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Ouais, juste un bout, même en 8 mois
Du 12 mai au 27 décembre 2019
230 jours
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Yo,

De l'île de Pâques à Manaus, c'est un poil long surtout que tu fais des zigzags pour traverser toute l'Amérique du Sud, Santiago du Chili puis Sao Paulo et enfin Manaus, 24h de porte à porte.

Alors pourquoi Manaus ? Bonne question... Une idée à la con, tu t'es dit, mais pourquoi pas traverser une grande partie du bassin amazonien en bateau (à pieds tu le sentais moyen, tout le monde n'est pas Mike Horn... ), en partant de Manaus, puis passer par la zone des 3 frontières (Brésil, Colombie et Pérou) à Laeticia (oula, zone rouge...), et continuer en traversant le nord du Pérou via Iquito et rejoindre la frontière équatorienne (ça doit pas être très français ce mot) à Nueva Rocafuerte et enfin arriver tant bien que mal à la capitale de l'Equateur, Quito.

Ouais, t'as pas que des idées de génie à chaque fois. Bon, t'as déjà fait plus 'con' , t'es déjà allé dans des endroits juste à cause du nom du bled. Qui n'a jamais rêvé de remonter le fleuve Niger jusqu'à la mythique Tombouctou, s'enfoncer dans la jungle de la Papouasie Nouvelle Guinée ou découvrir les volcans du Kamchatka? Personne ? Ah merde... Plus tard t'as prévu d'aller au Mato Grosso ? Vous connaissez ? Pas sûr qu'il y est qqchose à voir, mais toi, rien que le nom 'Mato grosso' te fait voyager. Chacun ses délires.

En tout cas, tout ce trajet en bateau sur le fleuve Amazone (pas le vendeur de bouquins qui va révolutionner notre quotidien) en essayant de trouver des arrêts pour s'embarquer un peu dans la jungle. Ouais, les moustiques et l'humidité qui vont ruisseler sur toi, quel bonheur en perspective.

Sur la partie purement transport, en fonction de si tu chopes le bon timing côté bateau, il faut compter au moins 2 à 3 semaines de traversée. Mais avec ta chance si t'as pas au moins un bateau qui coule, ça sera pas rigolo. Ca fait quand même longtemps que t'as pas eu pas une grosse galère. Va falloir changer le thème du blog. Bon, 3 semaines de fleuve ça risque de faire un peu long. Pour les rares qui peuvent être inquiets (Vero, je suis déçu, à l'époque je pouvais compter sur toi. Maintenant 3 mois sans nouvelles, t'en as plus rien à taper. T'es trop occupée à valider tes tickets de loto gagnants. En tous cas, t'es mal barrée pour avoir des bracelets du fin fond de l'Amazonie chinoise), vous avez grandes lignes le trajet.

Petit point actualité française, t'as hésité à faire une copie d'écran du site du ministère des affaires étrangères en cas de merde. Ouais, tu viens de voir qu'ils ont changé les conseils sur leur site pour le Bénin APRES l'enlèvement et en culpabilisant les mecs enlevés....trop fort. Guy, t'as toujours mon enveloppe à transmettre à Macron en cas de merde? Oui, c'est la minute un peu sérieuse de ce post. Quand on voyage et qu'on décide d'aller dans des endroits déconseillés, il faut savoir prendre ses responsabilités. D'où cette lettre qui assume le fait d'aller en zone rouge et de considérer que l'état français n'a pas à intervenir en cas de merde et surtout ne pas risquer la vie de militaires. Mais pour le Bénin c'était différent, rien n'indiquait sur le site du ministère des affaires étrangères qu'il y avait un risque potentiel. Désolé pour ce petit dérapage mais quand on voyage hors Monaco, tout le monde il est pas gentils.

Revenons à Manaus. Plus de 2 millions de pimpins qui vivent dans une ville au milieu de la jungle. A une époque, la ville était tellement riche avec le latex qu'ils ont construit un immense opéra. C'était un de tes hot spots pour toi. T'es arrivé a Manaus dimanche après midi juste après la fermeture des visites de l'opéra, le lundi il est fermé et t'as ton bateau mardi à 6h du matin, super timing.

Bien sûr t'es arrivé sous le pluie avec d'énormes nuages. Ici, tous sont contents de la pluie, ils ont crevé de chaud depuis plusieurs jours jusqu'à ton arrivée. A ce demander si tu vas pas devenir le gourou 'rain maker'. Si t'es un paysan au fin fond de Bernay et que t'as besoin de la pluie sur ton champs de betterave (y a de la betterave à Bernay?)

Dimanche après midi, ville morte, tu te croirais aux Tonga. T'es logé à quelques mètres de l'opéra, dans le quartier historique de Manaus. Rues vides et temps gris, ca fait pas rêver pour l'instant. A la guesthouse, on t'a conseillé d'éviter les rues vides. Euh, elles sont toutes vides les rues. Apparemment les gens sont à la plage. Oui, au bord de l'Amazonie, il y a des plages, surprenant.

A partir de 18h la vie s'anime autour de la place de l'opéra. Les bars et petits restos rouvrent et installent leurs tables au bord de la route. Ils ont fermé un petite portion de la route, installé des tables et chaises en plastique et des petits stands qui vendent de la nourriture et bien sûr de la caïpirinha. La caïpirinha à 2€ le verre, ça risque de faire mal. On est dans le pur cliché brésilien : d'un côté de la rue, un groupe joue de la musique brésilienne et les gens de tout âge se trémoussent sur leur chaise ou se lèvent naturellement pour danser. Et de l'autre côté de la rue, ils ont sorti des grandes TV pour regarder un match de foot. Musique et foot, bienvenu dans ce Brésil qui ne peut pas laisser indifférent.

Tout serait idéal si t'avais pas un gars de la sécurité à chaque entrée de la rue, un gars armé devant certains restos et la police touristique qui trainasse dans le quartier. Et les flics ont la main posée sur le holster avec un regard parfois agressif. C'est presque dérangeant cette ambivalence : les gens souriants, une joie de vivre, de la musique un peu partout où t'as l'impression que la vie peut être tranquille et de l'autre côté ce sentiment que tu peux te faire agresser ou voler à tous moments (merci aux médias). Reste qu'il y a quand même plein de gens/familles qui dorment dans la rue et un mec qui dort par terre devant un magasin de matelas

Changement d'ambiance lundi matin, les rues sont blindées de monde, plein de petites échoppes qui vendent tout et rien ainsi que des vendeurs à la sauvette qui essayent de fourguer des caleçons et même des médicaments. T'as même un gars en gilet jaune dans la rue qui fait de la pub pour...un dentiste. Dans toutes les rues des magasin de hamac. Sur les marchés, en dehors des fruits et légumes traditionnels, tu trouves plein de sachets d'herbes séchées. Faut vraiment avec un local pour vraiment apprécier ces marchés sinon t'as aucune idée de ce que c'est. Et il faut parler portugais car ici personne ne parle anglais ou même quelques mots d'espagnol.

T'es allé sur le port où des dizaines de gros bateaux attendent les passagers pour naviguer sur l'Amazone. Ce sont ces fameux bateaux, très lents à plusieurs ponts où tu installes ton hamac et regardes les rives du fleuve défilées infiniment. Histoire d'économiser sur le prix des stands, les pêcheurs ont trouvé la solution, ils étalent directement leur pêche sur la proue de leur bateau

Malgré les nuages, l'humidité est bien présente et des 11h du matin tu poisses.

T'as essayé le bus pour aller au centre culturel ''dos provos de amazonia''. On est pas à Paris, ça fraude pas dans le bus. T'as même le guichet et le tourniquet dans chaque bus. Le prix d'un ticket correspond à la moitié du prix d'une caïpirinha. Ouais, maintenant ton unité de prix est la caïpirinha. Le petit musée est gratuit et tu peux voir plein d'objets utilisés par différentes tribus. Le seul regret, tout est écrit en portugais, une petite version en anglais ou espagnol aurais été utile. Le plus impressionnant sont les parures à base de plumes de piafs. Chap ? Pour tes soirées de folie au KB ? Y en en toc au marché d'artisanat.

Histoire de pas mourir idiot (c'est pas gagné) t'as quand même prix un bus pour aller à la plage 'ponta negra'. Incroyable, une vraie plage de sable mais elle est totalement factice car ils ont importé le sable et fait en sorte qu'il y ai toujours du sable même quand le niveau du fleuve monte. Plein de stands qui te louent des tables, chaises et parasols. T'as mis un pied dans l'eau, super chaude et d'une couleur cuivrée. A cet endroit l'Amazone est pas très large car tu peux voir au loin (très au loin) l'autre rive. Il paraît qu'à certains endroits tu ne vois pas la rive opposée. Je sais pas si vous connaissez mais au Brésil sur les plages, t'as des mecs qui se baladent avec un mini BBQ portatif et te font griller des petites brochettes de fromage arrosées de jus citron vert. Super bon, mais vu le prix payé, t'as dû te faire escroquer.

T'es tranquillement dans ta guesthouse sécurisée. Oui, sécurisée car caméra à l'entrée qui scrute la rue avant d'ouvrir la porte, fils barbelés électrifiés sur tout le haut des murs et t'es photographiés à ton arrivée. Ouais, t'es donc tranquillement dans ta guesthouse quand t'entends plein de pétards à l'extérieur. Tiens y a une fête ce soir? Euh, pas vraiment, une locale te dit que ce sont des coups de feu des dealers de drogues, une sorte d'avertissement. Vu le bruit, ça doit pas être du 22. Tiens, ils répètent leur avertissement plusieurs fois. Apparemment, ceux qui sont censés être avertis ont pas l'air de comprendre. T'es allé jeter un œil, Manaus n'est même pas en orange sur le site du MinAff donc ça devrait aller... En fait, ce sont des gens qui font exploser des gros pétards devant l'église sur la place principale Je t'en fouterai des tirs de kalach... Ils portent tous le même t-shirt, ça doit être le lancement du cartel de ''l'hostie qui fait planer''. En tout cas, leur Dieu ne doit pas aimer le bruit, car il vient de balancer une énorme ramasse de flotte, tout le monde a décampé fissa pour aller se protéger. La pluie commence à diminuer, un connard a refait péter un pétard, la pluie est répartie encore plus forte. Même ceux qui ont des parapluies restent planquer tellement ça tombe. Putain, si tu prends ça quand tu seras dans la jungle. Tu devais pas être hors saison des pluies ?

Allez demain, c'est parti pour au moins 36h de bateau en théorie. Mais pas sur un beau gros bateau à plusieurs ponts, sur un bateau express, (36h au lieu de 6 jours). Bon, c'est pas certain car t'es tombé sur une grosse équipe de baltringues qui t'a vendu le billet. Pour l'instant tu l'as pas, peut être demain à 5h mais c'est pas sûr...

Ricardo, l'homme qui parlait à l'oreille des nuages

PS : Comme dans tous mes blogs, il faut les prendre au second degrés en particulier quand je me moque gentiment (oui, c'est du second degrés) de ceux que je rencontre.

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Yo,

Ça y est, c'est parti pour 1700 km de remontée d'une petite partie de l'Amazone soit plus ou moins 36h non stop de speed boat confortable avec fauteuils en simili cuir, clim avec la température d'un congélateur, la TV juste au dessus de ta tête et vitres teintées pour pas être dérangé par les paysages. Du coup tu t'es installé à l'arrière, dehors, ce qui permet de voir défiler les berges, d'entendre parfaitement le moteur et de profiter de l'humidité. Ça démarre très fort, ils ont oublié de fermer une vanne où t'es installé. L'eau sort à gros bouillon et inonde tout. C'est un des passagers qui s'est dit que ça devait pas être normal et a foncé fermer la vanne. Du coup, ils sont descendus dans la salle machine voir le moteur. Vu les cadors, avec un coup de pot, on va peut-être tanker une girafe qui s'est perdue et traverse le fleuve...oui, la girafe d'Amazonie maîtrise le crawl.

Goooood morning amazonia, radio amazonian-Ricardo vous offre un point de la situation après les 8 premières heures : Petit point météo avec ces quelques photos qui ne sont pas en noir et blanc. Les commentaires sont superflus.

Petit point trafic : fleuve dégagé, circulation fluide, peu de bouchons prévus dans la journée même à la sortie des horaires de pêche, par contre attention à la chaussée humide voir très humide.

Côté paysage, comment dire, bon, t'es pas sur un bateau touristique qui fait des stops pour te montrer des spots avec des bestioles, t'es sur le TGV de l'Amazone. Donc, des berges avec du vert, du vert et du vert qui bouge très vite. Parfois des grands arbres qui tôt ou tard finiront sous forme de parquet occidentale. Faut pas se le cacher, c'est assez monotone. Y en a encore des bisounours qui vont écrire que t'es blasé... Ne me dites pas que si vous vous tapez 6h de TGV au milieu des champs de maïs, vous allez passer 6h à regarder pousser les épis avec émerveillement. Même un japonais se lasserai à force. Ici, c'est pareil, mais tu remplaces le maïs par un truc plus vert et tu passes la durée de 6h à 36h. Ok, les St Thomas, vous voulez une preuve? Voilà donc, offert par amazonian Ricardo, 2 extraits de 15 secondes. Les berges vues de loin et de près.

A repasser en boucle pour les amateurs de film mi expérimental mi documentaire.

Kinnary, Gabriel, si ça vous manquent les heures sans fin sur un fleuve, je vous file les infos et en janvier vous venez ici plutôt que d'aller à Cuba abuser d'un pauvre voyageur en fin de circuit. Ça marche ? Et ainsi Kinnary aura le temps d'écrire les scénarios de la prochaine saison de GOT. Ouais, en fait personne n'est mort, c'était qu'un rêve.

Alors oui, parfois, apparaissent quelques maisons/petites communautés sur pilotis en bord de fleuve et étonnement des poteaux électriques, parfois, quelques pirogues et barques de pêcheurs en train d'installer des filets mais y a pas foule.

Et puis de rares stops dans des villes perdues sur le fleuve où quelques personnes montent ou descendent. Une petite vidéo d'un bled afin de vous faire voyager et rêver. La dernière vidéo est le bled Bananal en cas où qqun chercherez un coin reposant. N'hésitez pas à faire péter le nbr de vue sur YouTube.

''Goood morning Amazoniaaaa''', ici Radio amazonian-Ricardo pour un point de situation en cette belle et nouvelle journée : 6h du matin, la chaussée reste, bien sûr, très humide et en cette heure matinale aucune circulation dans les deux sens. Aucun bouchon non plus prévu sur les dix années à venir. Côté météo, on ne change pas une équipe de nuages qui gagne. Et côté paysages, comme d'hab, appréciez ces berges recouvertes de trucs verts à fort potentiel de planchers. Si vous ne retrouvez pas vos lunettes de soleil, ce n'est pas grave vous n'en aurez pas besoin. Profitez de la vue, il ne vous reste plus que 12h de navigation. C'était Amazonia-Ricardo, la radio qui vous accompagne sur vos longs trajets.

Tu t'attendais pas avoir autant de monde sur ce type bateau car le billet est pas donné pour le niveau de vie du pays, 160 euros. T'espérais pouvoir échanger avec d'autres passagers mais le bruit du moteur est assourdissant et surtout personne ne parle un peu anglais. Tu te disais, le pays est entouré de pays qui parlent espagnol, peut-être que tu vas pouvoir t'en sortir avec ton baragouin espagnol. Que neni, ici c'est le portugais à la sauce brésilienne, point barre. Donc pas facile car tu pipes rien de rien. Faut reconnaître que si t'habites au milieu de l'Amazonie brésilien, les autres langues vont pas te servir tous les quatre matins. En fait, c'est pareil en France, qu'est ce qu'un chauffeur de camion dans un trou comme Bernay par exemple, a besoin de parler l'anglais.

36h c'est un peu long... et dire que t'avais imaginé prendre l'option 7 jours. Et pour l'instant t'as pas fait la moitié et encore, t'as fait la partie la plus directe. Te voilà enfin arrivé dans la région des 3 frontières. T'es arrivé du Brésil dans la ville de Tabatinga qui est collée à la ville Colombienne Leticia. Et de l'autre côté du fleuve t'as le Pérou qui sera ta prochaine direction. L'objectif étant toujours d'arriver à Quito en Équateur, inchallah bien sûr.

Tu t'attendais à l'ambiance un peu 'particulière' des villes frontières surtout dans des endroits un peu perdu mais que dal. Plein de restos, de bars sympas, ambiance décontractée. Tu t'es installé côté colombien car ça semblait plus vivant et ça sera plus facile côté discussion. Ta guesthouse a une piscine dans le jardin. Holà vous emballez pas, leurs chiens viennent boire dedans. Vous en connaissez des chiens qui boivent de l'eau chlorée?


T'as un truc de fou dans cette ville mais apparemment il y a plein d'endroits comme ça. En plein centre ville, tu as un petit parc avec des arbres. Vers 17h15 des piafs débarquent de la jungle par paquet de dix pour s'installer dans les arbres de ce parc. Puis tout s'accélère, ils arrivent pas centaines puis par milliers. C'est un tourbillon de piafs qui cherchent à s'installer. Ça piaille comme c'est pas possible. Les arbres se recouvrent d'oiseaux. Tu penses que ce sont des feuilles mais non ce sont des piafs. C'est le délire. Apparemment c'est pas simple de trouver la bonne place car ça s'engueule. En tout cas, c'est un peu la roulette Leticienne (c'est quand t'as 50 piafs qui passent au dessus de toi) quand t'es dans le parc à cette heure, surtout si t'es proche d'un arbre. Y a des fientes de piafs partout mais partout donc c'est vite d'être couvert de merde. A certains endroits c'est même irrespirable.

4h plus tard, ça piaille encore. Une fois bien installés, peut-être qu'ils se racontent leur journée : "alors Brice, c'était comment cette journée ? Pas mal, j'ai revu Bricette, on s'est trouvé une petite mare qui peut faire jacuzzi....'' Ouais, donc plein de trucs intéressants dans ce genre. Et va comprendre pourquoi, tous les soirs ils rentrent en ville. Le bruit des bagnoles leur manque peut-être? C’est quand même pas la trouille de passer la nuit dans la jungle ? Tu le fais bien toi alors que t’es un charlot de la ville. Si un jour, vous allez au nord de la Malaisie à Kota Bahru, c'est pareil mais avec des chauves-souris. L'aéroport est même fermé tellement ça peut être dangereux pour les avions.

Dès que tu te rapproches des berges, ambiance différente avec des maisons en bois sur pilotis.


T'es retourné à pieds côté Brésil acheter ton billet de bateau pour Iquitos. C'est pas la même ambiance, pas sûr que tu te baladerais le soir dans le coin alors que côté Colombie aucun problème. Mais c'est vrai que le soir t'as un flic tous les 100m. T'as quarante sortes de police et armée ici, la brigade de la jungle et même la police 'ambiantial', va savoir, en tout cas ils aiment les paresseux. En plus t'es logé à 50m de la prison. Et Non !! Adnana, j'irais pas demander s'ils vendent de l'artisanat dans la prison. Côté artisanat, t'as trouvé un objet grandeur nature, ça intéresse quelqu'un? Oui, on peut pas toucher dans le magasin mais une fois acheté...

Le truc le plus étonnant ici, c'est la gestion des visas. T'es arrivé du Brésil, t'as fais ton tampon de sortie du Brésil mais t'es pas allé faire celui de l'entrée en Colombie alors que dors plusieurs nuits en Colombie. Et tu fais, en Colombie, ton visa d'entrée au Pérou juste à côté du guichet des visas de sortie de Colombie sans que ça pose problème.

Ca serait con de faire toute la traversée du bassin amazonien sans s'arrêter. Donc tu pars vendredi 5 jours dans la jungle avec une agence locale Colombienne. On est ?? (ouais ?? Car c'est pas clair à la veille du départ ). Indiana Jones prêt à se perdre dans la jungle mais que neni. C'est un truc un peu pépère. En fait, tu contactes plein d'agences à l'avance, quasiment aucune ne te répond sauf pour te donner des réponses sans rapport avec tes questions. Et sur place, y a pas de touristes qui veulent s'embarquer sur plus d'une ou deux journées donc tu te rabats sur ce qu'il y a.

https://forestours.com/tour-packages-5-days-zacambu-lodge-and-tupana-aru-u/

Et ouais.. Super, tu vas te retaper un paquet de bateau/pirogue. Gabriel, grosse erreur de débutant, j'ai oublié de demander s'il y avait un toit sur le bateau.

T'as quand même cherché si tu t'étais gouré côté timing météo. Le meilleur moment pour les treks du côté de Manaus, est octobre. Et bien putain, t'es pas tombé loin, juste 5 mois de différence. Et côté pluie, t'es moins mauvais c'est à partir de juin que les précipitations baissent. T'as aussi demander à la guesthouse pour le soleil. Ouais, ils ont en eu jusqu'à ton arrivée.

Petite devinette : A quoi on reconnaît-on un pays qui s'y connaît en moustique ? Un pays où tu peux acheter du DEET en spray anti-moustique. Ouais c'est agressif pour la peau, la nature... Mosento en comparaison c'est du talc pour bébé, mais au moins c'est efficace. Et ici, t'en trouves partout!!!!! Pour les 'eco' responsables qui se pointent avec de la citronnelle ou un autre produit genre à l'aloe vera, sachez que les moustiques détectent cette odeur et savent qu'il n'y a que les touristes qui ont l'utopie d'avoir confiance et donc c'est comme un appel pour eux.

Amazon boat people Ricardo

Ps : au fait Delphine, c'est pas toi qui voulait à une époque faire la traversée du Pacifique sur un cargo ? Euh, je vais pas être dispo à cette date...

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Yo,

Incroyable de chez incroyable. T'as été contacté par National Geographic.

Ils ont vu tes photos et ils veulent que tu shoots une série de photos sur le thème 'un ciel sans soleil'.

Donc voilà la première série, encore toute chaude :

T'arrives à faire des photos avec un plafond nuageux super haut qui recouvre totalement le ciel. Puis beaucoup plus bas, des gros nuages biscornu dans tous les tons de gris. Enfin, c'est là où le génie s'exprime le mieux, une petite couche de nuages entre le deux couches précédentes en cas où un rayon de soleil arriverait à percer. Du grand art qu'ils disent chez National Geographic.

Et pour cette dernière et sublime photo, un grand merci à Gabriel qui t'a appris à bien cadrer tes photos de paysage avec l'horizon pile au milieu, un chef d'œuvre.

Ricardo cloud designer

Grand merci Gabriel...
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Yo,

Te voilà parti pour 5 jours de 'jungle' en all inclusive (ouais, ça fait mal).

Finalement on est 3, 4, 5, ça change tous les jours mais tous ceux que tu croises voyagent pour au moins 6 mois. On commence par une heure de bateau (avec toit, Gabriel). D'un côté du fleuve t'es en Colombie, de l'autre au Pérou. Ensuite on monte sur une petite pirogue à moteur (sans toit, Gabriel) pour remonter le minuscule Rio Parana qui serpente dans la jungle. Quand l'Amazone est bas, tu pars à pied, en ce moment impossible sans bateau. Et t'arrives enfin dans un petit lodge. Le patron de l'agence t'avais que c'était rustique. La vache, t'as un super bungalow avec une vraie salle de bain avec du carrelage. Tu t'attendais à une planche de bois et une sceau de flotte. On est quand même dans la jungle. T'as même droit à lumière le soir. Oui, le groupe électrogène est à 20m de ton bungalow, ce qui permet de ne pas être dérangé par le bruit des animaux le soir. Le lodge à un petit lac avec des poissons dont le fameux arapaima. Ils ont en une quinzaine dans le lac qui sont pas très grands, ils font que 2 mètres... Chap, arrête de poster tes photos de poissons ridicules de la taille d'un gobi et viens ici.

L'agence t'avais prévenu que le guide ne parlait pas anglais. Elle explique qu'elle fourni un vrai guide de la jungle alors qu'un guide de la ville s'y connaîtra moins (et sera beaucoup plus cher), ce qui est pas faux. Les 2 autres touristes parlent parfaitement espagnol et du coup super compliqué pour comprendre le guide qui parle à une vitesse normale. Il faut s'équiper pour partir se balader 3h dans la jungle : t-shirt et pantalons manches longues et bottes. Ah ça va pas être possible, même pas en rêve, et pourquoi pas aussi un anorak et un bonnet en alpaga. Le guide t'explique que c'est pour se protéger des guêpes. Hein? Des guêpes, tu crois que ton t-shirt avec manches longues ça va changer quelque chose ? Blabla blabla...Intransigeance sur les bottes en caoutchouc à cause des serpents. Toi qui marche généralement en sandales, ça te fait bizarre.

Quoi, du soleil, juste avant de partir marcher dans la jungle, waouh. Nous voilà parti machette à la main (euh, juste le guide) nous enfoncer dans une jungle où personne n'est jamais allé (en fait, on suit un sentier boueux). On croise des milliers d'animaux (inimaginable le nombre de fourmis au mètre carré). Il faut parfois traverser des rivières sauvage (Oui, y a un peu d'eau mais y a toujours une planche où un tronc d'arbre pour traverser). On croise des autochtones. (un petit vieux qui revenait de 6h dans la jungle à chasser sans voir la moindre bestiole). Si le mec du cru a rien vu au bout de 6h, c'est pas nous avec notre petite balade qu'on va croiser un jaguar.

Les autres Indiana Jones parlent espagnol mais marchent peu jungle. A chaque fois, ils sont à la limite de se vautrer surtout le Mickael, un français, qui a la trouille de tout. Le guide explique plein de trucs, en particulier sur les arbres et plantes médicinales mais tu comprends pas la moitié. Il nous montre une feuille qui pique si tu la touches (l'ortie locale). Au moment où on s'arrête pour l'explication, tu touches involontairement sa cousine avec ton bras, et ouais ça pique. C'est con t'aurais eu des manches longues... Histoire qu'on s'en rappelle, il coupe une feuille et nous en met un petit coup sur la main. Ouais, ça pique comme sur le bras. Alors, bien sûr, du vert, du vert et encore du vert. La ballade est sympa mais à part 2-3 piafs qui ont fait coucou et un grand papillon noir et bleu, pas très actif cette jungle. T'as demandé pour les tarentules. Ouais, y en a plein mais elles sortent qu'à la nuit. Euh, au Venezuela, on les agaçait avec un brin d'herbe et elles sortaient de leur repère en plein jour tous crocs dehors. Mais ici, ils doivent être eco friendly avec les tarentules.

Le soir, il y avait la possibilité de faire 30 minutes de balade à la frontale autour du camp. Mouais, t'as peu de chance de voir une bestiole, faut remettre ces satanées bottes en caoutchouc, retranspirer, t'as laissé les autres y aller qui ont vu du noir.

Le lendemain matin, on part en pirogue (sans toit, oui vous verrez ça a une importance) rejoindre l'Amazone et aller dans la communauté, (c'est comme ça qu'on appelle les petits villages), La Libertad, de l'ethnie Yagua. A part la grande maison traditionnelle qui sert de réunion ou pour les fêtes, toutes les autres maison sont classiques, planches et toit en rôle. Y a un mec qui a eu un coup de génie. C'est le vendeur de tôle. Il est arrivé à faire gober au gouvernement Colombien que de construire des toits en feuilles tressées détruisait la forêt, du coup, tous les villages doivent maintenant utiliser de la tôle pour leur toit. Mais c'est vrai qu'à côté de ça, on déforeste pas...

La pluspart des maisons ont leur antenne parabolique et à l'intérieur la TV et des enceintes. Rien d'autre. Ils installent leur hamac pour la nuit. Faut pas s'attendre à voir des gens en pagne, ils sont habillés comme tout le monde, avec un téléphone. Donc, en tout cas, en bord de fleuve, faut pas à s'attendre à un remake 'd'un indien dans la ville'


Un enfant a un très jeune singe comme animal de compagnie. Quand il sera grand la bestiole fera 1 mètre. Le guide te dit que quand elle sera grande la bestiole partira dans la jungle. Ahah la bonne blague. Les mecs du village sont des chasseurs qui ont du mal à trouver des animaux dans la jungle pour se nourrir et ils laisseront bien sûr 10 kg de viande sur pattes partir plus tard. Vas y, prends nous pour des lapins de six semaines.

Ensuite, on est allé picoler et taper le bout de gras avec un des chamans. Ouais y en a au moins 4 dans le village. Il est tout beau le chaman, tout en bleu turquoise. Côté picole, ici c'est la chicha, c'est fait à base yuka et de canne à sucre pour la fermentation de l'alcool. Pas mauvais, pas fort, un côté un peu laiteux. Ils en font boire aux enfants des 6 ans. Ensuite tu passes à ce qu'ils appellent 'El vino', le vin de yuka. C'est la catégorie au dessus, beaucoup plus fort, pas sur que si tu prends une cuite à ça, le lendemain, t'es pas un léger mal de crâne.

Côté chaman, le gars t'explique que ça lui est tombé dessus quand il avait 20 ans et qu'il soigne avec la fumée. A l'écouter le mec est mondialement connu, y en a qui viennent du Pérou, du Brésil pour le voir, impressionnant. Cool, il va pouvoir te soigner. Près de 500 personnes pas jour (ouais, c'est pas toi qu'a mal compris, ce sont ceux qui parlent couramment espagnol qui te l'ont traduit) viennent le consulter. La vache, 500 par jour. Waouh, une pointure ce chaman, enfin un vrai, pas un qui pue comme au Vietnam... Mais ça fait 1h qu'on cause et qu'on picole avec lui et on a vu personne. Ils sont cachés où les 500 pèlerins de ce jour? Encore un gros mito, mais sympathique. Finalement t'as pas demandé son aide.

Petit message pour Jean-Philippe. Pas de potentiel business pour toi, ils se coupent les cheveux entre eux et c'est rasoir et ciseaux de cuisine. Et que serait-ce la visite d'un village si on s'arrêtait pas voir un peu d'artisanat. Histoire de faire vivre l'artisanat local, t'as acheté quelques bracelets (hein Vero !! Malgré tes mauvais commentaires). Ils te disent que ce sont des couleurs naturelles. Euh ouais, elles sont quand même super éclatantes leurs couleurs...

Retour au lodge histoire de se ridiculiser à la sarbacane puis on remonte sur notre pirogue (sans toit) pour revenir sur le fleuve et prendre prendre ensuite la plus grosse barque qui a un toit. Et c'est enfin là que ça se passe. Tiens, quelques petites gouttes, puis des plus grosses et enfin le déluge.

Petite devinette : comment reconnaît-on qqun qui a déjà pris cher sur un bateau ? C'est celui qui a son poncho de pluie à portée de main et qui reste sec alors que les autres les ont laissé dans leur sacs et arrivent trempés. Bien sûr, la pluie s'est arrêtée quand on est arrivé au bateau avec toit, sinon c'est pas drôle.

Donc 2 jours pour ceux qui veulent découvrir un bout de jungle tranquillement. Non Jean-Philippe, même ça sera trop dur pour toi, reste sur ton SPA au Maroc..

Ricardo poncho

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Yo,

Deuxième partie du circuit, tu rejoins le fleuve Zacambou où tu vas passer 4 jours sur un lodge sur pilotis sur le fleuve. A part une petite communauté à une heure de bateau, il n'y a pas d'habitant dans ce coin.

On est dans ce qu'ils appellent la partie basse de l'amazone, les terres sont immergées quasiment toute l'année. Ce coup ci t'as d'un côté le Brésil, et de l'autre le Pérou. Au lodge, ils ont récupéré il y a 5 ans un minuscule single, un ouistiti pygmée, la race la plus petite du monde. La bestiole a perdu une partie de sa queue lorsqu'une autre bestiole plus grosse a voulu la boulotter et a été ensuite abandonnée par ses confrères. Elle tient dans la main et quand tu la caresses, on dirait plus des plumes que des poils. Une paire de gants fourrés avec sa fourrure, ça doit être super doux. Poser pas de questions concernant la banane sur la photo, tu dois la trimbaler jusqu'à... pff au moins.


Premier soir, ils nous proposent d'aller faire un tour en canoë à moteur sur le lac qui est juste à côté. Le français, Mickael, est habillé des pieds à la tête en cas où un moustique s'approcherait. Et il ne monte sur la barque que s'il y a un guide... Donc on se balade, le guide essaye avec sa lampe de détecter des bestioles mais à part un serpent qui roupille pas grand chose.

Enfin des loupiotes oranges se reflètent dans sa lampe. Peut-être une paire de pompes potentielle. C'est pleine lune, c'est pas le meilleur moment pour les attraper car la lumière nous éclaire. On se rapproche lentement sans bruit, le guide essaye de choper les pompes, pas assez rapide, elles disparaissent sous l'eau. On refait un petit tour et on revient au même endroit, on revoit les 2 loupiotes oranges. Retentative et reratage. Le guide veut pas lâcher l'affaire et les pompes ont l'air de nous provoquer à réapparaître au même endroit. Finalement il chope la bestiole, un caïman, qui doit faire un mètre de long. C'est une jeune car les adultes font 4 mètres de long. T'es déçu, vu la taille, au mieux tu peux te faire une ceinture mais jamais une paire de pompes. 3 fois qu'elle revient au même endroit alors qu'on a déjà essayé de l'attraper, c'est pas pour que dal. Sans déconner, c'est de la provocation, le sac à main potentiel veut être sur Instagram...

Le lendemain matin lever à 4h30 pour prendre le bateau est aller voir le lever du soleil. Ouais, on aurait pu largement le voir dans aussi bien du balcon du lodge. Puis on part faire une balade en canoë. 2 bateaux, un guide et cinq touristes. Forcément le Mickael est sur le bateau avec le guide, sécurité avant tout. On va passer la matinée sur le bateau, il est en grosses chaussures, jean's et t-shirt manches longues, manque plus que la capuche. Toi, t'es sur le bateau avec un couple de Suisse. On pensait se balader tranquillement le long du fleuve. Que neni, on s'embarque dans la jungle, le but étant de slalomer entre les arbres en évitant les broussailles pleines de bestioles qui piquent et qui grattent. En fait, t'es dans la jungle mais sur l'eau. Étonnement, sur ce genre de barque longue et lourde, c'est le mec qui est à l'avant qui est le barreur. C'était le suisse à l'avant et on a pas raté un arbre, pas un.

On a passé notre temps à faire des marches arrières pour se sortir du merdier dans lequel on était. C'est pas compliqué, 3h plus tard t'es recouvert de feuilles et piqués de partout. Et ouais, t'aurais du t'habiller en Mickael. On a vraiment l'impression d'être au milieu de la jungle. A un moment, on entend un énorme bruit comme si un arbre venait de tomber dans la jungle. Puis plus tard, un bruit sourd et répétitif. Ponc... Ponc.... Ponc... Ponc... Des bûcherons alors que c'est interdit . Le guide s'arrête pour nous montrer un machin tout en haut d'un arbre. T'as beau zoomer, ça reste une boule de poils. En fait c'est un paresseux.

L'après midi, on va voir les dauphins. Ils pullulent dans le fleuve, des gris, des roses, des moitié gris et moitié rose. Les roses sont vraiment roses. C'est l'heure de la chasse pour eux, et ils apparaissent quelques instants à droite pour réapparaissent ensuite à gauche. Les guides sifflent, tapent dans l'eau avec leurs rames, genre ça va les faire venir. Que dal, ouais. Quasiment impossible de les choper en photos. Pourtant ils savent qu'on vient de loin pour les voir, ils pourraient faire un effort. En bord de fleuve, t'as des arbres couverts de piafs. A se demander si ce sont pas ceux là qui rentrent le soir à Leticia. Autant on doit pas déranger les araignées dans leur trou autant là, tu peux te faire plaisir pour faire s'envoler la bande de piafs qui bullent sur l'arbre.

Le guide nous amène à un lac où il n'y a pas trop courant pour se baigner. Avant t'as demandé s'il y avait pas le fameux ''poisson pénis''. Il doit avoir un nom plus technique mais c'est le poisson qui rentre dans ton urètre et qui en ressort que sous opération médicale. Oui, rien qu'à y penser t'as déjà mal, non faut même pas y penser. Non, c'est que dans les points d'eau fermés, statiques. Les sushis en sursis tournaient à 30m de nous mais chaque fois que tu t'approchais, ils se barraient. L'eau est marron, même avec un masque tu verrais pas à 50cm. Le 'Mickael' a hésité à descendre dans l'eau mais il voulait pouvoir dire à sa mère qu'il s'est baigné dans l'Amazonie avec des dauphins roses. On a du d'abord y aller avant qu'il y mette un pied. Mais auparavant il a demandé s'il y avait des paires de pompes grande taille dans le coin. On revient de la balade, on va vers les salles de bain, t'as une chauve souris qui trouve pas la sortie et qui tourne au plafond. Oula, Mickael part en courant. Il a rien à craindre, pourtant, il a pas de cheveux...

Le lendemain était prévu un long trajet en bateau de 3h puis 2h de balade dans la jungle où tu fais un feu, et patati et patata et 3h de bateau retour. L'autre activité est une matinée de pêche aux piranhas (oui Gabriel, cette fois on est sur un fleuve où il y a des poissons.) .Il pleut sans arrêt depuis 5h du matin. Le bateau qui doit faire la longue activité à la journée n'a pas de toit alors que celui pour la pêche où on fait 5 minutes de bateau en a un. Bizarre ce choix de bateaux, les guides se sont peut-être dit que si on nous propose la journée avec le bateau sans toit, aucun voudra y aller vu le temps pourri. Qu'est ce que tu vas aller t'enmerder assis 6h sous la pluie, marcher 2-3h dans la gadoue, puis essayer d'allumer un feu. Vu ce qu'il tombe, il va faire gris, peu de chance de voir des bestioles, tes fringues sécheront jamais, joker.

Le Mickael et une allemande y vont. Toi avec l'autre français, t'as pris l'option pêche. Même avec un toit, on est humide. Le bateau s'enfonce dans jungle. Côté matos de pêche, l'investissement est minime, une branche, un bout de fil de pêche et un hameçon. C'est pas comme un certain charlot du KB qui achète des canes japonaises de compétition pour attraper des échantillons de poisson. Comme appât, de la peau de poulet. Pour appâter le poiscaille, tu secoues très fort le bout de ta cane dans l'eau pour faire des remous. Ouais, technique locale pour les prévenir qu'il y a des touristes. Chap, essaye, peut être que tu choperas un poisson.

L'autre français a juste le temps de mettre son hameçon dans l'eau qu'il a une touche et qu'il sort un piranha rouge. La vache, elles ont faim les bestioles ou il est doué. Le poisson est trop petit, il repart à la flotte. C'est le seul qu'il attrapera de la matinée. Toi, ça mordille rapidement mais impossible d'en accrocher un. T'as la pression, t'es potes avec le plus grand pêcheur (1.90m) du Kremlin-Bicetre. Tu peux pas lui faire honte. Finalement, vu la pression sur tes épaules, t'en chopes un blanc mais aussi trop petit. Et puis va comprendre, ensuite t'en sors un toutes les dix minutes mais à chaque fois trop petit. Résultat t'en as choppé qu'un seul qui puisse être bouffé. Le guide en a chopé un aussi qui a le droit d'être boulotté. On est eco-piranha friendly ici. T'as une chaîne alimentaire particulière. Le poulet se fait manger par le piranha qui lui se fait manger par le touriste qui lui se fait dévorer par les moustiques. L'autre français s'était parfumé en citronnelle, il a pas été déçu. Toi malgré ton fameux DEET, t'as bien une trentaine de piqûres. Ils en viennent même à te piquer les oreilles. Gabriel, Kinnary, plutôt que Cuba, venez à Zacambu, rien que le nom est déjà plus rigolo.

Fin d'après midi, le Mickael est revenu de sa journée 'rainman' légèrement humide. Il comprend pas que sa doudoune ne soit pas imperméable. Je sais pas, appelle ta mère pour lui demander...

On est retourné le lendemain à la pêche aux piranhas avec le Mickael et 3 allemands. Alors là, grand respect, voir très grand respect. Un des allemands est arrivé à choper une bestiole de 70 kg avec juste un bout de bois, un fil et un hameçon. 70 kg facile. Alors Chap, un commentaire ? Au moment le bateau se déplaçait le gars est arrivé à ce que son fil s'accroche dans une branche et l'hameçon se plante dans la main. Forcément avec le bateau qui se déplace, et la branche qui bouge, le hameçon s'est planté profondément dans sa main. 70 kg de barbaque allemande. Impossible d'enlever l'hameçon. Donc retour au lodge mais pas mieux. Seule solution l'hôpital. Ils ont le choix entre l'hôpital de la ville de Leticia ou celui d'un petit village. Bizarrement, ils ont préféré aller à celui de la 'grande' ville. Mickael, lui, aurait demandé un rapatriement sur Bogota voir Paris. Véridique, comme des poissons avaient déjà mordu l'hameçon, il pensait que si les poissons avaient la rage, ils risquaient de le transmettre via l'hameçon. Et ouais, on est sur du lourd ! En tout cas il a attrapé son piranha et a demandé au guide de lui récupérer la mâchoire avec toutes les dents. (ouais c'est un warrior). En parlant de dents, le gars tenait un piranha dans la main et lui mettait une petite branche dans la gueule; un coup de mâchoire et c'était coupé.

Petite devinette : Sachant que t'es en plein Amazonie, qu'elle est la marque de bière vendue au lodge ? Amazonia, Jaguar, Ah que calor, Tarentula... Perdu, c'est de l'Antarctica. Ouais en plein Amazonie.

Paresseux vu de dos et de loin... 

Les rares dizaines de minutes où t'as eu du soleil transforment complètement la jungle. Le vert s'anime, même le fleuve passe du gris au marron (oui, oui, le marron est plus joli que le gris). Pour ceux qui se forcent à lire ce blog et qui aimeraient une petite expérience sans risque dans la jungle, c'est certainement une bonne idée de venir ici. Non, non toujours pas pour toi Jean-Philippe. Faut y aller par étapes progressives. Essaye d'abord un pique nique dans la forêt de Fontainebleau.

Maintenant 12h de bateau pour rejoindre la ville d'Iquitos au Pérou. C'est ensuite que les vraies galères vont commencer pour trouver des transports. T'en as pas encore croiser qqun qui est venu par où tu veux aller. Ça promet. Euh quand tu dis maintenant, t'es optimiste. L'agence t'as pris un billet pour un départ à 5h du matin alors que tu reviens de la jungle avec eux à 16h. Forcément le bateau, il est plus trop là. Ça discute, c'est pas leur faute alors que tu leurs avais qu'il y avait un problème. Blablabla, finalement t'as un bateau qui part à 23h, celui que tu leur avais demandé de réserver alors qu'ils disaient qu'il y en avait pas. Tu vas te reconvertir en dénicheur de boulets.

Caïman Ricardo

6

Yo,

T'y croyais moyen vu l'équipe de branquignoles de l'agence et même si ton billet était raturé de partout, t'as pu prendre le bateau pour Iquitos. T'as 2 façons de décrire cette partie du voyage :

Version 1 : Gooood morning amazoniaaaa. Un petit point après ces 9h de navigation. Nous commençons par le fameux point météo, heureux voyageur, votre chance continue avec cette amélioration du temps : de la brume et de la brume, ne vous inquiétez pas si vous ne voyez même plus les rives du fleuve, elles ne sont pas différentes de celles vues lors des 36 précédentes heures de bateau. Cette drôle de chose qui semble briller dans la brume s'appelle le soleil... Vous inquiétez pas, une fois la brume levée, elle sera remplacée par des nuages. A ce propos, nous vous conseillons d'acheter le prochain National Geographic dédié aux nuages en Amazonie. La circulation est toujours aussi fluide sur le Rio Solimoes, oui, vous n'êtes plus sur le fleuve Amazone. Néanmoins faites attention car d'autres utilisateurs de WazeRio nous indique des troncs d'arbre flottants au milieu de la chaussée en direction de l'ouest. Votre bateau, qui est énorme, est piloté par un suisse, ancien barreur de pirogue (voir post précédent) il est donc normal que le bateau, pourtant équipé de radars et zonars dans tous les sens, fasse marche arrière, suite à une légère erreur de trajet. Bonne et longue navigation à tous, il vous reste plus que 6h de navigation. C'était radio Amazonian-Ricardo

Version 2 : Après une agréable navigation nocturne, la brume se lève lentement, laissant découvrir son trésor, une magnifique jungle d'où d'immenses arbres s'élèvent au dessus de la canopée. Les nuages jouent avec le soleil offrant ainsi au ciel un patchwork de couleur. Le fleuve Solimoes s'étire lentement et nous fait profiter de sa jolie couleur brune. Parfois, le capitaine, arrête son fier navire et fait marche arrière pour nous faire profiter encore plus longuement de ce fabuleux paysage. Ces 12h de bateau sont malheureusement trop courtes pour profiter pleinement de ce paysage unique.

La vache, t'as eu du mal à écrire la Version 2.

Autant Colombie et au Brésil, vu la mixité, tu pouvais arriver à passer pour un local, autant au Pérou c'est plus compliqué, ils ont tous perdu 20cm, te voilà à nouveau Gulliver. Et puis ils ont une peau beaucoup plus mate.

Iquitos, t'auras pas le temps d'y rester trop longtemps car ton bateau est dans deux jours pour la frontière équatorienne. Après, rester plus longtemps , à moins de répondre favorablement à tous les mecs qui te proposent de la drogue dans la rue, bof;

En tout cas, t'es content, tu viens enfin de voir ton premier magasin chinois depuis 2 semaines.

Côté météo, c'est vrai que tu boucles sur ce sujet mais ça fera bientôt un mois que t'as pas une journée entière de soleil, ici c'est particulier il pleut avec du ciel bleu. Une forme d'amélioration. La photo de l'église avec un grand ciel bleu, c'est juste une question d'angle. Tout autour c'est nuageux.

Iquitos. Plus grande ville d'Amazonie péruvienne, y a pas de routes pour y aller. Iquitos, c'est une ville avec des routes en damier, beaucoup de circulation avec énormément de tricycles, quelques bâtiments de l'époque coloniale. L'endroit sympa, le bord de fleuve où il n'y a pas de circulations avec des bars, des restos des dizaines de boutique d'artisanat (véro, j'ai encore acheté des bracelets). Adnana, il y a des supers tissus traditionnels... Le soir, les gens déambulent tranquillement. C'est le coin le plus sympa. T'as une maison en fer conçue et transportée en 1889 jusqu'ici pas le plus grand ferrailleur français, un certain Gustave E.... C'est devenue une pharmacie.

Puis t'as le coin beaucoup plus pauvre avec des maisons sur pilotis. T'as commencé à t'embarquer dans ce quartier mais y a un truc qui t'as fait un poil réfléchir. T'as un flic au seul point d'entrée de ce quartier. Euh, ça veut peut être dire quelque chose. Ouais, donc t'es aller jeter un coup d'œil, genre tu cherches un pote qui traîne dans le coin et t'es reparti tranquillement sans avoir sorti ton appareil photo.

Pour toi, Iquitos est juste un stop pour aller en direction de l'Équateur. En théorie, ça va être la partie galère. Tu passes à l'office du tourisme, oui, oui y en a un et même climatisé. La vache, le mec a un papier qui t'explique tout. Le bateau part après demain donc demain tu prends un bateau pour aller dans un bled puis une moto taxi pour rejoindre un autre bled, Mazan, où il y a une sorte de guesthouse pour la nuit et le lendemain t'es sur le bateau, trop facile. T'as même les infos pour la suite du voyage. Le mec te dit de repasser le le demain et il appellera (ouais y a même les numéros de tel) pour confirmer s'il y a bien un bateau ce vendredi. Demain, bien sûr... T'es pas un perdreau de l'année donc de retour à ta guesthouse tu demandes au mec de l'accueil d'appeler. Leur bureau est ouvert, tu peux aller acheter maintenant ton billet. Tu sautes sur un tricycle qui t'enmene dans la direction opposée que t'as indiquée la guesthouse, aïe. La route devient un piste en terre, tu te dis que tu vas te faire dépouiller au milieu de nulle part. Mais non, y a bien une maison avec un bureau qui vend les billets. Et le pire, c'est que t'as même pas à gérer tout les changements. Tu pars d'Iquitos et ils te gèrent tous les transferts jusqu'à ce que tu arrives à Pantoja avant la frontière. Ça prend quand même 2 jours avec une nuit dans un village de Santa Clotilde mais ça t'as pas tout compris. Sans déconner, c'est trop simple. T'as choisi ce parcours pour traverser le bassin amazonien, car c'était en théorie le plus galère et tout est super simple, voir trop facile (euh, Jean-Philippe, quand je dis simple, c'est légèrement un poil plus compliqué que de partir avec FRAM). Ouais, alors vous pouvez dire 'hé couillon, t'as qu'à acheter une pirogue et y aller à la rame, on verra si c'est simple'. Euh, pourrait y avoir un juste milieu.

Si tu viens Iquitos, c'est pour aller plusieurs jours dans la jungle. T'as plein de 'touts' qui t'alpaguent dans la rue pour te vendre des packages et te rabattent vers des agences. T'as un peu de temps, t'es allé en voir 2. Les mecs commencent à te vendre leur package, veulent te montrer une vidéo. Tu leurs dit que tu viens de faire la même chose à Leticia, toi ce que tu veux c'est 8 jours de vrai jungle pour aller chatouiller les moustaches d'un jaguar (c'est une image). Étonnement, ils ont rien à proposer.

Un des trucs incontournables à voir est le marché de Belen, un des quartiers d'Iquitos. Il est immense et tu trouves de tout : plein de sortes de poisson, de la tortue, du caïman, et quand tu vois la queue tu te dis que la bestiole faisait pas 1m comme en Colombie. Tu trouves aussi de la viande d'agouti, du singe et d'autres animaux de la jungle, du yuka, des épis de maïs noirs... T'as la ruelle des médecines naturelles où t'as pas la moindre idée des poudres de perlimpinpin.

Sur le marché tout coûte rien. Un gros avocat pour 80c, un jus de fruit pour 20c, le poisson est à moins de 2 euros le kilo. Tiens il pleut, ça faisait longtemps... Vu qu'il y a plein de sortes de bouffe, t'as demandé si on mangeait ici le dauphin. Non et pas pour des raisons de protection. Il y a tellement de poissons ici qu'ils ont aucune raison de tuer des dauphins. C'est une blague pour le sushi de dauphin.

Côté bouffe, pour l'instant t'as quasiment tout le temps mangé du ceviche. Ça te rappelle le conseil du médecin spécialiste en maladie tropicale : 'surtout ne mangez rien de cru'. Bingo

Le marché est collé au fleuve près des maisons sur pilotis. T'as décidé d'y aller jeter un œil, inchallah... T'arrives au bord du fleuve, l'eau est recouverte de déchets. Tu t'embarques sur une passerelle en bois quand tu remarques qu'un mec te jette un coup d'œil puis marche lentement et te laisse le dépasser. Bizarre. Tu t'arrêtes pour à nouveau le laisser passer. Vaut mieux voir un mec arrivé sur toi que dans le dos. Tu vois que le mec hésite. Bon, il a pas l'air non plus dangereux mais même passe-partout s'il sort un flingue, tu le prends au sérieux. Finalement le gars s'approche de toi et te dis qu'il a une barque juste à côté et demande si tu veux faire un tour dans la cité lacustre. Tu vois sa barque à 10m, il y a d'autres personnes qui passent sur la passerelle tranquillement, ça n'a pas l'air d'un traquenard. Pour 4 euros tu pars 45 minutes sur sa barque faire le tour des différents quartiers. En fait, tout l'eau que vous voyez sur les photos aura disparu dans 3 mois et sera remplacée par une piste. En attendant la décrue les gens vivent dans des maisons sur pilotis, et les maisons les plus pauvres flottent simplement. Tu peux voir devant certaines maisons un tricycle qui attend la décrue. C'est vraiment très pauvre. Vu la chaleur et l'humidité, les maisons sont ouvertes et tu peux voir qu' il y a vraiment pas grand chose à l'intérieur. Le gars est très sympa et essaye de t'expliquer plein de trucs. Du coup, tu l'as engagé une demi heure pour t'accompagner sur le marché et te montrer différents produits. Avec lui t'as goûté à des jus de fruit en espérant que l'eau est traitée sinon on pourra te suivre à la trace.


Ps : Tu viens de sortir des zones orange et rouge selon le site Web du MinAff. Elles sont en orange et rouge parce que ce sont des zones de narco trafic. Mais qu'est-ce que des trafiquants de coke iraient enmerder un charlot qui slalome entre les gouttes de pluie. Pour la même raison, ils ont qu'à mettre aussi Marseille en orange. Et t'as peu de 'chance' de tomber sur des barbus enturbannés, y a même pas un pauvre vendeur de chèche ou de kebab... Par contre tu connais un charlot qui dans quelques mois part au Pakistan en pleine zone orange/rouge, et là c'est pas une zone en carton. T'as hésité à balancer son nom au MinAff... Ca commence par Bru et ça fini par le contraire de yes (y a que le conducteur de camion de Bernay qui trouvera pas)

Ricardo #balanceTaZoneRouge

7

Yo,

Goooood morning Amazoniaaaaa. Vous voilà de retour sur votre radio préférée. Comme d'habitude un petit point circulation : si lors de vos précédents voyages fluviaux vous aviez l'impression d'un fort trafic, rassurez vous, vous ne serez pas ennuyé par la vue d'un bateau ni même d'une pirogue.

Que le français moyen qui geint à chaque fois sur la météo soit content, il aura enfin du soleil mais bien sûr avec des nuages et quelques gouttes de pluie.

Ne vous inquiétez pas (trop) si votre bateau passe par dessus des troncs d'arbre, vous êtes dans un modèle 4x4.

Côté décoration florale, vous retrouvez de la jungle sur chaque rive avec parfois quelques minuscules villages. On ne change pas un paysage qui pique les yeux.

Ah nous avons un auditeur qui a une question : ''Euh, ouais, je m'appelle Ricardo, français et fier de l'être et je comprends pas un truc. Sans déconner, c'est partout pareil ici, que du vert, de la jungle ça fait des journées entières qu'on voit que ça. Les mecs sont pas orientés business ici. C'est quand même pas compliqué. Les americanos doivent bien avoir un fond de napalm qui traîne quelque part, t'en balances 2-3 bidons histoire de nettoyer le terrain. En plus avec un peu de chance t'auras du singe grillé au dîner. Ensuite, c'est super simple. Tu coules une immense dalle de béton, tu fais des belles places de parking et puis tu importes la grande gastronomie française avec un Campanile, un Hypopothamus voir même un Flunch pour les plus aventuriers. Si tu veux faire un peu plus exotique, t'ouvres une pizzeria Pino et un MacDo pour les amerloques. C'est ça que veulent les gens, du béton, de la grande bouffe, des choses connues, quoi. Pas 3-4 cons de singes qui font des cabrioles dans un arbre, y en a plein le zoo de Vincennes. Et là tu vas faire du touriste de masse, du vrai, celui qui porte un bob et qui suit en groupe un autre gars qui tient une pancarte. Hein c'est pas une bonne idée, ça ? Et puis tous nos produits toxiques qu'on arrive plus à refourguer aux pays pauvres, pourquoi on vient pas les balancer ici dans le fleuve, on le fait bien dans la Seine? C'est pas 10 dauphins roses qui vont nous enmerder. En plus rose... Quand on a une couleur pareille, on la ramène pas''

Ah nous avons un 2eme auditeur en ligne : ''Ouais, c'est Brice de Bernay. C'est quoi cette histoire de vouloir copier exactement ma ville. Le parking, le Flunch, le Campanile, on les a à Bernay et ça doit rester à Bernay.!! On veut pas perdre nos 10 touristes annuels. Au fait qui peut me dire le contraire de yes en anglais?''

Voilà, c'était la radio Amazonian-Ricardo qui remercie ses auditeurs pour leurs commentaires inutiles. Profitez de ces 2 derniers jours de bateau au Pérou sur le Rio Napo.

Dans la bible Lonely Planet est écrit que ce trajet pour passer du Pérou en Equateur est celui le plus reculé, difficile, vraiment pour les aventuriers, genre la dernière frontière avant l'inconnu. Waouh, ça met la barre haute. T'es super motivé, enfin tu vas rentrer dans le dur. Mouais, le charlot qui a écrit ça à du venir ici il y a 30 ans où il est jamais passé à l'office du tourisme d'Iquitos. Déjà tu pensais que tu serais le seul clampin sur le bateau hors les locaux. Et non, il y a 2 espagnoles et la sœur hollandaise de Bugs Bunny, ouais, elle voyage avec son kilo de carottes qu'elle passe son temps à grignoter. Si même une lapine passe par ici....le côté survivor.. Et ensuite tout est organisé. Le seul hic, t'as 2 bateaux par semaine donc faut pas se rater côté créneau horaire.


Dans la bible Lonely Planet est écrit que ce trajet pour passer du Pérou en Equateur est celui le plus reculé, difficile, vraiment pour les aventuriers, genre la dernière frontière avant l'inconnu. Waouh, ça met la barre haute. T'es super motivé, enfin tu vas rentrer dans le dur. Mouais, le charlot qui a écrit ça à du venir ici il y a 30 ans où il est jamais passé à l'office du tourisme d'Iquitos. Déjà tu pensais que tu serais le seul clampin sur le bateau hors les locaux. Et non, il y a 2 espagnoles et la sœur hollandaise de Bugs Bunny, ouais, elle voyage avec son kilo de carottes qu'elle passe son temps à grignoter. Si même une lapine passe par ici....le côté survivor.. Et ensuite tout est organisé. Le seul hic, t'as 2 bateaux par semaine donc faut pas se rater côté créneau horaire.

Stop à un petit bled, Santa Clotilde, pour passer la nuit. Ouais ce bateau ne navigue pas de nuit, déjà que de jour il tape les troncs d'arbres. Tu t'attendais à un trou mais non, une vrai route qui va tu ne sais où, plein de tricycles, de motos. Sans déconner, on est dans la jungle à plus de 7h de bateau express de la grande ville et t'as autant de circulation qu'à Bernay un mardi matin. Manque plus qu'un Flunch et on est bon. Comme partout à cette époque, les mecs qui ont leur baraque en bord de fleuve ont dû installer des pontons temporaires pour passer de maisons en maisons. Tous les gens te disent bonjour dans la rue. Les maisons sont très simples et comme partout, le plus beau bâtiment est l'église. T'as un vrai terrain de foot avec des gradins (oui Linda et Bruno, un vrai terrain de la taille d'un terrain de foot. Pas comme votre arnaque à Isla del sol....) et vu la taille des gradins, ils doivent au moins jouer en Nationale.

Le prix du billet de bateau comprend l'hébergement dans une hospedaje (guesthouse), t'as donc même pas à chercher où dormir, all inclusive. Sur la photo, c'est vrai que ça donne pas trop envie de traîner dans la chambre. En vrai, c'est plus, comment dire... chaleureux... faut rajouter les moustiques et une chaleur pas possible. Et encore, t'as pleuré pour changer de chambre et en avoir une avec fenêtre.

Comme il y a l'électricité de 18 à 23h, le bar/boîte de nuit qui est à 30m de ta fenêtre a un créneau horaire limité pour attirer le chaland et met la musique à fond. Le fils du patron de la guesthouse veut certainement lui faire concurrence en mettant de la musique encore plus fort dans sa chambre qui est à 5m de la tienne. Double vitrage ?? Ahaha. Quitte à pas dormir, t'es allé jeter un œil au bar. Des spots bleus et rouges dans tous les sens, une musique forte à t'arracher les poils du nez mais pas un pekin à l'intérieur.

Côté photos du bled, non tu t'es pas trompé, c'est bien ces photos que tu voulais afficher. Y a un côté...artistique (en particulier celle avec le tabouret rouge) que tout le monde ne peut pas appréhender. Encore merci Gabriel pour ces précieux conseils. National Geographic les juge trop avant gardiste pour eux. (Kinnary, c'est une blague).

A 7h on t'apporte le petit déjeuner. Alors ça y est, vous vous dites, le bougre il fait une grasse mat, on lui apporte son petit dej dans sa chambre, avec un croissant, un jus de fruit... Et après il se plaint que c'est trop plan plan. Presque! A quelques détails près... Déjà, tu t'es levé à 3h du matin pour embarquer à 3h30 pour les dernières 12h de bateau. Ton petit dej, c'est une feuille de bananier qui contient une boule de riz bien grasse, un échantillon de poulet et un ersatz d'œuf dur. Ils ont remplacé le cappuccino par un verre de coca. Mais par contre, c'est vrai, on te l'a apporté à ton siège. Que les médisants en particulier une qui commence par un K, se taisent. Et contrairement à ce que tu pensais, on est effectivement parti de nuit sans lampe juste avec la lumière du clair de lune. Pas sûr qu'on passe un permis bateau ici.

Merde, tu viens de rater l'émission radio d'Amazonian-Ricardo mais c'est toujours la même chose qui est radotée.

Sur cette dernière parti du trajet, le bateau est devenu facteur, livreur Amazon premium. On livre du pain ou de la bière, tout dépend des besoins vitaux de chaque communauté. Là, plus de routes, plus de motos, juste quelques maisons sur pilotis mais étonnement souvent des pylônes électriques. Les gens secouent leurs vêtements en bord de fleuve pour attirer l'attention du pilote et embarquer sur le bateau, ouais faut pas le rater.

Pause repas à un Canpanille local, le seul restofleuve que t'auras vu. Le seul plat du jour de la tortue avec du riz et haricots. T'as toujours pas compris ce qu'il y avait à manger dans la tortue. Au moment où le bateau s'écarte, un excès de gentillesse de ta part, tu dis qu'il manque les 2 espagnols. Ils ont une sacré dette car sans toi, ils étaient bons pour attendre 5 jours le prochain. Au moins ils auraient été nourris.

T'es enfin arrivé à Pantoja, le dernier bled côté péruvien, la frontière de l'ultime, où même Indiana Jones n'a jamais eu le courage de venir. Mike Horn t'a même demandé de faire du repérage pour lui (Kinnary, c'est une blague).

On peut passer la frontière que par bateau et pour plus de fun, ils ont installé le bureau de l'immigration en haut d'une colline... On est obligé de passer la nuit ici car trop tard pour passer la frontière et surtout, le bureau de l'immigration côté équatorien sera fermé. Là, y a vraiment pas grand-chose, on a même eu du mal à trouver un endroit pour dîner. Les autres ne veulent pas mettre 4$ pour une chambre et sont partis planter leurs tentes dans un champ.

Que 2h de pirogue pour rejoindre Nuevo Rocafuerte en Equateur. Le mec nous a dit qu'on allait voir en chemin des singes, des dauphins roses, des anacondas, des perroquets, waouh. Sauf qu'on est dimanche et qu'ils sont tous à la messe à part une bande de singes qui étaient en retard... Des anacondas. Pff

Nuevo Rocafuerte est en construction, il bétonne le bord de fleuve. Eux au moins ils ont compris, dans 3 mois t'as enfin un flunch ici.

Ricardo easy Survivor

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Yo,

Alors un coup de pot incroyable. T'es au trou qui s'appelle Nuevo Rocafuerte. Beaucoup d'agences qui sont à Coca, à 10h de bateau d'ici enmement leurs touristes dans cette région. Et t'es tombé sur un de leur guide qui baragouinait l'anglais. Tu lui as dit que le dauphin à part en sushi, bof, toi tu veux un opération selfi avec un jaguar. C'est là où la chance intervient. Le gars vient d'une communauté Piada-Piada (il doit y avoir que des bègues) à 2 jours de marche dans la jungle mais il y enmene pas les touristes des lodges car c'est déjà difficile d'accès pour les charlots qui veulent faire que du bateau et aussi car c'est dangereux à cause de plusieurs jaguars qui traînent dans le coin. Et le top, le mec doit retourner dans sa communauté demain.

Ça y est, c'est enfin le retour de Ricardo Jones. Deux jours à galérer dans la jungle, t'es parti avec le minimum. Le gars t'a dit d'amener de l'eau, pour la bouffe on s'arrangera avec ce qu'on trouvera dans la jungle ou la rivière. Le gars est parti avec une machette, ça c'est le minimum vitale, une lance, ça c'est pour la bouffe et un petit sac.

Je vous passe les 2 jours de marche mais pour faire simple. Lui a dans son sac une moustiquaire, pas toi, un hamac, pas toi. Ça vous donne une idée de la nuit... Et vas essayer de faire un feu avec cette humidité. Côté bouffe, on a légèrement oublié une casserole, au pire on aurait pu faire cuire dans le feu mais vu que le feu.... Et le comble, la lance, elle a servi à quoi? A rien. Qui chasse encore à la lance ici. Va chopper un singe à 15m de haut avec une lance.

T'es finalement arrivé à Piada-Piada sur les genoux. Essayer de trouver sur Google map. Une dizaine de cahutes. Forcément les autochtones ne s'attendaient pas à voir un touriste débarquer donc ça un peu surpris. Étonnement que des femmes et des enfants. Les hommes sont partis à la chasse. Espérons qu'ils sont meilleurs que ton guide car côté bouffe faut attendre leur retour.

On te montre un endroit pour t'installer. Oui, au fait, pas de photo, t'as oublié ton appareil photo en 'ville' et ton téléphone a pas aimé l'expérience (vous lirez plus tard pourquoi).

Pas un vendeur de hamac à l'horizon par contre plein de collier de grandes griffes suspendus à l'entrée des maisons. C'est pas de la griffe de caniche, certaines font plus de 10 cm. Tu rentres dans la cahute, 2 peaux de jaguars accrochées au mur. Ah ouais quand même.

Y a plus qu'à attendre le retour des gus sous le regard des enfants. Aucune femme ne te regarde, ouais tu dois les impressionner...

L'équipe de chasseurs n'est revenu que le lendemain matin. 2 jours que t'as pas bouffé. Ils ont ramené 3 singes, c'est la fête. Le 'guide' te présente au chef du village qui s'appelle 'Abdel'. T'as fait répéter deux fois car tu pensais avoir mal compris. Adnana, t'es collègues ont cherché à recruter jusqu'ici ?

Les singes passent à la broche et t'as le droit à... une main. Ouais, t'as une main de singe sur une feuille de bananier devant toi. C'est con pour les photos. 2 jours que t'as pas mangé. Y a pas grand chose à manger sur une main et ronger les doigts ça fait bizarre.

Ton guide et le chef discutent entre eux. Ça palabre, ça palabre, ça jette des regards vers toi. Mouais. Aucune idée de ce qui se dit, en plus entre eux ils parlent leur jargon. Le guide revient. Il te dit que le chef est d'accord pour aller chasser le jaguar avec toi mais t'auras pas le droit de ramener la peau, juste quelques griffes. Euh, toi tu voulais juste en voir un qui soit pas enfermé dans une cage, c'est tout. T'as pas prévu de te faire une toque en peau de jaguar, bien qu'après réflexion...

Reblabla. Il t'explique que le jaguar ici c'est un concurrent pour la bouffe donc quand ils en voient un, ils lui font la peau. Ah dans ce cas c'est différent, si c'est juste une question d'éliminer la concurrence sur un marché porteur, ça tu comprends. Trump fait pareil avec Huawei. Le départ est prévu demain. Tu demandes quand est-ce qu'on reviendra de l'expédition. Bon, apparemment c'était une question con.

Depuis que t'as parlé avec le chef, les femmes te regardent maintenant, ouais, t'as ton passeport validé. Une journée à buller, le guide a disparu. Le soir vient et le guide réapparaît. Il vient te chercher pour la cérémonie. Hein ? Quelle cérémonie ? Comme c'est très dangereux, ils font une cérémonie à chaque fois qu'ils vont chasser le jaguar, en cas où un gars reviendrait pas entier. Comme futur membre, tu dois y participer et tu retrouves à moitié nu à danser (c'est là où t'es content de plus avoir d'appareil photo) autour d'un feu au son des percussions sur un tronc d'arbre. Si t'es un jaguar pas trop con et à l'oreille fine, tu te dis que c'est l'ouverture de la chasse et qu'il serait peut-être pas idiot d'aller faire un tour plus loin. Ensuite on te fait picoler un alcool local. C'est vrai que c'est pas con de partir chasser avec une gueule de bois. Ce qui se passe ensuite à Piada-piada reste à piada-Piada.

Lendemain matin on est 6 dont le boss et le guide. Il a toujours sa lance. En fait ils ont tous une lance et y en a même une pour toi. Mais pas de machette pour toi, trop dangereux tu pourrais te couper...le délire. Et un fusil, ça serait pas une bonne idée les gars? Les mecs tuent les jaguars à la lance ici. Non, pire que ça. Le guide t'explique, en tout cas c'est ce que tu comprends, que le but est de coincer le jaguar avec les lances pour le forcer à aller dans le fleuve où il a pas pied et les mecs se jettent sur lui pour le noyer. T'as fait répéter 2 fois car tu t'es demandé s'il se foutait pas de ta gueule. Non, dans l'eau le bestiau peut difficilement se défendre avec ses pattes. Les mecs veulent pas abîmer la peau avec leurs lances. Et les gars, une idée toute bête : une aiguille et un peu de fil et c'est recousu.

Nous voilà parti dans la jungle direction une portion du fleuve. Sympa, ils t'ont filé un bout de singe (pas une main) et du yuka. Bah, en bord de fleuve on pourra pêcher. L'idée est d'attendre pas trop près du fleuve pour pas qu'il nous renifle. Et tôt le matin quand il vient s'abreuver, surprise ! Apparemment l'animal a ses habitudes. Quand il vient boire à un endroit il y retourne. Donc faut déjà trouver une trace en bordure de fleuve. Un des gars, Roméo (à se demander où ils ont tous sortis des prénoms pareil en pleine jungle, ils ont Netflix caché dans une hutte?), avait repéré des traces il y a quelques jours. Une journée et demi de marche. Et la nuit pas de feu, pour ne pas faire peur à la toque sur pattes. Bah, on y prend goût au singe... On arrive en fin d'après midi et effectivement il y a plusieurs traces de pattes. T'aurais été seul, jamais tu les aurais jamais remarquées et Delphine, je suis sûr que t'aurais marché dessus comme au parc Kruger...

Y a plus qu'à s'écarter assez loin en fonction du sens du vent et attendre. Immobile dans la jungle, le rêve, tous les insectes rappliquent sur toi. Tu sorts ton insecticide mais le guide t'arrête. L'odeur peut faire fuir le jaguar. Et les gars, tu voudrais bien revenir avec un peu de sang dans les veines. Y aurait pas le palu dans le coin ? Tu essayes d'écraser sans faire de bruit les moustiques qui ont trouvé le repas du siècle. La nuit est interminable, impossible de dormir. Les autres dorment pépère même si ça ne doit être que d'un œil. Tiens, il pleut, ça commence à faire beaucoup pour voir un gros chat.

L'aube se lève et les animaux commencent à s'agiter. Roméo part en éclaireur. Le mec fait pas un bruit quand il se déplace. 10 minutes plus tard les mecs se lèvent. L'oiseau qui vient de chanter et en fait un appel de Roméo. La vache, on se croirait dans un film. Les gars vont y aller et toi tu vas être 50m en arrière car tu fais trop de bruit quand tu marches dans la jungle. C'est pas faux. Mais, euh, si le jaguar se barre et vient dans ta direction, c'est du tête à tête. T'as pas laissé 50m, légèrement moins... Histoire d'essayer de pas faire de bruit, tu marches lentement tout en essayant de voir vers où vont les autres gars. Ça serait con de se paumer. La pression monte. T'entends un rugissement et tu vois le guide revenir vers toi et te faire signe de te dépêcher. Y a un jaguar au bords l'eau tous crocs dehors qu'a pas l'air content d'avoir été dérangé pendant sa pause café. Bon, il est pas non plus énorme, tu t'attendais à un machin plus imposant. Tu sens que t'es pas avec une équipe de baltringues, les mecs sont supers organisés. A coups de lance, ils arrivent à bloquer le jaguar au bord du fleuve. C'est là où tout se joue, soit le jaguar force le passage mais t'es là en couverture...soit il va dans l'eau.

Il met les pattes arrières, ça a l'air de plutôt bien se dérouler, même si un des gars a l'épaule en sang. Ça a du se passer avant que t'arrives. Finalement le jaguar fait demi tour et se jette à l'eau. Les mecs foncent et se jettent aussi à l'eau. 2 appuient sur sa tête et 3 sur ses épaules avant et un le tient par la queue pour essayer de l'empêcher de se retourner. Toi. T'es comme un con sur la rive du coup tu te jettes à l'eau en oubliant d'enlever le téléphone qui doit nager maintenant avec les dauphins (d'où pas de photos). Faut pas déconner non plus, tu prends l'option queue du jaguar. On va passer les détails mais la bestiole a bu la tasse. C'est un peu comme noyer un chaton mais en plus sportif. Oula, cette phrase va pas plaire à tout le monde.

Ici, ils perdent pas de temps. Un gars est retourné dans la jungle chercher des feuilles médicinales pour soigner le blessé qui pisse le sang pendant que les autres sont déjà en train de récupérer la peau. En tout cas, ils en reviennent pas que tu te sois aussi jeté à l'eau, euh toi non plus. Retour au village, tu vois que les hommes palabrent entre eux en te regardant. Le soir arrive, ils ont décidé de faire une fête pour le succès. Le chef te parle, le guide traduit. En gros, ils ont été impressionné même si au début ils t'avaient rangé dans la catégorie gros baltringue. C'est pas dit comme ça, mais c'est l'idée. C'est la première fois qu'un étranger se jette à l'eau du coup ils veulent que tu rejoignes la communauté et que tu te maries. Et si tu restes, la peau de jaguar sera pour toi. Ah ouais quand même. Toi t'étais venu juste pour un selfi avec un chat sauvage et tu te retrouves avec un mariage et potentiellement une accusation de noyade de gros chats avec Brigitte Bardot sur le dos. Euh....

Il comprend que ça peut être compliqué pour toi mais si tu refuses tu n'auras pas la peau du jaguar. Mais vu ton courage, une fois les griffes nettoyées, il te les enverra via UPS.

Et à ce moment, t'as un mec qui sort de nulle part avec un cameraman et qui crie ''Coupez, on refait la scène. Merde! les mecs respectaient le script, on a dit DHL pas UPS, on a des sponsors. Merde!!' ''

Allez jeter un œil sur Google traduction sur le nom de la communauté en portugais

Sérieux ? Abdel et Roméo au fond de l'Amazonie qui noient des jaguars à main nue.... Coco, Kinnary ? Vous avez plongé ? Qui d'autre?

Kinnary, les producteurs de GOT veulent refaire leur dernier épisode de m..., ils m'ont appelé pour récrire le scénario. Tu le crois?

Ricardo piada mais alors très grosse piada

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Ah lala, Piada-Piada....quel souvenir

Plus sérieusement, on a pas du en parler en France mais il y a eu un tremblement de terre au Pérou qui s'est ressenti jusqu'au bled où t'étais. Il y a eu aussi d'énormes pluie et le fleuve est recouvert sur certaines parties de troncs et de branches. Pas sûr que vous allez me croire si je vous raconte qu'on a coulé et nagé jusqu'à la berge et qu'on s'est fait attaquer par un anaconda de 6m de long qui s'appelle Robert...

Impossible de trouver un guide à Nuevo Rocafuerte, ils demandent des prix délirants et sont antipathiques au possible. Pas là que t'iras chatouiller les moustaches d'un jaguar. Vu le nombre de barges chargées de camion qui naviguent sur le fleuve, le pays semble vouloir développer cette région, il y aurait beaucoup de pétrole.

On passe sur les 8h de bateau, les dernières, pour arriver à Coca. En tout depuis Manaus, hors balade en bateau, juste pour la partie trajet, t'auras passé près de 90h sur un bateau. Du coup ça fait plaisir d'enchaîner sur 7h de bus pour rejoindre la capitale Quito. Et t'as de la chance, car suite au tremblement de terre, certaines routes ont été coupées. Mais là ça passe.

Tu viens de passer de 100m à quasiment 3000m d'altitude, et tu le sens à chaque pas.

2 autres grands changement : un truc que vous connaissez bien même si vous êtes en train d'en sortir, c'est le froid. Fini les shorts et tongs. Et l'autre qui est un vrai régal, c'est de sentir le savon. Avant, t''avais tellement de moustiques que juste après une douche, tu te couvrais d'anti-moustiques, avant de se coucher, idem, en te levant, idem, une vraie plaie.

Quito, t' as 2 grands coins pour les touristes, le centre historique et Mariscal le coin avec les bars et restos. Sur cette partie, pour ceux qui connaissent Paris avec la rue de la Roquette et Oberkampf, c'est rien en comparaison.

Premier objectif, trouver un moyen de faire toutes les ascensions prévues comme le Cotopaxi, Chimborazo et Cayembe. T'apprends que pour le Cayembe, c'est mal barré à cause des pluies. Ouais, un temps pourri vient d'arriver de l'Amazonie... Surprenant. Tu t'y attendais pas. Euh, non t'y es pour rien.

Pour les autres, t'es en avance sur la saison donc y a encore beaucoup de neige... Donc tout va bien. C'est la basse saison donc pas grand monde et donc t'as de grande chance d'avoir juste un guide pour toi. Ce qui est peut-être pas une mauvaise idée. Sur ce type d'ascension on est 2 gugus encordés pour un guide. Mais si tu tombes sur une fusée comme BruPasYes tu vas te brûler et si tu tombes sur un des charlots de Menton, tu vas mourir de froid pendant qu'il pleure pendant toute la montée. Alain, non, on peut pas y monter en voiture.

Va savoir si parce qu'ici la devise est le dollars mais tout est super cher en comparaison du Pérou. En tout cas tu viens de passer d'un repas à 3-4$ à 20$. Du coup, tu manges pleins trucs comme de la banane grillée avec du fromage, des petites galettes de Yuka..

T'as plein de fabricants artisanaux de chocolat, soit disant le meilleur du monde. T'es allé goûter, ça serait con de passer à côté et t'es reparti avec 2 tablettes de chocolat noir incrusté de fragments de cacao, un régal. Soit 10$ pour 2x60gr soit environ 80$ le kilo. Ok, c'est pas du Lindt mais t'as eu l'impression de te faire légèrement braquer. En parlant de braquage, Quito est connue pour ses pickpockets. Sur les coins touristiques, comme le marché artisanal qui vend plein de tissus indiens (d'Inde) et de babioles chinoises, t'as un flic au m2. C'est pas compliqué, nos pickpockets du métro parisien viennent ici en formation avant de passer faire un tour en Roumanie pour dire bonjour à leur famille puis de revenir sévir en France avant leur majorité.

Côté centre historique, il y a 2 gangs : le gang des papys qui squattent les bancs 3n tapant le carton sur la 'plaza grande' et le gang des mamies à casquettes et bobs qui picolent des sodas à l'entrée des églises.

Côté église, c'est pas compliqué, tu donnes un coup de pied dans une pierre, t'as une église qui apparaît. Si t'es pas branché église et tu veux en voir qu'une, c'est l'église des copains de Jesus. 160 balais pour la construire. Les autres églises que t'as vu, déjà ça piquait les yeux côté dorure mais alors celle là. Le décorateur en chef a du avoir un cahier des charges genre, ''pas plus de 10cm de murs sans dorure.'' Même Claude Dalle aurait pas osé aller jusque là pour décorer un palais d'un cheikh du Koweït. Interdiction de faire des photos dans l'église donc vla le lien

http://fundacioniglesiadelacompania.org.ec/portal/m/#./Inicio

Tu peux aussi monter tout en haut de la basilique del Voto national. Et t'as quoi dans une des tours de la basilique ? 2 magasins et un petit resto. C'est peut-être une bonne idée lors de la reconstruction de Notre Dame, un Flunch et un magasin Dior pour remercier Arnault.

T'as toute une partie piétonne où tu peux déambuler tranquillement et dès que tu t'écartes de rues autour de la plaza grande, t'as plein de petits vendeurs de tout et de rien. T'en as même un qui vend des tours Eiffel, va pas faire fortune. On reconnaît ceux venus des Andes avec leur chapeau traditionnel style borsalino (contrairement en Bolivie où les mamies ont un chapeau melon), leur peau très mate mais aussi leur taille, 1,20m même avec les talonnettes de Sarkozy.

Petit point côté fringue : quand t'es en Thaïlande, Cambodge, tu vois plein de gens qui portent des pantalons ou shorts avec des éléphants, genre on est en cool. Ils ont pas compris qu'il y a que les touristes pour se déguiser comme ça. Dans la cordillère des Andes, l'éléphant est moins en vogue mais t'as aussi des phénomènes vestimentaires.

Pour ceux qui ont un budget serré, ils peuvent à la fois voir Quito et la place St Marc de Venise, en tout cas pour la partie pigeons.

T'es parti pour rester un paquet de temps sur Quito. T'as besoin de faire des journées d'acclimatation progressive avant d'aller taper les gros. BruPasYes, ça te parle le Rucu Pinchicha, le Corazon et le Iliniza ? Tu passes par une agence locale pour la partie acclimatation et ensuite t'enquilles sur le Cotopaxi et si tu reviens entier et toujours aussi con, tu tenteras le Chimborazo mais ce coup juste avec un guide avec toi. Ouais vu ta condition physique à la ramasse, tu prends pas le risque de te retrouver avec une fusée.L'agence te demande pas comment est ta condition physique, si t'as déjà tapé de la montagne. Rien, aucune question. C'est rassurant. C'est vrai que monter à plus de 6000m, une pacotille quand t'es du coin.

Tiens, la terre vient encore de trembler pendant tu écris ce post. Ah ça recommence et plus fort.

Première journée d'acclimatation. T'as un téléphérique qui te monte au dessus de Quito. Toi t'as décidé de faire très tôt le chemin à pied plutôt que de prendre le téléphérique. T'as pas fait 10m que 2 papys arrivent en sens inverse et te dises que c'est interdit. T'essayes de comprendre pourquoi. Un simule des flingues avec ses mains, genre tu vas te faire braquer et l'autre te fait comprendre qu'il y a eu des morts. Ah ouais, ce sont quand même des bonnes raisons. Mais, bon tu comprends pas tout et finalement un des vieux te fait signe dans le dos de l'autre d'y aller quand même.

Y a bien un panneau mais un petit (donc ça compte pas) où tu penses avoir compris que tu peux faire le chemin en descente mais pas en montée. Va comprendre. En 2h tu passes de 3000 à 4000m. Tu t'es traîné. Comme le téléphérique n'ouvre qu'à 9h, t'es tout seul en haut. Si t'as la moindre merde, tu seras pas dérangé. Y a pas plus débile que de partir en montagne seul, sur un chemin inconnu sans que personne soit au courant avec un temps de merde. Tu pars en direction du sommet Rucu Pinchicha, encore 800m de dénivelé positive en plus. Autant les jambes suivent autant le souffle, le cœur et la tête ont plus de mal.

Côté paysage, les photos parlent d'elles même. T'as eu une éclaircie où tu pouvais voir Quito en contrebas. Impressionnant tellement c'est étendue, presque à perte de vue. Avec un grand ciel bleu tu aurais la vue sur la vallée des volcans, là, t'as la vue sur le panneau...

Autant sur la première partie, tu marchais volontairement tranquillement (façon, ton souffle et ton cœur te rappelait à l'ordre à la moindre accélération) autant sur cette deuxième partie tu t'es traîné comme jamais. Ouais, 6 mois à picoler des bières sur la plage sans quasiment aucun vrai trek, ça laisse des traces, des grosses. T'as juste 3kg de ventre à perdre... En plus le temps s'est dégradé, t'as commencé à te peler, tu voyais pas à 10m. T'as mis tes gants trop tard, du coup tu sentais plus les extrémités des doigts. T'es finalement arrivé à 100m du sommet après une grande montée bien directe histoire de te finir. Et bien, t'as fait demi tour. Le but c'est de faire de l'acclimatation et de toute manière tu vas le refaire demain. T'as à peine commencé à redescendre que tu vois arriver ceux qui ont pris le téléphérique sur la première partie. Ok, ils ont moins marché mais t'as l'impression de voir des fusées. C'est mal barré le Cotopaxi et le Chimborazo. T'es redescendu avec des percussionnistes dans ton crâne et ça passe pas. T'as investi dans une boîte d'aspirine, 10 euros. Le délire.

T'as renquillé le lendemain mais ce coup ci t'as pris le téléphérique pour la première partie et étonnement la 2eme partie a été beaucoup plus facile. Pour les photos, c'est pire que la veille sauf si vous voulez voir de la pluie et de la grêle. Arrivé au point où t'avais fait demi-tour la veille, ce coup-ci t'es pas à moitié mourant. Mais impossible de trouver le bon chemin dans la brume, y a des barres rocheuses où il vaut mieux pas s'aventurer. T'as commencé à faire des petits tas de cailloux pour marquer ton chemin retour (ouais, t'as tout piquer au petit Poucet), vu la brume, tu vois pas à 10m.

T'as 2 allemands qui sont aussi venus pour faire de l'acclimatation avant de taper du gros. Au moins t'es plus tout seul en cas de merde... Finalement l'un d'eux trouve le bon chemin et t'es enfin au sommet avec cette vue incroyable...

 Superbe vue !!!!!

Journée tranquille avant de commencer la vraie phase d'acclimatation. T'es allé en bus local à Mitad del Mundo. Déjà le bus, c'est un magasin ambulant. A chaque arrêt t'as qqun qui monte et qui vend des ciseaux, des tubes de colle, des feutres, tout et n'importe quoi et en plus ça marche. A Mitad del Mundo, t'as la fameuse ligne de l'Equateur où tu mets un pied côté hémisphère nord et l'autre au sud. Ouais, lui sur la photo, il a pas de pieds. T'as une sorte de tour où tu peux monter et chaque étage est un petit musée sur l'Equateur

Allez, demain tu pars pour taper le Corazon, un poil en dessous de 4800m.

Ricardo testeur pour Doliprane

Etude sur le maïs équatorien

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Yo,

C'est parti pour la phase d'acclimatation.

Premier volcan, le Corazon. Déjà faut sortir de Quito qui fait quasiment 50 km en longueur. T'es dans '' l'avenue des volcans.'' Quand il n'y a pas de nuages, t'as des volcans de chaque côté de la route. Vous emballez pas sur la photo, l’éclaircie à durée 10 minutes et c'est le volcan Iliniza Norte, celui que tu vas taper lundi.

Tu rejoints 4 autres personnes. On te l'aurait dit tu l'aurais pas cru : 2 missionnaires américains (assemblée de dieu) qui vivent en Équateur depuis 15 ans et qui sont un avec sa fille de 20 ans et l'autre avec son fils de 15 ans. My god, t'as du changer ton vocabulaire. Le pasteur et son fils vont aussi faire l'Iliniza et le Cotopaxi avec toi. Ils vivent dans un bled aux portes de la jungle près des communautés Shuars. Ça tombe bien, t'as prévu d'y aller.

On monte en bagnole jusqu'à 4000m. Alors vous vous dites, mais quelle bande de charlots, il vous reste plus que 800m de dénivelé. Et en plus vous savez pas tout, y a pas 4 km de distance pour rejoindre le sommet. https://images.app.goo.gl/L39BebU84mBn44h89 pour ceux qu'ils veulent voir à quoi il ressemble quand il y a un temps normal

Alors on est parti super lentement dans des collines herbeuses avec un peu de soleil.

Puis a commencé la vrai montée avec le temps pourri. C'est là que le pasteur qui va faire le Cotopaxi a pas du prier assez son dieu car il en a bavé grave. Les 2 gamins parlaient en marchant. Ça paraît rien mais à cette altitude, ça veut dire que tu te balades. T'aurais pas fait tes 2 entraînements il y a quelques jours, t'aurais pleuré comme l'autre gars.

Bien sûr, le temps se couvre. Le guide Freddy nous dit qu'il faut mettre maintenant nos harnais et nos casques. Ouais, il y a 2 parties techniques. Il sort une corde et il dit qu'il va encorder les 3 vieux, pas les gamins car ils font de l'escalade. Holà, il sait pas à qui il a à faire, Ricardo Jones, le neveu par alliance du fameux Indiana Jones. C'est presque une insulte. Tu l'as joué easy, en disant que t'en auras pas besoin. Freddy part devant attacher la corde à un rocher, elle est là au cas où. Quand t'as vu où il fallait passer et le vide qu'il y avait en dessous si tu te ratais, t'as regretté de l'avoir joué finger in the nose. Après le 2eme passage chaud , t'as dit à Freddy que pour la descente, tu prendrais l'option corde. Ouais, c'est uniquement par alliance que t'es de la famille d'Indiana...

On est finalement arrivé au sommet où il y a... une croix et un alien... À se demander si elle te suit pas, cette satanée bestiole. Pas mal le paysage en arrière plan sur la photo.

Tu t'attendais à une petite prière/bénédiction de la part de l'assemblée de dieu mais que dal. S'il nous arrive un problème dans la descente, on saura pourquoi.

Côté redescente, tout le monde a pris l'option corde sans la moindre hésitation.

On aura mis 6h pour faire environ 7 bornes.

Pour l'instant le pasteur a pas convaincu Freddy sur sa capacité à taper le Cotopaxi. T'as eu un coup de pot de tomber sur ce guide (patron de l'agence Sierra Nevada à Quito pour ceux qui veulent un guide très pro et sympa) car c'est un des meilleurs d'Equateur. Formé à Chamonix, il accompagne des clients partout dans le monde. Le seul truc inquiétant c'est que, pour lui, la montagne que veux taper si t'as la condition physique, le Chimborazo, est la plus dangereuse d'Equateur.

Journée de récupération. C'est le jour du marathon de Quito. T'as dit journée de récupération... Et puis va courir à 3000m d'altitude, au bout de 200m c'est direction l'hôpital.

Donc t'es parti à Mindo.

Au fait, vous connaissez pas Mindo ? C'est la Mecque des amateurs de piafs, y aurait plus de 400 sortes de bêtes à plumes qui squatteraient dans le coin. Sauf qu'en 2h de bus, t'as perdu 1700m d'altitude. Pas du tout prévu, et t'as eu peur pour ton processus d'acclimatation. Du coup, t'es même pas resté 3h sur place et t'es remonté dans les nuages. En plus c'est dimanche, les piafs sont certainement à la messe. T'es juste allé voir une serre de papillons. Voir prochain post dédié à ce sujet.

Lever à 4h15 pour cette dernière journée d'acclimatation, direction le volcan Iliniza Norte, 51é6m. L'Iliniza sud est 100m plus haut mais recouvert de neige. De retour avec le pasteur Joil et son fiston, ils ont du faire une petite prière car la vue est super dégagée sur l'Iliniza norte, le sud est sous les nuages.

Pareil pour que le Corazon, on monte en bagnole jusqu'à 4000m mais cette fois on passe de 800 à 1200m de dénivelé positive. Ouais, ça paraît rien quand tu pars du niveau de la mer mais à plus de 4000m c'est un poil différent.

Un petit coup d'œil à droite pour voir le sommet du Corazon qui dépasse des nuages et derrière toi, pour la première fois, tu vois enfin le Cotopaxi.

Ça y est c'est parti. Le pasteur se met dans la roue du guide suivi du fiston et tu fermes la marche. Ça monte tranquillement, la vue est superbe et t'es tellement optimiste que tu mets de la crème à bronzer. Ça fait 1 mois que t'as le tube, tu t'en es quasiment jamais servi. 10 minutes plus tard, un vent glacial se pointe en amenant avec lui ses copains nuages. Le pasteur a du mal et on se traîne dans le froid. La vue est légèrement différente...

T'as un chien planqué à l'abri d'un rocher qui décide de nous suivre. Rien d'autre à foutre de la journée, le cleps se dit qu'il pourra certainement nous gratter de la bouffe. Freddy nous annonce qu'on arrive bientôt au refuge et qu'on va pouvoir se faire un bon thé chaud. Le gardien est pas là et impossible de faire marcher la bonbonne de gaz. Bye-bye le thé chaud.

Le pasteur est sur les genoux (non pas pour prier, au figuré). Il aurait pas dormi de la nuit. On commence la vraie montée avec le chien qui nous lâche pas. Lui, c'est un habitué du coin car il court dans tous les sens sans être essoufflé. Mais comme il nous voit nous traîner, il se couche à l'abri du vent et nous rejoint ensuite. Passage un peu technique, le pasteur est encordé car il est épuisé. Le chien fait du stretching...

Toi, étonnement, avec ta condition physique à base de bière, t'as l'impression de survoler l'étape. A 150m du sommet, le pasteur jette l'éponge. Le chien s'assoit sur ses genoux pour le réconforter. Trop fort, le cleps, plutôt que de monter avec nous au sommet il la joue 'je reste pour réconforter le fatigué'. En tout cas, ça marche car on lui aura tous filé une partie de notre bouffe. Il reste 150m de montée en ligne droite dans les rochers pour arriver à un rocher avec une croix et un alien. Il est collant celui-là.

6h pour monter... Redescente par un autre chemin. Le con de chien va aboyer après une vache et son veau. En 30 secondes t'as une dizaine de taureaux qui rappliquent l'air pas content. Le chien a plié les gaules fissa sans la ramener. Freddy nous dit de ne pas faire de bruit et de la jouer profile bas le temps qu'on soit assez loin. Les taureaux nous ont fixé jusqu'à ce qu'on soit loin. Quand Freddy regardait pas, histoire de déconner, tu faisais des grands mouvements avec les bras en direction des taureaux. Le chien nous a suivi jusqu'à la bagnole histoire de nous taper nos restes de bouffe puis et remonter au refuge retrouver son maître qu'on avait croisé dans la descente. Grand respect pour le cleps

Ricardo, missionnaire de l’acclimatation

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!!!!!!!!!!!!!!!!! ATTENTION LEPIDOPHOBE S'ABSTENIR !!!!!!!!!!!!!!!!!

Yo,

Ce post dédié à la serre de papillon de Mindo.

Lépidophobie, c'est dingue qu'on est inventé un nom pour cette peur...

T'en avais jamais fait, pensant que t'allais voir 10 papillons qui se courraient après. Ouais, ça fait pas que voler et picoler le pollen des fleurs. Comme t'as pas le temps de courir la forêt pour jouer à cache cache avec les piafs, t'es donc allé voir cette serre. T'as une vingtaine de sortes de papillons et tu peux voir tous le processus même des photos de la phase de reproduction....

Quand c'est encore une sorte de cocon. Côté camouflages, ce sont des pointures, certains ressemblent à des gouttes d'eau, des feuilles séchées...

Et puis t'as la phase d'éclosion. Il faut environ une petite heure à la bestiole entre le moment où elle s'extirpe de son cocon et le moment où elle peut voler.

Ils ont poser des assiettes avec des fruits ou de l'eau sucrée pour qu'ils viennent se nourrir. En fait tu mets ton doigt devant un papillon et en avançant le doigt il s'accroche à toi. Parfois ils viennent se poser sur toi sans rien faire. T'as un gars, son job est de secouer de temps en temps les arbres histoire que ces gros flemmards volent autour des touristes. Sinon, ils passeraient leur temps à faire du gras accrochés à une branche. Les plus anciens ont compris que pour être tranquille fallait se poser tout en haut de la serre sinon t'es bon pour un selfi avec un couillon de touriste.


La penseuse de Mindo 

Si vous regardez les ailes des gros papillons, leurs extrémités font penser à des têtes de serpent et au centre un gros œil.

Celui là, tu l'avais vu dans la jungle au Vietnam, et pareil on dirait des serpents aux extrémités des ailes

T'as même un hôpital de brousse. Un bout de ruban adhésif sur une aile mais ça n'a pas l'air de fonctionner. Bruno, toi qui a une fiancée vétérinaire à Strasbourg, un conseil ? C'est vrai qu'à Strasbourg, t'as peu de chance de voir qqun se pointer avec un papillon chez un véto. Bruno, on fait des pulls pour papillon ?

Ricardo, I believe I can fly

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Yo,

Journée de repos avant l'ascension du Cotopaxi.

T'as décidé d'aller à Otavalo. En principe, il faut y aller le samedi, le jour du marché d'artisanat (et celui des pickpockets). Toujours aussi bon côté timing, t'y es en semaine. T'as quand même la place des ponchos (fallait l'inventer) qui est rempli de stands. Et il paraît que c'est rien en comparaison du samedi.

Tu t'écartes de quelques rues et t'as les grossistes avec leur grands sacs plastiques qui débordent de produits identiques made in ???. Il y a plein de mamies en tenue traditionnelle, un chemisier blanc brodé avec un poncho par dessus, un borsalino ou une pièce de tissus sur la tête. T'as regardé leur cou (non, t'es pas fetichiste) pour voir le type de collier qu'elles portent. Elles ont toutes des colliers à plusieurs rangées avec des perles dorées. Pas vu un seul de ce type sur le marché par contre t'as du collier en veux tu en voilà. À 50m t'as 10 grossistes qui te vendent des sachets plastiques remplis de perles de toutes sortes. Sinon, ils ont des masques tricotés main à porter dans certaines soirées parisiennes. Pour les parisiens nostalgiques t'as même le t-shirt Paris, oui, oui 100% produit typique.


La ville est au pied du volcan Imbabura, ouais, le gros machin caché en partie par les nuages. Ils ont peint les trottoirs au couleur du pays mais ça ressort pas trop quand il fait gris.

En haut d'une colline, t'as le fameux 'el lechero'. Pour y aller, t'as pris l'option marche à pied dans la colline plutôt que taxi. T'as découvert qu'il faut marcher avec des pierres dans tes mains. Chaque maison a au moins un chien qui t’aboie méchamment dessus dès que tu passes près de la baraque. Certains, quand tu leur montres la pierre dans ta main se disent que finalement tu fais que passer, qu'ils ont fait leur boulot et que ça vaut peut-être pas la peine de se faire caillasser. Mais d'autres sont beaucoup plus teigneux et faut leur balancer des pierres. Ils s'attendent à la première donc reculent mais reviennent à la charge et la seconde les calme généralement. Mais vraiment galère de marcher avec son sac de pierres. Entre les chiens et les taureaux, ca va être folklo quand t'iras faire des balades.

Alors le fameux el lechero (y a 2 heures t'en avais jamais entendu parler), c'est un arbre millénaire. Tu t'attendais à un arbre impressionnant mais côté taille, il est adapté à celle des locaux. On va dire que le cadre le rend sympathique avec en arrière plan un bout de l'Imbabura. Un peu de lecture sur l'utilisation de cette arbre.

Sinon, t'as découvert une entrée secret de spider man. Ils veulent te faire croire que c'est un cadran solaire mais c'est du pipo, y a jamais de soleil.

Le fameux volcan Cotopaxi. L'ascension se fait de nuit donc on arrive au parking du refuge qui est quand même à 4580m dans l'après midi. Il y a juste 300m de dénivelé pour rejoindre le refuge. Au début ça semble couvert voir très couvert mais coup de pot les nuages se barrent. Le ciel bleu, la neige et ensuite la terre rouge, cocorico.

Basse saison, on est une dizaine de trompettes avec différents guides trompettistes qui vont tenter l'ascension. Le timing est simple : dîner à 18h puis repos avec tentative de roupillon (à 4900m, pas simple de dormir), lever 23h pour un départ vers minuit. Objectif 6 à 7h de montée. T'as une photo avec le record, y a une fusée qui a mis 1h37 pour faire l'aller retour. Nous on est sur 6h juste pour la montée.

Parmi les autres trompettes, t'as un gars qui a une jambe en métal à partir du genou.

La trompette d'or est remise au pasteur qui a annoncé d'entrée qu'il faisait un refus d'obstacle. il est là pour soutenir fiston mais il ira pas plus haut. Avec fiston on aura donc un guide chacun. Ton guide sera Edgar, il t'a jamais parlé et a passé son temps au téléphone.

23h, tout le monde se prépare. D'autres équipes sont déjà parties. Côté matos, t'as mis tout ce que t'avais, t'as même loué des chaussures de montagne qui ressemblent à des chaussures de ski, tu sens leur poids à chaque pas.

On commence par 2h de montée sur la moraine. Au bout de 5 minutes t'as compris que c'était loin d'être gagné. Des rafales de vent avec de la neige. En 30 minutes toutes tes affaires étaient glacées et recouvertes de givre. La couche en dessous est trempées. T'as 3 couches de gants et c'est limite. Ton GPS a jeté l'éponge, le téléphone aussi, les fixations des bâtons sont gelés et tu les pètes en voulant les débloquer. T'as pas les mêmes problèmes sur les plages en bord de mer.

Faut s'imaginer de nuit avec un vent glacial, avancer pas à pas avec des pompes super lourdes, ne voir que ce que le halo de ta frontale te laisse voir, chercher son souffle à chaque pas et entendre les tambours du Bronx qui font un bœuf dans ton crâne et t'as payé pour ça.

Freddy, qui ouvre la marche se plante de chemin et quand l'autre guide l'a prévenu, on a déguerpi vite fait du coin. On arrive au début de la glace, il est temps de mettre les crampons, le casque, sortir le piolet et s'encorder. T'es donc avec Edgar. Tous tes vêtements craquellent de givre. Tu te dis que t'as fait le tiers facile du chemin.

T'es maintenant que sur de la glace et c'est de plus en plus pentue. Le Edgar va trop vite. T'es en train de te brûler et tu cherches ton souffle sans arrêt. Le grand coach sportif mondialement connu à Villejuif, Brupasyes dit que tout est dans le mental. Alors t'as essayé d'y aller au mental...

Dans une grande montée, où t'en peux plus et où tu cherches ton souffle, tu te fais presque engueuler sur l'utilisation du piolet par Edgar qui est au dessus de toi et par Freddy qui est en dessous. Toi, tout ce que tu veux c'est 15 secondes de pause. Ton piolet aurait pas été attaché au baudrier, tu leur aurais bien balancé à la gueule. Le mental...

Ça monte sans fin, sans jamais le moindre faux plat pour récupérer un peu. Le mental. Commence à en avoir ras le bol du mental.

Le froid est toujours intense, Brupasyes, le mental lâche. Tu dis à Edgar que tu veux faire demi tour. Lui rien à foutre, n'essaye même pas de comprendre pourquoi. Freddy arrive et lui est plus dans l'empathie et essaye de comprendre. Y a encore 2 jours tu te baladais et là t'es à la ramasse. Trop vite, plus de souffle et il reste encore 3h de montée. Ok, Edgar va aller plus doucement, ouais pendant 20 minutes.... Malgré les chaufferettes dans tes gants tu sens plus ta main droite. T'as tapé sur ton genou, tu sens pas ta main. On doit être environ à 5400m et le sommet est à 5897m. C'est là que trompette Ricardo jette l'éponge définitivement. Ricardo trompette d'argent. Le mental, ça sera pour la prochaine fois, au Sajama, hein Brupasyes... 5 minutes plus tard fiston redescend, crampons cassés, trompette de bronze. Il a de quoi être fier le guide Freddy, ces 3 poulains sur les 3 premières marches du podium.

Dans la descente, tu croises toutes les autres trompettes qui montent super lentement. Ils font un pas, ils ont le temps d'une pause café, puis font un 2éme pas, recafé... On est quasiment parti en même temps qu'eux et on leur a mis 30 minutes dans la vue, pas étonnant que tu te sois brûlé.

Retour frigorifié au refuge même si, ahah, à ce moment le vent est tombé.

Lendemain matin au refuge, concert de trompettes, tout le monde est là et personne n'a tapé sommet à cause du temps. T'as demandé au mec qu'à une jambe en titane, la raison. Lui, il avait froid au pied, t'as pas osé demander lequel...

Les conditions météo étaient vraiment dégueulasses mais même sans ça pas sûr d'avoir le physique pour..

Conclusion :

- tu vas bien sûr pas essayer de taper le Chimborazo et donc faire des économies

- Brice de bernay, c'est plus que mal barré pour le pic Lenine

- finalement la plage c'est peut-être pas si mal..


Ricardo, le Miles Davis de la montagne

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Après ce super succès sur le Cotopaxi avec ta trompette d'argent t'es parti direction sud pour le bled de Latacunga. Ouais, pour l'instant pas la peine de t'attarder pour tenter le Cayambe et le Chimborazo. Déjà qu'une trompette ça prend de la place dans le sac, alors une collection.

Alors, pourquoi aller à Latacunga ?

Pour son vendeur de citrons ? pour ses gigantesques corbeilles de fruits? Pour son délirant fleuriste ? Pour son chien mannequin ? Pour un de ses rares 'restos' ouvert un vendredi soir ? Ou enfin pour croiser du trekker tout confort qui trimbale sa chaise pliante? La liste est sans fin. Sans parler des vieilles places historiques et ses églises mais ça, y en a partout. Si grâce à toi, ils ouvrent pas un office du tourisme en te nommant manager.

C'est le point de départ pour rejoindre un autre bled, Quilotoa, et faire sa fameuse boucle qui est en fait un trek en ligne droite. Depuis le début, en regardant les photos sur internet t'es pas convaincu et surtout il y a souvent une météo de merde. Ok, il y a un très beau lac mais franchement, y a des lacs partout ici. Mais même les locaux te disent que c'est superbe. Alors... Inchallah.

Le gars de l'hôtel te dit que si tu montes sur la terrasse, t'as une superbe vue sur le Cotopaxi. A deux doigts de se prendre une trompette dans la tronche, le gars. Sujet encore sensible... De toute façon il fait nuageux et on voit rien.

Le trek est sur 2 ou 3 jours en fonction dans quelle catégorie de baltringues tu joues. T'as pris un premier bus local pour Zumbahua. 40 places dans le bus, on est 70. Toutes les femmes ont le même look sympathique, le borsalino, le collier doré, une couverture polaire qui leur sert de poncho, une jupe plissée et des souliers noirs. La hauteur des talons et la longueur de la jupe sont liés à l'âge. Plus t'es jeune et plus la jupe est courte et les talons sont hauts.

On est à 3700m, les montagnes sont couvertes de champs et pas un tracteur, tout à la bêche. La route serpente entre les montagnes et incroyable un grand soleil illumine tous le paysage. Impossible de faire des photos du bus, le dessous de bras d'un gars gâche le paysage.

C'est le jour du marché. Il y a une queue monstrueuse.?? Flunch vient d'ouvrir ? Tu vas jeter un œil. Merde, pas de Flunch, c'est juste la queue pour la banque, 200 personnes qui attendent. Et les banquiers, Laure, Guy et Sylvain, vous voulez pas un vrai métier de banquier ici? Pas le temps faire une pause café ici quand t'as 200 personnes qui attendent.

Les mamies au visage cuivré et buriné par le soleil. C'est ça de passer ses journées à buller sur les plages de la cordillère des Andes et descendre des pinacolada. Encore une vie facile.

T'as raté la camionnette pour rejoindre Quilotoa. Le chauffeur de taxi te dit que c'est dangereux de faire ce trek car il y a des 'ladrones', des voleurs de grands chemins.

Pas grave, arrivé au village de Quilotoa, tu passes au CCBGQ. C'est juste en face du parking pour ceux que ça intéresse. Le Club Canin Body Guard de Quilotoa. Alors, tu sais pas comment ils fonctionnent mais au bout de 2 minutes de marche t'as un chien qui s'est accroché à tes basques et même pas un aboiement, un mot, rien. Il aurait eu un téléphone tu l'aurais confondu avec Edgar ton guide du Cotopaxi. Tu fais 100m et tu es déjà sur le chemin qui fait le tour du lac. Pour une fois, t'as bien fait de ne pas t'écouter et de venir car avec le soleil la vue est magnifique. Le lac est d'une couleur verte assez exceptionnel. Tu peux même descendre jusqu'au lac et faire du kayak. L'objectif est de faire une partie du tour du lac puis partir en direction des villages. Ton bodyguard est toujours avec toi. Dès que tu t'arrêtes pour faire des photos, il t'attend tranquillement en surveillant les alentour, tu sens le chien expérimenté, très professionnel.

T'arrives à l'intersection où tu peux soit faire le tour complet du volcan soit partir en direction du premier village Chugchilan. Petit stop et tu files un gâteau au cleps qui du coup fait des bonds dans tous les sens. Grosse erreur, très grosse erreur. Quand il voit que tu ne pars pas en direction du tour du lac, il est moins motivé. Tu commences à croiser d'autres marcheurs qui font le circuit dans l'autre sens. Oui, en fait tout le monde termine par où t'as commencé pour finir avec la superbe vue sur le lac. Toi, tu t'es dit que t'allais arrivé au bout du trek au lac avec un temps pourri donc t'as préféré commencer par le lac histoire d'être dégouté d'entrée. Mais pour une fois depuis un mois, t'as eu un gros coup de pot côté météo car ça s'est couvert ensuite.

Ouais, donc, tu croises d'autres qui viennent dans l'autre sens. C'est là où t'as fait l'erreur de payer le chien avant. Le bougre est reparti avec les autres. Ne jamais payer un artisan avant la fin du boulot. Qui paye un plombier avant qu'il est réparé la fuite d'eau, personne. Résultat plus de protection.

Juste un point sur les 'ladrones' locaux que t'as croisés. T'as, sans arrêt, été agressé par un 'Buenos dias' ou un 'hola', à donde vas'. Des vrais méchants.

Direction le village de Chugchilan. T'as juste 1000m de dénivelé négative puis positive à taper. Mais tu dois faire un choix. T'as 2 chemins, le chemin 'seguro' et le chemin 'extrema'. Ton côté trompette d'argent t'as fais hésité une seconde. Tu croises dans l'autre sens d'autres trekkers qui font une pause. Un des gars te voit arriver par le chemin et te demande si c'est le chemin pour rejoindre le lac. Euh, t'as le panneau, tu vois un gus qui descend par ce chemin et tu te poses la question. Tu serais pas trompette de platine ?

En parlant de trompette, t'as croisé un gars au milieu d'un chemin qui se trimbalait un saxophone, un vrai. Il a fait quoi pour obtenir le saxo ? demi tour sur le Chimborazo ? Chaque montagne a son instrument/diplôme de loose ici?

T'arrives d'abord à un village plein de ladrones qui te disent bonjour.. Mais le plus fort c'est le panneau indicateur. Ah, ici on rigole pas sur la précision !

Côté chemin extrema, mouais. Il y a 2-3 passages où il faut faire attention mais même les boulets de Menton auraient pu le faire. Euh, juste pour la partie descente. Je vous laisse découvrir les paysages via les photos. Vous voyez, c'est rarement plat.

T'arrives à 12h30 au village de Chugchilan. Ça fait super tôt pour passer la nuit au milieu de nulle part donc t'enquilles sur le prochain village Insivini. T'achètes pour 2$ un gros morceau de poulet et des frites à une dame dans la rue et c'est reparti. Il faut juste redescendre à nouveau dans la vallée, passer un pont en bois et retaper à nouveau les 1000m de dénivelés. Les nuages arrivent au loin, faut pas traîner.

En haut d'une montée, t'as un canasson qui traînasse. A peine il te voit, il vient vers toi. Il aurait pas été attaché, il te suivait. Ouais c'est bon, t'as plus confiance dans la faune locale. T'arrives enfin au village d'Insivi. Alors faut pas s'attendre à des villages très typiques même si dans le lonely planet, t'as l'impression d'être au bout du monde. T'as même un super lodge avec un spa. Le village, enfin les 2 rues, est tout petit et il y a rien de particulier à part les 3 lamas qui broutent dans le jardin de la guesthouse.

T'as tapé le tarot avec 4 autres français. Sérieux, toi t'es trompette, ok, mais eux c'est le délire. Ils vont aussi tenter le Cotopaxi dans 2 jours. Ils ont fait aucune acclimatation, ils ont eu du mal sur ce circuit qui est un faux plat en comparaison du Cotopaxi. Une fait quasiment aucun sport. Ils ont aucune idée de ce qui les attend. Mais va savoir... Inchallah comme dirait l'autre.

Dernière petite marche sympathique de 2h pour rejoindre le bled de Sigchos et choppé un bus pour Latacunga puis un autre pour Ambato et enfin un denier pour Banos où tu vas essayer de faire du rating.

Pour une fois t'es bon côté timing car maintenant tout est couvert de chez couvert. Le lac a du perdre sa couleur, tout est devenu gris, il pleut. Mais quel coup de génie d'avoir fait le circuit dans l'autre sens.

Ricardo, génie malgré lui...

Ps : un petit commentaire lié à l'actualité, toi, le Cotopaxi, tu l'as lamentablement vautré sans oxygène... CCBGQ de Quilotoa

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2h de bus pour arriver à Banos sous la pluie. Un choc. Non pas la pluie, ça tu connais, la ville. Autant Latacunga ressemble à une vraie ville, autant Banos c'est l'exemple de la ville qui est devenu un spot touristique, surtout pour les equatoriens. Tout le centre ville n'est fait que de restos, d'hôtels, de magasins d'artisanat 95% made in China et d'agences qui proposent toutes les mêmes activités. T'as au moins 50 agences, va choisir la bonne pour aller faire du rafting. Ouais, l'avantage du rafting, c'est que t'as pas à marcher, t'as juste à donner 2-3 coups de rame de temps en temps, en théorie tu peux pas finir trompette.

Toutes proposent la même rivière au même prix. En 3 questions t'as déjà éliminé une grosse partie des charlots. Quand tu demandes combien il y a de personnes inscrites, si le gars sait pas répondre, c'est qu'il est juste un sous traitant pour une véritable agence qui elle a les rafts, allez next. L'autre question c'est sur les 'class' (niveau) des rapides. T'en as un qui te dit class V alors que les autres t'annoncent class lll max lV sur la même rivière, next. Et la dernière concerne la sécurité, à savoir s'il y a un kayak de sécurité (en gros un gus en kayak qui vient t'aider si le raft se renverse). Quand une agence te dit qu'elle met un kayak à partir de 2 rafts minimum, tu fuis, le mec fait des économies sur la sécurité. Voilà c'étaiten les humbles conseils de Ricardo. Et après tu t'enmerdes pas, tu regardes sur internet l'agence la mieux notée...

Histoire de rigoler, voilà le forecast météo, ça motive...Il paraîtrait que la ville est au pied du volcan Tungurahua, il paraîtrait... T'as même pas imaginé une seconde faire l'ascension. Tout est couvert de nuages. Et les horaires de la messe. Sérieux, c'est l'usine. Le poids des mots, le choc des photos

C'est parti pour le rafting, on est une quinzaine dont 'une famille de français avec 3 enfants dont le plus jeune à 9 ans. Ahah quand tu repenses à l'autre baltringue qui te parlait de class V. Va envoyer un gamin dans du V.

Ils ont fait envoyer leur jeep toute équipée (Laure, Brice, même genre qu'en Australie) de France, passent 10 moins en Amérique du Sud et la renvoi ensuite en France. Ça te démange de faire ça dans quelques années, s'il y a des courageux.

Côté rafting, c'est vraiment du class lll tranquille, du coup ils nous font faire les cons, se mettre debout sur les boudins, debout à l'avant du bateau en se tenant à une corde...

Tu peux faire la route des cascades en vélo, 16 bornes c'est rien. Tu pensais que c'était que de la descente. Que neni. Même si tu as 600 de dénivelé négatif, t'as quand même plein de faut plat et tu sens l'altitude à chaque coup de pédale.

Les cascades sont de l'autre côté de la route et à chacune ils ont mis en place une sorte de trolley dans lequel tu montes pour t'approcher. Faut avoir confiance dans l'équipement équatorien. Surtout qu'il est fait pour les locaux, donc la barrière t'arrive en haut des cuisses. T'as aussi des tyroliennes, des ponts de singe au dessus du vide...

Mais la cascade incontournable est 'pailon del Diablo'. T'as 2 entrées. Une ou tu surplombes la cascade et l'autre où tu pars du milieu et tu rampes le long de la cascade pour la remonter. Alors, c'est pas un petit filet d'eau, en 2 secondes t'as une douche gratos. Ça confirme que ta goretex payée une blinde n'aime ni la neige ni l'eau. Kinary, Gabriel, côté cascade, aucun rapport avec celle de Canaima. Ici, tu peux pas passer en dessous et elle doit faire 10m de large mais impressionnant quand même.

Tu remontes de la cascade, tu prends le vélo et tu vois la camionnette qui transporte les vélos en train de partir. Le mec est en train de faire demi tour il t'a bien vu mais il part sans t'attendre, l'enfoiré pour être poli. En plus il y a que 2 personnes à l'arrière. Gros coup de stress, 17h30, il y a quasiment plus personne. T'es trempé, t'imagines pas une seconde te taper en vélo 15 bornes (ouais c'est rien) avec 600m de dénivelé à plus de 2000m d'altitude. Si t'avais su t'aurais pris 'le pot belge.'

Tu vois une autre camionnette, tu pries pour qu'elle aussi propose se service sinon tu dors sur place. Oui, le gars attend 2 autres pimpims.

Changement de programme, il fait un temps tellement pourri que tu laisses tomber toutes les treks prévus dans la région de Sangay et du volcan Altar. Tu voulais aller à dans une hacienda pas très loin du volcan Altar. D'abord tu prends un bus pour un bled perdu qui s'appelle Penipe. Ça c'est simple. Ensuite faut trouver un transport qui t'enmene au hameau La Calenderia. Au pire, tu fais l'américain en sortant un billet de 5$. Ensuite tu dois trouver l'hacienda, ça doit pas être difficile car il doit y avoir 3 rues et voir avec eux pour obtenir les clefs des refuges en direction de l'Altar. Sur le papier, ça n'a pas l'air trop compliqué... Ça fait 3 jours que t'essayes de joindre l'hacienda sur leurs 3 numéros de téléphone ou par email, que dal. Ça sent le plan 'fermé pour cause de mauvais temps'. Et quand t'es arrivé à Penipe, tu vois même pas le tiers supérieur des montagnes. Si ce sont pas des signes de plan foireux. Du coup, t'es même pas descendu du bus. A 2 doigts de prendre un billet pour Cuba.

Tu pensais tenter le trek de l'inca, la version équatorienne, impossible de joindre le guide sur ces 2 numéros. Quand ça veut pas.

Donc t'as poussé jusqu'à Alausi, petit village qui n'a rien de particulier sauf son fameux train des pignes version Equatorienne, le Nariz del Diablo. Déjà sur le nom, ça en impose beaucoup plus. Seul gros soucis, le village est en partie dans les brumes. Donc t'as même hésité à prendre le billet. Au guichet, on t'a dit qu'hier il faisait beau... En principe tu fais l'aller retour mais coup de...chance ce jour il va beaucoup plus loin et faut se démerder pour revenir. Ouais, t'es en train de perdre tout ton bronzage, dure.

Y aurait eu une agence de voyage dans le bled, demain t'étais à la Havane à picoler des mojitos sur la page ensoleillé.

Même ici, ils ont leur restaurant chinois. C'est rassurant. Guy, tu veux pas lancer ton fameux croque monsieur ? Tu peux aussi avoir un stand au marché. T'as l'impression que tous les marchés sont sur le même modèle. Un étage avec fruits, légumes, viandes... et un étage style food court mais qu'avec du local.

Incroyable, pas de brume le matin. Si tu te bases sur le nombre de touristes là veille dans ville, on va être 5 dans le train. Que neni les bus débarquent 15 minutes avant le départ et va comprendre tous les wagons sont pleins sauf le tien, le dernier wagon, où on est que 6.

Qqs conseils, prendre un siège côté droit du train et le dernier wagon. Les groupes monopolisent les wagons de devant mais ils voient rien de plus et en plus à l'arrière quand le train part en marche arrière tu peux sortir dehors. si on vous dit qu'il reste que des sièges à gauche, à part les 10 premières minutes, tu verras que le flanc des montagnes. Ça serait balo de venir ici pour regarder un flanc de colline.

Ils disent qu'il y a eu 25000 morts lors de la construction de la ligne, ça semble beaucoup.

Très mauvaise nouvelle, il est interdit depuis plusieurs années de faire le trajet sur le toit. C'est ce genre d'indices (ainsi que mettre la ceinture dans le bus) qui montre que le pays se normalise. Ça va devenir compliqué de trouver des endroits où on peut faire des conneries. Bruno, le Pakistan ? Chap, la creuse ? Gabriel, Metz ? Guy, la Bretagne ?

Au bout de 30 minutes de trajet à flanc de montagne, stop d'une heure pour qu'une communauté nous montre leur type de maison, leur danse et leur artisanat...shopping time.

Puis 2eme stop pour photographier la narine du diable. T'as beau essayer de comprendre, tu vois pas en quoi ça ressemble à une narine..

les nuages, on les voit bien mais la narine??? 

Ça c'est le circuit standard et ensuite tu fais marche arrière pour remonter à Alausi. Toi, t'es tombé le jour où le train va jusqu'à Huigra, t'es au fond de la vallée sans aucune visibilité. Vaut mieux faire le circuit standard. Sincèrement, la balade est sympa mais courte surtout pour 33$, les vieux wagons en bois, l'ambiance mais le fait de plus pouvoir monter sur le toit casse un peu le truc.

Au fait, faut pas croire qu'en voyage longue durée on n'a pas nos petits soucis du quotidien. C'est vrai que le maniement du balai, la serpillière...t'as un peu oublié. Par contre juste en une journée :

- Fermeture éclair de ton seul pantalon de trek pétée. Faut trouver un gus qui te la change et pas en rose. Pas comme certaines qui font des coutures multicolores...on citera pas de nom, hein Kinnary.

- chaussures de trek en train de se découdre, idem, faut trouver un zapatero

- beaucoup plus galère, la boucle de la ceinture ventrale de ton gros sac à dos, vient de péter. Va porter 23 kg sans ceinture. Deuter, qualité allemande, de la merde ouais.

Tu pensais ouvrir une cagnotte leetchi....

Ricardo, pointure en rafting

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Très bonne affaire

À vendre sur le bon coin :

- un tube de crème à bronzer acheté il y a 2 mois, jamais utilisé

- lunettes de soleil

- un tube de biafine

- casquette

Ricardo qui a besoin de se libérer de poids inutile...

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Passage par Cuenca, ville coloniale. Alors t'as de l'église et même du couvent en plein centre ville.

Les carmélites (rouquines, attention grosse référence musicale) ont un business de boisson florissant. Ça s'appelle 'pitimas', une boisson couleur rose aux bienfaits sans fin dont la fabrication est secrètement gardée par les nonnes. Côté goût, euh.. Faut essayer. Pour t'en remettre tu testes les jus de fruits frais sur le marché garantie avec de l'eau traité. Tes intestins ont un avis contraire...

Côté trek, comme ton contact ne répond pas pour faire 2 jours de treks pour rejoindre le site inca d'Ingapirca et que les agences demandent 560$, t'y vas en bus. No comment. Façon, marcher dans les nuages sans visibilité..

2h de bus local pour rejoindre le site. Grande première, tu peux pas rentrer sans guide, du jamais vu... Dans 5 ans faudra se tenir par la main. Comme y a pas de Disneyland dans le coin, les locaux viennent avec leur enfant de 3 ans et on doit être 40 dont 1/3 de mômes qui cherchent Mickey, le rêve. Le site est loin d'être immense et tu dois marcher sur un piste. Involontairement t'as lâché le guide qui annone son speech. Je vous laisse vous en mettre plein les yeux avec ces photos.

T'es monté au temple du soleil, t'aurais bien fait un sacrifice mais pas sûr que les parents acceptent de te refiler un de leur mioche. Pas de sacrifice, pas de soleil.

Les débroussailleurs sont en train de former leurs futurs remplaçants.

Tu pars passer la frontière pour le Pérou à. umba mais sans chorégraphie. T'as l'impression que c'est là où il y a moins de pimpins qui passent la frontière. Et de l'autre côté, t'espères que c'est comme pour Tchernobyl, que la frontière arrête les nuages.

Attention il paraît que cette partie du Pérou, c'est encore le far west. T'es impatient de croiser John Wayne sur son fidèle lama.

Ricardo, sacrificateur raté

Selfi de profil 
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Direction plein sud de l'équateur pour passer au Pérou.

Tu commences tranquillement par 4h30 de bus pour rejoindre la ville de Loja. T'as vu que de là il y a des bus qui te gèrent tout le transport jusqu'à l'autre côté de la frontière. Tss, tss, trop simple. Ça avait été déjà trop simple côté Amazonie alors ce coup-ci t'as décidé de pimenter le truc. Donc tu sautes dans le premier bus (6h pour 170 bornes ) pour rejoindre Zumba. Passage par la ville de Vilcabamba, la ville des centenaires, pour ceux qui voudraient vivre vieux... Sylvain, revends ta chambre d'Ephad et viens t'installer ici avec Mme Burger. Mais côté Beach volley, ça sera un peu plus compliqué.

Le bus passe par des cols de plus de 3000m pour redescendre dans des vallées, longer des flancs de montagnes. La nature est intacte à perte de vue, pas un village, pas la moindre trace de champs. Plus on monte et plus on s'enfonce dans la brume. Trop con t'as été au temple du soleil, un sacrifice, faire, tu aurais dû... Finalement après le dernier col, on ne fait que descendre. La route se transforme en piste et ça doit être un cauchemar en saison des pluies. Pour ceux qui connaissent la 'Ruta de la muerte' en Bolivie, c'est un peu la petite sœur. Plus on descend plus on voit que la civilisation reprend ses droits, des pans entiers de montagnes sont déboisés.

La dernière heure se fait de nuit, confiance... Arrivé à Zumba, tu sais pas trop où descendre car le 'terminal' est à une borne du centre ville. Sans déconner le bled est tout petit et ils ont fait le terminal des bus à 1km. Soit la mafia des taxis est intervenue soit le maire voit très grand.

Depuis le début on te raconte que des conneries : Au guichet du bus, on te dit qu'il y a un bus à minuit pour la frontière, l'aide chauffeur te dit qu'il y a un bus qui part à 19h. Ouais bien sûr il reste plus d'une heure de trajet et la frontière ferme vers 19h... Donc, t'es là dans le bus à te demander où descendre. T'as demandé à un gars qui t'a indiqué un hôtel que t’espérais pas aussi bien surtout pour le bled.

Et là, tu fais l'erreur de débutant. Dès que tu vois marqué cevicheria t'es attiré comme un aimant. Tu commandes un ceviche sans poser de question. Quand on te l'apporte tu te dis que t'es à plus de 15 heures minimum de transport de la mer (gros doutes sur la chaîne du froid). En plus c'est un ceviche tiède et de crevettes. A la première bouchée, ton estomac a dit qu'il fera de son mieux mais il garanti rien. Nuit lourde...

Côté Zumba, en arrivant, t'as pas vu grand chose à part quelques rues animées. T'es à peine plus de 1000m d'altitude donc beaucoup plus chaud et les gens sont dans la rue mais étonnement personne ne danse dans la rue (ouais, elle est un peu facile)

Lendemain matin, un ciel bleu pendant 30 minutes comme t'as pas vu depuis 1 mois. Maintenant faut prendre une ranchera, un camion transformé en transport public avec des bancs en bois pour rejoindre la frontière. 2h pour 30 bornes, ça laisse le temps d'apprécier la brume et comme tout est ouvert t'as vraiment l'impression d'être intégré dans le paysage. Mais ou sont cachés les gorilles ? Tout le monde, du plus jeune au plus vieux, balance ses papiers et bouteilles plastiques vides par la fenêtre. T'arrives enfin à la frontière. Toute cette partie du voyage aura certainement été la meilleure d'Equateur.

Un pont pour passer d'un pays à l'autre. Tu sors du poste d'immigration au Pérou et véridique de chez véridique, tu prends la pluie pour ta première minute au Pérou. Si c'est pas un message. Alors, les frontières, ça arrêtent les particules nucléaires mais pas les nuages ?

Tu sautes dans un taxi collectif direction la ville de San Ignacio. Sans déconner, un vrai tueur côté enchaînement le Ricardo. De là il est trop tard pour aller directement à ta destination finale (le collectivo est que tôt le matin). Pas grave, champion tu es, tu reprends un collectivo qui t'abandonne au milieu de nulle part, Tamborapa où là tu dois choper un transport qui va à Huancacamba. I believe I can fly tellement c'est facile. Sauf que, t'as beau être à Tamborapa à 13h, pas un transport en direction de ton bled. Apparement il n'y a des transports que le matin. Et là c'est chute libre de ton petit nuage. Ricardo en piquée.

T'es à l'intersection, assis à la terrasse d'un boui boui et tu vois les bagnoles passaient mais quasiment aucune prend l'embranchement. Et les rares bagnoles qui s'y engagent sont bourrées jusqu'à la gueule, même à l'arrière des pickup tu peux pas monter. Et ouais le principe des collectivos est de partir que lorsqu'ils sont pleins donc pour en chopper un en cours de route. 1h que t'attends, 'I believe I can wait for ever'. Une serveuse, le cuistot, et les dames qui tiennent leur stand de l'autre côté de la route sont tous au courant et quand tu vois une bagnole tourner, ils te disent si c'est la peine de tenter ta chance. Alors vous vous dites, 'bien fait, il avait qu'à prendre le bus all inclusive'. Non ça change rien, car il t'aurait laissé au même endroit. On te fait comprendre (ouais, ils parlent super vite au Pérou et tu as du mal à les comprendre) que t'as aucune chance à cette heure de trouver un transport jusqu'à ta destination, il va falloir changer en court de route. Ça se complique.

Bientôt 15h, une bagnole arrive, le coffre rempli de bagages et 5 personnes dedans. Tu tentes ta chance. Tu comprends pas grand-chose mais elle va dans la bonne direction et tu devrais pouvoir monter. Le mec met tous les bagages sur le toit. Tout le monde se demande où tu vas t'installer vu que ce sont pas des petits gabarits dans la bagnole. Et là tu comprends que ta place est dans le coffre de la bagnole... Ouais.Coup de chance il transporte un matelas.

C'est ça ou pas grand chose d'autre. T'en as pris des transports à la con, mais t'as jamais fini dans le coffre d'une bagnole. Une grande première ! On est parti, t'as ton menton posé sur les genoux avec une belle vue imprenable sur le ciel via la vitre arrière. Et la meilleure, c'est que t'as aucune idée jusqu'où tu vas avec cette bagnole ni comment tu vas faire par la suite. Inchallah comme dirait l'autre. La route ou plutôt la piste dégueulasse n'est faite que de lacets et tu remontes une vallée quasiment parallèle à celle que tu as descendu le matin. Tiens ! Un checkpoint, 3 para militaires armés font la quête / rançonnent les bagnoles qui passent. Le chauffeur doit avoir l'habitude et a déjà l'argent dans sa main. Soit disant, ils sont là pour assurer la sécurité de la route car il y aurait des ladrones. Plus de 3h de bagnole comme ça juste pour faire 60 bornes.

Chaque mur visible des maisons en bord de route est peint en blanc avec le même slogan pour les prochaines élections. Ici, les gens louent leurs murs, façades aux politicards mais au lieu de mettre une affiche, ils peignent le mur.

Finalement t'arrives à un bled qui n'est même pas sur ta carte. Terminus pour toi. En traversant le bled, t'as vu 2 hospedajes, une définitivement fermée et une en construction, ça pue. Dans ta tête, t'es prêt à sortir les biftons (ça veut dire 20 à 25 euros) pour privatiser une bagnole pour faire les 60 bornes qui restent. Mais à l'arrêt le chauffeur te dit que la bagnole qui est en face part pour ta destination. Waouh ! Gros 4x4, siège en cuir et t'es assis devant. I believe I can fly... Tu passes de coincer dans un coffre à siège en cuir. On mettra 3h de nuit de route dégueulasse, en grande partie dans la brume pour arriver enfin à Huancacamba. Donc difficile de décrire les paysages, la première partie tu l'as faite dans un coffre et la seconde de nuit.

Alléluia, Allah akbar, bhoudha est grand... out ce que vous voulez mais t'es enfin arrivé. T'y croyais pas. Mais quel plaisir d'arriver de nuit dans un petit bled, sans hôtel réservé, sans booking, sans rien.

Petite remarque sur la différence entre l'Equateur et le Pérou. Ces 2 derniers jours t'as traversé des petits villages paumés dans chaque pays. En Équateur, toutes les maisons étaient en béton alors qu'au Pérou elles étaient faites de brique 'fait maison'. Ça paraît con comme remarque mais ces simples briques dépaysent complètement.

Alors, pourquoi Huancacamba ? Posez pas des questions stupides, c'est évident!

Ricardo, spécialiste en logistique de transport

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Yo,

Côté far west, c'est vrai qu'il y a des cow-boys, t'as croisé lucky Luke avec son fidèle rantanplan et le représentant local des gilets jaunes. Le lama de John Wayne avait trop chaud donc ils sont répartis.

Sinon Huancacamba, c'est une petite place pleine de piafs, une église en rénovation et un petit marché typique. Les anciens portent un chapeau traditionnel et c'est marrant de voir une mamie qui a jamais dû utiliser un téléphone marcher devant un magasin qui propose un forfait internet. Le truc qui te surprend encore c'est que même perdu dans des petits villages où tu te dis que la vie doit être paisible, t'as des vigiles armés devant chaque banque.

Le nouveau sheriff en jupon a débarqué en ville

Alors, pourquoi Huancacamba ?

T'es venu jusqu'ici pour rencontrer les curanderos, des guérisseurs qui sévissent autour des lacs Huaringas. Oui. Tu voyages pour trouver des guérisseurs/chamans pour soigner ta connerie mais pour l'instant, ils ont pas trouvé de solution. Grâce à ton hôtel, tu trouves un chauffeur pour t'enmener aux lacs et il connait un guérisseur, un bon, un très bon, une pointure.

Les lacs sont à plus de 3500m d'altitude. C'est 30 bornes mais faut compter 1h30. En cours de route, on s'arrête à une baraque, c'est là où vit la pointure. Forcément il s'attendait pas à te voir débarquer. Grosses discussions, le prix est assez inimaginable pour le pays. T'arrives à négocier un rabais de 30% pour 2 séances différentes. La prochaine fois que vous allez chez le médecin, essayer de négocier.

Le maestro, oui ici on les appelle maestro met sa tenue poncho et bottes en caoutchouc et prend tout son matériel. C'est pas la tenue de maestro, c'est la tenue locale... En cours de route, on s'arrête pour acheter des roses blanches, des citrons, du sucre, une bouteille de vin et de l'alcool fait maison à partir de canes à sucre, du Canazo.

Lors du trajet, histoire d'essayer d'avoir un peu de conversation vu ton niveau lamentable d'espagnol, tu parles de la pluie et du beau temps, et en particulier que t'as pas eu un jour entier de soleil depuis plus d'un mois. Vous allez voir, ça a une importance pour la suite.

Comme tu sais ce qui va se passer pour la première séance, tu pries pour qu'il fasse pas trop froid. On roule dans les nuages et le froid pour atteindre une sorte de plateau légèrement au dessus de la brume et on prend une piste qui s'arrête à quelque baraques. D'autres 'touristes' péruviens sont là, tout le monde vient pour la même chose.

Première partie : le petit baigneur

Il y a 40 minutes de marche sur une piste boueuse empruntée quotidiennement par des chevaux et des mules. Le maestro t'avais prévenu que lui ne marchait pas donc tu lui as payé sa mule et toi tu dérapes dans la boue pour le suivre. Il fait vraiment pas chaud et le chauffeur t'a prêté un bonnet péruvien. On est ridicule avec mais il tient chaud aux oreilles. Non, le selfi reste sur ton téléphone. On arrive enfin au lac Negra, un des lacs utilisés pour les séances de cure des chamans. Toi t'es tout seul avec ton maestro et il y a 2 autres groupes de péruviens avec le leur. Certains trempent des photos dans la lac car il a des bienfaits curatifs.

Le maestro commence à sortir tout son attirail, d'abord 4 épées puis une demi douzaine de bâtons sculptés, certainement des saints. Ensuite il pose sur le sol différentes bouteilles d'alcool, des coquillages, des pierres, un harmonica, un crucifix, une sonnette, des bouts de corne de chèvre.

Avant de commencer il prend une des cornes de chèvres et la bouteille d'alcool et va offrir la tournée aux autres chamans. Puis commence la cérémonie. Il boit à différents bouteilles d'eau de Cologne parfumée puis recrache en postillonnant le tout en l'air, puis refait de même mais cette fois dans tes mains et tu dois inhaler l'odeur. Tu lui as dit que tu ''bossais'' dans l'informatique donc dans ces incantations il parle de travail (beaucoup trop à ton goût), de pays, d'argent, d'amour. Entre chaque bouteille il fait des incantations. Ensuite il écrase un citron pour en extraire le jus qu'il mélange avec du sucre puis il verse le tout dans un coquillage. Ensuite il se verse le jus dans les narines. T'espères qu'il va pas te demander de faire pareil. Il mâchouille les pétales d'une rose qu'il recrache ensuite le tout entrecoupé d'incantations quasiment identique (d'après ce que tu arrives à comprendre).

Il fait très brumeux mais par moment le soleil perce quelques instants et à chaque fois il te le montre en te disant que c'est grâce à son travail. T'aurais dû la fermer sur le soleil. Quand il disparaît, t'as envie de lui demander si sa magie est temporaire.

Par moment tu dois tenir un des bâtons en bois dans tes mains ensuite lever les mains au ciel. Parfois il tourne autour de toi avec des incantations. Il prend une épée et frotte ton corps. Ça doit bien durer 30 minutes, toi t'es quasi immobile dans le froid et t'attends avec une légère inquiétude le bouquet final (oui, tu sais ce qui va se passer). Ça y est, showtime! Faut se déshabiller pour aller dans l'eau glacée du lac. Pas con, t'as ton maillot de bain et une serviette pour te sécher ensuite, sinon t'es mal. T'es dans le lac, de l'eau jusqu'aux genoux et tu dois d'abord en boire trois fois puis t'asperger/te laver entièrement pour bénéficier des bienfaits de cette eau magique. Généralement tu pleures pour rentrer dans une eau à 25° mais là t'y vas super rapido. Certains péruviens repartent avec des bidons de 25 litres qu'il ramènent leur famille.

Une fois ressorti du lac, le maestro refait des incantations et postillonnent directement sur toi. Avec une baguette il tape sur ton corps comme pour faire sortir les mauvais esprits et s'écarte pour chasser les mauvaise esprits de la baguette. Tu peux ensuite te rhabiller. Il te fait sautiller sur place et courir un petit peu, certainement plus pour te réchauffer qu'autre chose.

Ensuite c'est l'heure de la dégustation. Il épluche un citron, met des pétales de rose, du sucre et tu dois manger le tout alors qu'ils continuent ces incantations. Ah le soleil réapparaît, t'as le droit à la même remarque. Si ça marche pour le soleil comme pour tout le reste, tu vas avoir un super job, gagner des millions et rencontrer la plus belle femme du monde mais ça va durer que 2 minutes.

Puis il verse un peu de vin cuit dans un coquillage et tu dois le boire. Pour la première fois il utilise le crucifix et ensuite la cérémonie se termine. Tu se sens mieux ? Euh plutôt différent. Différent comment? Ben tu sens plus tes pieds et tes mains à cause du froid.

On commence à redescendre vers la voiture, grand soleil, pas longtemps mais du soleil. Respect ! Faut savoir oublier son côté cartésien. Il explique au chauffeur que grâce à son travail, il a fait revenir le soleil, le chauffeur est convaincu. Toi aussi. Re-respect !

Au fait c'est quoi cette brume dans laquelle on roule ? Retour à la maison du maestro pour la 2eme partie.

Intermède

Le chauffeur t'a laissé car la 2ème partie va se passer de 22h à 4h du matin chez le maestro.

C'est aujourd'hui la fête des pères donc il prépare une boisson particulière. Tu montes des blancs d'œuf en neige puis tu rajoutes du sucre brun et le jaune d'œuf et tu rajoutes une bonne dose d'alcool et tu malaxes le tout. C'est lourd à boire. Ensuite, le maestro fait tourner l'alcool local mais comme tu sais un peu ce qui va se passer ensuite, tu fais attention.

T'es sur son banc devant sa maison en train d'écrire cette partie. Il pleut, ça compte pas, la nuit le soleil peut pas être là.

2ème partie : Oui, flagelles moi

T'as poireauté jusqu'à 21h30. Dans une pièce il a préparé ce qu'il appelle la table de cure avec à peu près les mêmes objets que lors de la séance au lac. Il recommence les mêmes incantations comme recracher l'eau de Cologne, parfois sort de la pièce.

22h, c'est le moment du San Pedro. Le San Pedro est un cactus hallucinogène qui fait partie des traditions chamaniques ici. Le maestro l'a fait bouillir avant. Il commence des incantations pour San Pedro puis se sert 2 verres plein du liquide provenant de la cuisson. Toi, t'as le droit à un fond de verre puis il reprend encore un verre entier. Côté goût, c'est pas agréable. Côté effet, t'attends.

Le maestro se rassoit sur sa chaise, toi sur le lit avec 2 couches de poncho pour pas trop te peler et il te dit qu'il va éteindre la lumière pour mieux se connecter. Euh, en 4G?

T'es dans le noir et t'attends. Tu sais pas quand les effets vont commencer.

T'attends.

T'attends à moitié somnolant.

23h le maestro allume sa lampe torche, te poses 2,3 questions mais tu comprends rien et à sa voix, il est pas à 100%. Tu réponds oui car tu comprends pas un mot. Il fait une incantation et se rassoit en éteignant la lumière. Ah ouais...

Peut-être qu'il faut plus de temps pour que tu ressentes un effet. T'es à nouveau assis dans le noir en te disant que la nuit va être super longue. Pas le moindre lama rose qui vole dans les airs, que dal.

T'attends...

T'attends...

Minuit, re lampe torche, re incantation, re noir

T'attends...

Tu te sers de ton sac à dos pour faire office d'oreiller, histoire d'essayer de 'siester' un peu.

T'attends...

1h du matin, idem

T'attends.... Mais qu'est ce que t'es encore venu tester ici ?

T'attends... T'imagines avoir amener des potes avec toi, entre les transports et cette nuit, ils t'auraient maudits.

2h. Les incantations sont plus longues. Le maestro mélange certains 'élixirs' et verse le mélange dans un coquillage. La lumière est éteinte. Tu l'entends éructer, roter, grogner. Il doit s'enfiler le mélange par les narines et ça doit piquer.

Puis t'attends....

T'attends...

3h. Au boulot ! T'as le droit aux incantations puis te fait mettre en t-shirt et remonter tes bas de pantalon pour frotter avec une mixture tes épaules et genoux (les endroits où t'avais dit que t'as mal. Donc, déconnez pas si vous venez, ne dite pas que vous avez mal à la fesse gauche sauf si...). Tu en as aussi plein les mains. Puis il te fait sortir. Il pose un boule de métal incrustée de cristaux sur le ventre, sur le dos. Il te fait sautiller en secouant les bras, te postillonne dans les mains, sans le cou, dans la nuque. Ouais, imaginez vous sautiller à 3h du matin pendant que quelqu'un te postillonne dessus avec de l'eau de Cologne. Puis avec un bâton et une épée, il frotte ton corps pour enlever le mal. Il utilise aussi une baguette pour te 'frapper' dessus et faire sortir le mal. Ça réchauffe, les coups... Puis tu prends la baguette, prends une gorgée d'alcool et crache plusieurs fois sur la baguette. Et là, vous allez pas le croire. C'est là où tu vois que t'as affaire à une pointure. Le maestro te montre que l'on voit la lune. Ah ouais, incroyable, en pleine nuit, la lune, respect. Oui, il fait un très bon travail et il est capable de diriger les astres comme le soleil cet après midi. Re respect. D'autres maestros en sont incapables.

Bon, tu sautilles encore, lèves parfois les mains au ciel (tu croises les doigts pour pas qu'il y est une webcam de planquée). Le maestro te refait sortir pour voir le ciel, on voit quelques instants une étoile. Ouais, même les étoiles, il maîtrise trop, le bougre. Retour dans la chambre, tu remets tes couches de fringue alors que t'es poisseux, un délice.

Tu piques un roupillon jusqu'à 4h, le moment du grand final. Cette fois ci tu dois manger à nouveau un citron avec des pétales de rose et du sucre, puis sautiller à nouveau. Et là, encore plus fort qu'avec la lune. 4h30 du matin, un coq chante. Le maestro t'explique que c'est signe de chance et que c'est grâce à son travail qu'un coq en pleine campagne, chante. Et oui, la réalité dépasse la fiction. Un signe de croix avec le crucifix et la cérémonie est terminée. Le maestro te dit qu'il faudra revenir pour aller à un autre lac. Euh oui, certainement, mais bon, t'as un agenda un peu chargé pour les prochaines décennies. Par contre, tu peux lui filer les 06 qui savent pas trop quoi foutre.

Avant de partir, il te dit que pour ton épaule il faut pas porter de poids et prendre des vitamines. Ah ouais, et dire qu'il y en a qui font 10 ans d'études de médecine pour te dire la même chose.

Conclusion

Même si ça c'est passé il n'y a que quelques heures, t'as du oublier certains trucs mais vous avez certainement maintenant suffisamment d'informations pour rapidement poser 15 jours de congés et venir ici. Après, on y croit ou pas mais ce qui est certain c'est que le maestro fait pas semblant et que c'est pas un truc à gogo. Il est complément convaincu de ce qu'il fait et tout ce rituel se transmet de génération en génération.

T'écris cette deuxième partie sur la plaza de Huancacamba, à l'abri d'un arbre. Oui il pleuviote. Pas prêt d'être riche...

Grâce à toi, il va avoir une renommée mondiale. Le maestro qui a fait apparaître le soleil à une trompette qui l'avait pas vu depuis des mois.

Seule déception, tu pensais ressentir certains effets avec le cactus san pedro mais que dal (Gabriel, Kinnary, pas mieux que le tchopo au Venezuela)

T'auras quand même pris cher, un bain glacé, en train de sautiller les mains poisseuses de vin cuit, postillonné dessus, flagellé par qqun que t'as appelé maestro. Dans un autre contexte, il te manquait plus qu'un masque en latex et une chaîne autour du cou et t'étais la star dans certains soirées parisiennes. Bruno, le masque en cuir que tu m'as commandé, tu pourras me le prêter certains soirs ?

Demain direction Chachapoyas, minimum 10h de transport multi collectivos. La meilleure, vous savez ce que veut dire chachapoyas? Le peuple des nuages. Après quand on est masochiste.

La minute culinaire et honnêteté

Histoire de te remettre de ces 24h, t'es allé au marché déjeuner. Et quoi, en pleine rue, du ceviche. T'en as pris 2 fois. Du poisson cru dans la rue dans un village perdu dans la montagne, si tu choppes pas un truc... Mais non, t'as rien à craindre après ta cure, intouchable.

Depuis l'Equateur, tu voulais essayer le cuy. Le Pérou, pays du cuy, ça devrait être facile à trouver. Ton patron d'hôtel demande à son fils à te déposer à un bouiboui à un km de là. T'es le seul client. En même temps que tu discutes avec la patronne et ces filles de 9 et 16 ans, tu goûtes au plat typique de Huancacamba, du cuy avec des patates bouillies. Et bien, c'est tellement bon que t'en as recommandé une 2eme fois. Au moment de payer, ça te paraît super cher mais comme t'en as pris 2 fois... Tu repars en moto taxi à ton hôtel. 20 minutes plus tard, on cogne à ta porte. Bizarre. La mère a envoyé à pieds de nuit (il est 20h30) les 2 gamines, car elle s'est trompée dans l'addition pour te rendre la différence. No comment. Ah oui, au fait le cuy, vous en avez peut-être chez vous dans une cage. C'est du cochon d'inde. Guy, tu passeras le bonjour à tes nièces et leur cuy...

Ricardo, toujours aussi con malgré 2 séances de cure

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Direction la ville de Chachapoyas (Chachas pour les intimes). On va passer sur les 12h de transport mais c'est pour dire que tu as vu la route que t'avais prise de nuit pour venir. Ame sensible s’abstenir, route super étroite avec des précipices et sans l'option barrière de sécurité. L'avantage de rouler de nuit est que tu ne vois pas à côté de quoi tu roules.. Tu découvres que t'es passé par des plantations de café et ils font sécher le café sur des bâches en bord de route. L’arrière gout 'pot d’échappement' du café péruvien provient de cette technique se séchage. Dans la vallée tu passes par différentes ambiances, des rizières, des montagnes pelées qu'avec des cactus et épineux, et pendant 60 km tu roules au fond d'une vallée encaissée, les paysages sont sublimes. J'ai pas de photos, ça vous obligera à venir.

Chachas est un ville coloniale, sa grande place est entourée que de maisons blanches à 2 étages avec des portes et volets en bois. Et un monde... après 4 jours perdus, ça fait un choc de voir autant de monde déambuler. Les flics ont des casques coloniaux et des gilets fluo. Les mamies qui attendent leur pension à la banque n'ont plus de chapeau de cow-boys mais juste une pièce de tissu blanc.

Ah oui, dans la vie tout se paye, en particulier le ceviche mangé dans la rue...

Un petit conseil, n'allez jamais chez le coiffeur au moment d'un match de foot, le gars passe plus de temps à regarder le match que ta tête. Encore heureux qu'il y a pas eu de but sinon t’étais bon pour une balafre;

Comprends pas ! Comprends vraiment pas ! T'es dans le coin du peuple des nuages et t'as jamais eu autant de ciel bleu (faut pas s'emballer non plus). Trop fort ce maestro. Il a juste oublier de te dire que pour pas avoir mal au genou, il fallait éviter de marcher.

À une trentaine de bornes, tu peux voir Gocta, soit disant la 3eme cascade la plus haute du monde, 771m. Histoire de te reposer et n'avoir rien à gérer, t'as décidé d'y aller avec l'agence de ta guesthouse. Encore une connerie. On est 20 dans un bus, que des allemands de 20 ans qui restent entre eux et des familles locales avec des gamins (t'as rien contre les gamins sauf à Cuba) et on arrive super tard sur le site.

Impossible de s'entendre dans le bus tellement les trompettes jouent fort... Vu qu'il y a plusieurs heures de marche, t'es allé voir la guide pour lui dire que tu vas y aller en solo. Tu veux monter jusqu'au sommet de la cascade et si tu restes avec le groupe, c'est totalement impossible. Tu lui as même dit de ne pas t'attendre, si t'étais pas de retour à 16h, le bus pouvait partir sans toi. Pointure tu es en transport péruvien.

771m de haut, gros pipeau, la cascade est en fait 2 grandes cascades. Qu'est ce ce qu'il faut pas inventer pour faire venir le touriste. Le volume d'eau est tellement faible que t'as l'impression d'être en slow motion quand tu regardes l'eau tomber. Tu t'es tapé la montée jusqu'à la chute la plus haute, effectivement ça monte sec et tu peux même pas accéder au bord. Gabriel, Kinnary, ok vous aviez pas le niveau pour triple point mais là au moins sur la première cascade vous pourriez y arriver. Mais rien de comparable avec la chute de Salto Angel. Comme vous pouvez le voir sur les photos, c'est totalement indispensable de se balader en montagne avec ses quilles de jonglage. Peut être qu'il fait des vidéos devant chaque cascade en train de jongler. Et puis comme d'hab, si t'as pas ton chien c'est que t'as raté ton trek.

Tu peux faire aussi des treks pour rejoindre le site inca de Kuelap sinon c'est une sortie à la journée en all inclusive. Tu viens de donner pour la cascade, c'est suffisant pour l'année. Tu fais le tour de toutes les agences en ville, plus d'une dizaine, elles ont toutes les mêmes circuits à la journée. C'est incroyable ce nivellement par la facilité. Coup de pot, t'as une agence qui propose 4 jours dont 1,5 jours de trek et on est 2 pimpims. A suivre...

Ricardo, mesureur de cascades

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Yo,

Alors, à l'agence, t'as bien précisé tu ne faisais pas le circuit si t'etais en solo avec le guide. C'est le deal.

Tu te pointes à l'agence le matin, ça commence fort. L'autre personne ne te rejoint sur le trek que demain alors qu'elle démarrait avec toi, bizarre de bizarre. Aujourd'hui, c'était prévu, c'est plus une journée de visite. Le gars te dit que tu vas aller avec 14 autres personnes pour cette journée. Ahah, même pas en rêve. Les 14 personnes, il les met dans un charter et les envoi où il veut mais au prix où t'as payé, jamais. Finalement on sera 3 et t'auras jamais vu le bus des 14 sur les sites. Est-ce qu'il a essayé de te refourguer sur un autre truc?

L'idée est d'aller, dans un premier temps, voir la cité des morts. 2 heures de bagnole sur une piste en haut des montagnes puis 1,5 km de descente à pieds pour rejoindre la cité. Les 2 autres, des péruviens un peu rondouillard de Lima ont oublié leur condition physique à la maison. Un des gars est même en pantalons et chaussures de ville. Rien que la descente a été une galère pour lui. La cité des morts des chachapoyas, en fait les quelques ruines restantes, sont à flanc d'une paroi rocheuse. Soit tu faisais parti du tout venant et ta momie (ouais, à l'époque ça momifiait à tout va) était mise avec les autres dans un trou creusé dans la roche. Soit t'étais d'une famille aisée et il y avait des pièces réservées pour la famille. Et puis, si t'étais un ponte genre politicard, là le graal, t'avais le droit à ton propre sarcophage. Si on ramenait ça à aujourd'hui, t'aurais plein de momies en gilet jaune entassées dans une caverne, une maison avec un avion de chasse comme symbole, une autre avec un shampoing qui le vaut bien et une autre avec un tailleur Channel pour les grandes familles et enfin un petit sarcophage 'en marche'.

Impossible de s'approcher car t'as de grandes chances de te retrouver 50m plus bas. Et vu ta catégorie social, t'auras tout juste le droit à la grotte commune.

Et donc tu vas sur un autre site, Karajia, où tu peux voir 6 sarcophages de près de 2m de haut qui sont encore en très et bon état avec leur peinture. Ils sont dans un renfoncement rocheux au milieu d'une paroi inaccessible. A l'intérieur il y aurait encore les momies et des objets qu'ils emportaient dans leur prochaine vie. Les mecs à l'intérieur c'est pas le locdu du coin. Pour avoir le droit d'être dans ce type de sarcophage, c'est le niveau Napoléon ou Jules Cesar. Ils ont jamais trouvé d'autres sarcophages aussi grand dans toute la région.

Les 2 péruviens sont répartis avec la bagnole en ville et toi t'es resté dans un minuscule village, Cohechan avec ton guide qui s'appelle... Ricardo.

Parlons du guide, t'as l'impression que c'est le gars qui a perdu à la courte paille et qui est puni. Faut le voir marcher la tête basse, les bras ballants le long du corps, il porterait une croix, ça serait pareil.

Gros défi, des arbustes sont tombés dsur le chemin,  

On dort chez l'habitant. Il t'a montré ta cellule de prison et puis il s'est enfermé dans la sienne. Il doit avoir 22 ans, tu sens que guide, c'est pas passion et en plus il a l'air mal à l'aise. Tu sens le plan foireux arriver.

Ils ont des façades de maisons particulières. Très peu de fenêtres mais à l'étage une porte qui donne sur un balcon de 30 cm de profondeur.

Dans toute la région, c'est une semaine de fête. 20h, branle bas le combat. Tous les enfants sont dans la rue en tenant des lampions multicolores en forme d'étoile, d'avion, d'oiseau... Et tout le monde défile. Il y a même une fanfare, il manque juste le chef des majorettes de Bernay. Une fois le tour du village effectué, direction le terrain de sport, en fait la place la plus grande du village où tout le monde s'installe sur des gradins. T'as de mecs au micro qu'essayent de raconter leur vie mais la fanfare en a rien à foutre, elle continue son show. Au bout de 20 minutes de bordel, tout rentre en ordre, on a le droit à l'hymne national puis tu réalises qu'en fait c'est la kermesse. Chaque classe d'enfants danse. Les gamins sont en t-shirt, toi t'as 3 couches et tu te pèles. T'as plié les gaules avant la fin.

5h du matin, ça pète de partout, guerre civile ?

Non et en plus tu entends la fanfare. Putain, les gars, il fait encore nuit. T'as une dizaine de personnes qui dansent au son de la fanfare qui connaît que deux morceaux. Et vos pétards, ils sont homologués? Ils font quasiment trembler les murs.

Tu te recouches, le son de la fanfare s'atténue au fur et à mesure, ils ont du aller dans un autre coin du village.

6h, rebelote ! C'est comme avec le maestro, toutes les heures y a un truc ?

7h, petit dej, la dame te demande si tu veux une truite, un steak.. Euh non merci, un bout de pain avec du fromage, ça sera parfait.

Comme tu le sentais venir, Ricardo te dit que la voiture va venir pour nous amener au départ du trek mais que l'autre personne ne vient plus. Il devait le savoir depuis le début d'où sa gêne. On appelle l'agence, tu peux annuler mais il te rembourse 1/3 du prix alors que t'as passé qu'une journée, les enculés. Ouais, là t'es énervé car ils t'ont vraiment pris pour un con. Suis certain que l'autre personne n'existait même pas d'où le fait de te faire croire qu'elle ne commençait pas le premier jour avec toi, comme ça une fois que t'es parti. C'est stupide de retourner en ville, t'as pas vraiment trop le choix mais 3 jours avec un gars qui parle pas un mot et qui mange même pas à ta table. Tu dis au revoir à la fanfare qui sévi encore et tu pars avec la bagnole. Bizarrement on repart en direction du site avec les sarcophages. Après 30 minutes de bagnole, Ricardo dit au chauffeur que c'est pas la bonne route.. Déjà que t'es énervé mais si en plus les mecs sont à la ramasse.

A un moment Ricardo te demande de regarder sur ton GPS si c'est ici qu'on lâche la bagnole pour commencer la marche...Oh putain, il est déjà venu ?

L'intérêt de cette première partie du trek est de rejoindre la vallée Huaylla Belen. Elle est très photogénique, elle doit faire 500m de large, toutes les collines autour sont couvertes de broussailles vert foncé alors que toute la vallée n'est que de l'herbe à vaches, vert très clair. Ajouter en plus une petite rivière qui serpente (serpente plus que ça, c'est pas possible) dans toute la vallée, sur photos c'est très beau. Sur photos, tu vois pas le côté marécageux qui est un peu moins sympa quand tu marches dedans.

On a du passer 2h à marcher le long de la rivière sous le regard étonné des vaches.

Ricardo a du sortir 3 phrases. Le gus s'arrête pour ramasser des mûres mais même pas il te dit qu'il y en a.

Ensuite il s'agit de prendre le chemin de Vilaya. Il est 12h30 et le panneau indique 6h de marche pour rejoindre le hameau où tu vas dormir à Congon. En gros on va arriver dans la nuit.

En cours de chemin tu peux aller voir des constructions de l'époque des chachapoyas. La montagne est remplie de ses murs arrondis.

Tiens, Ricardo s'arrête de marcher puis repart et fais un bond de côté. Hé, ho, toi le guide tu peux me dire ce qui se passe ? Ah, y avait un serpent. Et tu pourrais peut-être me prévenir au cas où. S'il y a un précipice, tu me le dis avant ou après que je sois tombé dedans ?

Tiens, il s'arrête à nouveau et ce coup-ci il te le dit pour le serpent.

Ce n'est que de la descente casse pattes pour rejoindre Congon. On est arrivé à 15h30, le jeune Ricardo est allé se coucher, le vieux Ricardo est assis sur un semblant de banc à se dorer au soleil. Oui 1/2 journée entière de beau soleil. Plus que 2 jours avec ce moulin à paroles de guide. Côté cuisine, les cuys sont en train d'attendre leur tour. Mais t'y auras pas le droit, juste des pâtes avec un bout de thon en boîte.

C'est la journée qui doit faire mal. 19km avec 1700m de dénivelé positif pour atteindre un col à plus de 3400m et ensuite 700m de dénivelé négatif.

5h de montée sans fin dans des montagnes où tu vois quasiment jamais les paysages avec un guide qui doit pleurer intérieurement et qui t'as pas sorti 3 mots. Côté plante verte, t'as de tout, du bambou, des fougères, des trucs avec des épines qui t'arrachent la peau. Je te foutrai un coup de napalm sur tout ça histoire de dégager la vue.

Arrivé au col, t'es sur les genoux. En 5h de montée on a fait une pause de 15 minutes. Le Ricardo te dit qu'il faut manger rapidement pour éviter la pluie. Euh, les nuages ce sont les mêmes depuis ce matin, non ? 1h30 plus tard on a rejoint la route où on doit prendre un transport. Il est même pas 15h. A quelle heure est le transport ? Entre 16h et 17h. Ah super on a bien fait de se dépêcher.

Ricardo a disparu sans prévenir. Bon, ok. Il revient 15 minutes plus tard avec une bouteille. 1h avant tu lui avais demandé s'il y aurait un magasin quand on aurait rejoint la route et il t'avait dit que oui. Ce connard, car faut dire ce qui est, y est allé sans te prévenir. Toute la bouffe que t'as apporté, genre biscuit, tu lui en proposes. Lui les trucs qui sont fournis par l'agence pour nous deux, il se les bouffe en douce. 'Amazon expédition', rappelez vous du nom de l'agence.

Dernière nuit au village de Kuelap, juste à côté de la forteresse. Tu dois partager la chambre avec lui. A peine arrivé il se couche et ronfle. Putain, il parle pas mais il ronfle, la totale.

Comme t'as dormi dans le village juste à côté de la forteresse, t'es le seul sur le site le matin. Kuelap est une forteresse à la base chachapoyas puis Inca quand ils sont venus mettre leur grain de sel. T'as un premier mur de défense de 20m de haut. Tu rentres par un chemin étroit dans la forteresse. Toutes les habitations (ce qui en reste) sont de forme arrondie sauf les rajouts incas qui eux plus rigoureux font dans le rectangulaire. Tu dois marcher sur des pontons de bois et suivre le seul chemin autorisé pour déambuler dans la forteresse. En fait, c'est plus un village fortifié qu'une forteresse. Si t'étais une pointure militaire, une ligne sur le mur de ta maison représentait les yeux du jaguar, t'étais un médecin, c'était le serpent. C'est étonnant comme depuis très longtemps le serpent est associé à la médecine. La forteresse était réservée de toute façon qu'au gratin chachapoyas.

Il reste une maison en assez bon état et tu peux voir le puit central où il conservait le grain et plus marrant, un délimitation avec des pierres où il conservait les cuys. Et histoire de rajouter une petite touche animal, t'as 3 lamas qui trainassent.

Sur les photos, t'as essayé de pas rater les nuages en arrière plan.

Alors pour ceux qui aiment les pierres, une fois arrivé au pied de la montagne, vous avez 3 possibilités pour rejoindre la forteresse qui est à 1200m d'altitude au dessus de vous :

- tu te dis, c'est un site exceptionnel qui doit se mériter et tu te tapes les 9 km de montée, et ça monte !

- tu te dis, 6 mois à faire du gras et picoler des bières, il est temps de se bouger les fesses et tu te tapes la montée

- tu te dis, ils sont vraiment cons les deux autres gars, tu prends le téléphérique et tu picoles des bières en les attendant.

Toi, t'es redescendu par le chemin, t'as croisé personne qui avait choisi l'option 1 ou 2.

Arrivée en bas sur la route il est temps de rentrer en ville. Plusieurs taxis et collectivos qui passent nous font signe mais non, on les dédaigne. Au bout de 15 minutes tu demandes à la grande muette ce qu'on attend. Une voiture en particulier, un carrosse peut-être ? Pas compris la réponse mais du coup on est monté dans le taxi suivant.

Cerise sur le gâteau, le premier jour t'avais laissé au chauffeur de l'agence des trucs pour qu'il les ramène à l'agence et les laisse sur ton sac. A ton retour, 4 jours plus tard, rien. Finalement, après avoir insisté, les gars contactent le chauffeur qui dit que c'est pas vrai.

Bon, ben y a plus qu'à les pourrir sur internet

Ricardo, hater sur internet


Alors en vrac, la gendarmette, le tetris péruvien, quand un menuisier a oublié de se mettre d'accord avec le plombier, une future garagiste, flyer office du tourisme et un monochrome.

21

12h de bus de nuit pour rejoindre la ville de Trujillo. 9h du matin, la brume glaciale du pacifique te souhaite la bienvenue. Tu vas dormir dans une petite ville balnéaire, Huanchaco. Pas trop le genre de plage où tu mets ta serviette et tu rôtis la journée mais plutôt connue pour ses vaguelettes pour surfeurs désœuvrés, ses pélicans qui sont en vacance cette semaine et ses 'embarcations' traditionnelles de pêche faites en joncs. Tu pensais qu'elles servaient plus que pour le folklore mais vers 13h les mecs reviennent du large avec leur pêche et faut pas avoir peur. Ils ont même pas une rame, juste un morceau de bambou coupé en deux.

Chap, t'es attendu de pieds fermes. Tu vends une de tes cannes à pêche et tu peux racheter toute la flottille et t'es le nouvel amiral du coin. Mais t'es pas venu dans le coin pour parler merlan. Il y a un site archéologique classé au patrimoine mondial, Chan Chan. T'es venu pour ça. Sur la route pour rejoindre Huanchaco, le taxi t'a donné deux informations, la brume devrait se lever vers midi, bonne nouvelle, et il te montre en passant l'entrée du site de Chan Chan. Hein ? Ce terrain vague où tu viendrais même pas installer ta roulotte? T'as pas tapé 12h de bus pour ça?

13h, le soleil perce la brume, trop fort ce chauffeur de taxi, il aurait dû être maestro. Tu te décides à prendre un collectivo qui te laisse en bordure de route pour rejoindre le site. Alors, ça pique pas les yeux côté première impression?

Vous avez raison, faut pas se laisser guider par sa première impression. Alors la deuxième ? C'est vrai que ça en impose ce mur en adobe. Ça y est, vous avez acheté votre billet d'avion tellement vous êtes impressionnés.

Un kilomètre plus loin, t'arrives à l'entrée du site. C'est un site de la civilisation Chimu. En plus, 'Chimu' va choisir un nom pareil (sauf si leur sponsor s'appelait Duralex...), mais bon avant leur civilisation s'appelait 'Moche'. Pas étonnant qu'ils aient jamais gagné l'Eurovision s'ils chantent comme ils construisent et en plus avec un nom pareil.

Ok c'est en adobe donc ça tient pas la route face à de la bonne vieille pierre. Les mayas et aztèques, au moins ils faisaient dans le dur et dans l'impressionnant. Ici, ils ont du mettre des toits en taule pour protéger les derniers vestiges, quelques reliefs en forme d'écureuils, de poissons...

T'es à l'heure de pointe, on doit être 5 sur le site. S'ils veulent développer le tourisme, va falloir se bouger un peu. Pas compliquer, tu fais appel à Bouygues, tu rases tout, une belle dalle de béton, un leader price, un Campanille, tu creuses un bassin, tu choppes 2-3 baleines au large et ça y est, c'est parti ! Après si les péruviens préfèrent jouer de la flûte en poncho en chantant 'el condor passa'...

Tu pensais aller (ou pas) au musée du site mais le lundi c'est repos, c'est balo...

Bon, je sais pas si ça ressent derrière cette couche d'ironie et de cynisme mais t'es pas super convaincu. Mais t'as croisé un gars il y a quelques jours qui lui est un accroc des vieilles pierres et qui t'avait dit Chan Chan, bof, va plutôt à Huaca del sol y de la luna.

Bon soldat, tu t'y es pointé. Déjà le Huaca del sol est pas accessible car ils ont pas de pognon pour restaurer le site donc ça sera la Luna en forme de pyramide. Sur ce site, tu dois avoir un guide obligatoire. La guide commence par dire que c'est la 5ème fois qu'elle fait guide aujourd'hui et ça fait beaucoup. Ah ouais, tu sais motiver tes visiteurs, toi.


Mais finalement c'est super intéressant, tu passes d'un paquet de briques empilées à une histoire. Ce site n'est qu'une toute petite partie de l'ancienne cité Moche. Et ils pensent qu'il servait aux sacrifices. Les Moches étaient des habitués du sacrifice par décapitation. Pas étonnant quand tu t'appelles Moche qu'on te dézingue la tête. Tout ça pour apaiser leur dieu. Mais selon la guide, qui vivait déjà à cette époque, malgré les sacrifices, ils ont eu des années de pluie et se sont dit que ça servait à rien d'adorer des dieux qui étaient pas foutu de faire apparaître le soleil et ont lâché l'affaire. Ils se sont dit 'Moche' tout le monde se fout de notre gueule avec notre nom, quitte à changer, on change tout. Ils ont pensé à 'Michou' mais c'était déjà pris par un baltringue toujours habillé en bleu et ont choisi 'Chimu. Et ils sont partis 15 bornes plus loin construire le site de Chan Chan.

Alors tout ce que je vous raconte, c'est pas écrit dans le marbre, tout n'a pas été vérifié, en particulier concernant le fameux 'Michou' qui aurait quitté le Pérou pour monter une affaire à Lutèce.

Revenons au site, le plus impressionnant sont les 'fresques peintes'. D'après la guide, qui je vous rappelle faisait déjà des visites du site à cette époque, en fait, il y a plusieurs 'couches' superposées qui ont été rajoutées par les nouvelles générations de Moche. En fait, un Moche peut en cacher un autre. Tu peux voir plusieurs tunnels creusés dans la pyramide, ce sont les pilleurs de tombe. Les archéologues ont retrouvé dans ces tunnels des journaux qui dataient de 1890. Au Pérou, des journaux en 1890???

En tout cas, si vous avez un peu de temps entre 2 bus, choisissez sans hésitation Huaca de la luna.

Vincent, plutôt que de chercher des cuillères avec fiston avec ton détecteur de métaux, tu viens ici. T'as tout un site qui a jamais été exploré. Tu viens le soir en douce et qui sais bingo. Les prisons péruviennes ? Euh, connais pas... Au pire, je t'apporterais des oranges.

Ricardo, actionnaire Bouygues

22

Huarraz, c'est un peu le Kathmandu du Pérou, principal point de départ pour faire des treks et ascencions de sommets de plus de 6000m.

La ville, à 3000m d'altitude, est dans une petite cuvette entourée de montagnes dont les sommets sont couverts de neige. Et incroyable, que du grand ciel bleu ! Enfin, un paysage qui pique les yeux.

Huarraz, tu t'attendais à une ville moche sans âme et non, autour du marché, tu as toutes les petites mamies qui viennent vendre le produit de leur jardin, des vendeuses de fromage, et à 200m des rues marchandes plus modernes.

T'es bien sûr venu pour faire des treks et il doit bien y avoir 30 agences en ville. Le prix va du simple ou double mais le plus compliqué est de trouver des dates de départ. On est en plein début de la saison touristique et c'est très calme. T'as laissé tomber l'idée de faire les 8 jours de treks en solo en portant tout, ton genou gauche a annoncé qui ferait grève dans ce cas.

Petit problème logistique, un coup de vent et tes chaussettes de trek ont fini sur un toit 10m plus bas. Impossible de les récupérer, t'as fait toutes les boutiques de la ville, apparemment, ils savent pas que ça existe au dessus de la taille 43.

C'est parti pour 8 jours pour faire en trek le tour de la cordillère Huayhuash. On est 8, 2 allemands, 1 australienne et 4 israéliens, le plus vieux à 24 ans à part toi bien sûr. Le premier qui t'appelle papy...

Histoire de passer pour un charlot, t'es arrivé dans le minibus en short et sandales alors qu'ils sont tous en grosses chaussures de marche et tenue de trek. C'est vrai que pour passer 5h dans un bus, c'est important les grosses chaussures. Ça fait longtemps que t'as pas été dans un groupe, espérons qu'il y aura un boulet et qui s'appelle pas Ricardo.

Le guide ? Le mec qui est assis à l'avant sans jamais nous avoir parler ? Ouais ça doit être le guide. A un arrêt, tu lui as demandé comment il s'appelle du coup il t'a demandé ton nom. Mais pas sûr qu'au bout des 8 jours il connait le nom de 7 autres.

La route serpente entre les collines couvertes d'herbes sèches et au loin surgissent les pics enneigés avec en arrière plan du bleu, du bleu, du bleu..

Ricardo blue sky

23

Matin du premier jour, lever à 6h pour petit dej 6h30. Le camp est à 4100m d'altitude, tout le monde a mal dormi. T'ouvres ta tente, putain, c'est couvert.

Il y a 2 autres groupes, le premier est avec une agence mais 2 clients sont malades donc ça va être compliqué pour eux et sinon t'as 4 nanas de 20 ans qui le font en autonome.

Ce premier jour, on doit passer 2 cols à plus 4700m et le guide part d'entrée super vite. En plus pas le temps de se chauffer, ça monte direct depuis le camp. Ça va permettre de voir s'il y a un boulet. La vache, ils galopent tous sauf une. Sinon t'étais le boulet à traîner. Mal de crâne, des cernes monstrueux, elle se traîne, la pauvre.

On est vraiment dans un environnent minéral, pas un machin vert avec des feuilles pour te gêner la vue. Seul gros hic, les nuages gris de plus en plus nombreux. Arrivé au premier col, t'espères que la vue sera plus dégagée de l'autre côté, que dal. En plus, on s'est pelé à attendre le mal au crâne. Dire qu'il faut redescendre dans la vallée, la traverser et se retaper la montée pour l'autre col. Toi qui au début pensait faire le trek en autonome avec tout le matos, euh, pas sûr que tu finissais la journée.

Tiens, il commence à tomber quelques gouttes. Tu vois le guide, Binder, oui il s'appelle Binder, mettre la protection pluie sur son sac. C'est mauvais signe. T'es le seul à avoir apporter un poncho, on a pris une ramasse. Du haut du 2eme col t'as une vue sur un glacier qui s'arrête à quelques centaines de mètres du lac Carhuacocha. Une vue, en partie seulement.

On est surplombé par plusieurs 6000m couverts de neige et au mieux tu les as vu 5 secondes. Toute la chaîne de montagnes est couverte de nuages. T'as proposé de sacrifier le plus jeune en le jetant dans le lac.

Le soir, c'est dîner dans la tente principale à 18h30, beaucoup trop froid pour rester dehors. 19h30 tout le monde est couché, folle ambiance. Tu partages ta tente avec un allemand, il se sera lavé ou changé une fois de tout le circuit. Et après on dit que les français sont sales.

Le lendemain matin, pas mieux, du gris, du gris et encore du gris. C'est encore parti pour 8h de marche. Le boulet va pas mieux mais son mec dit que son mal de crâne n'est pas lié à l'altitude.

On marche prés de petites 'fermes', en gros une petite baraque faite de pierre, un toit en herbe séchée et un enclos fait de pierre pour garder les moutons, pas plus, pas moins. Pas prêt d'avoir Netflix dans le coin.

Cette journée, on passe par 3 lacs dont un couleur turquoise. Le deuxième est juste en dessous d'un glacier et toutes les 10 minutes de la neige/glace se décroche pour finir dans le lac. Bon, on verra jamais les sommets. Par contre on va prendre de la pluie, puis de la grêle. L'australienne est contente, c'est la première fois de sa vie qu'elle voit de la grêle. Ouais, super !!


Le guide comprend pas, il a jamais eu ce temps à cette époque, c'est censé être la meilleure période. Il a même pas amené ses affaires de pluie.

Le lendemain, grosse montée pour taper un col à 5000m. De là, une superbe vue sur un lac couleur émeraude. Oui, ils ont tous des superbes couleurs.

Arrivé au camp, t'ouvres ta tente histoire de la faire sécher. Oui, en fait, quand on part le matin, le muletier est en train de tout empaqueter. Tu dois être le seul à l'aider à démonter la tente mess. Puis en cours de route, on voit des fusées passaient avec des bonnets d'ânes et quand on arrive au camp, les tentes sont montées. Bon, il les monte les unes à côté des autres mais surtout pas forcément sur un terrain bien plat. Comme elles sont mal tendues, la surtente touche la tente et transmet l'humidité. Du coup, c'est toi qui t'y colle pour la réorganiser histoire de pas dormir dans un environnement humide à 4000m.

Arrivé à 14h au camp, du soleil, donc t'ouvres grand la tente. 30 minutes plus tard de la pluie.. Quand ça veut pas. On se met tous dans la tente mess et on bulle. Quand on ressort de la tente mess, tout est recouvert de neige. La vache, chaque jour c'est de pire en pire. L'australienne est super contente, elle voit pas de la neige tous les jours dans son pays.

Demain c'est le col de San Antonio, c'est de là que la vue est la plus belle mais si c'est nuageux, on essayera même pas la montée. Faut dégager la neige de la tente et à 20h tout le monde est couché.

Lendemain, tu ouvres anxieusement ta tente et incroyable pour la première fois, pas le moindre nuage. Toutes les montagnes autour de nous sont recouvertes d'une fine couche de neige. Seul hic, le guide est malade, mal à la gorge et n'est pas très motivé pour se taper les 1h30 de montée puis les 3h de descente de l'autre côté du col et ensuite les 5h de marche jusqu'au camp. On est parti quand même et d'entrée ça monte sans zigzags, t'en baves grave. Le boulet qui était parti devant s'est arrêté au bout de 2 minutes. On monte dans une sorte de goulet avec de la neige et de la glace. Certains sont en chaussure de trail et ils galopent devant. Toi avec tes grosses chaussures de trek, t'as froid au pieds, mais comment font les autres ? La montée est sans fin mais quel vue au col. Toute la chaîne des huayhuash est dégagée. Le guide est arrivé après puis beaucoup plus tard le boulet et son compagnon.

Maintenant faut se retaper la descente jusqu'au lac couleur émeraude Juraucocha. Et là, on s'est pas ce qui se passe mais le boulet fait sa princesse. Elle s'arrête sans arrêt et sans raison. Les israéliens font bloc derrière elle et les autres ont en un peu marre de son comportement. En plus, ils passent leur temps à parler entre eux en hébreux et dès que les 2 allemands parlent dans leur langue, ils leurs demandent de parler en anglais.

En plus le guide nous a pipeauté sur les durées. Comme il était pas motivé pour passer par le col, il a essayé de nous décourager pour qu'on passe par la vallée. Du coup à 15h, on est au seul village du coin, Huayllapa, où on dort sur le terrain de foot. On est à 3500m, ça doit être la seule vraie nuit que t'as passé.

Côté bouffe, c'est plutôt simple mais bon et varié mais quand on croise d'autres camps, en comparaison on est dans la version cheap. 300 euros pour 8 jours, tu peux pas demander du cochon d'Inde à manger. Côté guide, c'est cheap aussi. Chaque soir on a le droit à 30 secondes de briefing. Quand tu lui demandes une carte, que dal, il a tout dans la tête, super.

Nouvelle journée avec un grand ciel bleu. On remonte l'autre côté de la montagne de la veille mais malheureusement on ne voit plus l'ensemble des pics enneigés. T'es parti pour la première fois en sandales. Le matin, à 7h, il fait frais entre les doigts de pieds mais ensuite t'as l'impression de voler sur le chemin même si on se tape 1200m de dénivelé. La balade est sympa mais ça pique pas les yeux comme aux premiers jours. Comme dhab, on passe notre temps à attendre 3 des israéliens qui ont en rien à foutre. A ce propos l'un d'eux voyage avec un boîtier satellite qui lui permet d'envoyer des messages. Dès qu'il est hors connexion internet, il doit envoyer un message par satellite à ses parents, le petit.

Ça s'améliore pas, le muletier a choisi de monter le camp au milieu d'un terrain humide, résultat, à 4600m, camp Gashpapampa, on est harcelé par des sortes de taon. L'eau a un goût dégueulasse et on apprendra le lendemain par un autre groupe, qu'il y avait un accès à de l'eau à quelques mètres de nous alors que le 'guide' nous a rien dit.

Autant dire que la nuit glacée à 4600m t'as pas permis de faire des rêves. Ouais, pour rêver faut dormir...

Lendemain matin, grand ciel bleu mais glacial. Tout a givré pendant la dernière nuit. On passera notre temps à attendre la boulette israélien. Même quand le guide dit qu'il faut repartir, elle en a rien à foutre.

Mais quelle vue sur toute la chaîne, les sommets enneigés, le glacier, des lacs de différentes couleur, même les montagnes ont des 'traces' de différentes couleurs. C'est dans ce coin où tu peux voir des condors. Ouais, mais de loin, le condor, c'est pas le genre de piaf à poser pour des selfies donc tu vois un gros point noir avec des ailes. Mais comme le guide dit que c'est un condor. Grosse descente pour rejoindre le lac Jahuacocha où se trouve le camp. T'es toujours en sandales mais gros problème, les semelles sont lisses donc ça glisse dans les descentes. Gabriel, demande à Décathlon de relancer le modèle.

14h, certains jouent au foot, on est quand même à 4100m d'altitude (Bruno, c'est pas un vrai terrain de foot, juste un coin herbeux à peu près plat). En tant que champion du monde, tu t'abaisses pas à jouer avec les 2èmes divisions.

Le camp est au bord d'une rivière, histoire d'enlever la couche de poussière, t'as fait trempette 10 secondes dans la rivière, ouais 10 secondes c'est largement suffisant vu la température de l'eau.

Dernière demi journée de marche avec son col journalier à passer et l'attente des boulets.

En fait, si t'avais pris 8 jours de nuages et de pluie, t'aurais refait le trek tellement c'est exceptionnel.

Sincèrement, ça pique les yeux.

Ricardo plein les yeux

Vue des toilettes 
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Histoire de faire un break entre 2 treks tu as décidé de faire une sortir à la journée au lac Paron. Impossible d'y aller en solo car pas de transports donc tu passes par une agence. En fait, t'as pas trop cherché les informations. Résultat, le minibus arrive, t'es le seul en tenue de marche. Putain t'as du te gourer, y a même une mamie qui a du mal à descendre du bus. T'as près de 4h de transport juste pour y aller et 2h30 sur place. Et t'as le droit à la totale comme un arrêt de 30 minutes devant le meilleur glacier du bled (une glace à 9h du matin... Et ils ont en tous acheté). Ensuite t'as le droit à un stop de 5 minutes pour faire la photo du Huazcaran, le plus haut sommet du Pérou, pile face au soleil.

T'as une famille de chinois dans le minibus, le fiston a du faire 200 photos juste sur le trajet aller. Peut être un repérage pour ouvrir une chaîne de restaurants.

A deux doigts d'avoir le guide avec son petit drapeau pour pas qu'on le perde.

Finalement, on arrive et là tout le monde fait un waouh de surprise. Le lac est d'une couleur turquoise incroyable. C'est le plus grand lac de la région. Il est entouré de de sommets enneigés. Un vent glacial à décorner Bernadette Chirac. Comme activité, tu peux faire de la barque, ouais tu dois faire 100m sur le lac et tu reviens frigorifié, le kayak t'as même pas imaginé sans combi grand froid. Vu le zef, ils pourraient monter un business de kite surf.

T'as le droit à 2h30 de perm avant de te retaper le retour, beaucoup trop court pour pouvoir faire le tour du lac. Ça fait près de 8h de trajet pour 2h30 sur place

Le truc vraiment inquiétant, c'est que de gros nuages sont en train de se pointer et ont pas l'intention de vouloir se barrer et demain tu pars pour 4 jours dans la cordillère blanche.

Au retour, on change pas une équipe qui gagne, un petit arrêt devant le magasin de biscuits.

Ricardo à nouveau all inclusive

25

Yo,

Histoire d'être intelligent (comme d'hab), t'as choisi l'agence la moins cher pour faire le trek de Santa Cruz de 4 jours dans la cordillère blanche. Résultat t'as ce pourquoi tu payes.

D'abord l'équipe : On est 12, 3 brésiliens d'un certain age, 3 français, 1 rosebeef, 1 mangeur de pâte, 2 israéliens (père et fils) et 1 couple franco-péruvien. Déjà la péruvienne est en chaussure style sneaker, Jean's et chemisier. Oui, pour aller taper du 4700m... La plupart sont partis du principe qu'il allait faire beau donc pas de vêtements de pluie. Un des français, plus lourd que lui pas possible, grande gueule, vulgaire, il porte même pas de sac à la journée alors il tape des trucs à tout le monde. Autant sur le trek précédent t'étais qu'avec des jeunots autant là, t'es dans la moyenne d'âge.

5h de bus pour rejoindre le point de départ. Ça commence mal, le muletier refuse de prendre certains sacs. Un merdier d'entrée, du coup le guide porte un des sacs, un des français se retrouve aussi à porter son sac qui contient toutes ses affaires pour le trek. Ils ont quasiment aucun sac de protection pour la pluie. Toi, t'as insisté pour que ton sac soit dans un sac de protection alors que le guide dit qu'il va pas pleuvoir. Le muletier range d'abord les tentes sans les sacs et ensuite les sacs de couchage.

Histoire d'agrémenter le trek, t'as rapporté un fromage et une bouteille de pisco, t'es le seul.

On commence par une petite pluie de bienvenue, on va croiser les doigts. Oui, tu vois absolument aucun sommet. On a pas marché 30 minutes sur de la descente tranquille qu'on fait déjà une pause. Ça pue grave. Surtout que le circuit est beaucoup plus facile que celui de Huayhuash.

30 minutes plus tard, un des israéliens râle pour avoir une pause. Du coup, un premier groupe guidé par la cuisinière part devant. Et la vache, elle galope (ça aide d'avoir des mollets aussi larges que les cuisses), on doit être 4 à la suivre. Et le reste marche avec le guide. On marche dans une vallée quasiment à plat et certains ont du mal.

Côté paysage, pour l'instant, sans aucune mesure par rapport à Huayhuash, t'as même pas sorti l'appareil photo. On aura dû marcher 3h pour cette première journée et certains sont crevés et beaucoup sont inquiets du lendemain car c'est la journée 'difficile', on doit passer un col à 4700m. Ça promet. Les brésiliens sont frigorifiés dans la tente mess, pas l'habitude de cette température chez eux.

Lendemain, ciel super gris. En fait, la montée au col est assez tranquille. Le seul problème, on a fait que prendre de la pluie, de la neige et de la grêle, le tout pendant les 6h. Le boulet de français qui veut marcher devant parfois ne trouve pas le chemin et gueule pour savoir où est le guide. Ben, le guide attend dans les nuages, ceux qui vont lentement pour pas qu'ils se perdent. Et si tu marches devant t'as qu'à suivre les crottes d'âne, tu devrais les reconnaître, t'es de la même famille... Descente dans la neige et sur des sentiers transformés en ruisseau. Le gros bœuf sans sac, a rien pour se protéger de la pluie. Finalement on arrive avec la cuisinière à 13h. Les ânes arrivent une heure plus tard. Ça change de la semaine dernière où t'arrivais les tentes montées.

Comme elles ont été pliées trempées, tu la montes trempée. Une bâche plastique pour poser la tente ? Ahah, t'es en version cheap. Sioux, dans ton sac, t'as en plus un sac étanche où t'as tes affaires principales comme le duvet sinon tu serais comme les autres, essayant de faire sécher désespérément leur duvet. Une des surtentes est déchirée, donc ils ont des flaques dans leur tente. C'est la Bérézina totale. Côté visibilité, ahaha.

Le soir dans la tente mess, ils sont tous près à rentrer demain et faire sauter une journée. Certains râlent qu'on leur a pas dit qu'en montagne on pouvait avoir un temps pourri. Incroyable ! Tous les locaux ne comprennent pas comment on peut avoir un temps aussi pourri en cette saison. Euh.. T'as une petite idée.

Le couple franco péruvien fait 3 jours au lieu de 4 donc demain, ils doivent se démerder pour porter leur sac et ensuite prendre un collectivo. Super pour eux, du grand n'importe quoi.

Ah oui, un des intérêts de la cordillère blanche est de voir 2 montagnes particulières, l'Artesonraju, c'est la montagne que l'on voit en début des films de la Paramount, celle avec les étoiles autour, et l'Alpamayo, soit disant la plus belle montagne du monde. On doit voir ses 2 montagnes dans le cadre d'un détour demain, si le temps le permet, inchallah. Tout le monde va se coucher dégouté dans sa tente humide voir trempée pour certains.

Nuit compliquée. Oui sinon c'est pas rigolo. Il y a 2 cons de chiens, gentils comme tout, qui ont fait qu'aboyer toute la nuit.

Lendemain matin, grand ciel bleu. Tout le monde a le sourire, sinon c'était retour direct à Huaraz. Du coup c'est parti pour faire le détour et monter au lac Arhuaycocha où se trouve le camp de base de ceux qui font l'ascension de l'Alpamayo. Manque de pot, le côté où on est ne permet pas de voir la face de l'Alpamayo qui l'a rendu célèbre. De même, la fameuse montagne 'Paramount' est de profile mais elle reste sacrément impressionnant. Donc c'est un peu la loose. Mais on a du ciel bleu et un peu de soleil. Faut pas trop s'en vanter car des gros nuages arrivent vite. Les groupes qui arrivent après nous verront pas les sommets.

Paramount 
Alpamayo 

Côté dream team, le père israélien arrête pas de se plaindre, ne comprend rien au circuit et veut remettre en question à chaque fois les horaires. A l'écouter, on partirait le matin à 10h.

Côté gros boulet français, c'est le festival. En plus, le mec a la tronche de JC dans 'caméra café'. Il part sans bouteille de flotte et va taper les gens trop gentils pour l'envoyer bouler. Il a bien compris que ça passait pas à avec toi.

De la famille du boulet français... 

On peut dire ce qu'on veut des chinois mais voilà un bel exemple. Il y a 3 chinois avec une agence qui ont leur camp à côté du notre. Ils sont luxes, ils ont même la tente chiotte. Un des gars passent devant nos tentes, se racle la gorge est crache devant nos tentes. Putain, il est pas prêt de repasser vu comme il s'est fait pourrir.

Oh galère !! T'es sur un rocher en train d'écrire ce bout de mail en fin d'après midi quand tu vois débarquer les 2 cons de chiens qui ont foutu le bordel la nuit précédente. Ah ils sont gentils, ils font des mamours mais s'ils recommencent cette nuit, tu commandes du chien au petit dej. A moins que ça soit le repas des chinois.

Dernier jour , 3 h de marche en descente pour rejoindre Huacapampa, coté vue, c'est la partie la moins intéressante, coté soleil, c'est notre meilleur jour.

Tout le monde parle de la laguna 69 qu'il faut voir. Elle est juste dans la cordillère blanche, là où tu vois dans l’après midi les nuages qui sont en train de revenir. Se lever à 4h30 pour plus de 4h de bus aller pour se prendre de la flotte et se retaper 4h de bus, mouais, ca sera la prochaine fois.

Ricardo, overdose de boulets

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Yo,

Bye-bye Huaraz et ses montagnes, direction l'océan. Plus de 8h de bus pour rejoindre Lima et ses bouchons et sauter dans un autre bus pour 4h30 de route afin de rejoindre Ica. A Lima, ça doit pas rigoler avec la sécurité car dans le bus t'as un gars qui monte dans le bus pour filmer tous les passagers avant que le bus démarre. Bon, t'es pas non plus dans le bus du pauvre, chaque siège a son écran comme dans avion. Ensuite à Ica, c'est taxi pour rejoindre l'oasis de Huacachica. T'es parti le matin à 8h30, t'es arrivé à destination à 23h30. Longue journée de transport.

Côté paysage, t'as vu qu'un côté de la route. Comme d'habitude, le local aime rouler les rideaux fermés. Une fois rejoint la côte, comment dire, ce n'est que du désert côtier parsemé de petites villes ou villages. Le ciel est tout le temps brumeux. Étant en hiver, tu pensais voir un ciel dégagé mais non. C'est même pas une question de nuages, c'est brumeux.

La ville d'Ica s'arrête aux portes du désert. Ensuite tu as 4 km de route pour rejoindre la minuscule oasis de Huacachina. Un petit lac de 100m de diamètre, une trentaine de palmiers et des hôtels, restos et bars. Un des bars a choisi son nom pour se passer de la clientèle chinoise.

Aucune véritable habitation pour le local, que de l'habitation à touristes. Le bled est entouré de très hautes dunes. Le matin, tu vois pas le sommet des dunes tellement il y a de la brume. Tu sens bien que t'es en hiver, il doit pas faire 10 degrés jusqu'à ce que le soleil dissipe les brumes.

Histoire de s'occuper, t'es monté en haut d'une des grandes dunes qui surplombent l'oasis, t'as un bout de plastique au mètre carré. Vu d'en haut l'oasis fait super bétonné mais en bord de lac, c'est plutôt agréable surtout pas rapport aux autres bleds péruviens non coloniaux.

Alors comme activité, tu peux faire du pédalo sur le minuscule lac, euh, t'as longtemps hésité mais non.

Sinon le truc ici est de faire du buggy dans les dunes. Tu pensais conduire, que dal, toi t'as le droit d'être le touriste de base avec 8 autres pimpims. Tu peux aussi faire du surf sur les dunes.

T'as décidé de mixer les 2 en faisant la sortie pour le coucher de soleil. La vache, t'avais l'impression que l'oasis était vide, mais à 16h des centaines de personnes arrivent de tous les côtés. Tu pars en buggy dans les dunes. T'as un buggy style Mad Max mais au couleur de Starsky & Hutch. Le mec te dit qu'il peut y avoir jusqu'à 100 buggys qui partent avec jusqu'à 13 personnes dedans. C'est pas le meilleur moment pour aller faire une balade romantique dans les dunes.

 MAd Max au Perou

Le pilote commence par nous balader en zigzaguant dans les grandes dunes. Le mec de l'agence t'avait dit qu'avec lui c'était différent, tu irais beaucoup plus loin que les autres dans le désert. Tu dois pas être si bon en espagnol car t'es dans la masse des bagnoles, t'es parti le dernier et rentré le premier. Puis c'est la pause surf. Une planche à repasser où tu frottes une bougie pour la rendre glissante. T'es allongé sur la planche, tête la première, rien ne doit dépasser de la planche. La dune n'est pas trop haute, t'es confiant et t'écoutes pas le gars qui t'avait dit de garder les pieds dans le sable pour freiner. Résultat t'arrives un peu vite en bas de la dune où tu décolles sur une petite bosse, sur le choc, tu sors un peu le coude. Bon, ben t'es un peu brûlé avec les frottements du sable. Puis il nous amène sur une dune deux fois plus haute. Ouais, ce coup, t'as utilisé les pieds pour freiner, la connerie a des limites.

Et bouquet final, t'as le droit au coucher de soleil dans le désert. Le coucher de soleil, c'est sympa quand t'es en haut d'une dune, quand t'es en bas, il se couche beaucoup plus rapidement. Si t'as déjà vu un coucher de soleil dans le désert, aucune intérêt d'y aller à 16h. Vaux mieux faire une sortie le matin quand il y a quasiment aucune bagnole.

Voilà, t'as vu Huacachina, maintenant direction Nazca et ses fameuses lignes.

Sur le pourquoi, quand, qui a fait ses lignes dans le désert, il suffit de demander à Frank, le spécialiste de Wikipedia. Sinon il doit y avoir plein de sites Web avec de la pub et différentes théories.

2h30 de bus à travers un environ désertique et montagneux parfois impressionnant. Ouais t'es dans le bus 'Cruz del sur' où t'as que du touriste vu le prix et le touriste aime avoir les rideaux ouverts pour profiter des paysages. Au fait, dans tous les bus, tu peux voir le compteur de vitesse. Si le bus dépasse les 90km/h tu peux aller te plaindre.

En bord de route, tu vois des champs de cactus. Bizarre, du San Pedro pour les chamans ? Non, les cactus sont infestés d'insectes que les paysans récupèrent pour en tirer de la teinture rouge. Débile, un bon pot de peinture industrielle cancérigène, c'est quand même plus simple.

Le problème à Nazca, c'est que les avions ont tendance à se crasher au sol régulièrement et certaines agences françaises ont enlevé cette étape de leur circuit.

Le bus arrive sur une plaine caillouteuse à perte de vue. Des panneaux indiquent ces fameuses lignes mais bien sûr, du sol, tu vois que dal sauf en haut d'une tour mais le bus ne s'arrête pas.

Ils ont construit un petit aérodrome juste pour le survol. Et c'est un sacré bordel. Imagines un jour de grève à Orly, c'est un peu le même genre. Les gars enregistrent des clients pour un vol à 7h du matin alors que la brume se lève qu'à 9h, donc forcément ça passe pas.

Pas la peine de passer trop de temps à rechercher la compagnie la plus fiable. T'avais payé à une compagnie et t'es monté dans l'avion d'une autre. Ce sont des avions 6 places donc tout le monde est bien placé.

Le vol dure 30 minutes et tu vas voir une dizaine de 'dessins'. Sur le coup, les motifs, singe, arbre, baleine, condor... semblent ridiculement petit vu d'avion. Mais faut reconnaître que les mecs qui ont fait ça sont des pointures de précision. Ils devaient vraiment avoir rien à foutre de leur journée pour faire des trucs pareils... Pour chaque motif, le pilote fait un tour dans un sens puis dans l'autre pour que tout le monde puisse voir. Du coup il penche bien les ailes et étonnement c'est le dernier motif que ton voisin n'a pas supporté et il a rempli le petit sac plastique fourni au décollage.

Côté photo, c'est à chier. Tu voyais pas l'écran dans l'avion donc t'as pris au pif. Du coup, un petit jeu concours avec les photos ci dessous. A vous de retrouver, l'araignée, le singe, la baleine, le condor, l'arbre. Y a quoi à gagner ? Un yo-yo en bois du Japon.

Nazca, un peu de verdure dans cet environnement désertique, t'as pas voulu y passer la nuit. Il te reste 6h à attendre le bus de nuit pour Arequipa donc tu sautes dans un taxi pour aller voir la nécropole de Chauchilla. C'est là où ils enterrent les corps quand les avions se crashent.. Ah ouais, ça rigole moins.

A part Kinnary, qui va gober ça.

Mais non, ils ont retrouvé tout un paquet de momies qui date de fpff au moins voir plus. Pour les dates exactes, demander à Franky Wikipedia.

Et ouais, c'est plus facile à prendre en photos, ça bouge moins

Ricardo, I believe I can fly

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Arequipa, jolie ville coloniale au pied 2 volcans, le Misti et le Chachani qui tape les 6070m. Ton côté trompette resurgit et tu cherches une véritable agence de trek sur les 200 agences de voyage de la ville pour taper du 6K. Et bien, super dur d'en trouver une qui t'y enmene. T'as 2 options possible, partir à minuit de la ville et monter jusqu'à près de 5000 en jeep et taper le sommet ou partir la veille, dormir à 5000m sous la tente et taper le sommet le matin. Qui va être capable de dormir à 5000m...en gros tu tournes dans ton sac de couchage sans te reposer. En plus, faut monter tout le matos, tente, sac de couchage et 5 litres de flotte minimum par personne...Il n'y a personne pour l'option en 1 journée et de rares départs pour les 2 jours avec une agence qu'a pas super réputation. Ils te demandent même pas si t'es acclimaté. Et dire qu'en France, on te demande un test à l'effort...

Volcan Misti - vue de l'hotel 

En attendant de trouver une solution, tu vas voir le fameux monastère de Santa Catalina construit en 1500 et des brouettes. Une petite ville à l'intérieur de la ville. Un vrai labyrinthe, les parties de cache cache ne devaient jamais finir. Tu t'attendais à des cellules austères, que neni. Les cellules sont plus grandes que ta chambre actuelle, certains ont même des fours à pizza. Y a même un bassin, où ils devaient patauger. Côté couleur, ils ont tout piqué à la France, du bleu, du blanc et du rouge. T'as même eu le droit à une pure pointure française qui voyant un cactus dans le jardin, se demandait si ça piquait vraiment et voulait poser sa main dessus. Et de la grenouille à Arequipa, t'en as à tous les coins de rue.


Comme toutes les villes coloniales, tu as la place centrale avec sa basilique, ses rues pavés piétonnières, ses bâtiments blancs, sa bergère avec sa brebis. Vous connaissez l'inca cola ? T'en trouves partout en Amérique du Sud. Alors peut être que Frank Wikipedia pourra nous dire en quelle année les incas ont inventé cette boisson. En tout cas, ils sont des précurseurs, arrivés à créer une boisson couleur pisse avec un goût 100% naturel chewing-gum-gum, respect. C'est étonnant qu'ils aient pas encore fait la peau de Red Bull.

Histoire de cocher la case 'culture', t'as tapé 3h de collectivo pour rejoindre le bled inconnu de Corire puis un taxi pour rejoindre le site de Toro Muerto. 3h de route désertique avant d'arriver dans une vallée où le vert pique les yeux. Ouais t'as entrevu le paysage à un moment où le rideau s'est entrouvert. Le coin de Toro Muerto est super aride, une petite vallée couverte de sable et de rochers. Certains rochers sont couverts de pétroglyphes. Pour ceux qui connaissent la vallée des merveilles dans l'arrière pays niçois, c'est la même décoration murale, là aussi ils ont tout piquer à la France. T'es seul sur le site, des rochers partout. Tu te balades, au bout de 10 minutes t'en as pas encore vu un avec des pétroglyphes, on t'aurait menti ? Et finalement, tu tombes sur un nid. Tous les rochers ont des pétroglyphes, certains rochers en auraient jusqu'à 150. Alors bien sûr, t'as toujours des connards qui se sont amusés à écrire leur nom sur le rocher genre 'Jacquie et Michel. '

Selon les pointures Wikipediennes, ça daterait de 500 ans avant le mec sur la croix. Bon, toi t'as eu la chance de croiser (attention, référence à une série mythique) un vieux qui traînait par là à cette époque et qui a tout vu. En fait, c'étaient les écoliers d'une classe verte qui traînaient dans le coin. Leur charrue a eu un pneu crevé (à l'époque c'est un cheval qu'a perdu un sabot). Le temps de réparer le bourrin, les gamins se sont éparpillés dans la nature et ont tagué les rochers. Car faut être réaliste, quand tu vois le niveau des dessins, t'as les mêmes accrochés sur les frigos des mamans fières de leur futur Picasso.

Allez, demain c'est le retour de la trompette...

Ricardo,

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Yo

Trompette Ricardo est de retour, histoire de se frotter au Chachani à 6070m (et accessoirement écraser le score de Bruno)

Bon, on est trois, chacun avec sa trompette, Miles Davis, Luis Armstrong et Chet Baker

Il y a un irlandais et un Luxembourgeois. Ils ont pas la trentaine et semblent en bonne condition. 3 h de piste pour rejoindre le point de départ où démarre le chemin rejoindre le camp de base. Il y a un groupe qui en revient, ils se sont pelés grave, ça promet. L'avantage, ils ont laissé tout le matos au camp de base. Toi tu trimbales ton matos à part la tente, c'est finalement pas un super avantage.

Le 4x4 nous a monté à 5200m d'altitude et le camp de base est à la même altitude. En théorie il faut 2h pour rejoindre le camp de base, on l'a fait en 45 minutes. Du coup, t'es au camp à 13h et t'as plus qu'à attendre l'heure de la soupe et les pâtes à 16h30. T'as la vue sur un volcan au loin qui toutes les 2h balancent son crachat de fumée. Mais interdiction d'y aller.

17h le soleil est caché par les montagnes, il commence à faire froid. A part aller dans ta tente. Et là tu réalises que les 2 zips de la tente et la surtente sont pétés, impossible de fermer la tente et en plus une partie est déchirée. Putain, on est quand même à 5200m d'altitude, pas le meilleur endroit pour faire une soirée tente porte ouverte. Ça n'émeut pas particulièrement le guide qui lui a sa tente en parfait état. 20 minutes d'échec plus tard, tu laisses tomber les zips. Tu utilises tes bâtons pour essayer de coincer les fermetures histoire de pas te retrouver en glaçon au matin. De 18h à 1h du matin t'as tourné dans sac de couchage sans fermer l'œil en ayant souvent l'impression de ne pas pouvoir respirer mais, va comprendre, en crevant de chaud. Les autres se sont pelés toute la nuit avec une tente fermée.

Lever à 1h avec un gros mal de crâne, rapide petit dej et départ pour l'ascension. 900m de dénivelé en 6h en théorie. Bizarre quand même cette durée.

Le guide part un peu vite, le luxembourgeois est collé juste derrière lui les mains dans les poches, ça va être la balade des gens heureux pour lui. Suit l'irlandais et tu fermes la marche. On est quasi pleine lune, on pourrait marcher sans frontale. Le guide a vu que tu traînais la patte donc il a légèrement ralenti. Dès que t'es à plus de 15m du groupe, il s'arrête, la vache la pression. Ce ne sont que des zigzags sur un chemin sablonneux. C'est ni technique ni très pentu, c'est juste l'altitude qui démonte la tête. Ah tiens, l'irlandais a un peu plus de mal. 2h plus tard le guide annonce qu'on a fait la moitié. Ah ouais, ça veut dire qu'on va arriver super tôt au sommet et on va se peler grave. 1h plus tard le guide fait une pause mais tu lui dis que tu vas marcher lentement en avant sans pause. Un peu plus tard, tu te retournes, les 2 autres sont à l'agonie. T'en as un qui tous les 50m se plie en 2 pour essayer de vider son estomac et l'autre est à peine mieux, 2 zombies. Alors les jeunes, on tient pas la distance ?

T'as eu le droit à 30 secondes de neige, ouais sinon c'est pas drôle. Les 50 derniers mètres sont couverts de pénitents histoire de se tordre la cheville. Il est 6h, le soleil est pas encore très haut, il y a un vent glacial, les 2 gars ont fait des selfis et sont redescendus à l'abri. Bon, ben t'as fait ta photo et t'es aussi redescendu. Les 2 autres sont vraiment pas bien.

Plutôt que de retaper tout le chemin, on descend dans un pierrier. Imaginez 1000m de dénivelés dans un pierrier, le régale.

Le régale, mais pas pour tout le monde 

En descendant, tu vois une nana intelligente. Elle est parti à minuit d'Arequipa donc elle a pu se reposer et ensuite a commencé à marcher vers 3h du matin. Bon, elle va pas vite mais elle va arriver vers les 11h au sommet, grand soleil, belle vue, pas froid. Et sinon, t'as trois charlots qui ont pas fermé l'œil de la nuit, qui se sont pelés dans la montée et qui sont arrivés trop tôt...

Pour les adeptes des peluches, le steak sur pattes sur les photos est une vigogne.

Ricardo, extrait du lièvre et la tortue

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Direction le canyon de Colca, le 2eme canyon le plus profond du monde mais méfiance, déjà qu'il pipeaute sur leur hauteur de cascade.

Beaucoup d'agences proposent des sorties sur 2 jours où tu dois marcher 3h par jour donc t'as décidé d'y aller en solo. Déjà c'est 6h de bus local de nuit pour rejoindre le village de Cabanaconde. C'est le principal point de départ pour descendre dans le canyon. Tu as plusieurs villages qui sont soit tout au fond du canyon soit à flanc de montagnes, ce qui est certain, c'est que tu vas bouffer du dénivelé. T'as plusieurs points de vue assez impressionnant où tu peux voir le fond du canyon, sa rivière (Chap, il paraît qu'il y a des truites mais des vraies, pas celles lâchées la veille pour les pêcheurs du dimanche. Mais en amont il y a une mine d'or et d'ici 10 ans, y aura plus de poissons... Dépêches toi de venir), sa fameuse oasis de Sangalle avec ces hospedajes avec piscine entourée de gazon coupé au millimètre. Le bleu de la rivière, le vert de l'oasis et différentes couleurs sur les flancs des montagnes, manque plus que le soleil.

T'es à plus de 3000m d'altitude et t'as plus de 1000m de dénivelé négative sur un chemin dégueulasse, plein de caillasses pour descendre au rond du canyon. Ça beau être une descente assez brutale, tu vas mettre plus de 2h pour descendre au fond du canyon est rejoindre le village de Llahuar. Alors village c'est un bien grand mot. T'as 3 maisons abandonnées et 2 hospedajes avec des bassins d'eau chaude naturelle. Ouais le coin est assez actif et parfois tu peux voir des fumées sortir de la terre avec une bonne odeur d'œuf pourri. T'as un mec qu'a d'abord construit sa piscine et ensuite qui est en train de construire son auberge, il sait attirer le chaland.

Alors, t'es à 9h15 dans le bled, ça va faire long de passer la journée entière dans un bassin en béton d'eau chaude. Donc t'as décidé de remonter un canyon perpendiculaire jusqu'au village de Fure. Remonter, c'est le mot adapté. Tu marches à flanc de montagnes sur des sentiers parfois soutenus par des empilements de pierre. Vu que t'as parfois 100m de vide dessous, t'es content que le chemin soit du made in Inca et pas made in China sinon tu finissais en bas. T'arrives enfin à Fure, une hospedaje avec 6 cabanons et vue imprenable et 20 maisons abandonnées. Depuis le début, t'as croisé 5 touristes mais ici personne. Tiens, du soleil donc tu pousses jusqu'au fond du canyon pour aller à la cascade Huaruro. Trop lent tu es. T'arrives juste quand les nuages sont de retour et t'accueillent avec quelques gouttes de pluie. Retour à Fure où tu t'installes. Ça fait 6h de marche sans la moindre pause, tu décidés de rester là pour la nuit. De toute façon t'as pas trop le choix, t'as un chat noir au yeux verts qui est venu squatter tes genoux.

Le gars qui s'occupe de l'hospedaje est un jeune argentin qui vient faire du bénévolat. La vache, perdu au bout du monde... T'avais lu que certains villages n'avaient pas l'électricité donc t'avais amené ta frontale. Ouais, les infos datent de la guerre de 100 ans. T'es vraiment dans un bled perdu où il n'y a rien et bien ils ont du WiFi. Mais pas d'eau dans la douche. Mais vu la température des quelques gouttes qui sont tombées, t'aurais juste laver entre les doigts de pieds.

Nuit fraîche, tu pars aux aurores. Tu te retapes la redescente et ce coup-ci tu es de l'autre côté du canyon. Tu vois très très haut à flanc de montagne une piste qui t'intrigue. Tu t'aides de maps.me pour trouver le chemin qui y mène, sinon t'es bon pour marcher sur la route. Après 10 minutes d'aller retour, tu trouves enfin le chemin qui monte droit dans un pierrier. Ouais, c'est mieux que la route. T'en chies pour arriver en haut et tu tombes sur une vraie piste. Apparemment le gouvernement péruvien a du commencer à construire cette route puis a laissé tomber. Tu marches sur cette ancienne piste qui est recouverte de broussailles et de là t'as une vue exceptionnelle sur le canyon. En fait t'es 400m au dessus de la route. A un moment maps.me t'indique de prendre le chemin qui redescend vers la route alors que la piste continue. C'est tentant de continuer, au pire tu feras demi tour. A un moment tu surplombes même la fameuse oasis de Sangalle où tu vois le bleu turquoise des piscines.

La piste est coupée par un glissement de terrain. Tu t'approches. T'as 200m de vide en dessous. T'as 95% de chance de finir en bas si tu essayes de passer et t'as oublié ton parachute. La piste n'est indiquée sur aucune carte, personne ne sait que tu es là et t'as peu de chance de croiser quelqu'un. Ça pue. Dégoûté, tu commences à faire demi tour quand tu vois des traces de pompes qui partent sur le côté. En fait, il y a un petit chemin qui permet de contourner l'obstacle. Ça se reproduira plus tard. La piste se transforme en chemin. Alors expliquez moi comment les mecs ont construit une piste carrossable qui commence et se termine par un chemin. Faut ensuite se faufiler entre les broussailles.

Finalement, après une petite montée où t'es déchiré de partout t'arrives à un point de vue sur une autre partie du canyon, juste au dessus du village de Malata. T'as souvent douté mais comme t'avais vu des traces de pompes, tu t'étais dit que ça devait bien amener quelque part. Descente en slalomant entre les cactus et les broussailles pour rejoindre le bled. La civilisation, 2 petites boutiques, une petite place et des gens. Oui car t'as vu aucun habitant dans les 2 villages où t'es passé avant. La dame de la boutique te dit qu'il y a une fête au village de Cabanaconde, celui en haut du canyon d'où t'es parti la veille. C'est la fête de la Vierge de Carmen et c'est le dernier jour. La vache, t'es du mauvais côté du canyon, ça veut dire qu'il faut redescendre tout en bas et se retaper la montée. Direction l'oasis de Sangalle où tu vois des pimpims en train de buller au bord de la piscine. Tentant? Que neni. Il est 11h tu marches depuis 6h30 du matin et t'es face à la montée qui est donnée pour 3h30 de marche. Beaucoup de gens remontent très tôt le matin pour éviter la chaleur. Toi, t'as signé avec l'agence Ricardo travel qui garantie par contrat un temps pourri. Donc t'enquilles direct avec 2 litres de flotte. Putain, ça fait que monter sans faux plat. T'as beau être un 'i believe I can walk 6000m', ça casse les pattes. Tu mettras 2h15 pour arriver au sommet sur les rotules avec un procès pour rupture de contrat car t'as chauffé dur dans la montée sans nuage.

Tu files prendre une chambre (et une douche). Toutes les femmes sont en tenue traditionnelle avec leur grande robe et chapeau brodé. Les hommes, eux, portent le chapeau de cow-boy. Plusieurs fanfares jouent dans la rue, manque plus que les majorettes de Bernay.

Puis direction l'arène. Ouais, petit bled mais arène. C'est pas ton truc là boucherie en pleine air mais tu y vas pour voir l'ambiance. Elle est déjà blindée de monde et la bière coule à flots. Tu te débrouilles pour être tout devant, assis au dessus de la porte par où entrent et sortent les taureaux. Vue imprenable. Faut juste bien lever les jambes quand les bestiaux passent. T'as une demi douzaine de toréadors dont une guest star mexicaine. Mais t'as aussi 4 bouffons déguisés. Premier taureau qui rentre dans l'arène. Les bouffons essayent de l'exciter avec leur cape. Ahah, que dal, le taureau a peur et fuit. Au bout de 5 minutes, un mec choppe le taureau au lasso et ils essayent de le faire sortir. C'est là le plus marrant, le taureau refuse de passer la porte. Toi t'es juste au dessus et tu pries pour pas tomber. Un des bouffons donne un coup de pied au cul du taureau pour le faire avancer. Le taureau lui répond par un coup de sabot dans les parties. Taureau 1, bouffon 0. Madame bouffon va dormir tranquillement ce soir.

Les dix premiers taureaux seront du même acabit, refusant de jouer le jeu. Parfois un vrai toréador, ceux en moule burnes et paillettes, tente de toréer mais revient dégoûter. Donc un peu chiant mais le truc marrant est là sortie du taureau où quand les bouffons font le show.

Finalement un vrai taureau qui en veut rentre sur scène toutes cornes dehors. Lui, il accepte la muleta. Du coup la gueststar, toute paillettes dehors, vient le toréer. Le mec, un ancien de chez Charral.... Un coup de cape à gauche puis à droite sous les vivants de la foule. Ah, il est fier le gars. Puis les fanfares s'arrêtent et vient le moment de la mise à mort. Le charlot essayera à 4 reprises de planter l'épée. Une vraie boucherie. Il va se faire huer, siffler avec du 'mexicain rentre chez toi'. Finalement, le taureau qui pisse le sang en a marre et s'assoit. Un toréador récupère une pointe pour essayer de la planter à l'arrière du crâne du taureau. 6 fois avant d'y arriver. Une boucherie...

Quand un toréador fait un super 'combat', il peut avoir en trophée la queue et les oreilles du taureau. Dans ce cas, tu l'aurais bien vu repartir, ce boucher, sans ses oreilles et sa...

Ils font rentrer un 2eme taureau avant d'avoir fait sortir le mort. L'autre, pas con, a vu son cousin germain sur le carreau, et a pas trop envie de terminer sur l'étal du boucher. Du coup, il a joué petit bras, a fait 3 tours d'arènes, et a refusé de s'approcher des capes pour ressortir vivant de ce piège à con. Allez c'est suffisant, cassos.

Le soir au resto, les toréadors sont à la table d'à côté, ça t'a démangé de leur demander s'ils avaient commander du taureau.

Le soir, sur la place principale, les fanfares rivalisent pour attirer les gens qui viennent danser en tournant en rond. T'as l'oreille musicale d'une chèvre mais t'as l'impression qu'ils jouent la même musique depuis 2 heures. Puis vient l'heure du feu d'artifices. Ils ont monté tout un échafaudage rempli de pétard et feu d'artifices qu'ils allument au fur et à mesure. C'est super dangereux car on est juste à côté et parfois de fusées partent dans la foule. Ton voisin c'est pris un truc dans le crâne. En France, il y aurait déjà eu procès, ici... Ensuite, il y a 2 concerts sur la place mais t'es tellement crevé que t'as jeter l'éponge.

Lendemain retour à Arequipa puis, pour la première fois, un avion pour aller à Cusco. Ouais, tu voulais voir un peu le Pérou vu de haut

Ricardo, boucher par procuration

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Alors Cusco, un choc. Des milliers de touristes, partout et ça cause beaucoup français. Ville coloniale oblige, t'as la place centrale avec ses églises et monastères. Plein de petites ruelles en pente. Très sympa mais que des boutiques pour touristes, c'est impressionnant. A se demander où ils se fournissent en alpaca pour avoir autant de vendeur de pulls. Tu te croirais à Bali tellement t'es sollicité tous les 10m pour un massage.

Sur le marché traditionnel de San Pedro, les vendeurs de fruits et légumes n'ont plus leur place, pas assez rentable. Ils ont laissé la place aux échoppes pour touristes. Du coup, dans les rues autour c'est un joyeux bordel avec toutes les dames installées par terre pour vendre leur épis de maïs. Mais résiste encore les vendeuses de fromage, les stands de jus fruits fait devant toi au mixeur.

Cusco est à 3500m d'altitude, donc si le soir t'as pas ton bonnet péruvien avec le lama comme motif c'est que t'as raté ton voyage. En Asie, tu portes le pantalon ridicule avec motif éléphant, ici c'est le bonnet motif lama. C'est sûr que ce sont les mêmes pingouins. Et quand ils rentrent en France, à Bernay, ils mettent quoi comme vêtement ? Un caleçon avec une majorette ?

T'as passé ta journée à voir les agences de trek. Sur un des treks, le Salkantay, t'as une agence qui est complète sur les 4 prochains jours alors qu'elle fait partir 4 groupes de 12 personnes chaque jour. Et ça c'est qu'une agence. L'usine...

T'en as trouvé une qui a ses propres camps donc tu vas pas te retrouver avec 300 personnes mais faut lâcher du brouzouf. Le dernier jour doit se terminer par la montée au Machu Picchu. Les billets d'entrée sont par tranche horaire. Il faut y être obligatoirement dès l'ouverture à 6h, sinon c'est pire que le 31 décembre sur les champs Elysées. Y a plus de billets pour le créneau de 6h sur les 2 prochaines semaines mais coup de pot un client de l'agence s'est désisté et tu peux récupérer son billet via 30 euros de supplément. C'est ça ou que dal. Tu vois beaucoup de photos du Machu Picchu prise d'au dessus du site. C'est un billet en supplément pour monter sur une des deux montagnes. Aucun billet disponible avant 1 mois... Pour ceux qui veulent faire le fameux trek de l'inca trail, c'est pas avant 2020. Du coup, les prix sont délirants.

Bon, on verra sur place, demain départ aux aurores.

Ricardo en immersion touristique

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Yo,

Ah oui, le mec de l'agence t'avais dit que comme c'est un parc national, les bouteilles en plastique non recyclable sont interdites. Ah, c'est balo, t'as oublié d'en acheter, donc t'es avec des bouteilles en plastique polluant.

On est 12, tôt le matin à 4h30 le bus vient nous récupérer à nos différents hôtels. Alors qu'on est déjà en retard une future star n'est pas prête. Finalement elle débarque, une chinoise aux cheveux blonds, habillée d'un poncho multicolore, des immenses faux ongles multicolores, un iPhone à la main et de l'autre elle tire une immense valise. Euh, elle est au courant qu'on part en montagnes pendant plusieurs jours? Les 2 guides se regardent et appellent l'agence pour savoir ce qu'il faut faire.

3h de bus plus tard, le bus nous lâche à notre point de départ, les affaires de la valise sont transférés dans un sac. T'es avec une agence qui se veut milieu de gamme d'où les 2 guides, un cuistot en toque jaune, son assistant et encore deux autres personnes pour s'occuper des mules.

En plus de la chinoise, 2 canadiens, 2 belges, 2 allemands et le reste de la grenouille. La plupart font un trek pour la première fois et sont pas rassurés, ça promet. Tu regardes les bouteilles de flotte, y a qu'un couple de français qui a suivi les conseils. Si même les allemands n'écoutent plus les règles, ou va t-on ?

Un guide devant, un guide derrière et c'est parti. Bon, le guide de devant marche 200m en avant sans nous attendre, sympa. Même sur des légères montées une grosse partie du groupe a du mal. Et bizarrement on ne voit aucun autre groupe de gus en sac à dos. Apparemment chaque agence a son chemin. Côté paysage, on marche à flanc de montagnes mais sans le côté impressionnant du canyon de Colca.

Côté météo, comme d'hab, du gris. Puis, c'est sympa de longer un canal avec des bâches en plastique... Finalement, au loin, on voit tout un ensemble de bâtiments et on réalise qu'il y a une piste carrossable 200m plus bas que le sentier. Puis tu vois plein de camps en 'dure' souvent sous forme de bulle, genre t'es sur la lune, puis un parking avec 50 minibus garés. Ah ouais, côté perdu dans la nature, c'est pas gagné. C'est quoi ce bordel ? L'agence avait dit aux autres que leur camp était séparé des autres. C'est vrai, notre camp est collé au parking de bus alors que les autres camps sont plus hauts. Le guide explique qu'il y a 3 ans, il n'y avait aucun camp fixe. Comme le fameux Inca trail est limité à 500 personnes par jour, le trek du Salkantay a explosé et les agences ont construit plein de camps pour accueillir dignement le tourisme de masse. Dans 3 ans, c'est sûr, t'as un Campanile et un Hippopotamus ! Enfin des mecs orientés business ! Celui qui est venu marcher ici il y a quelques années, faut surtout pas qu'il revienne car il va pleurer.

Et la meilleure, t'as des petites boutiques qui vendent de tout dont plein de bouteilles en plastique. T'en as 2 qui se sentent pas couillons.

On est 12, il y a que 5 bulles avec 2 lits. L'agence t'avait dit que comme t'étais le dernier inscrit, donc 12eme, t'aurais une tente et pas une bulle. Idem pour un couple de francais. 5 couples prennent chacun une bulle et la chinoise seule prend la dernière. Tu vas la voir pour voir si tu peux prendre le 2ème lit, que neni. France 0 - Chine 1. Ouais, le français impressionne. Donc tu rabats sur une tente. Les bulles ont des 'plafonds' en verre mais pas assez transparent du coup la nuit, ils ont pas vu le ciel étoilé. Gros scandale, la chinoise qui passe son temps avec son iPhone n'a plus de batterie et on l'avait pas prévenu qu'elle pourrait pas recharger en pleine montagne, le drame absolu. Toi, t'as amené une grosse batterie mais t'as stupidement oublié de lui proposer, les autres aussi ont oublié. France 1 - Chine 1

Le chef a mis sa toque pour nous cuisiner des plats qui arrivent tous froid. Il bosse, les autres le regardent bosser, on se croirait dans l'administration française.

Explication sur tous les bus : à quelques kilomètres, il y a un très joli lac, le Humantay et beaucoup viennent juste à la journée. L'après-midi est prévue pour aller à ce fameux lac. On est arrivé au camp super tard donc on décolle qu'à 15h avec un temps qui se couvre de plus en plus. Aucun guide ne peut nous dire grosso modo combien de temps il faut pour monter pourtant ce sont des vrais pointures. On part, on passe à côté de 'bulles' super luxe avec salle de bain intégrée. On traverse différents camps, on voit toujours personne, bizarre de chez bizarre. Il commence à pleuvoir un peu puis beaucoup. Les allemands annoncent qu'ils font un refus d'obstacle. Ça flotte vraiment beaucoup. Il fait déjà sombre, le lac est dans un endroit encaissé, le ciel est pourrave de chez pourrave. C'est un truc à rentrer les grolles trempées pour pas grand chose surtout que le guide t'annonce des durées de marche aberrante. Donc, t'annonces que tu fais aussi trompette et d'autres se joignent au concert. Dans la redescente on s'est fait punir par la grêle. Et ouais...

Retour au camp, les gars avaient fait un feu histoire de se réchauffer. 3h plus tard, les 3 courageux sont revenus trempés mais fiers de nous montrer leur photo d'un lac dans l'ombre. Et encore, ils ont eu du pot, la pluie s'était arrêtée. Dîner de truite et légumes froids.

Lendemain matin, grand ciel bleu qui nous permet de voir au loin le sommet enneigé du Salkantay. Tous ceux qui ont dormi dans les bulles se sont pelés de froid. Alors que sous la tente t'as bien dormi. France 2- Chine 1. On doit être super lent car ils nous ont fait lever à 5h du matin. 6h, on est tous prêt à partir, les canadiens ont beau voir qu'il y a 10 personnes sac sur le dos prêts à partir, il leur faudra 30 minutes pour arriver à ranger leur 3 affaires dans leur sac.

On commence à marcher et là, incompréhensible, il y a du pimpims avec du sac à dos partout. Mais ils sortent d'où ? Mais il y a pas 3-4 pekins, ce sont des dizaines et des dizaines, un raz de marée. Un guide part devant, les 2-3 qui ont un peu de condition physique partent derrière lui et ensuite toutes les trompettes se mettent en formation fanfare. C'est le jour du col à 4600m, certains sont inquiets. T'as un paquet de trompettes sur le chemin mais tu pensent que les champions sont quand même dans ton groupe. Certains groupes montent même sur des chevaux. Tiens, sur le bord du chemin, des petites cahutes vendent des boissons dans des bouteilles en plastique. Le mec de l'agence avait dit qu'il pouvait y avoir des contrôles avec confiscation des bouteilles plastiques. Ahah, ils font ça, ils tuent le petit commerce.

Tu passes ton temps à attendre le reste du groupe. Le ciel se couvre de plus en plus. Avant le col, t'as déjà les pieds dans la boue et la neige. Tu comprends pas ce que font les autres car tu vois passer des gens que t'as jamais doublé et qui pourtant vont pas vite. Ça veut dire qu'ils ont même dépasser les trompettes. Ah, oui tu vois arriver la canadienne sur un cheval avec le cuistot. Problème d'asthme apparemment.

Parfois des groupes s'arrêtent au même endroit où tu attends les autres. Et étonnement, leur guide leur donne plein d'informations. Une retient ton attention, faut pas trop traîner, c'est un temps à prendre de la pluie bientôt.

Toi, la seule information que t'auras eu de ton guide est l'origine du mot 'lama' mais ça semble un gros pipeau. Ça viendrait de l'époque où les espagnols ont débarqué et ont demandé aux locaux en montrant les animaux 'como se llama?' et les autres comprenaient 'llama' et ont repéré lama alors qu'en quechua, on dit 'suri'. Voila c'était la minute Trivial Pursuits, question culture.

T'arrives au col, t'es en short, fait un peu frisquet. Tous les sommets sont recouverts de nuages. La canadienne est déjà là, forcément, un cheval ça aide. Tu te casses car aucune idée quand vont arriver les autres.

Finalement on se retrouve tous ensemble direction le déjeuner. Et là, recauchemard. Les locaux ont construit des petites maisons en briques qu'ils louent aux agences de trek. Et quasiment toutes les agences se retrouvent les unes à côté des autres, chacune dans sa bicoque avec son cuistot en toque (toc). Autant le passage du col est assez sympa si tu fais abstraction des dizaines de pingouins mais se retrouver tous à côté pour le dej dans une endroit fermé sans vue sur les montagnes. C'était pas compliqué de nous filer un 'paquet pique nique' et s'installer tranquillement dans la verdure sans personne autour. Alors c'est vrai, on a le droit à des frites. Tout le monde pensait se jeter dessous, du carton, les belges ont failli porter plainte pour agression gustative. Le steak, de la semelle. Ils feraient plus simple et tout le monde serait plus content.

Côté canadienne, ça va pas du tout, elle est couchée sur une bâche.

Le temps s'aggrave, tout le monde a sorti son poncho ou son sac poubelle. Handy Bag a un potentiel de développement incroyable ici. Dans la descente t'as perdu tes lunettes de soleil mais vu le temps pourri.

Changement complètement d'environnement, fini le côté minéral, on est en sub tropical avec de la verdure partout.

On arrive au camp juste quand il se met à pleuvoir et là, respect, on un camp où il n'y a aucun autre groupe, super tranquille. Les autres agences sont installées plusieurs kilomètres plus bas les unes à côté des autres. Il y a même 2 douches. T'as un peu crié quand l'eau a touché cette partie de ton corps. La belge se pointe et demande où est l'eau chaude ? Au même endroit que les prises électriques, en ville...

Le canadien cherche les 2 guides car sa femme va vraiment pas bien. Les 2 pointures ont du remonter à une cahute se taper des bières. C'est le cuistot qui sort la bouteille d'oxygène et un étudiant en médecine du groupe qui va voir ce qui se passe. Très mal au crâne, difficulté à respirer, ça pue. Le shoot à l'oxygène va lui permettre de récupérer. Les guides réapparaissent tranquillement 2h plus tard.

Le soir, à 18h30 (oui, c'est cette heure qu'on appelle le soir ici), attention, on a le droit à 2 bouteilles de vin rouge, sympa.

Lendemain, rebelote, tout le monde est prêt à partir alors que le canadien se ballade avec une casserole d'eau genre je vais faire ma toilette. Pas gêné, pas un mot d'excuse.

Ce coup-ci il pleut juste au moment où les canadiens sont prêts à partir, quel timing. Et plus on descend, plus il pleut, tout est couvert de nuages. Au bout de 40 minutes de marche, arrivée au bled où la plupart des autres agences sont installées, ceux qui font 5 jours continuent à pied alors que les 4 autres (dont toi) prennent une bagnole. Vu la flotte qui tombe, tu te dis que pour une fois, t'as fait le bon choix. Tu sens que d'autres seraient bien montés dans le collectivo. Et le pire c'est que quand il pleut, les guides font marcher les gens sont sur la piste boueuse plutôt que sur un petit chemin dans la jungle, la double punition. Certainement très sympa leur 3h de marche sur une piste boueuse. Nous, en 40 minutes, on est arrivé au village. La chinoise est sauvée, elle peut recharger son iPhone depuis elle le lâche plus. En théorie, on doit se taper 2h de montée et 3h de descente pour rejoindre la gare ferroviaire. Vu le temps, on a voté à l'unanimité la location d'un taxi pour qu'il nous emmène à des hot springs puis nous dépose à la gare. Du coup, au lieu de crapahuter dans la boue sous la pluie, tu fais trempette dans des jolies bassins d'eau super chaude. C'est là où tu vois que t'as vieilli. Y a encore quelques temps t'aurais signer pour en chier. Mais bon, comme il y avait la majorité pour la baignade...

En résumé, grosse déception sur le trek de Salkantay, trop de monde, trop de camps en dure, impossible de se sentir perdu dans les montagnes. Et dire qu'il est noté dans le top 20 des plus beaux treks au monde. Ça devait dater avant l'époque béton. Mais même sans ça, y a pas photo avec la cordillère Huayhuash.

Alors la gare ferroviaire, c'est plutôt juste la fin de la ligne. Soit tu marches 3h le long de la voie soit tu payes 35$ pour 40 minutes de train. Oui, au Machu Picchu, il y a tellement de touristes que tous les prix sont délirants. La voie serpente à travers les montagnes resserrées couvertes de jungle. Si un jour tu reviens, tu feras le chemin à pied car il était superbe. Tu peux même voir un chemin qui coupe la falaise pour rejoindre le Machu Picchu. Apparemment, il y a plein de chemins pour rejoindre le site mais seul 2 sont ouverts au public.

Le train arrive dans la petite ville d'Agua Caliente où plutôt GringoLand. Incroyable, tu sors du train, on est des milliers de gringos. Tu dois avoir 50 stands côte à côte qui vendent des babioles made in... Des ruelles qu'avec des restos qui essayent de t'accrocher. Que ça soit dans les bars ou dans les épiceries, les prix sont le double de la normale.

C'est un tel business que ça construit dans tous les sens de manière anarchique. Au début, tu comprends pas. Ils habitent ou les vrais gens ? Et en fait, derrière la gare t'as un quartier beaucoup plus simple où habitent les péruviens. Une sorte de ghetto à côté de GringoLand. Pas une bagnole, pas une moto, c'est interdit, que du piéton et c'est super agréable.

Toque Ricardo

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Yo,

Le soir le guide nous annonce qu'il doit nous abandonner car il doit rentrer d'urgence à Cusco. C'est un autre guide qui va nous accompagner demain sur le site du Machu Picchu. On a des billets pour l'ouverture du site à 6h. Soit tu montes en bus, soit à pied. T'as lu sur internet que tu peux avoir 2h d'attente pour le bus. D'où ta question au super guide à quelle heure il faut être au bus pour être sûr d'être dans les premiers sur le site. 3 fois tu poses la question, 3 fois il répond à côté. En fait, le gars a des phrases toutes prêtes mais dés que tu sors du cadre, ça se complique. On doit donc se retrouver à l'arrêt de bus à 5h car les premiers bus démarrent à 5h20. Toi t'as décidé de partir plus tôt et monter à pied vu que t'as pas eu de réponse et que tu veux vraiment être à l'ouverture du site. Lever à 4h du mat, tu regardes le ciel, pas la moindre étoile tellement c'est couvert et tout est trempé. Du coup la montée à pied, moyennement motivé, le Ricardo. Pas d'intérêt à arriver tôt pour être dans les nuages. Finalement tu t'es pointé avec les autres à l'arrêt de bus. Y a déjà 150 personnes qui attendent et la file s'allonge rapidement. Le bus démarre avec les feux anti brouillard, ça promet. 30 minutes de bus, 20$, l'entrée du site 70$, c'est quasiment du braquage. Arrivé à l'entrée, tout le monde fonce aux toilettes car interdiction sur le site. La dame pipi demande 4 fois le prix normal.

On est dans les premiers sur le site. Le principe est de monter en haut des terrasses car si tu descends vers les anciennes habitations ensuite tu as plus le droit de remonter.

Coté météo, le mieux est de laisser parler les photos

C'est pas mystique comme photo?  Trop classique , la photo avec le soleil

Toutes les montagnes sont parsemées de nuages, ça donne un petit côté mystique. Ouais trop classique la photo du Machu Picchu avec du soleil. Même s'il y a pas de soleil, le site est par moment dégagé ce qui permet de voir en contre bas les constructions. Faut reconnaître que c'est impressionnant. Puis grosse arrivée de nuages qui masquent complètement le site. Certains murs sont construits à base d'énormes pierres qui s'emboîtent pile poil. Sûr que ce sont eux les inventeurs du Tetris.

Le guide est dans son avalanche verbale interrompue d'informations identiques qu'il répète plusieurs fois. Personne ne l'écoute vraiment tellement il est saoulant. Le mec sait certainement plein de trucs mais il s'est pas les faire vivre. Il y a une vingtaine de lamas sur le site histoire d'ajouter une touche exotique pour le touriste. Pas farouches si tu as une tranche d'orange et surtout pas cons car ils savent que s'ils se mettent derrière les cordes, ils seront pas enmerdés par les accrocs du selfi animalier. T'as retenu du guide que les incas sacrifiaient aux dieux uniquement les lamas noirs. Comme quoi, quand ça veut pas.

On est allé voir l'inca bridge, en fait, un des chemins qui à l'époque menait au Machu mais qui aurait été coupé par les incas pour que les 'cons qui s'adorent' ne trouvent pas la citée. Tu marches sur un chemin étroit à flanc de falaise, âme sensible s'abstenir. Si vous regardez en bas à gauche de la photo de droite vous pouvez voir la fin du chemin pour touristes et ensuite toute la traînée verte qui traverse la falaise est l'ancien chemin. Étonnement ils l'ont pas restauré pour les touristes.

le sentier est caché par la végétation la plus verte claire 

Au bout de 2h, le guide nous a abandonné pour aller saouler un autre groupe. Comme on a pas de billets pour aller sur les 2 montagnes qui surplombent le site, on monte aux 'portes du soleil'. Alors, va savoir quel est le gros naze qui a donné ce nom à cette zone, mais il mériterait de se faire péter les genoux. Voilà la vue à partir des portes du soleil.

On a attendu 20 minutes sans amélioration. En redescendant tu peux voir que maintenant les gros groupes guidés par des gus à drapeaux sont arrivés. Manque de pot, les nuages ont recouvert complètement le site, tu peux plus rien voir. Tu serais arrivé maintenant tu serais dégoûté. La vendeuse de sac poubelle/kway a du faire fortune vu la flotte qui tombe. Tu t'es abrité 30 minutes, histoire de laisser passer le gros de la flotte. En attendant désespérément une éclairci, les guides des groupes brodent comme ils peuvent. Ça se dégage un peu mais maintenant tu peux à peine circuler tellement il y a du monde. Il peut y avoir jusqu'à 6000 personnes par jour et tout le monde suit le même chemin.

T'es resté 5h sur le site malheureusement sans un brin de soleil. T'as tapé la descente à pieds, que des grandes marches faites de grosses pierres, tes genoux ont porté plainte.

De retour à Agua Caliente, tu vois une immense queue à l'arrêt de bus, ce sont ceux qui ont un billet pour l'après midi, malheureusement pour eux le temps est pire. Alors un conseil, faut être sur le site dès l'ouverture si tu veux en profiter paisiblement. A partir de 9h, c'est mort.

Côté photo, si on a l'impression parfois qu'il y a pas grand monde, c'est que t'as une pointure qui tient l'appareil photo... Mais en voici quelques unes prises vers 10h. Ça vous motivera à vous lever tôt.

Pour venir et repartir d'Agua Caliente, tu dois prendre le train. En dehors des 100 dollars que tu lâches pour 1h30 de transport, le trajet est superbe. Les rails serpentent entre les montagnes. Le train a des très grandes vitres et des grands hublots sur le toit pour voir les sommets. Bon, toi, il fait gris et les hublots sont couverts de pluie mais en plein soleil, ça doit être photogénique. Tout à coup, de la musique dans le wagon et un gars en tenue bariolé avec un masque et une perruque débarque dans le couloir en roucoulant. Ouais, en roucoulant, en dansant et en faisant se lever les gens pour les faire danser. Gros délire. Puis les 2 serveurs du wagon font un défilé de mode. En France, Guillaume Pepy conseille en pleine période de départ en vacances de ne pas prendre le train, c'est bien ça ? Qu'il vienne faire un stage chez Peru rail.

Ricardo Picchu

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Yo,

Direction la rivière Apurimac pour 3 jours de rafting. Apurimac veut dire en Quechua la voix de dieu. T'es avec un couple de péruvien qui vient de Lima. T'es donc le seul à ramer en espagnol, ça va être compliqué. Première fois que tu voyages avec des péruviens, en tout cas eux sont des stars. Quand elle veut une photo, elle sort même pas du minibus, c'est le guide qui sort de la caisse pour aller la faire pour elle. Elle a aussi demandé à mettre sa propre musique dans la caisse puis elle tend la main pour avoir un chocolat à grignoter. Respect.

On roule plusieurs heures direction le sud de Cusco. Sur map.Me t'as l'impression que c'est une vrai route mais non c'est une piste. On traverse plusieurs vallées remplie d'eucalyptus, de petits villages perdus, totalement dans leur jus. Ça change complètement d'Agua Caliente. Rien que le paysage sur le trajet est déjà sympa.

Merde, dans un tournant, un arbre bloque la piste. A peine la caisse arrêtée, des paysans sortent de chaque côté de la route avec des machettes. Ils ont pas l'air d'être là pour prendre le thé. Le braquage au milieu de nulle part à moins qu'ils veuillent kidnapper la star. Si c'est ça, c'est cadeau et de bon cœur. Gros coups de machette dans les pneus. C'est sûr, on va rester plus longtemps que prévu ici. Allez, on arrête les bobards, c'est juste un paysan qu'à merdé avec sa tronçonneuse, résultat le tronc est au milieu de la route.

Passé le col à 4000m la piste descend dans le canyon Apurimac à 2500m. A écouter les gars dans la bagnole, c'est le canyon le plus profond du monde. Trop fort au Pérou, ils ont 3 canyons, chacun est le plus profond du monde. Côté organisation, on a une mule aquatique, c'est le raft qui transporte l'équipement pour les 3 jours, un autre pour nous et un kayak pour la sécurité en cas où quelqu'un tombe à l'eau. Mouais, c'est du class III+, ça devrait aller côté dangereux. Mais bon, on a une star à protéger.

A peine arriver au bord de la rivière, la star a sorti son paréo et se fait bronzer sur la rive. Toi, t'aides comme tu peux les autres à préparer les rafts.

Une fois engagé dans la rivière, y aura plus de sortie avant 3 jours. Avant de partir, on fait une offrande à la Pachamama. Chacun prend 3 feuilles de coca, souffle dessus et les jette dans la rivière. Nous voilà parti pour 2h de descente.

La rivière est bordée de gros blocs de granit gris noir assez impressionnants, c'est la partie 'black canyon' . On passe sous des vieux ponts en ruine soit disant de l'époque coloniale et Inca. On a vraiment l'impression d'être seul au monde. Côté purement rafting, c'est super pépère, même tous les baltringues parisiens que tu connais pourraient venir.

Seuls points noirs mais prévisible, l'eau est glaciale même avec la combinaison en néoprène. Sans compter les saloperies de sandflys qui t'agressent à peine le pied posé au sol et qui ont en quasiment rien à foutre de ton anti moustique. Et leurs piqûres démangent horriblement. Déjà une dizaine sur chaque bras dès le premier soir.

On a du passer 2-3 ersatz de rapides et on s'arrête déjà. Mouais, les 2h prévues se sont transformées en à peine 1h de rafting.

On monte le camp sur un banc de sable entouré de bambous en léger surplomb de la rivière. Personne à part nous, ça change complètement du Salkantay. Alors quand tu dis, on monte le camp, tu veux dire que le 2 autres sont allés se faire bronzer 30 secondes après avoir posé le pied sur le sable et toi t'as aidé les 3 guides à tout sortir. C'est le guide qui leur monte la tente et même leur gonfle leur matelas pour dormir. Manque plus que la berceuse.

Puis, tu comprends pourquoi t'as payé aussi cher : On nous apporte des bières fraîches, t'as une vrai table avec des fauteuils pliants et pas de vulgaires tabourets. Les gars préparent le cocktail péruvien Pisco sour et en plus t'as du vin le soir. Côté vin, le péruvien est un peu râpeux.

Le guide t'avait dit qu'il allait faire froid donc t'as même le droit à une couverture. Ahah, il a jamais du aller en montagne. 20h, les pieds dans le sable dehors sans grelotter, ça fait une paille que t'as pas vécu ça.

Seul vraiment truc qui fait chier, ils font que parler en espagnol même s'ils parlent anglais donc tu te sens un peu tout seul.

Petit déjeuner délirant au milieu de nulle part. Jus d'orange fraîchement pressé, 3 sortes de céréales, miel, différents yaourts et fruits, pain grillé, œufs brouillés.

Et t'as aussi la tente...toilette. Waouh. Et pas un vulgaire trou dans le sable, une vraie cuvette avec un sac poubelle pour pas que tout parte dans le sable, une poudre pour recouvrir ce que ton estomac a décidé de ne pas garder, le produit pour se désinfecter les mains. Tout, il y a tout. Tu t'installes, tu fais ce que t'as à faire et, rappel, il y a tout sauf le.. PQ. Et ouais, t'as atteint la limite du luxe. Un pauvre kleenex dans ta poche te sauvera de la déchéance totale. T'attends de voir si les autres se font aussi piéger mais une star se trimballe toujours avec son paquet de lingettes.

Waouh, ce matin le guide range même le sac de couchage dans son sac pour les autres. Euh, ils vont pisser tout seul ou le guide les accompagne ? Démonter leur tente, ahah, la bonne blague.

Mais à chaque fois ils demandent aux guides s'ils ont fait la photo, s'ils les ont filmé... Ils doivent avoir une chaîne YouTube qui s'appelle, euh, oui c'est ça, 'StarEnCarton'

Vu le merdier qu'on transporte et qu'en plus il faut ranger les affaires des stars, on a mis du temps à se mettre à l'eau. Les flancs des montagnes sont couverts d’agave, le cactus à tequila, tout est très sec. Dans quelques mois, tout va redevenir vert, la rivière va monter de plusieurs mètres et charrier des tonnes de boue, impossible à rafter. On croise pas un chat mais quelques canards qui n'imaginaient pas être dérangés jusqu'ici et même des petites loutres. Sur les 'plages' de sable, tu peux voir des empreintes de gros chats. Il y aurait des pumas dans le coin qui se pointeraient pour picoler à la rivière mais alors pour tomber dessus pile au bon moment, bonne chance.

Les canadiens ont déversé il y a très longtemps des truites dans la rivière qui ont bouffé les autres poiscailles. Chap, tu viens quand faire une hécatombe truitesque?

On a passé un petit rapide un peu sport sinon c'est de la descente tranquille, paisible. Déjeuner sur un banc de sable, tu peux même pas enlever ta combinaison sinon t'es bouffé par les sandflys, ouais c'est pas tous les jours qu'un repas français leur est servi à domicile. Si t'es en manches courtes et short, ça peut être mortel.

Tiens, la star s'extasie devant des têtards.

Deuxième camp infesté de sandflys. Un des guides refusent de mettre de l'anti moustiques, sa tronche est boursouflée de partout. Pour une fois qu'il fait super beau t'es obligé d'être en pantalon et veste gore Tex pour limiter l'agression. Tu vas vite t'apercevoir qu'il faut être recouvert entièrement d'anti moustiques. T'es piqué sous le bracelet montre, sur les phalanges, derrière les oreilles, dans le cou, sur les joues, ouais le moindre millimètre de peau sans protection et t'y as le droit. Vu tous tes boutons rouges tu te demandes si t'as pas choppé la rubéole..

Le soir, loin de toute pollution lumineuse, t'as un ciel aussi étoilé que dans le désert. Par contre faut surtout pas allumer la moindre lumière blanche, des centaines de moucherons se jettent dessus. Oui, ici la nature est généreuse.

Dernière matinée de rafting, les stars mettent plus de 2h pour se préparer. En attendant, t'es déjà en combi plus une veste manches longues pour limiter l'agression. Côté rafting c'est la partie la plus 'shake your body' et faut reconnaître que sur le raft la star joue le jeu et pagaie bien malgré son petit gabarit. C'est la fin, pas une personne tombée à la flotte, pas un retournement du raft, quedchi.

Apparemment ces saletés de bestioles savent où on débarque car on est attendu par des centaines impatientes et voraces.

T'as un truc à voir assez atypique dans un village pas très loin mais manque de pot. Tu fois retourner sur Cuzco. Dans le cas où un jour vous passez dans le coin : le village, Cotabambas, organise pour le jour de l'indépendance (demain) une fête particulière. Il choppe un condor. Alors déjà, comment chopper un condor car c'est pas un vulgaire pigeon parisien ? Déjà, tu commences par dégommer un lama. Jusque là, ça paraît jouable. Ensuite les gars baignent la viande longuement dans l'alcool local, le canazo. Ils foutent le cadavre en évidence, se cachent sous des ponchos et attendent. T'as un piaf, Maurice qu'il s'appelle, qui tourne dans le ciel et qui voit le cadavre du lama. Il se dit waouh, qu'elle aubaine. Faut foncer avant que Gérard le pique. Oui, Gérard c'est un autre piaf qui traîne ses plumes dans le même coin. Maurice se pose et commence à taper dans la viande. Il doit lui trouver un drôle de goût mais il fait pas tous les jours ripailles. Et plus il mange et plus il commence à voir des lamas roses (ouais, il a jamais vu un éléphant). Puis, il ricane tout seul, commence à secouer ses plumes et se met à chanter 'I beleive I can swim'... Au bout d'un moment les mecs se pointent avec un alcootest et pan, il perd son permis de voler. La version plus réaliste, c'est que piaf est entamé par l'alcool et les gars lui jettent un poncho dessus pour l'empêcher de s'envoler. Le soir de la fête ils attachent Maurice sur le dos de Robert, un taureau qu'ils vont faire courir. Puis ils relâchent Maurice. Si Maurice arrive à s'envoler et retourner dans ses pénates c'est que l'année sera bonne, s'il se vautre lamentablement (entre l'alcool et la balade forcée sur le taureau, pas sûr que toutes ses plumes soient en place) c'est que c'est une année qui pue.

Vu que chez nous, les pétards sont devenus interdits pour le 14 juillet, on pourrait imaginer la même chose à Paris en l'adaptant un peu. Qu'est-ce qui pullule à Paris? Les lamas et les condors ? Ça à être un peu compliqué. Donc, on choppe un rat et on lui fout un pigeon dessus et on les fait descendre les champs Élysées entre 2 bataillons de mecs en kaki. Puis, si le pigeon libéré arrive à retourner chier sur la place du Chatelet, ça veut dire qu'on aura une année sans bouchons, ni pollution ni cons à Paris. C'est pas gagné.

Quel futur maire de Paris va proposeré cette idée dans son programme ? Histoire de voter enfin pour un politicard qui propose des choses sérieuses et concrètes !

Ricardo, bouffé de partout

Ricardo, futur 1er adjoint au maire

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Yo,

Direction la vallée sacrée. Tu peux y aller avec une agence pour la journée mais euh, non. En plus ils font le tour tous dans le même sens donc tous les bus s'arrêtent au même endroit au même moment. Ça va pas être possible. Première étape Ollantaytambo. Le village est au pied d'un site inca. Oula, t'as des petites mamies avec des canes qui suivent un gus avec un petit drapeau. T'as bien fait de venir en solo, t'aurais pu finir dans ce genre de groupe. Alors les incas devaient vraiment aimer les sites terrasses. On aurait du leur dire de construire sur du plat, les visites auraient été plus faciles pour les adeptes des hanches artificielles. Côté site inca, c'est pas celui qui va rester dans tes souvenirs de poisson rouge.

Deuxième étape les Salinas de Maras. T'abandonne un collectivo à Tarabamba (cherchez pas sur Google, c'est un non lieu) et t'enquilles sur une piste. Tu t'es dis que vers 12h30, heure de la pause dej, il y aurait pas grand monde. Mais là, t'es tout seul. Bizarre. Tu payes le droit d'entrée et la dame est même surprise de voir un touriste. Tu te serais gouré d'endroit? Puis tu montes le chemin. Ça cogne dur, ouais youpi y a du soleil. Tu commences à voir du blanc qui tranche dans cet environnement brun et vert foncé. Plus tu t'approches, plus tu vois au loin des petites fourmis de l'autre côté des salines. En fait, t'as plein de monde mais tout le monde arrive en bus par une route de l'autre côté des salines. Vu le nombre de pingouins, ils doivent gagner plus de tunes avec les billets d'entrée que la vente de sel. Les couillons qui viennent à pied, y en a pas. Oui, un ! L'avantage, par où t'es arrivé, y a personne. Sans déconner, les Salinas de Maras, ça pique les yeux à la fois car c'est impressionnant et par la réverbération du soleil sur le sel.

Il y a des milliers de bassin en terrasses de différentes couleurs, du blanc au brun en fonction du niveau d'évaporation de l'eau. Toute une partie de l'étroite vallée en est couverte. Les salines datent des incas (donc c'est pas plat). T'as un torrent qui arrive de la montagne et qui alimente continuellement les salines. Midi, plein cagnard, jour de fête nationale, il y a juste 4-5 personnes qui bossent dans les salines. Personne ne porte des lunettes de soleil, même des made in China. T'as même des gamins qui accompagnent/aident leurs parents. Faut imaginer leurs yeux dans quelques années. S'il n'y a qu'un spot à voir dans la vallée sacrée, c'est ici.

Ils font différents types de sel dont un soit disant pour soigner les articulations.

Alors super, t'es venu à pied mais tu veux pas revenir sur tes pas car tu veux aller sur le site de Moray qui est 15 bornes plus loin. Sauf que tous les gens arrivent ici avec des agences ou un taxi. Sur le site, t'as pas un transport public pour repartir. T'as un seul taxi qui t'a proposé de t'installer dans le coffre. Euh tu l'as déjà fait le premier jour en arrivant au Pérou mais le gars avait un matelas. Finalement, t'as demandé à un guide qui a vu avec un chauffeur de bus privé et il t'a embarqué pour quelques pièces et t'as déposé sur une route passante. Dans ces pays, t'as toujours une solution.

Directement Moray, plusieurs amphithéâtres de l'époque Inca. Pareil que pour les salines, respect. On n'a plus le droit de descendre au milieu. Vrai ou faux, c'était un centre d'expérimentation pour la culture de la patate, mouais. Il y a un pimpim qui s'est pointé avec son tambourin en se disant qu'il allait descendre au centre et envoyer du son. Et il est comme un con, en haut du site en train de taper sur son tambourin.

C'est bien sympa mais il faut trouver un coin ou crécher donc t’enchaînes les collectivos pour rejoindre le village de Pisac. Il y a un gros marché 'artisanal' le dimanche. On est dimanche, tu t'étais dit qu'y être le matin, ça allait être un cauchemar avec les vagues de bobs et drapeaux qui allaient débarquer à la queue leu-leu pour dépenser leur sous. Du coup, fin d'après midi, reste uniquement ceux qui crèchent ici, soit pas grand monde. Il y a la fête sur la place principale. Certains gars sont en costume cravate avec des chapeaux bariolés. Bonne ambiance, différents groupes dansent chacun leur tour sur le même air. Même ceux en costard-truc bizarre sur la tête sont de la fête. Ils ont des caisses de bières aussi haute que la tour Eiffel et certaines ruelles se sont transformées en pissotière masculine.

Côté people, t'as un peu l'impression que certains occidentaux qui ont raté l'époque Kathmandu ont atterri ici.

Pisac, c'est aussi un site inca. Ouais encore des pierres avec des terrasses. A se demander si les incas étaient pas en fait des géants et ce qu'on prend pour des terrasses sont pas simplement des marches pour eux.

Tu t'es spécialisé en phot d'entrée... marre des terrasses

Vous avez remarqué ? Aucune remarque négative sur la météo ! Alors que t'as transpiré à cause de ce put... de soleil dans les montées sur les sites.

Lendemain matin, tu traverses le village et tu montes en direction des terrasses. T'as un chien du village qui a décidé de t'accompagner même quand tu lui montres les panneaux l'interdisant. A l'entrée aucun contrôle, la fiesta de la veille a du laisser des séquelles. Arrivé en haut de la colline, tu réalises que c'est que le début et que le site est tout en longueur le long d'une crête. Et ça monte dur. Le chien, lui est facile et fait parfois demi tour pour voir pourquoi tu traînes. Tu retrouves d'anciennes constructions incas. Espérons qu'ils se sont réincarnés en maçon car côté mur, c'est au millimètre. Les portugais, ce sont pas des anciens incas ? Tu tombes sur un gardien qui voit le chien et te demande si c'est le tien. Ben ouais, bien sûr, tous les touristes voyagent avec leur chien et la veille de rentrer dans leur pays il le bouffe... C'est con, le chien avait l'air tout heureux de découvrir le site mais les pierres lancées par le gardien lui ont fait comprendre qu'il était persona non grata. Tu continues à monter la crête qui en fini plus pour enfin arriver au sommet et de l'autre côté tu vois les dizaines de minibus arriver. Et oui, on monte en bagnole par l'autre côté. Pour les feignasses, prenez le bus et vous faites que la descente et quand vous êtes redescendu, des dizaines de stands vous attendent sur la place de Pisac histoire de vous soulager de quelques pièces. Étonnement t'as plus trop de commandes d'acheteuses frénétiques françaises. T'as quand même acheté quelques bracelets histoire de faire tourner l'économie locale.

Retour à Cuzco. Tu pensais que tous les touristiques étaient à Pisac, que neni. T'as du mal avec Cuzco même si tu comprends que les gens aiment cette ville. T'as le côté typique avec toutes ces petites ruelles, les différentes places historiques, associé au côté occidental avec tous les bars et restos. Mais trop de monde, trop de relance dans la rue. Tu peux pas regarder une carte d'un resto sans qu'un gars te saute dessus. Bruno, t'es venu il y a 18 ans, garde tes souvenirs et reviens pas, jamais.

Sacré Ricardo

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Piste vertigineuse pour rejoindre le point de départ du trek Choquequirao, un site inca qui va faire compétition avec le Machu Picchu. La seule grande différence est que pour l'instant il faut descendre tout en bas du canyon Apurimac soit 1400m de dénivelé, traverser la rivière et se retaper la montée sur l'autre versant. Forcément ça décourage les masses. Résultat, au lieu d'avoir plus de 4000 personnes par jour comme au Machu, t'as une moyenne de 30 pieds niquelés par jour. En gros, en 1 an sur ce site t'as autant de personne qu'en 1 jour sur le Machu. Par contre faut se dépêcher d'y aller car ils veulent développer le tourisme ici et dans 3 ans ils veulent avoir construit un téléphérique. Donc c'est maintenant tranquillement ou plus tard avec la foule.

On est 6 grenouilles dont 2 couples. Le minibus vient nous récupérer vers 4h du matin, une des nanas est maquillée et en Jean's. Euh, tu t'es gouré, t'as réservé pour une after ?

Les 2 couples sont très proutprouts Neuilly et se mélangent pas trop avec le tout venant dont tu fais partie, surtout l'autre nana, une Marie chantal. Pour le petit dej, au resto t'as une table de 6 et des tables de 4. On est un groupe de 6, ça peut être sympa de faire connaissance. Non, ils ont préféré privatiser une table à part, sympa. La Marie chantal dit que sa famille a un sanglier apprivoisé qui gambade dans la cour du château, oui du château, très cher... Il y a même une famille de renards qui est venu squatté dans leur jardin, les malotrus. Étonnement la Marie Chantal ne t'aura pas adressé la parole du circuit, c'est normal, on s'abaisse pas à parler aux gueux. Tu les entends parler d'une personne qui va 'se reproduire avec une catégorie socio-génétique inferieure'. Là, on du lourd de la part de ces gens qui se reproduisent entre cousins.

Revenons au trek. Ça commence par la descente dans le fond du canyon Apurimac par une piste poussiéreuse. D'un côté de la rivière les flancs des montagnes sont très arides remplis de cactus et de l'autre beaucoup plus verts. Ce sont les glaciers en altitude qui arrosent ce flanc. Quand t'as réservé la veille. Le guide t'a fait dit qu'il pouvait faire jusqu'à 40 degrés en bas du canyon. Ahaha elle est bien bonne celle là. Il connaît pas rain man. Et bien grand soleil et effectivement ça tape dur, très dur. Quand tu croises ceux qui remontent du canyon, ils ont l'air écrasé par la chaleur. Marie Chantal a son petit appareil photo en bandoulière, un petit chapeau très stylé, une chemise à carreau attachée autour de la taille, des lunettes d'instit, le menton bien redressé et a fait un ourlet de quelques centimètres au niveau de ses chevilles, waouh une vraie libertine. Le chemin pour descendre n'est qu'une suite de caillasses et de poussière. Résultat ses 3cm de de mollet visible sont sales. Ça ne va pas, c'est pas possible, donc fini les ourlets. Toi qui est en sandales-bermuda t'as les jambes sales au possible, un gueux... Juste avant la rivière, 3 petites maisons qui font boutique. C'est l'heure du dej à la fois pour toi et à la fois pour les sandflys. Si t'as pas d'anti moustiques, t'es mort. T'en as qui pensait avoir tout prévu avec pantalon et manches longues plus gants plus vêtement sur le visage sauf que son t-shirt était remonté en bas du dos. Il a du choper 15 piqûres.

Maintenant faut se taper une petite partie de la montée pour rejoindre le camp de Santa rosa. Apparemment dans le 16ème, ils sont plutôt habitués à du plat et quand on se reproduit entre cousins les gènes pour marcher en montagne disparaissent.

Étonnement il y a des petites maisons qui font magasin le long du chemin.. T'as plusieurs petits camping. En fait les locaux ont déblayé des terrasses pour que tu puisses planter la tente. Et la meilleur, si tu payes, tu peux avoir du WiFi et un peu de lumière grâce à des panneaux solaires. C'est dingue que maintenant même dans des lieux difficiles d'accès t'es du WiFi.

Le lendemain départ à 5h à la frontale pour rejoindre le minuscule village de Marampata. Le guide part comme une trombe. T'as fait la connerie de suivre son rythme, résultat grosse transpiration et en plus il fait des pauses toutes les 20 minutes, histoire que tu refroidisses. Du coup, tu les laisses partir devant mais c'est déjà trop tard. Est ce que c'est lié à ça ou au verre de limonade local que t'as fait boire le muletier, 2h plus tard, t'es pas bien, mal au ventre, au crâne, t'as l'impression d'avoir des pompes en ciment.

On est sur le site inca de Choquequirao. Selon le guide, le site ferait 17000 hectares. Alors t'as de la terrasse sinon c'est pas inca. Sur une des photos, vous voyez de la terrasse entourée de broussailles. C'est juste la minuscule partie qui a été nettoyé mais faut imaginer que tout les flancs de ses montagnes sont recouverts de terrasses. Les pierres utilisées sont pleines de particules dorées qui font scintiller la roche.

Ici ils ont trouvé des terrasses uniques. Pour y aller c'est 20 minutes de descente agressive. T'es sur les genoux mais ça serait con d'être venu jusque là sans y aller. Sur ces terrasses, les incas se sont fait plaît plaisir et ont intégré dans les murs des pierres blanches pour dessiner des lamas et même un 'berger'. C'est sympa mais faut remonter et tu remontes pas par le sentier mais par les escaliers au milieu des terrasses. Les escaliers de la tour Eiffel, une rigolade en comparaison. Contrairement au Machu Picchu, le site n'est pas entouré de petites collines qui, pour toi, font le charme du Machu.

T'es vraiment pas bien, t'as dit au guide que tu retournais au camp. Il veut que tu repartes avec le muletier. On a pas fait 5 mètres qu'il s'arrête pour regarder son téléphone. Super, tu t'es cassé sans lui et il est arrivé 40 minutes après toi. T'espérais que les tentes seraient montées pour te coucher, que dal. A se demander ce qu'il a foutu la matinée à part taper le bout de gras avec la mamie qui tient la boutique. T'es allongé sur le sol et t'as froid en plein soleil. Ça pue. Aucune bouffe ne passe, à 19h t'es couché. Parfois tu crèves de chaud, parfois t'es frigorifié, ça sent la fièvre. Malgré l'aspirine, le mal de crâne ne passe pas. Et pour couronner le tout, ton collègue de tente qui a un peu mal au ventre lâche des pets à asphyxier un putois. Longue nuit, très longue nuit. Lendemain, t'es encore plus malade, tu peux rien garder dans le bide.

C'est la journée la plus longue, on doit redescendre en bas du canyon et se retaper toutes la montée. C'est pas le jour à être sur les genoux. Même en étant crevé, t'as pas attendu les autres. Tu croises dans la descente un couple de français. Ils ont un husky avec un harnais qui tire la femme dans la montée.

L'objectif est de remonter en dehors des heures où ça cogne dur. Du coup de 10h à 14h c'est la sieste à l'ombre. Tu pensais fermer les yeux mais manque de pot, les locaux jouent avec leur tronçonneuse, quand ça veut pas.

3h de montée sans fin pour ressortir entièrement du canyon et rejoindre Capulyoc. Le muletier a monté les tentes en descente et il y a des rafales de vent qui couchent les tentes par moment . T'es à plat, t'as pas dormi la veille, tu vois le patron qui nettoie des petites cabanes. 3 euros pour avoir un minuscule lit protégé du vent avec un vrai matelas, t'as signé toute de suite. Alors, vous allez dire que sur le trek du salkantay, t'as rougné que c'était bétonné et qu'on dormait pas vraiment roots et là tu payes pour une cabane. Alors, déjà les tentes étaient à 5m des cabanes et surtout t'es malade comme un chien alors un soupçon de confort dans ce monde où ton meilleur ami est devenu un rouleau de pq.

Ah oui, on est aussi dans la région des condors. Selon le guide, ça pullule. Bon, ben pas en tout cas les jours où on était là.

Pour ceux qui veulent venir en solo, pas besoin d'amener la bouffe, car tous les campings proposent les repas et tu pourrais même te passer de la tente car à certains endroits comme Marampata, tu peux dormir chez l'habitant. Et de Choquequirao, tu peux, via 6 jours de treks et des passages à plus de 4000m rejoindre le machu picchu. Mais va trouver du monde qui veuille le faire. Façon dans l'état où tu te traînes.

Alors côté sites incas, on va dire que t'as coché la case. C'est bon, les terrasses avec ou sans lamas, t'en as largement vu assez. Bouygues, c'est d'origine Inca ?

Ricardo, Marie Chantal allergique

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Les plans pourris, vous connaissez ?

Vous les sentez venir mais c'est pas grave, vous y allez quand même, voir même c'est vous qui les cherchez. Et bien vous avez en face de vous une pointure. Champion du monde ? Largement au dessus, t'es hors catégorie. Tu le sens, tu le sais et pourtant t'y vas tête première. Et c'est pas la première fois. Combien de fois tu t'es pointé dans des endroits perdus où l'autochtone perdu au milieu de nulle part te voit débarquer et se demande ce que tu viens bien foutre ici. Rajoutes en plus un guide local qui n'est pas un vrai guide dans le sens où il essaye pas de te faire communiquer avec le local. Ça vous est jamais arrivé ? Essayez. Vous allez ressentir ce petit moment de solitude en vous demandant qu'est ce que vous êtes venu foutre ici. Alors ça fonctionne que si vous êtes en solo. Si vous êtes 4, au pire vous pouvez taper la belote avec ceux qui se posent la même question que vous.

Qeros ça vous parle pas ? Même les péruviens connaissent pas. Alors le français perdu au fin fond de Bernay voir même Menton. Bon, tu la ramènes mais il y a 3 jours t'avais aucune idée du machin.

Dans les années 50, on a découvert à plus de 4000m d'altitude un ensemble de petits villages qui vivaient tranquillement, les Qeros. Les derniers descendants des incas, que les ''con qui s' adorent'' ont oublié de venir pourrir la vie. Alors, tranquillement c'est pas forcément le mot exact car ces bouseux ne connaissaient pas Macdonald, Netflix, voir même Facebook. Ça vous donne une idée du péquenot de base, le mec qu'a même pas Tinder pour rencontrer une meuf. Pff, clairement un peuple voué à disparaître.

Le gouvernement péruvien à décidé d'en faire une zone hors 4G... et d'empêcher l'accès au pékin de base. Il faut obtenir une invitation pour aller dans cette région qui est à 4h de bus local de Cuzco et ensuite faut s'enquiller dans les montagnes.

Toi, via le cousin germain par alliance du beau frère de la cousine de ton guide de rafting, t'as été mis en contact avec un dénommé Jésus. Alors pas sûr que c'est le même que dans le best-seller où le gars marche sur l'eau en faisant la concurrence à la boulangerie du coin et en lançant le beaujolais nouveau. Tu sais pas trop mais en tout cas c'est un prêtre 'andéan'. L'agence de voyage fait appel à lui quand elle organise des cérémonies religieuses pour la Pachamama. Et ce gars est du peuple Qeros. Et avec lui, c'est comme si tu avais été touché par Dieu. Ouais, quand tu dis 'touché' c'est une métaphore, c'est au figuré, hein, qu'il y ai aucune méprise, aucun rapport avec les copains du cardinal Barbarin. T'as la bénédiction papale et t'as le droit d'aller avec lui dans cette région interdite.

T'as donc rencontré le fils de dieu et tu t'es mis d'accord sur l'organisation, le prix, la totale. Tu vas être obligé de passer par une cérémonie religieuse (c'est son fond de commerce) sur place donc tu lui avancé l'argent pour acheter les offrandes. 1h plus tard il te rappelle pour te dire qu'il y a un problème sur le prix du transport qu'il t'a indiqué, c'est juste 50% plus cher que prévu. Déjà tu le sentais moyen mais là c'est en chute libre. Et il a déjà acheté les offrandes avec ton pognon. Ça se complique.... Et le pire c'est que le gars n'essaye pas de t'entuber, c'est un gentil mais pas futefute. Donc il est enmerdé et il veut à tout prix t'organiser une cérémonie à Cuzco vu qu'il a acheté les offrandes. Ouais, toi t'étais partant pour aller dans un village où vivent les derniers descendants incas, pas trop pour te taper une cérémonie où on va te cracher dessus pendant que tu sautilles sur place en brassant de l'air avec les bras.

Mais comme t'es pas en état, t'as repoussé ce super plan. Et dans le cas où tu n'irais pas et que ça intéresse un ethnologue en herbe, t'as un avoir chez Jésus de 40 euros. Va savoir si tu peux transformer un avoir chez Jésus en nombre de péchés automatiquement pardonnés... Guy, tu dois savoir ça, toi. Avec ton nom de famille, tout ce qui touche aux grenouilles de bénitiers, tu maîtrises.

Ricardo, en contact direct avec Jésus !!!

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Yo,

T'es sur les genoux, à plat complet même avec des médocs. Impossible de faire des treks pour l'instant et mourir à Cuzco, t'as du mal.

Tu as vu dans des magasins de Cuzco des tableaux et grandes boîtes avec des figurines très colorées complètement kitsch. Mais alors plus kitsch que ça, dur à trouver sauf peut-être le bol de soupe avec 'Frank' marqué dessus où le tableau rouge laqué bizarre acheté une blinde par une famille de charlots à côté de la mosquée de Paris. Non, pas de nom.

Ça s'appelle 'retablo ayacuchino' et ça vient des artisans d'Ayacucho. T'as pu voir un atelier où il les fabrique, c'est totalement artisanal. Les personnages sont faits à partir d'un mélange de pâte de riz, de maïs ou de patate mélangé à du plâtre puis peints et collés dans le 'retablo'. Tu peux t'en faire faire un sur mesure avec des personnages qui te ressemblent. Par exemple, 4 charlots en train de jouer aux cartes, un pêcheur sortant une truite grande comme son petit doigt où par exemple un cirque avec une jongleuse avec des bouteilles de parfum associé à un guignol qui fait du macramé.. C'est sans fin.

retablo ayacucho 

Comment aller à Ayacucho ? T'achètes ton billet de bus soit près de 14h de trajet pour 500 bornes. Tu réfléchis (oui, oui, ça arrive parfois ) et 14h dans un bus où les toilettes ne servent que pour la partie 'petite commission', c'est totalement impossible pour toi dans cet état où tes intestins décident à ta place. Et même si tu vas en douce y faire autre chose, tu vas infecter le bus et te faire repérer. Donc, t'as pris l'option 'i belive I can fly' avec un stop par Lima qui est sous une brume continuelle. C'est très étonnant, sur le vol Cuzco-Lima les 3/4 des gens sont des touristes alors que Lima-Ayacucho, t'es le seul charlot en bermuda. La vue est superbe et l'atterrissage surprenant, t'as l'impression que le pilote s'amuse à raser les collines.

Quand tu regardes les guides sur Ayacucho, ils sont pas super vendeurs. Le truc qui ressort est le nombre d'églises au mètre carré. Top, tu vas pouvoir faire un pèlerinage, Santo Ricardo.

T'as bien sûr la jolie place principale avec ces arcades. Seul dommage, qu'Anne Hidalgo soit pas passée dans le coin pour piétonniser la place quitte à y rajouter un peu de sable. Un coin de la place est squatté par des mamies qui vendent des glaces artisanales. Elles sont dans un seau métallique entouré de bloc de glace. Léger doute sur la chaîne du froid mais de toute manière, t'es pas en état d'essayer. Il y a des vendeurs de glace dans toutes les rues et on est à 2800m d'altitude, assez surprenant. C'st une ville étudiante, t'as énormément de monde qui déambule dans les rues et ça fait du bien de se retrouver à nouveau au Pérou, t'as pas croisé 10 touristes. Personne ne t'interpelle pour te faire rentrer dans son resto ou te fourguer un massage mais t'as pas le charme architectural de Cuzco.

Côté paysage, la ville est entourée de collines plus ou moins déboisée mais pas de hautes montagnes au sommet enneigé. C'est pas que c'est pas joli, c'est qu'il y a pas d'effet waouh.

Ayacucho a été un des hauts lieux du fameux sentier lumineux. Alors, c'était pas une bande de gus qui marchaient en montagne avec des lampes frontales, ça c'est juste un groupe de branquignoles de touristes. C'était un mouvement marxiste des années 80-90 qui a fait 70.000 morts. Actuellement, ils sont plus qu'une bande de narco trafiquants dans un coin de la jungle.

T'as décidé de faire une visite à la clinique de l'espérance. Rien que le nom est déjà une invitation au voyage et à la découverte. Alors, c'est pas exactement un site touristique. Tu commences par payer le droit de 'visite', environ 12 euros. Pour 2 euros t'avais sinon l'option hôpital public mais euh... Tu poirotes un peu, une dame, tout d'émeraude vêtu, vient te prendre ta tension et ton pouls puis tu rencontres un gars qui attend que tu lui racontes ta vie, tes problèmes. Alors expliquer tous tes symptômes en espagnol, pas simple. Tu tires la langue et le gars identifie, tout en restant à un mètre de toi, une déshydratation liée à une infection. Trop fort, juste avec la langue et à distance en plus. Mais qu'est-ce qu'il fout ici, il devrait patron à l'hôpital américain de Neuilly pour soigner les Marie-Chantal.

T'as le droit à 2 ordonnances et le numéro de tel du gars (oups, docteur) au cas où. Puis t'attends à nouveau à l'accueil. Une dame, en bleue cette fois, t'emmène faire un peu de shopping dans un autre bâtiment. Tu files ta liste de course à un guichet, on te répond avec un prix puis tu vas à un autre guichet avec le prix indiqué pour payer puis tu reviens au premier guichet pour récupérer tes emplettes. Dans ton petit panier, t'as des seringues, des petites ampoules, du sérum phy, des tubes en plastique.... Puis tu reviens dans le premier bâtiment où la dame en bleu te trouve une grande salle avec un lit pour t'installer, une couverture rose pour pas que t'es froid et même un oreiller pour ton confort. Puis miss émeraude revient et grâce à ses études de bricolage, construit avec tes achats tout un mécanisme installé au dessus de toi. Puis elle tapote longuement sur ton bras pour chercher une veine et te pique.

1h après la visite du site est terminée. Tu pensais repartir avec un petit souvenir, genre des médocs pour le bide, que neni, juste une ordonnance pour des antibiotiques. Ça aurait pu être pire, t'aurais pu emporter une maladie nosocomiale.

Ricardo, touriste médical

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Ce qui t'a convaincu de venir à Ayacucho c'est une photo des piscines de Millpu. Ça a l'air incroyable. Des piscines naturelles d'une couleur bleue turquoise. Bon, elles ont été rachetées par un groupe chinois et maintenant t'as des centaines de personnes en bouée et brassards flottants qui pataugent en attendant des vagues artificiels. Et ce paradis est au milieu d'un canyon perdu. C'est pas merveilleux ? Quand t'achètes ton billet, ils te filent un bon de réduction pour le resto chinois du coin et un petit fascicule pour apprendre à se racler la gorge et cracher en pleine rue.

Quelqu'un l'a gobé ? Pour aller sur le site, 7h de bus aller retour via une agence pour 2h sur place. Petite astuce pour ne pas se retrouver complètement coincé au fond du minibus pendant des heures. Au moment d'acheter le ticket, tu dis à l'agence que tu viens uniquement si tu as une place devant, du coup le matin le guide vient te chercher à l'hôtel en premier. Ouais, ça fait le client chiant mais tu t'es déjà tapé 2x6h en position quasi fœtal, c'est suffisant. Le guide a parlé pendant quasiment les 7h de trajet. T'as ainsi appris que la quinoa qu'on vous fourgue en France à des prix exorbitants est la quinoa noire, la meilleure. La quinoa blanche reste pour les peqs locaux. La route s'engage entre des montagnes de plus en plus escarpées où se mélangent le rouge-orange de la terre, le vert des cactus, le gris de la roche et le jaune de l'herbe sèche, beaucoup plus joli qu'autour d'Ayacucho. Ok, sur le site il y a pas des milliers de chinois en bouée mais au moins 500 péruviens. Ouais, un dimanche en période de vacances scolaires. Tous les bus des agences arrivent en même temps et c'est par wagon que ça déambule dans le canyon en suivant un guide à drapeau

Ça rigole pas ici, t'as même pas le droit de te baigner dans les piscines depuis quelques années. Ça c'était pas prévu. L'eau contient des minéraux et du calcite qui se déposent sur les bordures des bassins pour leur donner cette couleur crémeuse. En se baignant tu ferais partir ces minéraux des piscines. On a quand même le droit de mettre les pieds sur une petite partie d'un bassin histoire de faire les photos sinon ça serait la révolution.

Tu t'attendais à beaucoup plus grand. Si tu connais par exemple Semuc Champey ou Kuang Si, tu seras pas dépayser. Le canyon où sont les bassins doit faire 300m de long et est très étroit. Ils ont fait un chemin pour arriver au bord des bassins sinon tu les surplombes. Si tu t'avances trop sur le bassin, un coup de sifflet de la surveillante en chapeau à fleurs en plastique. Oui, les dames locales portent des chapeaux avec des fleurs en plastique. Une mode à lancer pour les petits vieilles de Menton. Les fleurs en plastique pourront servir ainsi 2 fois. T'as demandé au guide s'il savait l'origine de ses chapeaux. Il semblerait mais ça sent la grosse légende urbaine, qu'il y a très longtemps un sino-vietnamien nommé Jili Chung aurait débarqué dans le bled en courant avec un stock de fleurs volées sur la tombe de Mao Zedong et serait arrivé à les fourguer à un vieux chapelier assis sur son stock de chapeau invendable. Le vieux, en les associant aurait fait fortune et se serait installé au Kremlin Bicêtre. Mais t'as des gros doutes sur la véracité de cette histoire.

A l'entrée du canyon, tu as plusieurs petites cascades qui descendent vers les bassins. T'as quoi, 20 minutes de marche pour aller jusqu'en haut du canyon, t'as pas 50% des péruviens qui ont la 'force' d'y aller.

Le guide a été très formel et l'a répété plusieurs fois, on se casse à 15h pile. 15h15 t'as juste la moitié du troupeau qui est devant la bétaillère. 15h30 la dernière cruche arrive, avec un air où tu vois que les neurones ne sont pas tous connectés, sans réaliser que tout le monde l'attend. Le guide, lui, est en train de courir dans la canyon pour essayer de la retrouver.

Ricardo turquoise addict

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Yo,

Retour dans ta ville préférée Cuzco. Vous connaissez la fameuse montagne colorée ? Inconnue il y a a une dizaine d'années, c'est devenu un des gros hot spots du coin. Résultat t'as plus de 1000 personnes par jour qui y vont. Ce sont des dizaines de minibus qui partent tous au même moment, puis t'as 1h30 de marche (ou à cheval) à la queue leuleu pour arriver en haut de la montagne et admirer le paysage. Puis tout le monde repart en même temps.

T'as fait le tour des agences, impossible, à part en privé, d'en trouver une une qui part 1h plus tôt, histoire d'éviter la foule. Même, un gars d'une agence t'as dit que t'allais pleurer en voyant la foule. Et t'es pas suffisamment remis pour louer une bagnole et partir à 3h du matin. Le gars de l'agence te sort le mot magique 'Palcoyo'. Hein ? Kesako ? C'est un autre endroit où tu as le même genre de paysage, sauf que c'est pas connu encore du grand publique. Ça fait à peine deux ans que l'on en parle et en plus il y a que 30 minutes de marche.

La première agence à qui tu demandes veut 90 dollars pour y aller en petit groupe. Euh, 90 dollars, non, tu veux pas acheter leur voiture, tu veux juste te rendre sur place. Certaines agences ont peur de rien. Autre agence à 25 dollars déjeuner compris. Deal.

Lendemain matin, 30 minutes que tu poireautes dans le froid. Après plusieurs coups de fils à l'agence, qqu'un se pointe. C'est un sous traitant de ton agence et il n'a été prévenu qu'il y a 5 minutes. Le minibus est complet... mais avec 2 autres touristes italiens, il te met dans une bagnole et du coup, on a voyagé royal. 3h30 bien installé, le temps passe plus rapidement. T'aurais demandé à y aller en voiture, ça t'aurait coûté une fortune et là sans rien demander, ils te mettent dans une caisse pour 6h de trajet, va comprendre. Les italiens ont réservé d'Italie, ils ont payé 3 fois le prix..

On quitte enfin la route pour s'engager dans une vallée. Tu vois au loin des montagnes couvertes de terrasses. Oh putain, encore les incas. Que neni, on a l'impression que ce sont des terrasses faites par l'homme, mais non, complètement naturelles et certaines montagnes en sont couvertes. La terre change de couleur par endroit, elle prend une teinte rouge. Le mélange du rouge de la terre avec le jaune de l'herbe séché pique les yeux. On arrive enfin au bout de la piste, t'as quoi, 2 minibus et 5 bagnoles, on doit être 50 pimpins. On a rejoint le groupe du bus, oui, les pauvres qui voyagent en bétaillère. Le guide dit qu'on part marcher en groupe et qu'on fera une pause dans 10 minutes. Ahaha, monsieur le guide, c'est possible de vous dire 2 mots.

T'es parti seul devant. Alors, c'est vrai qu'on est quand même à 4800m d'altitude. Le paysage pique vraiment les yeux. Tu vois la première montagne multi couleurs. Ce sont pas des couleurs flashies mais ça rend quand même pas mal. Après, rien n'empêche de foutre un coup de photoshop.

Le sentier monte tranquillement jusqu'à la crête. T'as du faire 100 photos du même paysage. C'est aussi un coin à alpagas. Apparemment, ils les tondent tous les 2 ans. T'as une certaine race, on dirait qu'ils ont des dreadlocks. En haut de la crête, t'as une nouvelle couleur sur ta palette, le blanc du sommet enneigé de l'Ausangate. Ouais, celui que t'arrives pas à organiser. T'as d'autres partie de montagnes multi couleur mais finalement le plus impressionnant est le paysage dans sa globalité. Le reste du groupe est à des années-lumière derrière.

Il y a un chemin qui monte à un ensemble de pitons rocheux. De là, la vue est encore plus extraordinaire. T'as bien fait de ne pas rester avec le groupe car ils sont jamais venus jusque là alors qu'il doit y avoir 100m de montée en zigzags.

En attendant que le groupe revienne aux bagnoles, t'as tapé le bout de gras avec la vendeuse locale, 8 ans, en tenue locale très colorée de la tête au pieds. Tu l'as pris en photo, elle a voulu regarder ton appareil et fallait la voir utiliser le téléphone, le petit bout-chou 2.0 qui vit au fin fond du monde. Va savoir combien de temps ce spot va rester 'accessible' avant de devenir une usine.

Sinon, t'as quand même relancé Jésus pour les Qéros, mais plus de news, il doit certainement bosser dans une boulangerie à dupliquer des petits pains. ..

Ricardo colorado

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Adios Pérou, bienvenue en Bolivie.

T'as pris un bus direct Cuzco-La Paz. Lors de ton dernier passage de frontière, t'avais pris 5 transports différents, là t'as le même bus du début à la fin, faut reconnaître qu'on prend facilement goût au confort. Une chinoise du bus s'est vautrée au passage frontière mais sans se faire grand mal. Le chauffeur du bus lui a dit de dire que tout allait bien sinon on campait ici. Et malgré ça, elle a eu le droit à un constat de police et trois différents types de services se sont pointés. Aux USA, t'aurais pu faire un procès à la douane.

T'es pas arrivé à te convaincre de t'arrêter au lac Titicaca. Il y a 4 ans, tu étais déjà arrêté (Linda, Bruno, là où il y avait un terrain de foot....) à Isla del Sol côté bolivien.

La Paz, plus t'es riche plus tu vis en bas de la ville qui est à flanc de montagnes. Ouais, en haut, à Alto, t'es à plus de 4000m, côté respiration, c'est un poil plus fatiguant. A part l'hyper centre, toutes les maisons à flanc de montagnes sont en brique et vue de haut la ville semble rouge. A Alto, en tant que touriste, t'as pas vraiment de raison d'y traîner tes guêtres. T'es sur un immense plateau et tout au loin tu peux voir les sommets enneigés des montagnes qui entourent la ville.

T'as maintenant des téléphériques qui partent du bas de la ville vers les quartiers 'en altitude' histoire de désengorger le centre ville mais les cabines sont loin d'être pleines, un manque de confiance des locaux dans leurs ingénieurs peut être. Ouais, désengorger est le mot. En termes de circulation c'est un bordel sans fin, des files de minibus à perte de vue. Sur courtes distances t'es largement plus rapide à pinces.

Histoire de voir la ville vue de drone sans drone, t'as pris les différents télécabines. Étonnement t'as un quartier à flanc de colline où toutes les maisons sont bariolées. Mais bariolées de chez bariolées, le maire a du avoir un budget peinture illimité et s'est lâché, du coup ça met de la couleur dans ce monde de briques

Derrière la place San Francisco, t'as une dizaine de petites rues qui forment le quartier touristique. Des dizaines d'échoppes qui vendent bien sûr de l'alpaga sous toutes ses formes et des agences de voyage. Pas de boutiques 'chicos' à la Cuzco mais plutôt des petits magasins. T'as la ruelle où ils vendent des bébés lamas. De loin on dirait des peluches, de près ce sont des vrais...morts. T'as aussi des fœtus de lamas et plein de trucs bizarres, genre poudre de perlimpinpin. Ici, quand tu construis une baraque, faut enterrer dans les fondations un fœtus de lama pour la Pachamama. Les dames dans la rue portent leur chapeau typique, une sorte de chapeau melon à peine posé sur le crane.

T'as le fait tour de toutes les agences de trek. Ils pleurent tous. A part l'ascension du Hyana Potosi, ils ont rien à proposer car personne ne se pointe. T'as rencontré un couple qui avait contacté toutes les agences 3 semaines en avance, rien de chez rien, dégoutés, ils se barrent de La Paz. En gros, soit t'arrives avec un groupe pré constitué et tu montes ton circuit soit c'est super compliqué. Bon, t'as quand même trouvé une agence pour aller une journée au Condoriri taper le pic Austria.

Ricardo, le melon mais sans le chapeau

le cauchemar d'Electricité de Bolivie
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Direction le Condoriri, il y a 2 guides, 20 ans Jean's, sneakers. Toi, l'agence t'a dit de venir avec grosses chaussures et bâtons de marche. Puis on récupère 6 canadiens, pareil, 20 ans et la plupart en sneakers. Euh, c'est une sortie scolaire et tu fais le chaperon ?

Arrivé au bout de la piste carrossable, les guides sortent du sac leurs grosses chaussures de marche, les bougres. On est entouré de montagnes en grande partie enneigées. Les flancs des collines sont couverts d'herbe jaune. Ça marche tranquille jusqu'à la laguna chiar khota. Puis le chemin commence à monter. Les 6 canadiens partent comme des fusées. Tu te mets sur le côté pour les laisser passer, pour une fois que c'est toi qui va être à la ramasse. Véridique, 50m plus loin, ils sont cinq à être pliés en deux, plus de souffle. Finalement sur les 6, y en a 3 qui feront trompettes à la moitié et préféreront une sieste. Faut reconnaître que le chemin est légèrement pentu.

L'objectif est de monter au sommet du pic Austria, environ 5300m et des brouettes. Tiens, t'as encore un chien qui s'est pointé avec toi jusqu'au sommet. Ce con s'est mis à aboyer en regardant le sommet. Bizarre, Il recommence à aboyer. Sur la crête du sommet tu vois un empilement de pierres qui de loin pourrait ressembler à une personne. C'est après le tas de pierres qu'il aboie ce couillon. C'est pas un chien local ? Il a jamais vu ces pierres avant ? En tout cas avec toi il a trouvé un bon client, tu lui as refilé tes gâteaux secs achetés la veille et qui devaient dater au moins de la semaine dernière.

Par temps clair, du sommet le guide dit que tu peux voir le lac Titicaca. Ouais par temps clair. C'est con, car au départ le matin, c'était super dégagé. Regardez sur cette photo, ce grand ciel bleu dégagé avec juste la montagne dans le coin à droite qui semble fabriquer des nuages. Ca, c'est avant la montée

puis est arrivé le Ricardo time. Plein de nuages au sommet et ça c'est un peu dégagé dans la descente.

Sur le chemin, t'as du lama qui traînasse voir qui fait la sieste. Eux aussi ont du démarrer trop fort et ont le souffle coupé

il est pas mort, il se gratte le cou

Petites informations importantes pour votre quotidien français, sachez qu'on mange pas de steak de lama car il est considéré comme un animal de transport. Alors que l'alpaga, grosse feignasse qui va jamais à la salle de musculation, n'est pas foutu de porter un sac. Résultat, lui passe à la casserole. Information encore plus importante concernant les toilettes du lama. Alors, tu sais pas trop qui décide. Il y a peut-être un vote à pattes levées, un tirage au sort pour désigner la dame pipi. Mais en tout cas, ils font tous leur besoin au même endroit, un empilement de boulettes noires sur 2m2. Alors, c'est pas de l'info ?


Lendemain, t'as décidé d'enchaîner la vallée de las Animas (les âmes, les esprits, rien à voir avec les bestioles) et le canyon de Palca mais sans agence. Tu prends un uber pour aller au village de de Ovejuyo. Ici, le uber est haut de gamme. A peine assis, le chauffeur te demande ta nationalité et 30 secondes plus tard tu roules avec du Lara Fabian et Dalida. Prochaine fois, tu diras que t'es tchétchène...

Ah ouais, un point vraiment important. T'as une ambiance un peu anxiogène ici. Dès que tu recherches des infos sur des treks, systématiquement on te parle d'attaques, d'agressions, de ne pas y aller seul. Au Pérou, que dal, ici, sans arrêt.

Du coup, t'es un poil en alerte. Tu t'embarques dans la vallée par une piste et d'entrée de chaque côté tu as ces sortes de falaises /pics pointus. Ça doit bien faire 50m de haut et il y en a partout. Tu continues à t'engager dans la vallée. Ah, une personne arrive en courant en sens inverse. Première agression ? Même pas, juste une joggeuse. Ça va, elle cours dans le sens de la descente, ouais on est quasi à 4000m. 30 minutes plus tard, t'es agressé visuellement par la tenue des 4 autres joggeurs qui descendent. Ca craint la Bolivie.

La piste t'emmène sur la colline qui surplombe tous les pics et la vue est exceptionnelle. Puis, la piste se termine et tu redescends par un sentier entre les pics. Ça du te prendre 3h et pas sûr qu'avec une agence tu ais pu faire ce grand tour.

Puis tu choppes un collectivo pour aller au village d'Uni. Un des points d'entrée du canyon de Palca. T'as beau voir le canyon en contrebas, impossible de trouver le chemin qui y mène. Tu t'es retrouvé au milieu d'un champ à demander au conducteur de tracteur le chemin. Apparemment t'es pas bon car t'es du mauvais côté de la rivière et il n'y a pas de pont. C'est l'inconvénient de ne pas avoir d'agence. En plus, on est dimanche, il est déjà tard, t'as pas des milliards de bagnoles qui passent sur la route, ça serait con de rester coincé donc retour penaud à La Paz et dîner dans un pub anglais, ouais la totale loose.

Ricardo, responsable classe verte.

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Yo,

Pétage de plomb...

T'as un trek, le trek de Takesi qui démarre pas très loin de La Paz, qui passe par un col à 4600m et redescend dans l'autre vallée. Les agences le donnent pour 3 jours de marche et camping. A l'office du tourisme, t'as récupéré les distances entre chaque étape.

Ça semble pas délirant, t'as décidé de le faire en une journée. Ouais, ça risque d'être sport. T'enmene au cas où ton sac de couchage et ton poncho qui fait bâche. Au pire si ça se passe mal, tu te mets à l'abri d'un rocher et tu passes une très mauvaise nuit. Côté bouffe. Tu pars avec 2 morceaux de pain et des biscuits. Vu l'état dégueulasse des ruisseaux que t'as vu pour l'instant, tu pars avec 3 litres de flotte et une paille filtrante. Pas de tente, pas de réchaud, en gros, t'as pas trop le droit de te planter. Tu sais qu'au dernier village, y a la possibilité de dormir dans une auberge.

Lendemain matin, tu prends un Uber pour aller au point de départ. Uber déconne complètement et te file un prix ridiculement bas par rapport à la distance. Du coup, tu files le double du prix au chauffeur pour qu'il ne perde pas sa matinée. Ouais, t'as échappé à Dalida. Te voilà au village de Choquekota. Tu te dis que t'es un peu lège côté bouffe et tout ce que tu trouves ce sont des gaufrettes style carton. Mouais, c'est pas ça qui va remplir ton estomac vide.

Tu pars sur la piste qui ensuite se transforme en chemin. Il faut savoir que c'est un chemin inca. Donc à certains endroits, le chemin est large, histoire de faire passer deux bagnoles, pavé de pierres. Là, tu sens que le mec responsable de ce tronçon aimait le travail bien fait. Et sur d'autres tronçon, t'as 4 pauvres pierres sur le chemin, histoire de dire qu'un mec a fait semblant de bosser.

Vu le chemin, difficile de se perdre surtout que des porcasses ont laissé traîner des déchets par moment. Tu tapes la montée au col en faisant super gaffe, c'est pas le moment de se blesser. De l'autre côté du col, c'est que de la descente à perte de vue. Première agression, un vieux monsieur en bord du chemin (à se demander ce qu'il fout là) t'arrêtes pour te serrer la main et te dire bonjour. 2 minutes plus tard, un groupe de boliviens en pause te lance un buenas dias. Et enfin, le pire, un groupe de 6 boliviens pas très jeunes (ouais, apparemment t'es sur un trek pour vieux, ça tombe bien) dont l'ancêtre veut pas lâcher ta main. Quand sa femme a su jusqu'où t'allais, elle s'est dit qu'il fallait que papy lâche ta main sinon jamais tu y arriverais. Après ces 3 agressions, tu verras plus personne pendant les 6 prochaines heures de marche. Et quand tu vois ce que t'as marché, respect pour ceux qui le font dans le sens inverse, ce n'est quasiment que de la montée. Côté paysage, pour l'instant, t'as pas le waouh de la vallée des Animas ou du Condoriri.

T'as du sous estimer les durées et les distances car t'as l'impression de pas avancer alors que tu fais aucun stop. 1h30 après le col, t'arrives enfin au premier spot, Takesi, un gus, 5 vaches et une vingtaine de lamas avec percing fushia.

Tu pousses jusqu'au prochain spot, Kakapi, la vache 2h pour faire 8 kilomètres en plus quasiment en descente pète genoux. Ils sont sympas les incas de mettre des caillasses au sol mais ça tape sur les genoux. Cette partie du chemin est superbe, t'es à flanc de montagne sur un chemin large de 50 cm et de l'autre côté, tu vois des étroites vallées couvertes de jungle qui s'enfoncent. Pas une trace humaine, pas un chemin, peut être qu'au bout t'as un nouveau Machu Picchu. Même si la vue est superbe, tu fais gaffe où tu mets pieds plein de cloques, ouais tu les sens bien, car c'est pas le meilleur endroit pour se tordre une cheville.Au fond de la vallée coule une petite rivière qui serpente entre de gros rochers blancs de chez Calgon.

T'as vraiment sous estimé les distances et tu commences à en avoir plein les pattes. Tu vois au loin la prochaine étape, un camp de mineur. Par contre faut se taper toute la descente dans la vallée, longer la rivière et remonter et ça plusieurs fois. C'est sans fin, t'as mangé les quelques trucs que t'avais pris et il te reste un fond de flotte. Il est plus de 15h.

Tu traverses la mine la Chollja. A l'odeur et à la couleur de la rivière qui y passe, ça doit être une mine de souffre. Apparemment, tu peux dormir dans le camp des mineurs, mais euh, bof. Et la dernière étape, le village de Yanacachi est à 5 bornes. Et là-bas tu sais que tu peux y dormir sans tente.

Tu marches sur la piste qui mène à la mine. 1h plus tard, t'arrives à l'entrée du village. Tu braques la flotte de la mamie qui tient la boutique. Elle te dit que le collectivo pour redescendre dans la vallée est demain à 14h. Ah ouais, ça va faire tard. Tu pars en direction du centre du village quand tu vois une bagnole venir dans ta direction. Le mec avec sa famille descend dans la vallée. Hop, t'es assis à l'arrière. 20 minutes de piste plus tard, t'as rejoins la route de la vallée, celle qui doit te permettre de retourner à La Paz. Il est 16h30, t'as 3 minuscules boutiques, rien d'autre. S'il est trop tard pour les bus, la nuit va être longue. Le seul truc qui te rassure, c'est que 2 cantonniers attendent aussi.

Premier minibus qui passe est complet. Puis tu vois arriver une sorte d'épave cahotante, un gros bus qui doit dater de l'époque inca. Un signe de la main et t'es dedans avec les cantonniers. Rarement vu une épave pareil mais il roule et en plus sur une piste super dégueulasse. Le mec qui investi dans un bus neuf sur cette piste pleure au bout de 3 trajets. T'aimerais bien voir une Porsche cayenne parisienne ici. On a pas dépassé les 10 km/h, dans la poussière en roulant parfois au bord d'à pic impressionnant. Âme sensible s'abstenir. Plus de 2h pour faire les 20 km et rejoindre une route plus correcte. Il est 19h, la journée a été longue et tout ce que tu veux c'est une douche chaude et enlever tes pompes (dans l'ordre inverse). Mais non, trop facile, le bus tombe en panne. Tu sens que c'est parti pour durer. Du coup tu descends et dans le noir, t'essayes de chopper un autre bus mais que dal. Tu vois du coin de l'œil que le bus a enlevé ses warnings. Ça pue. Tu coures pour remonter dans le bus sinon t'es comme un con dans le noir au milieu de nulle part.

T'as vraiment pris le meilleur bus. A chaque péage, le chauffeur refuse de payer le prix et on poireaute. Quand ça veut pas. Mais voyons le côté positif, tu pourrais être seul en plein milieu du chemin avec une cheville foulée.

Changement de programme, tu voulais monter au nord à Sorata, histoire de faire des balades. Mais t'as dîné avec une bolivienne qui t'as dit que du 14 au 18 août tu as une immense fête à Cochabamba. C'est la version bolivienne du carnaval de Rio, inratable.

Ricardo sur les genoux

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Le carnaval de Cochabamba, l'équivalent de celui de Rio quelle t'avait dit. Bon, tu connais pas celui de Rio mais la bolivienne a du légèrement te survendre le truc.

Le carnaval se trouve dans la petite ville de Quillacolllo à 15 bornes. T'y es allé avec un bolivien et ca simplifie vu le monde et le merdier. Déjà quand t'arrives, t'as l'impression d'être sur un immense marché vu les stands sans fin. La fête dure 4 jours, certains sont venus camper. Ensuite faut trouver l'entrée du carnaval. Tout un ensemble de rue a été fermé et ils ont monté des estrades. Mais pour y accéder il faut traverser les rues ou défile le carnaval et là ca devient le chaos malgré les flics qui bloquent le passage. Une fois passé, faut chosir l'endroit où s'installer donc t'as le droit marcher à côté, devant, derrière les groupes qui défilent. Entre ceux qui cherchent une place et les vendeurs de tout et de rien, t'as quasiment plus de non danseurs qui défilent que de danseurs.

Finalement, on est installé sur une planche en bois sur un gradin. Chaque estrade appartient a un particulier qui loue les places sur les planches. Il y a du monde mais c'est pas la folie car c'est pas un jour de congé pour les locaux. Il y a 56 associations qui défilent. En s'étant installé à 15h, c'était environ la vingtième qui passait. T'es parti à 22h, on n'était pas encore à la 45eme..

Côté défilé, c'est le délirant, chaque association a des costumes spécifiques, multicolores, des pompoms, des strass.... Certains ont des masques incroyables, sont en sabots avec des éperons en métal pour faire du bruit ou des énormes grelots. Certaines danseuses portent des pompes piquées au dragqueen. T'en as déguisés en ours blanc revenant de Tchernobyl.

T'as des groupes de mamies qui sont à fond ou qui sont épuisées. Les tenues pour les femmes sont très liées à leur âge, plus elles sont âgées, plus les jupes sont longues.


Ils font aussi danser les tous petits. Et à côté, t'as des pitchounes qui ramassent des canettes vides.

Chaque association a sa propre fanfare qui elle aussi est dans le délire. Côté musique, vu ton oreille musicale, t'as l'impression qu'ils jouent quasiment toujours la même chose. Côté danse, faut les voir virevolter avec les pompons et les rubans qui volent dans tous les sens. Une fois la nuit tombée, ceux qui portent d'immenses masques ont rajouté des loupiotes et même un système pour lancer des flammes.

Vers18h, tous les gradins se remplissent, c'est la sortie du boulot.

Pas de vente d'alcool avant 20h mais la bière circule facilement sur les gradins.

Le seul gros regret, l'emplacement. On était 100m avant les stands VIP. Alors les danseurs qui arrivent crevés, souvent récupèrent devant ton emplacement au lieu de danser avant de tout donner pour les VIP.

Sur la vidéo, vous entendrez souvent un sifflet, c'est le bolivien qui t'accompagne qui a chaque fois que tu filmais, sifflait comme un malade.

Tiens, tous les danseurs s'arrêtent, c'est l'embouteillage. En fait le circuit du carnaval se termine devant une église ou chaque groupe va ensuite faire une petite prière. L'église n'étant pas extensible, ca bouchonne côté eau bénite. Les festivités sont liés à la fête de la vierge d'Urkupina donc on déconne pas sur la religion.

Le lendemain, t'es allé faire une balade à 'Rio' voir le Christ version échantillon. Puis t'es retourné au carnaval. Et là, étonnement la bière coule à flot. Une bande de flics à débarquer et récupérer toutes les bières des vendeuses ambulantes pour les détruire, ça a grave sifflé dans les gradins

Tu sens les groupes fatigués de la veille, il y a très souvent des pauses bières.

Il y a aussi le carnaval d'Oruro, beaucoup plus, gros, connu et organisé.

Ricardo carnavalesque