le taureau lui répond par un coup de sabot dans les parties. Taureau 1, bouffon 0. Madame bouffon va dormir tranquillement ce soir.

Les dix premiers taureaux seront du même acabit, refusant de jouer le jeu. Parfois un vrai toréador, ceux en moule burnes et paillettes, tente de toréer mais revient dégoûter. Donc un peu chiant mais le truc marrant est là sortie du taureau où quand les bouffons font le show.

Finalement un vrai taureau qui en veut rentre sur scène toutes cornes dehors. Lui, il accepte la muleta. Du coup la gueststar, toute paillettes dehors, vient le toréer. Le mec, un ancien de chez Charral.... Un coup de cape à gauche puis à droite sous les vivants de la foule. Ah, il est fier le gars. Puis les fanfares s'arrêtent et vient le moment de la mise à mort. Le charlot essayera à 4 reprises de planter l'épée. Une vraie boucherie. Il va se faire huer, siffler avec du 'mexicain rentre chez toi'. Finalement, le taureau qui pisse le sang en a marre et s'assoit. Un toréador récupère une pointe pour essayer de la planter à l'arrière du crâne du taureau. 6 fois avant d'y arriver. Une boucherie...

Quand un toréador fait un super 'combat', il peut avoir en trophée la queue et les oreilles du taureau. Dans ce cas, tu l'aurais bien vu repartir, ce boucher, sans ses oreilles et sa...

Ils font rentrer un 2eme taureau avant d'avoir fait sortir le mort. L'autre, pas con, a vu son cousin germain sur le carreau, et a pas trop envie de terminer sur l'étal du boucher. Du coup, il a joué petit bras, a fait 3 tours d'arènes, et a refusé de s'approcher des capes pour ressortir vivant de ce piège à con. Allez c'est suffisant, cassos.

Le soir au resto, les toréadors sont à la table d'à côté, ça t'a démangé de leur demander s'ils avaient commander du taureau.

Le soir, sur la place principale, les fanfares rivalisent pour attirer les gens qui viennent danser en tournant en rond. T'as l'oreille musicale d'une chèvre mais t'as l'impression qu'ils jouent la même musique depuis 2 heures. Puis vient l'heure du feu d'artifices. Ils ont monté tout un échafaudage rempli de pétard et feu d'artifices qu'ils allument au fur et à mesure. C'est super dangereux car on est juste à côté et parfois de fusées partent dans la foule. Ton voisin c'est pris un truc dans le crâne. En France, il y aurait déjà eu procès, ici... Ensuite, il y a 2 concerts sur la place mais t'es tellement crevé que t'as jeter l'éponge.

Lendemain retour à Arequipa puis, pour la première fois, un avion pour aller à Cusco. Ouais, tu voulais voir un peu le Pérou vu de haut

Ricardo, boucher par procuration

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Alors Cusco, un choc. Des milliers de touristes, partout et ça cause beaucoup français. Ville coloniale oblige, t'as la place centrale avec ses églises et monastères. Plein de petites ruelles en pente. Très sympa mais que des boutiques pour touristes, c'est impressionnant. A se demander où ils se fournissent en alpaca pour avoir autant de vendeur de pulls. Tu te croirais à Bali tellement t'es sollicité tous les 10m pour un massage.

Sur le marché traditionnel de San Pedro, les vendeurs de fruits et légumes n'ont plus leur place, pas assez rentable. Ils ont laissé la place aux échoppes pour touristes. Du coup, dans les rues autour c'est un joyeux bordel avec toutes les dames installées par terre pour vendre leur épis de maïs. Mais résiste encore les vendeuses de fromage, les stands de jus fruits fait devant toi au mixeur.

Cusco est à 3500m d'altitude, donc si le soir t'as pas ton bonnet péruvien avec le lama comme motif c'est que t'as raté ton voyage. En Asie, tu portes le pantalon ridicule avec motif éléphant, ici c'est le bonnet motif lama. C'est sûr que ce sont les mêmes pingouins. Et quand ils rentrent en France, à Bernay, ils mettent quoi comme vêtement ? Un caleçon avec une majorette ?

T'as passé ta journée à voir les agences de trek. Sur un des treks, le Salkantay, t'as une agence qui est complète sur les 4 prochains jours alors qu'elle fait partir 4 groupes de 12 personnes chaque jour. Et ça c'est qu'une agence. L'usine...

T'en as trouvé une qui a ses propres camps donc tu vas pas te retrouver avec 300 personnes mais faut lâcher du brouzouf. Le dernier jour doit se terminer par la montée au Machu Picchu. Les billets d'entrée sont par tranche horaire. Il faut y être obligatoirement dès l'ouverture à 6h, sinon c'est pire que le 31 décembre sur les champs Elysées. Y a plus de billets pour le créneau de 6h sur les 2 prochaines semaines mais coup de pot un client de l'agence s'est désisté et tu peux récupérer son billet via 30 euros de supplément. C'est ça ou que dal. Tu vois beaucoup de photos du Machu Picchu prise d'au dessus du site. C'est un billet en supplément pour monter sur une des deux montagnes. Aucun billet disponible avant 1 mois... Pour ceux qui veulent faire le fameux trek de l'inca trail, c'est pas avant 2020. Du coup, les prix sont délirants.

Bon, on verra sur place, demain départ aux aurores.

Ricardo en immersion touristique

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Yo,

Ah oui, le mec de l'agence t'avais dit que comme c'est un parc national, les bouteilles en plastique non recyclable sont interdites. Ah, c'est balo, t'as oublié d'en acheter, donc t'es avec des bouteilles en plastique polluant.

On est 12, tôt le matin à 4h30 le bus vient nous récupérer à nos différents hôtels. Alors qu'on est déjà en retard une future star n'est pas prête. Finalement elle débarque, une chinoise aux cheveux blonds, habillée d'un poncho multicolore, des immenses faux ongles multicolores, un iPhone à la main et de l'autre elle tire une immense valise. Euh, elle est au courant qu'on part en montagnes pendant plusieurs jours? Les 2 guides se regardent et appellent l'agence pour savoir ce qu'il faut faire.

3h de bus plus tard, le bus nous lâche à notre point de départ, les affaires de la valise sont transférés dans un sac. T'es avec une agence qui se veut milieu de gamme d'où les 2 guides, un cuistot en toque jaune, son assistant et encore deux autres personnes pour s'occuper des mules.

En plus de la chinoise, 2 canadiens, 2 belges, 2 allemands et le reste de la grenouille. La plupart font un trek pour la première fois et sont pas rassurés, ça promet. Tu regardes les bouteilles de flotte, y a qu'un couple de français qui a suivi les conseils. Si même les allemands n'écoutent plus les règles, ou va t-on ?

Un guide devant, un guide derrière et c'est parti. Bon, le guide de devant marche 200m en avant sans nous attendre, sympa. Même sur des légères montées une grosse partie du groupe a du mal. Et bizarrement on ne voit aucun autre groupe de gus en sac à dos. Apparemment chaque agence a son chemin. Côté paysage, on marche à flanc de montagnes mais sans le côté impressionnant du canyon de Colca.

Côté météo, comme d'hab, du gris. Puis, c'est sympa de longer un canal avec des bâches en plastique... Finalement, au loin, on voit tout un ensemble de bâtiments et on réalise qu'il y a une piste carrossable 200m plus bas que le sentier. Puis tu vois plein de camps en 'dure' souvent sous forme de bulle, genre t'es sur la lune, puis un parking avec 50 minibus garés. Ah ouais, côté perdu dans la nature, c'est pas gagné. C'est quoi ce bordel ? L'agence avait dit aux autres que leur camp était séparé des autres. C'est vrai, notre camp est collé au parking de bus alors que les autres camps sont plus hauts. Le guide explique qu'il y a 3 ans, il n'y avait aucun camp fixe. Comme le fameux Inca trail est limité à 500 personnes par jour, le trek du Salkantay a explosé et les agences ont construit plein de camps pour accueillir dignement le tourisme de masse. Dans 3 ans, c'est sûr, t'as un Campanile et un Hippopotamus ! Enfin des mecs orientés business ! Celui qui est venu marcher ici il y a quelques années, faut surtout pas qu'il revienne car il va pleurer.

Et la meilleure, t'as des petites boutiques qui vendent de tout dont plein de bouteilles en plastique. T'en as 2 qui se sentent pas couillons.

On est 12, il y a que 5 bulles avec 2 lits. L'agence t'avait dit que comme t'étais le dernier inscrit, donc 12eme, t'aurais une tente et pas une bulle. Idem pour un couple de francais. 5 couples prennent chacun une bulle et la chinoise seule prend la dernière. Tu vas la voir pour voir si tu peux prendre le 2ème lit, que neni. France 0 - Chine 1. Ouais, le français impressionne. Donc tu rabats sur une tente. Les bulles ont des 'plafonds' en verre mais pas assez transparent du coup la nuit, ils ont pas vu le ciel étoilé. Gros scandale, la chinoise qui passe son temps avec son iPhone n'a plus de batterie et on l'avait pas prévenu qu'elle pourrait pas recharger en pleine montagne, le drame absolu. Toi, t'as amené une grosse batterie mais t'as stupidement oublié de lui proposer, les autres aussi ont oublié. France 1 - Chine 1

Le chef a mis sa toque pour nous cuisiner des plats qui arrivent tous froid. Il bosse, les autres le regardent bosser, on se croirait dans l'administration française.

Explication sur tous les bus : à quelques kilomètres, il y a un très joli lac, le Humantay et beaucoup viennent juste à la journée. L'après-midi est prévue pour aller à ce fameux lac. On est arrivé au camp super tard donc on décolle qu'à 15h avec un temps qui se couvre de plus en plus. Aucun guide ne peut nous dire grosso modo combien de temps il faut pour monter pourtant ce sont des vrais pointures. On part, on passe à côté de 'bulles' super luxe avec salle de bain intégrée. On traverse différents camps, on voit toujours personne, bizarre de chez bizarre. Il commence à pleuvoir un peu puis beaucoup. Les allemands annoncent qu'ils font un refus d'obstacle. Ça flotte vraiment beaucoup. Il fait déjà sombre, le lac est dans un endroit encaissé, le ciel est pourrave de chez pourrave. C'est un truc à rentrer les grolles trempées pour pas grand chose surtout que le guide t'annonce des durées de marche aberrante. Donc, t'annonces que tu fais aussi trompette et d'autres se joignent au concert. Dans la redescente on s'est fait punir par la grêle. Et ouais...

Retour au camp, les gars avaient fait un feu histoire de se réchauffer. 3h plus tard, les 3 courageux sont revenus trempés mais fiers de nous montrer leur photo d'un lac dans l'ombre. Et encore, ils ont eu du pot, la pluie s'était arrêtée. Dîner de truite et légumes froids.

Lendemain matin, grand ciel bleu qui nous permet de voir au loin le sommet enneigé du Salkantay. Tous ceux qui ont dormi dans les bulles se sont pelés de froid. Alors que sous la tente t'as bien dormi. France 2- Chine 1. On doit être super lent car ils nous ont fait lever à 5h du matin. 6h, on est tous prêt à partir, les canadiens ont beau voir qu'il y a 10 personnes sac sur le dos prêts à partir, il leur faudra 30 minutes pour arriver à ranger leur 3 affaires dans leur sac.

On commence à marcher et là, incompréhensible, il y a du pimpims avec du sac à dos partout. Mais ils sortent d'où ? Mais il y a pas 3-4 pekins, ce sont des dizaines et des dizaines, un raz de marée. Un guide part devant, les 2-3 qui ont un peu de condition physique partent derrière lui et ensuite toutes les trompettes se mettent en formation fanfare. C'est le jour du col à 4600m, certains sont inquiets. T'as un paquet de trompettes sur le chemin mais tu pensent que les champions sont quand même dans ton groupe. Certains groupes montent même sur des chevaux. Tiens, sur le bord du chemin, des petites cahutes vendent des boissons dans des bouteilles en plastique. Le mec de l'agence avait dit qu'il pouvait y avoir des contrôles avec confiscation des bouteilles plastiques. Ahah, ils font ça, ils tuent le petit commerce.

Tu passes ton temps à attendre le reste du groupe. Le ciel se couvre de plus en plus. Avant le col, t'as déjà les pieds dans la boue et la neige. Tu comprends pas ce que font les autres car tu vois passer des gens que t'as jamais doublé et qui pourtant vont pas vite. Ça veut dire qu'ils ont même dépasser les trompettes. Ah, oui tu vois arriver la canadienne sur un cheval avec le cuistot. Problème d'asthme apparemment.

Parfois des groupes s'arrêtent au même endroit où tu attends les autres. Et étonnement, leur guide leur donne plein d'informations. Une retient ton attention, faut pas trop traîner, c'est un temps à prendre de la pluie bientôt.

Toi, la seule information que t'auras eu de ton guide est l'origine du mot 'lama' mais ça semble un gros pipeau. Ça viendrait de l'époque où les espagnols ont débarqué et ont demandé aux locaux en montrant les animaux 'como se llama?' et les autres comprenaient 'llama' et ont repéré lama alors qu'en quechua, on dit 'suri'. Voila c'était la minute Trivial Pursuits, question culture.

T'arrives au col, t'es en short, fait un peu frisquet. Tous les sommets sont recouverts de nuages. La canadienne est déjà là, forcément, un cheval ça aide. Tu te casses car aucune idée quand vont arriver les autres.

Finalement on se retrouve tous ensemble direction le déjeuner. Et là, recauchemard. Les locaux ont construit des petites maisons en briques qu'ils louent aux agences de trek. Et quasiment toutes les agences se retrouvent les unes à côté des autres, chacune dans sa bicoque avec son cuistot en toque (toc). Autant le passage du col est assez sympa si tu fais abstraction des dizaines de pingouins mais se retrouver tous à côté pour le dej dans une endroit fermé sans vue sur les montagnes. C'était pas compliqué de nous filer un 'paquet pique nique' et s'installer tranquillement dans la verdure sans personne autour. Alors c'est vrai, on a le droit à des frites. Tout le monde pensait se jeter dessous, du carton, les belges ont failli porter plainte pour agression gustative. Le steak, de la semelle. Ils feraient plus simple et tout le monde serait plus content.

Côté canadienne, ça va pas du tout, elle est couchée sur une bâche.

Le temps s'aggrave, tout le monde a sorti son poncho ou son sac poubelle. Handy Bag a un potentiel de développement incroyable ici. Dans la descente t'as perdu tes lunettes de soleil mais vu le temps pourri.

Changement complètement d'environnement, fini le côté minéral, on est en sub tropical avec de la verdure partout.

On arrive au camp juste quand il se met à pleuvoir et là, respect, on un camp où il n'y a aucun autre groupe, super tranquille. Les autres agences sont installées plusieurs kilomètres plus bas les unes à côté des autres. Il y a même 2 douches. T'as un peu crié quand l'eau a touché cette partie de ton corps. La belge se pointe et demande où est l'eau chaude ? Au même endroit que les prises électriques, en ville...

Le canadien cherche les 2 guides car sa femme va vraiment pas bien. Les 2 pointures ont du remonter à une cahute se taper des bières. C'est le cuistot qui sort la bouteille d'oxygène et un étudiant en médecine du groupe qui va voir ce qui se passe. Très mal au crâne, difficulté à respirer, ça pue. Le shoot à l'oxygène va lui permettre de récupérer. Les guides réapparaissent tranquillement 2h plus tard.

Le soir, à 18h30 (oui, c'est cette heure qu'on appelle le soir ici), attention, on a le droit à 2 bouteilles de vin rouge, sympa.

Lendemain, rebelote, tout le monde est prêt à partir alors que le canadien se ballade avec une casserole d'eau genre je vais faire ma toilette. Pas gêné, pas un mot d'excuse.

Ce coup-ci il pleut juste au moment où les canadiens sont prêts à partir, quel timing. Et plus on descend, plus il pleut, tout est couvert de nuages. Au bout de 40 minutes de marche, arrivée au bled où la plupart des autres agences sont installées, ceux qui font 5 jours continuent à pied alors que les 4 autres (dont toi) prennent une bagnole. Vu la flotte qui tombe, tu te dis que pour une fois, t'as fait le bon choix. Tu sens que d'autres seraient bien montés dans le collectivo. Et le pire c'est que quand il pleut, les guides font marcher les gens sont sur la piste boueuse plutôt que sur un petit chemin dans la jungle, la double punition. Certainement très sympa leur 3h de marche sur une piste boueuse. Nous, en 40 minutes, on est arrivé au village. La chinoise est sauvée, elle peut recharger son iPhone depuis elle le lâche plus. En théorie, on doit se taper 2h de montée et 3h de descente pour rejoindre la gare ferroviaire. Vu le temps, on a voté à l'unanimité la location d'un taxi pour qu'il nous emmène à des hot springs puis nous dépose à la gare. Du coup, au lieu de crapahuter dans la boue sous la pluie, tu fais trempette dans des jolies bassins d'eau super chaude. C'est là où tu vois que t'as vieilli. Y a encore quelques temps t'aurais signer pour en chier. Mais bon, comme il y avait la majorité pour la baignade...

En résumé, grosse déception sur le trek de Salkantay, trop de monde, trop de camps en dure, impossible de se sentir perdu dans les montagnes. Et dire qu'il est noté dans le top 20 des plus beaux treks au monde. Ça devait dater avant l'époque béton. Mais même sans ça, y a pas photo avec la cordillère Huayhuash.

Alors la gare ferroviaire, c'est plutôt juste la fin de la ligne. Soit tu marches 3h le long de la voie soit tu payes 35$ pour 40 minutes de train. Oui, au Machu Picchu, il y a tellement de touristes que tous les prix sont délirants. La voie serpente à travers les montagnes resserrées couvertes de jungle. Si un jour tu reviens, tu feras le chemin à pied car il était superbe. Tu peux même voir un chemin qui coupe la falaise pour rejoindre le Machu Picchu. Apparemment, il y a plein de chemins pour rejoindre le site mais seul 2 sont ouverts au public.

Le train arrive dans la petite ville d'Agua Caliente où plutôt GringoLand. Incroyable, tu sors du train, on est des milliers de gringos. Tu dois avoir 50 stands côte à côte qui vendent des babioles made in... Des ruelles qu'avec des restos qui essayent de t'accrocher. Que ça soit dans les bars ou dans les épiceries, les prix sont le double de la normale.

C'est un tel business que ça construit dans tous les sens de manière anarchique. Au début, tu comprends pas. Ils habitent ou les vrais gens ? Et en fait, derrière la gare t'as un quartier beaucoup plus simple où habitent les péruviens. Une sorte de ghetto à côté de GringoLand. Pas une bagnole, pas une moto, c'est interdit, que du piéton et c'est super agréable.

Toque Ricardo

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Yo,

Le soir le guide nous annonce qu'il doit nous abandonner car il doit rentrer d'urgence à Cusco. C'est un autre guide qui va nous accompagner demain sur le site du Machu Picchu. On a des billets pour l'ouverture du site à 6h. Soit tu montes en bus, soit à pied. T'as lu sur internet que tu peux avoir 2h d'attente pour le bus. D'où ta question au super guide à quelle heure il faut être au bus pour être sûr d'être dans les premiers sur le site. 3 fois tu poses la question, 3 fois il répond à côté. En fait, le gars a des phrases toutes prêtes mais dés que tu sors du cadre, ça se complique. On doit donc se retrouver à l'arrêt de bus à 5h car les premiers bus démarrent à 5h20. Toi t'as décidé de partir plus tôt et monter à pied vu que t'as pas eu de réponse et que tu veux vraiment être à l'ouverture du site. Lever à 4h du mat, tu regardes le ciel, pas la moindre étoile tellement c'est couvert et tout est trempé. Du coup la montée à pied, moyennement motivé, le Ricardo. Pas d'intérêt à arriver tôt pour être dans les nuages. Finalement tu t'es pointé avec les autres à l'arrêt de bus. Y a déjà 150 personnes qui attendent et la file s'allonge rapidement. Le bus démarre avec les feux anti brouillard, ça promet. 30 minutes de bus, 20$, l'entrée du site 70$, c'est quasiment du braquage. Arrivé à l'entrée, tout le monde fonce aux toilettes car interdiction sur le site. La dame pipi demande 4 fois le prix normal.

On est dans les premiers sur le site. Le principe est de monter en haut des terrasses car si tu descends vers les anciennes habitations ensuite tu as plus le droit de remonter.

Coté météo, le mieux est de laisser parler les photos

C'est pas mystique comme photo?  Trop classique , la photo avec le soleil

Toutes les montagnes sont parsemées de nuages, ça donne un petit côté mystique. Ouais trop classique la photo du Machu Picchu avec du soleil. Même s'il y a pas de soleil, le site est par moment dégagé ce qui permet de voir en contre bas les constructions. Faut reconnaître que c'est impressionnant. Puis grosse arrivée de nuages qui masquent complètement le site. Certains murs sont construits à base d'énormes pierres qui s'emboîtent pile poil. Sûr que ce sont eux les inventeurs du Tetris.

Le guide est dans son avalanche verbale interrompue d'informations identiques qu'il répète plusieurs fois. Personne ne l'écoute vraiment tellement il est saoulant. Le mec sait certainement plein de trucs mais il s'est pas les faire vivre. Il y a une vingtaine de lamas sur le site histoire d'ajouter une touche exotique pour le touriste. Pas farouches si tu as une tranche d'orange et surtout pas cons car ils savent que s'ils se mettent derrière les cordes, ils seront pas enmerdés par les accrocs du selfi animalier. T'as retenu du guide que les incas sacrifiaient aux dieux uniquement les lamas noirs. Comme quoi, quand ça veut pas.

On est allé voir l'inca bridge, en fait, un des chemins qui à l'époque menait au Machu mais qui aurait été coupé par les incas pour que les 'cons qui s'adorent' ne trouvent pas la citée. Tu marches sur un chemin étroit à flanc de falaise, âme sensible s'abstenir. Si vous regardez en bas à gauche de la photo de droite vous pouvez voir la fin du chemin pour touristes et ensuite toute la traînée verte qui traverse la falaise est l'ancien chemin. Étonnement ils l'ont pas restauré pour les touristes.

le sentier est caché par la végétation la plus verte claire 

Au bout de 2h, le guide nous a abandonné pour aller saouler un autre groupe. Comme on a pas de billets pour aller sur les 2 montagnes qui surplombent le site, on monte aux 'portes du soleil'. Alors, va savoir quel est le gros naze qui a donné ce nom à cette zone, mais il mériterait de se faire péter les genoux. Voilà la vue à partir des portes du soleil.

On a attendu 20 minutes sans amélioration. En redescendant tu peux voir que maintenant les gros groupes guidés par des gus à drapeaux sont arrivés. Manque de pot, les nuages ont recouvert complètement le site, tu peux plus rien voir. Tu serais arrivé maintenant tu serais dégoûté. La vendeuse de sac poubelle/kway a du faire fortune vu la flotte qui tombe. Tu t'es abrité 30 minutes, histoire de laisser passer le gros de la flotte. En attendant désespérément une éclairci, les guides des groupes brodent comme ils peuvent. Ça se dégage un peu mais maintenant tu peux à peine circuler tellement il y a du monde. Il peut y avoir jusqu'à 6000 personnes par jour et tout le monde suit le même chemin.

T'es resté 5h sur le site malheureusement sans un brin de soleil. T'as tapé la descente à pieds, que des grandes marches faites de grosses pierres, tes genoux ont porté plainte.

De retour à Agua Caliente, tu vois une immense queue à l'arrêt de bus, ce sont ceux qui ont un billet pour l'après midi, malheureusement pour eux le temps est pire. Alors un conseil, faut être sur le site dès l'ouverture si tu veux en profiter paisiblement. A partir de 9h, c'est mort.

Côté photo, si on a l'impression parfois qu'il y a pas grand monde, c'est que t'as une pointure qui tient l'appareil photo... Mais en voici quelques unes prises vers 10h. Ça vous motivera à vous lever tôt.

Pour venir et repartir d'Agua Caliente, tu dois prendre le train. En dehors des 100 dollars que tu lâches pour 1h30 de transport, le trajet est superbe. Les rails serpentent entre les montagnes. Le train a des très grandes vitres et des grands hublots sur le toit pour voir les sommets. Bon, toi, il fait gris et les hublots sont couverts de pluie mais en plein soleil, ça doit être photogénique. Tout à coup, de la musique dans le wagon et un gars en tenue bariolé avec un masque et une perruque débarque dans le couloir en roucoulant. Ouais, en roucoulant, en dansant et en faisant se lever les gens pour les faire danser. Gros délire. Puis les 2 serveurs du wagon font un défilé de mode. En France, Guillaume Pepy conseille en pleine période de départ en vacances de ne pas prendre le train, c'est bien ça ? Qu'il vienne faire un stage chez Peru rail.

Ricardo Picchu

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Yo,

Direction la rivière Apurimac pour 3 jours de rafting. Apurimac veut dire en Quechua la voix de dieu. T'es avec un couple de péruvien qui vient de Lima. T'es donc le seul à ramer en espagnol, ça va être compliqué. Première fois que tu voyages avec des péruviens, en tout cas eux sont des stars. Quand elle veut une photo, elle sort même pas du minibus, c'est le guide qui sort de la caisse pour aller la faire pour elle. Elle a aussi demandé à mettre sa propre musique dans la caisse puis elle tend la main pour avoir un chocolat à grignoter. Respect.

On roule plusieurs heures direction le sud de Cusco. Sur map.Me t'as l'impression que c'est une vrai route mais non c'est une piste. On traverse plusieurs vallées remplie d'eucalyptus, de petits villages perdus, totalement dans leur jus. Ça change complètement d'Agua Caliente. Rien que le paysage sur le trajet est déjà sympa.

Merde, dans un tournant, un arbre bloque la piste. A peine la caisse arrêtée, des paysans sortent de chaque côté de la route avec des machettes. Ils ont pas l'air d'être là pour prendre le thé. Le braquage au milieu de nulle part à moins qu'ils veuillent kidnapper la star. Si c'est ça, c'est cadeau et de bon cœur. Gros coups de machette dans les pneus. C'est sûr, on va rester plus longtemps que prévu ici. Allez, on arrête les bobards, c'est juste un paysan qu'à merdé avec sa tronçonneuse, résultat le tronc est au milieu de la route.

Passé le col à 4000m la piste descend dans le canyon Apurimac à 2500m. A écouter les gars dans la bagnole, c'est le canyon le plus profond du monde. Trop fort au Pérou, ils ont 3 canyons, chacun est le plus profond du monde. Côté organisation, on a une mule aquatique, c'est le raft qui transporte l'équipement pour les 3 jours, un autre pour nous et un kayak pour la sécurité en cas où quelqu'un tombe à l'eau. Mouais, c'est du class III+, ça devrait aller côté dangereux. Mais bon, on a une star à protéger.

A peine arriver au bord de la rivière, la star a sorti son paréo et se fait bronzer sur la rive. Toi, t'aides comme tu peux les autres à préparer les rafts.

Une fois engagé dans la rivière, y aura plus de sortie avant 3 jours. Avant de partir, on fait une offrande à la Pachamama. Chacun prend 3 feuilles de coca, souffle dessus et les jette dans la rivière. Nous voilà parti pour 2h de descente.

La rivière est bordée de gros blocs de granit gris noir assez impressionnants, c'est la partie 'black canyon' . On passe sous des vieux ponts en ruine soit disant de l'époque coloniale et Inca. On a vraiment l'impression d'être seul au monde. Côté purement rafting, c'est super pépère, même tous les baltringues parisiens que tu connais pourraient venir.

Seuls points noirs mais prévisible, l'eau est glaciale même avec la combinaison en néoprène. Sans compter les saloperies de sandflys qui t'agressent à peine le pied posé au sol et qui ont en quasiment rien à foutre de ton anti moustique. Et leurs piqûres démangent horriblement. Déjà une dizaine sur chaque bras dès le premier soir.

On a du passer 2-3 ersatz de rapides et on s'arrête déjà. Mouais, les 2h prévues se sont transformées en à peine 1h de rafting.

On monte le camp sur un banc de sable entouré de bambous en léger surplomb de la rivière. Personne à part nous, ça change complètement du Salkantay. Alors quand tu dis, on monte le camp, tu veux dire que le 2 autres sont allés se faire bronzer 30 secondes après avoir posé le pied sur le sable et toi t'as aidé les 3 guides à tout sortir. C'est le guide qui leur monte la tente et même leur gonfle leur matelas pour dormir. Manque plus que la berceuse.

Puis, tu comprends pourquoi t'as payé aussi cher : On nous apporte des bières fraîches, t'as une vrai table avec des fauteuils pliants et pas de vulgaires tabourets. Les gars préparent le cocktail péruvien Pisco sour et en plus t'as du vin le soir. Côté vin, le péruvien est un peu râpeux.

Le guide t'avait dit qu'il allait faire froid donc t'as même le droit à une couverture. Ahah, il a jamais du aller en montagne. 20h, les pieds dans le sable dehors sans grelotter, ça fait une paille que t'as pas vécu ça.

Seul vraiment truc qui fait chier, ils font que parler en espagnol même s'ils parlent anglais donc tu te sens un peu tout seul.

Petit déjeuner délirant au milieu de nulle part. Jus d'orange fraîchement pressé, 3 sortes de céréales, miel, différents yaourts et fruits, pain grillé, œufs brouillés.

Et t'as aussi la tente...toilette. Waouh. Et pas un vulgaire trou dans le sable, une vraie cuvette avec un sac poubelle pour pas que tout parte dans le sable, une poudre pour recouvrir ce que ton estomac a décidé de ne pas garder, le produit pour se désinfecter les mains. Tout, il y a tout. Tu t'installes, tu fais ce que t'as à faire et, rappel, il y a tout sauf le.. PQ. Et ouais, t'as atteint la limite du luxe. Un pauvre kleenex dans ta poche te sauvera de la déchéance totale. T'attends de voir si les autres se font aussi piéger mais une star se trimballe toujours avec son paquet de lingettes.

Waouh, ce matin le guide range même le sac de couchage dans son sac pour les autres. Euh, ils vont pisser tout seul ou le guide les accompagne ? Démonter leur tente, ahah, la bonne blague.

Mais à chaque fois ils demandent aux guides s'ils ont fait la photo, s'ils les ont filmé... Ils doivent avoir une chaîne YouTube qui s'appelle, euh, oui c'est ça, 'StarEnCarton'

Vu le merdier qu'on transporte et qu'en plus il faut ranger les affaires des stars, on a mis du temps à se mettre à l'eau. Les flancs des montagnes sont couverts d’agave, le cactus à tequila, tout est très sec. Dans quelques mois, tout va redevenir vert, la rivière va monter de plusieurs mètres et charrier des tonnes de boue, impossible à rafter. On croise pas un chat mais quelques canards qui n'imaginaient pas être dérangés jusqu'ici et même des petites loutres. Sur les 'plages' de sable, tu peux voir des empreintes de gros chats. Il y aurait des pumas dans le coin qui se pointeraient pour picoler à la rivière mais alors pour tomber dessus pile au bon moment, bonne chance.

Les canadiens ont déversé il y a très longtemps des truites dans la rivière qui ont bouffé les autres poiscailles. Chap, tu viens quand faire une hécatombe truitesque?

On a passé un petit rapide un peu sport sinon c'est de la descente tranquille, paisible. Déjeuner sur un banc de sable, tu peux même pas enlever ta combinaison sinon t'es bouffé par les sandflys, ouais c'est pas tous les jours qu'un repas français leur est servi à domicile. Si t'es en manches courtes et short, ça peut être mortel.

Tiens, la star s'extasie devant des têtards.

Deuxième camp infesté de sandflys. Un des guides refusent de mettre de l'anti moustiques, sa tronche est boursouflée de partout. Pour une fois qu'il fait super beau t'es obligé d'être en pantalon et veste gore Tex pour limiter l'agression. Tu vas vite t'apercevoir qu'il faut être recouvert entièrement d'anti moustiques. T'es piqué sous le bracelet montre, sur les phalanges, derrière les oreilles, dans le cou, sur les joues, ouais le moindre millimètre de peau sans protection et t'y as le droit. Vu tous tes boutons rouges tu te demandes si t'as pas choppé la rubéole..

Le soir, loin de toute pollution lumineuse, t'as un ciel aussi étoilé que dans le désert. Par contre faut surtout pas allumer la moindre lumière blanche, des centaines de moucherons se jettent dessus. Oui, ici la nature est généreuse.

Dernière matinée de rafting, les stars mettent plus de 2h pour se préparer. En attendant, t'es déjà en combi plus une veste manches longues pour limiter l'agression. Côté rafting c'est la partie la plus 'shake your body' et faut reconnaître que sur le raft la star joue le jeu et pagaie bien malgré son petit gabarit. C'est la fin, pas une personne tombée à la flotte, pas un retournement du raft, quedchi.

Apparemment ces saletés de bestioles savent où on débarque car on est attendu par des centaines impatientes et voraces.

T'as un truc à voir assez atypique dans un village pas très loin mais manque de pot. Tu fois retourner sur Cuzco. Dans le cas où un jour vous passez dans le coin : le village, Cotabambas, organise pour le jour de l'indépendance (demain) une fête particulière. Il choppe un condor. Alors déjà, comment chopper un condor car c'est pas un vulgaire pigeon parisien ? Déjà, tu commences par dégommer un lama. Jusque là, ça paraît jouable. Ensuite les gars baignent la viande longuement dans l'alcool local, le canazo. Ils foutent le cadavre en évidence, se cachent sous des ponchos et attendent. T'as un piaf, Maurice qu'il s'appelle, qui tourne dans le ciel et qui voit le cadavre du lama. Il se dit waouh, qu'elle aubaine. Faut foncer avant que Gérard le pique. Oui, Gérard c'est un autre piaf qui traîne ses plumes dans le même coin. Maurice se pose et commence à taper dans la viande. Il doit lui trouver un drôle de goût mais il fait pas tous les jours ripailles. Et plus il mange et plus il commence à voir des lamas roses (ouais, il a jamais vu un éléphant). Puis, il ricane tout seul, commence à secouer ses plumes et se met à chanter 'I beleive I can swim'... Au bout d'un moment les mecs se pointent avec un alcootest et pan, il perd son permis de voler. La version plus réaliste, c'est que piaf est entamé par l'alcool et les gars lui jettent un poncho dessus pour l'empêcher de s'envoler. Le soir de la fête ils attachent Maurice sur le dos de Robert, un taureau qu'ils vont faire courir. Puis ils relâchent Maurice. Si Maurice arrive à s'envoler et retourner dans ses pénates c'est que l'année sera bonne, s'il se vautre lamentablement (entre l'alcool et la balade forcée sur le taureau, pas sûr que toutes ses plumes soient en place) c'est que c'est une année qui pue.

Vu que chez nous, les pétards sont devenus interdits pour le 14 juillet, on pourrait imaginer la même chose à Paris en l'adaptant un peu. Qu'est-ce qui pullule à Paris? Les lamas et les condors ? Ça à être un peu compliqué. Donc, on choppe un rat et on lui fout un pigeon dessus et on les fait descendre les champs Élysées entre 2 bataillons de mecs en kaki. Puis, si le pigeon libéré arrive à retourner chier sur la place du Chatelet, ça veut dire qu'on aura une année sans bouchons, ni pollution ni cons à Paris. C'est pas gagné.

Quel futur maire de Paris va proposeré cette idée dans son programme ? Histoire de voter enfin pour un politicard qui propose des choses sérieuses et concrètes !

Ricardo, bouffé de partout

Ricardo, futur 1er adjoint au maire

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Yo,

Direction la vallée sacrée. Tu peux y aller avec une agence pour la journée mais euh, non. En plus ils font le tour tous dans le même sens donc tous les bus s'arrêtent au même endroit au même moment. Ça va pas être possible. Première étape Ollantaytambo. Le village est au pied d'un site inca. Oula, t'as des petites mamies avec des canes qui suivent un gus avec un petit drapeau. T'as bien fait de venir en solo, t'aurais pu finir dans ce genre de groupe. Alors les incas devaient vraiment aimer les sites terrasses. On aurait du leur dire de construire sur du plat, les visites auraient été plus faciles pour les adeptes des hanches artificielles. Côté site inca, c'est pas celui qui va rester dans tes souvenirs de poisson rouge.

Deuxième étape les Salinas de Maras. T'abandonne un collectivo à Tarabamba (cherchez pas sur Google, c'est un non lieu) et t'enquilles sur une piste. Tu t'es dis que vers 12h30, heure de la pause dej, il y aurait pas grand monde. Mais là, t'es tout seul. Bizarre. Tu payes le droit d'entrée et la dame est même surprise de voir un touriste. Tu te serais gouré d'endroit? Puis tu montes le chemin. Ça cogne dur, ouais youpi y a du soleil. Tu commences à voir du blanc qui tranche dans cet environnement brun et vert foncé. Plus tu t'approches, plus tu vois au loin des petites fourmis de l'autre côté des salines. En fait, t'as plein de monde mais tout le monde arrive en bus par une route de l'autre côté des salines. Vu le nombre de pingouins, ils doivent gagner plus de tunes avec les billets d'entrée que la vente de sel. Les couillons qui viennent à pied, y en a pas. Oui, un ! L'avantage, par où t'es arrivé, y a personne. Sans déconner, les Salinas de Maras, ça pique les yeux à la fois car c'est impressionnant et par la réverbération du soleil sur le sel.

Il y a des milliers de bassin en terrasses de différentes couleurs, du blanc au brun en fonction du niveau d'évaporation de l'eau. Toute une partie de l'étroite vallée en est couverte. Les salines datent des incas (donc c'est pas plat). T'as un torrent qui arrive de la montagne et qui alimente continuellement les salines. Midi, plein cagnard, jour de fête nationale, il y a juste 4-5 personnes qui bossent dans les salines. Personne ne porte des lunettes de soleil, même des made in China. T'as même des gamins qui accompagnent/aident leurs parents. Faut imaginer leurs yeux dans quelques années. S'il n'y a qu'un spot à voir dans la vallée sacrée, c'est ici.

Ils font différents types de sel dont un soit disant pour soigner les articulations.

Alors super, t'es venu à pied mais tu veux pas revenir sur tes pas car tu veux aller sur le site de Moray qui est 15 bornes plus loin. Sauf que tous les gens arrivent ici avec des agences ou un taxi. Sur le site, t'as pas un transport public pour repartir. T'as un seul taxi qui t'a proposé de t'installer dans le coffre. Euh tu l'as déjà fait le premier jour en arrivant au Pérou mais le gars avait un matelas. Finalement, t'as demandé à un guide qui a vu avec un chauffeur de bus privé et il t'a embarqué pour quelques pièces et t'as déposé sur une route passante. Dans ces pays, t'as toujours une solution.

Directement Moray, plusieurs amphithéâtres de l'époque Inca. Pareil que pour les salines, respect. On n'a plus le droit de descendre au milieu. Vrai ou faux, c'était un centre d'expérimentation pour la culture de la patate, mouais. Il y a un pimpim qui s'est pointé avec son tambourin en se disant qu'il allait descendre au centre et envoyer du son. Et il est comme un con, en haut du site en train de taper sur son tambourin.

C'est bien sympa mais il faut trouver un coin ou crécher donc t’enchaînes les collectivos pour rejoindre le village de Pisac. Il y a un gros marché 'artisanal' le dimanche. On est dimanche, tu t'étais dit qu'y être le matin, ça allait être un cauchemar avec les vagues de bobs et drapeaux qui allaient débarquer à la queue leu-leu pour dépenser leur sous. Du coup, fin d'après midi, reste uniquement ceux qui crèchent ici, soit pas grand monde. Il y a la fête sur la place principale. Certains gars sont en costume cravate avec des chapeaux bariolés. Bonne ambiance, différents groupes dansent chacun leur tour sur le même air. Même ceux en costard-truc bizarre sur la tête sont de la fête. Ils ont des caisses de bières aussi haute que la tour Eiffel et certaines ruelles se sont transformées en pissotière masculine.

Côté people, t'as un peu l'impression que certains occidentaux qui ont raté l'époque Kathmandu ont atterri ici.

Pisac, c'est aussi un site inca. Ouais encore des pierres avec des terrasses. A se demander si les incas étaient pas en fait des géants et ce qu'on prend pour des terrasses sont pas simplement des marches pour eux.

Tu t'es spécialisé en phot d'entrée... marre des terrasses

Vous avez remarqué ? Aucune remarque négative sur la météo ! Alors que t'as transpiré à cause de ce put... de soleil dans les montées sur les sites.

Lendemain matin, tu traverses le village et tu montes en direction des terrasses. T'as un chien du village qui a décidé de t'accompagner même quand tu lui montres les panneaux l'interdisant. A l'entrée aucun contrôle, la fiesta de la veille a du laisser des séquelles. Arrivé en haut de la colline, tu réalises que c'est que le début et que le site est tout en longueur le long d'une crête. Et ça monte dur. Le chien, lui est facile et fait parfois demi tour pour voir pourquoi tu traînes. Tu retrouves d'anciennes constructions incas. Espérons qu'ils se sont réincarnés en maçon car côté mur, c'est au millimètre. Les portugais, ce sont pas des anciens incas ? Tu tombes sur un gardien qui voit le chien et te demande si c'est le tien. Ben ouais, bien sûr, tous les touristes voyagent avec leur chien et la veille de rentrer dans leur pays il le bouffe... C'est con, le chien avait l'air tout heureux de découvrir le site mais les pierres lancées par le gardien lui ont fait comprendre qu'il était persona non grata. Tu continues à monter la crête qui en fini plus pour enfin arriver au sommet et de l'autre côté tu vois les dizaines de minibus arriver. Et oui, on monte en bagnole par l'autre côté. Pour les feignasses, prenez le bus et vous faites que la descente et quand vous êtes redescendu, des dizaines de stands vous attendent sur la place de Pisac histoire de vous soulager de quelques pièces. Étonnement t'as plus trop de commandes d'acheteuses frénétiques françaises. T'as quand même acheté quelques bracelets histoire de faire tourner l'économie locale.

Retour à Cuzco. Tu pensais que tous les touristiques étaient à Pisac, que neni. T'as du mal avec Cuzco même si tu comprends que les gens aiment cette ville. T'as le côté typique avec toutes ces petites ruelles, les différentes places historiques, associé au côté occidental avec tous les bars et restos. Mais trop de monde, trop de relance dans la rue. Tu peux pas regarder une carte d'un resto sans qu'un gars te saute dessus. Bruno, t'es venu il y a 18 ans, garde tes souvenirs et reviens pas, jamais.

Sacré Ricardo

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Piste vertigineuse pour rejoindre le point de départ du trek Choquequirao, un site inca qui va faire compétition avec le Machu Picchu. La seule grande différence est que pour l'instant il faut descendre tout en bas du canyon Apurimac soit 1400m de dénivelé, traverser la rivière et se retaper la montée sur l'autre versant. Forcément ça décourage les masses. Résultat, au lieu d'avoir plus de 4000 personnes par jour comme au Machu, t'as une moyenne de 30 pieds niquelés par jour. En gros, en 1 an sur ce site t'as autant de personne qu'en 1 jour sur le Machu. Par contre faut se dépêcher d'y aller car ils veulent développer le tourisme ici et dans 3 ans ils veulent avoir construit un téléphérique. Donc c'est maintenant tranquillement ou plus tard avec la foule.

On est 6 grenouilles dont 2 couples. Le minibus vient nous récupérer vers 4h du matin, une des nanas est maquillée et en Jean's. Euh, tu t'es gouré, t'as réservé pour une after ?

Les 2 couples sont très proutprouts Neuilly et se mélangent pas trop avec le tout venant dont tu fais partie, surtout l'autre nana, une Marie chantal. Pour le petit dej, au resto t'as une table de 6 et des tables de 4. On est un groupe de 6, ça peut être sympa de faire connaissance. Non, ils ont préféré privatiser une table à part, sympa. La Marie chantal dit que sa famille a un sanglier apprivoisé qui gambade dans la cour du château, oui du château, très cher... Il y a même une famille de renards qui est venu squatté dans leur jardin, les malotrus. Étonnement la Marie Chantal ne t'aura pas adressé la parole du circuit, c'est normal, on s'abaisse pas à parler aux gueux. Tu les entends parler d'une personne qui va 'se reproduire avec une catégorie socio-génétique inferieure'. Là, on du lourd de la part de ces gens qui se reproduisent entre cousins.

Revenons au trek. Ça commence par la descente dans le fond du canyon Apurimac par une piste poussiéreuse. D'un côté de la rivière les flancs des montagnes sont très arides remplis de cactus et de l'autre beaucoup plus verts. Ce sont les glaciers en altitude qui arrosent ce flanc. Quand t'as réservé la veille. Le guide t'a fait dit qu'il pouvait faire jusqu'à 40 degrés en bas du canyon. Ahaha elle est bien bonne celle là. Il connaît pas rain man. Et bien grand soleil et effectivement ça tape dur, très dur. Quand tu croises ceux qui remontent du canyon, ils ont l'air écrasé par la chaleur. Marie Chantal a son petit appareil photo en bandoulière, un petit chapeau très stylé, une chemise à carreau attachée autour de la taille, des lunettes d'instit, le menton bien redressé et a fait un ourlet de quelques centimètres au niveau de ses chevilles, waouh une vraie libertine. Le chemin pour descendre n'est qu'une suite de caillasses et de poussière. Résultat ses 3cm de de mollet visible sont sales. Ça ne va pas, c'est pas possible, donc fini les ourlets. Toi qui est en sandales-bermuda t'as les jambes sales au possible, un gueux... Juste avant la rivière, 3 petites maisons qui font boutique. C'est l'heure du dej à la fois pour toi et à la fois pour les sandflys. Si t'as pas d'anti moustiques, t'es mort. T'en as qui pensait avoir tout prévu avec pantalon et manches longues plus gants plus vêtement sur le visage sauf que son t-shirt était remonté en bas du dos. Il a du choper 15 piqûres.

Maintenant faut se taper une petite partie de la montée pour rejoindre le camp de Santa rosa. Apparemment dans le 16ème, ils sont plutôt habitués à du plat et quand on se reproduit entre cousins les gènes pour marcher en montagne disparaissent.

Étonnement il y a des petites maisons qui font magasin le long du chemin.. T'as plusieurs petits camping. En fait les locaux ont déblayé des terrasses pour que tu puisses planter la tente. Et la meilleur, si tu payes, tu peux avoir du WiFi et un peu de lumière grâce à des panneaux solaires. C'est dingue que maintenant même dans des lieux difficiles d'accès t'es du WiFi.

Le lendemain départ à 5h à la frontale pour rejoindre le minuscule village de Marampata. Le guide part comme une trombe. T'as fait la connerie de suivre son rythme, résultat grosse transpiration et en plus il fait des pauses toutes les 20 minutes, histoire que tu refroidisses. Du coup, tu les laisses partir devant mais c'est déjà trop tard. Est ce que c'est lié à ça ou au verre de limonade local que t'as fait boire le muletier, 2h plus tard, t'es pas bien, mal au ventre, au crâne, t'as l'impression d'avoir des pompes en ciment.

On est sur le site inca de Choquequirao. Selon le guide, le site ferait 17000 hectares. Alors t'as de la terrasse sinon c'est pas inca. Sur une des photos, vous voyez de la terrasse entourée de broussailles. C'est juste la minuscule partie qui a été nettoyé mais faut imaginer que tout les flancs de ses montagnes sont recouverts de terrasses. Les pierres utilisées sont pleines de particules dorées qui font scintiller la roche.

Ici ils ont trouvé des terrasses uniques. Pour y aller c'est 20 minutes de descente agressive. T'es sur les genoux mais ça serait con d'être venu jusque là sans y aller. Sur ces terrasses, les incas se sont fait plaît plaisir et ont intégré dans les murs des pierres blanches pour dessiner des lamas et même un 'berger'. C'est sympa mais faut remonter et tu remontes pas par le sentier mais par les escaliers au milieu des terrasses. Les escaliers de la tour Eiffel, une rigolade en comparaison. Contrairement au Machu Picchu, le site n'est pas entouré de petites collines qui, pour toi, font le charme du Machu.

T'es vraiment pas bien, t'as dit au guide que tu retournais au camp. Il veut que tu repartes avec le muletier. On a pas fait 5 mètres qu'il s'arrête pour regarder son téléphone. Super, tu t'es cassé sans lui et il est arrivé 40 minutes après toi. T'espérais que les tentes seraient montées pour te coucher, que dal. A se demander ce qu'il a foutu la matinée à part taper le bout de gras avec la mamie qui tient la boutique. T'es allongé sur le sol et t'as froid en plein soleil. Ça pue. Aucune bouffe ne passe, à 19h t'es couché. Parfois tu crèves de chaud, parfois t'es frigorifié, ça sent la fièvre. Malgré l'aspirine, le mal de crâne ne passe pas. Et pour couronner le tout, ton collègue de tente qui a un peu mal au ventre lâche des pets à asphyxier un putois. Longue nuit, très longue nuit. Lendemain, t'es encore plus malade, tu peux rien garder dans le bide.

C'est la journée la plus longue, on doit redescendre en bas du canyon et se retaper toutes la montée. C'est pas le jour à être sur les genoux. Même en étant crevé, t'as pas attendu les autres. Tu croises dans la descente un couple de français. Ils ont un husky avec un harnais qui tire la femme dans la montée.

L'objectif est de remonter en dehors des heures où ça cogne dur. Du coup de 10h à 14h c'est la sieste à l'ombre. Tu pensais fermer les yeux mais manque de pot, les locaux jouent avec leur tronçonneuse, quand ça veut pas.

3h de montée sans fin pour ressortir entièrement du canyon et rejoindre Capulyoc. Le muletier a monté les tentes en descente et il y a des rafales de vent qui couchent les tentes par moment . T'es à plat, t'as pas dormi la veille, tu vois le patron qui nettoie des petites cabanes. 3 euros pour avoir un minuscule lit protégé du vent avec un vrai matelas, t'as signé toute de suite. Alors, vous allez dire que sur le trek du salkantay, t'as rougné que c'était bétonné et qu'on dormait pas vraiment roots et là tu payes pour une cabane. Alors, déjà les tentes étaient à 5m des cabanes et surtout t'es malade comme un chien alors un soupçon de confort dans ce monde où ton meilleur ami est devenu un rouleau de pq.

Ah oui, on est aussi dans la région des condors. Selon le guide, ça pullule. Bon, ben pas en tout cas les jours où on était là.

Pour ceux qui veulent venir en solo, pas besoin d'amener la bouffe, car tous les campings proposent les repas et tu pourrais même te passer de la tente car à certains endroits comme Marampata, tu peux dormir chez l'habitant. Et de Choquequirao, tu peux, via 6 jours de treks et des passages à plus de 4000m rejoindre le machu picchu. Mais va trouver du monde qui veuille le faire. Façon dans l'état où tu te traînes.

Alors côté sites incas, on va dire que t'as coché la case. C'est bon, les terrasses avec ou sans lamas, t'en as largement vu assez. Bouygues, c'est d'origine Inca ?

Ricardo, Marie Chantal allergique

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Les plans pourris, vous connaissez ?

Vous les sentez venir mais c'est pas grave, vous y allez quand même, voir même c'est vous qui les cherchez. Et bien vous avez en face de vous une pointure. Champion du monde ? Largement au dessus, t'es hors catégorie. Tu le sens, tu le sais et pourtant t'y vas tête première. Et c'est pas la première fois. Combien de fois tu t'es pointé dans des endroits perdus où l'autochtone perdu au milieu de nulle part te voit débarquer et se demande ce que tu viens bien foutre ici. Rajoutes en plus un guide local qui n'est pas un vrai guide dans le sens où il essaye pas de te faire communiquer avec le local. Ça vous est jamais arrivé ? Essayez. Vous allez ressentir ce petit moment de solitude en vous demandant qu'est ce que vous êtes venu foutre ici. Alors ça fonctionne que si vous êtes en solo. Si vous êtes 4, au pire vous pouvez taper la belote avec ceux qui se posent la même question que vous.

Qeros ça vous parle pas ? Même les péruviens connaissent pas. Alors le français perdu au fin fond de Bernay voir même Menton. Bon, tu la ramènes mais il y a 3 jours t'avais aucune idée du machin.

Dans les années 50, on a découvert à plus de 4000m d'altitude un ensemble de petits villages qui vivaient tranquillement, les Qeros. Les derniers descendants des incas, que les ''con qui s' adorent'' ont oublié de venir pourrir la vie. Alors, tranquillement c'est pas forcément le mot exact car ces bouseux ne connaissaient pas Macdonald, Netflix, voir même Facebook. Ça vous donne une idée du péquenot de base, le mec qu'a même pas Tinder pour rencontrer une meuf. Pff, clairement un peuple voué à disparaître.

Le gouvernement péruvien à décidé d'en faire une zone hors 4G... et d'empêcher l'accès au pékin de base. Il faut obtenir une invitation pour aller dans cette région qui est à 4h de bus local de Cuzco et ensuite faut s'enquiller dans les montagnes.

Toi, via le cousin germain par alliance du beau frère de la cousine de ton guide de rafting, t'as été mis en contact avec un dénommé Jésus. Alors pas sûr que c'est le même que dans le best-seller où le gars marche sur l'eau en faisant la concurrence à la boulangerie du coin et en lançant le beaujolais nouveau. Tu sais pas trop mais en tout cas c'est un prêtre 'andéan'. L'agence de voyage fait appel à lui quand elle organise des cérémonies religieuses pour la Pachamama. Et ce gars est du peuple Qeros. Et avec lui, c'est comme si tu avais été touché par Dieu. Ouais, quand tu dis 'touché' c'est une métaphore, c'est au figuré, hein, qu'il y ai aucune méprise, aucun rapport avec les copains du cardinal Barbarin. T'as la bénédiction papale et t'as le droit d'aller avec lui dans cette région interdite.

T'as donc rencontré le fils de dieu et tu t'es mis d'accord sur l'organisation, le prix, la totale. Tu vas être obligé de passer par une cérémonie religieuse (c'est son fond de commerce) sur place donc tu lui avancé l'argent pour acheter les offrandes. 1h plus tard il te rappelle pour te dire qu'il y a un problème sur le prix du transport qu'il t'a indiqué, c'est juste 50% plus cher que prévu. Déjà tu le sentais moyen mais là c'est en chute libre. Et il a déjà acheté les offrandes avec ton pognon. Ça se complique.... Et le pire c'est que le gars n'essaye pas de t'entuber, c'est un gentil mais pas futefute. Donc il est enmerdé et il veut à tout prix t'organiser une cérémonie à Cuzco vu qu'il a acheté les offrandes. Ouais, toi t'étais partant pour aller dans un village où vivent les derniers descendants incas, pas trop pour te taper une cérémonie où on va te cracher dessus pendant que tu sautilles sur place en brassant de l'air avec les bras.

Mais comme t'es pas en état, t'as repoussé ce super plan. Et dans le cas où tu n'irais pas et que ça intéresse un ethnologue en herbe, t'as un avoir chez Jésus de 40 euros. Va savoir si tu peux transformer un avoir chez Jésus en nombre de péchés automatiquement pardonnés... Guy, tu dois savoir ça, toi. Avec ton nom de famille, tout ce qui touche aux grenouilles de bénitiers, tu maîtrises.

Ricardo, en contact direct avec Jésus !!!

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Yo,

T'es sur les genoux, à plat complet même avec des médocs. Impossible de faire des treks pour l'instant et mourir à Cuzco, t'as du mal.

Tu as vu dans des magasins de Cuzco des tableaux et grandes boîtes avec des figurines très colorées complètement kitsch. Mais alors plus kitsch que ça, dur à trouver sauf peut-être le bol de soupe avec 'Frank' marqué dessus où le tableau rouge laqué bizarre acheté une blinde par une famille de charlots à côté de la mosquée de Paris. Non, pas de nom.

Ça s'appelle 'retablo ayacuchino' et ça vient des artisans d'Ayacucho. T'as pu voir un atelier où il les fabrique, c'est totalement artisanal. Les personnages sont faits à partir d'un mélange de pâte de riz, de maïs ou de patate mélangé à du plâtre puis peints et collés dans le 'retablo'. Tu peux t'en faire faire un sur mesure avec des personnages qui te ressemblent. Par exemple, 4 charlots en train de jouer aux cartes, un pêcheur sortant une truite grande comme son petit doigt où par exemple un cirque avec une jongleuse avec des bouteilles de parfum associé à un guignol qui fait du macramé.. C'est sans fin.

retablo ayacucho 

Comment aller à Ayacucho ? T'achètes ton billet de bus soit près de 14h de trajet pour 500 bornes. Tu réfléchis (oui, oui, ça arrive parfois ) et 14h dans un bus où les toilettes ne servent que pour la partie 'petite commission', c'est totalement impossible pour toi dans cet état où tes intestins décident à ta place. Et même si tu vas en douce y faire autre chose, tu vas infecter le bus et te faire repérer. Donc, t'as pris l'option 'i belive I can fly' avec un stop par Lima qui est sous une brume continuelle. C'est très étonnant, sur le vol Cuzco-Lima les 3/4 des gens sont des touristes alors que Lima-Ayacucho, t'es le seul charlot en bermuda. La vue est superbe et l'atterrissage surprenant, t'as l'impression que le pilote s'amuse à raser les collines.

Quand tu regardes les guides sur Ayacucho, ils sont pas super vendeurs. Le truc qui ressort est le nombre d'églises au mètre carré. Top, tu vas pouvoir faire un pèlerinage, Santo Ricardo.

T'as bien sûr la jolie place principale avec ces arcades. Seul dommage, qu'Anne Hidalgo soit pas passée dans le coin pour piétonniser la place quitte à y rajouter un peu de sable. Un coin de la place est squatté par des mamies qui vendent des glaces artisanales. Elles sont dans un seau métallique entouré de bloc de glace. Léger doute sur la chaîne du froid mais de toute manière, t'es pas en état d'essayer. Il y a des vendeurs de glace dans toutes les rues et on est à 2800m d'altitude, assez surprenant. C'st une ville étudiante, t'as énormément de monde qui déambule dans les rues et ça fait du bien de se retrouver à nouveau au Pérou, t'as pas croisé 10 touristes. Personne ne t'interpelle pour te faire rentrer dans son resto ou te fourguer un massage mais t'as pas le charme architectural de Cuzco.

Côté paysage, la ville est entourée de collines plus ou moins déboisée mais pas de hautes montagnes au sommet enneigé. C'est pas que c'est pas joli, c'est qu'il y a pas d'effet waouh.

Ayacucho a été un des hauts lieux du fameux sentier lumineux. Alors, c'était pas une bande de gus qui marchaient en montagne avec des lampes frontales, ça c'est juste un groupe de branquignoles de touristes. C'était un mouvement marxiste des années 80-90 qui a fait 70.000 morts. Actuellement, ils sont plus qu'une bande de narco trafiquants dans un coin de la jungle.

T'as décidé de faire une visite à la clinique de l'espérance. Rien que le nom est déjà une invitation au voyage et à la découverte. Alors, c'est pas exactement un site touristique. Tu commences par payer le droit de 'visite', environ 12 euros. Pour 2 euros t'avais sinon l'option hôpital public mais euh... Tu poirotes un peu, une dame, tout d'émeraude vêtu, vient te prendre ta tension et ton pouls puis tu rencontres un gars qui attend que tu lui racontes ta vie, tes problèmes. Alors expliquer tous tes symptômes en espagnol, pas simple. Tu tires la langue et le gars identifie, tout en restant à un mètre de toi, une déshydratation liée à une infection. Trop fort, juste avec la langue et à distance en plus. Mais qu'est-ce qu'il fout ici, il devrait patron à l'hôpital américain de Neuilly pour soigner les Marie-Chantal.

T'as le droit à 2 ordonnances et le numéro de tel du gars (oups, docteur) au cas où. Puis t'attends à nouveau à l'accueil. Une dame, en bleue cette fois, t'emmène faire un peu de shopping dans un autre bâtiment. Tu files ta liste de course à un guichet, on te répond avec un prix puis tu vas à un autre guichet avec le prix indiqué pour payer puis tu reviens au premier guichet pour récupérer tes emplettes. Dans ton petit panier, t'as des seringues, des petites ampoules, du sérum phy, des tubes en plastique.... Puis tu reviens dans le premier bâtiment où la dame en bleu te trouve une grande salle avec un lit pour t'installer, une couverture rose pour pas que t'es froid et même un oreiller pour ton confort. Puis miss émeraude revient et grâce à ses études de bricolage, construit avec tes achats tout un mécanisme installé au dessus de toi. Puis elle tapote longuement sur ton bras pour chercher une veine et te pique.

1h après la visite du site est terminée. Tu pensais repartir avec un petit souvenir, genre des médocs pour le bide, que neni, juste une ordonnance pour des antibiotiques. Ça aurait pu être pire, t'aurais pu emporter une maladie nosocomiale.

Ricardo, touriste médical

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Ce qui t'a convaincu de venir à Ayacucho c'est une photo des piscines de Millpu. Ça a l'air incroyable. Des piscines naturelles d'une couleur bleue turquoise. Bon, elles ont été rachetées par un groupe chinois et maintenant t'as des centaines de personnes en bouée et brassards flottants qui pataugent en attendant des vagues artificiels. Et ce paradis est au milieu d'un canyon perdu. C'est pas merveilleux ? Quand t'achètes ton billet, ils te filent un bon de réduction pour le resto chinois du coin et un petit fascicule pour apprendre à se racler la gorge et cracher en pleine rue.

Quelqu'un l'a gobé ? Pour aller sur le site, 7h de bus aller retour via une agence pour 2h sur place. Petite astuce pour ne pas se retrouver complètement coincé au fond du minibus pendant des heures. Au moment d'acheter le ticket, tu dis à l'agence que tu viens uniquement si tu as une place devant, du coup le matin le guide vient te chercher à l'hôtel en premier. Ouais, ça fait le client chiant mais tu t'es déjà tapé 2x6h en position quasi fœtal, c'est suffisant. Le guide a parlé pendant quasiment les 7h de trajet. T'as ainsi appris que la quinoa qu'on vous fourgue en France à des prix exorbitants est la quinoa noire, la meilleure. La quinoa blanche reste pour les peqs locaux. La route s'engage entre des montagnes de plus en plus escarpées où se mélangent le rouge-orange de la terre, le vert des cactus, le gris de la roche et le jaune de l'herbe sèche, beaucoup plus joli qu'autour d'Ayacucho. Ok, sur le site il y a pas des milliers de chinois en bouée mais au moins 500 péruviens. Ouais, un dimanche en période de vacances scolaires. Tous les bus des agences arrivent en même temps et c'est par wagon que ça déambule dans le canyon en suivant un guide à drapeau

Ça rigole pas ici, t'as même pas le droit de te baigner dans les piscines depuis quelques années. Ça c'était pas prévu. L'eau contient des minéraux et du calcite qui se déposent sur les bordures des bassins pour leur donner cette couleur crémeuse. En se baignant tu ferais partir ces minéraux des piscines. On a quand même le droit de mettre les pieds sur une petite partie d'un bassin histoire de faire les photos sinon ça serait la révolution.

Tu t'attendais à beaucoup plus grand. Si tu connais par exemple Semuc Champey ou Kuang Si, tu seras pas dépayser. Le canyon où sont les bassins doit faire 300m de long et est très étroit. Ils ont fait un chemin pour arriver au bord des bassins sinon tu les surplombes. Si tu t'avances trop sur le bassin, un coup de sifflet de la surveillante en chapeau à fleurs en plastique. Oui, les dames locales portent des chapeaux avec des fleurs en plastique. Une mode à lancer pour les petits vieilles de Menton. Les fleurs en plastique pourront servir ainsi 2 fois. T'as demandé au guide s'il savait l'origine de ses chapeaux. Il semblerait mais ça sent la grosse légende urbaine, qu'il y a très longtemps un sino-vietnamien nommé Jili Chung aurait débarqué dans le bled en courant avec un stock de fleurs volées sur la tombe de Mao Zedong et serait arrivé à les fourguer à un vieux chapelier assis sur son stock de chapeau invendable. Le vieux, en les associant aurait fait fortune et se serait installé au Kremlin Bicêtre. Mais t'as des gros doutes sur la véracité de cette histoire.

A l'entrée du canyon, tu as plusieurs petites cascades qui descendent vers les bassins. T'as quoi, 20 minutes de marche pour aller jusqu'en haut du canyon, t'as pas 50% des péruviens qui ont la 'force' d'y aller.

Le guide a été très formel et l'a répété plusieurs fois, on se casse à 15h pile. 15h15 t'as juste la moitié du troupeau qui est devant la bétaillère. 15h30 la dernière cruche arrive, avec un air où tu vois que les neurones ne sont pas tous connectés, sans réaliser que tout le monde l'attend. Le guide, lui, est en train de courir dans la canyon pour essayer de la retrouver.

Ricardo turquoise addict

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Yo,

Retour dans ta ville préférée Cuzco. Vous connaissez la fameuse montagne colorée ? Inconnue il y a a une dizaine d'années, c'est devenu un des gros hot spots du coin. Résultat t'as plus de 1000 personnes par jour qui y vont. Ce sont des dizaines de minibus qui partent tous au même moment, puis t'as 1h30 de marche (ou à cheval) à la queue leuleu pour arriver en haut de la montagne et admirer le paysage. Puis tout le monde repart en même temps.

T'as fait le tour des agences, impossible, à part en privé, d'en trouver une une qui part 1h plus tôt, histoire d'éviter la foule. Même, un gars d'une agence t'as dit que t'allais pleurer en voyant la foule. Et t'es pas suffisamment remis pour louer une bagnole et partir à 3h du matin. Le gars de l'agence te sort le mot magique 'Palcoyo'. Hein ? Kesako ? C'est un autre endroit où tu as le même genre de paysage, sauf que c'est pas connu encore du grand publique. Ça fait à peine deux ans que l'on en parle et en plus il y a que 30 minutes de marche.

La première agence à qui tu demandes veut 90 dollars pour y aller en petit groupe. Euh, 90 dollars, non, tu veux pas acheter leur voiture, tu veux juste te rendre sur place. Certaines agences ont peur de rien. Autre agence à 25 dollars déjeuner compris. Deal.

Lendemain matin, 30 minutes que tu poireautes dans le froid. Après plusieurs coups de fils à l'agence, qqu'un se pointe. C'est un sous traitant de ton agence et il n'a été prévenu qu'il y a 5 minutes. Le minibus est complet... mais avec 2 autres touristes italiens, il te met dans une bagnole et du coup, on a voyagé royal. 3h30 bien installé, le temps passe plus rapidement. T'aurais demandé à y aller en voiture, ça t'aurait coûté une fortune et là sans rien demander, ils te mettent dans une caisse pour 6h de trajet, va comprendre. Les italiens ont réservé d'Italie, ils ont payé 3 fois le prix..

On quitte enfin la route pour s'engager dans une vallée. Tu vois au loin des montagnes couvertes de terrasses. Oh putain, encore les incas. Que neni, on a l'impression que ce sont des terrasses faites par l'homme, mais non, complètement naturelles et certaines montagnes en sont couvertes. La terre change de couleur par endroit, elle prend une teinte rouge. Le mélange du rouge de la terre avec le jaune de l'herbe séché pique les yeux. On arrive enfin au bout de la piste, t'as quoi, 2 minibus et 5 bagnoles, on doit être 50 pimpins. On a rejoint le groupe du bus, oui, les pauvres qui voyagent en bétaillère. Le guide dit qu'on part marcher en groupe et qu'on fera une pause dans 10 minutes. Ahaha, monsieur le guide, c'est possible de vous dire 2 mots.

T'es parti seul devant. Alors, c'est vrai qu'on est quand même à 4800m d'altitude. Le paysage pique vraiment les yeux. Tu vois la première montagne multi couleurs. Ce sont pas des couleurs flashies mais ça rend quand même pas mal. Après, rien n'empêche de foutre un coup de photoshop.

Le sentier monte tranquillement jusqu'à la crête. T'as du faire 100 photos du même paysage. C'est aussi un coin à alpagas. Apparemment, ils les tondent tous les 2 ans. T'as une certaine race, on dirait qu'ils ont des dreadlocks. En haut de la crête, t'as une nouvelle couleur sur ta palette, le blanc du sommet enneigé de l'Ausangate. Ouais, celui que t'arrives pas à organiser. T'as d'autres partie de montagnes multi couleur mais finalement le plus impressionnant est le paysage dans sa globalité. Le reste du groupe est à des années-lumière derrière.

Il y a un chemin qui monte à un ensemble de pitons rocheux. De là, la vue est encore plus extraordinaire. T'as bien fait de ne pas rester avec le groupe car ils sont jamais venus jusque là alors qu'il doit y avoir 100m de montée en zigzags.

En attendant que le groupe revienne aux bagnoles, t'as tapé le bout de gras avec la vendeuse locale, 8 ans, en tenue locale très colorée de la tête au pieds. Tu l'as pris en photo, elle a voulu regarder ton appareil et fallait la voir utiliser le téléphone, le petit bout-chou 2.0 qui vit au fin fond du monde. Va savoir combien de temps ce spot va rester 'accessible' avant de devenir une usine.

Sinon, t'as quand même relancé Jésus pour les Qéros, mais plus de news, il doit certainement bosser dans une boulangerie à dupliquer des petits pains. ..

Ricardo colorado

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Adios Pérou, bienvenue en Bolivie.

T'as pris un bus direct Cuzco-La Paz. Lors de ton dernier passage de frontière, t'avais pris 5 transports différents, là t'as le même bus du début à la fin, faut reconnaître qu'on prend facilement goût au confort. Une chinoise du bus s'est vautrée au passage frontière mais sans se faire grand mal. Le chauffeur du bus lui a dit de dire que tout allait bien sinon on campait ici. Et malgré ça, elle a eu le droit à un constat de police et trois différents types de services se sont pointés. Aux USA, t'aurais pu faire un procès à la douane.

T'es pas arrivé à te convaincre de t'arrêter au lac Titicaca. Il y a 4 ans, tu étais déjà arrêté (Linda, Bruno, là où il y avait un terrain de foot....) à Isla del Sol côté bolivien.

La Paz, plus t'es riche plus tu vis en bas de la ville qui est à flanc de montagnes. Ouais, en haut, à Alto, t'es à plus de 4000m, côté respiration, c'est un poil plus fatiguant. A part l'hyper centre, toutes les maisons à flanc de montagnes sont en brique et vue de haut la ville semble rouge. A Alto, en tant que touriste, t'as pas vraiment de raison d'y traîner tes guêtres. T'es sur un immense plateau et tout au loin tu peux voir les sommets enneigés des montagnes qui entourent la ville.

T'as maintenant des téléphériques qui partent du bas de la ville vers les quartiers 'en altitude' histoire de désengorger le centre ville mais les cabines sont loin d'être pleines, un manque de confiance des locaux dans leurs ingénieurs peut être. Ouais, désengorger est le mot. En termes de circulation c'est un bordel sans fin, des files de minibus à perte de vue. Sur courtes distances t'es largement plus rapide à pinces.

Histoire de voir la ville vue de drone sans drone, t'as pris les différents télécabines. Étonnement t'as un quartier à flanc de colline où toutes les maisons sont bariolées. Mais bariolées de chez bariolées, le maire a du avoir un budget peinture illimité et s'est lâché, du coup ça met de la couleur dans ce monde de briques

Derrière la place San Francisco, t'as une dizaine de petites rues qui forment le quartier touristique. Des dizaines d'échoppes qui vendent bien sûr de l'alpaga sous toutes ses formes et des agences de voyage. Pas de boutiques 'chicos' à la Cuzco mais plutôt des petits magasins. T'as la ruelle où ils vendent des bébés lamas. De loin on dirait des peluches, de près ce sont des vrais...morts. T'as aussi des fœtus de lamas et plein de trucs bizarres, genre poudre de perlimpinpin. Ici, quand tu construis une baraque, faut enterrer dans les fondations un fœtus de lama pour la Pachamama. Les dames dans la rue portent leur chapeau typique, une sorte de chapeau melon à peine posé sur le crane.

T'as le fait tour de toutes les agences de trek. Ils pleurent tous. A part l'ascension du Hyana Potosi, ils ont rien à proposer car personne ne se pointe. T'as rencontré un couple qui avait contacté toutes les agences 3 semaines en avance, rien de chez rien, dégoutés, ils se barrent de La Paz. En gros, soit t'arrives avec un groupe pré constitué et tu montes ton circuit soit c'est super compliqué. Bon, t'as quand même trouvé une agence pour aller une journée au Condoriri taper le pic Austria.

Ricardo, le melon mais sans le chapeau

le cauchemar d'Electricité de Bolivie
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Direction le Condoriri, il y a 2 guides, 20 ans Jean's, sneakers. Toi, l'agence t'a dit de venir avec grosses chaussures et bâtons de marche. Puis on récupère 6 canadiens, pareil, 20 ans et la plupart en sneakers. Euh, c'est une sortie scolaire et tu fais le chaperon ?

Arrivé au bout de la piste carrossable, les guides sortent du sac leurs grosses chaussures de marche, les bougres. On est entouré de montagnes en grande partie enneigées. Les flancs des collines sont couverts d'herbe jaune. Ça marche tranquille jusqu'à la laguna chiar khota. Puis le chemin commence à monter. Les 6 canadiens partent comme des fusées. Tu te mets sur le côté pour les laisser passer, pour une fois que c'est toi qui va être à la ramasse. Véridique, 50m plus loin, ils sont cinq à être pliés en deux, plus de souffle. Finalement sur les 6, y en a 3 qui feront trompettes à la moitié et préféreront une sieste. Faut reconnaître que le chemin est légèrement pentu.

L'objectif est de monter au sommet du pic Austria, environ 5300m et des brouettes. Tiens, t'as encore un chien qui s'est pointé avec toi jusqu'au sommet. Ce con s'est mis à aboyer en regardant le sommet. Bizarre, Il recommence à aboyer. Sur la crête du sommet tu vois un empilement de pierres qui de loin pourrait ressembler à une personne. C'est après le tas de pierres qu'il aboie ce couillon. C'est pas un chien local ? Il a jamais vu ces pierres avant ? En tout cas avec toi il a trouvé un bon client, tu lui as refilé tes gâteaux secs achetés la veille et qui devaient dater au moins de la semaine dernière.

Par temps clair, du sommet le guide dit que tu peux voir le lac Titicaca. Ouais par temps clair. C'est con, car au départ le matin, c'était super dégagé. Regardez sur cette photo, ce grand ciel bleu dégagé avec juste la montagne dans le coin à droite qui semble fabriquer des nuages. Ca, c'est avant la montée

puis est arrivé le Ricardo time. Plein de nuages au sommet et ça c'est un peu dégagé dans la descente.

Sur le chemin, t'as du lama qui traînasse voir qui fait la sieste. Eux aussi ont du démarrer trop fort et ont le souffle coupé

il est pas mort, il se gratte le cou

Petites informations importantes pour votre quotidien français, sachez qu'on mange pas de steak de lama car il est considéré comme un animal de transport. Alors que l'alpaga, grosse feignasse qui va jamais à la salle de musculation, n'est pas foutu de porter un sac. Résultat, lui passe à la casserole. Information encore plus importante concernant les toilettes du lama. Alors, tu sais pas trop qui décide. Il y a peut-être un vote à pattes levées, un tirage au sort pour désigner la dame pipi. Mais en tout cas, ils font tous leur besoin au même endroit, un empilement de boulettes noires sur 2m2. Alors, c'est pas de l'info ?


Lendemain, t'as décidé d'enchaîner la vallée de las Animas (les âmes, les esprits, rien à voir avec les bestioles) et le canyon de Palca mais sans agence. Tu prends un uber pour aller au village de de Ovejuyo. Ici, le uber est haut de gamme. A peine assis, le chauffeur te demande ta nationalité et 30 secondes plus tard tu roules avec du Lara Fabian et Dalida. Prochaine fois, tu diras que t'es tchétchène...

Ah ouais, un point vraiment important. T'as une ambiance un peu anxiogène ici. Dès que tu recherches des infos sur des treks, systématiquement on te parle d'attaques, d'agressions, de ne pas y aller seul. Au Pérou, que dal, ici, sans arrêt.

Du coup, t'es un poil en alerte. Tu t'embarques dans la vallée par une piste et d'entrée de chaque côté tu as ces sortes de falaises /pics pointus. Ça doit bien faire 50m de haut et il y en a partout. Tu continues à t'engager dans la vallée. Ah, une personne arrive en courant en sens inverse. Première agression ? Même pas, juste une joggeuse. Ça va, elle cours dans le sens de la descente, ouais on est quasi à 4000m. 30 minutes plus tard, t'es agressé visuellement par la tenue des 4 autres joggeurs qui descendent. Ca craint la Bolivie.

La piste t'emmène sur la colline qui surplombe tous les pics et la vue est exceptionnelle. Puis, la piste se termine et tu redescends par un sentier entre les pics. Ça du te prendre 3h et pas sûr qu'avec une agence tu ais pu faire ce grand tour.

Puis tu choppes un collectivo pour aller au village d'Uni. Un des points d'entrée du canyon de Palca. T'as beau voir le canyon en contrebas, impossible de trouver le chemin qui y mène. Tu t'es retrouvé au milieu d'un champ à demander au conducteur de tracteur le chemin. Apparemment t'es pas bon car t'es du mauvais côté de la rivière et il n'y a pas de pont. C'est l'inconvénient de ne pas avoir d'agence. En plus, on est dimanche, il est déjà tard, t'as pas des milliards de bagnoles qui passent sur la route, ça serait con de rester coincé donc retour penaud à La Paz et dîner dans un pub anglais, ouais la totale loose.

Ricardo, responsable classe verte.

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Yo,

Pétage de plomb...

T'as un trek, le trek de Takesi qui démarre pas très loin de La Paz, qui passe par un col à 4600m et redescend dans l'autre vallée. Les agences le donnent pour 3 jours de marche et camping. A l'office du tourisme, t'as récupéré les distances entre chaque étape.

Ça semble pas délirant, t'as décidé de le faire en une journée. Ouais, ça risque d'être sport. T'enmene au cas où ton sac de couchage et ton poncho qui fait bâche. Au pire si ça se passe mal, tu te mets à l'abri d'un rocher et tu passes une très mauvaise nuit. Côté bouffe. Tu pars avec 2 morceaux de pain et des biscuits. Vu l'état dégueulasse des ruisseaux que t'as vu pour l'instant, tu pars avec 3 litres de flotte et une paille filtrante. Pas de tente, pas de réchaud, en gros, t'as pas trop le droit de te planter. Tu sais qu'au dernier village, y a la possibilité de dormir dans une auberge.

Lendemain matin, tu prends un Uber pour aller au point de départ. Uber déconne complètement et te file un prix ridiculement bas par rapport à la distance. Du coup, tu files le double du prix au chauffeur pour qu'il ne perde pas sa matinée. Ouais, t'as échappé à Dalida. Te voilà au village de Choquekota. Tu te dis que t'es un peu lège côté bouffe et tout ce que tu trouves ce sont des gaufrettes style carton. Mouais, c'est pas ça qui va remplir ton estomac vide.

Tu pars sur la piste qui ensuite se transforme en chemin. Il faut savoir que c'est un chemin inca. Donc à certains endroits, le chemin est large, histoire de faire passer deux bagnoles, pavé de pierres. Là, tu sens que le mec responsable de ce tronçon aimait le travail bien fait. Et sur d'autres tronçon, t'as 4 pauvres pierres sur le chemin, histoire de dire qu'un mec a fait semblant de bosser.

Vu le chemin, difficile de se perdre surtout que des porcasses ont laissé traîner des déchets par moment. Tu tapes la montée au col en faisant super gaffe, c'est pas le moment de se blesser. De l'autre côté du col, c'est que de la descente à perte de vue. Première agression, un vieux monsieur en bord du chemin (à se demander ce qu'il fout là) t'arrêtes pour te serrer la main et te dire bonjour. 2 minutes plus tard, un groupe de boliviens en pause te lance un buenas dias. Et enfin, le pire, un groupe de 6 boliviens pas très jeunes (ouais, apparemment t'es sur un trek pour vieux, ça tombe bien) dont l'ancêtre veut pas lâcher ta main. Quand sa femme a su jusqu'où t'allais, elle s'est dit qu'il fallait que papy lâche ta main sinon jamais tu y arriverais. Après ces 3 agressions, tu verras plus personne pendant les 6 prochaines heures de marche. Et quand tu vois ce que t'as marché, respect pour ceux qui le font dans le sens inverse, ce n'est quasiment que de la montée. Côté paysage, pour l'instant, t'as pas le waouh de la vallée des Animas ou du Condoriri.

T'as du sous estimer les durées et les distances car t'as l'impression de pas avancer alors que tu fais aucun stop. 1h30 après le col, t'arrives enfin au premier spot, Takesi, un gus, 5 vaches et une vingtaine de lamas avec percing fushia.

Tu pousses jusqu'au prochain spot, Kakapi, la vache 2h pour faire 8 kilomètres en plus quasiment en descente pète genoux. Ils sont sympas les incas de mettre des caillasses au sol mais ça tape sur les genoux. Cette partie du chemin est superbe, t'es à flanc de montagne sur un chemin large de 50 cm et de l'autre côté, tu vois des étroites vallées couvertes de jungle qui s'enfoncent. Pas une trace humaine, pas un chemin, peut être qu'au bout t'as un nouveau Machu Picchu. Même si la vue est superbe, tu fais gaffe où tu mets pieds plein de cloques, ouais tu les sens bien, car c'est pas le meilleur endroit pour se tordre une cheville.Au fond de la vallée coule une petite rivière qui serpente entre de gros rochers blancs de chez Calgon.

T'as vraiment sous estimé les distances et tu commences à en avoir plein les pattes. Tu vois au loin la prochaine étape, un camp de mineur. Par contre faut se taper toute la descente dans la vallée, longer la rivière et remonter et ça plusieurs fois. C'est sans fin, t'as mangé les quelques trucs que t'avais pris et il te reste un fond de flotte. Il est plus de 15h.

Tu traverses la mine la Chollja. A l'odeur et à la couleur de la rivière qui y passe, ça doit être une mine de souffre. Apparemment, tu peux dormir dans le camp des mineurs, mais euh, bof. Et la dernière étape, le village de Yanacachi est à 5 bornes. Et là-bas tu sais que tu peux y dormir sans tente.

Tu marches sur la piste qui mène à la mine. 1h plus tard, t'arrives à l'entrée du village. Tu braques la flotte de la mamie qui tient la boutique. Elle te dit que le collectivo pour redescendre dans la vallée est demain à 14h. Ah ouais, ça va faire tard. Tu pars en direction du centre du village quand tu vois une bagnole venir dans ta direction. Le mec avec sa famille descend dans la vallée. Hop, t'es assis à l'arrière. 20 minutes de piste plus tard, t'as rejoins la route de la vallée, celle qui doit te permettre de retourner à La Paz. Il est 16h30, t'as 3 minuscules boutiques, rien d'autre. S'il est trop tard pour les bus, la nuit va être longue. Le seul truc qui te rassure, c'est que 2 cantonniers attendent aussi.

Premier minibus qui passe est complet. Puis tu vois arriver une sorte d'épave cahotante, un gros bus qui doit dater de l'époque inca. Un signe de la main et t'es dedans avec les cantonniers. Rarement vu une épave pareil mais il roule et en plus sur une piste super dégueulasse. Le mec qui investi dans un bus neuf sur cette piste pleure au bout de 3 trajets. T'aimerais bien voir une Porsche cayenne parisienne ici. On a pas dépassé les 10 km/h, dans la poussière en roulant parfois au bord d'à pic impressionnant. Âme sensible s'abstenir. Plus de 2h pour faire les 20 km et rejoindre une route plus correcte. Il est 19h, la journée a été longue et tout ce que tu veux c'est une douche chaude et enlever tes pompes (dans l'ordre inverse). Mais non, trop facile, le bus tombe en panne. Tu sens que c'est parti pour durer. Du coup tu descends et dans le noir, t'essayes de chopper un autre bus mais que dal. Tu vois du coin de l'œil que le bus a enlevé ses warnings. Ça pue. Tu coures pour remonter dans le bus sinon t'es comme un con dans le noir au milieu de nulle part.

T'as vraiment pris le meilleur bus. A chaque péage, le chauffeur refuse de payer le prix et on poireaute. Quand ça veut pas. Mais voyons le côté positif, tu pourrais être seul en plein milieu du chemin avec une cheville foulée.

Changement de programme, tu voulais monter au nord à Sorata, histoire de faire des balades. Mais t'as dîné avec une bolivienne qui t'as dit que du 14 au 18 août tu as une immense fête à Cochabamba. C'est la version bolivienne du carnaval de Rio, inratable.

Ricardo sur les genoux

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Le carnaval de Cochabamba, l'équivalent de celui de Rio quelle t'avait dit. Bon, tu connais pas celui de Rio mais la bolivienne a du légèrement te survendre le truc.

Le carnaval se trouve dans la petite ville de Quillacolllo à 15 bornes. T'y es allé avec un bolivien et ca simplifie vu le monde et le merdier. Déjà quand t'arrives, t'as l'impression d'être sur un immense marché vu les stands sans fin. La fête dure 4 jours, certains sont venus camper. Ensuite faut trouver l'entrée du carnaval. Tout un ensemble de rue a été fermé et ils ont monté des estrades. Mais pour y accéder il faut traverser les rues ou défile le carnaval et là ca devient le chaos malgré les flics qui bloquent le passage. Une fois passé, faut chosir l'endroit où s'installer donc t'as le droit marcher à côté, devant, derrière les groupes qui défilent. Entre ceux qui cherchent une place et les vendeurs de tout et de rien, t'as quasiment plus de non danseurs qui défilent que de danseurs.

Finalement, on est installé sur une planche en bois sur un gradin. Chaque estrade appartient a un particulier qui loue les places sur les planches. Il y a du monde mais c'est pas la folie car c'est pas un jour de congé pour les locaux. Il y a 56 associations qui défilent. En s'étant installé à 15h, c'était environ la vingtième qui passait. T'es parti à 22h, on n'était pas encore à la 45eme..

Côté défilé, c'est le délirant, chaque association a des costumes spécifiques, multicolores, des pompoms, des strass.... Certains ont des masques incroyables, sont en sabots avec des éperons en métal pour faire du bruit ou des énormes grelots. Certaines danseuses portent des pompes piquées au dragqueen. T'en as déguisés en ours blanc revenant de Tchernobyl.

T'as des groupes de mamies qui sont à fond ou qui sont épuisées. Les tenues pour les femmes sont très liées à leur âge, plus elles sont âgées, plus les jupes sont longues.


Ils font aussi danser les tous petits. Et à côté, t'as des pitchounes qui ramassent des canettes vides.

Chaque association a sa propre fanfare qui elle aussi est dans le délire. Côté musique, vu ton oreille musicale, t'as l'impression qu'ils jouent quasiment toujours la même chose. Côté danse, faut les voir virevolter avec les pompons et les rubans qui volent dans tous les sens. Une fois la nuit tombée, ceux qui portent d'immenses masques ont rajouté des loupiotes et même un système pour lancer des flammes.

Vers18h, tous les gradins se remplissent, c'est la sortie du boulot.

Pas de vente d'alcool avant 20h mais la bière circule facilement sur les gradins.

Le seul gros regret, l'emplacement. On était 100m avant les stands VIP. Alors les danseurs qui arrivent crevés, souvent récupèrent devant ton emplacement au lieu de danser avant de tout donner pour les VIP.

Sur la vidéo, vous entendrez souvent un sifflet, c'est le bolivien qui t'accompagne qui a chaque fois que tu filmais, sifflait comme un malade.

Tiens, tous les danseurs s'arrêtent, c'est l'embouteillage. En fait le circuit du carnaval se termine devant une église ou chaque groupe va ensuite faire une petite prière. L'église n'étant pas extensible, ca bouchonne côté eau bénite. Les festivités sont liés à la fête de la vierge d'Urkupina donc on déconne pas sur la religion.

Le lendemain, t'es allé faire une balade à 'Rio' voir le Christ version échantillon. Puis t'es retourné au carnaval. Et là, étonnement la bière coule à flot. Une bande de flics à débarquer et récupérer toutes les bières des vendeuses ambulantes pour les détruire, ça a grave sifflé dans les gradins

Tu sens les groupes fatigués de la veille, il y a très souvent des pauses bières.

Il y a aussi le carnaval d'Oruro, beaucoup plus, gros, connu et organisé.

Ricardo carnavalesque

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Fini le carneval, fini les nanas qui se trémoussent, direction Torotoro au bout d'une piste de 4h, bienvenu en Bolivie profonde. Une 'belle' route sera terminée dans 2 ans donc ceux qui vont en Crête, en Charentes, vous pourrez bientôt venir ici tout confort.

La région est super aride. Au début t'avais l'impression d'être sur Mars tellement la terre et la roche étaient rouges. Le truc de dingue. Puis t'as descendu la vitre et t'as réalisé que c'était le filtre anti soleil de la vitre qui donnait cette couleur. Et ouais, on peut pas être une pointure 24h/24h. Les rares hameaux sur la route sortent d'une ambiance western, 3-4 maisons au bord d'une piste poussiéreuse puis plus rien.

Alors pourquoi Torotoro ? Il y a un superbe canyon, des restes d'empreintes de dinosaures et des grandes cavernes où se perdre.

Le seul hic, il est interdit de se balader sans guide. Pas pour des raisons de sécurité, pour une question business et faire travailler le local.

Le village vit en grande partie de cette réputation et du coup il y a plein d'hôtels et de petits restos et même une boîte de nuit où tu rentres en passant entre les pattes d'un diplodocus. Ouais, c'est le gros délire côté architecture. T'as des dinosaures partout, certains sortent des devantures d'hôtel.

Groupe de 6 max afin de faire travailler le maximum de guides. On commence par aller voir des empreintes de dinosaures. Histoire de s'assurer que le truands qui ne veulent pas de guide ne puissent pas voir les empreintes, les guides ont monté une clôture avec barbelés et porte cadenassée. L'empreinte se mérite.

Le guide nous monte des trous et une image du type de dinosaure qui l'a laissé. Avec les autres on s'est regardé en se disant 'ah ouais'. On a tous vu Jurassic Park, et t'imaginais autre chose qu'un simple trou. Sincèrement, on te l'aurait pas dit, jamais t'aurais pensé à ça. Le paléontologue Spielberg nous aurait pipeauté dans son film ?


Ensuite on voit des empreintes d'une autre bestiole, plus un style pattes de gros poulets pas sympathiques. Personne du groupe n'a été super emballé, certainement la faute de Spielberg, il a mis la barre trop haute.

Ensuite on se dirige vers le canyon. Ils ont construit une passerelle au dessus du vide avec vue imprenable sur le canyon. C'est bien sympa mais le but est de descendre dans le canyon, juste quelques 800 marches et de remonter.

Le soir, t'as le droit au plat local, l'omelette d'œuf de dinosaures. Ouais, ils ont en trouvé des tonnes ici et ils les refourguent sous forme d'omelette. La fraîcheur de l'œuf est pas garantie.

Lendemain matin 20 km de piste pour rejoindre la ciudad de Itas, une sorte de labyrinthe avec des grottes. Tu peux y voir quelques peintures rupestres. Franchement, les mecs côté peinture étaient pas doués. Gabriel, Kinnary, suis certain que Mathias fait mieux. Grosse pression.

Le plus impressionnant est certainement la vue sur les montagnes. On dirait des sortes d'immenses vagues de rochers gris/blanc qui tranchent dans le paysage. Jamais vu ça ailleurs.

Puis on va faire de la spéléologie dans la caverne Umajalanta, une des plus grandes de Bolivie. Le guide nous annonce qu'elle fait 7 km de long, waouh, mais qu'on va faire que 450m, bouh bouh. La grotte est super connue et elle est même dessinée sur le nouveau billet de 10 bolivianos. Avant que la région devienne un parc national, il y avait aucun contrôle, du coup des gros cons se sont amusés à tagger les plafond des grottes et à péter des stalactites. D'entrée on commence par ramper pour rejoindre une caverne plus grande. Claustrophobe s'abstenir. Tu dois utiliser des cordes pour descendre ou monter, te faufiler entre les parois, te faufiler entre des parois étroites. La balade doit durer 1h30. La chance qu'on a eu a été de descendre les premiers car ensuite des groupes de boliviens ont débarqué en masse et à les voir juste descendre entre 2 rochers, tu te dis que certains vont y passer la nuit.

Samedi soir, tu mets ta plus belle cravate pour aller en discothèque histoire de voir l'ambiance. Personne. Mais dans la maison en face, il y a une fête. On a été les bienvenu et ils nous ont un offert une boisson locale à base de maïs. Va comprendre, la boisson est pas alcoolisée et ils sont tous bourrés.

Petite minute 'Bouygues' : toute une famille de locaux est en train de fabriquer des briques à base de terre et de paille. Il faut 4 jours pour qu'elles sèchent et 2000 briques environ pour construire une maison. Bien sûr tout dépend de la taille de la baraque.

Ricardo, paléontologue

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Retour dans le nord de La Paz direction la petite ville de Sorata histoire de sortir du classique gringo trail. T'as décidé d'enquiller un trek difficile. Déjà que sur les treks simples et dans les grandes villes, t'as aucune agence qui a suffisamment de touristes pour les faire partir alors faut imaginer dans un bled perdu où peu de pimpims débarquent.

Tu cherches des infos sur internet sur les treks dans le coin, un gars raconte qu'il a été attaqué par 2 bergers armés de bâton. Si c'est pas de la pub déguisée pour Justin Bridoux.. Sorata, sa place centrale, son église..., 'la casa de guias' semble définitivement fermée mais coup de chance t'as trouvé le numéro d'un guide plombier qui s'appelle Mario.

Le trek que tu veux faire s'appelle Mapiri, nom du bled où il se termine. C'est un ancien chemin pré incas qui passe par des montagnes remplies d'or. El camino del oro. Tout un programme. Grosse discussion avec Mario et pour des raisons de coûts, on part pour 7 jours en autonomie complète sans porteur. Donc bouffe, tente, sac de couchage, fringue pour le très froid et fringue pour le très chaud. Ca sent le trek à y laisser un genou voir les deux.

Mario a voulu qu'on signe un contrat, bizarre, c'est la première fois qu'un guide veut qu'on fasse un contrat.

T'as trouvé un seul commentaire sur ce trek et il laisse rêveur.

https://www.routard.com/forum_message/186367/bolivietrek_de_mapiri_attention______.htm

Jour 1 : Première étape, un collectivo pour rejoindre le bled d'Ingenio. T'es assis à l'arrière de profile ce qui permet de bien sentir les cahots et la poussière de la piste défoncée. La piste monte sans fin dans les nuages et grande surprise t'as une vallée ensoleillé de l'autre côté. Elle est bicolore. Grise de la terre et les rochers et orange foncé de l'herbe rase. Rien d'autre, pas un arbre, pas un buisson, la couleur verte a disparu de ce monde. Entre 2 cognages de tête dans la bagnole, t'as essayé de faire des photos.

En fait dans ce coin, les pistes ne servent qu'à desservir les mines d'or qui pullulent dans la vallée. Ingenio sur mine, vous connaissez ? Bon t'y passerais pas des heures. Voilà la photo du centre 'ville'.

Une fois arrivé Mario, qui en fait est guide et aussi mineur quand il y a pas de touristes, te dit qu'il a discuté avec un guide la veille qui en Mai a du faire demi tour car une avalanche, glissement de terrain ou un truc dans le genre a coupé la piste. Donc ca pue et cet enfoiré le savait et il aurait pu en discuter avec toi avant de partir. Lui, la dernière fois qu'il a fait ce chemin, c'était il y a un an. C'est clair que s'il y a gugus qui se pointe la tronche enfarinée en battant des bras sur la place centrale en criant 'Mapiri', il va pas le décourager. Bon, ben, t'as pas trop le choix, on va aller voir en croisant les doigts.

Côté bouffe, tu sais pas trop ce qu'il a acheté mais c'est lourd à porter et le petit sac à dos que t'as pris n'est pas fait pour porter 15 à 20kg. Faudra espérer qu'il pète pas en cours de route sinon c'est la cata. Ouais tu lui as prêté ton gros sac car c'est un guide qui n'a pas de sac.

C'est parti pour une marche sur un chemin pré incas dans les montagnes. A partir de maintenant on doit être autonome sur 7 jours. On a, quoi, 500m de dénivelé positive, on a bien du faire 5 pauses sur les 2h30 de marche. Vu le bid rempli de bières et les clopes qu'il fume, c'est pas trop étonnant. Toi, t'avais pris l'habitude du luxe avec les mules qui portaient tes affaires. Là, à chaque pas, tu sens le poids des boîtes de thon dans ton dos qui remonte pour cisailler tes épaules.

Mario te dit qu'il y a quelques années, il avait amené 2 touristes israéliens qui courraient dans cette montée et qui ensuite avaient pleuré dans la partie jungle. Oui, apparemment beaucoup pleurent dans la partie jungle. T'as amené des kleenex au cas où. Arrivé au lieu de camping à 4000m, la rivière est asséchée. Gros coup de stress, la flotte c'est ton talon d'Achille. C'est en allant plus haut trouver de la flotte que Mario t'apprend une autre bonne nouvelle. Il y a un jour dans la jungle où il n'y aura pas d'eau donc faudra porter la flotte pour 2 jours en incluant celle nécessaire pour la cuisine. Et il n'a avec lui qu'une bouteille de 600ml. Euh, on peut revoir l'option porteur voir même 2 porteurs ? Putain, ca fait beaucoup de nouvelles pourries pour un premier jour. En plus le soir, un veille copine vient tapoter à ta tente, la pluie. Alors quand tu dis le soir, c'est 18h30... Alors, on a quoi de bon à dîner ? Un paquet de noddle chacun et un thé. Ah ouais, ca fait lège mais c'est vrai on a encore 6 jours de marche

Jour 2 : la tente a givrée dans la nuit mais le ciel est dégagé, pas un nuage. Alors, on a quoi de bon pour le petit dej? Un petit pain avec beurre et confiture, la vache, tu vas perdre du poids à ce rythme. Du coup, tu te dopes à la feuille de coca. Tu récupères ta partie de bouffe à porter. Bizarrement elle est plus lourde que la veille, t'as un paquet de sucre en plus, dingue ce sac qui se rempli de bouffe tout seul.

Sur le chemin, Mario cherche désespérément des bouteilles en plastique que d'autres auraient abandonnés, t'avais jamais vu ça. Oui, on est court en récipient pour le jour J. Le mec sait qu'on va avoir un problème de flotte et il vient sans bouteille. Ca commence à faire beaucoup et c'est que le début. On marche à flanc de montagnes avec une très belle vue et 2 minutes plus tard on est dans la brume. 30 minutes plus tard le soleil réapparaît puis rebrume, indéfiniment.

A 11h, lors d'une pause (parmi tant d'autres), on entend des voix. Des bergers Justin Bridoux? Non, trois locaux qui marchent en sens opposé. Ca discute, ça discute. Et le gars, qui est du coin confirme que le chemin est bien coupé.

Et c'est là où ca part en vrille. Mario considère qu'il n'est pas responsable. C'est sûr, c'est pas lui qui a coupé la route. Mais il le savait avant de partir et il t'a rien dit. Il a oublié de te le dire soit disant, c'est vrai, que c'est pas un point important. Toi, du coup tu veux retourner, quel intérêt d'aller voir un chemin coupé mais Mario veut quand même y aller alors que juste avant il reconnait que si un mec du coin dit que ça passe pas, c'est que ca passe pas. En plus, il te dit que si on doit faire demi tour, le chemin retour va être mortel, super. Toi t'as déjà tout payé. Et comme on aura fait que 3 jours, tu veux récupérer la différence car il est un peu responsable. Il te sort ce fameux contrat de 7 jours. Ouais, super, on va tourner en rond 7 jours. Du coup, un poil énervé, tu fais demi tour seul avec beaucoup d'intox car t'es pas sûr de retrouver le chemin retour. Il te rattrape, veut discuter mais veut surtout que tu signes son contrat comme quoi c'est toi qui veut rentrer. Il a peur que t'ailles chez les flics. Tout le problème est qu'il le savait avant de partir et en plus il avait ton numéro de téléphone pour en discuter avec toi.

Retour tendu à Ingenio, sans un mot. Tu passes sur le fait qu'il t'a dit qu'il n'avait pas le numéro de tel du chauffeur qui fait le trajet alors qu'une heure après il l'appelait.

Finalement à 17h30 on est sur une piste retour à 4700m d'altitude avec un pneu crevé. Ouais, y a des jours. Et chaque fois que le chauffeur s'arrête pour regarder ses pneus, t'es légèrement inquiet, on a pas une 2ème roue de secours. Cette fois ci t'es assis devant, avec une superbe vue. La vache, la piste est impressionnante. A chaque tournant, le chauffeur a pas le droit à l'erreur sinon on fait une Grace Kelly. Il avait dit qu'on allait mettre 2h30 pour revenir, qu'on allait voler. Euh, vu les pentes abruptes, on va éviter. I believe i can fly ca sera pour un autre jour.

18h15, la brume vient nous faire la bise, on voit pas à 15m.

18h25, ca s'améliore, la pluie s'invite histoire que la piste glisse un peu plus.

18h35, ah enfin la nuit. On a la totale. Les phares? Oui, y a l'option phare sur 10m max. Ah non pardon, il a des phares plus puissants mais il ne les allume que de temps en temps sinon c'est pas drôle.

C'est clair, en espagnol tu connais les basiques, après ça se complique au niveau compréhension. Mais le truc bizarre, t'as retrouvé à Ingenio les locaux croisés le matin qui avaient dit que le chemin était coupé et ils on été surpris de te voir. Ils pensaient que t'allais à Mapiri. Euh, si le chemin est coupé...

En tout cas, t'imaginais vraiment pas te faire entuber ainsi, c'est une grande première. Comme quoi, il faut bien lire les contrats avant de signer.

Et non, on peut pas considérer que t'es trompette sur ce coup. Ok t'as fais demi tour mais ca compte pas si la route est coupée.

Bon ben du coup retour sur le gringo trail..

Ricardo, braqué mais pas comme prévu

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Yo,

Après tes désillusions à Sorata et beaucoup d'erreurs de transport de ta pomme (ouais, imagines que tu veux acheter un billet Paris-Nice et qu'à l'aéroport on te dit que t'as acheté un Lyon-Nantes, ouais ça surprend).

T'es finalement arrivé à Sucre, qui comme tout le monde le sait porte ce nom car c'est la capitale mondiale de la betterave.

T'insistes pas sur sa grande place centrale ombragée remplie d'arbres, ses églises, ses petites rues. T'as croisé Edward au mains d'argent qui sévissait sur les haies de la place. T'as aussi vu la tour Eiffel locale, ouais, ouais, la tour Eiffel. Manque plus qu'un coup de peinture et les chinois et japonais vont débarquer par wagons. Il paraît même que Gustave va passer prochainement pour l'inauguration.

T'as décidé de cocher la case 'culturelle' en allant à la 'casa de la libertad' où a été signée la déclaration d'indépendance de la Bolivie. Pour plus de détail voir avec Franky wiki.

Alors, si vous aimez les tissus, il faut aller au musée des arts indigènes. Il faut 8h de taff pour tisser 1,5 cm. Il faut 4 mois pour tisser ces pièces et une coûte en moyenne la moitié du prix d'une semaine de guide truand. Ouais maintenant, ta monnaie est le 'guide-truand'.

Autant à La Paz, le marché central était le pire que t'avais jamais vu, stands modernes, les 3/4 fermés, aucune vie, autant de celui de sucre est beaucoup plus sympa. T'as des lignes de gâteaux avec un léger doute sur la chaîne du froid. T'as aussi le coin museau de vache, le rayon mixeur où les dames t'attendent pour te faire des jus de fruit frais. A ce propos, vous connaissez le fruit tumbo? Ca ressemble légèrement à une petite banane mais à l'intérieur on dirait le fruit de la passion.

T'es passé à l'office du tourisme pour des infos sur les bus, la buse t'a même pas dit qu'il y avait ce jour un mini festival avec différentes communautés en tenue traditionnelle. C'est par hasard que t'es tombé dessus, à la fin.

T'es allé aussi au cimetière. Beaucoup de grands arbres un peu comme au père Lachaise. Des grands mausolées avec colonnes pour les nantis et pour les autres c'est plutôt côté HLM. Il faut imaginer un très long mur avec des sortes de 'fenêtre' pour chaque famille. Derrière chaque vitre, des fleurs, des objets, parfois des petites bouteilles d'alcool (peut-être un mort dune cirrhose du foie). Pour les enfants, des poupées, des jouets, des peluches. C'est très particulier.

Suite à la frustration de Mapiri, t'as décidé d'enquiller un trek dans la Cordillère de los Frailes dans les communautés Jal'Qa mais sans guide... 33 bornes, une ballade. L'objectif est d'aller dans le cratère de Maragua. Quand tu lis les commentaires sur internet, c'est pas super motivant mais on verra . Lever à 5h45 pour chopper un trufi (ouais en Bolivie on dit pas collectivo pour un minibus mais un trufi) pour t'emmener au point de départ. En 3 mois d'Amérique du sud, c'est la première fois qu'on essaye de t'entuber sur un prix d'un minibus (sur les taxis, n'en parlons pas, t'as quasiment toujours le droit au léger surplus 'gringo'). La première partie du chemin en descente est pré incas, traduction, tu marches sur des grandes pierres qui forment le chemin. Pas un chat sur le chemin, voir un lama.

Arrivé au niveau de la rivière, t'as 2 possibilités, longer la rivière et puis trouver le chemin qui monte vers Maragua, ta première étape, ou prendre la piste. Tous ceux qui ont pris l'option rivière ont souvent galéré pour trouver ensuite le chemin. Toi t'as un paquet de chemin à faire donc tu peux pas trop déconner en terme de timing donc tu prends la piste en te disant qu'en plus tu seras en hauteur pour la vue. Point positif, on est pas enmerdé par les bagnoles. Points négatifs, y en a une palanquée : Finalement la vue que dal, la piste poussiéreuse fait des tours et des tours sans fin et tu découvres que c'est pas une piste mais une autoroute Vinci. Ouais, tu marches et voilà t'y pas qu'une gamine sort d'une cahute en te montrant un ticket. C'est le péage. Bon, ok. 30 minutes de marche plus tard, 2ème péage, la piste est coupée par une chaîne, 2 mamies veillent farouchement et le prix est le double. Ok, c'est pas ça qui va te ruiner et c'est pas un problème pour aider les communautés locales mais si t'es ponctionné toutes les 30 minutes de marche. Et puis, t'as même pas un Autogrill, une aire de repos voir même une petite boutique, rien de rien, ils sont où les investissements d'infrastructures ?

four à Socca local  et ticket Vinci Bolivie

T'arrives au fameux cratère de Maragua. Le village est assez grand, mais il doit y avoir 10 habitants max en incluant les 2 gardes barrières. T'as l'impression d'être dans un village fantôme, même pas une petite tienda pour acheter de la flotte. Ceux qui viennent avec des agences passent la nuit ici. Il est que 11h30. Alors le fameux cratère qui n'en est pas un. Le village est entouré de montagnes en forme de vagues comme à Toto Toro. Sauf qu'ici elles sont de la même couleur que les autres montagnes donc ca pique pas vraiment les yeux. Si t'as vu Toro Toro, mouais.

Allez cassos, direction le village de Potolo qui est quand même à 17 bornes. Il faut sortir de ce cratère par une piste mais sans péage, Vinci n'a pas encore racheté les droits. Une fois passé de l'autre côté, plus de piste, enfin du chemin mais très peu visible. Même avec maps.me t'en as chié. Tu réalises que si ton téléphone est mort, jamais tu trouves le chemin.

Comme à Toro Toro, t'as un coin avec des empreintes de dinosaures. Après plusieurs aller retour, t'arrives à passer du côté de l'autre vallée. Et la changement complet d'ambiance et de couleur. Du bordeaux et du gris. La terre est rouge foncée, bordeaux voir couleur betterave (rappelez vous, la capitale de la betterave, c'est grâce à la terre que la betterave est rouge. N'allez pas raconter des conneries pareilles à des enfants). Le gris, c'est pour le ciel. Le gris des nuages remplis de pluie qui arrivent droit sur toi. La pluie, ca rafraîchit toujours. Tu traverses encore une communauté quasi fantôme et tu descends enfin en direction de Potolo où tu sais qu'il y a un hébergement communal. 15h30, t'es à moins d'un kilomètre du village quand tu vois un trufi arrive en sens inverse. Merde, gros dilemme. Soit tu le prends pour retourner sur Sucre mais t'auras pas vu le village, soit tu continues mais s'il y a plus de bus après, t'es coincé à ghost pueblo.

Le choix est assez rapide. Vu l'activité trépidante des autres villages traversés, t'as sauté dans le minibus. Les locaux dans le bus se demandent d'où débarque le gringo à moitié mort. Ouais, t'es à court de flotte, t'as quasiment rien mangé et tu sens plus tes genoux. 33 bornes en montagne en 7h ça laisse des traces.

Sinon l'office du tourisme a nommé ce circuit le chemin du tissage et de la paléontologie. Euh, il devrait venir faire un tour dans les différents bleds et le renommé le chemin de Casper.

Ricardo, tout sucre et miel

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Direction la ville de Potosi à plus de 4000m.

La ville est au pied du mont Rico, véritable labyrinthe de mines encore en activité. Il y a plus de 49 coopératives de mineurs qui essayent d'y survivre. Le mineur, t'en as rencontré un à Sorata....mauvais souvenir.

La principale 'attraction touristique' du coin est la visite d'une de ces mines.

Alors, beaucoup de blablas sur internet, en particulier par les bien pensants qui s'emmerdent le dimanche après midi, vautrés sur leur canapé et qui cherchent des sujets à polémique. Faut il aller dans les mines, est ce du voyeurisme ? Histoire de mettre ton grain de sel : Une partie, c'est vrai très petite, de ton entrée est reversée à la coopérative. Tu y vas avec un ancien mineur qui, t'imagines, saura respecter ceux qui y travaillent actuellement. T'apportes quelques petits cadeaux aux mineurs, sac de coca, boisson.... Donc faut pas aller non plus dans le volcan Kawah Ijen en Indonésie ? Faut pas aller voir les centres d'artisanat où par exemple les dames démontrent leur talent de tissage? Et puis, faut arrêter les conneries, tu vas au resto, le serveur il fait quoi ? Il bosse. Va trouver, un resto où tu demandes à déjeuner sans que le serveur ou le cuistot bosse. Ouais, reste sur ton canapé, fout un surgelé Findus au micro onde et profite de ton canapé sans voir personne bosser. Pareil, prochaine fois que tu prends un taxi, tu fermes les yeux pour pas voir le chauffeur conduire.

Fini la polémique, retournons à Potosi. En arrivant par bus, vue de dessus la ville semble moche mais en fait le centre ville est assez sympa avec plusieurs rues piétonnes, des petites places et bien sûr ces églises. Sur la place principale la circulation est gérée par des tigres. Et ici, la sortie du pot d'échappement des bus est à 2m de haut, c'est beaucoup plus sympa pour les piétons pour profiter de l'air pur en altitude.

T'as retrouvé dans ta chambre un objet que t'avais pas vu depuis 1,5 ans. Du savon ? Un pot de chambre? Une strip-teaseuse ? Non, un radiateur d'appoint.

Bien sûr, t'es allé dans une mine. Oula, certains ont du avoir mal à leurs escarres. Faut que reconnaître que vu le faible prix que t'as payé, tu te demandes combien va revenir à la coopérative.

Tu commences par t'habiller en mineur pour pas trop te dégueulasser et t'as le droit au casque et la lampe frontale. Ensuite tu vas dans une rue où les mineurs achètent leur matériel. On a pas l'air con, les touristes avec notre tenue et notre casque en pleine rue. Chaque mineur doit venir avec son propre matériel, bâtons de dynamite compris. Oui c'est le seul endroit où la dynamite est en vente libre dans la rue. 2,5 euros le bâton, la mèche, l'amorce et un sac de petites billes de pétrole qui démultiplient l'effet de l'explosion. Tu sais maintenant où se fournissent les corses lors de leur soirée feux d'artifices. Le plus dangereux, l'amorce, plus d'un mineur y aller ses doigts.

Le mineurs picolent aussi pour tenir le coup. C'est un alcool à base de cane à sucre. Du 50°? Ahah, ça c'est dans le biberon. 70°? C'est quand les poils commencent à pousser. Non, dans les mines, ils picolent au 96°. Va savoir si c'est la mine ou l'alcool qui les tue jeune. On a acheté des sacs de coca et des bouteilles de soda pour les mineurs qu'on va rencontrer.

Alors voila comment ça marche grande ligne. T'as environ 10.000 mineurs pour les 450 mines. Ils bossent dur du mardi au vendredi. Le samedi c'est repos et ils attendent avec impatience de savoir ce que le minerais (argent, plomb, zinc) sorti va leur rapporter. Le dimanche c'est le jour du partage du pognon et le lundi pour les jeunes c'est football et les anciens vont bosser ou buller. Toi, t'y étais un lundi, effectivement t'as pas vu grand monde dans la mine que t'as visité. Que des feignasses ces mineurs...

Finalement on arrive devant l'entrée d'une des mines. En plus du guide il y a un espagnol et un couple de mexicains. Le guide demande à la mexicaine si elle est sportive. Elle fait du semi, elle nage 2 fois par semaine, une tueuse. Son mari, lui, descend dans la mine avec un sac à dos. Dés l'entrée ça descend en chute libre dans un boyau. Apparemment, nager 2 fois par semaine n'est pas suffisant pour descendre dans une mine. Un mineur qui voulait descendre a du aider miss nachos qui paniquait. Il y a des galeries qui partent dans tous les sens, un véritable labyrinthe. T'avances à la lueur de ta frontale. Parfois des monceaux de pierre sont retenus par quelques planches de bois, faut juste avoir confiance. Les boyaux sont parfois très étroits et tu dois récupérer le sac à dos du mexicain qui n'arrive pas à se faufiler avec. Sans déconner, venir dans une mine avec un sac a dos, et pourquoi pas aussi avec une valise en carton. On a des masques en papier pour se protéger de la poussière qui nous recouvre.

Le guide nous emmène voir les quelques mineurs qui bossent ce jour et vraiment on ne se sent pas malvenu. Certains font une pause et veulent parler football, donc pour le côté voyeur. On t'a demandé qui est le numéro 10 de l'équipe de France. Euh.. Platini? A chaque fois, on leur donne une bouteille de soda et un paquet de feuilles de coca. Une fois descendu dans la mine, leur seul nourriture est la coca. Ils ont une joue déformée par la boule de coca qui leur fourni l'énergie pour bosser. Un des mineurs a commencé à bosser dans la mine à l'âge de 13 ans.

Boum, boum, des vibrations. Quelque part un mineur a fait pété de la dynamite.

Chaque mine a son/ses tios, son dieu. Attention c'est la minute linguistique à dix balles. En Quechua le 'D' n'existe pas, donc Dios est devenu tios. Dans cette mine, ils pullulent. Les mineurs font des offrandes en particulier des feuilles de coca et des petites bouteilles d'alcool vides (ouais faut pas déconner). Vous verrez que sur une des photos, un des tios est plutôt gâté par la nature, c'est le côté macho, les femmes n'ont pas le droit de trimer dans la mine.

La Johnny Weissmuller mexicaine dit qu'elle est plus trop capable de crapahuter dans la mine donc elle aimerait bien en sortir. Donc nous voilà dehors, les yeux explosés par le soleil, tellement sale que le chauffeur du minibus nous a donné un coup de balayette avant de nous laisser monter.

Ricardo, escarres allergique

Chien à dreadlocks direct de Jamaïque 
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Canyon rouge, gros cactus, chapeau de cowboy, chevaux piaffant d'impatience... Bienvenu chez les cowboys boliviens.

T'as le choix entre le chapeau de cowboy ou la bombe. Sans déconner, t'as déjà vu Clint Eastwood sur un bourrin avec une bombe? Ton guide s'appelle Ricardo et le steak sur pattes Indio. Côté touristes c'est plutôt calme donc t'es seul avec le guide.

Côté cheval piaffant d'impatience, tu t'es un peu emballé, toute la ballade se fait au pas. Si t'aimes pas la couleur rouge ou orange, faut pas venir se balader dans le coin, ce ne sont que des montagnes de différentes teintes de rouge, des buissons et des grands cactus. T'aurais la même chose à côté de Cusco, t'aurais 2000 personnes par jour.

Première pause pour soulager le fondement, la porte du diable, oui, on plaisante par sur les noms ici. Une immense plaque de pierre verticale ouverte en deux.

Deuxième pause, la vallée de los machos, avec des grandes colonnes de terre un peu style cheminée de fée.

La ballade se termine à l'entrée du canyon de l'inca. Bizarre pour des incas, il y a pas de terrasse, encore un pipeau marketing ? On descend des futures lasagnes Spanghero pour s'engager à pied dans le canyon très étroit où il faut grimper sur les rochers. 100m plus loin, on arrive face à un mur de plus de 3m de haut qui est la fin de la balade à pieds. Le canyon fait 7 bornes et tu arrives de l'autre côté de Tupiza. T'aurais eu de la flotte et de la bouffe, t'aurais laissé le guide retourner avec les chevaux mais sans rien, c'est un peu chaud pour y aller. On parlant de chaud, même si on est à 3000m, t'as jamais eu autant chaud en Bolivie. Demain tu vas revenir à pinces, équipé et tu vas tenter la traversée du canyon.

Retour à Tupiza où t'essayes d'organiser le circuit dans le sud Lipez et le Salar de Uyuni. Tu voulais intégrer l’ascension du volcan Licancabur où t'avais été trompette il y a 7 ans mais comme d'hab il y a personne d'intéressé et pourtant t'as fais toutes les agences. Même sur le tour standard de 4 jours, t'as du mal. Bruno, c'est mal barré pour le Licancabur. Faut qu'on revienne à 4, qu'on privatise une jeep et on se fait notre circuit pépère. Ils te font tous croire que c'est sûr, demain ils ont une voiture qui part. Ils ont tous ton numéro Whatsapp et même s'ils cherchent une personne pour compléter la bagnole, ils te contactent pas. Donc faut tourner plusieurs fois dans chaque agence.

Un mec d'une agence t'a dit qu'il faut 7h pour faire la traversée du canyon, que ça peut être difficile et qu'au pire tu peux l'appeler si t'es dans la merde. Ah ouais, quand même. Tu pars avec flotte et bouffe. Et cette fois-ci sans bourrins. Du centre ville, t'as une piste pour rejoindre la piste du canyon. T'as l'impression de marcher dans une décharge à ciel ouvert. T'as un promoteur optimiste qui y construit des pavillons 'les jardins de Tupiza'. Euh, à part viser une clientèle d'aveugle ou un acheteur sur plan

Si ça intéresse quelqu'un ? 

A la porte de la mort, tu croises le park ranger à qui tu dis que tu vas faire la traverser du canyon. Grand sourire, pas de problème.

Tu te retrouves face au rocher de plus de 3m. Les pompes mouillés, 3 fois tu t'y prends pour y monter. Ca serait con de se vautrer dès le premier obstacle. Le guide de la veille t'avait dit que c'était la partie la plus difficile du canyon, donc une fois passé t'es confiant. Une fois l'obstacle passé, tu t'enquilles dans le canyon qui fait au mieux 5m de large. En période de pluie le canyon doit être rempli de flotte mais en ce moment t'as juste quelques flaques. Tu serpentes entre les parois avec parfois des passages un peu difficile où la glissade n'est pas trop permise surtout que t'es seul. Le canyon est de plus en plus étroit pour se terminer par une montée où tu rejoins une petite crête. Maintenant c'est la redescente de l'autre côté dans un ruisseau asséché. Jusque là, ca va, assez tranquille. T'as du faire 75% du trajet. De chaque côté du chemin, des parois rouges difficilement franchissables. Puis t'arrives en haut d'un rocher qui doit faire plus de 3m de haut avec quasiment aucune prise pour descendre. Ouais ben même pas en rêve que tu sautes. Tu cherches s'il y aurait un contournement mais que dal. Faire demi tour trompette, pfff. Finalement t'es arrivé à te laisser glisser sur le rocher en demandant à la Pachamama de ne pas te tordre ou péter un truc. Ouais à 20 ans tout est solide, mais à 20 ans et plusieurs centaines de mois, c'est un peu plus compliqué au niveau articulation.

Ok, t'es en bas mais t'auras aucun moyen de remonter si ça se complique plus tard. Sans y croire tu regardes si tu captes avec ton téléphone mais que dal.

T'as plus qu'à avancer. 10 minutes plus loin, c'est la catastrophe. T'es en haut d'un mur de béton de plus de 5m de haut. Là, c'est la grosse galère. Putain, si tu recroises le guide la veille, tu vas lui péter les genoux. Ne jamais croire des mecs qui s'appellent Ricardo. Que faire ? T'essayes de grimper sur le côté pour contourner. Autant en montée t'as peut être une chance d'y arriver mais de l'autre côté faudra redescendre et c'est l'accident assuré.

Tu retournes à ton mur en béton, légèrement inquiet. Sur un des côtés, il y a une sorte de cheminée étroite. En te mettant le dos collé au béton et la plante des pieds sur la roche, tu devrais pouvoir descendre. Première étape, tu balances ton sac à dos en bas du mur. Ensuite tu te colles le dos au béton. La cheminée est trop étroite, t'arrives pas à te recroqueviller assez pour mettre la plante des pieds face à toi pour mettre de la pression et ne pas glisser. Donc t'es pieds essayent désespérément de trouver des appuis. Alors vous pourriez dire qu'il faut se servir de ses bras pour s'aider à descendre. Ouais, c'est sûr, mais quand t'es un charlot avec une capsulite à chaque épaule, c'est plus compliqué. Faut pas vieillir. Finalement en te raclant le dos t'es arrivé à descendre puis à sauter d'une hauteur où tes genoux n'ont pas porté plainte pour agression. T'as pas fait 50m (en boitant légèrement) que tu vois devant toi le haut d'un autre mur en béton. Oh putain, ça va pas recommencer. Mais ce coup là les parois sur les côtés ne sont pas verticales et il y a un petit chemin. Et de là t'es à moins d'un kilomètre du centre ville.

T'es repassé à l'agence toujours pour essayer d'organiser le circuit sur Uyuni et tu leurs racontes les petits problèmes rencontrés. Et la nana te sort 'oui, quand des gens veulent y aller, on leur dit de monter jusqu'à la crête puis de faire demi tour' Euh, et ton collègue sympa de la veille, il pouvait pas prévenir avant ? Bon, au moins, vous, vous êtes prévenus.

Sinon, Tupiza, petite ville tranquille entourée de paysages arides, sa place ombragée avec des grands arbres d'où les oiseaux te chient dessus, sa rôtisserie où tu viens quotidiennement manger du poulet, son petit marché et surtout sa vingtaine de pizzerias.

Ricardo Eastwood

49

Finalement, t'es arrivé à partir avec une agence pour 4 jours et on est 4, que des français. Si tu veux être avec des français avec 90% de chance, faut partir de Tupiza, il y a un centre de reproduction.

Pour une fois, il y aura pas trop de blabla, surtout des photos et quelques commentaires.

Jour de départ, toutes agences de Tupiza confondu, il y aura 7 bagnoles qui seront partis, côté Uyuni, certainement plus d'une vingtaine. Faites votre choix. Tu discutes avec deux français qui sont en partis en même temps que toi mais avec une autre agence. Eux aussi voulaient faire l'ascension du Licancabur. Toutes les agences de Tupiza avaient ton WhatsApp et aucune ne t'a contactée. Résultat on est 3 à être dégoûté.

Ville fantôme et Sud Lipez

Laguna blanca et laguna verde au pied du Licancabur... No comment

Elle est remplie d'arsenic qui lui donne cette couleur. Qui dit arsenic dit pas de piafs dans le lac. A cet endroit, tu retrouves les voitures de Uyuni et tu passes de 2-3 bagnoles à plus d'une vingtaine. S'il n'y a pas de vent, la lagune est bleue et le guide nous a fait arriver vers 10h30 où selon lui le vent se lève. Et on peut voir la lagune changer en quelques minutes de couleur.

Avant et après le vent 

Laguna Chalviri et eaux thermales. Bruno, ça te rappelle un petit doigt de pieds ?

Sol del mañana, pas vraiment des geysers, plutôt un site avec des fumerolles de souffre.

Laguna Colorado

En 7 ans, ça a changé, tu ne peux plus marcher où tu veux, tu dois suivre un sentier. Ils ont construit un bâtiment affreux en béton qui fait bar. Dans 5 ans t'as MacDonald... La lagune est rouge en fin d'après midi et cristalline le matin. Pourquoi ? L'explication de Maître Capello : la lagune contient des micro organismes qui donnent cette couleur rouge. Avec le soleil ces micro organismes remontent à la surface et font apparaître la couleur rouge. La nuit avec le froid ces feignasses retombent au fond. Et dire que t'as hésité à te lever aux aurores pour aller voir la lagune au lever du soleil. D'un côté la lagune est rouge avec des plaques blanches et de l'autre côté orange. Ajoutez des flamands roses et des lamas en goguette. Voilà, ça pique légèrement les yeux.


Point 'office du tourisme Ricardo'

De la lagune Colorado, partent 2 pistes. La nouvelle piste part par la droite de la lagune et permet de voir différentes formations rocheuses, la laguna Negra et le spot qui s'appelle l'anaconda (une rivière qui serpente dans un canyon). L'ancienne piste par à gauche, passe par l'arbre de pierres et 3 lagunes. Il y a 7 ans t'étais passé par la ancienne piste et vu que t'en avais pris plein les yeux, t'avais demandé aux agences de passer par l'ancienne piste. Seul l'agence Tupiza Tour passe par cette par cette piste.


L'arbre de pierre et désert de Siloli. Fini l'époque où des viscaches (la bestiole qui ressemble à un mélange de lapin et d'écureuil) t'attendaient pour un casse croûte. 3 renards ont fait une hécatombe et se sont installés tranquillement à demeure. Selon le guide, ils s'attaquent parfois aux chaussures en cuir des touristes..

Laguna Honda

Laguna Hedionda. Faut pas venir, si t'aimes pas les flamands roses.

Laguna Canapa

Viscaches. Oui, il y a d'autres spots où un morceau de pain fait des miracles.

Isla Incahuasi. Apparemment la seule 'ile' avec des cactus. Lever à 4h30 pour y être au lever du soleil et se peler légèrement. Oui, on tape en dessous du zéro.

Salar de Uyuni avec nuit dans un hôtel fait en bloc de sel. De l'extérieur, il semblait naze mais très joli à l'intérieur et première douche chaude après 3 jours.

Les fameuses photos dans le Salar mais on est pas très doué.

Dernier jour, c'est la journée nationale des piétons en Bolivie. Les bagnoles n'ont pas le droit de rouler en ville jusqu'à 18h. On devait revenir sur Uyuni à 14h mais impossible donc on se balade dans le Salar et on pousse jusqu'au pied du volcan Tunupa, son cratère coloré et ses momies

Le rallye du Dakar, ouais, il est venu pourrir le coin en 2016


Finalement on est à Uyuni à 17h30. T'es dans le bus de 21h pour remonter vers Oururo puis Sajama. On t'explique qu'on va te lâcher à 4h du matin en bord de route et qu'ensuite faut que tu te démerdes pour aller à une gare de bus puis attendre 12h30 pour chopper un minibus ppur Sajama. Tout ça à des températures négatives sachant que tu t'es levé la veille à 4h30. Sajama, t'y es déjà allé. Mouais.... 30 secondes avant que le bus parte, tu descends. Un sentiment de gros plan galère glacial. Finalement tu prends le bus de 5h30 du matin pour San Pedro de Acatama, 12h de bus, assis à côté de la seule personne qui ferme les rideaux pour ne pas être agressée par les paysages.

Passage de douane. Plus de 2h alors qu'on est le seul bus. Ca rigole pas pour entrer au Chili. Bien sûr, tout le monde descend du bus et on met les bagages en ligne. Un douanier se pointe avec son cleps qui d'abord renifle tout le bus. Puis il fait plusieurs fois le tour des bagages, ensuite il vient nous renifler et renifle à nouveau les bagages. Rien de suspect, mister truffe n'aboie pas. Puis le douanier attache le chien et planque un flacon de ?? sous un sac. Le chien est impatient. Il détache le chien qui refait le tour des bagages à la recherche du flacon. Des qu'il le trouve, le douanier lui lance une balle pour le féliciter. Ensuite c'est la fouille des bagages par les douaniers. T'avais oublié de virer un paquet de raisins secs. (les fruits et légumes ne passent pas la frontière). Le douanier a trouvé le paquet mais personne ne lui a lancé une balle. Comme quoi les chiens sont mieux reconnus que les policiers au Chili. Et 20 minutes de route plus tard, on a le droit à un checkpoint militaire.

La route pour rejoindre San Pedro d'Acatama est superbe. Entre deux rideaux tu peux voir plein de montagnes de différentes couleurs, des salars. C'est un enchaînement sans fin de volcans et montagnes et parfois des éoliennes géantes. A refaire tranquillement avec sa propre jeep.

Flamingo Ricardo

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Yo,

Bye-bye Bolivie, tu vas passer quelques jours à San pedro de Actama, un des 2 spots les plus touristiques du Chili. C'est pas compliqué, tout autour c'est du désert et t'as uniquement des arbres dans la vallée où se trouve San Pedro. Ceux qui cherchent une jungle luxuriante avec des singes, s'abstenir.

Tu sors à peine du bus, que tu retrouves en plein rue nez à nez avec un troupeau de moutons et de lamas. La ville est extrêmement touristique mais avec du charme. La plupart des maisons sont en adobe à un seul niveau, les rues du centre sont piétonnes et même les réverbères ont de la gueule. Côté moins sympa, en 2h dans la rue principale, t'as vu plus de touristes qu'en 1 mois en Bolivie. Même s'il y a énormément d'agences et de boutiques ça fait moins prout prout que Cuzco.

Côté tarif, après 3 mois entre le Pérou et la Bolivie, t'as l'impression que tout a doublé. Premier resto où tu regardes la carte, les plats sont a 18 euros. Ah ouais, quand même. Ils sont où les bouibouis pour les locaux ?

T'as plein d'endroits à voir autour du bled. 3 options, les agences all inclusive, le vélo pour les sites pas trop loin, ou pollueur en bagnole et fier de l'être! Choix évident, direction en caisse dans la vallée de la mort. 9h du matin, le soleil cogne déjà et tu peux être en t-shirt à cette heure (ça fait plus de 2 mois que tu n'as plus connu cette agréable sensation). T'es le premier sur le site. Du sable, de la roche orange avec des traces blanches. D'un mirador, tu as la vue sur toute la vallée et ces centaines de mini pics.

En redescendant, tu croises des groupes qui sont venus s'essayer au surf sur dune. 5 secondes de descente pour une galère avec grosses pompes aux pieds pour remonter la dune. Et y a pire, y a ceux qui ne sont pas venus avec un minibus d'une agence, ils sont en vélo avec leur planche de surf dans le dos. On est à plus de 2500m d'altitude et la route ne fait que monter. En plus, ils doivent porter un gilet jaune. Faut les voir en baver, en plus ça cogne dur s'il n'y a pas de vent. Toi t'es solidaire, tu roules vitres ouvertes, sans clim. Oui faut savoir se serrer les coudes entre sportifs!

2ème visite, la vallée de la lune. L'entrée est interdite après 13h si t'es pas avec une agence. Sans déconner, les agences ont privatisé les horaires d'accès, du jamais vu. T'as une ribambelle de gilets jaunes à roulette qui souffrent sur la piste. Le paysage est super aride avec tous les dégradés du gris et du brun. Premier stop pour monter sur la dune mayor. Dans le parc tu peux pas faire ce que tu veux, tu dois suivre des sentiers balisés. Et tu ne peux monter que sur cette dune. Un peu comme dans le désert du Namib où tu ne peux monter que sur la dune 45.

Le sable de cette dune est gris alors que des dunes plus loin tapent dans le brun. T'as partout des plaques de sel qui donnent l'impression d'être à la fin de l'hiver avec des rares spots de neige. Tu croises pas mal de gilets jaunes qui marchent, essoufflés, à côté de leur vélo. Et ouais, sauver la planète, ca se mérite. Putain, t'aurais pas trouver une bagnole à louer, t'aurais été à leur place, peut-être...

T'as plusieurs arrêts où tu peux aller faire des balades. 13h en plein désert ça cogne. Les cyclistes ont même pas la force d'enlever leur gilet pour faire les balades. Un vrai manque de respect pour les paysages, du jaune fluo en plein désert c'est limite de l'agression visuelle.

Ca manque quand même de chameaux. Une idée simple, ils récupèrent les chameaux que l'Arabie saoudite a expulsés, ils font venir une dizaine de touaregs ou de toubous, et là tu lances un nouveau business. Adnana, toi qu'a des contacts dans ce milieu, ca te branche pas plutôt que vendre des parfums frelatés ?

T'as une autre vallée à 60 bornes donc sans cycliste (sauf si Greg Lemon et son 'pot belge' est dans le coin) : La vallée colorée de Arcoiris. Tu fais un premier stop pour voir des pétroglyphes. Bon, même Mathias devrait être capable de faire mieux.

Par contre la vallée, waouh, beaucoup de tons rouges mais aussi, de la roche verte, bleue. En plus t'es tout seul. T'as juste merdé sur les photos. Tu t'es aperçu que ton téléphone était avec l'option ''couleur vive''. Déjà que c'est super coloré naturellement. Résultat, t'as que 4-5 photos réalistes et encore vous allez croire qu'elles sont pipeautées.

Retour à 17h pour aller voir le coucher de soleil d'un mirador d'où tu surplombes la vallée de la lune. Surprenant t'es quasiment tout seul pendant 30 minutes avant que les dizaines de minibus débarquent. Le paysage est tellement beau que même les cleps se pointent pour l'admirer.

Première journée qui met déjà la barre très haut.

Ricardo, walking on the moon

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Yo,

Deuxième journée, vas tu en prendre plein la vue comme la veille?

170 bornes pour rejoindre la Laguna Tuyaito à 50 km de la frontière avec l'Argentine. Pas un Campanile sur la route, rien... Tu commences par longer le salar d'Acatama qui n'a pas la blancheur de celui d'Uyuni. Puis, changement radical, tu te retrouves dans un paysage de touffes d'herbes jaunes et de grands volcans et montagnes. La route semble sans fin.

Avant le village de Sicaire, tu vois une mamie qui fait du stop pour se rendre au village 5 bornes plus loin. Allez hop, dans la bagnole. 100 mètres plus loin, une autre mamie. Ca va, la voiture est grande. Et les filles ,c'est journée Bridge au village? On va dire que c'est ta B.A du mois.

Gros panneau risque de traversée d'autruche. Non, c'est pas vrai, le cauchemar recommence. L'année dernière ta rencontre en Australie avec ces saletés bestioles s'était terminée par un tartare d'autruche et un pare-chocs explosé. Mais que viennent foutre, ces vigognes sur la route ? Passage du tropique du Capricorne.

T'arrives enfin au mirador de la lagune. Une demi douzaine de minibus avec des touristes habillés comme pour aller au pôle sud. Tu sors de la bagnole, un vent glacial, t'as été optimiste avec tes sandales et ton bermuda. Effectivement t'es passé de 2600m à plus de 4200m d'altitude. Strip-tease inversé dans la bagnole histoire de pas terminer en glaçon. Franchement, la lagune n'a rien de particulier mais faut aller progressivement, non ?

Pas super épaté par cette lagune, tu reprends la route en sens inverse pour t'arrêter à la fameuse lagune des piedras rojas, des rochers rouges au bord d'une lagune. Sauf que CONAF (l'organisme qui gère les parcs au Chili) a décidé qu'il fallait laisser les bestioles tranquilles donc on ne peut plus s'approcher de la lagune, t'as le droit juste au mirador. Les photos parlent d'elles même.

Ouvrez grand vos oreilles. Vous avez entendu? Comme le bruit d'une gamelle. Oui c'est bien une gamelle. Ton pied a accroché un rocher et tu t'es vautré comme une grosse tanche. Résultat, t'as déchiré ton seul pantalon de trek et t'es à vif au niveau des poignets. Va falloir revoir ton programme de l'après-midi. Vous comprendrez plus tard. Sans déconner, t'avais commencé la journée par une B.A et voilà le résultat. Les prochaines mamies marcheront.

Toujours en revenant vers San Pedro, tu prends une piste pour aller voir la lagune bleue Miscanti et la verte Miniques.

Pareil, CONAF te permet marcher sur un sentier dans le vent glacial mais à plus de 50m du bord des lagunes. Tu t'es déjà vautré à la lagune précédente, le vent est toujours aussi glacial, mouais, la vue est tout aussi jolie de la bagnole.

Tiens, 2 gus locaux qui font du stop. Allez c'est la journée taxi Ricardo. Faut reconnaître qu'à part les minibus de touristes, t'as quasiment aucune bagnole de locaux. Et sur les 170 bornes t'auras juste passé 2 bleds.

Direction la laguna Baltinache, 50 bornes de piste quasi en ligne droite au milieu du salar. Attention ça va faire mal aux yeux.

Le site est en fait une énorme plaque de sel avec 7 petits lagunes où tu peux te baigner dans 2. Les lagunes ont différentes couleurs en fonction de leur profondeur. Il y a un trou dans la plaque de sel qui donne le bassin et cette couleur bleu ou verte entourée de blanc. L'eau est aussi salée que dans la Mer Morte, donc faut faire super attention si tu te baignes à pas t'en foutre dans les yeux. L'eau est à 10°. Avec tes blessures aux poignets de ce matin, impossible de mettre les mains dans l'eau, tu serais brûlés avec le sel, et donc impossible de nager. C'est pas plus mal, l'eau à 10°, mouais. Les rares qui se baignent ressortent blanc de sel et la douche est plus que fortement conseillé.

La 2ème journée se termine en apothéose avec la dame de ta guesthouse pour rafistoler ton froc. Vue le résultat, elle a du voir une aiguille pour la première fois de sa vie.

Au fait, Bruno, ALMA, tu connais ? C'est le site où tu as d'immenses télescopes. Tu peux faire la visite le week-end mais c'est blindé sur les mois à venir. T'aurais pas une carte VIP en trop?

T'as plein d'agences qui te proposent de voir les étoiles et planètes avec des télescopes. Pour toi, y a pas mieux qu'être allongé dans le désert du Sahara et de regarder la Voie Lactée en regardant le étoiles filantes. Pour info le coup du vœux quand tu en vois une, ça marche quedal. Mais bon, Acatama semble être la Mecque (mais sans barbu pour te réveiller à 2h du matin) pour les astronomes en herbe. Quitte à tester, t'es allé voir l'agence 'Space' qui soit disant possède les plus puissants télescopes privés d'Amérique du sud. Ah ouais, ca rigole pas. T'as une seule date de dispo en anglais. Faut savoir que sur la totalité de l'année dernière, il n'y a eu que 4 jours annulés pour nuages intempestifs. Et bien, depuis que t'es arrivé à San Pedro, c'est annulé tous les soirs et bien sûr le soir de ta réservation. De mémoires de dinosaures, ils ont jamais vu ça.. Sûr que si tu restes quelques jours de plus, ils auront de la neige. T'as repoussé à demain mais en version espagnole

Ricardo laguna addict

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L'ascension du Licancabur, qui est pile sur la frontière Chili-Bolivie, te titille toujours. Les prix sont chers mais une agence de San Pedro te dit qu'elle fourni pour la sécurité une bouteille d'oxygène et téléphone satellite. Super tu peux partir tranquille !

En théorie, on est 3 français mais juste avant de partir se joint au groupe une chinoise de Hong Kong et en plus la fille d'une amie du guide. Le couple de français est arrivé il y a 4 jours et ils pensent que passer des cols à 4500m en bagnole va leur permettre de s'acclimater pour taper à pied du 5930m. La chinoise n'avait jamais fait de trek de sa vie avant ces 3 derniers mois mais elle vient de monter un 5300m. On est un sacré paquet de trompettes potentielles.

Première étape, repasser la frontière car le point de départ de l'ascension est du côté bolivien au pied des lagunas Verde et blanca. Si t'es chinois, il faut un visa. La chinoise en a un mais il est single entry et elle vient de quitter la Bolivie. Pas de problème, avec une bouteille de vin pour le douanier, ca passe. Faut voir le poste de douane perdu au milieu de nulle part.

Au bord de la laguna blanca, t'as un petit 'hôtel' où on va passer une partie de la nuit. Oui, juste une partie car le départ est à 2h30 du matin. Bruno, c'est un remake d'il y a 8 ans. C'est là où on a retrouvé la fille de l'amie du guide. Elle vient d'avoir 18 ans et nous ignore totalement, 'i am a fucking facebook star' et je parle pas aux vieux de plus de 20 ans et me dérangez pendant que je tweet, bande de croulants.

Côté prévision météo, entre -10 et -23. Ouais, ça risque de piquer un peu. La difficulté au Licancabur est le vent. Depuis 4 jours que t'es à San Pedro, d'où tu peux le voir le volcan, le ciel est quasiment toujours dégagé. Y a aucune raison que ça change, hein?

Le guide nous dit d'aller nous balader 2h, histoire de s'acclimater car on est a plus de 4000m d'altitude. Les deux français font du trail voir de l'ultra, le mec court à 4000m d'altitude. Grand ciel bleu avec la Laguna blanca en premier plan.

19h tout le monde est couché sous des tonnes de couverture.

2h du matin, tout le monde se prépare. Il y a le guide chilien et un guide local bolivien. Le guide chilien dit qu'il y a des thermos mais que pour les filles. Mouais, il arrêtera pas de taper dedans pendant toute la montée. Tu lui avais demandé s'il avait des feuilles de coca pour la montée. Pas la peine ce n'est que du placebo, sauf que cet enfoiré en avait pour lui et du coup c'est le guide bolivien qui t'as ravitaillé.

2 paires de chaussettes, 3 couches de pantalon, 4 couches de hauts, 3 couches de gants, le bonnet et c'est parti à la frontale. T'avais dit que tu aimais marcher derrière et pas faire de pause. Le guide chilien te colle deuxième derrière le guide bolivien, super, tout ce qui te met mal à l'aise. On part très lentement, très, très lentement. On a 1500m de dénivelé pour une distance de moins de 5 kilomètres, c'est pas la mort, ça va juste un peu tirer sur certains muscles en théorie.

Côté météo, on doit avoir des températures négatives mais très loin des -23. On a tous ouvert nos vestes. Le temps passe, le rythme est extrêmement lent. Un escargot vient de mettre son clignotant pour nous doubler un grand sourire aux lèvres.

Ca monte gentiment. Le soleil commence à se lever et ça nous permet de réaliser qu'on a un temps de merde. Ah grave. Des nuages partout. On aura dans la montée peut être 2 légères éclaircies d'où les rares photos.

Le vent commence à se lever et la neige à tomber. La chinoise est mal équipée côté gants. Elle a juste des gros gants en laine. Elle sent plus ses mains et elle récupère les gants d'un guide. Les pauses sont de plus en plus fréquentes. Toi pour pas te refroidir, tu redescends le sentier et tu le remontes pendant la durée des pauses. L'eau dans ton sac à commencer à geler. Au fait, monsieur le guide, elle est bonne l'eau chaude du thermos? Et la coca? Oui ? Tant mieux con....!

On repart, un paresseux nous rattrape et nous demande si on a un problème. Le chemin est visible, sans risque (on ne longe pas une falaise par exemple) et il y a 2 guides. On comprend pas pourquoi on fait pas 2 groupes. Mais le guide chilien est une star et on discute pas son organisation. Plus on monte, plus le temps est dégueulasse, plus il fait froid et plus la chinoise est au bout de sa vie. La jeune tient le choc mais s'endort à chaque pause.

Tiens, on avait pas encore eu la grêle.

On mettra 7h30 pour faire ces foutus 5 km. On est complètement dans les nuages, on verra même pas le petit lac dans le cratère du volcan. Le vent est tellement glaciale qu'on a du rester 2 minutes au sommet. En principe, t'as une superbe vue sur les 2 lagunes blanca et Verde. Comment dire. Oui, il y a eu de très rares éclaircies.

Les guides trouvent un emplacement à l'abri du vent et annoncent 20 minutes de pause avant d'entamer la descente où plutôt la marche vers l'enfer. La chinoise est mal en point. Elle sent plus ses mains. Elle aura pas pris une seule photo tellement elle voulait pas enlever ses gants, une chinoise, sans faire de photos. Le guide a décidé de lui filer un shoot d'oxygène. Ben, oui, c'est ça qui faisait le prix et le professionnalisme de ce guide. Le masque est pété donc pas d'oxygène. Comment on dit professionnalisme en espagnol ? Il sort son téléphone satellite pour appeler la mère de la fille et lui dire vers quelle heure il la ramène en ville.

T'as amené 2 sandwichs au thon. Pas mauvais la glace au thon, c'est peut-être un nouveau concept à lancer...

Le couple de français a froid et aimerait bien repartir. Même pas on rêve leur fait comprendre le guide , c'est 20 minutes qu'il a décidé et c'est gravé dans le marbre. 2 minutes plus tard, la fille a voulu repartir et on est reparti. Ah, ça les français ont apprécié.

On pensait avoir vécu le plus dur mais non, on descend par un pierrier. La chinoise descend les yeux quasi fermés à raison d'un pas toutes les dix secondes. Le guide vient la supporter sur les passages les plus durs. Puis il part devant et veut qu'elle soit en 2ème. La descente est cauchemardesque de lenteur.

A un moment elle a trébuché sur une pierre et a fait un roulé boulé dans le pierrier. Coup de chance, aucune blessure C'est toi qui l'a ramassé. Le guide chilien ? 100m plus bas en train d'attendre tranquillement. Le guide bolivien ? 100 plus haut en train de discuter avec la gamine. On en avait tellement marre de ne pas avancer, qu'avec l'autre français on a doublé la chinoise. On rejoint le guide qui marche toujours 100m en avant. Surpris, il se demande comment on a pu oser changer l'ordre de marche. On lui dit que les bagnoles sont à moins de 20 minutes de marche et qu'on préfère attendre là-bas plutôt que de se traîner. Il a pas apprécié. Vous allez pas croire la réponse du guide. Ok, mais vous ne montez pas dans les voitures. Vous le croyez ?

Donc on a attendu dans le froid devant les bagnoles ouvertes. Comment on dit ' très gros con' en espagnol? On aura mis 4h pour faire la descente.

Dans déconner, il aurait fait 2 groupes et tout le monde l'aurai mieux vécu. Après, la chinoise, c'est pas sa faute, elle est sur les rotules, elle est sur les rotules. Elle s'est même excusée auprès de nous.

Linda, Sébastien, Bruno, l'affront, il y a 8 ans, du Licancabur a été lavé, dans la douleur, mais lavé.

Lendemain matin, le Licancabur s'est habillé de neige. A un jour prêt, tu faisais un remake d'il y a 8 ans avec un nogo de charlot.

Alors, ouais t'es toujours en train de critiquer tes guides mais sans déconner, le jour où vous aurez un guide qui va dormir au chaud dans sa tente à 5200m d'altitude et qui te laisse avec une tente de son agence qui a les 2 portes pétées, ou un guide que tu payes pour faire un trek qu'il sait impossible ou enfin ce dernier qui te dit que tu peux pas monter dans sa bagnole car tu marches devant lui.

Ricardo Licancabur checked

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De retour légèrement fatigué du Licancabur, t'as un départ le lendemain matin départ à 4h30 avec une agence (trop crevé pour prendre le risque de conduire à cette heure) pour aller sur un site géothermique blindé de geysers. Il faut y être au lever du soleil car avec la différence de température déclenche les geysers et avec le soleil, ca fait des couleurs superbes.

Le soleil tu sais pas s'il va se pointer mais les nuages sont au rendez vous, c'est certain. Il y a 80 geysers dans la caldeira et la moitié de minibus. T'as des geysers coniques, d'autres qui sont cycliques, ils attendent d'avoir assez d'eau. Le magma est 8 km sous tes pompes. Il faut faire gaffe où tu poses ta main sur le sol car il y a des micro fissures qui laissent passer une chaleur brûlante. Rien que l'eau est à 180°.

Une des crêtes des montagnes qui entourent la caldeira représente le visage de profil d'un homme, el tatio. Le grand-père en patois local. C'est le protecteur et le nom du site et quand il pleure il neige. Il est super triste en ce moment.


Autour de certains geysers, tu as du jaune, le souffre et du orange qui serait les premières bactéries apparues sur terre. On laissera Wiki Franky, le roi de de la restauration péruvienne, vérifier ce point.

Il y a tellement de touristes que tu peux pas marcher 30 secondes sans qu'un baltringue te demande à se faire prendre en photo devant un geyser avec un air de winner. Donc toi aussi t'as fait un selfi un peu flou et même une vidéo!

Bien sûr t'as des hot springs. T'as le maillot bain sur toi mais il fait 2°, du vent et du soleil 10 secondes toutes les 5 minutes. Même si l'eau est chaude, tu vas la jouer chochotte.

Devinette. Comment s'appelle le plus grand geyser ? Assassin. En raison du nombre de personnes qui sont mortes en tombant dedans. A l'aller on avait roulé de nuit mais au retour, tu peux voir les paysages qui sont sublimes. Dans la nuit toutes les montagnes au loin se sont recouvertes d'une légère couche de neige. T'as un volcan qui s'appelle Putana. Son nom vient, qu'avant, un italien avait ouvert une mine près du volcan et faisait venir des putes... Wiki Franky?

Nouveau stop au village de Machuca, 20 habitants et 50 bus qui s'arrêtent pour déposer le touriste 15 minutes, le temps de voir une petite église en adobe et d'acheter des brochettes de lamas. Le touriste est le bienvenu tant qu'il reste dans la rue principale qui mène à l'église en passant par le BBQ. s'il s'écarte, c'est mal vu par l'autochtone. Vu le nombre de brochettes vendus, tu serais un lama mâle du coin, tu serais inquiet pour ta pomme.

A la recherche de Gérard 

Extrait d'une conversation entendue ce matin entre 2 lamas :

- Hé, Roger, t'as pas vu Gérard ?

- Euh, non, pourquoi ?

- il a disparu. Hier on broutait tranquillement ensemble et il devait me raconter aujourd'hui sa soirée avec Jeanine. Il a récupéré un t-shirt de ces couillons de touriste avec toutes les positions du lamasutra.

- je l'ai vu hier soir, il était convoqué au bureau du chef BBQ

- Ah merde ! Le point positif, il y aura pas de convocation avant 1 semaine. C'est quand qu'ils débarquent ici les vegans? Faut qu'ils se grouillent. Putain, regarde ce con de Ricardo qui fait la queue au BBQ. En plus il achète pas une mais deux brochettes cet enfoiré. On va lui balancer un sort 'Pachamama'.

Dernier arrêt en haut d'un canyon à grands cactus où pose un chinois arrière petit fils de Pancho Villa.

3h plus tard, le sort 'Pachamama' se déclenche. Est ce que c'est la brochette de Gérard ou la glace au cactus qui était pas fraiche, en tout cas t'as du courir pour rentrer à ton hôtel. Ensuite, grosse rafale de vent (une minute de silence en respect à nos gilets jaunes à roulette qui doivent se prendre des rafales de vent et sable dans la vallée de la lune) qui a coupé l'électricité dans tout le bled et qui a ramené d'énormes nuages. Résultat tu pourras pas aller voir les étoiles ce soir. Conclusion, faut pas déconner avec les lamas.

Bon, si vous avez à faire un seul voyage dans votre vie et que vous voulez perdre 5 dixièmes à chaque œil, c'est le sud Lipez en enchaînant le Salar d'Uyuni et le désert d'Acatama. Sauf, si votre truc c'est d'aller voir des girafes, vous balader dans les rizières ou prendre un verre au sommet d'un gratte-ciel. Dans ce cas, oubliez ce coin. Toi, ça va se compliquer, tu viens de passer ces 10 derniers jours à enchaîner des paysages qui piquent les yeux, ça va être dur pour rester au même niveau.

Ricardo, à moitié aveugle

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Mais alors grosse vengeance de Gérard. Dimanche matin, temps pourri, des nuages partout, le plafond est tellement bas qu'on voit même pas la base des montagnes ? Bus annulé pour Salta, la route qui passe par des cols à plus de 4500m est recouverte de neige, impossible de rouler, frontière fermée. La vache, on rigole pas avec la Pachamama. C'est compliqué d'être vegan? On a le droit au saucisson ?

Résultat, t'es coincé une journée de plus à San Pedro et en plus il pleut, il fait froid. Ça a vraiment pas la même gueule sous la grisaille.

Lundi matin, grand soleil mais tu peux voir au loin les montagnes couvertes de neige, c'est pas gagné. Le Licancabur est blanc dans un grand ciel bleu. Le bus arrive mais on attend de savoir si la frontière est ouverte. Les minutes défilent. Finalement on part, waouh intempestif. 500m plus loin, la route est coupée pour travaux. Demi tour, ça pue. Le bus prend une autre route pour sortir de la ville mais il y a des dizaines de camions et voitures qui attendent. Est ce que la route est vraiment pour la frontière est vraiment ouvert?

La route est coupée par une barrière et la police ne se pointe que pour faire passer le camion poubelle. 1h d'attente avec autant d'information que dans une gare de trains française un jour de grève.

Ah enfin des news, la route devrait être ouverte dans 1h. Mais si on part pas aujourd'hui, c'est 2 jours d'attente avant le prochain bus.

12h30, c'est parti. Tout est parsemé de blanc mais pas du sel cette fois. A certains endroits il a bien du tomber 40 cm de neige. La route n'a plus que quelques plaques de glace. Le bus a des fenêtres dégueulasses, dur de faire des photos sans des grosses tâches un peu partout.

Comme tout le monde est parti en même temps, gros engorgement aux passages de la frontière. T'es dans le 3ème et dernier bus, résultat, 2h30 pour passer la frontière. C'est vrai que 2 douaniers pour contrôler les bagages de 100 personnes.

Ricardo vegan? Euh...

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Salta, Argentine. Gérard continue à se venger avec un temps pourri.

Gros choc quand tu passes de San Pedro de Atacama à Salta. Grande ville avec sa place coloniale ombragée, ses églises, ses rues piétonnes marchandes, ses graffitis de mannequin argentin, ses arbres obèses, ses lamas à chaque coin de rue et surtout son supermarché Carrefour. Et ouais retour à la modernité et l'exportation de la gastronomie française.


L'Argentine est en crise politico-économique depuis 1 mois. Le peso argentin s'est cassé la gueule. T'as 50 personnes à chaque guichet Western Union, 15 personnes à chaque ATM où t'arrives pas à retirer plus de 60 euros à la fois.

Surprenant et reposant, entre 13h30 et 17h quasiment toutes les boutiques ferment, pause sieste.

T'as vu ce panneau dans la rue. Mouais, mouais, mouais...vu, que demain t'as loué une voiture pour visiter la région, t'as pas pris le risque d'en acheter. Ouais, avec Gérard on sait jamais. Imagines que c'est du saucisson du frère de Gérard, là, t'es maudit jusqu'à la fin de ton voyage. Donc tu t'es rabattu sur des empenadas de poulet (le poulet ça compte pas) car c'est, apparemment, la spécialité de la ville. T'as un petit bouibou avec 6 pauvres tables, la Tacita, qui ne fait que des empenadas. Le mec ne se désemplit pas et il n'y a quasiment que des français. Ça doit aider au business d'être dans le 'routard'.

Le soir, t'as 2 ambiances sur la place principale. Côté cathédrale, le curé a fait du surbooking et t'as 300 personnes devant l'entrée de la cathédrale qui prient. De l'autre côté de la place t'as des groupes qui dansent du folklore. Les garçons habillés en gaucho et les filles en longue robe. Chacun a son mouchoir et toute la séduction de la danse se fait dans le maniement du mouchoir qu'ils font tourner. Ce sont des enfants qui dansent. Une des gamines doit pas avoir 8 ans mais quand elle fait virevolter son mouchoir, elle est complètement dans sa danse et vraiment pas là pour faire de la figuration. Dans dix ans, c'est une star en Argentine...

Ricardo, empenada forever

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Tu jettes ce matin un œil par la fenêtre, Gérard a pas lâché l'affaire, temps de merde.

Histoire d'être plus futé qu'un lama mort imaginaire, tu penses que tu vas au nord mais en fait tu pars plein sud. (ouais, c'est complètement débile). Direction Cafayate mais en passant par la vallée de los cardones. Tu pars droit dans les nuages. T'as pas roulé 15 minutes sur une petite route de montagne que tu vois en plein milieu de la route plusieurs personnes avec des cagoules. Quand même pas un braquage? Merde, trop fort ce rancunier de Gérard!

Tu ralentis, ils ont pas l'air armé. Ils te font signe de t'arrêter. Certains portent des sortes de gilet. Ils ont pas l'air agressif. Finalement tu vois une fliquette derrière les gens. Ils te font comprendre qu'il faut rouler doucement. C'est quoi une manif en plein milieu de nulle part? Non, en fait c'est un pèlerinage. Et derrière ce groupe qui force les voitures à ralentir, t'as des plein de groupes qui marchent t'en tenant des statues de Saint et autre bondieuserie. T'as compris pourquoi ils portent des cagoules quand t'as descendu la vitre de la bagnole, il fait glacial. Ils font un pèlerinage au départ de Cachi, la ville où tu vas à plus de 100 bornes. Sur les 30 prochains kilomètres, tu vas en croiser des pèlerins. Derrière t'as un convoi de bagnoles et camions. Certaines bagnoles trimbalent même des matelas sur leur toit. Pèlerin mais version confort.

La route serpente entre des montagnes rouges. Finalement en passant un col, tu découvres enfin du ciel bleu. Toute la vallée de Salta est dans le gris mais grand soleil ensuite. La route traverse le parc los cardones. Faut imaginer une vallée remplie de cactus de plus de 3 mètres. Bon, on les voit pas trop sur les photos mais ils sont là. T'as juste un panneau inquiétant 'Attention au guanaco'. Hé Gérard, tu vas pas faire débarquer un cousin germain en plein milieu de la route histoire de me pourrir mon voyage ?

A Cachi, petit village touristique, la route se transforme en piste poussiéreuse pour traverser la vallée de Calchaquies. La bible Lonely planet parle du bled Molinos, un parfait spot pour backpacker. Euh, t'as pas compris. 2 rues avec des maisons écrasées par la soleil, 3 chiens qui essayent de roupiller à l'ombre de mur en adobe. T'as du passer à coté d'un truc, c'est pas possible.

Plus de 2h de piste où tu croises quasiment personne, en croisant les doigts pour ne pas crever. C'est quand même super aride sauf à de rares endroit où des fincas/bodegas/estancias (par encore compris la différence) ont des vignes. Oui, tu te diriges vers Cafayate, une ville de vignobles. T'as plusieurs endroits où tu peux faire des dégustations et le plus surprenant est de voir des cactus à côté des vignobles. C'est moins fréquent dans le bordelais. Mais, tu conduis depuis plus de 6h, c'est pas le moment de se mettre au tas. Alors Cafayate, sa grande place ombragée, ses 2-3 rues commerçantes, ses restos-bars où tu peux tester les vins locaux.. Histoire d'être solidaire avec le vignoble franco-chinois, t'es passé à la bière.

Devinette : T'as testé une glace pour la premier fois et c'est étonnant que ça n'existe pas en France, certainement interdit.

Réponse dans le prochain post

Ricardo ice-cream tester

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Réponse devinette : La glace au vin. Du Malbec, soit disant. Comment dire, euh. Vous connaissez ce sublime cru de la marque de vin en bouteille plastique 'la villageoise' ? Bon, c'est un peu pareil mais en plus froid.

Lendemain, longue remontée vers le nord par la gorge de Cafayate, 500 bornes sur le papier. T'es confiant voir même super confiant.

La route serpente entre des gorges multicolores en longeant une rivière. C'est un festival de couleur. Tiens, sur la route des groupes de cycliste et pas des touristes. Tu roules en profitant des paysages. Ouais profites, ça va pas durer. Puis t'es bloqué par les flics. Les cyclistes que t'as doublé, c'étaient les lents. Devant toi t'as le cœur du peloton qui bloque la route. C'est quoi ce bordel ? Le tour d'Argentine ? Hier les piétons, aujourd'hui les cyclistes et demain qui va bloquer la route? Des gus en échasses ?

Une vrai galère pour arriver à les doubler. Résultat, tu passes plus de temps à faire gaffe à pas en accrocher un que regarder le paysage. T'avais prévu 2-3 arrêts mais impossible avec cette engeance !! Y en a partout. C'est la version cyclopéde des mecs à pieds ou un biathlon argentin? T'as déjà galéré pour doubler le peloton si tu t'arrêtes t'es mort.

Sur les 135km pour sortir de la gorge, t'en as croisé du Hinault. Pas possible, certains suivent les conseils médicaux de Greg Lemon vu l'avance qu'ils ont sur les autres. Enfin, plus de vélo. Ah ! C'est quoi ce nouveau merdier devant ? Oh non des gus à pieds ? Pareil, ils portent des petites statues religieuses. Et vas y que je te bloque la route. En fait, t'alternes entre vélo et piéton. Tu mettras plus de 4h pour faire moins de 200 bornes de bonne route.

T'arrives enfin à Salta et tu continues vers le nord. La vache, y en a en face maintenant, à pieds, en vélo, en tapis volant, en flyboard... Alors, après d'âpres recherches, t'as trouvé qu'il y avait un pèlerinage religieux chaque année.

https://www.argentina-excepcion.com/guide-voyage/calendrier-evenements/pelerinage-salta

Ils fêtent la vierge du miracle. Regardez l'agenda de Macron, vous verrez qu'il y a un trou à ces dates. Il est un des fervents porteurs de la vierge. Pas sûr que ça soit suffisant.

Ça va pas être simple pour revenir sur Salta samedi.

Laissons les béniouioui à leur marche, tu vas en direction des salinas grandes. Alors, t'es passé devant en venant du Chili mais de nuit t'as pas vu grand chose. Et puis, c'est vrai que les salars, le sel, ça commençait à te manquer après 3 jours. Donc t'as retapé une grande partie du chemin pour y aller. En cours de chemin tu jettes un œil au village de Pumamarca et sa fameuse colline aux 7 couleurs. Mouais 200 bagnoles et un paquet de bus, t'iras demain.

La route serpente (ouais, t'utilises souvent ce verbe mais c'est vrai qu'il y a beaucoup de courbes ça va Laure ? Ce mot te fait pas peur ?). dans les montagnes pour monter à plus de 4000m. T'as des cons qui roulent à 2km/h et qui imaginent pas une seconde se rabattre pour laisser passer les autres. Ouais, après les piétons, les cyclistes, 6h de bagnole tu commences à être un peu tendu.

Alors les salines. T'as pas le droit d'y aller sans un guide. Contrairement au salar blanc d'Uyuni, celui ci est brun clair en surface, certainement le vent qui pose une légère couche de sable. Premier stop où tu peux voir des piscines-couloir... Il faut savoir que la couche de sel sur ce salar va de 20cm à 2m de hauteur et en dessous il y a de l'eau. Ils ont creusé ces couloirs pour récupérer tous les 6 mois du sel comestible.

Pas très loin, t'as des piscines naturelles. Bon, t'as pas tout compris à leur origine car la guide annone son speech et elle a pas trop apprécié que tu lui demandes de faire le tour des piscines plutôt que t'arrêter juste 5 minutes à une seule. Retour en tombant sur le frère du connard escargot à l'aller. Ouais, il te reste 70 bornes à faire et t'en as un peu marre. Faudrait pas tomber sur un groupe de cyclistes retardataires.

Destination le village de Tilcara pour la nuit. Étonnant, plein de restos et beaucoup de touristes argentins.

Histoire de te réchauffer t'as pris un 'sous-marin'. Devinette , c'est quoi ?

Bon chuuuutttt, ne dites rien mais t'as pris un steak de lama (trop cuit) et un tamales pour dîner. Si Gérard l'apprend, demain t'es dans le ravin.

Ricardo routier

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Reponse devinette : c'est un chocolat chaud sous forme d'un grand verre de lait chaud avec un morceau de chocolat caché au fond du verre

A Tilcara, t'as un site de ruines et de cactus, Pucara, des indiens Omaguacas. C'est pour cocher la case 'culturel'. Ils ont construit une pyramide tronquée qui n'a rien à voir avec les indiens. De loin, ça fait site de gourou new age.

Sinon t'as aussi la garganta del Diablo. T'y vas avec ton veau à moteur. 5 km de piste dégueulasse avec des pierres pointues partout. T'as prié pour que Gérard fasse la sieste à ce moment sinon t'étais bon pour 4 roues crevées. Arrivé en haut, t'as une petite gorge qui amène à une cascade de 4m de haut. Mouais... Bon faut se retaper la piste en croisant les doigts. En parlant de doigt, depuis l'ascension du Licancabur, t'avais une petite gêne au pouce gauche. Puis y a commencé à avoir une petite trace bleue sous l'ongle qui a grossi tous les jours. Et maintenant sous l'ongle est quasiment tout est bleu et ça te lance de plus en plus (pas la couleur). Le plus inquiétant, c'est que c'est en train de faire pareil sur 2 autres doigts et sur l'autre pouce. OK, il avait fait froid sur l'ascension mais t'avais 3 couches de gants. Bon, si qu'un a fait au moins 1 année de médecine et a une idée. (y a pas eu de choc). Car à part faire un trou dans l'ongle avec un trombone chauffé au rouge.

Retour entier (parle de la bagnole) sur la route normale et direction le village de Humanuaca. Tu roules, t'as de la montagne 'classique' de chaque côté et d'un coup, t'as une montagne orange. Tu continues et là t'as une montagne rouge couronnée de jaune. T'as déjà vu une montagne couleur jaune bizarre avec des rochers violets ? Non, ben t'as plus qu'à te pointer ici au lieu de galérer dans les grèves parisiennes.

Du village, c'est 25 bornes de piste pour rejoindre le point de vue sur l'Hornocal. Ouais, 25 bornes de piste. Gérard devait roupiller ferme car c'est un autre qui a eu une merde avec un pneu de sa bagnole. Alors, y a quoi de beau à voir ici? Rappelez vous (ou pas), il y a 2 jours, tu étais passé devant le village de Pumamarca qui est au pied de la montagne aux 7 couleurs. C'était blindé de touristes. Les locaux de Humanuaca se sont dit qu'ils devaient faire mieux pour faire venir le touriste par bus entier dans leur bled. Après une étude marketing mondiale, ils se sont dit que proposer une montagne à 10 couleurs ça n'allait pas forcément provoquer l'émeute. Ouais, 100 bornes pour 3 couleurs de plus, pas super vendeur. Mais t'as un champion local, Bruno, qui s'est dit : 'allez, on va se lâcher, on va doubler le nombre de couleur des autres charlots, j'ai des contacts chez Ripolin, c'est sûr qu'on peut avoir des pots de peintoche pas cher'.Puis est intervenu Erico el chapo, spécialiste en design, avec une idée révolutionnaire. Plutôt que juste peindre bêtement, il faut créer un mouvement artistique. Le pointillisme, l'impressionnisme, c'est déjà un créneau occupé. Et il a pensé au chevronisme. Ouais, sur le coup, personne n'a vraiment compris au village. Ils ont trouvé une montagne assez loin, et en douce pendant 6 mois ont passé différentes couches. Ouais, ils connaissaient pas la mono couche, ces nuls. Alors, un léger pressentiment, je vous sens un peu dubitatif sur ces explications alors que c'est pas le genre de la maison de raconter des craques, mais chercher sur Wikipedia! Wiki Franky, un commentaire? Depuis le mec est le calcique du village et se fait appeler Don Bruno de Sabaya. Vous connaissez certainement pas Sabaya en Bolivie mais grâce à lui dans 5 ans ça deviendra un spot incontournable du mariage !

Il y a plusieurs miradors mais un seul est ouvert pour 2 raisons. On est à plus de 4300m et il y a une ambulance en cas où qu'un gus se sente mal, donc difficile d'avoir une ambulance à chaque mirador. Et l'autre raison, mais vous allez encore douter, c'est que le 2eme mirador est beaucoup plus proche de la montagne et en fonction du sens du vent, on peut sentir la peinture. Alors essayez de compter les couleurs. Ils auraient annoncé la montagne aux 27 couleurs, tu faisais pas la différence. En tout cas cet enchaînement de chevrons de différentes couleurs reste impressionnant.

En redescendant, il y a plein de pistes qui partent vers des destinations perdues, certainement des trous avec des 3 baraques et 4 chiens. Ça te démange de t'y engager mais avec ton veau, ses pneus en toc, et tes connaissances nullesques en mécanique. Une prochaine fois, avec un 4x4 fait pour ça, Inchallah comme dirait l'autre barbu. En fait, ce qui fait un peu chier c'est de réaliser que, sauf rare exception, t'es sur le gringo trail. Mouais, on va dire que tu fais du repérage pour une prochaine fois, inchallah bis.

Au retour, tu t'es arrêté au village de Humanuaca. Tout le centre est devenu piéton et vu le succès toutes les maisons se sont transformées en boutique. Alors autant Tilcara c'est le village des restos sympas, autant Humanuaca c'est le village shopping. Mais respect pour la mairie qui en jette côté architecture.

Nouvelle devinette : La photo a été prise sur un marché de quel pays ? Equateur, Pérou, Chili, Bolivie, Chine, Trump ou Argentine ? Attention y a peut-être un piège avec l'étiquette.

D'un coup les nuages se sont pointés et c'est sûr que côté paysage, ça pique beaucoup moins les yeux. Une minute de silence pour ceux qui se sont tapés les 25 bornes de piste pour arriver dans les nuages. Pour une fois, c'est pas tombé sur tes pompes. Gérard doit être en vacance.

T'as décidé de faire comme tous les bus à touristes, t'arrêter aux spots incontournables du shopping. Rien que la statue de lama te donne envie d'entrer dans l'immense boutique. Ouais, tu voulais juste vérifier que t'avais rien rater en passant pas par une agence touristique. T'as rien raté. Point culinaire : y a pas photo, le vin argentin est 100 fois meilleur que ce qu'ils osent appeler du vin en Bolivie. Et la guerre est déclarée avec Gérard. T'es retourné te taper un steak de lama (toujours trop cuit) et en plus t'as acheté un saucisson (mais des doutes si c'est du Gérard). Demain ta bagnole prend feu sur la route, tu perds tous tes ongles et tu te renommes Guy, la totale cauchemar.

Ce soir, dans un resto, un groupe joue de la musique traditionnelle. Il demande à chaque table sa nationalité. Que des argentins à part un pékin français. À chaque chanson, ça se trémousse, ça tape des mains, ça chante. Ça va te faire un choc dans quelques mois en rentrant en France.

Ps : le truc 'étonnant' est que dans toutes les villes/villages qui ont une banque tu as continuellement 15 personnes qui font la queue devant le DAB.

Ricardo gringo trail

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Yo,

Direction le village de Pumamarca avec sa montagne aux 7 couleurs. Juste 7 couleurs, ahah, les charlots.

T'as pas fait 2 km sur la route que contrôle de police. Ouais, y en a beaucoup ici et à chaque fois t'as jamais eu de problèmes. Manque de pot, cette fois il te fait mettre sur les côtés. Tu prends ton air très con (ouais, c'est pas très dur pour toi). Le flic a un léger air de lama. Ça peut se réincarner un lama ?

T'es en infraction car il est obligatoire de rouler avec les codes que t'avais oublié d'allumer. Environ 30 euros d'amende qu'il faudra payer en ville. On discute. Tu sens que le flic cherche une solution à ''l'amiable''. Toi, c'est bizarre par moment tu comprends plus l'espagnol, en particulier quand il parle de donation volontaire. Hein? no entiendo, mas despacio por favor. Manque de pot, il est tombé sur un touriste trop con pour comprendre et il peut pas directement te demander du pognon, il attend que tu proposes. Au bout de 10 minutes, il a lâché l'affaire. Et ouais, Gérard, va falloir faire mieux! Conséquence, vengeance, t'as mangé en conduisant des rondelles de saucisson de lama. Va savoir si c'est vraiment du lama mais en tout cas, y avait plus de gras que de viande.

Après cet intermède policier, t'arrives au village de Pumamarca. Le village est au pied d'une colline orange au centre et multicolores aux extrémités. Sur la route pour arriver au village, à chaque endroit où tu peux t'arrêter pour faire des photos, des stands t'attendent où tu peux même faire une photo avec un pauvre lama qui se demande s'il va se faire bouffer un jour. Tu t'es pas approché de lui, on sait jamais, une morsure vengeresse est vite arrivée.

Du village, t'as un chemin qui te permet de balader entre les montagnes et le changement de couleurs est assez impressionnant. Sur cette photo, t'as 4 collines les unes derrière les autres, toutes ont une couleur vraiment différente.

Contrairement à la montagne aux 14 couleurs, ici on est juste à côté et en plus t'as pas 20 bornes de piste à te taper. Tu t'attendais à voir des dizaines de personnes sur le chemin mais quasi personne, le touriste argentin ne semble pas un grand sportif. Tu reviens en passant par le centre du village. Tu savais que le village était très touristique mais là, c'est pire qu'à Humanuaca. D'énormes stands sur la place. Il y a tellement de produits que certains sont encore sous blister (ben ouais, que des produits artisanaux locaux). Beaucoup de touristes mais finalement la plupart restent au marché donc l'argentin est beaucoup plus shopping que walking. Côté hôtel, ils ont fait des trucs sympas dont un en particulier futuriste mais intégré dans le paysage.

Bon, lagunes de couleur check, truc blanc plein de sel genre salar check, montagnes colorées check, flamand rose, viscache et autres bestioles check, cactus check. Reste plus qu'à retourner à des paysages plus traditionnels.

Retour vers Salta et tu décides de passer par une petite route de montagne. Sans déconner, mettre une vache sur la route dans un tournant dans l'ombre en plus quand tu roules face au soleil, Gérard, voyons, c'est vraiment mesquin !

Tiens, encore des pèlerins qui marchent en bord de route. Hé, va falloir accélérer les gars, reste plus beaucoup de temps avant la soirée mousse.

À Salta-Lourdes, ils attendent plus de 500.000 pèlerins. La place de la cathédrale est blindée de monde. Des rues ont été fermées pour laisser les pèlerins défilaient par groupe. Ça rappelle le carnaval de Cochabamba mais sans les costumes et les filles en plumes se trémoussant. Ici c'est plutôt des chapelets. Adnana, t'en veux un ? C'est pas n'importe quel festival, euh tu veux dire pèlerinage, c'est celui de la vierge des miracles. Avec un de ces chapelets, ton vœux le plus cher, celui de devenir soliste dans ta chorale va se réaliser et dans un mois c'est l'Olympia avec Pierre Perret en avant première ! Alors ? T'en prends combien ? Sur la place des gens dansent en rond au rythme des flûtes de pan. Pas très catholique tout ça ! Certains ont du arriver épuisés car il sont sur des brancards. Bizarrement à 100m t'as une autre église, pas un chat. pas trés bon en marketing le curé de cette paroisse.

Dimanche à Salta, avec plus de 500.000 pèlerins, quoi faire à part aller à la messe ? toutes les rues autour de la place sont bloquées pour la procession de l’après-midi t'as de chance, ton auberge est en plein dans le merdier. Ca va être sympa de rejoindre la gare de bus avec tout ton merdier.

Petit point médical : t'as récupéré une trombone que t'as chauffé à rouge puis t'as percé l'ongle pour faire sortir le sang. Faut espérer que ça va pas s'infecter, hein Gérard ? Le lendemain à nouveau du sang sous l'ongle, si tu dois faire un trou à chaque fois.

Ricardo le pèlerin malgré lui

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13h de bus de nuit pour rejoindre Resistencia puis 3h d'attente. Ensuite 6h de bus en ligne droite sans la moindre bosse sous un ciel gris pour arriver à Asunción, capitale du Paraguay, 2 vaches par habitant, un des pays les plus pauvres d'Amérique du sud. 38° en arrivant comme geste de bienvenu, ça fait un choc. Bon, on va mettre au fond du sac les gants, bonnet, doudoune pour ressortir l'anti-moustique et acheter des flip-flops.

Entre les infos sur internet et les gens rencontrés qui y sont passés, le pays semble plutôt plat (la Belgique de l'Amérique du Sud) donc pas de montagnes où te geler les autres doigts, et pas de sites particuliers à visiter, pas très vendeur. Tu peux aller à 300 km au sud voir des ruines de missions jésuites ou à 500km au nord des communautés Mennonites dont le plus typique semble leur supermarché communautaire. Mouais...

Tu sors du bus pour le passage en douane, en 10 secondes t'as l'impression d'avoir enfilé une 2ème peau faite de transpiration. Euh, on est en hiver ? Tu savais pour la température donc t'avais trouvé un petit hôtel avec piscine. C'est balot, la piscine est juste en réparation depuis 2 jours, Gérard?

Alors, la capitale Asunción, sa place coloniale(??), entouré de bâtiments modernes décrépits. T'as de rares monuments coloniaux mais franchement un canard peut marcher tranquillement ici sans se faire péter les pattes (ouais, celle là elle est plus que tirée par la perruque). 2 rues commerçantes où les gents installent des étales sur les trottoirs.

T'arrives sur la plaza de armas, un nomad's land alors que t'es à 2 rues des artères commerçantes. Tu peux voir le fleuve Paraguay où ils ont construit une promenade le long des berges. Mais entre le fleuve est toi t'as 300m de favelas, des maisons en contre plaqué, tôles plastiques à la limite de s'écrouler, des déchets partout.

Il commence à faire sombre, t'hésites à t'y engager. Au moment où tu vas y aller un mec arrive en moto et te dis 'tsstss no, peligrosso' qui se traduit par 'mon gars, avec ta tête de touriste, si tu y vas, au mieux tu ressorts à poils.' Bah, c'est vrai qu'il fait chaud avec tous ces fringues. Finalement t'es passé par une grande route à l'écart de la favela. La promenade au bord de la rive aurait pu être sympa mais il y a pas de bars, petits restos, rien. Retour dans le centre historique qui se vide avec la tombée de la nuit.

T'as un quartier, en fait 2 ruelles, le loma San jeronimo, un coin soit disant bohème avec des maisons colorées. Tu voulais y aller le soir. Le gars de l'hôtel te dit 'tsstsss, peligroso la noche' qui pourrait se traduire par ''toi, tu cherches vraiment les enmerdes ou tu aimes te balader à poils, vas y plutôt dans la journée''. Du coup le soir, t'es parti à 6 bornes dans un quartier où les 'beautiful people' paraguayens se retrouvent. Bar branché, boutiques de luxe, ça change du reste d'Asunción.

Le lendemain, la température a été divisé par 2 avec un ciel à la Ricardo. Pas de regrets pour la piscine. Et t'as ressorti ta polaire du fond du sac. Finalement les flip-flops, tu vas un peu attendre avant d'en acheter.

Direction le fameux quartier bohème. Tu prends des rues au hasard et c'est vrai que de jours certaines sont pas très vivantes mais alors de nuit. Va savoir ce qu'ils ont voulu faire dans ce quartier et ces 2 petites ruelles mais à part l'escalier avec ses marches en céramique, qui abouti à une croix blanche, ces quelques murs colorés, c'est plutôt mort.

Fini les gens typés des Andes, les petites mamies d'1,40m au traits burinés avec des drôles de chapeau. Ici tu passes inaperçu (ou presque). On te prend pour un brésilien, certainement grâce à ta démarche naturellement dansante.

Le seul truc spécifique, en tout cas que t'ai vu, c'est leur thermos. Ici, si t'as pas ton thermos avec ta bombilla pour boire ton infusion d'herbes (le tereré), c'est que t'es pas un vrai local. Ils en vendent partout. Alors si vous voulez ramener un truc typique, c'est le thermos avec son porte verre sur le côté, le tout entouré de cuir. Avec 2 vaches par habitants, tout est en cuir ici.

Ah, tiens des pétards. Super ! C'est quoi ? Un carnaval, un pèlerinage ? Ah, ça a l'air un peu différent cette fois. Les flics près du cortège sont casqués, avec bouclier anti émeute et fusils à pompe. Ah ouais quand même, c'est certainement pas pour un défilé de vierges ! Et ceux qui sont dans la rue n'ont pas de masques colorés ou de statues de la vierge. C'est plutôt gros haut-parleur et banderoles contre la corruption au gouvernement. A chaque pays son ambiance. On a bien nos gilets jaunes du samedi.

Côté touriste, à part un allemand croisé dans le bus qui semblait lui aussi super emballé par avance sur le pays, t'as croisé personne.

Lendemain plus de 7h de bus pour rejoindre de Ciudad del Este, ville frontière avec le Brésil et l'Argentine. Ciudad del este est une zone franche détaxée donc t'as des milliers de brésiliens et argentins qui viennent faire du shopping et c'est une grosse zone de trafiques. Résultat, vu le monde, un merdier sans fin pour passer la frontière. Surtout que tu vas du côté argentin à Puerto Iguaçu mais avant tu es obligé de passer par Foz do Iguaçu au Brésil. T'es enfin arrivé au terminal de bus de Foz. Tout se passe en portugais donc ça se complique. Les bus pour aller part d'un autre endroit donc tu dois chopper un autre bus pour aller à un autre terminal inconnu. Finalement après des tours et des détours en ville, un bus poussif te laisse à une station de bus. De là tu montes enfin dans le bus qui doit te mener en Argentine. Ça commence à faire long cette histoire. Sauf que, sinon ça serait trop facile, ceux qui ont besoin de s'arrêter à la douane brésilienne doivent récupérer leurs bagages, passer la douane et attendre un prochain bus. Ouais, le bus ne t'attend pas.

Donc t'es sur ton banc à attendre un autre bus plus de 10h après être parti ce matin. Et t'es pas encore arrivé. Plutôt que de finir enraciné sur ton banc, tu payes un autre bus qui passe. Ce coup-ci c'est la frontière Argentine où les douaniers sont beaucoup plus chiants. Là il t'attend 5 minutes. Comme t'es passé premier à la douane, t'as eu le temps de remonter dans le bus. Pour les autres, c'est le banc et l'attente. Top. Tout ça pour aller voir les fameuses chutes d'Iguaçu.

Sinon côté pouce, t'es devenu une pointure en chauffage au rouge de trombone. Chaque jour, tu fais un nouveau trou dans l'ongle. Bah quand tu pourras plus faire de trou c'est qu'il y aura plus d'ongle.

Ricardo en coup de vent au Paraguay

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Bon, Iguaçu...

Vous connaissez l'histoire de ceux qui se mettent dans un tonneau et s'élancent dans les chutes du Niagara ? Ouais, bien ici, ils te proposent de faire pareil mais attaché dans un gros tonneau métallique rembourré, avec une combinaison plein de mousse et un gros casque. La chute fait plus de 100m. Bien sûr, tu doit signer une décharge, ça peut arriver que ça se passe mal. Étonnement t'as pas énormément de monde qui tente l'expérience. Juste avant toi, t'as 2 gus qui, après avoir payés, ont finalement réalisé qu'ils avaient un truc plus important à faire. Faut reconnaître que t'as longuement hésité. 100m de chute ça fait haut. T'en connais qui se frottent les mains en espérant hériter de tes moaïs.

Alors ouais, la combinaison est rembourrée mais, mouais quand même. Le casque ? un casque de moto certainement made in China.

On est 2 à y aller, on se motive mutuellement. Tu t'approches d'un pas affirmé (en tout cas qui te semble affirmé) vers la rive. On y va pas en courant non plus, ça cogite à chaque pas. Tu vois le gros tonneau attaché à un ponton. Euh, ah ouais. Il est quand même un peu cabossé ! Y en a pas un de plus récent, plus solide, vous les changez tous les combien de chutes ?

Le point de départ est à 50m de la chute et on entend bien le bruit de la flotte sans parler de l'écume qui te trempe. Étonnement, l'autre gars hésite. C'est clair, si l'un de nous deux jette l'éponge, l'autre va faire pareil avec soulagement. T'as pas fait de photos car t'as pas le droit à un objet autre que tes fringues dans le tonneau. Plus trop le choix, tu rentres le premier dans le tonneau. Mais pourquoi t'as pas acheté à Salta un chapelet de la vierge des miracles, quel con ! On commence à t'harnacher (c'est vraiment le termes) contre une paroi du tonneau. Une fois bien fixé, tu réalises que l'autre gars en voyant l'intérieur du tonneau a fait demi tour, l'enfoiré !

Listo ? (ça veut dire prêt ?) Euh... Le mec ferme la porte du tonneau et t'es quasiment dans le noir. Super, c'est vrai que ça détend d'être dans le noir! T'attends. 2 minutes plus tard tard, tu sens un léger déplacement, t'as dû bouger de 2m puis plus rien. Bizarre. Hé les gars, s'il y un problème avec le tonneau, dites le. T'es pas dans l'urgence, tu peux attendre quelques années avant de revenir. 3 minutes plus tard, pareil 2m et un arrêt. vous le sentez monter le stress? Non ? Dans ce cas, venez dans le tonneau, il reste une place ! Ah ouais, on se la pète moins du coup, hein? Ca y est, tu sens que le tonneau est porté par le courant.

Ahaha. En fait, t'es toujours dans le bus dans les bouchons pour passer la frontière brésilienne et en attendant, tu te demandais quel pipo tu pourrais faire gober. Une chute de 100m dans un tonneau, pas mal non? Coco, Kinnary ? Vous l'avez gobé ?

Ouais en tout cas 2h pour faire 1 km, ça t'a moins fait rire. T'as même failli descendre du bus pour aller à la frontière mais ensuite ça risquait d'être un peu compliqué à pieds

Ricardo, Diogène de Sinope

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Après cette incroyable chute dans un tonneau, t'as quand même décidé d'aller voir normalement les fameuses chutes. Première étape côté argentin. Sur la route à l'entrée du parc, t'as un panneau ralentir avec un jaguar dessiné. Alors, avec plus de 1 million de pimpims par an dans le parc, si tu croises un jaguar c'est que la bestiole est vraiment en manque d'affection humaine. Plus tard tu discuteras avec une guide qui bosse là depuis 10 ans, elle a jamais vue la queue d'un mais des gens en auraient vu près du fleuve. S'ils ont besoin de qqun pour l'attraper par la queue, t'es dispo, t'as l'expérience depuis Piada-Piada.

Côté argentin, ils ont construit plusieurs chemins sur des passerelles pour voir différentes parties des chutes. Et pour aller voir la partie la plus fameuse 'la gorge du diable' tu peux prendre un petit train. Et ouais, si tu veux attirer 1 million de pingouins chaque année, tu le fais pas marcher sur 3km.

Tu t'es pointé tôt le matin, le premier train (qui doit bien embarquer 500 personnes) est déjà plein. Quasiment que des groupes avec un guide à parapluie. La plupart de ceux qui sont sans groupe parlent la grenouille.

Bon, t'iras à la gorge du diable plus tard vu que c'est déjà blindé. Et là, c'est le gros coup de chance. En fait, quasiment tout le monde commence par cette fameuse gorge et on doit être que 10 pingouins à se dandiner sur les autres passerelles qui te permettent de t'approcher des chutes. Personne pour te bousculer pour faire son putain de selfi. Contrairement aux chutes Victoria, ici c'est plein de chutes sur plusieurs niveaux, plus petites mais beaucoup plus nombreuses. T'as un ensemble de passerelles qui te permet d'être à mi hauteur puis une autre chemin pour surplomber les chutes. Y a pire comme paysage. Bon, pas de ciel bleu et en plus ils annoncent de la pluie. Fais chier...

Il est temps de partir, des dizaines de groupes revenant de la première gorge arrivent en masse.

Tu as vu plusieurs panneaux concernant la bestiole locale, le coati. Faut pas le nourrir, tu peux te faire emmerder. T'es en train de marcher sur une passerelle quand t'en vois un descendre d'un arbre et marcher sur la rambarde et te rattraper. Holà mon ami, que veux tu, un braquage alimentaire ? Puis un 2eme, un 3eme, à la fin ils sont une vingtaine, un vrai gang. Ils passent à côté de toi tout en reniflant en cas où tu aurais un truc à grignoter dans ton sac. Elles sont pas agressives mais t'as vu les photos de leur morsure. T'es content de ne rien avoir dans ton sac, pas sûr de faire le poids face au groupe.

Finalement tu rejoins un spot ou tu peux acheter à manger. Et là tu comprends mieux. Le gang partait à la rapine autour du resto. Il y a déjà une quinzaine de coatis qui cherchent à taper la bouffe des touristes. Pour la tranquillité gustative du pimpim, le parc a installé des tables et chaises dans une grande cage fermée. T'as acheté un sandwich et tu t'es mis dans la cage histoire de ne pas avoir à te battre pour manger ton bout de pain (sur les photos, on a l'impression qu'ils essayent de sortir de la cage mais que neni c'est bien toi le touriste qui est dans la cage et eux en liberté). Bien sûr, certains couillons ont pas tout compris et s'installent dehors pour manger leur paquet de chips et ensuite appellent à l'aide les parks rangers. Ouais quand t'as une dizaine de coatis avec des jolies dents et griffes qui tournent autour de toi, t'as des doutes sur ta capacité à finir tranquillement ton paquet de chips.

Le petit train pour aller à la gorge arrive. Vue le monde qui l'attend, t'as décidé de faire les 3 bornes à pieds. La gorge du diable est ensuite à 1 km de la rive. Ils ont construit une passerelle qui surplombe le fleuve. Le plus important est de s'y engager entre 2 arrivées de train sinon c'est le cauchemar. Les paquets de 500 personnes qui s'embarquent en même temps sur la passerelle, ça découragerait même un spécialiste du shopping le premier jour des soldes dans les grands magasins parisiens.

La passerelle se termine à la jonction de plusieurs chutes que tu surplombes. Là, ça envoi du lourd à gros bouillon et ça mouille légèrement. Faut jouer des coudes pour avoir accès à la vue et envoyer bouler les russes qui te bousculent comme si t'existais pas. Et faut imaginer que t'as 500 gugus qui vont arriver dans quelques minutes. Se lancer de là dans un tonneau, ça aurait de la gueule !

Il est midi, temps de merde. T'as quand même décidé de prendre un speed boat pour aller au pied des chutes. Tu t'es démerdé pour être assis à l'avant du bateau, ce qui semble une bonne idée au départ. On commence par remonter le fleuve jusqu'aux chutes. Ils ont prévenu, la première étape n'est pas trop humide, c'est pour faire les photos. Ensuite ça va devenir plus aquatique.

On a tous au moins un poncho. En plus du pilote, t'as un accompagnateur. Le mec, lui, il n'a pas un poncho, ils sait ce qui va se passer. Il porte une combinaison imperméable intégrale et quand il rabat la capuche, il a juste le nez qui dépasse, le reste est au sec. Le bateau s'avance vers les chutes. Vu le volume de flotte qui tombe, il s'avance pas sous la chute, sinon tu serais en train de taper le bout de gras avec les mérous mais juste l'écume qui résulte de la chute est impressionnant. En plus comme t'es devant, qui s'est qui prend plus le cher ? Ouais, le pilote, il y va pas en marche arrière. Encore heureux qu'ils ont passé à chacun un sac étanche pour y mettre tes affaires. Tu ressorts légèrement humide (ni le mot 'légèrement' ni 'humide' ne reflète vraiment la réalité). Mais ça va encore. Ensuite on part sur une plus petite chute (petite est assez relatif) et cette fois c'est pas que l'écume que tu prends sur la tronche, on va directement sous la chute (en tout cas ceux qui sont assis devant). Tu peux même pas ouvrir les yeux tellement la flotte arrive de tous les côtés. Des photos ? Euh, ben non.

10cm2. Ouais, 10cm2, ça doit être la partie sèche qui te reste malgré le poncho avec capuche. Voilà, c'était la sortie/douche en bateau. Faut pas imaginer sécher, il pleut..

Sinon Puerto Iguaçu le soir est super sympa, plein de restos et bars et si tu t'écartes de 100m des restos touristiques t'as tout une rue avec des restos/bars plus simples où quand tu commandes un verre de vin, t'as un vrai verre de vin, pas un échantillon. Ça veut pas dire pour autant que t'as pas au crâne le lendemain matin.... Le plat classique est le picanha soit entre 500gr et 1 kg de viande bien juteuse coupée en petite tranche. Une grande pensée (ou pas) à nos amis vegans en train de savourer leur steak de soja. Dès que la musique démarre, tout le monde se trémousser et chanter. Ils arrêtent même les bagnoles pour danser au milieu de la route. Imaginez ça en France.

Tout pourrait sembler idyllique mais t'as juste plein de gamins donc certains ont pas 6 ans qui circulent entre les tables pour essayer de te vendre de l'artisanat. Ils se ressemblent tous, la peau mate, les cheveux longs, les yeux légèrement en amende, certainement une ethnie oubliée par le système.


Ricardo del iguazu

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Aujourd'hui, tu pensais aller aux chutes côté brésilien. Sauf que Gérard a pas lâché l'affaire, il pleut des cordes donc quitte à se taper un temps gris, autant aller voir du béton, le barrage d'Itaipu. A l'office du tourisme, on t'a dit que si tu faisais l'aller retour dans la journée au Brésil, t'avais pas besoin de faire toutes les formalités douanières, inchallah comme dirait l'autre.

T'es le seul touriste dans le bus pour aller côté brésilien. Premier arrêt à la douane Argentine tout le monde descend. Euh, ben, tu fais pareil. Par acquis de conscience, t'as demandé au douanier si pour juste une journée tu devais quand même passer en douane. Tu lui aurais demandé le rein de sa fille, il t'aurait regardé de la même manière. T'as lancé un contrat sur la tête de la nana de l'office du tourisme qui a failli t'envoyer en prison ramasser des savonnettes! Côté douane brésilienne, t'es le seul à descendre et le bus n'attend pas, dans le cul lulu une fois de plus. Alors est ce que c'est côté brésilien qu'ils en ont rien à foutre du contrôle douanier? Mais si au retour le douanier argentin ne voit pas de tampon brésilien, ça risque de se compliquer. En tout cas, c'est un bon business car plutôt qu'attendre 1h le prochain bus de la même compagnie, tu rachètes un ticket d'une autre.

Maintenant faut trouver le bus local qui t'emmène au barrage. Itaipu est le 2ème barrage le plus grand au monde après celui des 3 gorges en Chine. T'as 2 types de visite. La visite où tu peux voir l'intérieur du barrage mais la prochaine est dans 3h ou la visite uniquement extérieur dans un bus ouvert. Pendant la visite, t'as l'impression qu'on te file pas des infos mais plutôt de la propagande. Vous ne le saviez certainement pas mais le barrage a presque sauvé le monde. Sans lui plus de girafes en Amazonie !

Du béton sur un fond nuageux gris. Le complexe est gigantesque. Pour être vraiment impressionnant, il aurait fallu que les vannes soient ouvertes pour laisser sortir l'eau, un peu de blanc dans ce monde grisâtre. On roule ensuite sur le barrage sur plusieurs kilomètres, t'as l'impression de longer un lac. Ou sont les hippopotames sauvés par le barrage ?

Le soleil commence à percer. T'es dans d'une queue sans fin à l'entrée des chutes d'Iguaçu côte brésilien. L'entrée est à plus de 10 bornes des chutes et ensuite tu dois prendre un bus. Sauf qu'il y a pas de bus. Ça s'énerve dans la queue mais version brésilienne, ça chante, ça claque des mains. Côté brésilien, t'as qu'un seul chemin qui longe en hauteur le fleuve et tu te retrouves en face les chutes côté argentin. Ça permet vraiment d'avoir une vision différente et plus globale des chutes. T'en as croisé plus d'un qui vont voir les chutes que du côté argentin, c'est un peu con, tu viens pas jusqu'ici tous les jours. Ici aussi, il y a quelques coatis mais une bande de bras cassées en comparaison du côté argentin.

Ricardo, on peut dire Iguaçu check

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Dernier jour à Iguazu. T'as décidé de retourner côté brésilien pour faire le survol des chutes en hélico. Le tour dure même pas 10 minutes. T'es monté dans cockpit. Tu t'es assis à côté du pilote. T'as dit bonjour au pilote. Il t'a pas répondu. Il t'a pas regardé. On a décollé. On a volé 2 minutes. On est arrivé aux chutes. On a fait un tour par la droite. On a fait un tour par la gauche. Les 3 chinois à l'arrière criaient. Celle assis derrière au milieu sans visibilité criait aussi. T'as pris des photos. T'as fait une vidéo. On est rentré. On s'est posé. T'as dit au revoir au pilote. Il a pas répondu. T'es content, t'as survolé les chutes.

Hier, tu pensais avoir vu du monde aux chutes côté Brésil. C'était rien. T'as bien 2000 personnes qui font la queue aux caisses et 2000 de plus qui attendent les bus. T'as discuté avec un allemand qui a fait la queue. Dégoûté, il a même pas essayé d’accéder à certaines passerelles au lieu de rester 2 jours à Iguaçu, il est reparti le lendemain sans même aller coté argentin. Week-end s'abstenir.

T'as un parc aux oiseaux, en gros des volières où tu peux rentrer dans certaines. Ils ont des ibis rouges, leur couleur pique les yeux. Les photos ne sont pas retouchées.

T'as une grande volière avec des dizaines de perroquets de différentes couleurs. T'as un couple dans leur cabanon. 1m en dessous d'eux t'as 4 perroquets en train de taper la discute tranquillement. Apparemment, ils causent trop fort. Un des perroquets est sorti de son cabanon, a regardé quels voisins faisaient ce raffut. Puis il s'est approché d'eux en faisant les gros yeux et les a fait dégager un par un. Puis il est retourné tranquillement dans sa cahute voir maman. Toute l'histoire en photo ci dessous.

T'es retourné voir les chutes coté argentin, pour une fois qu'il y a du soleil.

Grand moment de rigolade. A midi pendant que tout le monde regarde vers le sol le gang de coatis en train de roder, un singe capucin a débarqué des arbres et a chouré une bouteille de soda posé sur la table d'une gamine. Pas eu le temps de dire ouf qu'il était déjà remonté dans l'arbre avec son larcin. Pas foutu d'ouvrir la bouteille, il l'a trouée avec ses dents et ensuite il a pissé sur une touriste. Pendant que tout le monde rigolait et surveillait le singe. Le gang de coatis a chouré un paquet de biscuits. A se demander s'ils se sont pas organisés. Ensuite le singe a essayé de piquer aux coatis un biscuit. D'autres singes ont débarqué. Ils sont sur les auvents et regardent en dessous ce qu'il y aurait à chourer. 2 français se sont pointés avec leur sandwich. Un des gars a eu le malheur de s'asseoir. 10 seconds plus tard, un gros coati s'est invité et est reparti avec la moitié de son sandwich. Et tous les autres rappliquaient à toute vitesse et en plus à 3m au dessus d'eux, t'avais les 2 singes prêts à foncer. Les français sont rentrés manger à l'intérieur du resto, beaucoup plus reposant .

Toi, t'es assis sur un banc et de temps en temps un coati monte sur tes genoux pour renifler ton sac. A moins qu'il est besoin de PQ ou d'un poncho, t'as peu de chance de te faire braquer. Tu lui as refilé ta fausse banane pour voir, ce con a commencé à la morde. Heureusement que les autres étaient plus futés sinon t'aurais été submergé.

Un gars à voulu s'asseoir à une table avec son assiette. T'étais impatient de rigoler Il est pas resté 10 secondes avant d'aller à l'intérieur. 2 mamies, avec leur assiette, qui n'avaient pas réalisé leur future statut de victime se sont assises. 20 coatis se sont jetés sur leur assiette. Le gagnant s'est fait ensuite courser par les singes.

T'as du rester 2h à regarder les gens se faire braquer. Un gars, très énervé, a perdu son paquet de frites. Tiens maintenant c'est une bouteille de Fanta qui a disparu.

Ricardo coati

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Yo,

Changement total d'environnement. T'es en train de conduire dans la région du Pantanal au Mato grosso au Brésil. Mato grosso, rien que le nom fait bout du monde. Faut imaginer 32° à 10h du matin, une humidité collante et un paysage plat et vert. Fini le monde minéral.

Ça fait 2h que tu roules et t'es un poil énervé d'être aussi con. T'as dormi à Poconé, dernière petite ville avant de t'embarquer sur 150 km de piste direction Porto Jofre. Aucune station essence là bas, tu dois être totalement autonome. T'as même acheté 6 litres de flotte au cas où. Tu suis gentiment la piste indiquée par ton appli GPS. La piste est couleur orange et tu longes de longues savanes/prairies où paissent des vaches. Tu croises quelques cowboys étonnés de te voir passer. Ben quoi ? Porto Jofre est touristique, il devrait pas être surpris. Au bout de 45 minutes, la piste en terre se transforme en piste de sable. Mais même pas en rêve tu t'y engages sinon t'es sûr d'y laisser la caisse. Comprends pas, en principe toutes les bagnoles peuvent passer. C'est quoi ce merdier ? Tu regardes en détail la carte de ton appli. Ce con de GPS te fait passer par un détour sur des pistes perdues. Vénère, t'as fait demi tour en te traitant de tous les noms. Les cowboys t'ont vu repasser, t'es revenu en ville, t'as refait le plein au cas où...et t'as réalisé que la bonne piste passait juste devant ton hôtel de la veille.

Donc voilà, t'es à nouveau sur une piste, la transpanthaneira. Tu roules au milieu de grandes plaines marécageuses. C'est clairement plat et répétitif. T'as pas mis la clim pour économiser l'essence, on sait jamais.

A un pont, tu vois une bagnole arrêtée. Y a pas des dizaines de bagnoles qui passent donc tu t'arrêtes. Un point d'eau en dessous du pont et de chaque côté des rives des dizaines de futurs sacs à main, du Vuitton, du Hermes... Sur la photo, ils semblent petits mais de près ils tapent bien dans les 2m. Tu pourrais, ou pas, descendre sur la rive. Le plus étonnant est qu'à 30m d'eux t'as un capybara (une bestiole locale qui ressemble à un gros ragondin) qui se nourrit, il passe à qqs mètres d'un caïman sans problème. Ils sont végétariens les caïmans ici?

Ça doit bien faire 1h que tu roules quand t'as un gros bruit à chaque cahot sous la bagnole. T'es autant mécanicien qu'astronaute. T'as hésité à faire demi tour mais bon, inchallah samba. Au bout d'1h le bruit disparaît, va comprendre .

Ensuite c'est la phase petits ponts et de bois. Comme t'as du marécage partout, ils ont construit plein de ponts en bois plus ou moins solides pour les traverser. Entre les clous qui dépassent, les planches qui manquent, t'as croisé les doigts. Surtout t'en as tous les kilomètres.

Alors Porto Jofre, en fait il y a rien. T'as 3 lodges un peu perdu, c'est tout. T'as réservé le moins cher qu'on peut pas appeler lodge. La plupart des gens sont en tour organisé, t'es quasiment le seul charlot à t'être pointé comme une fleur.

Premier coup de chance, t'as trouvé un bateau avec 3 allemands qui part faire un tour dans 30 minutes. Ouais , ici, tu viens pour voir des...jaguars. Les mêmes que ceux à Piada-Piada où t'avais tiré la queue d'un...

Les allemands font une sortie matin et après midi depuis 3 jours. Ils ont en jamais vu le matin. Le principe, tu remontes le fleuve Cuiabá en croisant les doigts pour qu'au bon moment un jaguar sorte de la jungle. Si le bateau passe 10 secondes trop tôt, que dal. T'es assez peu optimiste car généralement t'es poissard sur ce genre d'activité. Ça sent le jaguar en RTT ou à une manif pro végan. Tu restes 2 nuits pour multiplier tes chances. Au pire, si t'en vois pas ici, y en a à chaque coin de rue à Monaco.

Le pilote du bateau t'a dit, on y va pour voir des jaguars, rien à taper du reste. Ça fait pas 20 minutes qu'on longe les rives que, incroyable, vla un gros chat qui se pointe sur une rive. Et en plus t'as seulement un autre bateau. La veille les allemands étaient au milieu d'une vingtaine de bateaux, le cauchemar. Alors la bestiole se la pète un peu. Elle jette un œil au bateau puis plus rien à foutre. Et vas y qu'elle marche en roulant des mécaniques. Ça sent le muscle sous la peau. C'est sûr que contrairement à toi, elle n'est pas au régime charcuterie-fromage-alcool. Elle marche tranquillement, genre regardez le physique, pas un pouce de gras. Sauf qu'il lui manque l'extrémité de sa queue. A sa place tu la ramènerais moins.

Du bateau, on doit être à 20m du chaton. Toi, t'es avec ton petit numérique et un des allemands avec un objectif long comme ton avant bras. Quand tu fais une photo, t'entends 10 clics côté Angela. Pas sûr qu'il ait regardé directement le chat.

La rive est bloquée par des broussailles, pas de problème, le chat se met à l'eau pour remonter la rivière. Ouais, y a quand même du muscle pour nager à contre courant. Puis il ressort de l'eau et continue à marcher nonchalamment. Il y aurait un vélo, il nous aurait fait un triathlon, le prétentieux. Entre temps 3 autres bateaux ont rappliqué. Ça doit bien faire 10 minutes qu'on le suit. Puis il disparaît dans l'eau au milieu d'arbres et de buissons. On se dit qu'il a disparu dans la jungle. 5 minutes plus tard il réapparaît de sous les arbres avec un gros truc blanc dans la gueule, un gros poisson ? Non, la vache, ça doit être un jaguar femelle car il a choppé un sac à main de 2m de long. Le blanc, c'est le ventre du caïman. Sur la petite vidéo, tu le vois rependre son souffle, le combat à dû être sportif. Au fait le bougre, il sait que c'est interdit de chasser le caïman ici? C'est un parc national ! Du grand n'importe quoi ! Il a du réaliser qu'il s'est fait photographier en plein braconnage car il a disparu avec son dej dans la jungle. A ce moment, sur d'autres bateaux t'as des gens qui ont applaudi. Hein? Pourquoi? Ils espèrent quoi ? Un rappel ? Le chat va revenir pour saluer et signer des autographes. Sans déconner!

T'as eu quand même une sacré coup de chance pour le jaguar. Y en a qui ont passé 2 jours avant d'en voir le bout d'un.

On continue à remonter le fleuve. Alors, les martins pêcheurs, les hérons, on s'arrête pas. Le pilote a dit focus uniquement jaguar. On passe devant un éléphant avec de très grandes oreilles. Même pas un arrêt photo. Ce sont les seuls éléphants d'Amérique du sud. Leur nom scientifique, le dumbus gabrielus. ils arrivent à décoller du sol de 10 cm en secouant leurs grandes oreilles. C'est con, une photo aurait eu de la gueule, mais non, focus jaguar. Plus le moindre matou à l'horizon.

Dans un tournant, t'as 7-8 bateau remplis de voyeurs. Y a un jaguar couché dans la jungle mais dans le feuillages et dans l'ombre. Alors là, c'est encore une autre catégorie. Sur un des bateaux, t'as des sièges qui tournent sur 360° et intègrent un trépied avec un gus qui conseille comment prendre les photos. Tous les Hamilton en herbe ont des appareils photos monstrueux. Leur objectif fait la longueur du bras, même l'allemand sur ton bateau fait baltringue avec son appareil alors imagines toi avec ton échantillon ! Ils mitraillent sans jeter un œil en dehors de leur écran. Toi tu vois même pas le chat dans la jungle, dans la pénombre. Sur autre bateau, le guide sort même un parasol pour protéger les touristes du soleil. Il est où le bateau popcorn?

Notre pilote, plutôt que s'accrocher aux autres bateaux préfèrent accoster sur la rive opposée à 50m nous disant que si le chat bouge, on se rapprochera. Euh, déjà on voyait pas grand chose près des bateaux et en plus tu crois que si la bestiole bouge, elle va attendre tranquillement qu'on arrive ? Gentil le pilote mais pas très futefute. On a du rester 30 minutes à voir pas grand chose, mais en tout cas côté 'pro', ça mitraillait à chaque mouvement d'oreilles, ah Parkinson quand tu nous tiens.

Finalement le chat se déplace de 20m à raison de 100 photos par mètre. Toi t'en as fait une presque potable, ben ouais derrière 5 bateaux avec des gus qui bougent tout le temps, c'est dur de pas choper sur la photo un baltringue déguisé en broussard. La tenue obligatoire, pantalon long et chemise manches longues, chaussures de trek (ouais, t'es sur un bateau, c'est important les grosses chaussures), le chapeau de brousse et des rigoles de transpiration partout. Ils connaissent pas les t-shirt, sandales et bermudas ?

On ne verra plus de chat mais pas grave, t'as eu un gros coup de pot dès la première sortie. Maintenant vu le trou où tu es, va falloir trouver une occupation pour lendemain.

On est au bord d'un fleuve avec des dizaines de pêcheurs. T'es impatient de dîner d'un bon morceau de poisson. Que dal, c'est bœuf et poulet. Si tu veux du poiscaille, va falloir aller le chercher.

Donc en l'honneur du très grand pêcheur mondialement connu maestro Chapichapo, tu as organisé le lendemain une matinée pêche. T'as la liste et la taille minimum des poissons que tu peux attraper. Le plus gros est le pintado, tu l'aurais plutôt vu avec des plumes celui là mais aucune chance de le chopper, il traîne ses guêtres dans le coin en mars avril quand le niveau du fleuve est haut. En ce moment c'est bas et c'est l'époque des jaguars et de ses saloperies de taons qui pullulent et t'empalent.

Ton pilote est papy Carlos. Nous voilà parti une heure à remonter le Piquiri, un affluent du Cuiabá. Le Cuiabá, c'est pour voir les jaguars, le Piquiri pour la pêche. Sur la rive, t'as de gros bateaux luxe. En fait, la plupart des touristes dorment sur ces bateaux avant de sortir voir des jaguars ou aller pêcher. On s'arrête à un spot où il y a une dizaine de barques avec des touristes pêcheurs. Ton appât fait 20 cm, ça donne une idée de ce que tu peux attraper. Tu regardes les autres bateaux, ça mord pas beaucoup. Ça fait pas 10 minutes que t'as une touche, une très grosse touche. La bestiole a pas l'air contente. Ta cane à pêche est quasiment courbée en 2. Tu ramènes lentement Moby dick qui se débat . Puis, t'as l'impression qu'il se fixe au fond en dessous du bateau et refuse de bouger. Hein? C'est quoi ce poisson qui reste immobile. Le seul que tu connais qui se pose au fond, c'est la sole. Ça serait étonnement d'en trouver une ici et en plus une maousse. C'est une grosse pierre que t'as accroché ? Mais non ça c'est débattu. Carlos prend le fil pour essayer de tirer. Finalement ça remonte lentement. La vache, c'est pas un poisson. T'as attrapé une raie. Là, on rigole plus. Selon Carlos si la bestiole te plante avec l'aiguillon de sa queue, c'est direction l'hôpital qui est juste à plus de 3h de piste. Pas de risques, il coupe le fil. Désolé pour la raie.

Plus aucune touche et le soleil cogne dure. On change de coin, 2 minutes plus tard une touche. Ça se bagarre mais c'est moins costaud que la raie. C'est un Tuconare, il est même pas sur la liste. Au moins t'auras du poisson pour le dîner. Puis plus rien. Une seule fois tu t'es fait dépouillé, certainement par le poisson le moins con du fleuve, le piranha. Il bouffe tout l'appât sauf la tête où il y a l'hameçon, le bougre. 2h en plein cagnard, pas une touche. Mais l'honneur est sauf. Un grand merci à maestro Chapichapo qui t'a presque tout appris sur la pêche. Il a oublié de te dire de venir avec une glacière et des bières fraîches pour passer les longues heures où rien ne se passe.

Lors d'un arrêt, le bateau est collé à une rive où tu peux voir des empreintes de jaguar sur le sable. Forcément tu vas voir et tu commences à suivre les traces sur le sable. Tsstsss. T'as rien compris à ce que t'as dit papy Carlos en brésilien à part qu'il faut pas s'écarter du bateau, un chat pourrait être planqué et attendre. C'est comme avec les raies, on déconne pas avec les chats. Ouais, ben s'il te bouffe, il va avoir un sacré problème de cholestérol le chaton.

L'après midi, tu repars avec papy Carlos voir des jaguars. Il est très fier de t'expliquer que la dernière fois qu'il a amené des français il a vu 3 jaguars et 1 anaconda. Waouh ! T'es avec une pointure ! Première arrêt, l'endroit des anacondas. Alors tu devrais plutôt dire des a-pas-conda mais bon peut-être en revenant. On remonte plusieurs affluents du fleuve Cuiabá où la couleur du fleuve est différente, ça va du marron au noir. Ouais faut pas espérer ici une eau transparente.

Au moins avec lui tu t'arrêtes pour voir d'autres bestiaux. Alors de la loutre, du capybara, du piaf avec bébé piaf, ça t'en as vu. Pour résumé, t'as passé 4h sur le bateau, t'as pas la vue la moindre tâche d'un jaguar et les autres bateaux non plus. Après t'as compris que l'histoire avec les 3 jaguars c'était le jour où le cirque Pinder est venu ici avec ses numéros de félins, pas simple de comprendre le brésilien !

Donc si vous pensez venir, notez que le mardi est une journée sans chat. Tu te répètes mais t'as eu un sacré coup de pot la veille.

Ricardo jaguar

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Tu pensais faire une bonne grasse mat avant de retourner à la civilisation mais à 3h du matin t'es réveillé par d'énormes coups de tonnerre. Merde, il pleut et ça risque d'être sport pour rouler sur la piste.

Du coup, 6h15, t'es dans la bagnole. T'as pas fait 100m que l'anti patinage /dérapage se déclenche. Tu vas voir les roues, elle ont 3 cm de couche de boue collante. Oula, ça pue. T'hésites à continuer. Toi t'as un suv. Tu vois une autre bagnole, une Fiat modus qui s'engage, si lui y arrive. Bon, ben tu va essayer aussi.

T'as des portions, c'est que de la boue. La voiture part dans tous les sens même en roulant à 30 km/h grand max. Le mec devant fait un tête à queue tout en douceur. Tu passes devant. 15km/h, tu croises une sorte de berline, le mec est inquiet pour la suite. Si lui arrives par où tu vas, tu devrais y arriver. T'es confiant, plus ou moins... Mais il continue à pleuvoir. Plusieurs fois t'es quasiment à l'arrêt mais tu t'en sors in extremis au ralenti en patinant grave. C'est de plus en plus boueux. Et à un moment, l'erreur, t'as pas voulu rester sur les traces qui étaient très profondes et tu t'es embourbé sur le côté. C'est la merde. S'il s'arrête pas de pleuvoir pour sécher le terrain, tu repars jamais. T'as vu passer 2 bagnoles qui se sont pas arrêtées. Si elles s'arrêtent elles repartent pas de toute façon. T'as 1 pomme, 2 biscuits et plus qu'1 litre de flotte et aucune connexion téléphonique. Gérard ? Tu viens te venger jusqu'au Brésil ?

Avec tes mains, t'as essayé de dégager la boue autour de roues, c'est par kilo que t'en enlèves. T'es arrivé à te déplacer de moins d'un mètre mais t'arrives pas à revenir sur la piste. Des 4x4 arrivent en face et ils semblent galérer. Donc si t'arrives à te sortir de ce premier merdier, jamais tu pourras continuer en l'état et impossible de faire demi tour. Tu fais signe aux bagnoles que tu as besoin d'eau. Ils te jettent des petites bouteilles sans s'arrêter et te disent en passant que plus loin il faut un 4x4, oh putain! Un seul gars s'est arrêté avec son 4x4 pour te filer de la flotte et souhaiter la bienvenue au Pantanal. La seule chose à faire, attendre que le soleil sèche la piste. Mouais, vu le temps gris t'es pas dans la merde.

T'es parti à 6h30, il est 10h et t'as pas fait 10 bornes. T'es toujours coincé. Tu dégages les roues de la boue, tu mets des branchages devant les roues. Façon t'as rien d'autre à foutre. T'essayes à nouveau, petite marche arrière, puis tu repars en tournant le volant à droite à gauche. Super t'as fait 50 cm et ça patine à nouveau. Le moteur chauffe.

2 gros 4x4 arrivent, des américains. Ils vont pousser pour t'aider à revenir sur la piste mais 5 mètres plus loin les roues sont entourées de boue et c'est l'arrêt à nouveau. Les américains t'ont laissé des biscuits et quand tu vois passer d'autres bagnoles, tu récupères de la flotte. Finalement t'arrives à repartir mais 6 km plus loin tu patines à nouveau. En plus il se remet à pleuvoir, ça va pas arranger tes affaires. En tout cas, t'as de l'occupation, dégager les roues, couper des branchages... Le truc le plus inquiétant est que ça te bouffe l'essence à toute vitesse. T'as consommé quasiment 25% du réservoir pour faire à peine 30 bornes. T'en as marre de changer de pompes pour descendre désembourber la bagnole, résultat t'es couvert de boue et t'en as foutu partout dans la bagnole. Et elle colle grave cette saloperie.

13h, 37 bornes pour l'instant sur les 150 km. Le seul truc qui peut te sortir du merdier est le soleil mais que dal. Tu repars, ça patine, le moteur chauffe. Ça sent le Ricardo qui va pioncer dans la bagnole au milieu de nulle part.

Ça se complique, ouais c'était trop simple. Il y a plein de petits ponts en bois pour passer au dessus de mare ou marécage. Certains, en mauvais état, ont une petit passage de contournement que t'avais pris à l'aller. Sauf que là c'est impossible sinon c'est l'embourbage définitif. Et certains ponts ont plus de trous que de planches. Tu te souviens de 3 en particulier où à l'aller, t'avais fait marche arrière pour le contourner, trop dangereux. T'es face au premier pont pourrave, t'as crié de joie quand tu l'as passé. Ensuite t'étais moins joyasse quand tu t'es embourbé à nouveau. Et vas y qu'il faut ressortir et passer 10 minutes à faire de l'espace entre les pneus et la carrosserie. Ouais, alors s'il y a un jaguar qui se pointe, tu lui feras pousser la bagnole, qu'il se serve enfin tous ses muscles.

Franchement, t'as dû être planté presque 10 fois sans compter celles où tu t’arrêtais sur une partie moins boueuse pour nettoyer les roues avant de repartir.

2ème petit pont qui craint. Des bagnoles sont arrêtées et les conducteurs réfléchissent comment passer. Un pickup s'engage et envoi valdinguer les planches. Maintenant, ça passe plus. Avec un néerlandais qui roule en duster et qui passe la boue sans problème, on remet les planches comme on peut et on s'aide à ne pas finir dans un des trous. Ça passe mais ça a été limite pour toi selon lui.

On repart, le bougre passe les phases de boue sans problème, pas toi. Et vas y que t'es reparti avec tes mains dans la boue pour désembourber. Après 3 pauses non prévus, t'arrives au dernier pont dangereux mais personne pour te guider. Il craint vraiment sur le passage de contournement, t'as une camionnette de touriste plantée. Le chauffeur a pas voulu prendre de risques en passant par le pont. Par contre il a récupéré des planches du pont pour essayer de se sortir de son merdier. Super, déjà qu'il y en avait pas des tonnes.

T'as crié de soulagement quand t'as rejoint l'autre côté. La piste devient enfin légèrement moins boueuse. T'es obligé d'essayer de rouler vite, sinon t'es embourbé, résultat, ça chasse grave du cul. T'as l'impression que la piste est un poil meilleur et les ponts aussi. Il reste encore 70 bornes. Dans tes souvenirs, il reste 3 coins qui peuvent te planter. Il y a 3 ponts en construction et tu dois les contourner par une piste. Ça passe sans trop de problème sur les 2 premiers. T'es confiant. Merde. Sur le dernier, le passage est en pente et puis remonte pour rejoindre la piste principale. Sauf qu'au milieu il y a une mare boueuse. Putain, ils ont fait comment pour passer les autres, en tapis volant. Bon, première chose, enlever toute la boue qui bloque les roues

Il te faut un bâton pour enlever la boue. Tu t'écartes de 10m, tu tombes sur un caïman mort. Ah, Ouais, faut en plus surveiller qu'il y en ai pas un qui cherche à te bouffer en plus. Tu mets bien 10 minutes à nettoyer les roues.

Pas prêt de l'oublier le Pantanal. T'hésites à tenter la traverser. Imagines que tu restes planté et que cette nuit il pleut et que le niveau de la marre monte. Allo ? Le loueur de bagnole. C'est, euh, pour vous dire qu'il y a un léger problème aquatique avec votre bagnole...

T'es en pleine réflexion existentielle quand un 4x4 arrive en face et passe son problème. Tu l'arrêtes. Il t'explique que même avec ton veau ça devrait passer. Et sympa les gars attendent de voir si tu passes avant de repartir. Ensuite les 70 bornes qui restent sont plus facile en comparaison.

Oh non, c'est quoi encore au milieu de la route. Une sorte de biche locale. Ah non, tu vas en plus enquiller une bestiole. Gérard, ça suffit maintenant les enmerdes!

T'es enfin arrivé à la ville de Poconé juste avant la nuit. Vous imaginez pas le soulagement. T'amènes la bagnole à une station essence pour la faire laver. Quand le mec voit l'extérieur et l'intérieur de la bagnole, il appelle ses potes tellement il le croit pas. Même au jet haute pression il a du mal à la rendre présentable. Pour l'intérieur, il veut pas s'en occuper, étonnant !

Et bien vous savez quoi, tu viens de finir cette dernière partie du post à une terrasse en buvant une bière bien fraîche. Il y a juste 6h, jamais t'aurais cru ça possible.

Mud day Ricardo

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Ce matin, temps pluvieux, tu serais resté dans la gadoue la veille, ça aurait été encore plus folko le retour.

Tu pensais t'en être sorti avec la bagnole, que neni. Hier, vu les bosses de la piste, tu l'avais pas ressenti mais dès que tu as roulé sur du bitume, t'as réalisé qu'il y avait un gros problème côté amortisseur. A la moindre bosse, la bagnole rebondit anormalement. T'as 120 bornes de bitume pour revenir sur Cuiaba. A plus de 60 km/h, impossible de bien tenir la bagnole. A 20 bornes de l'arrivée, un gros bruit et un choc à l'arrière. T'as du perdre un truc en plus ça fume et ça sent le brûlé du côté de la roue arrière droite. Tu repars très lentement, au moindre rebond ça tape comme si t'avais pas d'amortisseur. T'es retourné en warning à l'agence de loc.

La vache, quand ils vont vu l'état de la bagnole alors que t'avais fait laver l'extérieur et que t'avais passé 1h le matin à nettoyer l'intérieur afin qu'il ressemble à autre chose qu'un bourbier. En plus, t'as un pète sur le parebrise. Ouais, un connard qu'a pas compris que sur une piste avec des graviers, on ralenti quand on croise une autre bagnole, histoire de pas lui envoyer des cailloux dans les vitres. Laure, Brice, ça vous rappelle quelque chose ? Vu l'état de la caisse, ils ont tout regardé et ont fait venir leur 'leon' pour voir si elle était nettoyable. T'attends la douloureuse pour la réparation de l'amorto.

Il t'ont refilé une caisse encore plus chiante à conduire, une Renault Captur, encore plus grosse, encombrante et mou. T'aurais eu cette bagnole dans le Pantanal, tu serais encore planté. Semaine prochaine tu loueras une Fiat Panda.

En attendant direction, Chapada dos Guimaraes. Un petit bled avec une place arborée, plein de bancs et bien sûr son église.

T'as un parc national avec des montagnes couleur orange et de formes sympathiques. Une sorte de grand canyon de montagnes orange rempli de grandes arbres au feuillage vert et violet et le tout se termine par une grande cascade. Tu rajoutes des aras rouge et bleu qui volent en piaillant. Manque juste un peu/beaucoup de soleil.Tu peux faire des ballades mais le guide est obligatoire mais personne ne parle autre que le portugais donc impossible de se comprendre.

T'as un point de vue mais il faut rouler sur une piste pour y aller. T'as pas hésité une seconde, t'y es pas allé. Ouais, encore traumatisé de la veille et en plus il pleut par moment.

Alors, tu sais pas d'où elle vient. Est ce qu'elle est locale ou est ce que c'est une clandée que t'as ramené dans ton sac du Pantanal mais ce matin, en te réveillant, t'as retrouvé une petite mygale dans un coin de ta chambre. Non, Gabriel, Kinnary, tu ne l'as pas boulottée.

Sinon 41° à 13h, c'est dur.

Maintenant c'est parti pour 12h de bus de nuit direction Campo Grande puis 4h de bus pour arriver à Bonito.

Ricardo pistophobe

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Bonito, ses petites rues, sa place coloniale...euh non. T'avais pris l'habitude de faire un copier coller pour décrire le bled, désolé. On recommence.

Bonito, sa grande rue commerçante pour touristes qui se remplie à la tombée de la nuit, sa place avec ses gros poissons, son bus/bar sa chaleur étouffante.

Le bled est un peu au milieu de nulle part dans la région du Mato Grosso do sul mais énormément de touristes viennent ici. La ville est entourée de lagunes et rivières aux eaux cristallines, de grottes, de cascades...

Sinon, le mato grosso, c'est plutôt plat. Nos amis de Monsanto ont dû passer par là histoire de faire de l'espace pour les vaches ou l'agriculture car reste pas beaucoup d'endroits avec de la verdure d'origine. Ensuite, tout a été bien clôturé. Reste encore de rares parcelles couvertes de bush/brousse/jungle mais ça continue à déboiser. Pour l'instant les collines ont échappé au déboisement.

Donc si t'es un touriste à Bonito, t'as plein d'activités à faire. Le seul hic est que la plupart des sites se visitent uniquement par groupes organisés. Impossible d'y aller en solo même si tu te pointes avec ta bagnole. Ouais, les proprios des différents sites ont mis la région en coupe réglée et aucune place à l'approximation. Pas le moindre site qui soit gratos, toute la nature est privatisée ici. Donc, ça t'a un peu fait mal au c.. et donc tu passes les 3 prochains jours en groupe. En théorie jamais plus d'une douzaine donc pas de gars avec un petit drapeau qu'il faut suivre. Par contre côté timing ça rigole pas. T'as le droit à tant de temps sur le site et après au groupe suivant. Certains ont même des chronos pour le timing. En haute saison ça doit être l'usine.

Tu commences par Bucaro dos Araras, un énorme cratère au milieu de nulle part. Un jour, y a un paquet de siècles, le terrain s'est enfoncé de 100m sur 500m de circonférence.

T'as plein de perroquets qui ont décidé de squatter le coin et de nicher dans les parois. Si les piafs sont en congé, tu vois juste un effondrement avec de la verdure et un lac au fond avec un croco. A se demander depuis combien de générations sa famille est ici celui-ci ! Impossible de sortir. Comme tout autour tout a été déboisé, c'est quasiment le seul endroit où les aras trouvent des arbres avec de la bouffe. Donc ils sont quasiment tout le temps ici, plus d'une centaine. Qu'est-ce que ça cause un ara. Ça n'arrête pas. Écoutez la vidéo. T'as du t'y prendre à plusieurs fois car dés que tu commençais à filmer les sumos, brésiliennes à côté de toi se mettaient elles aussi à jacasser. T'as traversé pas mal de pays, le Brésil est quand même bien touché par l'épidémie d'obésité. Elles sont où les beach volleyeuses brésiliennes ? Le proprio a acheté le terrain il y a 40 ans avec son frère. Quand ils se sont partagés le terrain, il s'est retrouvé avec le trou qui servait de décharge et donc difficile de faire de l'élevage. Le mec a fait nettoyer le trou, ils ont sorti 20 cadavres, certainement des écologistes qui ont dû malencontreusement glisser. Depuis, il fait du pognon en faisant payer les pimpims qui défilent pour voir un trou et des perroquets.

Ensuite c'est trempette dans le Rio da Prata, une petite rivière soit disant cristalline remplie de poiscailles. Ce site est le seul endroit où il reste de la végétation, tout autour, que du champs à vaches à perte de vue. Quand tu regardes une carte satellite, tu vois qu'il y a de la jungle uniquement le long de la rivière, ensuite du champs. Ils savent tellement pas quoi faire du cuir des vaches que leurs hamacs sont en lanière de cuir.

Attention, pour 60 euros tu es dans un environnement Eco friendly. Interdiction la crème à bronzer et l'anti moustiques. On te file une combi de plongée et des chaussons en néoprène. On est 10 et t'as un groupe qui part toutes les 30 minutes.

Pour rejoindre la rivière, t'as juste 40 minutes de marche dans la brousse en plus à midi dans une chaleur étouffante. Imaginez 10 charlots en combi de plongée en train de marcher dans la jungle, un masque de plongée à la main. Ouais, environ 35 degrés. Pas la température de l'eau, la température extérieure. Taux d'humidité ? Ouais, au moins ça, voir plus. En cours de chemin, t'as même le droit à un sceau d'eau sur la tronche histoire de te rafraîchir. T'arrives enfin au bord de la rivière

Laure, Brice, vous vous rappelez Bataranka en Australie. L'eau ici n'est pas aussi transparente mais tu te laisses porter sur 2 km.

Sincèrement, tu t'attendais à vraiment une eau cristalline. Peut être qu'à une autre saison, c'est différent. Un poil déçu. Le guide explique en portugais comment il faut nager (ouais juste avec les bras), qu'il faut rien toucher. Blablabla sans fin dont tu comprends rien. Ensuite chacun doit montrer sa capacité à nager. Hé, c'est toute petite rivière sans courant, on va pas descendre des rapides. T'as quand même 2 hollandais qui ont mis un gilet de sauvetage. Ensuite tu te laisses porter en laissant 3 m entre chaque gus. C'est vrai que l'eau est vraiment transparente par moment. Il y a plein de poissons qu'on pas la trouille. Pas étonnant, toutes les 30 minutes ils voient passer un troupeau d'homme grenouille depuis leur naissance. Parfois tu tombes sur un banc et t'as l'impression d'être dans un aquarium.

En fait pour 60 euros tu descends une petite rivière avec des poissons. C'est rafraîchissant, tu discutes avec des poissons mais mouais...surtout pour ce prix.

Dernière journée sur Bonito, il est temps de partir, les nuages t'ont rattrapé et la dernière baignade par temps gris est moins sympathique. Direction le Rio Sucuri. Avant de faire l'activité aquatique, tu bulles dans le mini parc. T'as un gars en train de roupiller dans un hamac. T'as des petits singes qui descendent des arbres et l'un d'eux est allé réveiller le gars qui du coup a fait un bond et est parti rapidement. Vous le croirez ou pas, le singe s'est ensuite assis dans la hamac.

Cette fois, tu te laisses porter par le Rio Sucuri, 1,5m de profondeur max et plein de poissons qui, comme d'habitude, ont en rien à foutre de toi. Ici tu dois en plus porter un gilet sauvetage, plus compliqué pour mettre la tête sous l'eau. Comme d'habitude, te voilà reparti marcher dans la jungle en combinaison de plongée. Puis on prend un petite barque pour remonter un bout de la rivière. En chemin, le guide nous montre un caïman en train de buller dans les roseaux. La bestiole doit faire 1,5m de long. Toi qui étais pas très motivé pour remettre à l'eau tu te dis que ça peut devenir intéressant. On remonte la rivière sur 1 km puis on descend dans l'eau et on se laisse porter par le courant. Le guide reste sur le bateau. Bon, les poissons, t'en as vu plein y a 2 jours. Ce qui t'intéresse c'est de voir le caïman en étant dans l'eau. Tu longes la rive en essayant de retrouver l'endroit. Le guide a bien vu ce que tu cherchais mais pas d'inquiétude. Il t'indique même vers quel coin il est. Autant vu de haut dans le bateau, tu arrivais à le distinguer, autant dans la rivière au niveau de l'eau tout en essayant de résister au courant avec en plus un masque ça devient nettement plus compliqué. Tu vois une partie de son corps qui doit être dans les roseaux à un mètre de toi mais à part donner un grand coup dans les roseaux pour la faire réagir, la bestiole à l'air de t'ignorer. La bestiole n'attaque pas l'homme sauf si elle se sent en danger. En Australie, ton guide avait été mordu au crâne par un caïman (pas un crocodile, sinon il n'aurait plus été là pour en parler) sur la défensive. Tu t'es rappelé de cette histoire, t'as préféré ne pas enmerdé le sac à main.

Rio-cardo

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Pour ceux qui veulent vivre une expérience assez unique, tu as la descente dans la grotte Abismo Anhumas. Le seul léger hic est que pour y aller t'as juste un petit 70m de descente en rappel. En fait, t'as un petit trou au sommet de la caverne par lesquels tu descends. C'est la version cenote mexicaine mais en beaucoup plus grand, vraiment beaucoup beaucoup plus grand. Donc la veille, tu t'es pointé dans une salle à une phase obligatoire de training histoire de vérifier que tu es conscient dans quoi tu t'engages et aussi d'être capable de remonter les 70 m à l'auto bloquant.

Ouais easy, tranquille... Euh.. Putain t'as le vertige, qu'est ce que t'es venu t'embarquer dans ce délire. Euh, on peut descendre avec un bandeau sur les yeux ?

Lors de la phase de test, t'es monté à la corde de quoi, même pas 10m, et bien t'étais pas fier. Là, t'as des brésiliens avec un ventre sponsorisé par les bières locales. Tu te demandes combien de kilo ils auront perdu quand ils auront remonté les 70m.

C'est le grand jour. T'es sur le site à 7h. T'as une demi douzaine de personnes avant toi. Et on descend 2 par 2.

Tu descends avec un américain qui est encore plus flippé que toi. Il a même failli changer d'avis à la dernière seconde. Un gars vérifie 2 fois que t'es bien accroché, tu lui as dit que s'il voulait vérifier 10 fois, y avait pas de problème, t'es pas dans l'urgence. Pour l'instant t'es accroché au dessus du vide et le gars attache ensuite l'américain qui est blanc comme neige. Finalement on est prêt et on a plus trop le choix.

T'as une main sur le descendeur et l'autre sur la corde en dessous de toi. Pour ceux qui comme toi en avait jamais fait avant, tu dois appuyer sur le manette du descendeur pour descendre et remonter la manette pour t'arrêter.

Ça commence par une descente entre 2 parois étroites sur une quinzaine de mètres puis tout est grand ouvert. Pendu à une corde avec plus de 70m de vide sous toi, t'es content d'être passé aux toilettes avant. Au fait, la corde, elle est changée de temps en temps ?

On est accroché ensemble, on doit descendre au même rythme. Le principe est de s'écarter du descendeur et donc te pencher en arrière. Mouais....

Y a un seul couillon qui s'est pas suffisamment écarté et qui a coincé son t-shirt dans le descendeur. Le couillon, c'est celui qui est en train d'écrire ce post. Résultat ton descendeur est coincé et tu peux plus descendre. On est suspendu à plus de 50m au dessus du lac. T'as beau tiré sur le t-shirt, il résiste et tout est bien coincé. Oh la galère. On est pas fier. On appelle les gars d'en haut. Par une corde de secours, un gars glisse à toute vitesse jusqu'à nous. Il te détache de l'américain qui seul se met à flipper grave. Puis avec son talki il appelle pour qu'on te fasse remonter d'un mètre. L'américain plus bas est de plus en plus mal. Toi, tu l'as ramène pas non plus. Alors t'as pas trop compris ce qu'a fait le gars parce qu'il le fait à toute vitesse mais il te décroche d'un truc puis te raccroche à un autre et essaye de sortir le t-shirt du descendeur. Pas simple. Ça semble durer une éternité. Finalement le descendeur est débloqué. Le mec remet tout en place (on croise les doigts) te fait redescendre au niveau de l'amerloque et te raccroche avec lui. Le ricain a l'air soulagé alors que t'es pas plus à l'aise que lui intérieurement mais extérieurement du marbre...légèrement fissuré.

On reprend la descente et tu essayes de t'écarter au max du descendeur. Une connerie ça suffit. Mais va savoir ce qui se passe, t'as beau appuyer très fort sur la manette, tu descends très lentement. T'es obligé d'utiliser ta main droite pour obtenir du mou sur la corde pour arriver à descendre. Parfois ça s'arrête sans raison. Le marbre est bien fissuré...Finalement on est arrivé sur le ponton sur le lac. L'américain a foncé aux toilettes.

Et dire qu'il va falloir se retaper la montée. Un peu de lumière arrive par le haut de la grotte donnant une ambiance voyage au centre de la terre. Le plafond est couvert de stalactites.

Maintenant c'est l'heure de la baignade. Le lac dans la grotte est assez incroyable, il est grand comme un terrain de foot. L'américain va faire une plongée en bouteille, toi juste du snorkeling. Dans le lac, tu as des stalagmites de 20m de haut en forme d'ogive sous l'eau. Pour la baignade, t'as le droit à une épaisse combinaison de plongée, capuche incluse. Légèrement fraîche l'eau sauf pour un breton. Tu vas nager avec un guide au dessus de ces stalagmites, c'est aussi impressionnant que la descente en rappel. Il y a peu d'endroit dans le monde de ce genre. T'as une ambiance unique. Sympa la baignade mais va falloir remonter.

T'as 8 personnes avec toi, ça va prendre une plombe. Si tu remontes avec l'amerloque et qu'il fait une crise de panique, ça va pas être simple. Et là, grosse déception/surprise/joie. Lors de la phase de training on t'avait fait remonter avec les techniques de rappel. Et tu pensais te retaper la monter ainsi. Mais en fait ça sert juste à te montrer la technique. Avant tu devais remonter comme ça mais peu de touristes en étaient capables et c'est pas bon pour le business. Donc maintenant, et tu comprends ce qu'ils foutaient en haut de la grotte ce matin, t'as 6 brésiliens costauds qui remontent les touristes en marchant avec la corde attachée autour de la taille.

C'est au tour de l'américain de remonter. Il fonce aux toilettes avant. Il se sent pas bien. Grosse panique. C'est ton tour, histoire de te déstresser, tu rappelles au brésilien qui s'occupe de t'harnacher la raclée du 7-0 au foot. Oui, faut être un peu suicidaire de le faire à ce moment.

En fait, la remontée se fait en 3 étapes. T'es tiré vers le haut sur environ 30m, puis ça s'arrête. Ça te permet de voir le lac et les stalagmites sous l'eau mais aussi te demander mais qu'est ce que t'es venu foutre ici. Puis ça repart pour 30m, nouvel arrêt et ensuite tu ne dois plus tenir la corde pour utiliser tes mains et t'écarter des rochers.

Sur la vidéo, le gars qui remonte à un petit côté père Noël avec son casque rouge mais il a pas ramené de cadeaux

C'est vraiment un truc de dingue (sauf pour les alpinistes qui doivent pas comprendre où est le stress dans cette histoire ), que ça soit la descente, le snorkling, l'ambiance. Bon, c'est pas donné mais s'il y a une activité unique à faire ici.

Une petite vidéo faite par des pros. Ca permet de mieux comprendre et de voir aussi ce qu'il y a sous la surface du lac

Histoire de se remettre de cette matinée éprouvante, avec le ricain t'es allé à la plage de Figueira. Alors, plage, c'est plutôt la rive d'un lac qui appartient entièrement à un fermier. Le mec a installé des parasols (en brique) et des sièges dans le lac. Il a juste oublié le plus important, un petit interphone à chaque parasol pour se faire livrer à boire. T'as un banc d'une centaine de gros poissons noirs.

Ricardo content d'être remonté

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Tu retrouves un paysage oublié depuis plusieurs mois, la mer, les plages de sable. Sao Luis, ville côtière au nord du Brésil. Faut imaginer une plage de sable de 10 km de long, des petits restos/bars où tu peux enfin déguster des fruits de mer et quasiment personne sur la plage. Le sauveteur qui poireaute à l'ombre sous sa tente est le champion du monde du solitaire.

C'est pas les plages idylliques comme aux Philippines mais au moins il y a pas des hordes de groupes de chinois. Ici, c'est du zef, une mer agitée d'une drôle de couleur et en arrière plan 3 kites surf et une dizaine de tankers.

Côté ville, t'as la vieille partie coloniale qui semble être un peu laissée à l'abandon, avec ses ruelles pavées, ses dernières maisons avec leur façade recouverte d'azulejos. Tu t'es trouvé un hébergement dans une ancienne maison coloniale. T'as rarement eu un cadre aussi sympathique. Faut juste faire gaffe de ne pas partir dans la mauvaise direction car t'es à la limite de quartiers 'sensibles'. Ouais, faut éviter de rentrer bourrer, vaut mieux avoir tous ses moyens en cas de mauvaise rencontre. Et puis t'as les grandes tours de béton du côté des plages.

Le soir, une des places de la vieille ville s'anime. Les bars ont sorti plein de petites tables dans les rues, des dames sont venues avec des petites brouettes contenant une glacière où tu peux acheter ta bière ou ta caïpirinha. Toutes les 2 minutes des camelots viennent de te vendre un truc. Le plus étonnant, c'est ceux qui se baladent avec une boite de conserve remplie de braises et te font griller une brochette de morceaux de fromage.

T'es venu à Sao Luis il y a 4 ans pour aller dans une région certainement unique au monde, le parc du Lençóis. Faut imaginer à perte de vue des centaines d'immenses dunes de sable. Ouais, ça tu peux le voir dans n'importe quel désert qui se respecte un peu. Mais LE truc unique, ce sont les centaines de lagune d'eau clair entre les dunes. T'y étais allé mi novembre mais c'est pas la bonne époque, la plupart des lagunes étaient asséchées. On change pas un couillon qui gagne, tu y retournes début octobre qui n'est pas non plus la bonne époque.

T'es pas trop inquiet sur le niveau de l'eau dans les lagunes. Ouais, ils annoncent de la pluie. Ca va être sympa les 4 jours de marche à monter des dunes de sable s'il pleut.

Impossible de trouver d'autres personnes pour monter un groupe. Ouais, ils sont pas cons les autres, ils y vont en juillet quand les lagunes sont pleines. Sinon, ils font juste une sortie à la journée. L'idée c'est d'y passer 4 jours sans bagnole, sans rien.

T'es passé par l'association des guides pour te trouver un guide, Cesar, que tu dois retrouver à Barreinhas, un des points d'entrée du parc. Ça va être facile, lui pas un mot d'anglais, toi pas un de portugais.

Ça y est t'es à Barreinhas, petite ville au bord du fleuve Preguiças. Une chaleur étouffante.

Tu t'es dit que t'allais survolé en avion le parc pour voir les dunes et les lagunes et te rassurer ou pleurer en fonction du niveau de l'eau dans les lagunes. On est 2 pimpims sur le tarmac. Le pilote qui fait aussi office de chauffeur et de caissier va d'abord vérifier l'état de l'avion. Alors, en exagérant juste un peu, le contrôle consiste à donner un coup de pied dans les pneus et une tape sur la tôle de l'avion. Ouais, c'est suffisant pour un avion qui reste des heures en plein soleil et dans un vent légèrement sableux...

Putain, t'es encore tombé sur un flippé. Ton voisin a jamais pris un petit coucou 4 places et il est pas rassuré. Au décollage, il a lâché un cri et au moindre léger secouage le gars lâche un cri, à la limite de s'accrocher à ton genou. Hola mon gars, ça va pas être possible.

On vole jusqu'à la côte. Et tu peux voir les dunes s'engager dans la végétation. Les photos sont un peu dégueulasses, t'as pas pensé à nettoyer la vitre avant le décollage. C'est assez impressionnant de voir ces dunes à perte de vue et des lagunes avec de l'eau, oui y a de la flotte ! Alléluia, Allah akhbar et tutti quanti.

Il y a le parc Lençóis et le petit Lençóis. Le petit est déjà rempli d'immenses éoliennes. Avec notre ami Bolsonaro, faut peut être pas trop tarder à venir ici..

En sortant de l'avion, t'apprendras que le Cessna a de la bouteille, il a 70 ans. Y a pas une date de péremption pour les avions ? Le flippé l'aurait su avant t'aurais certainement était seul dans l'avion.

13h30 l'après-midi risque d'être mortellement longue. T'enquilles sur une après midi all inclusive direction la laguna bonito. 1h de piste de sable défoncée au milieu d’anacardiers. Ouais, toi aussi tu connaissais pas ce mot y a encore quelques secondes. C'est l'arbre qui donne la noix de cajou. Tu connais la noix que tu picores le dimanche, vautré sur ton canapé en écrivant des messages à la con sur les blogs de voyage qui ne disent pas que du bien des endroits visités (tiens, certains se sont reconnus ?) mais il y a aussi le fruit. Par contre, va comprendre pourquoi il vendent le sac de noix de cajou aussi cher qu'en France. Ils les importent de Chine pour en vendre ici? C'était la minute maraîchère.

La voiture te laisse en bas d'une grande dune remplie de verdure. Le guide te dit qu'il faut rester ensemble.

- Ahah, on arrête les conneries. Regardes derrière toi, les autres pleurent pour monter la dune. On se retrouve où et à quelle heure ?

- Non, non, patience

- Ah merde, désolé mon gars mais j'en ai plus en stock. Allez cassos.

Te voyant partir, il te dira ou et l'heure.

En haut de la dune, plus la moindre verdure pour te pourrir le paysage. La végétation s'arrête nette ! Des dunes partout et entre les dunes plein de lagunes. Bon, y a un peu de monde, peut être 300 personnes, et c'est la basse saison. Mais comme il y a plein de grandes lagunes, tu peux facilement te trouver un coin tranquille. La couleur des lagunes va du bleu profond au vert clair en fonction de leur profondeur. L'eau est...rafraîchissante.

On t'a expliqué que t'as de la chance car en principe à cette époque il y a beaucoup moins d'eau mais il a beaucoup plût les mois précédents.

Autant Barreinhas la journée, ça doit être long, autant le soir le bled devient beaucoup plus sympathique. Ils piétonnisent la rue qui longe le fleuve, tous les restos ont installé des tables sur la promenade, des groupes jouent de la musique, des couples dansent, les brésiliennes sont en short. Ça change de l'ambiance bolivienne sur l'altiplano à 4000m

Petit point boisson :

- Vous avez déjà vu de l'alcool de langouste ?

- T'as commandé une limonade, t'as cru comprendre que le serveur te demandait si tu voulais des glaçons.. T'as dit oui. T'as pas eu ta limonade mais il t'a apporté une caïpirinha tellement chargée qu'à la 2ème gorgée, t'es déchiré. Comme quoi, ne pas parler la langue d'un pays peut faire tomber dans l'alcoolisme.

- L'ananas, c'est le 'verre' pour la pinacolada

Ricardo alcoolisé sur un malentendu .

71

Ah une petite pluie matinale qui ne peut qu'annoncer une bonne journée.

Tu attends ton guide Augusto César (avec un nom pareil, grosse pression) avec qui t'a échangé uniquement via internet. Il fait partie de l'association des guides. Il arrive, il doit avoir 22 ans, la moustache molle et un air de débarquer de nulle part. Pendant que t'essayes d'échanger avec lui via Google translator, il fait tomber une de ses tongs dans le fleuve. Ben mon gars, descend dans le bateau et va la récupérer. Ça l'air d'être au dessus de ses capacités. Oula, t'as l'air d'être tombé sur une pointure. Il y a 2 autres touristes brésiliennes qui sont avec leur guide et qui font 4 jours comme toi. Elles parlent anglais et t'espères que ça va changer ton séjour.

La première journée consiste à prendre un petit bateau jusqu'au village d'Atins puis de marcher jusqu'au hameau de Canto de Atins.

Bonne surprise, le bateau s'arrête à différents endroits. Un spot avec une très belle lagune. Le niveau de l'eau a déjà beaucoup baissé car en juillet les hamacs baignaient dans l'eau.

T'as toute une bande de petits singes qui font le show. Un a sauté sur le sac dans le dos d'une brésilienne et a su ouvrir le sac pour lui piquer son paquet de chips. Un autre renverse une noix de coco pour lécher l'eau qui en sort, il est pas très futé, il y avait une paille...

Un 2eme stop où l'attraction est un bar juste sur le quai avec 30 sortes d'alcool de fruits pour ta caïpirinha. Dès 10h, il fait déjà recette.

Et enfin Caburé pour le déjeuner, quelques restos sur une langue de sable entre la mer et le fleuve. Généralement t'es enmerdé par des chiens ou des chats qui quémandent de la bouffe. Ici, grande première, ce sont des lapins aux yeux rouges qui attendent aux pieds des chaises (non, promis, t'as pas encore bu de caïpirinha) mais pas intéressés par des frites. Franchement, la mer est décevante. L'eau semble grise, la plage est recouverte de traces de quad, le moyen de transport du coin. Celui qui a réservé 10 jours ici sans connaître, il va pas être déçu.

Ta pointure de guide a disparu. T'as rien compris de l'heure du départ. Pas grave tu bulles dans un hamac. Ce qui va être ta prochaine grande activité pendant les prochains jours.

Dernier trajet en bateau pour rejoindre le village Atins. Y a 4 ans, t'avais pas compris 'la beauté' du bled, et bien ça ça pas changé. Une partie de ce qu'on peut appeler une plage est jonché d'énormes branches amenées par la marée. Sinon, t'as une petit partie 'nettoyée' qui est le point de départ des kitesurfeurs. Pas d'endroit pour se baigner. Mouais, toujours pas convaincu. Bon, de là tu marches sur une piste sableuse pour Canto de Atins où tu vas passer la nuit.

Tiens, sur une dune, t'as un gars qui donne des cours de deltaplane. On est pas loin d'être au milieu de nulle part.

A 90% tu comprends que dal de ce que te raconte Augusto donc du coup il te l'écrit sur son smartphone. Euh, tu peux aussi le chanter, le mimer en dansant la polka, tu vas pas plus comprendre. En fait, on se comprend pas mais il continue gentiment d'essayer de t'expliquer des trucs. Et quand il voit des papiers sur la piste, il les ramasse. Il a juste un air d'avoir grandi trop vite...

Alors Canto do Atins est un trou, répétons le, un trou, y a rien mais c'est 'connu' pour son resto de crevettes, les meilleurs du monde ! Forcément, tu peux pas passer à côté. Incroyable, on dirait qu'elles fondent dans la bouche, un délice. Quand t'es arrivé, on t'a filé une clef avec un numéro, tu t'es dit cool, t'as un bungalow. Héhé, non c'est la clef du casier pour ranger tes affaires. Cette nuit et les prochaines, c'est hamac.

Les 2 brésiliennes sont arrivées et il y a aussi un italien avec son guide qui parle parfaitement anglais et 4 jeunes français avec leur guide. L'italien a quitté son job et voyage jusqu'à ce qu'il ai plus de pognon. Il a commencé il y a juste...4,5 ans. Lendemain on va tous à la même étape mais l'italien lui fait grasse mat, il ne part qu'à 4h du matin. Tous les autres, on décolle à 3h. Pourquoi ? Évident, voyons ! C'est pour éviter les grosses chaleurs.

Départ à la frontale, même à 3h du matin t'es en t-shirt. La première partie, tu marches sur la piste qui longe la plage. Vers 5h30, le soleil essaye de se pointer mais que dal, les nuages sont arrivés en masse.

Arrivé au lieu-dit Bonziho, une vieille cabane de pêcheur qui fait office de poubelle. On commence à s'embarquer dans les dunes. Enfin plus de traces de pistes. Chaque groupe prend une direction. En haut d'une dune, tu vois ta première lagune, petite déception, il y a très peu d'eau, tu peux à peine patauger et l'eau est...rafraîchissante. On marche vers les dunes et il y a encore moins d'eau dans les autres lagunes, parfois juste quelques mares. Elles sont remplies de tronc d'arbres morts. Pour ceux qui connaissent Deasvlei en Namibie, c'est un peu pareil mais en beaucoup plus sec.

Ce n'est que dunes et lagunes. Autant dans certains déserts tu peux trouver quelques lacs comme ceux d'Ubari en Libye mais ici ce n'est que ça. Derrière chaque dune, une lagune, sans fin. Vraie impressionnant.

T'as un peu l'impression que ta pointure te presse pour arriver. Le gars te montre un semblant de soleil pour te faire comprendre qu'ensuite il fera trop chaud. Euh, t'as pas vu que tout autour de ce soleil blafard il y a d'énormes nuages gris plein de flotte qui nous arrivent droit dessus ? Donc le coup de soleil ou la déshydratation, t'y crois moyen. 10 minutes plus tard, il se met à pleuvoir. Ah ça rafraîchit avec cette canicule. Sans déconner c'est pas exceptionnel ? Tu viens dans le désert pour marcher autour de lagunes et tu retrouves sous la flotte à traverser des lagunes asséchées. Du grandiose !

La pluie s'arrête, on trouve une lagune où il y a un peu d'eau. T'as pas fait 3m pour t'approcher des rives que tu retrouves enfoncé jusqu'au dessus des genoux dans le sable détrempé. Et histoire de rigoler, il se met à pleuvoir des trombes. En 30 secondes on est trempé. Quand ça veut pas...

T'as quand même 2 grands points positifs à marcher sur du du sable mouillé. Oui, au moins 2. Tu t'enfonces moins et tu prends pas de sable dans la tronche.

Alors le bled ou tu dors est l'oasis de Baixa Grande. Un monde vert au milieu de tout ce sable. Une sorte d'oasis avec des anacardiers et d'autres arbustes inconnues plein de baies au goût nouveau. Le cajou, la partie fruit pas la noix est une tuerie. Étonnant que ça soit pas exporté.

Une grande bâtisse où s'alignent les hamacs, une autre pour les repas, des douches à ciel ouvert et même un billard. Va savoir comment ils ont pu amener un machin pareil jusqu'ici. Les autres sont arrivés 2h après toi. T'as bullé dans un hamac sous un endroit très dangereux, 2 cocotiers remplis de noix qui attendent de tomber pour te fracasser. Ici, pas de lapins, mais des dizaines de canards et d'oies. Un remake de Ricardo à la ferme.

Vers midi, le soleil réapparaît, le monde est écrasé de chaleur et on fait tous la sieste dans des hamacs à l'ombre. Avec l'italien on voulait vers 13h sortir de l'oasis pour trouver des lagunes, euh vu la chaleur, chacun est retourné siester. Il y avait des jolies lagunes plein d'eau à 15 minutes de l'oasis, c'est dommage que tu ne le saches qu'au coucher du soleil.

Grasse mat, départ à 6h30. L'italien est les étudiants français sont partis à 3h du matin car ils ne font que 3 jours. Notre célèbre Augusto va t'emmener d'un pas plus tranquille vers des grandes lagunes. Et effectivement, il y a d'immenses lagunes (les plus grandes ont un nom comme la lagoa ponta do piata) encore avec de l'eau. L'eau est super fraîche, ouais il n'est que 8h du matin et le ciel est très souvent nuageux.

Bientôt 10h, il reste moins d'une heure de marche pour rejoindre l'oasis de Queimada dos britos. On descend une dune et il faut traverser une étroite lagune. Le sable marron autour te rappelle ta 'pataugeade' de la veille. Austusto s'engage sans réfléchir, t'as juste eu le temps de filmer la fin. Tant que tu crèves pas la surface du sable, ça va, sinon ça devient la galère. Malgré sa taille, Augusto doit peser 40 kg tout mouillé, donc toi, même pas une seconde t'imagines t'y engager. T'as essayé de passer 50m plus loin et encore t'as été embourbé jusqu'aux chevilles.

L'Augusto doit avoir des jambes 4x4, car quand on doit monter des dunes où on s'enfonce, lui c'est comme s'il marchait sur du plat, le bougre.

Queimada dos Britos , c'est l'oasis du cochon. Y en a partout. L'oasis est très grande, plusieurs familles. Certains ont déplacé leur maison qui commençait à être envahie par les dunes

Elles se déplaceraient de 10m par an, pas étonnant vu le vent incessant. Tu t'arrêtes chez une pour déjeuner. Ils ont un couple de petits perroquets qui arrêtent pas de se faire des papouilles. La patronne t'a montré qu'en approchant un doigt, un des oiseaux montent dessus. Bien sûr t'as voulu faire pareil, résultat, cette saloperie de piaf t'a légèrement coupé le doigt avec son bec. Euh, ça existe la rage chez les piafs ? Quand c'est le patron qui s'approche, un des piafs lui parle.

Ah oui, sinon côté gastronomie locale, à chaque repas tu as le droit à des spaghettis, du riz et des petits haricots, le tout en grande quantité et du poulet.

Après une sieste réparatrice, Augusto annonce 10 minutes de marche pour rejoindre ton hôtel 4* qui est en fait à 100m. Tu y retrouves le guide des brésiliennes. Augusto te dit qu'à 16h on part voir le coucher de soleil. L'autre guide te fait comprendre qu'il y a une petite lagune à 200m où bullent les brésiliennes. Moustache molle aurait jamais eu l'idée de t'en parler. Tu reviens pour 16h et l'autre guide te dit qu'ils vont à 17h voir le coucher de soleil. Pfff, toi, tu lui dis que t'y vas à 16h. Y a peut-être des créneaux horaires de coucher de soleil ? À la tronche du guide, t'as bien compris que c'est une connerie d'y aller à 16h à moins de vouloir attendre 2h un coucher de soleil. Comme quoi, un guide fait beaucoup dans un circuit. Résultat on est parti à 17h...une pointure mais gentil l'Augusto.

Résultat t'y es allé avec les brésiliennes qui ont fait interprète et tu viens de découvrir qu'en fait, l'Augusto de compétition qui est avec toi est en fait le fils du guide avec qui tu étais en contact. Papa était plus dispo, il a envoyé fiston. Apparemment papa n'a pas indiqué à fiston le programme convenu. Sans les brésiliennes, tu te retrouvais demain dans un autre village que celui prévu.

Départ 3h30, tu vas faire chemin commun avec les brésiliennes. Elles démarrent à toute vitesse, tu peines grave derrière. Ils sont tous montés 4x4 au Brésil? Le ciel est gris de chez gris. Non les photos sont pas en noir et blanc. Alors, ça se l'ai pété pendant 2h mais ensuite y a plus personne. Ça se trainasse, elles demandent au guide de prendre un chemin plat. Soit tu les suis soit tu pars dans les dunes avec ta pointure 44. Il fait un temps pourrave, les lagunes seront grises, t'as décidé de suivre les brésiliennes et profiter des explications traduites de leur guide qui se balade dans ce désert depuis 39 ans. Grande question, pourquoi l'eau ne s'infiltre pas dans le sable? À moins de 10m sous le sable, il y a une immense nappe phréatique. Quand il pleut, l'eau ne peut pas s'enfoncer et forme toutes ces lagunes. Elle s'évapore ensuite en partie avec le soleil.

Alors si un jour vous venez ici, prenez pas l'option chemin plat pour Santao Amaro, aucun intérêt. Pas une dune, pas une lagune,

Arrivé au bled de Santo Amaro où tu déjeunes chez la mère de P44 (pointure 44). Faut juste arriver à trouver un enchaînement de transports pour arriver à rentrer sur Barreirinhas avec le guide des brésiliennes. C'est là où tu réalises que 2 gars qui font du stop, ça marche pas fort sauf si ton collègue connait tout le monde.

Bon, t'as encore pas eu de chance côté météo et t'es encore arrivé 2 mois trop tard. Ça reste néanmoins un endroit assez unique


Ricardo laguna c'est pas encore le bon timing...

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Direction Jeri, le petit nom de Jericoacoara. On y accède uniquement via une piste de sable. Le village de pêcheurs s'est transformé en quelques années en hot-spot brésilien. Pas un centimètre de bitume, tu marches que sur du sable, ce qui donne une ambiance plutôt sympa au bled. Une grande partie du centre est piéton, sinon seuls les Quads, buggys et certaines voitures peuvent rouler donc, l'idéal du piéton. Des bars, des restos partout. Ils redécorent les arbres. Généralement, c'est pas ta came ces lieux hyper touristiques balnéaires mais va comprendre pourquoi, peut-être l'ambiance nonchalante brésilienne, les filles en bikinis qui pullulent...

Tu peux marcher tranquillement la nuit dans les rues peu éclairées sans te sentir en danger. Oui, ici pas d'éclairage publique seulement l'éclairage de certaines maisons et restos.

Jeri est un spot pour le windsurfing et le kite surfing. Tu t'étais dit que t'aurais bien pris un cours de kite surf. Euh, faut certainement venir à une époque où il y a moins de vent car là, vu comment ça souffle, tu t'envoles pour atterrir en Bretagne. Y avait un mec qui décollait de plus de 15m.

L'attraction incontournable pour le touriste de base que tu es, est de monter sur la dune en bout de plage pour voir le coucher de soleil. C'est une institution. On doit être 400 (une très faible partie des touristes ici) à attendre qu'il se barre et à ce moment les brésiliens applaudissent. Alors va comprendre pourquoi le brésilien a tendance à applaudir sur des trucs qui ne reviendront pas en rappel. Dans le Pantanal, ils ont applaudi quand le jaguar a disparu dans la verdure. Il est pas revenu pour saluer. Pareil, le soleil, au mieux il reviendra demain. Et de ton humble avis, les 2 ont en rien à foutre des applaudissements.

Et quand tu reviens, la ruelle qui ramène au centre s'est transformée en bar. Les locaux ont installé plein de stands sur roue où tu achètes ta caïpirinha pour moins de 3 euros. Si tu essayes chaque stand, jamais tu rentres chez toi. A ce propos, ton hébergement est juste en face d'un petit bar ou la caïpi au fruit de la passion est encore moins cher. C'est un truc à finir encore plus alcoolique. Au pire t'as 3 mètres à faire. Faudra juste être capable de mettre la clef dans la serrure.

Tiens, ce soir t'as un âne dans la rue principale qui se balade et qui fait la manche devant un resto. Il veut quoi ? Une carotte? Mais où t'as déjà vu un âne venir taper les touristes ? Et tous les soirs, il rapplique. Incroyable !

Tu peux faire des balades en jeep (groupe), buggy et Quads mais t'as le droit de conduire uniquement que les Quads. Donc te voilà parti en quad avec ton guide qui lui est en moto. Premier arrêt, une arche de pierre au bord de la plage, autre institution de Jeri. T'as que 20 personnes qui font la queue pour se faire photographier. Plus loin t'as un arbre au tronc et branches couchés par le vent. Pareil, t'as la queue pour le selfi. T'as aussi un arrêt au lagoa azul. Franchement ? Un lac avec de l'herbe autour, pas particulièrement dépaysant.

T'as rappelé le patron de l'agence de quad pour dire que finalement tu préférais aller côté ouest. Et là ça devient beaucoup plus fun, un remake du Paris-Dakar. Tu roules dans des grandes dunes où il n'y a personne. Le sable change de couleur du blanc au rosé-orangé. Quel plaisir de brûler du carburant inutilement et de participer activement au réchauffement de la planète... Pour la peine, tu ouvres bien les gaz...

Tu dois prendre un bac pour rejoindre Tatajuba. Une lagune au milieu des dunes de sable ou une dizaine de restos te proposent de t'installer à une table directement dans le lagon, les pieds dans l'eau, voir même de t'allonger dans un hamac, le string dans l'eau. Même leurs WC ont un côté typique.

Côté repas, le choix est compliqué, poisson, crevette, langouste.. Le plus simple est de prendre un peu de chaque. Le seul hic, tu peux pas manger dehors vu le vent qui emporterait ton plat jusqu'en Bretagne.

En haute saison, vu le nombre de tables, tu dois avoir un brésilien au mètre carré. Donc pas le coin pour roupiller au calme dans le hamac.

Alors c'était la partie sympathique. Car maintenant il faut revenir sur Jeri et t'es face au vent. Va rouler sur une piste de sable avec du vent sans visière, c'est piquant. 2h plus tard tu pleures encore.

St Trop Ricardo

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Bye-bye le St Trop brésilien direction une autre plage, Icarai. Pas super simple pour y aller mais avec le bus local, ca permet de voir des endroits pas touristiques.

Icarai, un village de pêcheur qui s'ouvre au tourisme, une anse, une grande plage de sable, des cocotiers, quelques petits restos qui donnent sur la plage et aux deux extrémités de la plage d'immenses arbres blancs avec des pales qui tournent.. Ca casse un peu l'image de plage perdue. Surtout que les bagnoles peuvent rouler sur la plage.

Côté touristes, à part les kitesurfers et les brésiliens qui débarquent de Fortaleza pour le week-end pas le moindre routard. Mais t'as du français. Si tu veux faire du kite surf et que tu pipes pas un mot de portugais, tu viens ici, tu seras qu'avec des grenouilles mais faut parler kite, dormir kite, vivre kite. Le village s'agrandit et ce sont les français qui achètent.

T'as pris l'option balade en 4x4 qui roule sur la plage histoire que les autres profitent de tes traces de pneus dans le sable. La balade passe par des tous petits bleds où trône l'église pour terminer au bord d'un lac. Le tout dans une ambiance brésilienne de week-end, c'est à dire que dès 10h30, ils sont à la bière et crient.

L'après midi, rebelote avec une autre équipe de brésiliens. L'idée est de traverser en pick-up 4x4 le champ de dunes et d'éoliennes pour rejoindre le fleuve Aracatiaçu. De là on prend un petit bateau. On est 10 sur le bateau et la plus mince des brésiliennes doit être une adepte du régime 'sumo'. Ca donne une idée des autres. Rajoutes les glacières de bière et tu comprends pourquoi le bateau n'avance pas. Les gilets de sauvetage ? Oui, oui, il doit bien y en avoir 2. De toute façon, on va pas très loin, on passe dans une mangrove et on remonte le fleuve 10 minutes pour rejoindre un ouiboui/bar/resto où tu peux manger des échantillons d'huîtres et de crevettes tout en picolant. Oui, surtout en picolant. Et enfin on reprend la bagnole pour rejoindre une dune et profiter du coucher de soleil sur le fleuve. Très déçu, aucun brésilien n'a applaudi le coucher du soleil.

Le soir, la petite place se transforme en cantine à ciel ouvert. Une dizaine de micro stands avec des marmites. Ambiance tranquille, très loin de l'image dangereuse qu'on a des grandes villes brésiliennes. Et à chaque fois que t'arrives dans une guesthouse, de suite sans que tu demandes, le proprio te dit si ça craint ou pas. Ca doit être une des premières questions posées par le touriste tremblant de peur.

23h, t'as plus de bagnoles et de motos qui roulent sur la plage que sur la route. A ce propos, Anne devrait permettre à ceux qui ont des 4x4 de rouler sur sa plage à Paris. Tout le monde serait content, les écolos ont déjà leur pâté de sable et les charlots parisiens en 4x4 pourraient rouler sur les quais.

Fini les strings, euh non, fini les plages brésiliennes, direction le plus beau trek du Brésil.

Ricardo string nostalgique

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24h de transports diverses pour arriver enfin à Lençóis. Déjà le bled a de la gueule, son église, ses ruelles pavées, ses petites maisons colorées. Avec leur toit en tuile, les maisons ont un petit côté provençal. C'est hyper touristique. Le soir, les ruelles se sont qu'une suite de terrasses de restos.

T'es dans la région de chapada diamantina qui comme son nom l'indique est blindée de diamants. C'est tout juste si quand tu donnes un coup de pied dans un caillou tu trouves un diamant. Y a un paquet d'année il y avait même une ambassade française qui aidait les mineurs à se débarrasser de leurs diamants, d'où ce côté coloniale. Puis ça s'est cassé la gueule avec l'arrivée des diamants sudaf et maintenant le bled vit du tourisme.

Ton trek de la vallée do Pati ne démarre que demain du coup t'as fait un 'circuit'. Avec 2 français et une brésilienne, t'es parti faire un tour pour aller voir la cascade des moustiques et un grotte souterraine remplie d'une eau transparente. La vache, on peut pas accéder à la grotte car il y a des créneaux horaires. Du coup le chauffeur nous amène à un lac. Interdiction de se baigner sans gilet de sauvetage. Du délire. Ça te rappelle les groupes de chinois qui débarquent sur des plages et qui pataugent dans 1 mètre d'eau avec un gilet de sauvetage. C'est aussi rédhibitoire que de faire l'allemand en mettant des chaussettes blanches avec des sandales. On retourne ensuite à la grotte à notre créneau horaire. Il faut prendre une douche et ils vérifient que tu t'as bien mouillé les cheveux. Ils veulent pas polluer la grotte.

Alors, un petit mot sur la brésilienne. Elle ne fait que des selfies. A chaque arrêt, elle se remet du rouge à lèvre, prend la pause et se mitraille. Donc elle débarque avec gros rouge à lèvre. Mais ça c'est pas gênant pour aller se baigner dans la grotte. Et bien sûr t'as aussi le port du gilet de sauvetage obligatoire. Ça va devenir chiant ce monde aseptisé, hyper protégé.

On est 9 pour le trek dont la brésilienne de la veille qui a pas vraiment un physique à faire du trek. Le guide ressemble à la fois au commandant Massoud et à Moïse. Il est plutôt taiseux sauf si tu lui parles de diamants. C'est un ancien mineur de père en fils. Il explique que les mineurs n'ont pas fait fortune car ils ont beaucoup claqué dans les bordels.

Le temps est gris mais il devrait faire beau vers midi. Au moment du partage de la bouffe à porter, on a pas voulu déranger la brésilienne en pleine séance selfi.

On commence d'entrée par une montée, le guide en tongs à l'impression de voler. Arrivé au sommet, il manque quelqu'un. Qui ? La brésilienne. Le guide est redescendu prendre son sac à dos. Du haut on a une jolie vue sur la vallée donc séance maquillage (pas pour toi...) et selfi. On est peut-être avec une star?

On marche ensuite sur un plateau pour arriver au premier point de vue. Ah ouais quand même. Y a un petit côté grand canyon américain mais repeint en vert. Ah, la brésilienne pose.

Il reste dans la chapada une vingtaine de maisons. Avant ils cultivaient du café mais depuis que c'est devenu un parc national ils ont plus le droit de planter (sauf en douce) mais au moins ils ont pas été viré. Conséquence, ils vivent du tourisme et donc tu peux voyager sans tente. Et bien, même en basse saison, y a du monde sur le trek.

Le lendemain, on doit monter au morro de castelo où il y a un super point de vue. Sauf qu'il fait un temps pourri. Ouais, ici, c'est très nuageux jusqu'à 11h et après ça se dégage. Donc aucun intérêt de partir sous la flotte. Et là, ça commence à monter vraiment. L'aide guide, un jeune français, reste avec la brésilienne et pleure en silence. Il y a des éperons rocheux qui s'avancent au dessus du vide. Le guide nous montre jusqu'où tu peux t'avancer. Mouais, joker. I believe I don't fly.

En dehors de la vue, l'attraction de cette ballade est que tu marches dans une immense grotte pour traverser toute la montagne. C'est beaucoup plus facile si le guide te prévient à l'avance et que tu viens avec une frontale.

Petit point 'Nicolas le jardinier': t'as plein de plantes et fleurs qui semblent endémiques. Tu dis qui semblent car le guide, même s'il connaît les plantes, et beaucoup plus disert sur comment dépenser l'argent des diamants.

Petit point SPA : dans la chapada, t'as du tatou, du fourmilier et du puma mais aucune chance d'en voir vu le monde qui se ballade sur ce trek.

On passe la nuit dans une autre pousada beaucoup plus sympa. Le gars a installé un petit bar et fait son 'drink gigi'. De la musique, ça danse, ça picole. T'imaginais vraiment pas ça au milieu de la chapada. Le mec doit faire lui même sa cachaca et les doses sont traites. Le lendemain matin, personne ne se rappelle comment il est arrivé à retourner se coucher et on est tous dans un sale état. Et surtout on savait pas que la journée serait difficile avec une grosse montée. On transpire tous la cachaça de la veille. Le français s'est sacrifié pour accompagner la brésilienne par un autre chemin plus facile.

On est au bord d'une falaise de plus de 400m de haut. La vue est exceptionnelle sur la vallée en contrebas. Il y a un éperon rocheux au dessus du vide. Celui de la veille est que dal en comparaison de celui là. Il y a déjà plusieurs morts.... Moïse y va sans problème pour nous montrer jusqu'où on peut s'avancer sans trop de risques. Ahah la bonne blague. T'en as que la moitié qui y sont allés dont la brésilienne qui nous retrouvé. Une petite pose maquillage et la voilà allongée sur l'éperon. A un autre point de vue, tu peux t'allonger sur une grande plaque de roche et voir le vide en dessous. T'as fait un effort, t'as du y rester 2 secondes. Mais gros coup de pot que le temps soit super dégagé.

Les autres sont retournés sur Lençóis. Tu les as laissé en cours de route car t'as décidé de faire toute la traverser (sur la largeur) de la chapada en solo.

Nuit dans le petit village de Capoan et départ aux aurores. T'as 2 chemins pour rejoindre Lençóis, le classique assez facile et un autre qui passe par une cascade réputée la fumaça qui se fait en 3 jours. T'as 25 bornes à faire, tout au GPS sur un chemin peu emprunté. 3 litres de flotte et 2 paquets de biscuits. Tu pars sous un temps de merde comme tous les matins. Arrivé à la cascade, t'es dans la grisaille. Soit t'attends 2h que ça se lève mais ça sera short pour faire tout le trajet, soit tu fais une croix dessus. Une prochaine fois pour la cascade.

Autant le chemin jusqu'à la cascade est très facile à suivre car très touristique autant ça se complique un peu ensuite. 1h plus tard t'as paumé le chemin. Après plusieurs aller retour tu retrouves enfin le chemin. T'es en haut du plateau, il faut redescendre dans la vallée. Certains passages sont tellement pentus que tu balances ton sac dans la descente pour limiter les risques. A la moindre merde, genre cheville tordue, t'es pas dans la panade. Ah tiens, un serpent qui roupille sur le chemin.

T'arrives enfin dans la vallée et tu dois suivre la petite rivière où l'eau semble rouge sur 2 km en sautant de rocher en rocher. C'est à ce moment que tu te dis que si tu glisses et que tu fais tomber ton téléphone dans l'eau, t'as plus de GPS. Ahah, tu glisses sur un rocher, tu pars en avant téléphone en main et il tape sur le rocher. Résultat la vitre de protection est pétée mais il fonctionne toujours.

Tu sors enfin de la rivière et tu tombes sur un camp où 2 rastas sont tranquillement installés. Ils ont amené la tente et tout ce qu'il faut pour refaire le monde, no stress pour eux. C'est maintenant qu'il faut remonter sur le plateau et le soleil cogne dur, très dur. Tu commences à sentir les kilomètres dans les jambes. La montée est sans fin. Sur le plateau, tu tombes sur un gars installé à l'ombre en train de fumer un joint. Il va rejoindre les 2 autres rastas et trimballe du vin. Il est guide depuis 1,5 ans et n'a jamais pris ce chemin. T'as encore près de 3h pour rejoindre Lençóis en te perdant une demi douzaine de fois. T'es à plat, t'as presque plus d'eau. Putain, ton téléphone glisse de ta main. Encore un pète sur la vitre mais il tient toujours.

T'arrives à une rivière, t'enlèves juste ton sac et tu te laisses tomber dans l'eau tout habillé, pompes comprises. Une renaissance. C'est un coin touristique, les 3 km qui restent sont bien indiqués et t'as même un vendeur de noix de coco que t'as dévalisé.

T'auras mis 9h pour 25 km sans compter les aller retour à la recherche du chemin. T'es dans un sale état, t'as mal partout aux jambes, t'as les jambes et avant bras égratignés par les herbes. Y a pas à dire, faut être con pour s'engager dans des trucs aussi galères. T'as aucun guide qui veut le faire en une journée car c'est vrai que c'est une connerie. Côté paysage, c'est sans aucune mesure avec ceux de la vallée do Pati. Allez 6h de bus de nuit pour rejoindre Salvador de Bahia, dernière étape brésilienne.

Ricardo diamantino

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Yo,

Tous ceux croisés avant n'ont fait que te dire de faire attention à Salvador à causes des accrocs au crack.

T'es logé dans la vieille ville. Les rues sont pavés, des places, pleins de petites ruelles, des maisons colorées, ses églises payantes. Mais surtout la police quasiment à chaque coin de rue. T'as la police militaire, la police touristique, la police municipale... Et effectivement t'as plein de gars qui traînent. Y a certainement des rues à éviter. Pour l'histoire de Salvador, vous verrez avec wiki franki.

A Salvador, tu as aussi des plages dont les fameuses de Barra. Un monde ! Sur l'une d'elle, vue de haut, tu vois même pas le sable vu le nombre de parasols au mètre carré. Tous les 100m t'as des vendeurs de noix de coco et vu la chaleur, 100m entre 2 stands, ça fait loin.

T'as un beignet local, l'acarajé. Fait d'une pâte d'haricot rouge coupée en deux où on met une pâte de tu ne sais pas quoi puis une deuxième sorte, quelques petits morceaux légumes et enfin de petites crevettes non décortiquées. Mais le meilleur reste la brochette de fromage grillé au BBQ portatif. Bon appétit.

En fin d'après midi, les rues du quartier historique se transforment. Tous les bars ont sorti des tables dans les rues. Des groupes de percussion et des danseurs de capoeira mettent l'ambiance dans la rue. On se croirait le jour de la fête de la musique alors que c'est un jour normal ici.

Salvador Ricardo

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(toutes les vidéos sont à la fin du post)

Alors, Santiago du Chili, sa place centrale, ses petites ruelles, son église... Non, c'est une blague. On recommence, Santiago du Chili, ses stations de métros en feu, son couvre feu, ses manifestations qui dégénèrent...

Et ouais t'arrives juste au moment où ça part en vrille. T'as raté de peu les émeutes en Equateur, les blocages des mineurs boliviens, mais coté Chili t'as joué le bon timing.

La raison de cette légère animation chilienne ? Le ticket de métro est passé de 800 à 830 pesos soit 4 centimes d'euros. Imaginez s'ils se prenaient les mêmes augmentations qu'on prend en France. Alors, quand tu dis que tu arrives, faudrait plutôt dire que t'essayes d'arriver. L'avion pour Santiago est retardé de plusieurs heures.

Arrivé finalement à 21h à l'aéroport. En survolant la banlieue de la ville, tu vois quasiment aucun phare de bagnoles sur les routes. Première étape, le passage de douane. Une queue sans fin. Plus d'une heure pour avoir le tampon. Le tapis roulant qui affiche pourtant ton vol ne délivre aucun des bagages de ton vol. Tu laisses faire les chiliens du même vol qui, excédés, passent derrière les tapis et déclenchent les alarmes. Toujours pas de bagages et ton vol n'apparaît même plus au dessus du tapis. T'as des dizaines de bagages abandonnés, un merdier. Apparemment il n'y a personne de la compagnie présent pour sortir les bagages des containers. 1h plus tard, on attend toujours. T'as un mec d'un autre vol mais de la même compagnie qui attend ses bagages depuis 17h et il est 23h. Les gus des autres compagnies n'ont pas le droit de décharger les bagages des autres compagnies. On est à la limite d'y aller nous même. Attente. Des gens applaudissent. Oui, ce sont nos bagages qui arrivent enfin.

Seul point positif, l'immense queue de 300 personnes qui attendaient pour le check des bagages s'est transformée en une petite file de 10 personnes.

Juste après, t'as 2 queues pour les compagnies de taxi. Pas con, tu vas à la plus courte, juste 20 personnes. Au guichet, on te dit 2h d'attente. Putain, tu t'es levés ce matin à 3h, ça commence à faire long. T'es enfin dehors, dans la queue pour les taxis. Vu le bordel, les rares taxis font le prix qu'ils veulent. Tu te démerdes pour monter avec 3 autres touristes pour un prix certainement double du prix normal mais c'est pas grave. Direction le centre ville. C'est impressionnant de voir une autoroute vide de bagnoles. Le couvre feu est appliqué à partir de 19h jusqu'à 6h demain matin. A l'aéroport, on t'a filé un papier qui t'autorise à circuler en cas de contrôle. Le centre ville est vide, pas un chat dans la rue et étonnement pas de militaires ou de policiers. Minuit, t'es enfin dans ta chambre.

Lundi matin. Tu t'attendais à voir personne dans les rues mais non, plein de gens, de bagnoles, de bus. Malgré cela, la plupart des magasins sont fermés par précaution. Beaucoup de tags sur les murs en particulier sur celles des banques. T'es passé par la fameuse Plaza Italia où se déroule le gros des manifestations. Des militaires partout, des arrêts de bus brûlés et même si c'est, à cette heure, c'est très calme. Mais t'as fermé la fenêtre du taxi tellement ça sent le gaz lacrimo.

T'es allé dans un mall en dehors de la ville pour acheter du matos décathlon sauf que tout est fermé sauf le supermarché. L'armée a sécurisé l'endroit car il y a déjà eu des pillages dans d'autres supermarchés. Des centaines de chiliens arrivent pour remplir leur caddie. 200m de queue juste pour rentrer dans le supermarché. Pire qu'un samedi après midi dans un Auchan en France et c'est pareil pour tous les magasins de bouffe.

Il y a 15 ans, t'étais passé à Santiago. Le plus grand musée d'art précolombien du monde était fermé car c'était le week-end de pâques. Cette fois ci, c'est à cause des manifestations. Ça doit être un signe. La place principale est surveillée par des militaires à cheval. Même les chevaux ont des 'casques' et gilet par balles.

Vers midi, l'ambiance commence à changer, les rares boutiques ouvertes commencent à fermer et à protéger au maximum leur devanture. Certaines rues sont bloquées par les militaires. Aujourd'hui les étudiants et lycéens ont décidé de se joindre aux manifestations. Ca va ambiancer.

La plaza Italia où est le cœur des manifestations est à 500m. T'as décidé d'aller voir comment ça se passe. La vache, t'as des mecs qui se baladent avec des pelles. Pour ceux qui ont vu Bernie... T'as des rues ou des gens chantent et manifestent tranquillement en tapant sur leur casserole. Oui, ça date de l'époque des manifs anti Pinochet. Et t'as une grand artère où l'ambiance n'est pas vraiment la même. Alors, on t'a rien dit à toi. On t'a pas prévenu qu'il fallait venir avec un masque à gaz ou au moins un foulard, des lunettes de ski, un casque ou même simplement de l'eau. T'es venu en touriste baltringue de première, les mains dans les poches.

Alors, voilà comment ça se passe, le jeu du chat et de la souris chilien :

Les militaires tiennent certains points et sont dans d'énormes camions et jeep grillagés. Les camions balancent d'énormes jets d'eau pour faire reculer les manifestants les plus agressifs. Les militaires à pied tirent des projectiles de gaz lacrimo et des balles en caoutchouc quand ils sont énervés. De l'autre côté, t'as le premier front, ceux qui balancent des pierres et construisent des barricades, le 2ème front, ceux qui transportent de l'eau avec du bicarbonate de soude pour soulager les yeux de ceux qui se sont fait gazer et le 10ème front, ceux qui mangent tranquillement une glace allongés dans le parc à 100m.

Toi, t'es entre le 1er et le 2ème front. Tu t'es fait gazer plein de fois et t'as pleuré et cracher tout ce que t'as pu. Mais le gaz semble moins fort que celui des israéliens en Palestine. Oui t'as une échelle de valeur sur le gaz lacrimo...

Les mecs arrivent à casser le bitume pour en arracher des pierres et les balancer sur les militaires. Ils ont provoqué des feux un peu partout et si un magasin est mal protégé tout son mobilier sert à entretenir le feu. C'est JC Decaux qui va être content, toutes ses encadrements publicitaires sont explosés.

Les manifestants harcèlent les militaires jusqu'au moment où ceux-ci décident d'intervenir et à ce moment tout le monde décampe. Puis les gens reviennent. Si les jeeps reculent, c'est l'euphorie et les gens les poursuivent mais ils suffit qu'elles s'arrêtent et reviennent pour que tout le monde court dans l'autre sens. Et là, il faut faire super gaffe car on peut se faire écraser par des mouvements de masse. Les affrontements se déplacent en fonction d'où sont les militaires. Mais à un moment, y en avait 5 coincés dans un coin, ils auraient pu se faire démonter par la foule mais ils ont pas été agressés. Ca veut pas dire non plus que ce sont des tendres coté manifestants car faut les voir arracher des barrières, les bancs pour construire des barrières, casser et piller des devantures. Des que les militaires tirent, les manifestants crient 'militaires assassins'. et dire qu'il y a 2 jours t'étais à bikini land...

Tiens, un hélicoptère survol la zone de conflit. Tiens, un gilet jaune en vélo, qu'est ce qu'il fout ici celui-là, on est pas samedi.

Les militaires balancent des projectiles lacrimo. Les manifestants leurs renvois. On pleure. On court quand ils font signe de venir sur nous. T'as bien dû jouer à ce jeu pendant 2h. A un moment les militaires arrivent pour dégager une barricade. Tout le monde s'enfuit. Ils tirent dans le tas. T'as pris un projectile (balle en caoutchouc ?) dans le dos. Vu la douleur, tu comprends que certains y perdent un œil. Allez, finalement, une boisson fraîche dans le parc en écoutant de loin les détonations, c'est pas si mal...

T'as discuté avec un chilien pour essayer de comprendre pourquoi les militaires et les manifestants se battent pour une rue. En fait, c'est la rue principale de Santiago qui mène à la fameuse place Italia. Les manifestants défilent et s'y installent en début d’après midi et les militaires la reprennent ensuite. C'est purement symbolique.

Ta pause dans le parc a assez duré, t'as décidé de retourner au show son et lumière mais cette fois du coté militaire. Car, en fait, les militaires font face face aux manifestant d'un coté mais de l'autre coté, personne ne vient les provoquer. Il suffit que tu t'approches sans signe agressif et après tu peux rester. Faut juste faire attention à ne pas s'approcher trop prêt pour ne pas prendre une pierre lancée par les manifestants de l'autre coté. Il a des femmes parmi les militaires et certaines se sont maquillées pour l'action. Surprenant de voir un rouge à lèvres rouge vif sur une militaire casquée et armée.

Les militaires s'attaquent maintenant à reprendre la place Italia. Il y a 2h, il y avait certainement 100.000 personnes, maintenant il reste surtout les premières lignes qui reculent.

19h30, t'es de retour à ton appart hôtel qui est au centre ville. Tu ressors à 20h, une ambiance d'un autre monde : La nuit est en train de tomber, quasiment personne dans la rue, pas une bagnole, pas un magasin d'ouvert. Des dizaines de personnes aux fenêtres de leur appart en train de taper sur des casseroles. Toi, primaire, tu cherches de la bouffe. Tu vois 10 personnes qui font la queue devant une grille d'une épicerie. Tu te mets dans la queue. Au loin, des gens qui courent dans ta direction. Ca pue. Dans la pénombre, se dessinent des silhouettes armées et casquées qui marchent dans ta direction. Le bruit sur les casseroles est de plus en plus fort et résonne dans la rue. Les militaires sont à moins de 100m. Ils patrouillent pour faire appliquer le couvre feu. Les mecs de l'épicerie préfèrent fermer définitivement leur grille. Tu décampent en direction de l'entrée de ton hôtel. La dizaine de militaires s’arrête au croisement. La symphonie de casseroles en mi majeur est incroyable.

Les militaires attendent. Le concert monte en intensité. Un camion blindé arrive et embarque les militaires. Une heure plus tard, les casseroles sont retournées dans leur cuisine respective. .

Dommage que ta fenêtre donne pas dans la rue, sinon t'aurais participé au concert.

22h, des détonations. Des gars qui bravent le couvre feu?


Ricardo good timing


Vidéos

Coté manifestants

Coté militaires

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Ouais, la journée a été longue...

Mardi matin, Santiago se réveille et reprend son nouveau quotidien avec la moitié de ces magasins fermés, ses queues devant les rares DAB en fonction. En plein centre ville, tu entends des manifestants arriver. Certains magasins descendent leur store en urgence. C'est le personnel hospitalier qui manifeste calmement.

Les musées sont fermés, les petites collines/parcs au centre de la ville sont fermées, les lignes de métro te permettant de sortir de la ville facilement sont fermées. Ça laisse peu de possibilité d'activité. Étonnement le marché central est ouvert. C'est là où tu manges le plus mauvais ceviche de tous les temps alors que t'es entouré de poissonniers. La télé montre des manifs dans plusieurs grandes villes. C'est pas prêt de se terminer cette histoire.

T'es allé faire un tour dans le quartier de Bellavista, mi bohème mi hipster. Plein de petits bars et restaurants, de maisons au façades couvertes de graphes.

L'ambiance est détendue. Parfois, des gens, une casserole à la main, passent en direction de la manif. On doit être à 800m de la plaza Italia. On entend parfois de détonations. Le jeu du chat et de la souris a du reprendre.

C'est sympa d'être tranquillement à une terrasse. Mais le bruit des détonations t'attirent irrésistiblement. Mais cette fois, fini le lapin de 6 semaines, t'es équipé. T'as un puff pour te protéger le visage et une bouteille d'eau pour te nettoyer les yeux lors d'un futur gazage. Ouais, c'est pas top mais c'est mieux que la veille. Hier, t'as failli paumer ton téléphone dans les fuites, donc il est resté à l'appartement et c'est un coup de pot.

T'es retourné côté manifestant, c'est beaucoup plus sportif. Ca s'affronte quasiment au même endroit. Les militaires ont du recevoir des consignes car ils sont beaucoup plus présents et agressifs. Les manifestants ont du mal à monter des barrières, ils avaient arraché hier toutes les grilles. Des nuls, aucune capacité à voir sur du long terme.

Au fait, le pull, c'est bien pour protéger le nez mais pour les yeux, que dal. T'as fait un remake d'un tube de Viktor Lazlo (ouais, gros référence musicale, c'est vrai, c'est pas donné à tout le monde ce tel niveau de culture). 1 heure du même jeu que la veille.

Et puis, c'est là où t'as merdé. 3 jeeps foncent dans ta direction. Tout le monde décampe fissa. Tu suis un petit groupe qui s'engage entre une grille et la façade d'un immeuble. Sauf que c'est un cul de sac. La grille fait 3m de haut et il n'y a rien pour s'aider à la franchir. Ça pue. Tu vois passer une jeep puis une deuxième plus lentement. Merde elle s'arrête. 3 militaires en sortent et nous vois. T'es avec 3 filles et un mec. Aucun n'a un look de gros méchants. Une autre jeep s'arrête. Un militaire nous fait signe de venir fusils au poing. Une des chiliennes te dit un truc mais tu pipes rien. On lève tous les mains en l'air et on se dirige vers les militaires. Va leur expliquer que t'es un touriste qui s'est trompé de chemin. Les autres font profil bas. On est fouillé. Une a une casserole dans son sac. On attend. Dire qu'il y a 2 jours tu buvais des noix de coco sur la plage.

Un camion arrive. Oh putain, ils nous embarquent. Dans ta tête t'imagines déjà : ''allo, le consulat français? Oui, je suis français et je viens de me faire embarquer en prison par les militaires. Euh, oui, j'étais aux manifestations''. Ca c'est dans le cas où t'as le droit au joker 'un coup de fil à un ami'.

Le camion s'arrête, on nous fait descendre dans une grande cour d'un bâtiment militaire. Faut savoir qu'à la grande époque Pinochet, des personnes arrêtées n'ont jamais réapparu. T'as une cinquantaine de personnes divisées en 2 groupes. Ils nous font mettre avec le groupe qui semble être celui des non agressifs. On nous refouille à nouveau. S'ils voient ta marque de projectile dans le dos, ça va pas être bon pour toi, récidiviste. 3h qu'on attend. 2 gars commencent à s'énerver et invectiver les militaires. Ouais, c'est une bonne idée! Résultat, ils sont tabassés et embarqués dans un bâtiment. Plus personne ne moufte. Et c'est à ce moment que le plus mauvais ceviche s'amuse avec tes intestins. Ah, c'est pas le moment de se chier dessus.

Pour l'instant c'est le standby. 19h. Un gradé arrive et ils nous font mettre en ligne. Le premier de la ligne s'avance. Le militaire lui pose une question que tu entends pas. Le mec ne répond pas. 3 militaires le tabassent. Oh putain ! Finalement tu veux le joker coup de fils à un ami. Autour d'un 2ème gars d'avancer, pas fier du tout. Pareil, une question. Le mec fait signe qu'il ne sait pas. Et c'est reparti pour le matraquage. Hé, Jean-Pierre Foulcaud, t'attends quoi pour appeler un ami ? T'es 5eme dans la ligne. Le 3ème essaye de s'enfuir, il a même pas le droit à la question avant de se faire démonter. Le dernier mec avant toi est en train de pleurer et supplier. Même raclée.

C'est ton tour, tu dis 'turisto, turisto, Francia, turisto, ambassada de Francia... Le gradé, surpris, souris, et te parle en français. Il te pose la question suivante : 'qui chante pleurer des rivières '? Et c'est donc grâce à Viktor que t'es sorti indemne.

Ouais, pas grand chose à faire à part buller à une terrasse et à...inventer des conneries en regardant la serveuse se déhancher au rythme du reggaeton.

Bientôt l'heure du couvre feu. T'es ressorti à un croisement de rue à 50m de l'entrée de ton immeuble. Ouais pas trop loin, au cas où il faut décamper rapidement. De rares voitures filent dans les rues. 2 étudiantes taguent les murs d'un magasin. Quelques personnes dans les rues, au pied de leur immeuble, une casserole à la main, bravent le couvre feu. Des dizaines de gens à leur balcon attendent . Il est 20h, le concert de la liberté démarre.

5 militaires en moto passent sans s'arrêter. Puis c'est une jeep blindée qui arrive. Tu fais mine de retourner à ton hôtel mais elle continue.

20h30, une mamie descend au croisement avec sa casserole. On doit être une vingtaine maintenant à ce croisement.

Autant les affrontements à coup de jets de pierre c'est 'classique' mais se révolter avec juste la percussion d'une cuillère sur une casserole, c'est d'une telle force.

Ricardo libéré

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Direction le sud du Chili. Première étape à Temuco. T'as pas tenté l'avion car pas sûr qu'il y ait des vols avec ce qui se passe. Impossible de prendre les bus de nuit à cause du couvre feu donc tu te tapes 9h de bus de jour en espérant qu'il n'y aura pas de blocage sur la route.

Incroyable, t'arrives en pleine manifestation à Temuco. Ton hébergement est à une rue de la manif mais c'est bonne enfant même si toutes les banques ont protégé leurs vitrines. Ils doivent pas cuisiner ici car ils ont remplacé les casseroles par les vuvuzuelas. Pas de couvre feu mais quasi impossible de trouver un resto ouvert. Ils sont tous à la manif. 3 jours que t'as pas dîné. Certains diront que c'est bon pour le régime.

Pour ceux qui ont froid à une extrémité 

L'idée est de louer une bagnole est de descendre jusqu'à Puerto Montt en s'arrêtant dans différents parcs pour taper quelques volcans. Direction le bled de Caraucatin. Bon, ça manifeste aussi ici tranquillement et, c'est quoi ce bordel, les restos ferment aussi à 18h. T'es ici pour le parc national Conguillio avec son volcan Lliama. Il a pété en 2008 donc il est surveillé. C'est pas le bon timing, beaucoup de routes et de cols sont encore fermés à cause de la neige. Même les sentiers dans les parcs sont fermés. Donc compliqué de se balader. Au Chili, tous les parcs nationaux sont gérés par l’organisme CONAF. Tu dois payer quasiment à chaque parc. T'as prévu de faire l’ascension de ce volcan. La seule agence qui a un guide te dit que coté météo, ils annoncent du 50km/h au pied du volcan donc ca va souffler fort au sommet et en plus il va neiger. Et les forecast pour les prochains jours sont pires. Pas de pot, la veille, il a amené 6 allemands qui sont ensuite redescendu en ski. Toi, tu vas aller juste faire une balade dans le parc. Les parks rangers t'annoncent que la route est bloqué 7 km avant le lac Conguillio, après ils savent pas trop mais c'est préférable d'avoir un 4*4. Putain, si les parks rangers à l'entrée du parc ne savent pas si la route est ouverte, qui le sait? Le traumatisme du Pantanal étant encore présent, coté location, t'as loué un échantillon de bagnole. L’avantage, si tu la plies, ça te ruinera pas trop, et si tu la plantes dans la boue, t'arriveras à la déplacer... 7 km de piste caillouteuse plus tard, t'es au pied du volcan Llaima. un joli cône couvert de neige. D'en bas ça n'a pas l'air très compliqué mais sans matos et sans guide.

Direction à pinces le lac Conguillio. Tu marches sur la piste entre les congères et quand tu vois certaines parties de la route, t'es content de ne pas avoir tenter d'y aller en caisse. Jamais tu remontais. Ils ont des arbres bizarres. Un peu style baobab dans le sens où le tronc bien droit est sans branche jusqu'à son sommet. D'autres arbres sont couverts d'une sorte de mousse/lichen? filandreux. Ouais, t'es pas une pointure en végétation.

Tu peux enfin quitter la piste pour prendre un petit chemin qui mène jusqu'au lac. Ca doit être sympa de venir quand il y a du soleil. Il a des petits cabanons et une zone de camping mais pour l'instant c'est plutôt ambiance fin du monde.

Il y a un chemin balisé pour aller dans la sierra nevada. Les parks rangers ont bien précisé, il ne fait pas aller plus loin que le 2eme mirador. Oui chef! Le chemin commence par longer le lac puis s'enfonce dans la forêt. CONAF oblige, le chemin est super balisé. Le premier mirador est facilement accessible. Le chemin continue à monter dans la foret. CONAF a découpé d’énormes troncs bloquant le chemin pour faciliter le touriste . Puis, il commence à y avoir un peu de neige sur le chemin. Puis de plus en plus. Plusieurs arbres ont du tomber cet hiver et ils ont pas été encore dégagés.

Étonnement, tu te retrouves dans un champ' de bambous couvert de neige. Tu t’attendais pas à travers des bambous au milieu d'une foret en montagne sous la neige. C'est sympa la neige, mais quand t'as pas les chaussures adaptées, t'as vite froid au pied. Trop de neige, impossible de trouver le chemin, plusieurs arbres sont tombés et ça devient galère pour avancer. En face, c'est juste une colline de neige. Mouais, le park ranger, tranquillement assis au chaud dans sa cabane à l'entrée du parc a pas du venir jusqu'ici. Allez, demi tour, tant que t'as pas les doigts de pieds gelés.

En redescendant t'as croisé un couple qui montait. Vu la taille de leur sac à dos, ils ne venaient pas pour la journée. Ils doivent faire la traverser qui fait 30 bornes mais vu les prévisions météos dégueulasses et la neige ici alors qu'on est qu'au début de la montée, bonne chance à eux.

Toujours direction le sud vers Pucon. Une petite ville très touristique à la fois au bord du lac et du volcan Villarrica. Enfin...le volcan, t'es pas certain qu'il existe. Vu les nuages, t'as vu que dal.

Pendant la saison d'hiver, les chiliens viennent skier sur le volcan et l'été profiter du lac et faire du rafting. Toi, t'es pile au mauvais moment, pas assez de neige pour faire tourner les remontes pente, trop de neige pour aller faire des treks, pas assez d'eau pour faire du vrai rafting et surtout un temps pourri,

Depuis que t'es arrivé, il pleut. Histoire de participer à la disparition de la couche d'ozone, t'as fais un tour en bagnole mais vu le temps, tu t'es même pas arrêté pour essayer d'aller faire des balades. Marcher sous la flotte pour aller à un point de vue où tu verras rien.

L'avantage de Pucon est que, même s'il y a les manifs, ville touristique oblige, les restos et bars sont ouverts le soir même s'il y a pas grand monde. Ouais faut bien trouver un point positif. Non, le cadre est super sympa mais c'est en train de construire sur toutes les rives du lac. Alors, ils sont très forts : les rives sont privatisés par des hôtels ou des condo de luxe mais il y a des chemins publics qui permettent d’accéder aux rives. Sauf qu'il y a aucun parking prés de l’accès à ces chemins.

Prévisions météo dégueulasses sur la semaine à venir sauf ce dimanche où tu peux tenter l'ascension du volcan Villarrica, 2850m. Oui ça semble ridicule en comparaison des mois précédents. Le volcan Villarrica, c'est un peu la butte Montmartre locale. Tous les touristes veulent y monter. Mais y a pas de peintres au sommet.

On est 9, que des grenouilles et un couple des Barbades. Les Barbades, c'est altitude maximum 300m et il neige à la Saint glinglin. Le mec porte une chemise à fleur sous sa polaire. Les gens des Barbades sont très connus dans le milieu de la haute montagne. Il y a Sylvano kremlinbicetro dit MojitoShecker et Brice Debernayto, deux très grands alpinistes qui ont tapé la plus haute montagne des Barbades. Malheureusement celui du groupe n'est pas du même acabit et a lâché l'affaire au premier tiers de la montée.

En fait, t'as des télésièges au pied du volcan. En plein hiver, les grimpeurs prennent les télésièges pour arriver quasiment à 1/3 du sommet. En basse saison, et ben, tu marches sous les télésièges. T'as beau être en basse saison, les pentes sont couvertures de neige et c'est piolet et crampons. A part mister chemise à fleurs qu'a lâché l'affaire, le groupe monte pas trop mal. C'est quasiment la seule fenêtre météo sur la semaine et toutes les agences ont fait partir leurs clients. T'en as plein qui montent le skis sur le dos.

On passera sur les 6h de montée avec des pauses sans fin.

L'agence nous a dit qu'on est en code jaune.. Hein ? Kesako ? Le volcan est en activité, il y a 1 mois, il était en code orange donc montée interdite. Mais code jaune, t'as le droit de rester 5 minutes au sommeil et tu dois trimbaler un masque à gaz au cas où. 5 minutes ou potentiellement tu peux te prendre une explosion dans la gueule. Alors on est arrivé au sommet sur le bord du volcan. Impossible de voir le cratère vu la fumée qu'il dégage. Façon vu le vent glacial malgré le soleil t'as pas trop envie de te lancer dans une partie de belote.

De là t'as une vue sur le lac Villarrica. C'est sympa de se dire que tu peux skier avec une vue sur un lac. Certains mecs montés avec des skis s'engagent dans des pentes vierges de trace. Nous on doit faire gaffe à ne pas se vautrer dans la descente surtout que les nuages rappliquent à grande vitesse. Quand la neige est moins dure, on passe en mode luge. T'as les fesses sur une sorte de grande assiette plastique et tu te laisses descendre dans la pente en utilisant le piolet pour freiner. Certainement le truc le plus fun de la journée.

Ricardo sans chemise à fleurs mais au sommet

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Temps affreux, impossible de faire des ballades car de toute façon tu verras rien. Donc, tu vas brûler de l'essence direction la côte à Bahia Mansa, le spot le plus secret de la côte selon le LP. La route traverse des forêts encore intactes pour arriver sur la côte. Plus de 4h de bagnoles et 4h de flotte. Alors, comment dire, c'est vrai que c'est très secret, malgré la multitude de 'cabanas', tout est fermé. Pour aller au fameux spot secret, il faut un bateau. C'est pas la saison. Le spot restera secret... C'est comme venir sur une petite plage de Bretagne en Novembre, va trouver un truc ouvert. Basse saison oblige, il n'y a personne. A la seul hospedaje d'ouvert, les chiens son tellement surpris de voir un client qu'ils t'ont mordu les pieds, ces cons. La grêle sur la plage, ça a aussi son charme... Il y a plusieurs baies assez sauvages, certaines avec des plages, ça doit être sympa par beau temps avec 10 degrés supplémentaire. A la haute saison, des bateaux t'emmènent voir une colonie de pingouins, çà vous donne une idée de la température de la flotte.

Vu le temps qui change toutes les 5 minutes, t'as décidé de faire une petite balade jusqu'à un promontoire. T'as 2 catégories de personnes. Ceux qui ont du pot et qui font la balade entre 2 grosses averses et ceux qui ont moins de chance et qui la font sous un déluge entre 2 rayons de soleil...

Bon, c'est sympa d'être trempé dans une bagnole, mais t'as de la route à faire direction le lac Llanquihue et la ville de Puerto Varas. T'as embarqué 2 mamies mapuches qui faisaient du stop. Comme il n'y a pas beaucoup de bus, les gens font souvent du stop. Elles ont pas l'habitude de rouler à 100km/h et elles doivent encore en parler autour du feu. Oui, le chilien conduit très lentement, très, très lentement

Le bled fait penser un peu à une petite ville allemande au bord d'un lac. T'as plein de brasseries, bars et mêmes universités allemandes. Leur pub sont même en lettre gothique. T'as l'impression que c'est le point de chute des retraités allemands. La ville, au bord d'un lac, pas très loin de l'océan et bien y a pas un supermarché qui vend du poisson, va comprendre. Captain Igloo, c'est pas du poisson !

De puerto Varas, t'as une superbe vue sur les volcans Osorno et Calbuco. C'est vrai que ça pique les yeux.

Mercredi est le seul jour sur les 12 prochains où il ne pleuvra pas. Ouais, super !

Tu voulais tenter l'ascension du Osorno qui est beaucoup plus technique que le Villarrica. T'es le seul client, le guide est pas confiant côté météo et il n'a de pompes à te prêter. Bon ben, sur les 3 ascensions prévues, t'en auras tapé une seule.

Waouh grand ciel bleu, va falloir en profiter. Voilà la photo du même point de vue qu'hier. Ca rend pas pareil, hein?

Direction le parc Vicente Perez Rosales au pied du volcan Osorno. T'es le premier à arriver sur le parking du parc. Un gros chien noir t'attend et te fait la fête dès que tu descends de la bagnole, genre on est des vieux potes. Tu t'équipes. Le chien t'attend. Tu lui files un biscuit mais c'est pas ça qu'il attend. Bizarre. Il te voit partir en direction des bureaux de la Conaf. Il te devance et s’assoit sur le perron. Tu t'enregistres puis tu vas en direction d'un endroit pour une pause technique. Le chien ne te voyant pas prendre le chemin du trek te suis. Tu ressorts du bâtiment, tu discutes avec la dame pipi. Le chien se met à aboyer, genre qu'est ce tu fous? La dame est morte de rire. Le cleps est là tous les matins sur le parking et attend le premier touriste pour partir en balade avec lui. C'est lui qui connaît le mieux les chemins. Une fois qu'il te voit prendre le sentier, il est tout content et te devance. A chaque intersection il t'attend. Par contre pas très bavard, pas la moindre information ou anecdote sur le parc. Et comme il est toujours devant à fouiner, aucune chance de tomber sur un animal sauvage. La balade t'amène à un mirador sur le lac 'todos los santos'. Tu decides ensuite de faire demi tour, le chien a l'air déçu. Tu lui files à bouffer mais c'est tout juste s'il s'en tape. Il a commencé à redescendre avec toi mais finalement la balade lui a paru trop courte et il a fait demi tour.

5h de balade dans la forêt en longeant parfois le lac. Le volcan Osorno est complètement dégagé, t'as regretté de ne pas avoir tenter l'ascension.

Sur la route, tu as les cascades de Petrohué. Soit disant le troisième site naturel à voir au Chile. A vous de juger sur les photos.

Comme il fait super beau, t'es monté à la station de ski du volcan Osorno. Bizarrement, à chaque arrêt où t'as un point de vue, t'as un renard. Lui aussi attend le touriste pour partir en balade ?

Alors, la station de ski, c'est un restaurant et 2 télésièges. 15 euros pour prendre le télésiège qui doit faire 500m... De là, t'as une superbe vue sur le lac, le volcan Calbuco.

Allez cassos, les prochains jours vont être pluvieux.

Ricardo, Rain man again

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La fameuse île de Chiloé. Tout le monde en parle mais quand t'en parles aux autres backpackers sur place, tout le monde se demande pourquoi tout le monde en parle et réduit le temps prévu sur place. C'est vrai qu'un temps pourrave, ça n'aide pas trop à apprécier un coin. L'île principale est entourée de petites îles. Coté architecture, complètement différence de l'ambiance teuton de Puerto Varas. On est plus proche du coté nordique avec des maisons colorées en bois aux formes géométriques. T'as des palafitos, quartiers entièrement sur pilotis.

L'île a à la fois un coté sauvage et naturel mais t'as des habitations éparpillées un peu partout sur l'île. Généralement, t'as 3-4 baraques par bled. Oui, faut aimer la tranquillité. Vu la flotte qui tombe c'est très vert et la seule couleur qui tranche sur le vert est une sorte de buisson avec des fleurs jaunes/oranges, y en a partout. Vu le temps, le coté ballade est un peu compromis donc l’alternative est le pèlerinage. T'as pris ta voiture de pèlerin pour faire le tour des églises. Et ouais, certaines sont classées au patrimoine de l'humanité par nos amis de l'Unesco. Bon, comment dire, c'est sympathique de rouler des heures pour voir l’extérieure d'une église.

Et en fait, la plus jolie est celle de la ville de Castro, la principale ville de l'île où tu pionces. L'église est peinte extérieurement en jaune et violet et tout en bois à l'intérieur.

Dans ce monde pluvieux, tu as une fenêtre météo de quelques heures de soleil. Faut en profiter pour faire une balade. T'as pris en stop une dame qui t'a dit d'aller à Muelle de las almas. T'as su ensuite que ça voulait dire ponton des âmes. Tu t'es dit, cool un ponton sur la mer. Que neni de chez walouh.

Alors voilà le truc, c'est exceptionnel ! Tu commences par marcher sur un chemin boueux (je vous ai déjà dit que le temps est pluvieux???) pendant 45 minutes. Tu arrives ensuite à une petite colline qui surplombe la mer. Le paysage est sympa mais tu peux trouver le même ailleurs plus facilement. Mais le proprio a eu une idée de génie. Il a construit un ponton tarabiscoté en bois de 20m de long. Et là, en basse saison, t'as en continu une trentaine de personnes qui font la queue pour se faire prendre en photo sur le ponton. Ouais, vous avez bien lu. En haute saison, le gars a, par jour, 700 charlots qui font la queue pendant 2h pour faire une photo sur un ponton. Du grand n'importe quoi. Sans le ponton, y aurait personne qui viendrait crapahuter juste là. Et le mec fait payer l'entrée 2 euros par personne plus le parking. Donc, si vous avez une colline dont vous savez pas quoi foutre, pensez 'ponton', rêvez 'ponton'.

Toujours à la recherche du saumon. T'as enfin trouvé du saumon fumé; il coûte que dal, environ 7 euros le kilo. Donc, c'est cure de saumon. Le seul truc est qu'on ne trouve pas le saumon fumé 'cru' qu'on trouve en France. Ici il est fumé mais il est aussi cuit. Au marché, en croyant acheter du saumon fumé 'cru', tu t'es retrouvé avec du saumon cru de chez cru. Le patron de la GH te l'as fumé (tout en se gardant 30% du saumon pour son travail) Alors, voilà comment il fume le saumon : D'abord tu le recouvres de sel sur un ratio de 15%. Donc si t'as 1 kg de saumon, il te faut 150 gr de sel. Tu le mets dans une boite en plastique et au frigo toute la nuit. Ensuite, il te faut de la sciure d'un bois non résineux. Tu remplis le serpentin fait maison (voir photo) de sciure et tu y met le feu de manière qu'il y ai juste une petite fumerolle. Tu accroches ton saumon dans un tube métallique que tu poses sur le serpentin et t'attends une dizaine d'heure. Résultat, un délice. Bizarre qu'ils en vendent pas directement fumé, c'est pas quelque chose qu'ils mangent ici. Par contre, ils font dans la guirlande de moules séchées.

Faut reconnaître que quand il y a quelques rayons de soleil, l'île devient plus sympathique. L'idée est d'aller à un trou qui s'appelle Chepu et de faire une ballade pour rejoindre la plage. Entre la plage et toi une large bande herbeuse à moitié marécageuse (oui, il a plut beaucoup..) Impossible de suivre le chemin qui se transforme en marécage. 2h à essayer de trouver un chemin pour rejoindre la plage mais des petits étangs se sont formés et ils sont infranchissables.

La vache, tu vois plein de vaches qui bullent sur la plage. Tu mets ta fierté dans ta poche et tu suis finalement le chemin des vaches. Puis de bonds en bonds sur des énormes touffes d'herbe t'arrives enfin à traverser et rejoindre un bout de plage. Mais 100m plus loin t'es entouré à nouveau de marécage. Et plus loin, t'as des vaches tranquillement assises. Elles ont fait comment? Tu les imagines pas traverser des marécages. Ca vole une vache ? Penaud, t'as fait demi-tour. Tu serais pas en cure de saumon, t'aurais mangé un hamburger ce soir pour te venger.

Dégoûté, t'es parti en caisse au hasard et t'es arrivé à un petit bled, 5 maisons et 2 restaurants au bord d'une plage devant des îlots, Punihil le petit nom du bled. Plein de touristes qui se se mettent en rang, mettent un gilet de sauvetage, s'approchent du bord de mer, montent sur un chariot roulant pour ne pas se mouiller les mocassins à gland et grimpent sur un petit bateau. Puis ils partent voir des pingouins sur les îlots qui les attendent pour les photos. Bienvenu à pingouinland, LE spot de l'île pour voir le pingouin. Si les gars rajoutent un ponton ils font fortune.

Ricardo, humilié par une vache

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Gros changement de programme. T'es environ 15 jours en avance sur la saison. Impossible de faire des activités comme du rafting. Les prévisions météo sont vraiment pas bonnes donc compliquer de partir crapahuter. L'alternative, tu peux tourner en rond sous la pluie pendant 15 jours, mouais.

Conséquence, t'as pris un vol aller retour pour Arica à l'extrême nord du Chili près des frontières boliviennes et péruviennes puis direction le bled de Putre pour retourner sur l'altiplano.

A peine sorti d'Arica, la route serpente entre d'immenses collines style grande dune de sable, tout dans les tons ocre et sable. Tout est très minérale sauf la vallée couverte de culture. La route est assez dangereuse, à l'aller un camion venait de s'arrêter 100m plus bas dans un ravin et au retour, dans un tournant 2 camions se sont rentrés dedans. La route monte très vite à 1500m puis 2000m et enfin 3500m. Tu viens de passer de 0 à 3500m d'altitude en 2h de bagnole. Ça tabasse au niveau du crâne. Ta principale inquiétude est l'essence. Il n'y aurait pas de station à Putre qui est pourtant le seul gros bled sur toute la route. Du coup, tu roules super lentement histoire d'économiser l'essence. Ils font comment les locaux si la pompe la plus proche est à 150 bornes ?

La route permet de rejoindre la Bolivie et le bled de Sajama et le Parinacota (ça rappellera des souvenirs à certains).

Alors, Putre, petite déception, tu t'attendais à un petit village traditionnel mais vu de haut avec tous ces toits en tôle, ça le fait moins. Alors, oui, t'as bien sûr la petite place et la vieille église.

Première chose, trouver de l'essence, sinon tu pourras pas faire grand-chose dans le coin. En fait, t'as un hôtel qui vend des jerricans de 20 litres. Cool, tu pourras continuer à polluer.

Côté bouffe, ici fini le saumon mais le steak d'alpagua est de retour dans l'assiette. Amis végans, bien le bonjour! Ouais, alors incompréhensible. T'as testé l’alpaga dans 3 restos différents, 3 fois de la semelle. Ils font dans l’alpaga sportif ici ?

Tu t'étais dit pourquoi ne pas tenter l'ascension du Parinacota (un no-go d'il y a 5 ans, hein Bruno). Alors côté chilien ça va pas être possible. Déjà le volcan est côté bolivien et en plus il y a des champs de mines dans cette zone de frontière donc pas question de s'y balader. Seule solution passer en bagnole en Bolivie mais t'as pas l' assurance bagnole pour, donc c'est mort.

T'as plusieurs parcs pour se balader dont le parc Lauca. Peu de touristes viennent pour l'instant ici. Juste des groupes de retraités européens. T'es allé discuter avec un guide pour voir quelles montagnes étaient grimpables. Ahaha, elle est bien bonne, le mec dit que la météo est pas bonne. T'y crois ?

Nuit compliquée, gros mal de crâne malgré l'aspirine.

Avec ta caisse, t'es monté sur le plateau à 4500m où trônent les volcans Parinacota et Pomerape. Première étape le minuscule village de Parinacota, pas sûr qu'il y ait encore des habitants à part un gus qui te dit que le chemin pour marcher passe par son terrain et il y a un droit d'entrée.

Quand t'as plus d'acclimatation, et bien marcher à 4500m sur des faux plats, t'en bave. Le chemin longe une petite rivière où pullulent les vigognes et les viscachés. Et même si elles sont pas chassées, les bestioles décampent à toutes vitesses. T'arrives avec des percussionnistes dans ton crâne aux lagunes de Cotacotani. En saison des pluies, il doit n'y avoir qu'un lac mais en saison sèche, il y a plein de petites lagunes où se reflètent les volcans. Ouais y a beaucoup de photos du volcan. Retour par un autre chemin qui ne passe pas par le terrain du gus. Parinacota, pas plus de monde que 3h plus tôt.

Ensuite direction le lac Chungara. Ils ont installés plein de mirador en bord de route dont un avec des parasols en paille. Côté prévisions météo ils avaient annoncé de la neige sur le sommet du volcan vers 14h. Bingo, en moins d'une heure il a disparu sous les nuages.

Ricardo Altiplano

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T'as un salar dans le coin, le salar de Surire. T'as demandé à 10 personnes dont l'office du tourisme sur la qualité de la piste. T'as 10 réponses différentes. T'as un couple de français qui y vont avec une agence, du coup tu t'es dit que c'est plus sympa d'y aller avec eux. Putain, ils te parlent pas, ils parlent pas au guide, ils rigolent pas, au moins ils serviront de premier plan sur les photos. En plus la piste est assez bonne. Les connards qui t'ont dit qu'il fallait un 4x4... T'es à la limite de retourner à l'office du tourisme péter des genoux... On est parti en camionnette avec Oriol, un papy chauffeur qui mâchouille ses feuilles de coca. Papy roule à 30 km/h, ça t'a démangé de prendre le volant. Au pire, on voit l'accident arrivé.

La piste permet de voir le Parinacota. Lui, il est partout. On passe par quelques lieux dit dont un gars qui stock des chiottes de chantier. On est au bout du monde, va savoir ce qu'il va en faire.

On commence par le parc national de las vicunas où, comme son nom l'indique pullulent les vigognes. A se demander si elles sont pas plus bavardes que les 2 autres nazes dans le van. Des dizaines de gros camions sur la piste. Ça casse un peu le côté 'bout du monde'

Arrivé au salar, des dizaines de vigognes. On les a encerclé afin de pouvoir s'approcher sinon elles se barrent, les bougres.

L'idée est de faire le tour du salar au ralenti. Le salar fait 17 km2. T'as plein de pistes illégales qui te permettentde passer en Bolivie sans passer par la frontière. Si ça intéresse quelqu'un ?

La minute vigogne

Papy nous arrête pour le dej sur un ancien site minier. Les gars avaient construit il y a une centaine d'années un ponton en pierres pour ramasser du borax qu'ils envoyaient à Arica à 150 bornes à dos de mules.

En fait, t'as le salar mais t'as aussi plusieurs lagunes ou bullent ces feignasses de flamands roses. Tellement feignants que certains sont blancs. Vu de haut la lagune a de drôles de reflets jaunâtres.

Le dej ? Dans le silence sauf si tu parles avec papy.

Un des hot spots est Polloquere, des bassins naturels d'eau chaude ou plutôt d'eau brûlante. Difficile d'y rentrer et presque trop chaud pour y rester très longtemps. Et encore, on s'est mis dans la partie la plus 'fraiche'. Papy est aux anges. Il veut plus partir et passer la nuit ici.. Les autres? Tu sais pas, ils parlent pas. Non, non, ce sont pas des muets.

Puis papy nous dit qu'on dit qu'on va aller voir des amis. Une petite piste amène aux bureaux fermés de CONAF. Bon, ben ça sera pour une autre fois la papote avec ses potes. Mais non, il sort de la bagnole et crie 'viscaya, viscaya' plusieurs fois. Et là, rappliquent de tous les côtés une dizaine de viscachés, ses potes...

Et certains viennent prendre un bout de pain dans ta main. Si chaque agence fait un stop ici, pas étonnant que les plus courageux aient un énorme bid. Les moins trouillards sont obèses. Ils viennent jusque sur ton téléphone pour voir si t'as pas un bout de pain mais si tu essayes de les toucher, ils décampent. Dommage, un bonnet et des gants en viscache avec une écharpe en vigogne.

La minute viscaché

Bon, vu la vitesse où on roule, il est temps de rentrer. Les rares lieux dit, soit 3 maisons, semblent abandonnés et même le principale village, Guallatire est vide.

Le seul moment où on verra du monde et une cahute qui fait cantine pour les routiers. Dés le plus jeune âge, la fillette apprend à conduire un tracteur.

Ah, nos 'bouches cousues' veulent dormir au village de Parinacota mais tout le monde leur a dit que la seule guesthouse est fermée. Mais comme St Thomas, on y va quand même voir. Effectivement, il y a personne. C'est là où bêtement mais vraiment bêtement t'as oublié de leur dire que tu connaissais une maison ou il y avait quelqu'un (le mec qui t'avait 'rançonné' la veille pour marcher sur son sentier). Sans déconner, ils t'adressent pas la parole de la journée, tu vas pas en plus les aider.

Tout le monde a dormi à Putre.

Ricardo amnésique

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Tu savais pas trop aller où te ballader, sur l'altiplano, côté Parinacota, c'est couvert donc t'as décidé de tenter de rejoindre Suriplaza qui, à écouter tout le monde, n'est accessible qu'en 4x4. Papy Oriol t'a dit la veille que lui montait avec sa camionnette. Si papy y monte alors ça doit être faisable. Alors, Suriplaza est une montagne colorée. T'en as vu au Pérou et en Argentine mais pourquoi pas.

La piste traverse des minuscules villages vides d'habitants. Si t'as le moindre problème avec la caisse, t'es pas prêt de trouver un gus pour t'aider. Bah, au pire t'as 6 litres de flotte. Au loin, tu vois une montagne multicolores sur un fond orange. Dans un tournant, la piste change de couleur et devient orange. La piste monte de plus en plus et on doit bien taper les 4700m.

Alors côté photos, il n'y pas eu de Photoshop. La montagne est vraiment très très orange. Ça doit être impressionnant d'y être au lever et au coucher de de soleil mais va rouler de nuit sur cette piste. C'est un coup à finir dans le ravin. Dormir sur place dans la bagnole, euh, t'y as pas pensé au moment où tu y étais, c'est ballot. Ceux qui viennent ici avec une agence partent ensuite en ballade dans la montagne. Mais t'imagines pas papy marcher ici.

T'as décidé de continuer la piste plutôt que de faire demi tour. Toujours ces quelques maisons qui semblent abandonnées mais il doit bien y avoir des bergers quelque part car il y a plein de lamas et alpagas qui bullent en bord de piste. Le soir ils rentrent au bercail car le puma est de sorti vers 19h dixit papy Oriol.

De retour sur la route et t'as décidé de retourner au pied du Parinacota malgré le mauvais temps. La voiture garée à un mirador, t'es parti marcher entre les petites lagunes. Les nuages sont de plus en plus nombreux et le tonnerre pète par moment. Sur un malentendu, tu tombes sur une bande de vigognes. Si tu restes immobile, elles finissent pas se détendre mais il y en a au moins toujours une qui te surveille. T'as du poireauté 2h en espérant un léger rayon de soleil mais quand t'as commencé à recevoir quelques flocons de neige, tu t'es dit que t'avais quand même 45 minutes de marche pour retourner à la bagnole et t'étais en short/sandales. Alors cassos rapido...

Le soir à Putre, il y avait la fête de la récolte des patates. Bon, les dames avaient mis des fleurs à leur chapeau et tout le monde mangeait une sorte de soupe avec des morceaux de poulet et patates. Ouais, grosse fête, à la limite de l’excès.

Orange Ricardo

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Alors quand t'écris cruising, faut relativiser, t'es pas cheveux au vent dans un cabriolet le coude à la portière. T'es plutôt dans ton échantillon de bagnole où tes genoux touchent quasiment le volant...

De retour sur la côte en passant par la vallée d'Azapa. Y a des mecs qui ont décidé dans cette vallée super aride de se lancer dans l'olivier. Les flancs et le centre de la vallée sont couverts de serres ou poussent des oliviers à l'abri du vent sableux. Dans 20 ans la vallée sera verte. Bon, t'as testé, sans être chauvin, elles valent pas nos olives de Provence. C'était la minute 'Nicolas le jardinier'.

Arica, sa place, son église conçue par Eiffel. Tu peux même faire un don pour la grotte de Lourdes. T'as 150m de queue devant certaines banques. Apparemment ils ont toujours pas confiance dans leur gouvernement.

Avant 11h, c'est brumeux puis ensuite tu peux profiter des plages. Alors quand tu dis profiter, toi, tu colles pas un pied dans l'eau. Même les pingouins frissonnent rien qu'à penser à y mettre une patte.

Le cerro Arica est une petite colline près de la mer qui surplombe la ville, en haut t'as un christ qui regarde la mer. T'y es monté pour le coucher de soleil. Coup de pot, t'avais un groupe de danse traditionnel andin qui était là. Côté vêtement, faut pas avoir peur du bariolé. T'en connais un en France qui porte des pantalons oranges. Non, non, sans avoir perdu de paris.

T'as la possibilité pour 50 euros de faire un saut en tandem. Mouais, 50 euros pour un saut de 130m au dessus du port industriel, re-mouais.

T'as, à la sortie de la ville, une ballade en bord de mer qui traverse des grottes. Casque de chantier obligatoire. Si t'as la chance tu peux voir des lions de mer qui bullent. Mais le lundi ils ont piscine au large donc que dal. En remplacement, ils ont mis un pauvre pélican sur un rocher qui bat des ailes de temps en temps. On peut pas dire que le casque soit utile dans les grottes à traverser mais il sert plus pour les mouettes. Les flancs abruptes des collines sont couverts de mouettes et de guano. Et pour les mouettes, c'est le même principe qu'en société, si t'es en bas, tout le monde te chie dessus. Le casque sert plus à éviter le shampoing au guano.

Bon, c'est sympa de parler guano mais t'as 300 km de route dans un monde mineral désertique pour rejoindre la ville d'Iquique plus au sud. En chemin, tu fais un détour pour voir el Gigante de Acatama, un géoglyphe anthropomorphique de 90m (ouais, 2 mots compliqués à la suite, c'est pas souvent dans tes blogs. Soyons honnête, tu les as piqué sur internet). Quand tu vois la tête du gus, impossible que les créateurs de space invader ne s'en soient pas inspirés, ou l'inverse.

Allez, plus que 100 bornes.

Ricardo, le mec qui vous apprend des nouveaux mots.

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L'arrivée sur Iquique est assez impressionnante, car tu quittes un plateau pour descendre à flanc de montagne pour rejoindre la ville au bord de mer. Ils ont en plus leur version de la dune du Pila. La ville est plutôt sympa, vaut mieux, t'y es pour une semaine.

T'as un peu la version promenade des anglais (à Nice, pour les incultes) . Une grande et jolie promenade bordée de palmiers qui longe la plage de sable. Étonnement tous les bars et restos face à la plage semblent abandonnés. Tiens le soir, des gens manifestent mais ça semble gentils. Le lendemain direction le centre ville. Ah, certaines routes sont bloquées par des pneus en feu. Tu lâches ta caisse et tu vas au centre à pied. Tout est fermé, musées, marché central, magasins, restos. Pas un bus ne circule. T'as une jolie rue piétonne bordée de maisons à colonnes qui doit faire 1 km de long, il n'y a rien d'ouvert! Tu veux t'approcher du marché au poisson, il y a des feux de pneus partout qui bloquent les routes. Au mieux tu peux voir la reproduction d'un immense voilier, l'Esmeralda. Et la meilleure, t'as évité cette fois les manifs, t'as quand même pris du lacrymo dans la tronche. T'es repassé 4h plus tard sur la place centrale, ça a du manifester dur car il y avait des pierres partout. Apparemment c'est une journée de mobilisation dans tout le pays.

Le soir, t'es installé sur un banc sur la promenade, des milliers de gens défilent tranquillement mais ça va certainement dégénérer car des groupes cagoulés sont en train de se pointer. Même le patron de la guesthouse est inquiet pour sa baraque. Très grosse manifestation à 100m de la guesthouse. Tu jettes un œil, histoire de voir ce qui se passe. Merde, les jeeps militaires débarquent et tirent des lacrymogènes pour faire dégager la foule. Les plus énervés vont dans des ruelles annexes dont celle où il y a ta bagnole et de là essayent de balancer des trucs dans le dos des militaires. Ça pue. Des mecs facturent la porte de la camionnette garée juste devant ta bagnole. OK, tu montes dans la bagnole et tu dégages rapido. Le patron de ta guesthouse mettra ta bagnole dans son garage privé.

Histoire de s'occuper (ouais, Ricardo king of organisation a légèrement surestimé le temps sur place), t'es parti à Humberstone. Le nom fait très ville de Western, genre 'duel à Humberstone'. C'est une ancienne ville/usine de nitrate de potassium qui est devenue une ville fantôme classée par l'Unesco. C'est super intéressant, tu peux voir une collection de cuillères, de pelles, mais aussi des théières, des fers à cheval. Ils recrutent à l'Unesco ?

Ils ont reconstitué l'intérieur des maison des travailleurs. Et bien, les salles de bain t'ont semblé plus accueillantes que certaines que t'as pu utiliser dans tes voyages. Tu peux voir l'église, le théâtre et un musée que t'avais jamais vu nulle part ailleurs. Le musée de leur porte d'entrée de maison. Non, non, c'est pas une connerie. Désolé mais pas de photos des portes, t'as pas voulu gâché de la péloche. Ils sont payés cher les mecs de L'Unesco?

La partie la plus intéressante reste la partie 'usine' où restent les anciennes machines. Mais ça fait plus ville musée que ville fantôme. Casper, t'es où?

Pas très loin de ghost city (ici, pas très loin, c'est 60 bornes aller), t'as le parc national Pampa del termugal où tu peux voir des pintados. Désolé 'amis' chasseurs, c'est pas là où vous allez pouvoir vous libérer de votre frustration en shootant des pauvres pintades. C'est un site avec des collines couvertes d'immenses dessins, à vue d'œil 450. Ça daterait entre l'an 700 et 1500m. Selon wiki Franky, les gars du coin étaient en rupture de bombes de peinture à cause d'un drone Amazon qui aurait livré au mauvais endroit. Et donc ils ont utilisé ce qu'ils avaient sous la main, des caillasses pour dessiner les contours de leurs dessins. Mais, pas des très grosses pointures en dessin, les gus. T'as quand même de gros doutes sur la véracité de ces explications. Parfois wiki franky est légèrement à la ramasse dans ses explications.

Alors, t'as retrouvé les fameux lions de mer. Pas étonnant qu'ils ne soient pas Arica. Ils sont au bord des quais où arrivent les pêcheurs pour bouffer gratis. Ils sont là, une bonne quinzaine de grosses feignasses, en contre bas du quai à attendre de récupérer les déchets des poissonniers. Et ils sont bien gras. Tu m'étonnes qu'ils vont pas se faire chier en mer à pêcher s'ils peuvent attendre tranquillement d'être nourris. Ça rappelle les obèses viscaches qui attendaient du pain. Entre lions de mer, ca s'engueule beaucoup, histoire de bien établir la hiérarchie. Et si le gang de pélicans s'approche trop, un des lions de mer leur crache dessus pour les faire deguerpir. Les bestios avec leur menton levé ont un petit côté prétentieux. C'est ça qui doit énerver les couillons de chiens qui font les fanfarons du haut du quai en leur aboyant dessus. Mais quand le poissonnier vient balancer son sceau de déchets de poissons, c'est la curie, les plus gros d'abord.

Petit point culinaire. Connaissez vous le completo chilano? C'est LE 'repas' emblématique du Chili. Le completo... Il y a plusieurs déclinaisons et toutes doivent faire péter ton taux de cholestérol. T'en trouves partout pour environ 1,5 euros. Alors tu prends un petit pain long que tu ouvres en 2. Puis tu mets une saucisse mais il vaut mieux ne pas savoir de quoi est faite la saucisse. Même Herta aurait pas osé. Puis histoire de se donner bonne conscience, potentiellement un peu de salade, ou de tomate et avocat. Puis par dessus, une énorme (mais vraiment énorme) couche de mayonnaise/ketchup et enfin tu rajoutes dessus des frites allumettes. Le but, c'est que ça déborde! C'est la version chilienne du hot-dog. Bon appétit. Oui, oui, les chiliens(nes) sont pas minces.

Ricardo no completo

salar de Huasco 
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Avez vous entendu parler de la cérémonie aymara 'Inlaya elincane'. Bon toi non plus. C'est le patron de la guesthouse à Iquique, un aymara, le gars qui a protégé ta voiture il y a quelques jours qui t'en a parlé. C'est une vieille tradition aymara qui est officiellement interdite par le gouvernement mais comme ça se passe dans les montagnes tous les 2 ans sans une date précise, elle se perpétue encore. Le gars y va et t'a proposé de t'y emmener (oui, protéger une bagnole, ça crée des liens). C'est le dernier des 3 jours que dure la cérémonie. Le touriste non accompagné n'est pas le bienvenu.

Vous avez entendu parler de la baie de Taiji au Japon ? Chaque année, ils y massacrent des dauphins et l'eau devient rouge. Bon, amis des bêtes ou végan, ne lisez pas plus loin, passez au post suivant. C'est bon? Il reste plus que les sans cœur ?

Ouais, donc, c'est le même principe de boucherie mais avec des lamas. T'as hésité à y aller avec le mec mais il emmène aussi un autre touriste. On pourra faire quelques photos de la lagune mais surtout pas des locaux sinon ça lui retombe sur la gueule.

2h30 de route pour rejoindre le petit village de Camina au fin fond d'une vallée. Ensuite il faut un 4x4 car ça devient une piste dégueulasse. Il nous faudra encore 2h30 pour faire juste 60 bornes. Ça donne une idée de la piste. Pendant ce temps. Le patron nous a expliqué d'où vient cette tradition. La lagune est considérée comme maudite. Des aymaras auraient découvert cette lagune il y a très longtemps. Ils seraient venus avec des lamas qui auraient bu l'eau sans problème. Alors qu'eux seraient morts en la buvant. Conséquence, ils se vengent sur les générations suivantes de lama en en égorgeant une centaine. Allo, Gérard? Ouais sur ce coup, t'y es pour rien.

Il paraît que tout la zone est couverte de sang séché depuis des siècles. En plus, y aller le denier jour, signifie que la boucherie aura laissé des traces fraîches. Vous pensez que c'est déplacé de demander si ensuite on pourra manger du lama au BBQ ?

On est arrivé très en avance, histoire qu'on puisse voir le site avant la cérémonie qui n'aura lieu qu'au coucher du soleil. Près du parking, une vingtaine de lamas dans un enclos qui doivent se douter de ce qui va se passer vu la disparition de leurs congénères.

Il y a juste 3-4 autochtones pas très contents de nous voir mais le patron leur parle et ça se règle assez rapidement. Il nous avoue qu'il fait partie des exécuteurs (ça se transmet de père en fils) et à ce titre il peut se permettre certaines choses. C'est aussi pour ça qu'il veut pas de photos. Lui en train de découper un lama, pas sûr que ça fasse de la pub à sa guesthouse.

Putain, c'est impressionnant. Pour accéder au site, il y a une petite pente, rouge, couverte de rigoles de sang. Rien que ça, c'est déjà stressant. Les mouches pullulent par milliers. T'as hésité à continuer à monter. En haut de la pente, la lagune. On se croirait dans un film gore.

La lagune est rouge mélange d'eau et de sang. Reste juste un coin d'herbe verte où vont être amenés plus tard les derniers lamas pour être égorgés. Par contre pas de cadavres de lamas. Mal barré le BBQ. L'autre touriste est redescendu vomir. Ouais, on n'imaginait pas ça, on aurait du faire l'impasse sur le petit dej. On va peut être demander à partir avant la cérémonie. Mais si t'as déjà fait un stage chez 'Charal', ça doit pas te changer de ton quotidien.

Le gars nous emmène de l'autre côté de la lagune où l'eau déborde et coule le long de rochers. T'as d'immenses coulées rouges qui datent des dizaines d'années précédentes. A devenir végan. Non, y en faudra plus pour arrêter le saucisson!

Entre temps, d'autres locaux sont arrivés et discutent fermement avec notre 'guide' en nous regardant. Le plus important, ne pas ressembler à un lama. On a rangé nos appareils photos, histoire ne pas aggraver la situation. Ça se tend, ça gesticule. Apparemment même un bourreau a des règles à respecter. Le gars nous fait signe de retourner vers la bagnole. Puis il nous rejoint, accompagné de 2 locaux.

Bon, on est pas les bienvenu. On doit repartir et donner nos appareils photos. Ouais, bien sûr, parle à ma main. C'est vrai, on est pas en position de force mais faut pas déconner non plus. L'autre touriste qui a un super appareil leur dit que s'ils prennent nos appareils, il va à la police. Ah ouais au moins tout est dit. Faudrait pas qu'on remplace 2 lamas. Finalement on leur a montré les photos prises pour qu'ils les suppriment. Bon, l'aymara de montagne ne sait pas trop qu'on peut facilement récupérer une photo supprimée...

Vous y avez cru ? Un peu trop gros, non ? T'as hésité à changer la fin pour aller jusqu'au cérémonie mais ça risquait de devenir vraiment gore.

Pour la véritable histoire, attendez le prochain post

Ricardo, romancier raté

ps : Inlaya elincane est du zoulu....

87

Yo,

Après la boucherie du précédent post, voici la réalité.

Le coin s'appelle la laguna Roja et comme son nom l'indique est composé de 3 lagunes de couleur différente. Oui, t'en as vu un paquet, mais si les photos sur internet sont pas pipées, la couleur d'une semble assez impressionnante. Elle est connue du touriste de base que depuis 10 ans. Avant, même l'office du tourisme chilien n'en parlait pas. T'as hésité à y aller avec ta bagnole mais pour une fois t'as fait le bon choix et t'es parti avec une agence. T'es avec 6 chiliens, ce qui sous entend que le guide parle normalement et que tu comprends que sur des malentendus.

Départ à 6h du matin car on 2h30 de route pour rejoindre le petit village de Camina (oui, oui, comme dhab, il y a une petite place avec une église) au fin fond d'une vallée étroite verdoyante. Puis petit déjeuner, un toast avec une purée d'avocat. Ouais, ça surprend un peu. L'agence t'avait dit qu'ensuite on montait avec 2 4x4. Ça s'est transformé en mini van déglingué conduite certainement par la championne de catch de la région. Y a pas de siège pour le guide donc il vient pas. 2h30 pour faire 60 km de piste complètement pourrie. Tu serais venu avec ta caisse, t'aurais au moins perdu 20 kg de ferraille vu tous les cahots. On commence par prendre 1000m d'altitude à travers une piste caillouteuse super étroite à flanc de précipice sans barrière. Faut pas que la catcheuse se rate dans un tournant. Le point positif, la vue sur la vallée en contre bas est superbe.

Les 50 dernières minutes de piste finissent de te remettre les vertèbres en place. Légère inquiétude, plus on se rapproche de la lagune, plus de gros nuages arrivent, il tombe même quelques gouttes. Sans soleil, ça risque de pas rendre pareil. Il y a 3 autres agences déjà sur place, on est moins d'une quinzaine de pèlerins. 10h de transport dans la journée, ça va calmer les gros troupeaux à bob identique qui suivent le gus au parapluie.

On doit avoir 300m à marcher pour rejoindre les lagunes. Comme on a pas de guide, c'est la camionneuse qui va nous accompagner mais tu l'as sens pas super emballée. Il faut traverser un petit ruisseau. Ça semble compliqué pour les chiliens, donc tu pars tout seul. Tout de suite t'es dans le ton, la roche au sol est rouge écarlate. T'arrives au bord de la lagune. Tout le coin est sacré pour les communautés Aymara propriétaires du coin, donc tu peux y tremper une main mais pas te baigner. L'eau est chaude et 'normale' et ça serait la pierre et les micro algues qui donnent cette couleur assez incroyable. Gros coup de pot, les nuages ont décidé de te laisser un répit. Quand le soleil tape sur la lagune, on dirait un immense lac de sang. C'est vraiment impressionnant.

Vrai ou wiki Franky, il se dirait que cette lagune est restée très longtemps maudite car des Aymaras auraient bu de son eau et en seraient morts.

A une cinquantaine de mètres, t'as une des sœurs. Ouais, les 3 lagunes sont sœurs mais celle-ci est verte et beaucoup plus petite. Elle est entourée en partie de sédiments oranges. Dans le même axe, tu as du vert, du orange, puis en 2ème plan, le rouge de la lagune puis le vert/gris des collines et enfin le bleu du ciel parsemé de nuages blancs. Sans déconner, c'est pas tous les jours qu'on voit ça et ça vaut largement les 5h de bagnoles pour venir.

Un peu plus loin, un petit bassin de couleur orange. Celui là ne compte comme une lagune apparemment. Et enfin la 3éme sœur, une petite lagune jaune ou caca d'oie en fonction du soleil.

Selon la tradition, si les lagunes bouillonnent c'est qu'il y a des personnes désagréables autour. La vache, elles t'ont détecté de loin... T'en as récupéré un litre que tu vas ramener en France. Tu vas en mettre quelques gouttes dans des porte clefs et les vendre comme détecteur de cons. Millionnaire tu vas devenir!

Camionneuse baby nous montre en contre bas une petite cascade et retourne à son van, considérant qu'elle a fait le job. On voit les autres groupes avec leur guide leur expliquant plein de trucs... La cascade doit faire 3m de haut mais c'est surtout le mélange de couleur qui pique les yeux.

Bon, on retourne à la voiture, en plus les nuages sont revenus en force. Les autres groupes ont des snacks et de l'eau et nous même pas un mouchoir pour pleurer. Y a une agence qui va en prendre plein la gueule au retour....

En chemin, à Chillayza, t'as un site où il y a à la fois des peintures rupestres (ouais, cette fois le drone Amazon avait livré au bon endroit) et des pétroglyphes. Bon, ben, les mecs, ils étaient vraiment pas douer côté dessin. Même un borgne en fermant un œil doit mieux dessiner. En tout cas, le gardien du site n'a pas l'air très sympathique!

Ricardo, détecté par les lagunes pour être futur millionnaire

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Yo

De retour au sud du pays après cet intermède de 15 jours au nord du Chili.

La Patagonie. Alors, chaque chilien a sa propre version d'où commence la Patagonie. T'as à peine plus d'un mois en Patagonie. C'est super court vu la taille de cette région entre l'Argentine et le Chili et surtout le peu de transport publique. Donc, on va dire que c'est du repérage. Tu reviendras beaucoup plus longtemps avec ta voiture dans quelques années.

C'est parti pour la fameuse route australe. Ça commence très fort, le bus est bloqué 3h par une manif d'une trentaine de femmes et d'enfants. Comprends pas! Un mardi matin, les enfants devraient être en train de bosser dans une usine à fabriquer des baskets Nike. Et les mamans, au lieu de buller en bord de route, elles devraient courir voir un diététicien. Ok, il fait froid, il faut 1 couche de gras pour se protéger. Mais 1 couche, pas 5 ! Bon, toi t'es à 1,5 couche, oui, t'es pas habitué au froid.

Côté paysage, t'es passé d'un monde très minéral à des forêts, des rivières, des montagnes au sommet enneigé, parfois quelques petites maisons en bois mais ça reste très sauvage. Tu connais ni le Canada ni les pays nordiques, mais ça doit être le même genre de paysage. Des photos ? Avec un temps aussi gris et derrière une vitre embuée d'un bus, ça donne rien ou ça.

Alors ? ca pique pas les yeux? impatient de venir? 

A propos de nuage, le nom maori de la nouvelle Zélande signifie le pays du long nuage blanc. Patagonie, ça signifie quoi wiki Franky? Le pays des déclinaisons du gris?

Côté bord de mer, il y a énormément de fermes d'élevage de saumons. Il n'est pas importé en France. Ouais, il transpire l'antibiotique et d'autres saloperies. On préfère les antibios norvégiens.... Vive l'Europe!

Le début de la route austral est coupée par des bras de mer. Seule solution les ferrys. Ça permet de voir les autres voyageurs. Fini les jeunes de 20 ans venus pour se dorer au soleil et picoler de la bière. Dés qu'on est dans des environnements plus rudes, ça vieilli d'un coup. Autant à Iquique, tu passais pour un vieux con, autant ici t'es un 'jeune' idiot.

Une fois le dernier ferry passé, on roule sur une piste, une vraie tranchée dans un mur végétal, des énormes fougères, puis des grands arbres. La végétation est super luxuriante, pas étonnant vu la flotte qui tombe.

20h, avec plus de 3h de retard, t'arrives enfin au bled de Chaiten. Incroyable, le minibus qui va jusqu'à Futaleufu, ta destination finale, a attendu le bus. Ils sont organisés les patagoniens !

Les montagnes, celles qui sont pas cachées par le nuage, sont couvertes de cascades. Sur un même flanc de montagne, t'as du en compter plus d'une vingtaine. Je vous ai déjà dit qu'il pleuvait beaucoup ici ?

Côté route, tu t'attendais pas à ça. A part 20 minutes de piste une belle route bien goudronnée, une twingo passe sans problème.

T'es monté jusqu'à Futaleufu car c'est un spot de rafting où tu peux taper du class V. Sauf que vu la pluie tombée ces 10 derniers jours, le niveau de la rivière est trop haut et juste une petite portion est ouverte. De toute façon, il y a pas de vraie bonne saison pour venir. La rivière arrive d'Argentine où il y a un barrage. Donc même en plein été, les argentins peuvent ouvrir le barrage pour avoir de l'électricité et foutre en l'air la saison de rafting. Gros coup de pot, journée grand soleil. On est 9 clients et 2 seulement en ont déjà fait. T'as une belge, terrorisée, qui doit certainement prier intérieurement et se demander pourquoi elle a accompagné son mec sur le bateau. Elle demande où est l'endroit le moins dangereux. Euh, sur la rive. 2h pour descendre une douzaine de rapides. L'autre gars qui en avait déjà fait a eu la même impression. Quand ils ont le choix, ils nous font passer par les passages les plus calmes. Les prières de la belge ont été écouté, pas un gus à l'eau, pas un retournement de raft, que dal.

Sinon Futaleufu, mais bien sûr qu'il y a sa place centrale et son église. Y a même une roue à aubes comme attraction touristique sur la place centrale. Ouais, y avait un moulin à une époque.

T'es logé chez l'habitant. Ça permet de voir la décoration traditionnelle. Oui ça peut être sympa dans un chalet en bois dans les Alpes. Dans un appart en béton à Paris, pas sûr, peut être à Bernay?

Alors, le plus compliqué en Patagonie c'est le transport. Si t'as pas ta voiture, c'est compliqué. Tu veux aller en direction du sud, le prochain bus est dans 2 jours... La seule solution, c'est le stop. Donc t'as pris, un bus qui t'a laissé à villa Santa Maria, un bled a une intersection. Et t'es là, le pouce lever à attendre l'âme sensible qui va s'arrêter. A chaque fois que t'as loué une bagnole, t'as toujours pris les gens en stop. Tu te dis qu'il y aura bien un retour d'ascenseur. Au pire, tu dormiras dans le village.

12h45, le pouce est prêt !

Mouais, mouais, mouais... le principal problème est la circulation. En 30 minutes t'as vu passer 5 bagnoles et camions. Avec ta coupe de cheveux de sortie de prison et ton air 'sympathique' ça n'aide pas. Faudrait peut-être que t'essayes une jupe.

T'as une bagnole de touristes qui passe devant toi et qui s'arrête 100m plus loin. Bon... Puis elle fait demi tour. Cool, tu te dis, ils regrettent et viennent te prendre, sympa. Que neni, ils s'étaient trompés de direction.

Finalement au bout de 30 minutes, un local, dans un petit camion t'embarque mais le bougre s'arrête 20 bornes plus loin au milieu de nulle part. Oh putain, autant au village, au pire tu dormais chez l'habitant, autant au milieu de nulle part part, ça se complique.

Quelques photos en cours de route, à travers la vitre du camion. Les paysages, en plus avec du soleil, sont superbes.

Finalement un jeune couple russo-hollandais dans une camionnette transformée en mini van habitable (ouais, ils ont mis un canapé clic-clac à l'intérieur et acheté un réchaud), t'a embarqué jusqu'au charmant village de Puyuhuapi où à peine sorti du van, une mamie t'a alpagué pour te montrer son hospedaje.

Puyuhuapi, tu comprends pas, t'as trouvé la place centrale mais pas son église. Tout se perd en Patagonie !

Alors pourquoi Puyuhuapi ? T'es à 20 bornes du parc national de Queluat. Ton idée, prendre un minivan d'un local qui t'enmène à l'entrée du parc, aller jusqu'au glacier puis faire du stop pour aller à ta prochaine destination Coyhaique à 200 bornes. T'adores les plans qui se déroulent sans accrocs comme dirait Hannibal. Jusqu'à l'entrée du parc tout va bien. Tu laisses ton gros sac à dos de 20 kg à l'accueil et tu pars faire la balade. T'as une immense lagune d'une couleur jaune/verdâtre assez particulière qui provient de l'eau du glacier Ventisquero Colgante. Le chemin dans la forêt te permet d'arriver en face du glacier. Même au mirador, tu restes quand même super loin mais la vue du glacier qui surplombe une falaise avec les différentes cascades est assez magique.

Tu serais bien rester plus longtemps mais t'as réalisé que t'as oublié ton GPS à la guesthouse de Puyuhuapi. Putain, ça veut dire redescendre où t'as laissé ton sac. Marcher 3 bornes avec tes 2 sacs soit 27 kg, rejoindre la route et lever le pouce. La vache, y a quasiment aucune bagnole qui circule. Coup de pot, tu choppes un minibus qui te ramène au village. Tu récupères ton GPS et te voilà à nouveau le pouce lever pour repartir dans l'autre sens. Comment on dit 'gros connard' en espagnol ? En 1h t'as vu passer 5 voitures. Que les gens ne s'arrêtent pas, y a pas de soucis mais qu'ils te fassent des grands 'coucou' de la main avec un grand sourire alors qu'ils ont de la place dans la caisse, ça énerve un peu. Ça t'a démangé de remplacer le pouce par l'index.

Résultat, tu repasses la nuit à Puyuhuapi (toujours sans son église) et prend un bus à 6h le lendemain matin.

Hitchiker Ricardo

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Yo,

10h t'es à Coyhaique, la seule vraie ville de la région. Tu pensais que c'était calme en Patagonie. Tout les banques sont bunkerisées. A 10h du matin tu pleures sur la place centrale tellement il y a eu du lacrymo balancé la veille. Trop tard pour chopper un bus. Tu pars en direction de la sortie de la ville avec tout ton barda. Dans une montée, t'as à peine sortie ton pouce qu'une bagnole s'arrête. Le mec a vu un vieux en baver dans la montée et il t'a embarqué sur 50 bornes. Le paysage a beaucoup changé, toute la vallée a été déboisée et t'es au pays des vaches. Y a un petit côté suisse. Prochaine intersection , tu fais semblant de marcher avec ton merdier. La 3ème voiture t'embarque et te laisse à 6 bornes de ta destination. Au bout de 3km, une voiture s'arrête plus loin et fait marche arrière pour venir te chercher. Tous ceux qui t'auront pris sont des locaux, les touristes étrangers, rien à foutre.

Te voilà à villa cerro Castillo au pied du Cerro Castillo. C'est le futur 'Torres del Paine'. Le sommet est découpé en plusieurs aiguilles. Il y a un chemin pour monter jusqu'à la lagune. Il est 13h30 et tu ne peux prendre le chemin que jusqu'à 12h. Ensuite ils considèrent que t'as pas le temps de monter et revenir. Demain, ils annoncent un temps de merde et il y a de grande chance que le chemin ne soit même pas ouvert.

Le forecast météo a changé, beau le matin, neigeux l'après-midi. A 7h30 t'es devant l'entrée mais il y a un panneau indiquant fermé pour cause de mauvais temps. Ces cons ont même pas vérifié les forecast. Ça tombe bien, le droit d'entrée est exorbitant et il y a un 2eme chemin plus loin soit disant géré par Conaf. T'as juste 6 km de piste inintéressant à te taper en plus. Côté météo, ils ont annoncé grand soleil, euh, on voit même pas les aiguilles du cerro Castillo.

Tu t'embarques enfin sur le chemin, des garennes courent partout mais impossible d'en trouver en civet dans les restos. T'arrives à une immense tente en pensant que ce sont les bureaux de la Conaf. Que dal, le chemin est privé. C'est une concession faite par la Conaf et le prix exorbitant est le même qu'à l'autre accès. Et encore, t'as la chance d'être un étranger et de payer deux fois le prix normal. Quand ils disent que le cerro Castillo est le nouveau torres del paine, ils doivent parler des tarifs d'entrée. Pour ce prix, le mec t'indique que plus haut il y un passage sur des rochers et que si c'est venteux, il faut faire demi tour. Oui bien sûr, et tu me rembourses ton braquage ?

Ça monte dans la forêt puis t'arrives à ce fameux endroit où il y a un panneau te disant de faire demi tour en cas gros vent. Mouais, du vent, il doit y en avoir tous les jours ici. En plus t'avais pas tes lunettes, t'as pas vu le panneau.. Et vu la taille des pierres, c'est pas une bourrasque qui va les faire dégringoler sur ta tronche. T'as bien 1 km de montée sur ce terrain. Tiens, ça manquait, il commence à neiger, ça rafraîchit les mollets. Ouais t'es en short, vu le forecast annoncé.

De là, entre 2 nuages, t'as une vue sur toute la région Castillo . T'as d'autres pitons rocheux mais caché par les nuages. Par contre, toutes les aiguilles rocheuses au dessus de toi qui forment le cerro Castillo, tu les verras pas. Si tu continues le chemin, tu fais une boucle qui te fait redescendre par le chemin de l'autre concession, et on t'a prévenu. Faudra raquer à nouveau. Tu peux faire 4 jours de treks en partant d'un chemin à 50 bornes d'ici et qui lui est vraiment géré par la Conaf. Faut imaginer ceux qui se sont tapés les 4 jours De marche en autonomie et en arrivant juste à la fin tombent sur les gus qui les ponctionnent. Seule solution se retaper 4 jours dans l'autre sens. T'es redescendu, il est 13h, grand soleil sur le cerro Castillo. Hein, elle est ou là neige ?

Retour à ton activité préférée, la crampe du pouce. 14h30, t'es en position en bord de route. 16h30... Ah, enfin, le cerro Castillo est sous les nuages ! Toi, toujours en train d'attendre. Un couple de chiliens en vélo s'arrête à côté de toi et décide de faire du stop aussi. Madame a pas l'air motivé vu le temps pourri pour faire les 100 bornes pour rejoindre Puerto Tranquillo. Déjà que seul, les bagnoles s'arrêtent pas, avec 2 charlots en vélo, ça va pas aider. Au bout de 15 minutes, ils repartent. 2 minutes plus tard, 2 jeunes nanas avec des gros sacs à dos rappliquent et se mettent 2 mètres derrière toi pour faire aussi du stop.

Véridique. Les 2 nanas qui sont en tenue de trek, se maquillent chacune leur tour. Et elles s'appliquent. Puis elles se disent qu'être juste à côté d'un charlot, ça va pas les aider, et décident de s'écarter de 20 m. Un camion passe, t'as même pas essayer de lever le pouce, il les a embarquées. Ça faisait pas 15 minutes qu'elles attendaient. On n'est pas tous égaux face à l'adversité. Bon, t'as regardé dans ta trousse de toilette, pas de rouge à lèvres et même pas une jupe.

Le couple en vélo revient et se poste 20 mètres plus loin.

Une voiture s'arrête pour faire descendre 3 auto stoppeurs chiliens. Les mecs s'écartent en amont de 100m. Un minivan passe, ils se font embarquer. Putain, tu dois vraiment avoir une sale gueule. Mais le mec qui les a pris, s'arrête et te prend aussi. Alleluia ! Que des patagoniens dans la bagnole. 110 bornes de piste à faire Il se met à pleuvoir, 2 minutes plus tard, on crève. Ils se mettent sur un côté de la piste où il sera impossible de changer la roue. 5 minutes plus tard, on change de place. Bah, changer une roue sous la pluie, c'est toujours sympathique. Finalement on repart, si on crève à nouveau, ça va être un poil compliqué vu que le prochain signe de civilisation est à 50 bornes.

Malgré tous les déboires t'es finalement arrivé à 20h à Puerto Tranquillo où il n'y a que des touristes. Bizarrement, tu croiseras les 2 minettes maquillées qui semblent être arrivées après toi, va comprendre... Vu la population du resto, tu dois dîner dans une annexe d'un Ephad. Même les chiens qui traînent dans la rue sont tout vieux.

Petit point sur le stop, à par les 2 jeunes en minivan qui t'ont pris, jamais le moindre touriste étranger en bagnole ne t'a pris. Ah, ça, ils te font tous signes désolé alors que leur voiture est vide. Et c'est souvent les patagoniens avec des vieilles bagnoles qui ont eu la gentillesse de s'arrêter ! Rendons à César ce qui est à César.

Petit point sur la bouffe Patagonienne. La patate est très présente. Le merlu en papillote à la Patagonienne : un feuille d'alu, une bonne couche de patates, un morceau de merlu, des morceaux de tomates et d'oignons, emballé c'est pesé.

Puerto tranquille, les gens y vont pour voir une sorte de grotte de marbre accessible en bateau. Mouais, pas convaincu par les photos et vidéos. T'as préféré faire du stop dès 9h du matin. T'as un compagnon qui attend avec toi, Amigo qu'il s'appelle.

On doit être 8 étalés sur la route à attendre le chaland. 4h plus tard, pas un n'est parti donc t'as choppé le bus.

Paysage sur la route entre P. Tranquillo et Cochrane

Paysage sur la route entre P. Tranquilloquillo et Cochrane 

En fait, tu passes ton temps à attendre et t'as plein de coin inaccessible sans transport privé. Et dire que certains ne voyagent qu'en stop.

Lipstick Ricardo

90

Toujours direction le sud. Voilà les dernières étapes sur la route australe.

Cochrane, dernière 'petite ville', oui il y a une banque. Le nouveau parc Patagonia est à 30 bornes. Vu ton succès en stop, t'as décidé de faire plus proche. Le parc Tamengo n'est qu'à 5 bornes sur une route pas du tout fréquentée et t'es pris en stop. Un pouce magique !

La balade de 25 bornes se fait dans une petite partie du parc Tamengo, en partie le long de la rivière Cochrane. Sur un malentendu, tu peux tomber sur un huemul, une sorte de cerf local. Bon, les huemuls avaient pas trop le temps ce jour pour poser pour des photos mais un huemul sympa a laissé des crottes souvenirs sur le chemin. T'as pris quand même une photo. Le plaisir de partager avec vous ce que tu vois...

Oui, faut pas croire que tu vois des lagunes incroyables au quotidien. Toi aussi t'es dans le trip métro-boulot-dodo. Il est juste un peu différent :

- ton métro, c'est le bus ou la crampe du pouce

- ton boulot, marcher dans la gadoue en évitant les merdes de huemuls sous la grêle et la pluie

- et pour le dodo, faut imaginer ces cons de chiens qui font la sieste toute la journée pour aboyer toute la nuit devant ta fenêtre où tu es sous 5 couvertures histoire de ne pas avoir froid.

Alors, vous n'imaginez pas le plaisir de se mettre en terrasse au soleil en revenant juste de 25 bornes de trek où t'as pris de la pluie, beaucoup de vent, plusieurs fois de la grêle et max 3 rayons de soleil pendant 2 minutes. C'est vrai, plutôt que d'avoir du soleil, des paysages colorés et transpirer, c'est quand même beaucoup plus sympa de marcher dans un environnement grisâtre pour courir se mettre à l'abri d'une averse de grêle. Oui, beaucoup plus sympa! Et puis le lendemain quand tu prends le bus, bien assis sur ton siège, tu peux enfin voir les montagnes dégagées. Franchement quel intérêt d'aller marcher en montagne sous la flotte quand on peut être tranquillement assis dans un bus, hein ?

Caleda Tortel, un petit village dans un fjord. Les bagnoles s'arrêtent à l'entrée du village et on passe en mode piéton. Le village longe le bord du fjord et on circule à pieds uniquement sur des passerelles de bois. Ils ont construit des petites places sous forme de grand pontons au dessus de l'eau.

C'est sympa d'y buller quand il pleut pas. Oui, il tombe entre 3 à 4 mètres de flotte par an. Ça laisse peu de place au soleil. L'église ? Tu l'as pas vu !

Tu peux aller sur l'île 'de los muertos'. En 1900, des travailleurs ont été abandonnés sur l'île et plusieurs sont morts. Ouais, il reste quelques croix en bois. Ils ont fait tout un chemin, sur passerelles bien sûr, pour voir ces croix. Et c'est devenu un monument national. Mouais, mouais, mouais, ça fait plutôt penser à un mec de l'office du tourisme qui s'est dit qu'est ce qu'on pourrait trouver pour occuper le chaland qui est venu jusqu'ici.

A 21h débarque dans la guesthouse un italien en vélo. 9h de vélo en grande partie sous la pluie. Le gars est dégoûté, il pensait que d'ici il pouvait prendre un bateau pour rejoindre un autre village. Et non, il a fait 30 bornes pour rien.

Soirée franchouillarde, t'as acheté du pain, du vin rouge, du saucisson et ce qu'ils osent appeler du camembert. Une sorte de truc qui ferait même se retourner dans sa tombe un camembert industriel comme 'président'.

Village de Villa O'Higgins, 500 habitants environ, terminus de la fameuse route australe. Ensuite il y a plus rien. Bienvenu au bout du monde. Un des rares restos est tenu par un couple de français très sympa. Ils te disent qu'ils sont pas cuisiniers à la base. Pas besoin de le dire, ça se voit dans l'assiette. Même mister Chapichapo qu'a jamais gagné un concours de cuisine ferait mieux. Ils proposent une fondue bourguignonne. Waouh, au fin fond de la Patagonie, une fondue bourguignonne, tu signes tout de suite. Pour toi, on fait cuire la viande dans l'huile. Mais non, ici c'est un bouillon. Impossible de faire un griller cette pauvre vache qui s'est sacrifiée et tu te retrouves avec des morceaux de bœuf bouilli. Il manque la gelée à la menthe pour te retrouver en Angleterre dans les années 80.

Alors, t'as poussé jusqu'ici car tu veux ensuite faire la traversée pour rejoindre el Chalten en Argentine.

Le principe est de prendre un bateau pour traverser le lac puis t'as 16 bornes de marche ou de cheval (mais tu peux pas le bouffer à la fin du trek) puis soit tu reprends un bateau où tu te retapes 20 bornes en longeant un lac et enfin il reste 40 km de bus. Tout ça pour passer en Argentine et arriver à El Chalten, point de départ des treks autour du fameux Fitz Roy.

Ça c'est la théorie quand tout se passe bien.

Déjà, ton genou gauche a posé un préavis de grève. 16 bornes de marche dans la boue avec 27 kg sur le dos, il considère qu'il faut être con à bouffer du foin pour s'engager dans cette histoire.

Ensuite, le bateau que t'as réservé est en panne moteur. Il y a une 2ème compagnie, c'est complet. Donc tout va bien.

Ricardo au boulot

91

Va comprendre, le bateau qui est soit disant plein, tout le monde a eu une place. T'as pris l'option visite du glacier O'Higgins avant de te faire déposer. Sur le bateau, t'as un un groupe venu avec une agence française. La guide est toute fière de leur lire à haute voix les informations dans son bouquin. Près de 2h de navigation sur le lac O'Higgins d'une jolie couleur indéfinissable partagé en 2 avec l'Argentine. Tout le monde est impatient de ce voir ce glacier!! La pression monte!!! Tiens, de gros glaçons apparaissent sur le lac et pas de la taille de ceux qui tiennent dans un verre à whisky et y en a de plus en plus.

Il y a des dizaines de plus ou moins gros icebergs libérés par le glacier qui rendent la navigation dangereuse. Et en en plus avec le vent, on pourrait se retrouver coincé par des icebergs qui refermeraient la route. Sans déconner, on est Patagonie au bout du monde là où l'aventure est sans limite où est ce qu'on est à Bernay, le pays des majorettes ? En 3 ans, la guide a pris 6 fois le bateau et elle n'est jamais allée jusqu'au glacier. Donc va savoir si c'est pas encore une tromperie sur la marchandise.

Résultat, on n'a pas vu le glacier. Par contre, en dédommagement, on s'est approché des plus gros icebergs (mais minuscules en comparaison de ceux du Groenland, merci Ségolène Royal). C'est incroyable comme certains sont bleus, ce sont les fameux icebergs schtroumpfs. Manque un peu de pingouins ou d'ours blancs.

Le bateau te dépose à Candelario Mancilla où tu vas pouvoir camper. Candelaria Mancilla, comment dire, tu peux pas vraiment parler de sa place centrale et son église car il y a juste une maison et le champ où tu peux camper. A 1 km, t'as le poste frontière chilien, puis 16 bornes de piste et 6 bornes de chemin boueux pour rejoindre le lac Desierto en Argentine.

La dame qui vient encaisser son dû pour le camping te dit que si tu veux, t'as une camionnette qui peut t'emmener où juste ton sac jusqu'à la fin de la route carrossable, à la frontière avec l'Argentine, soit 16 bornes. Pour ton sac, ça coûte la somme faramineuse de 6 euros. Oula, grosse discussion avec ton genou gauche pour savoir si l'investissement en vaut la peine.

Finalement t'es parti le lendemain matin d'un pied léger, serrer la pince aux douaniers chiliens et marcher tranquillement jusqu'à la fin de la piste où t'as attendu 1h que la camionnette arrive. Elle a aussi débarqué un couple de roumains qui eux avaient pris l'option totale.

Le groupe de français fait encore plus fort, ils ont pris l'option cheval pour les bagages et ainsi ils ont rien à porter même sur le chemin argentin ; feignasses, ces français !

Étrange, t'es à la frontière, côté chilien, t'as une piste, côté argentin un chemin boueux. Déjà, c'est très surprenant qu'il y ai un passage frontière ouvert ici car il y a rien, pas de village. Tu prends tout ton barda et c'est parti pour 6 km dans la forêt, à traverser des petits ruisseaux, s'enfoncer dans la boue quand, juste à la sortie de la forêt, pan dans la gueule ! Tu te retrouves en surplomb du lac avec au fond le fameux Fitz Roy. T'as pas le grand ciel bleu, normal, mais la surprise est sympathique. Le grand piton rocheux qui s'élance vers les ciel...et les nuages.

Reste plus qu'à descendre jusqu'à la rive du lac pour taper le bout de gras avec le douanier argentin. T'as vu par la fenêtre de leur bâtiment qu'un autre douanier préparait des beignets. T'as essayé de soudoyer le douanier en lui demandant s'il y avait pas moyen d'acheter un truc à grignoter. Que dal, incorruptibles ces douaniers argentins.

4h d'attente pour chopper le bateau et ensuite le bus qui te ramène à El Chalten. Histoire de t'occuper, t'es allé faire chier une dizaine de grosses pintades qui bullaient dans l'herbe. Ouais, c'est petit.

Gros choc en arrivant à el Chalten...

Ricardo gréviste du genou

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Ouais, un choc visuel en arrivant à el chalten

Les 2 dernières semaines en Patagonie côté chilien, tu n'as vu que des petits villages avec très peu de touristes ou même peu d'habitants. Presque personne dans la rue, l'impression d'être au bout du monde. Ici, changement radical, c'est que des miss et mister doudounes avec sac à dos qui déambulent dans la rue. Plein de bars et de restos débordant de touristes et on n'est pas encore en haute saison. Tu te demandes s'il y a un seul local dans le coin. Le village s'est transformé en Mecque du trek et de l'escalade. Pas étonnant, il est au pied des pitons rocheux comme le Fitz Roy et le cerro Torre.

Pour l'escalade, tu vas oublier, faudrait perdre 10 kg de gras et les remplacer par des muscles. Tu vas rester sur le trek. Pas besoin de guide, les chemins sont faciles et en plus tout le parc est gratuit !

Pour le premier jour t'as décidé de commencer par la laguna Torre, un petit 20 bornes aller retour. Vu le peuple au bled, tu vas essayer d'éviter la foule. Départ à 8h du matin. Il fait beau, ça monte tranquillement dans la forêt. Même un charlot mentonnais y arriverait, ça donne une idée de la difficulté...T'arrives au point de vue sur le cerro Torre.

Ouais, le cerro Torre, c'est le piton sur la droite. Vous le voyez pas ? Derrière les nuages. Regardez mieux, agrandissez la photo. Toujours pas ? Oui, il y a du soleil tout autour mais les nuages sont dans la vallée et ont décidé de faire un sitting juste devant le Torre. Pas grave. Tu continues direction la laguna Torre qui est au pied du Torre. Un peu déçu par la couleur, t'imaginais un lac bleu ou vert émeraude mais non, le lac a une drôle de couleur marron. Et au fond du lac, tu peux voir le glacier. Tu peux longer une partie du tour du lac pour t'approcher du glacier. Alors si vous voulez savoir s'il avance ou recule, demander à Wiki Franky.

Le cerro Torre? Oui, oui, il doit être toujours là, quelque part derrière la masse de nuages. A cette heure on doit être une quinzaine devant le lac. Quand tu reviens du glacier, les marcheurs 'grasse mat' commencent à arriver par paquet. Il y a de tout, de la petite jeunette au papy avec son sac à dos qui doit dater de la guerre de 14. Les 'grasses mat' ont eu plus de chance, le temps s'est dégagé en fin d'après midi...

2ème journée, un très grand ciel bleu est prévu. Tu pensais aller au lac de los tres, point de vue sur le Fitz Roy. Comme la veille, le cerro Torre était introuvable, t'as décidé d'y retourner et donc d'enchaîner les 2, soit plus de 30 bornes. Rien qu'à y penser le genou gauche fait de la résistance. Et histoire de déconner, t'es parti en sandales.

T'as 9 bornes pour rejoindre la laguna de los très dont 8 super pépères. Tu passes à travers des grandes forêts, des zones de taillis, des petits lacs et tu peux voir au loin le fameux Fitz Roy qui pointe vers le ciel.

En étant parti à 7h30, y a pas trop de monde sur le chemin. Reste le dernier kilomètre. Ahha, fini le chemin terreux à plat, celui-là n'est que de la montée pentue dans de la rocaille. C'est là où t'es content d'être en sandales. T'as du monde qui se traîne dans la montée avec le tout dernier équipement super technique genre grosses chaussures de trek pour monter à l'Everest. Ils ont pas dû comprendre quand un charlot en sandales, les pieds en sang, les a enrhumé en passant.

Arrivé en haut du chemin, vue sur le lac et le Fitz Roy en arrière plan. Le lac, en partie glacé, est cette fois d'une jolie couleur bleu-vert.

Pour redescendre, rien de plus simple que de courir. Top les sandales dans la rocaille. Tu redescends au moment où le gros du troupeau monte. Tu pensais que vu la pente ça en découragerait certains mais à part les mamies, y a du monde. Ça monte à la queue leuleu. Faut éviter d'être en bas de la montée vers 11h si tu veux éviter la foule. Les mentonnais mais aussi Gabriel et les charlots du Kremlin, laissez tomber, vous n'y arriverez pas.

T'as ensuite 10 bornes de traversée en longeant des lacs pour rejoindre le chemin qui va à la Laguna Torre. Puis 3 bornes pour rejoindre à nouveau la laguna. T'es rassuré, tu vois de loin le cerro Torre. Ça serait ballot d'y retourner sans rien voir.

C'est vrai que sans les nuages, ça rend pas pareil. Vous le voyez cette fois le cerro Torre ? Oui, le plus grand des pitons ! Ça valait la peine de revenir. Reste les 10 bornes pour rentrer.

Côté pieds, ils ont pas trop appréciés les parties caillasses et basse vengeance de leur part, t'as des cloques pleines de sang. Ça boitille dur sur la fin...

Ricardo sandalito

Le fameux submarino argentin

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Direction le sud à el Calafate. Le paysage change complètement, on passe de forêts à de la toundra ou pampa (enfin, un truc qui se termine en 'a') à perte de vue. C'est plat, c'est raz et des arbres y en a pas. Toutes ces zones immenses sont privées. Il y a une estancia qui possède 90.000 hectares (non, pas d'erreur sur le nombre de zéros) et elle est même pas foutue de couler une grande dalle de béton pour faire un parking, ouvrir un campanile ou un hyppo. Mais non, de l'herbe à perte de vue.

Autres nouveauté, caractéristique de la Patagonie que t'avais pas encore trop eu, le vent. Ah mais ça souffle grave. Personne a perruque s'abstenir.

Au moins El calafate fait vraie ville même si elle est très touristique. 18h, tout le monde revient d'excursion. Bon, ce sont pas les mêmes touristes qu'à el chalten. Ici on est plus proche du 'mentonnais' qui fait attention à chaque pas. Un coup de vent et hop, la chute avec un col de fémur en miettes.

Côté gustatif, vous connaissez le guanaco? Un cousin de Gérard le lama. Autant sur l'altiplano, la vigogne est intouchable autant en Patagonie, le guanaco termine en ragoût.

Alors pourquoi venir à el calafate ? Son église, sa place centrale? Non, terminé ces conneries. Tu viens ici pour voir le fameux glacier Perito Moreno dit Pepito pour les intimes. Le glacier termine dans l'immense lac Argentine. Alors, avant que wiki Franky raconte des conneries, Perito veut dire expert et Moreno est le nom d'un géographe argentin qui a défendu les intérêts argentins lors du découpage de la frontière dans le coin. Et pour Pépito, euh.... Sinon, le bougre fait quand même 250 km2, 30 bornes de longueur. Par contre il se déplace comme un parisien dans les embouteillages un jour de grève, soit 2m par jour.

Arrivée sympathique avec une fin d'arc en ciel sur le glacier. Ça pouvait pas mieux commencé.

T'as tout un ensemble de passerelles face au glacier où les gens déambulent qui permettent de voir à la fois les côtés sud et nord du glacier. T'es face à un mur de glace bleu et blanc (oui couleur schtroumph) de près de 60m de haut. Alors, pepito fait souvent du bruit, il grogne. Dés le moindre bruit, tout le monde s'arrête et espère voir un pan de glace se détacher du glacier.

Toi, t'as choisi l'option kayaking. T'as réalisé que tu t'es planté d'un zéro sur le prix de la sortie en kayak. Vu le prix, t'es avec le gratin des touristes, fini ces va nu-pieds d'auto stoppeurs. On est une dizaine de milliardaires, 5 kangourous, 2 America first, 2 locales et l'humble représentant du savoir vivre à la française... On nous a déguisé avec des combinaisons qui permettent de supporter l'eau 'rafraîchissante' du lac et on à le droit aussi aux consignes de sécurité en cas où on se retourne. Les kayaks oranges sur le lac couleur avec en arrière plan le glacier, ça en jette. Dommage que tu puisses pas en mener ton appareil photo. Ils ont peur qu'on s'arrête toutes les 2 minutes. Tu partages le kayak avec un des kangourous. Ils ont mis les 2 plus costauds ensemble. Par moment le vent se lève et souffle très fort provoquant des vagues. Même en pagayant dur, on recule. Faut imaginer les 2 nanas d'Argentine qui avaient déjà du mal quand c'est calme. Tu t'en doutais un peu mais on s'approche pas à 10m du glacier ni même à 100m. De toute façon, chaque fois qu'on s'approche, le vent se lève et nous repousse. T'as des morceaux de glace voir des petits icebergs qui se sont détachés du glacier. Avec le kangourou, on s'est rapproché jusqu'à le toucher. Réprimande du guide, c'est dangereux. Bah, au pire s'il se retourne, on testera l'étanchéité des combinaisons. L'eau fait 4 degrés, ça devrait aller !

Entre le vent et les vagues, les 2 guides ont décidé de rentrer. Ça leur est arrivé une fois sur un vent tourbillonnant que les 7 kayaks de touristes se retournent en même temps. Ils préféraient éviter ce genre de fun.

T'as plusieurs glaciers qui donnent sur le lac Argentino. Histoire de te fondre dans la population touristique t'as décidé de faire une sortie en bateau pour aller voir 3 glaciers. Ça craint, tu commences par une journée de bateau et tu finis dans qqs années sur du 12 jours de croisière en méditerranée avec Bernard Montiel en guest star. La croisière s'appelle gourmet. Tout un programme. Apparemment gourmet en espagnole ça signifie un sandwich.

Allez c'est parti. On doit être 250 sur le bateau. Petite question. Où pensez vous qu'il y a le plus de monde qui attend ? Non, pas sur le pont pour faire des photos. On est 250 et il y a 2 toilettes. Vous avez trouvé ? T'as pas trouvé Bernard Montiel mais son équivalent qui raconte la vie des glaciers. T'as aussi le photographe professionnel du bateau qui fait dégager le monde pour photographier ceux qui veulent une photo en faisant le V de la victoire. Apparemment c'est la pause fétiche du photographe, on est un pro ou pas. T'as longuement hésité, c'est le V qui t'a pas convaincu.

Direction le premier glacier Spegazzini. En fait t'as plein de glaciers qui donnent sur le lac et tu peux voir qu'ils ont bien reculés. T'as une tranchée marron entourée d'arbres où se trouvait avant le glacier.

Petit stop pour ramasser des glaçons et ensuite ils te vendent le whisky on rock.

Le glacier Spegazzini fait 80m de haut. En bateau, on peut s'approcher assez près et bien entendu faut se battre pour arriver à faire des photos sans trop de pingouins avec des perches à selfi. Ça ne se voit pas sur les photos mais t'es entouré de selfi people. Alors un coup de pied dans les tibias, un coude dans l'œil du voisin, un croche-pied à un gamin qui tombe malencontreusement à l'eau et hop t'arrives à avoir une place devant.

Gros coup de pot, un gros morceau de glace s'est détaché devant nous mais le froid a ralenti tes réflexes. Bah, au moins vous verrez l'immense tsunami qui nous arrive dessus.

Le 2ème glacier est l'Upsala. Alors, sous prétexte que monsieur est un gros producteur de glaçon, on ne s'approche pas. Soit disant, on pourrait participait tournage du prochain Titanic 2. Ils sont forts pour faire les marioles en ramassant des glaçons pour le whisky mais dès qu'on passe aux choses sérieuses, c'est profil bas. Patagonie, terre d'aventure je t'en fouterais. Bon, on s'approche quand même de 2-3 icebergs afin de consommer de la péloche. Finalement le ciel gris rend pas trop mal en photos.

Histoire de se dégourdir les pattes, tu peux descendre marcher 500m dans le parc national. Attention, c'est pas donné à tout le monde, c'est le seul bateau qui a l’autorisation de débarquer son troupeau. En parlant de bétaillère, le problème qu'ils ont ici dans le parc, ce sont les vaches sauvages. Lorsqu'ils ont viré tous les habitants pour en faire un parc national, ils ont oublié des vaches. Chaque année un gaucho vient dans cette partie du parc pour essayer d'en rassembler un maximum. Alors, si ça intéresse quelqu'un un boulot saisonnier ? Vous êtes logés dans une jolie maison, des piafs comme voisin; Pour la nourriture, si vous êtes pas foutu d'attraper une vache, ca sera la diète. Végan s'abstenir.

Allez, la croisière s'amuse navigue maintenant vers Pépito, le clou de la journée. Tu l'as vu la veille en kayak avec un grand soleil, ça rend pas exactement pareil.

Pour clôturer la journée, ils passent une chanson apparemment très connue par les argentins, certainement la version locale 'on fait tourner les serviettes'. Donc tu redescends du pont et tu rates l'énorme pan de glace qui se décroche. Ça t'apprendra à ne pas écouter les grands hits argentins.

Après ces 2 jours, tu peux cocher la case 'glacier'...

Ice Pépito Ricardo

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300 bornes de bus pour descendre à Puerto Natales au Chili. Côté argentin, 200 bornes de plaine où seulement 2 choses dépassent les 20 cm de hauteur, les clôtures qui longent la route sans fin et les guanacos. Tu passes la frontière chilienne, des montagnes, des forêts, du vert.

Vous entendez ce bruit ? Une sorte de gros ronflement régulier? Non ? Ah, c'est par ce que vous n'êtes pas assis dans le bus à côté d'une australienne qui a ronflé pendant tout le trajet. Et dire que t'as arrêté les dortoirs pour éviter les ronfleur, ahah.

Puerto natales, en arrivant, t'as halluciné, une place avec son église ! Y a pas des milliards de chose à voir dans la ville. Et le dimanche à part faire 2h de queue au supermarché, c'est un peu ville fantôme.

Alors, tu t'es lancé dans la photo de...pontons.

Et ouais, y a pas tous les jours des lacs rouges, des glaciers. T'as aussi le moment bucolique avec maman cygne qu'a foutu sa tête dans pot de peinture noire et qui se balade en famille.

Puerto Natales est aussi une ville d'artistes avec ses créations incroyables.

A part ses fameux pontons, Puerto natales est surtout le point de départ pour le trek au fameux Torres del Paine. L'endroit le plus touristique du Chili.

Tu peux faire une balade à la journée, faire le W soit 3 jours de trek, soit faire la boucle complète qui s'appelle le O en 6-9 jours. Il faut réserver 6 mois à l'avance les campings ou refuge. C'est quasiment 80 euros la nuit dans un dortoir en refuge, t'as pris l'option emplacement pour la tente qui coûte plus cher qu'une nuit dans d'une guesthouse en ville. Oui, on peut le dire, des voleurs !

En plus, t'as réservé dans l'urgence sans trop regarder et t'as réservé 2 nuits au même camping. Balaise le Ricardo.

Faut faire les courses, 7 jours de bouffe, ça peut faire lourd. Le truc le plus léger et calorifique, les plats lyophilisés. Ils connaissent pas ici à part en croquettes pour chat. 7 jours de croquettes pour chat, mouais. Ils ont des plats préparés à réchauffer au bain marie mais leur sachet sont super lourds. Tu te rabats sur les nouilles chinoises. 3 supermarchés, que neni. Pour une fois que tu cherches un produit chinois. Au fait pas un resto chinois en Patagonie, les chats et les chiens peuvent déambuler tranquillement. Finalement tu trouves un fond de noddles dans le dernier supermarché, t'en as acheté 15 paquets. Bon, c'est pas non plus 15 noddles qui vont te nourrir 7 jours. D'autres touristes font des courses, curieux, tu regardes leurs achats. La vache, ils achètent 5 grands bocaux en verre de sauce tomate. Hein, ils font comment ? Ils ont des porteurs? 3 paquets de biscuit, 2 boîtes de thon, 2 saucissons (important), 1 bout de fromage, un peu de pain. Voilà les bons petits plats pour les 7 jours à venir.

Au fait, quitte à parle emplette...t'as un pote, le fameux chapichapo qui t'a passé une commande. Chapichapo est le plus grand pêcheur du Kremlin-bicêtre, ouais ça en impose. Même les poissonniers dans sa rue lui commande du poisson ! Et pour assurer sa position de number one, il veut un magnet pour son frigo (la honte) ou un porte clef avec un saumon patagonien. Sur les 2 dernières semaines t'as fait plus de 1000 bornes en Patagonie, t'es passé par des villes très touristiques avec plein de magasins de souvenirs, tu les as tous fait, tous. T'es à Puerto Natales, dans la plus grande boutique de souvenirs. Il y a de tout, du pingouin, du renard, de l'aigle, de l'ours et du mouton à toutes les sauces et même peut-être de la belette à poil roux en cherchant un peu. Tu demandes à voix basse un peu honteux s'ils ont pas qqchose avec un saumon. Grand sourire du vendeur s'adressant à un demeuré avec cette réponse 'mais personne ne demande qqchose avec un saumon'.

Chapichapo, ce sourire qui s'adresse à un couillon, je l'ai eu systématiquement depuis 1000 bornes. Merci! Dernière solution acheter une aimant, une plaque de bois, un clou et acheter un saumon. T'es au bord de l'océan dans un fjord et bien va trouver un poisson dans un supermarché. Que dal.

Donc, t'auras quand même ton magnet, faudra être juste un peu imaginatif pour y voir un saumon.

Demain, c'est le démarrage du trek. T'es tellement confiant sur la météo que t'as même pas amené ta crème solaire. Oui, celle achetée il y a 4 mois...

Salmon Ricardo

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1er jour

'Goooood morning patagoniaaaaaa. Ici radio patagonia, la radio du blabla. Contrairement à nos amis (ou pas) parisiens, vous ne devriez pas trop trouver de bouchons sur la route. Il est temps de démarrer cette première journée de Trek. Bonne journée à tous ceux qui vont en baver.''

Le tout premier bus du matin est plein. Un gars dans le bus dit que les prévisions météos sont bonnes sur les prochains jours, cool. Premier stop pour déposer ceux qui font le circuit W. Tu te retournes dans le bus, t'es tout seul. La vache !

Un vent monstrueux secoue même le bus. Il se met à pleuvoir et à neiger. Au moins c'est clair, tu sais à quoi t'attendre. T'as fait 2-3 photos à partir du bus, pas sûr que t'es une meilleure vue plus tard. Si c'est comme ça tous les jours ça va être folklo.... On te file une carte du trek avec les conseils comportementaux en cas de rencontre avec un puma. Être poli, lui serrer la patte, ouais les trucs de base du savoir vivre en milieu animal. Sans déconner, vu le monde qui passe, si un puma se pointe c'est qu'il est vraiment en manque de chaleur humaine ou qu'il veut prendre un thé avec un nuage de lait. Bah, on sait jamais, t'as du lipton.

Le premier camping Seron est à 13 bornes. Franchement, le paysage pour cette première marche est loin d'être exceptionnelle, pas super emballé pour l'instant. Le plus impressionnant c'est les changements constants de météo. Le vent s'arrête 30 secondes, tu crèves de chaud, il souffle à nouveau, glacial, tu te pèles. Compliqué de s'habiller correctement. T'as pris dans la tronche un paquet de flotte alors si tu recroises monsieur météo, tu vas lui péter 2-3 genoux.

Arrivé au camping, il y a plein de monde et le soleil réapparaît. Désolé pour tes genoux, gars... En fait beaucoup arrivent à Torres et commencent le O que le lendemain. Tu pensais que le refuge était basique mais non, ils préparent des repas, ils vendent même des alcools et tu peux même payer pour du WiFi. Tu peux louer des tentes et matelas pré installés. En fait tu peux faire toute cette semaine de trek en ultralight, juste avec ton slip kangourou de rechange, tout le reste est fourni. Y a même un couple qui n'a ni tente ni bouffe et en plus a pris un porteur et un guide, respect! Donc les baltringues mentonnais ou celui qui porte un pantalon orange, vous pouvez le faire.

Toi avec toute ta bouffe que tu trimbales, tu dépasses largement les 20 kg et t'as le dos plié en deux. Tu vas peut être en 'oublier' en cours de route dans des refuges. Il y a même des douches chaudes, en se croirait au camping des flots bleus. On dirait pas mais ça pèse lourd un paquet de lingette inutile.

T'as un grand champs pour installer ta tente. Tu t'installes à une distance raisonnable des autres. 1h plus tard d'autres arrivent et s'installent à 2m d'une autre tente. Ahaha. Le premier gars pas super ravi prend sa tente et la déplace de 100m histoire d'être sûr que t'as pas un autre gus qui va encore se coller à lui. T'es mort de rire. Tu viens faire dans la nature faire du camping, t'as toute la place pour t'installer et tu viens te coller à un autre. C'est quoi l'idée ? T'as besoin de retrouver ton quotidien d'une grande ville où on vit les uns sur les autres ? Et puis, tu préfères quoi, être réveillé par les pets matinaux de ton voisin de tente ou par les gazouillis des piafs ?

Bon, t'as moins rigolé quand 2h plus tard un couple a posé sa tente à 2m de la tienne. Tu les as bien fixé puis t'as déplacé ta tente de 50m. Le mec a demandé innocemment s'il pouvait t'aider.

Il y a une saloperie que t'avais pas vu depuis 2 mois, le moustique. T'as laissé ton produit anti moustique en ville. Ici, c'est pas le moustique intelligent qui détale quand tu lèves la main. Non, le local vient déjà en groupe et reste posé sur toi jusqu'à ce que tu lui exploses la tête. En 5 minutes 10 piqûres. Le refuge vend une bombe anti moustiques au prix d'une nuit d'hôtel. Bienvenu à business land.

Alors, avant de lui mettre une grande claque, t'as discuté avec un des moustiques pour comprendre. Déjà, il t'explique que sur le trek du O y a moins de viande sur pattes qui vient donc faut pas rater les occasions, que du sang de grenouille blindé de cholestérol c'est comme du champagne pour lui et enfin qu'ils sont assez simplets car ils sont importés de l'Eure et on n'est pas très futé là-bas.

Aaaaaaah, un bon dîner à base de nouilles chinoises et une boîte de thon, ça fait rêver.


2ème jour

''Goooood morning patagoniaaaaaa. Ici radio patagonia, la radio du blabla. Un beau ciel bleu est annoncé et nous vous demandons une minute de silence pour celui qui se traîne les 2 genoux pétés par un grincheux de la météo. Bonne nouvelle, vous êtes tous impatiemment attendu pour un petit déjeuner surprise. Bonne ballade à tous, la circulation sera fluide. C'était radio patagonia''

Attendu pour un petit dej surprise ? Bizarre. Le soleil est déjà levé à 5h, mais tu grassouilles jusqu'à 8h (ouais, t'es en vacances). Tu sors de ta tente pour voir ce qu'est ce fameux petit déjeuner. Des dizaines de moustiques impatients se jettent sur toi. Putain, c'est toi le petit déjeuner. Quelle conne cette radio ! Impossible de pisser tranquillement, il faut se badigeonner d'anti moustiques avant de faire le moindre pas.

Des gens sont partis prendre leur petit dej en laissant étaler leur affaire. Un piaf de la taille d'une grosse poule mais avec un air pas sympathique s'est pointé, a inspecté leur affaire et a commencé à déchirer un sachet plastique de bouffe. Au bout de 5 minutes qqun est intervenu pour virer le piaf et jeter le sachet en plastique totalement déchiré. Le piaf a pas lâché l'affaire, il s'est ensuite attaqué à un autre sachet. T'es intervenu mais bon, t'es pas non plus le gardien du matos pendant que les autres déjeunent tranquillement. T'es parti les prévenir. En revenant, t'as vu le piaf qui a du en avoir marre de ne pas profiter tranquillement de son braquage et a eu l'idée d'embarquer son larcin plus loin. Le gars lui a couru après, il courre toujours. Il est con ce piaf, il aurait dû venir te piquer ta bouffe mais bon, nouilles chinoises ça fait pas rêver, même un piaf.

18 bornes pour rejoindre Dickson, le prochain refuge. Ça démarre par ce même paysage genre 'petite maison dans la prairie'. Puis tu passes de l'autre côté d'une colline et enfin t'as un superbe vallée avec un fleuve qui serpente d'une jolie couleur bleu glacier. Ça tombe bien, t'as un glacier dans le paysage.

Arrrhhh control paper bitte ! Le chemin passe par un refuge de rangers qui vérifie que t'as bien des résas pour les 2 prochains campings, pas de résas et tu dois faire demi tour. Super contrôle, tes papiers sont illisibles mais ça passe quand même.

L'arrivée au refuge Dickson est superbe. Il est installé dans un des méandres de la rivière à côté d'un bosquet. Les tentes pré-installés attendent ceux qui voyagent léger. T'es dans les premiers, on t'explique où tu peux t'installer. Donc tu vas loin. Un gars qui, arrivé en même temps que toi, est beaucoup plus sociable. Il a installé sa tente au milieu de toutes celles pré installées, il doit y avoir 2 mètres entre chaque tente. Encore un gars qui aime le bruit des ronflements et les pets nocturnes.

4h adossé à un tronc d'arbre à buller tranquillement en regardant le glacier et les...oh purée, et les nuages se pointer. Ça risque d'être sympa demain. Un guide explique à ses clients qu'une journée comme aujourd'hui avec un grand soleil n'est pas une journée classique en Patagonie mais que demain on devrait avoir pareil.

Ah, nous avons une première trompette. Un israélien dit qu'il s'est blessé et qu'il peut pas continuer. Incroyable ces trompettes de Jéricho. Ils vont lui pendre 350 euros pour faire les 30 km de piste en bagnole.

Spécial soirée pizza-bières. Oula, ça te démange mais non t'as trop de truc à bouffer dans ton sac. Des bonnes nouilles chinoises avec une boîte de thon, un délice. Oui, oui comme la veille et comme demain.


3ème jour

''Goooood morning patagoniaaaaaa. Ici radio patagonia, la radio du blabla. Ami trekkeur, nous vous annonçons un terrain gras pour cette journée. Et le dicton du jour est : ne croyez jamais un guide concernant la météo''

Alors, vous n'imaginez pas comme s'est agréable de se réveiller par de doux flics flocs sur sa tente. Flic floc, flic floc. Continuel sans la moindre pause. Le temps est couvert, il pleut. C'est pas la même météo aujourd'hui. Il est où ce con de guide histoire de lui chauffer les genoux?

13 bornes pour rejoindre le prochain camp 'Perros', 13 bornes de montée dans la forêt sous une petite pluie dans la gadoue. Faire des photos? De quoi ? Des nuages ? De la boue ? À 5 minutes du camp, il y a le lac los perros et son glacier. Ça doit être beaucoup plus joli avec un poil de soleil. T'es trempé, tes grosses chaussures de trek en goretex sont aussi étanches que des babouches chinoises.

Le refuge est dans la forêt humide et il faut te trouver maintenant un coin où tu patauges pas dans la gadoue pour monter ta tente. T'as pleuré à l'accueil et ils t'ont filé un grand sac poubelle que t'as ouvert en deux pour faire un semblant de protection sur le sol. 13h. Il fait froid, tu peux même pas buller dehors, la journée va être longue sans parler de la nuit. Les joies sans fin du trek... Le dîner ? D'après vous?

T'as discuté avec un chinois qui était en manque de nouilles, sans déconner.

4ème jour

''Goooood morning patagoniaaaaaa. Ici radio patagonia, la radio du blabla. Et oui, aujourd'hui c'est le grand jour du 'O'. Un message de notre sponsor Kleenex : Soit vous allez pleurer, soit vous allez juste un peu pleurnicher'

Pour une fois, elle raconte pas trop de connerie, cette radio. C'est le jour de la roulette chilienne côté météo, tu peux prendre très très cher en cas de mauvais temps. Les parks rangers veulent que tu démarres le trek avant 8h du matin. 18 km et ils l'estiment à 11h de marche. 11h de marche pour moins de 900 m de dénivelé et monter jusqu'à 1200m. Waouh, c'est l'estimation pour ceux qui ont les genoux pétés ?

Du coup, tout le monde est parti très tôt. Tu pensais grasse mat jusqu'à 8h mais quand tu entends certains partir dés 5h00, tu t'inquiètes un poil. T'es parti comme un couillon à 7h. Il donne 6h de marche pour rejoindre le col de John Gardner à 1200m d'altitude. Bon, c'est vrai que ça monte un peu et ça pique un peu les cuisses surtout avec un gros sac sur le dos. T'en as rattrapé des gus qui pleuraient. Alors, tu t'es rappelé de ton ascension du Kili où, alors que t'étais à moitié mort, le guide marchait devant toi en chantant et dansant. Une grosse démangeaison à l'époque de lui plier un genou. Du coup, histoire de déconner t'as décidé de faire pareil. A chaque fois que tu rattrapais qqun, tu te mettais à siffloter et à accélérer genre trop facile pour toi. Mais dés qu'ils te voyaient plus, tu ralentissais pour récupérer de tes conneries. Ouais, faut être un peu con. Ça a du en énerver plus d'un.

On a eu quand même beaucoup de chance avec la météo. Car une grosse partie de la montée est dans la boue, la neige et la rocaille et avec un temps dégueulasse comme la veille ça n'aurait pas aussi facile. Y a 3 semaines certains ont marché dans 30 cm de poudreuse.

Juste avant d'arriver au col, énorme rafale de vent glaciale, impossible d'avancer. En t-shirt, casquette, ça picote un peu. Tu sens plus ni tes mains, tes oreilles.

Une fois arrivé au col, la vue est superbe. Tu surplombes l'immense glacier Grey. T'aurais passé le col la veille avec le temps de merde, t'aurais moins fait le guignol. En tout cas à faire le con en accélérant t'as mis 2h au lieu de 6h pour arriver au col. Le plus dur, la descente dans la gadoue.

Incroyable, tu vois quoi sur le chemin ? Un puma ? Non, mais plein de traces de Puma dans la gadoue du chemin. Le bougre doit suivre tranquillement le chemin. Un coup de chance, non ? Mais il y aussi d'autres traces, celles de Salomon, North Face, Merrell, ouais toutes les marques.

Tu longes le glacier avec parfois une percée dans la forêt pour voir le gros glaçon. Il semble beaucoup plus large et long que Pépito argentin.

Et là c'est le drame, t'as failli faire demi tour. (pour info le trek du O se fait dans un seul sens donc tu croises personne jusqu'au W). 3 jours pour revenir au point de départ, t'as hésité. T'es face à un p...de pont suspendu. Très haut et très long (en tout cas pour toi) et il gigote le bougre. Et quand t'as le vertige, c'est pas le genre d'obstacles que tu apprécies. Les câbles pour se tenir sont en dessous du niveau de ta taille. Oh galère ! T'as pris un point fixe de l'autre côté, t'as plié les genoux au maximum pour être le plus bas possible et tu t'es lancé. On t'aurait filmé, t'étais le guignol de l'année.

Bon, c'est passé. 45 minutes plus tard un autre pont suspendu mais 2 fois plus long et 2 fois plus haut. Oh madré de Dios. Même technique, même ridicule. Et comme on dit jamais 2 sans 3 mais le dernier est beaucoup plus petit. Frisette celui là, ou presque. T'as un gars qui était en train de le traverser dans l'autre sens, il a encore plus la trouille que toi. Tu l'as prévenu qu'il allait pleurer sur le prochain. Ouais, tu croises maintenant des gus sans sac à dos qui vont voir le glacier. On n'est plus très loin du camp Grey qui est un point de départ du fameux trek du W. Et là, y a un paquet de monde, bienvenue sur les champs elysées du trek chilien et sur les campings HLM.

O Ricardo le siffleur

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5ème jour

''Goooood morning patagoniaaaaaa. Ici radio patagonia, la radio du blabla. Fini les balades sur les petites routes départementales, bienvenu sur l'autoroute W des vacanciers de tout poil. Ne soyez pas surpris si ceux que vous ne croisez ne répondent pas à votre hola''

Joli temps Patagonien, du nuage, quelques gouttes du pluie pendant les 2h30 de marche et ensuite du soleil en arrivant au joli camp Paine Grande. Des grands bâtiments pour cuisiner et buller, des douches chaudes... Le camp est au bord du lac Pehoe, d'une superbe couleur bleu canard wc avec une vue sur plusieurs pitons rocheux au fond de la vallée Frances. Quand c'est dégagé, c'est superbe.

Y a clairement du baltringue de première ici. Et t'as trouvé la championne du monde. Celle qui vient faire du trek avec une valise à roulette. Après avoir vu ça...

Le soir, pendant que tu cuisines (le mot cuisiner est un peu fort) tes noddles avec ta boîte de thon, tu tombes sur des gens croisés il y a 1 mois à Chiloe, d'autres il y a 2 mois au Brésil. A se demander si c'est pas un hub de tous les voyageurs. T'as recroisé le couple des Barbades, ils venaient de marcher avec 7 kg sur le dos, c'était la fin du monde.

Alors, une grande première. T'as encore un charlot qui a installé sa tente pas très loin de la tienne. 22h, tu vas te coucher. Ça paraît pas tard mais quand tu marches en montagne, généralement tout le monde est couché tôt.

Tu t'installes dans ta tente, ton voisin se met à jouer du pipeau dans sa tente. Du pipeau ! Sans déconner ! Si encore il jouerait bien. A se demander si c'est pas une vengeance de ceux où tu sifflais quand tu les doublais. Mesquin !

6ème jour''Goooood morning patagoniaaaaaa. Ici radio patagonia, la radio du blabla. Vous allez vous engager dans la partie centrale du W. Des embouteillages sont prévus vers les 11h. Le dicton du jour, s'il a pas plut, c'est qu'il va pleuvoir plus tard !''

La radio t'a prévenu que le chemin pour monter au mirador Britanico, un des hot-spot du W, pouvait être embouteillé. Donc, l'idée s'est de partir très tôt du campement Paine Grande, rejoindre le camp Italiano pour laisser ton sac et monter léger dans la vallée Frances jusqu'au point de vue.

Arrivé au camp Italiano, il est 7h30, tu laisses ton gros sac et tu enquilles la montée dans la vallée. Ça tire un peu sur les cuisses. Temps patagonien, pluie, vent, des gros nuages au loin. Plus tu t'enfonces dans la vallée plus c'est gris. Le mirador Britanico te permet de voir les fameux pitons Torres del Paine mais de l'autre côté. C'est dans 2 jours, que tu le verras sur son côté' classique' si le temps le permet et inchallah bien sûr. T'es récompensé par un semblant de soleil quelques minutes. Tout le fond de la vallée est fermée par des pitons rocheux. Ça doit être très beau avec un grand soleil. On a poireauté 1h espérant une éclaircie mais walouh. Et effectivement dans la descente, tu croises un paquet de pèlerins qui montent. Arrivé au camp Italiano, ton sac s'est reproduit, ça vous donnera une petite idée du monde sur le chemin.

Direction le camp Frances où t'as pas de réservation pour cette nuit mais pour le lendemain. En pleurant un peu, t'as le droit de planter ta tente. Ah ouais...ici, ils aiment pas les gens qui viennent avec leur tente. T'as 5 misérables emplacements en pente pour t'installer. La nuit va être difficile si en plus t'as un joueur d'accordéon qui s'installe à côté.

L'endroit pour se faire sa popote est minable. Depuis le début, tous les camps ont des bâtiments fermés et sympas pour qu'on puisse cuisiner et diner facilement. Ici, rien, 3m2 pour 50 personnes avec son réchaud pour essayer de cuisiner.Tu te dis, vu le coin cuisine, ce soir tu vas dîner dans leur resto. Déjà c'est 30 euros le menu, ça fait un peu mal au c... Et vous savez c'est quoi le plat principal? Des nouilles. Ahah, t'en manges tous les soirs. Quand ça veut pas. La veille c'était saumon-patates, sniffffff

7ème jour

''Goooood morning patagoniaaaaaa. Ici radio patagonia, la radio du blabla. Chers trekkeurs, pensez à prendre vos palmes et votre tuba. Non, vous n'allez pas à la plage...mais c'est similaire. Par contre la crème à bronzer ne sera pas vraiment nécessaire.''

Nuit compliquée, déjà il n'y avait pas un seul emplacement à plat pour ta tente. Donc t'as passé la nuit à glisser sur ton matelas. Des rafales de vent à plier l'arceau de ta tente. Et enfin vers 4h du matin de la pluie. Vu la flotte qui tombe t'es pas très motivé à sortir de la tente pour te taper 13 bornes. Quand faut y aller. Tu démontes ta tente sous la flotte et, au joie, vue la pente et la pluie, t'as une rigole de flotte qui passe sous ta tente. Vous la sentez venir la journée de merde ?

Tu patauges dans la gadoue, certaines parties du chemin se sont transformées en ruisseau. Alors vous pourriez dire 'quel couillon celui la, il dit qu'il fait toujours soleil l'après midi, pourquoi il part le matin sous la flotte'. Vous avez raison mais il y a un 'mais'. Comme tu as merdé sur tes réservations de camping et que tu es un jour en avance sur tes résas, t'es jamais sûr quand t'arrives d'avoir une place pour toi. Et donc vaut mieux arriver dans les premiers pour chopper une place éventuelle.

Vu la pataugeoire, t'es parti avec tes grosses chaussures de trek Lowa. Alors, petit intermède publicitaire. Oui, quand tu utilises un super produit, tu veux en faire profiter tes millions de lecteurs : les chaussures Lowa sont tellement confortables que vous avez l'impression d'être pieds nus. Oui, c'est comme si vous marchiez pieds nus dans l'eau. Un litre de flotte dans chaque pompe, l'impression d'avoir les pieds enroulés dans une serpillière trempée et coulés dans des parpaings, un régal. Rappelez vous 'Lowa, en contact direct avec la nature'. 3h de marche de flotte à croiser des charlots venus en Jean's/basket grelottant sous la flotte.

Les paysages? Ben, t'as pas fait trop attention, il fait tellement gris, c'est con, le chemin longe le lac Nordenskjold qui est d'un bleu très beau au soleil et d'un morne gris avec ce temps. Tu passes devant l'entrée de la vallée où se trouve les fameux pitons Torres del Paine. Toute la vallée est dans les nuages. Tu vas y aller demain, inchallah.

Encore un camping Fantasticosur donc quasiment pas de place pour faire sa popote. 25 euros pour juste poser sa tente dans un coin d'herbe. Le camping est immense, le premier demeuré qui vient installer sa tente à côté de toi et jouer du clairon, il va prendre cher.

T'es dans le camp, une bestiole vient droit sur toi. De loin, tu crois que c'est un chien roux. Plus il s'approche moins il ressemble à un chien. Roux, le museau et les oreilles pointus, tous crocs dehors, et balaise. Non, pas un puma, toujours pas! C'est un renard, pas l'échantillon de renard que tu peux voir en France. Ici la bestiole t'arrive au genou. Il vient droit sur toi ce con. Il passe à côté de toi, genre rien à taper et va suivre un mec à cheval. Des chiliens qui passent par là te disent que c'est la masquotte du camp. Vu le nombre de lapins qui gambadent dans le coin, il a la belle vie le zorro.

De ta tente, tu vois la vallée où se trouve Torres del Paine. Pas une seule fois elle s'est dégagée pour laisser entrevoir un bout des pitons. C'est quitte ou double pour demain. Bon, vous le répéterez pas, mais t'en as un peu ras le bol des nouilles au thon donc comme on est à l'entrée du parc, il y a un resto et ça va être ta cantine pour les 2 prochains jours.

8ème jour

''Goooood morning patagoniaaaaaa. Ici radio patagonia, la radio du blabla. C'est votre grand jour pour aller voir Torres de Paine. Imaginez que vous êtes le premier week-end de départ d'en vacances d'été'

4h du matin, tu ouvres ta tente, il fait encore nuit. Allez grasse mat, t'es parti à qu'4h50...

2h30 de montée plus tard t'es devant la lagune Torres et les 3 pitons rocheux qui forment le fameux Torres del Paine. T'as un sacré coup de pot car le ciel est avec toi. C'est dégagé, un grand ciel bleu avec, ouais c'est vrai, quelques nuages, mais c'est 100 fois mieux que la veille. On doit être juste une vingtaine de gus à bonnet à pompon (pas toi, faut pas déconner non plus)

L'allemande avec qui t'a fait un bout du trek du O s'est pointée la veille à minuit trente, espérant faire des photos de nuit avec la lune. Et le ciel s'est dégagé juste quand t'es arrivé. Torres del Paine, ce sont 3 pitons rocheux côte à côte, le sud, le central et le nord. Pour les géologues du dimanche qui veulent des infos plus précises pour pouvoir briller en société, vous savez à qui demander, wiki Franky

Le temps a commencé à changer et les nuages à s'accrocher aux pitons. Il est temps de redescendre. Et là, c'est par paquet de 20, 50 voir 100 que tu vois des groupes débarqués. Les bus doivent tous décharger à la pelle en même temps ceux qui viennent à la journée plus ceux qui sont avec des guides qui font vraiment grasse mat.

Petit message perso pour le triple point au pantalon orange : t'as vu un couple montait au Torres dont l'homme avait un bébé de 2-3 ans installé confortablement sur son dos. Alors, on oublie Cuba et vous venez ici !

Les 500 pèlerins qui viennent de monter ont pas eu trop de chance car même si c'est pas couvert comme la veille, fini les pitons avec du ciel bleu.

De retour au camp, tu salives par avance d'un bon plat bien gras style hamburger frites. Désolé le four est en panne, pas de repas ce midi. Aaaarrrrhhh. Bon, il reste quoi dans ton sac à victuailles ? Des vieilles fajitas et des nouilles chinoises. Oh misère.

Au fait, tu parles plus des moustiques, ils ont disparu le lendemain où t'avais acheté ta bombe anti moustiques en or massif.

Ah oui, un petit encart publicitaire : 'vous aimez marcher les pieds mouillés indéfiniment, achetez des chaussures Lowa'. Ouais, 1 journée entière en plein soleil, elle sont encore humides...en fait elles doivent être étanche mais en sens inverse. Une fois l'eau dans les pompes, elle y reste, un nouveau concept ! Sans parler des semelles qui refusent de sécher en plein soleil. Tu t'es peut-être gouré en les achetant, pourtant t'étais bien au rayon piscine.

Et bien sûr, intelligemment t'as acheté la même marque en parpaing trempé et en petites chaussures de trek. Juste une petite photo sur les petites chaussures après même pas un an. Le point positif, tu fais bosser les cordonniers..

Finalement le O, t'auras eu un vrai temps de Patagonie mais avec à chaque fois un temps correct sur les hot-spot. Faire le O plutôt que juste le W ? Oui, sans hésitation, ne serait-ce que pour l'ambiance. Sur le O t'as vraiment l'impression d'être là pour faire un trek en montagne. Sur le W, tu retrouves côté camping beaucoup de jeunes et des chiliens et côté resto/hotel all inclusive beaucoup d'américains qui parlent très haut et fort mais qui la ramènent beaucoup moins dès qu'il faut marcher. Chacun son truc.

Par contre, très très très grosse déception!!!

T'as trimbalé tes sachets de thé pour rien. Le gros chat des montagnes s'est jamais pointé. Peut être qu'il manquait le lait.

Dernier jour

Il a plut toute la nuit et ça s'arrête pas. T'as vraiment eu la seule fenêtre météo correcte pour aller voir les pitons. Les américains auront une bonne raison de rester au resto.

Tes pompes ont finalement séché. Hors de question de les mettre avec ce temps, t'as décidé de rejoindre la station de bus à l'entrée du parc en sandales. Byebye Torres

Ricardo ex-Lowa

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800 bornes soit 12h de bus et ferry pour rejoindre Ushuaia. Côté paysage, c'est du morne plat jusqu'à 50 bornes avant Ushuaia.

Franchement, c'est la fameuse route australe chilienne entre Puerto Montt et Villa O'Higgins qui pique les yeux, pour le reste, c'est le genre de route à t'endormir au volant. Au pire tu peux compter les moutons et les nuages.

La terre de feu, Ushuaia, rien que d'entendre ces noms mythiques, t'es déjà en train de voyager. Grâce aux vacances de monsieur Hulot et son fameux gel douche, on a tous imaginé Ushuaia. C'est encore mieux !! Imaginez les vieux trappeurs de Patagonie revenir d'expéditions avec leur traîneau et leurs chiens épuisés. La gueule burinée par le froid, ils s'habillent encore de manteaux et toques de castor. La région est encore très sauvage. Le soir il ne faut pas trop s'aventurer hors de la ville car des bandes de loups traînent et hurlent à la mort. La plupart des maisons sont faites de troncs d'arbres, les rues en terre boueuse. C'est l'ultime aventure.

Ahah, vous l'avez gobé ? Putain, on en est loin et même très loin de ce côté pittoresque. Si un journaliste décrit Ushuaia comme ca, portez plainte, il ment plus qu'un politicien.

Désolé de casser l'ambiance. C'était peut-être vrai il y a 100 ans mais maintenant c'est juste une petite ville portuaire comme les autres. Y a même des remontées mécaniques pour aller skier en hiver!

La ville, très touristique, est à flanc de montagnes. Une grande rue remplie de boutiques de souvenir, de magasins de sports mais aussi plein de chocolateries et même un hard Rock café. Bienvenu au bout du monde.

Le nom reste légendaire et c'est le point de départ pour aller en Antarctique. Le port est rempli de bateaux de croisière direction l'Antarctique, apparemment 400 par an. T'avais pensé essayer de chopper une cabine sur un de ces bateaux. Généralement ils cassent les prix pour les places restantes. Ça reste quand même, à prix cassé, 8000$ pour 10 jours dans une cabine partagée.

Une agence t'as proposé de partir sur ''la croisière s'amuse'' mais version chinoise. C'est sur ces croisières chinoises que les prix dernières minutes sont les moins chers. Et Étonnement, ça n'intéresse personne. T'as réfléchi, quoi, 1/4 de secondes et t'as sauté sur l'occasion pour dire non.

Sinon autre solution, trouver un voilier. Oui, on peut partir dans l'Antarctique sur un voilier. Je vous en parle plus tard.

T'as continué à faire rire tous les vendeurs de souvenirs avec ta recherche de magnets avec un saumon. En parlant de saumon, t'as demandé où tu pouvais en acheter du fumé. Oula, il est très cher. Euh, pourquoi ? Il vient des fermes d'élevages au Chili à Puerto Montt, bourré d'antibiotiques. Chapichapo, tu préfères par un magnet avec un antibiotique ?

Chien qui attend son tour devant un resto chinois

Parmi les dizaines d'excursions possibles, t'as décidé d'aller avec la seule agence qui te permet de descendre sur l'île Martillo et de marcher au milieu des pingouins. Savez vous qu'il y a 2 sortes de pingouins ici ? Vous avez le classique blanc et noir, qui bulle sur son île. Et un autre, plus urbain, avec une grande parka rouge et plein d’écussons 'Antarctica' qui, sorti de son paquebot, déambule dans la rue. Oui, au prix où tu payes ta croisière, t'as le droit à une parka que tu portes fièrement dans la rue.

Avant d'aller voir les pingouins, t'as le droit à un premier stop pour te montrer que les arbres sont couchés par le vent. Oui, c'est vrai, tu confirmes et ça vaut la peine de prendre un tour pour voir des arbres couchés!!

2ème arrêt à un petit musée perdu au bout du monde. Ils récupèrent les animaux marins morts genre dauphin, baleine, orque...pour les étudier. Le plus compliqué, enlever la chair sur les os pour reconstituer les squelettes. Ils cherchent des volontaires, minimum 1 mois sur place, si ça intéresse qqun.

On est sur la propriété de la première estancia construite en Patagonie en 1860 et des brouettes. http://www.estanciaharberton.com/historiaenglish.html pour ceux qui n'ont pas en confiance en wiki Franky.

Pas très grande, juste 20.000 hectares incluant une quinzaine d'îles dont celle squattée gratuitement par les pingouins. Ouais, le proprio est sympa, pas de loyer pour les bestioles à plumes. Pendant qu'un groupe visite le musée, un autre va sur l'île, résultat on est un petit groupe de 20 dont la guide, certainement une ancienne gardienne de prison, a l'impression d'avoir de grandes responsabilités. T'arrives en zodiaque sur l'île et attention, pas un pet de travers sinon le maton t'en met une. On a le droit à 1 heure sur place et faut rester groupir sinon...

Déjà, l'île, les pingouins auraient pu en choisir une accueillante, une vulgaire plage de galets, un peu de verdure, mais pas le moindre bar ou restos, rien. Ils doivent s'enmerder grave les pingouins ici. Mais bon...

T'as 2 sortes de squatters sur cette île. T'as le pingouin Magellan qui lui creuse son nid dans la terre. Ça doit copuler grave dans le coin car il y a des rejetons dans quasiment tous les nids.

On est censé rester sur le chemin et à 3 m des pingouins. Hé, la cheftaine frustrée, on fait comment quand le pingouin a construit son nid directement sur le chemin ? Il y a un voilier qui s'approche avec des pimpims en ciré jaune venus faire des photos, tu t'écartes de 2 m du groupe, tu te prends une remarque par chefaillon. Tu lui as faire comprendre d'aller se faire pendre. On se parle plus depuis...les 3m, c'est plutôt 15m que t'as mis entre elle et toi.

Parfois les bestioles s'engueulent, ouais la notion de territoire est importante pour eux.

T'as une 2ème sorte de pingouins, le papou. Plus grand, un bec très orange mais lui ne creuse pas de nids, feignasse, il le construit sur le sol en ramassant tout ce qu'il trouve. Donc attention, interdiction de ramasser la moindre plume ou brindille qui traîne, c'est comme si tu leurs volais potentiellement une brique de leur baraque. D'après ce que raconte la pénitencier girl, parfois quand ils ont pas pondu d'œuf, il le remplace par un cailloux.

Et enfin, la 3ème sorte de pingouin, le pingouin rouge. Il est beaucoup plus grand, se dandine avec un sourire niais/béat. Il utilise ses grandes pattes avant pour tenir un drôle d'appareil et faire des selfis. Mais lui aussi se prend une mandale verbale par le sergent major s'il s'écarte du troupeau.

On est sur la plage en train de mater comme des voyeurs les pingouins magellans nus qui bullent les plumes à l'air quand débarque un gros bateau. Des dizaines de personnes à l'avant pour essayer de photographier les pingouins. Quand tu vois la bataille sur le bateau pour essayer d'être bien placé pour faire la photo, t'es content d'être sur la plage. A ce moment t'as un pingouin papou qui a rappliqué à toute vitesse sur la plage pour s'asseoir et mater le bateau. Il attendait peut-être une livraison Amazon?

T'as pris l'option retour par un bateau, histoire de naviguer sur le canal Beagle. Tu peux voir le phare d’Ushuaia, apparemment une icône de la ville.

Puis t'as un rocher couvert de merde de piafs qui sert de refuge à une bande de grosses feignasses. D'abord, tu vois le rocher, puis tu les sens et enfin tu les vois. Des lions de mer qui nous regardent autant qu'on les regarde. Un peu comme les vaches avec les trains.

Dernier stop, 2 petits îlots. Le premier est couvert de petits piafs blancs qui s'envolent dès que le bateau s'approche. Ils sont des milliers et pas contents car ils gueulent. Le 2ème îlot, 100m plus loin est le HLM des cormorans blancs et noirs. T'as pas 50 cm entre chaque nid. C'est le genre de piaf qui quand il meurt, il se réincarne en campeur qui pose sa tente à 1 mètre de celles des autres. Par contre, eux mais rien à foutre du bateau.

C'était la journée à pingouinland.

Côté gustatif, si tu es en manque de cholestérol, tu peux essayer la pizza avec des frites dessus. Sinon, t'as l'énorme crabe royal qui semble incontournable. Tu pensais demander s'il y avait du pingouin à déguster mais c'est comme demander à manger du dauphin, c'est mal perçu. Par contre, personne ne défend ces pauvres crabes !

Face à Ushuaia, de l'autre côté d'un bras de mer, le Chili avec l'île de de Navarino. La traversée se fait en gros zodiaque. Les rares qui s'embarquent y vont pour faire le trek le plus australe du monde, le trek de los dientes de Navarino. Et là, c'est pas Torres avec ces refuges et douches chaudes...tu y pars demain.

Ah oui, côté voilier, tu t'es pointé comme une fleur au 'yacht club' 'local et taper le bout de gras avec les capitaines de bateau. Bien sûr, ici c'est un business, faut pas espérer se faire embarquer gratis comme matelots. T'as trouvé un voilier qui part pour 20 jours en Antarctique. 4 jours de traversée, 4 jours retour et le reste t'es sur place et tu vas taper le bout de gras avec les pingouins et autres bestioles. Le capitaine s'appelle Piotr, un polonais et tu serais le seul non polonais à bord. Mouais... Et euh, les polonais sont connus comme des grands marins ? Ce qui est rassurant, c'est qu'on manquera pas alcools. (oui, elle était un peu facile mais tu connaissais une polonaise qui en prenait au p'tit déjeuner. Attention grosse référence ciné). 20 jours en mer, et pas dans les mers les plus faciles. T'as jamais dépassé 3 jours de bateau, tu risques de pleurer et nourrir les poisscailles. Et puis, s'il y a la moindre merde, genre il faut jeter du lest, d'après vous qui sera 'sacrifié' par la bande polonais ?

Bon, on verra à ton retour du trek de los dientes de Navarino rien est fait pour l'instant. Ceux qui ont reviennent ont pris cher coté météo. Pas grave, la flotte, t'as pas des pompes mais des palmes. Ca va être sympa le réveillon de Noël sous la tente.

Pingouin chéfaillon Ricardo

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yo,

Au sud d’Ushuaia se trouve l'immense île de Navarino, celle-ci appartenant au Chili. Et t'as un bled sur cet île qui s'appelle Puerto Williams. Les chiliens considèrent que c'est la ville la plus australe du monde mais que neni côté argentin, pour eux ça reste Ushuaia car Puerto Williams n'a pas 10000 habitants. Voilà c'était la minute géographique.

Au départ de Puerto Williams t'as le trek le plus austral du monde et là tout le monde est d'accord. Le trek s'appelle dientes de Navarino qui se traduit par 'dents du navarin d'agneau'. Ouais, après 6 mois en Amérique du Sud, l'espagnol est devenue ta seconde langue maternelle. Et c'est vrai, c'est bizarre comme nom surtout que t'as pas vu le moindre mouton...

Traversée en bateau pour rejoindre l'île. On est 7 touristes, tout le monde y va pour le trek. Tu attendais à trouver un bled perdu mais non, déjà, y a plein de bagnoles. Mais où ils vont avec leur bagnole, il y a qu'une route (qui s'appelle la route de la fin du monde). OK, le bled est étalé mais quand même. Alors c'est pas touristique comme à Ushuaia avec les dizaines de boutiques à touristes. T'as pas vu s'il y avait une église avec une place mais en tout cas il y a un grand sapin de Noël. Ils doivent s'enmerder un peu car les rues sont décorés avec des 'drapeaux' faits en tricot. Il doit certainement y avoir un concours annuel. Adnana, tu veux que je me renseigne sur la date? Pendant que tu tricotes un étui pénien pour wiki franky, il pourra fièrement dire qu'il n'y a pas de pingouins (quelque soit le couleur) dans l’hémisphère sud mais des manchots !!!

Direction le poste de police pour se faire enregistrer et remplir une fiche 'expédition'. Ah ouais, ça rigole pas. Tu dois détailler jour par jour où tu vas dormir, combien de jours, quel matériel de trek tu as. Tu peux même louer une radio pour être en contact avec eux. Hé les gars, le trek c'est 3 jours pour les rapides, 5 pour les plus peinards. C'est pas une expédition. Si 3 jours après ta date de retour supposée, t'es pas revenu, ils lancent les secours. Le policier t'explique qu'il y a un mois, ils sont partis en montagne car 2 personnes n'étaient pas revenus. Euh, ça serait pas un couple de Bernay dont un portait des mocassins à gland et un bâton de majorette ?

Il t'explique aussi que sur la moitié du chemin n'y a presque pas d'indicateurs. Sinon faut suivre les marques peintes rouges et blanches. Et mon gars, plutôt de buller au chaud au bureau, tu prends tes 2 pots de peinture, ton pinceau et tu vas aller marquer tout le chemin. Ça évitera que des pimpims se perdent. T'as rempli le questionnaire en mettant n'importe quoi. Ben ouais, tu sais pas à l'avance où tu vas t'arrêter.. T'as dit que tu revenais dans 6 jours, t'as détaillé ton trek sur 4 jours et tu penses le faire en 3...nickel. Le flic, qui a du regretter de ne pas être pris au casting de la miss météo de canal+, te dit qu'il va faire une semaine de pluie mais pas trop froid.

T'as discuté avec un couple allemand qui en revenait, ils ont pris cher, grêle, neige, de la boue jusqu'au genou...jusqu'au genou, bien sûr, espèce de charlots.

T'as un autre couple qui lui part en même temps que toi, ils ont jamais fait de trek de plus d'une journée. Ils ont pas choisi le plus simple pour commencer.

T'as une canadienne, guide de trek, de kayak, hyper sportive, elle part avec un sac qui doit peser 1/3 du tien. Elle a fait bip bip. Tu t'es pris un rhume, t'es resté con comme le coyote et tu l'as jamais revu sur le chemin.

Allez, c'est parti pour 11 bornes. La marche commence tranquillement à flanc de colline dans la forêt. Ok, y a un peu de boue mais faut pas déconner. Ils devaient être de Marseille les 2 allemands, jusqu'au genou, pfff..

Et en plus grand soleil. Si on peut plus faire confiance à la police.

Puis t'arrives au point de vue sur Puerto Williams et le canal de Beagle. De là, le chemin part sur un plateau de rocailles parsemé de plaques de neige et histoire de ne pas faire mentir la police, le ciel devient gris en quelques minutes. Ah, enfin la pluie et du vent. Et oui, fini le binôme t-shirt /short. Puis tu te retrouves à marcher à flanc de montagne sur un chemin large de 30 cm. Au moindre faux pas tu déboules de 50m plus bas. Ah ouais, ça rigole plus. En termes de complexité de marche on est très très loin du W où même du O.

T'arrives, chaussures trempées (ouais, même le dessous de la semelle est déchirée donc tu peux plus critiquer Lowa) au lac del salto. 3 tentes sont installées. Les places avec les protections du vent sont prises et en plus le terrain paraît bien boueux. Les allemands marseillais t'avais dit qu'un autre camp plus abrité était 500m plus haut. Il est à peine 18h, au pire si l'autre camp est pourrave tu feras demi tour. Ahah, sauf que les 500m se font en partie dans un torrent et une cascade. T'as déjà les pieds trempés mais imagine les autres qui demain matin vont démarrer et se taper la cascade.

Alors le camps, ce sont juste des monticules de pierres pour protéger la tente du vent. T'es tout seul, t'auras pas un joueur de flûte pour t'enmerder ce soir.

Jour 2. Un peu frisquet la nuit.

Le temps est moyen, c'est parti pour rejoindre le col Australia puis de los dientes. Un cauchemar, jamais vécu ça. Déjà tu ne fais que marcher sur de la grosse rocaille. Ensuite un vent violent s'est levé. Alors violent, c'est pas du marseillais. Plusieurs fois il t'a fait tomber et tu t'es ouvert au niveau des tibias (ouais, t'es con mais t'es en short). Des rafales de vent te poussent dans tous les sens, donc impossible d'anticiper. T'as même dû poser un genou à terre, baisser la tête et planter les 2 bâtons en attendant que ça se calme. Et quand t'es dans cette position, tu te demandes ce que t'es venu foutre ici ! Plus de 2h de cauchemar. Le seul truc positif c'est qu'il n'a pas plu en même temps. Dans ce cas, tu faisais demi tour. Ouais, car tu marches pas sur un sentier à plat, t'es en déséquilibre tout le temps, t'es parfois à flanc de montagne avec en dessous des rochers voir même un lac en train de dégeler donc l'erreur est pas permise. T'es seul, la moindre erreur et t'es pas dans la merde.

Tu vois tes chaussettes s'envoler. Hein kesako ? Ta protection pluie du sac s'est enlevée à cause des rafales de vent et tout ce que t'avais posé entre la protection et le sac s'envole. La doudoune s'envole. La doudouuuune... Madre de Dios, la doudouuuuune. Sans elle, t'es bon pour faire demi tour. Mais alors très gros coup de pot, elle s'accroche à un rocher.

Entre 2 rafales t'as essayé de faire quelques photos

Et vous savez c'est quoi le plus compliqué ? Comment pisser avec tout ce vent tournant sans s'en foutre partout voir même juste sur les pompes. Comment ? Un miracle...

Si c'est toute la journée comme ça, tu vas pleurer dans ta tente ce soir.

Finalement, t'es sorti de cette vallée infernale.

T'arrives à un nouveau col et tu vois un semblant de chemin qui descend verticalement dans un pierrier. En face, en bas, une vallée avec des dizaines de petits lacs, des forêts. Superbe. Ça te fait oublier les 2h précédentes.

Tu t'embarques dans la descente et arrivé en bas plus de cairns ou de marques de peinture pour t'indiquer le chemin. Tu regardes sur ta carte, tu t'es planté, fallait pas descendre dans le pierrier. Oh putain, va le remonter avec 20kg sur le dos. Comme si t'en avais pas assez bavé.

Nouvelle galère, la boue. Ouais, en fait, c'est simple. Ici t'as 4 types de terrain, de la grosse rocaille casse cheville, de la neige, des torrents à traverser et de la boue mais beaucoup de boue. Le petit sentier en terre sympathique, ça n'existe pas ici. Tu peux jamais marcher tranquillement en regardant les paysages, t'es obligé de regarder tes pieds pour éviter les catastrophes. Donc vraiment pas le trek détente.

Alors, de la boue mais sans fin. A se demander si un jour dans l'année il y a un terrain sec ici.

T'arrives au lac Martillo vers 14h30. Il pleut, les rares endroits pour installer ta tente sont trempés, toi aussi t'es trempé. Qu'est ce que tu vas foutre ici jusqu'à la nuit, vaut mieux continuer. Tu rattrapes un couple, t'as même pas la force de siffloter, genre facile pour moi. T'as mis 6h pour faire 14 bornes, un cauchemar. T'as décidé de pousser plus loin au lac de guanaco à 9 bornes. Entre la boue et les erreurs de chemin, tu commences à en avoir ras le bol.

Finalement le soleil réapparaît subitement et croyez moi, ça fait du bien. Tu marches entre les lacs où parfois des castors ont construit des barrages.

Il faut rejoindre le col Virginia. Ça commence par une montée dans la forêt mais le chemin très pentue n'est fait que de boue. Même avec les bâtons, tu galères. C'est sans fin. Cauchemar, oui, ce mot revient régulièrement. Quand t'arrives enfin à sortir de ce bourbier, tu te retournes et le paysage te fait quand même lâcher des 'oh putain, c'est beau'. Non ?

T'aurais du faire pareil sous la pluie, tu te pendais ou plutôt tu te noyais dans une marre de boue.

Tu commences à être sérieusement fatigué, ça fait plus de 8h que tu marches non stop, sans oublier ton gros sac. Une fois sorti de la forêt t'arrives sur un plateau rocailleux. Misère, c'est à perte de vue. Quelques cairns indiquent la direction. La traversée est sans fin et t'es chanceux, il pleut pas et il y a pas trop de vent. T'arrives finalement à ce fameux col Virginia. En bas, mais alors vraiment en bas, tu peux voir le lac Guanaco et plus loin le canal de Beagle. La descente est vertigineuse, environ 300m de descente quasi droite extrêmement pentue.

Sans déconner, ce trek est super dangereux. Il doit y avoir un paquet de casse. T'es à plat, tous les 20m tu grignotes un truc et tu imagines quand tu vas arriver de te faire cuire des raviolis avec du thon et du parmesan. T'as plus que ça en tête. T'arrives enfin aux emplacements où tu peux mettre ta tente, t'es seul. Tu démarres le réchaud en parallèle de monter ta tente. Le ciel gronde. Tu veux ouvrir tes boîtes de thon. Mais quel con, t'en as pris sans la languette pour les ouvrir. Pas grave pour le thon, reste les raviolis et le parmesan. Ahah, c'est sans compter la météo. Un orage soudain te tombe dessus, t'as juste le temps de monter la surtente, de balancer tes affaires à l'intérieur et d'y rentrer. Un vent, de la flotte, ta petite tente est secouée dans tous les sens. Tes pâtes au parmesan ? La bonne blague. Ça c'est transformé à 'déguster' des fajitas infâmes avec un fromage sans goût et des rondelles d'un truc qu'ils osent appeler saucisson.

Conclusion de cette 2ème journée, t'auras mis 10h30 de galère pour à peine 22 bornes, un cauchemar.

3ème jour, 2h du matin, t'es réveillé en sursaut. Un gros con en haut de la montagne joue avec son éventail, résultat, ta tente est secouée dans tous les sens et un air glacial te pousse à te faire tout petit dans ton sac de couchage. Pourvu que les piquets tiennent. La tempête s'est finalement arrêtée à 6h du matin. Il est temps de fermer un œil..

8h, grand soleil. Reste 12 bornes pour rejoindre Puerto Williams, la civilisation.

Ce n'est que de la descente. Tu mets tes pompes trempées et c'est parti. Je crois que le mot cauchemar, tu l'as déjà utilisé, on va plutôt dire cauchemar sans fin. Il y a quasiment plus de chemin, tu sais qu'il faut juste descendre et traverser des forêts et des petites plaines et rivières. Tout le monde t'avait dit que c'était boueux. Euh, la veille, c'était quoi, un terrain légèrement humide ? Alors, en fait, les plaines ce sont des quasi marécages.

On t'a expliqué que le côté marécageux serait dû aux castors. Il y a un paquet d'année, ils ont importé 25 couples de castors du Canada, pour je ne sais quel raison. Finalement il les ont libérés, et ils sont maintenant plusieurs dizaines de milliers. Et vas y que je te construis du barrage un peu partout. Résultat, l'eau déborde du lit de torrents, surtout en cette période de fonte des neiges et tout est marécageux. Si t'en choppes un, il va finir en paire de gants.

Enfoiré de castors, t'as foutu ton pied dans la boue jusqu'à la cheville, pas jusqu'au genou, t'es pas un baltringue quand même!

L'avantage d'avoir les pieds dans cet état et que t'en as plus rien à foutre des rivières, tu les traverses peinard. De l'eau jusqu'aux chevilles, bah, c'est pas grave, ça lavera tes pompes. L'eau est glacial, c'est pas grave, t'es plus à ça près. Tu te fais un chemin à travers des épineux qui te déchirent les chevilles (ouais, on change pas une équipe qui gagne, t-shirt et short). Tu glisses dans une pente, ton short se déchire de 10 cm à l'entre jambe, pas grave. Ta seule idée, arriver à rejoindre la piste en bord de mer mais t'as l'impression de jamais t'en rapprocher.

Tu glisses sur un tronc, ton genou vrille, t'es couché au sol, le sac à dos a amorti le choc. T'es resté 1 minute sans bouger en espérant que le genou n'ai rien. Car déjà qu'il y a pas grand monde mais en plus t'es pas sur le sentier, y en a pas, chacun passe où il peut. La moindre entorse et ça sera une vrai galère. Finalement tu repars, et là c'est l'erreur. Une petite zone d'herbe. Tu t'y engages et bingo, t'es passé baltringue, ta jambe s'enfonce dans la boue jusqu'au genou, tu pars en avant plantant ton autre genou dans la boue ainsi que les 2 mains. Non, là t'as pas fait de photos tellement t'en as marre. Tu pourrais continuer à décrire toutes ses péripéties. Disons que finalement t'es arrivé à sortir de cette foutu forêt marécageuse. Et vous savez quoi, en plus il fait plus ou moins soleil, t'imagines même pas sous des trombes de flotte. Tu retrouves enfin un bout de chemin pour traverser une dernière forêt. T'as perdu le chemin 10 fois. Bon, finalement t'es arrivé à la piste, les pieds trempés, boueux, le short déchiré mais....entier sans trop de casse. Reste 6 bornes de piste pour rejoindre Puerto Williams. Tu regardes derrière toi, la vallée d'où tu viens est train de se couvrir de nuages pluvieux et ils viennent aussi vers toi. C'est la course pour arriver au village avant de prendre une rincée.

Et qui tu croises qui sur la piste ? La canadienne en VTT. Elle a fait le trek en 2 jours et histoire de se dégourdir les jambes, elle part faire une ballade en vélo. C'est combien d'années de prison pour agression avec un bâton de marche ?

T'as repensé au couple qui partait pour la première fois en trek 'longue durée'. Celui des deux qui a eu l'idée doit être en train de se faire pourrir voir même une demande de divorce.

Voilà, c'était le trek le plus austral du monde où finalement t'as eu plutôt de la chance côté météo.

Pour les purs et durs, tu peux partir à l'aventure rejoindre des régions et des lacs où il n'y a pas le moindre chemin, le tout au GPS, c'est ce que fait le patron de ta guesthouse.

Le soir, tu te pointes à un des rares restos, histoire de manger un bon poisson. T'es en terre australe, les mecs vivent de la pêche ici. Vous le croirez ou pas, le poisson arrive congelé d'une partie plus au nord du Chili...ça casse un peu l'image qu'on peut se faire du bout du monde. Explication par un local : Ici, les pêcheurs ont en rien à foutre du poisson, ce qui fait leur fortune est la pêche du crabe.

Noël au club nautique d'Ushuaïa et ensuite byebye Amérique du Sud, direction un continent plus au sud.

Ricardo fin del mundo

ps : c’était le dernier post sur l’Amérique du sud