Du 4 au 18 février 2013
15 jours
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...pour survivre en milieu hostile…

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Avertissement au lecteur

Toutes les médisances et autres 'vacheries' dans ce blog sont à prendre au second degré. Si vous préférez des blogs où tout est beau et gentil, arrêtez vous à cette ligne et passez au blog du voisin. Ouais, t'es obligé de le préciser à chaque fois sinon tu te prends des commentaires de pimpims moralisateurs à dix balles.

Les fautes d'orthographe et de grammaire ? Elles sont volontaires.....euh.... plus ou moins. S'il y a des mots inconnus, ne les cherchez pas sur Google, c'est juste de la créativité à l'état pur... De même, la pauvreté du style des textes et certains mots grossiers font partie intégrante du 'Ricardo style'....

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Le Tchad, une des dernières destinations dans le nord de l’Afrique où tu peux encore te perdre dans le désert. Mali, Mauritanie, Niger, sud Algérien, Libye…c’est plus possible.

Point Afrique a décidé de relancer le Tchad. Tu es au courant depuis le mois de septembre et tu prévois d’y aller début février (pas le choix avec le boulot). T’apprends que l’émission ‘En terre inconnue’ va passer prochainement à la TV en amenant un invité au nord du Tchad, pile dans le coin où tu vas aller. Il va y avoir certainement des supers paysages et le pékin moyen devant sa télé va vouloir y aller après avoir vu l’émission. Donc, tu te dépêches de t’inscrire avant que ça soit complet même si c’est 5 mois à l’avance. Dès qu’une émission parle d’un pays, tout le monde veut y aller, en particulier ceux qui voyagent avec une casquette Fram. Et ils vont pas être conscients qu’on est dans le désert, qu’il fait très chaud, qu’il n’y aura pas de douche (oulala) et que la notion de confort sera une abstraction.

Donc, mi-septembre, tu es inscrit et confiant. Puis, c’est l’escalade au Mali, l’armée française intervient. Même si le Tchad n’a pas de frontière avec le Mali, il touche la Libye au nord, le Soudan à l’est, le Niger à l’ouest, le Nigeria au sud-ouest. Que des pays fortement déconseillés par l’état français. En plus du cierge allumé pour éviter de te retrouver avec des « Fram », tu allumes un deuxième cierge pour que le voyage ne soit pas annulé.

15 jours avant le départ, tu reçois la convocation. Tu n’as le droit qu’à 12 kg en soute et 5 kg en bagage à main. Ça va être compliqué, avec ton sac à dos + sac de couchage + matelas + tente, t’es déjà à 10 kg. Et pour des raisons de confort, t’as décidé d’amener une bouteille de Pastis et de Whisky. Ça va être compliqué au niveau du poids. Donc, t’appelles l’agence pour essayer d’en savoir plus et ils te laissent comprendre qu’ils ne seront pas inflexibles mais qu’il faut pas déconner. Et à l’occas, tu leur demandes s’il y a du désistement vu ce qui se passe au Mali. Jusqu’à un mois avant le départ, il y a eu pas mal de désistements (les gens sont remboursés à 100%) mais ça s’est rempli car il y avait beaucoup de personnes sur liste d’attente. Vu ce qui se passe au Mali et vu les risques potentiels, ceux qui veulent vraiment venir doivent être vraiment des connaisseurs du désert. Espérons…

Côté sac, en faisant au plus léger, t’es à 14 kg, plus 6 kg en sac en cabine, par contre t’as quatre couches de vêtements et tout ce qui est lourd dans tes poches. Histoire de gagner du poids, t‘as divisé par deux le nombre de paquets de cacahouètes et t’as même remplacé les bouteilles en verre qui contiennent l’alcool par des bouteilles en plastique. Mais tu trimballes quand même un paquet de trucs inutiles. T’as même vidé de moitié le tube de dentifrice. Ah ça, quand on est con… Mais rien ne vaut un petit verre dans le désert lors d’un beau coucher de soleil. Si tu ne l’as pas vécu, tu peux pas comprendre.

Le départ est de Marseille avec un vol direct pour le nord du Tchad pour la ville de Faya. Le vol est à 6h du matin donc t’es arrivé la veille et tu essayes de dormir dans le terminal des charters qui est loin d’être confortable. Les gens arrivent au fur et à mesure. On doit être environ 150, la plupart en tenue de trek mais étonnement (ou pas) il n’y a pas de jeunes. S’il y a 5 personnes de moins de 30 ans c’est un max. Et peut-être 20 personnes de moins de 40 ans. En fait, il n’y a quasiment que des retraités. Est-ce la destination, le risque, le coût ? En écoutant les autres, tu t’aperçois que tu as oublié qq chose de primordial, les lingettes. Et oui, t’as pas pris l’option douche dans le circuit et t’as quand même envie de te laver. Il est 6h du matin, est-ce que le duty free sera ouvert et est-ce qu’il vend des lingettes ? Mal barré cette histoire. Le duty free est à peine ouvert et ils ont, incroyable, des lingettes. 5 euros le paquet de 15 lingette. Une fortune mais t’as pas le choix.

L’avion est complet, vu la destination et la moyenne d’âge, il y avait certainement un business à faire dans le viager.

PS : Comme dans tous mes blogs, il faut les prendre au second degrés en particulier quand je me moque gentiment (oui, c'est du second degrés) de ceux que je rencontre.

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Arrivée à l’aéroport de Faya. Il doit pas y avoir souvent des avions qui se posent. Vu du ciel, on est vraiment au milieu du désert au nord du Tchad, à 3 jours de 4*4 de la capitale. A peine sorti de l’avion, on sent la chaleur. Fini la gore-tex, le bonnet et les gants.

Comme pressenti, c’est le bordel pour le passage en douane, le change d’argent. On nous annonce qu’on aura pas le temps de passer en ville car l’avion est arrivé en retard et que si on veut de l’eau, il faut l’acheter au stand de l’aéroport. La vendeuse est en position de monopole, le prix de la bouteille est aussi cher qu’en France. Ah c’est sûr qu’il y a pas souvent des touristes mais quand ils sont là, faut pas les rater. T’es arrivé à passer les contrôles dans les premiers. Ça prendra plus d’une heure pour que tout le monde passe. Business oblige, autour de l’aérodrome, il y a les vendeurs de statuettes et autres babioles.

Il y a aussi l’armée française, en tout cas, quatre de ses représentants. Il y a une base à Faya. Mais si tu comptes sur ces 4 Rambo pour te protéger d’un vulgaire terroriste, t’es mal barré. Y en a un , il ferait pas 100m sans s’écrouler de fatigue. En fait, ils sont venus faire des achats sur les stands de souvenirs…

Le soleil cogne fort, faut chercher de l’ombre en attendant les autres. Tu rencontres le guide qui parle très bien français (le français est la langue nationale du pays et est appris en tant que première langue à l’école). Il a l’air très calme. En tout, on est 11. Une personne de 80 ans, Louis, (espérons qu’il marche), deux couples de retraités, un couple dont une semble être le boulet potentiel du groupe, et le couple le plus jeune de tout l’avion (25 ans environ). Il est 12h, la cuisinière nous donne des sandwichs. Oui, il faut comprendre comment ça se passe ici : Nous sommes dans la région des toubous (région musulmane). Ils sont guides, chameliers… Mais jamais ils (les hommes) feront la cuisine pour des touristes. Et jamais, ils laisseront leurs femmes aller travailler avec des touristes. Donc, l’agence fait venir des cuisiniers/cuisinières du sud du Tchad (région catholique) qui, eux, sont prêts à bosser. Mais il semble que ça pose pb entre les hommes toubous et les femmes du sud qui sont beaucoup plus indépendantes que les femmes toubous. Les toubous sont des pasteurs saharo-sahéliens, éleveurs de dromadaires, de bovins et de petits bétails dans la partie septentrionale du Tchad ainsi que dans l’est du Niger et le sud de la Libye.

Nos 4*4 sont prêts. Il y a même un mouton vivant attaché sur le pickup. Au moins, la nourriture sera fraîche! On embarque dans les trois 4*4 et premier arrêt en ville. Euh, on devait pas s’y arrêter. Est-ce que qqun veut acheter de l’eau ? Effectivement, elle est beaucoup moins chère. Deuxième arrêt en ville puis encore un troisième pour embarquer un des chameliers. Un dernier arrêt en dehors de la ville chez notre guide qui récupère 2-3 affaires. Les chauffeurs sortent des voitures pour se mettre à l’ombre et commencent tranquillement à manger (ils ont mêmes des cocas, les bougres). Nous, on croyait un stop de qqs minutes, on est comme des cons en plein cagnard dans les bagnoles. Le chamelier est dans ta voiture, il a un sac en plastique avec de la bouffe qu’il te fait goûter. C’est un mélange de dattes cuites avec des haricots blancs. C’est super bon.

On a 5 à 6h de voiture pour rejoindre le camp où on retrouvera les chameliers. La piste est très mauvaise et, à un moment, on voit qu’on fait un écart avec la piste car une grande partie est entourée de grosses pierres peintes en rouge. Le chauffeur nous dit que ce sont des coins où on peut s’ensabler. Bien sûr, prends nous pour des lapins de six semaines. En fait, il reste encore plein d’endroits minés (suite à la guerre avec la Libye) et c’est la raison qu’ils donnent pour ne pas inquiéter le touriste de base. Déjà qu’il y en a pas beaucoup qui viennent, alors ne leur faisons pas peur.

Sur la route, on s’arrête pour couper de l’herbe pour notre ami le mouton, même s’il passera pas la semaine, ils prennent soin de lui. A un moment, on s’arrête pour faire une pause, et deux 4*4 partent dans un village pas très loin et reviennent avec une chèvre vivante qu’ils accrochent avec le mouton. Oui, je vous l’ai pas dit, mais on fait une remake de l’arche de Noé.

Notre chauffeur se la pète un peu et se laisse distancer, il commence à faire nuit et il semble qu’on a pas pris le même chemin que les deux autres 4*4 qui sont devant. Et en plus on crève. Aucun phare à l’horizon. On arrivera au camp dans la nuit. Montage de la tente de nuit à la lampe frontale (même si tu dors dehors). Chacun s’installe comme il peut. Lors du repas, on essaye de faire connaissance mais ça a l’air encore un peu crispé. Fatigué du voyage, tout le monde est couché à 20h30.

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Lever à 6h. Effectivement il valait mieux arriver de nuit car l’emplacement du camp est pas super top. Apparemment, notre vénérable Louis est dur de la feuille car c’est toi qui vas le réveiller. 80 balais et dormir à l’arrache, chapeau bas !!!

Il y a un petit point d’eau qui ne donne pas super envie mais on aura pas trop le choix. On laisse les chameliers emballer le matériel sur les bestioles et on part marcher. On a 11 chameaux et 8 chameliers dont trois jeunes qui apprennent le métier. Ce sont eux qui sont de corvée le matin pour aller retrouver les chameaux éparpillés. Par contre, le mouton reste ici, on emmène que la chèvre. Les chauffeurs vont nous attendre une semaine ici et ils ont le mouton comme repas. Nous, on a droit à la chèvre.

Étonnement, on était tous prêts et pour l’instant tout le monde marche bien. Le matin, il fait encore un peu frais mais la température monte rapidement. C’est marrant de voir la tenue des gens, certains sont en pantalons longs et grosses chaussures montantes de marche, d’autres un mixte entre petites chaussures et shorts et toi, t’es le seul en sandales et short. Ton petit sac à dos est vide à part 3 litres de flotte et le GPS.

La région est connue pour ses peintures rupestres et pétroglyphes. Notre guide, enfant de la région, connaît parfaitement le coin et nous emmène voir différents sites. Il prend soin de nous, il trimballe dans un sac en plastique une pâte à base de dattes cuites avec des cacahouètes et, tous les matins, nous ravitaille en dattes. Cool mais pour faire une photo d’un homme du désert dans un super décor avec un sac plastique à la main, ça le fait moins. Vers 11h30, premier problème, notre ancêtre (qui se balade même quand on fait une pause) pense qu’il a oublié son sonotone à la précédente pause donc il y retourne avec le guide. Mais pas de sonotone, il pense alors l’avoir oublié au camp où on a dormi. Comme on repasse par là au retour, on verra si on le retrouve mais ça serait un sacré coup de chance. Du coup, va falloir parler FORT.

Dans le Borkour 

A midi, on rejoint les chameaux qui ont pris un raccourci. La cuisinière a préparé le repas qui sera, chaque midi, une grande salade et elle a installé les matelas pour la sieste. Il fait trop chaud, donc on fait des siestes à l’ombre mais c’est trop long pour Mr 80 ans et il part faire des balades. Le soir, il sera le premier à aller se coucher (tu m’étonnes). Celle que tu pressentais comme un boulet potentiel est celle qui effectivement a le plus de mal à marcher. Elle a trouvé une astuce, elle marche avec le guide, ce qui le fait ralentir. Donc, on marche tous devant et on se retourne pour voir ses consignes en termes de direction. De plus, elle trimballe à la journée un gros sac rempli de… mystères. Son copain lève les yeux au ciel. Elle est venue avec un sac plein de cosmétiques et crèmes. Elle a fait exploser les 12 kg autorisés.

Le paysage ?? Du sable, rarement de très grandes dunes. Beaucoup de grands rochers en forme de pitons, d’arches, où le guide nous montre des gravures et peintures. On verra des peintures d’éléphants, de girafes mais aussi de personnes et même on dirait deux martiens. Assez étrange. Arrivés au camp pour la nuit, notre amie la chèvre n’est plus de ce monde, les jeunes chameliers s’occupent de la découper. On en mangera pendant deux jours.

Dans le Borkour  

Avant le dîner (vers 18h30, oui on dîne très tôt), histoire de décoincer le groupe, tu les invites à une Pastis party en haut d’un monticule pour le coucher du soleil. Effectivement le Pastis, le Whisky et les cacahouètes aident à délier les langues. Mais la bouteille de Pastis a pris un sacré coup dans la gueule, il va falloir faire gaffe car t’es là pour 15 jours et impossible de se ravitailler en route. Heureusement, un autre a apporté aussi une bouteille de Pastis et un autre une bouteille de vin blanc.

T’as pas monté ta tente, car comme tu dors tous les soirs à la belle étoile. A la fin du dîner, le vent commence à se lever juste après le dîner. Tu fonces vers tes affaires avant qu’elles ne s’envolent. Même en te protégeant avec le sac à dos, tu peux pas dormir, trop de vent. Le problème est de trouver un endroit où s’installer. Les autres avaient monté leurs tentes, pas cons, eux.

Toi, tu cherches un endroit mais c’est pas simple. Le vent tourne et, même derrière un rocher, t’es pas protégé. Les chameliers, qui avaient monté une grande tente bédouine, l’ont démontée car elle était en plein dans un axe super venteux. Tu plantes un piquet mais impossible de planter un autre piquet sans que le premier se défasse et en plus le terrain est dur. Seule solution mettre qq chose sur les piquets pour les faire tenir mais il n’y a pas de pierres. Tu vas chercher les bidons de 30l d’eau, avec ça, ça devrait tenir. Au bout de 20 minutes, t’es arrivé à planter les quatre piquets, maintenant faut passer les tiges dans les arceaux et ça va donner une énorme prise au vent, donc tu mets ton sac à dos dans la tente pour empêcher qu’elle s’envole. Sans parler du sable que tu prends dans la tronche. Ensuite, il faut mettre la sur-tente. T’auras mis 35 minutes pour monter une tente que tu montes en principe en 5 minutes. Tu t’installes à l’intérieur en mettant ton sac à dos du côté d’où vient le vent. Il y a déjà du sable partout dans la tente.

Dehors, tu entends encore les chameliers en train d’essayer de monter leur grande tente. Eux aussi en bavent alors qu’ils sont 8. Finalement tu es dans ton sac de couchage, le vent est tellement fort qu’il fait plier les arceaux jusque sur toi. Malgré la sur-tente, le vent arrive à faire entrer du sable dans la tente. T’es couvert de sable. Impossible de t’endormir. Tu remontes ton sac à viande jusque sur ton visage pour te protéger la tête. Le vent change de sens. La tente se plie dans l’autre sens. La sur-tente qui tape contre la tente fait un tel bruit qu’on a l’impression que c’est une tempête dehors.

Dans le Borkour  

Résultat de la nuit, t’as dû dormir maximum 1 heure et t’as deux kilos de sable dans la tente. Les autres n’ont guère plus dormi. Au matin, le vent s’est calmé mais il souffle encore. Putain de nuit.

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Tous les matins, c’est petit-déjeuner à 6h30 pour départ max 7 heures. Ce matin, vu le merdier de la nuit, tout le monde est levé tôt. Il y a encore un peu de vent. Tu gardes ta polaire et gore-tex. Le vent continue à souffler. En plein désert à 10h30 du matin, avoir une polaire et une gore-tex, ça fait quand même chier… T’as du sable plein les yeux et plein l’appareil photo. Il n’apprécie pas trop et il rendra l’âme en fin de journée. Obturateur définitivement bloqué.

On marche vite, car le vent nous use et on est pressé de s’arrêter. Le guide nous emmène dans des rochers où la rébellion tchadienne a résisté (oui, c’est pas un pays qui a été très calme les décennies précédentes). Il reste des impacts de balles sur les rochers, des douilles un peu partout. Ça a soufflé toute la journée pour se calmer en fin de journée. Ce coup-ci tu montes la tente au cas où…

Nuit de récupération, sans vent.

Le matin, on a droit aux mouches et dès qu’il fait soleil, elles disparaissent. Tant que tu n’as pas sorti ton nez du sac de couchage, t’es tranquille, à peine tu es dehors, elles sont sur toi. Le vent avait un avantage…

On remarque que le guide évite systématiquement les villages. On a dû le travailler au corps pour qu’il accepte de nous faire passer près des villages, surtout qu’il est du pays, donc ça devrait pas être un problème pour lui, à moins qu’il ait honte de nous. Finalement, on y est arrivé. En fait, dans les 2-3 villages qu’on a vus, il n’y avait que des jeunes filles et des femmes. Aucun homme à l’horizon, ils sont soit en train de s’occuper des troupeaux, soit à Faya pour travailler. Une des femmes vient d’avoir un bébé, il doit avoir 2 mois. Notre ami Louis, qui est un ancien médecin, le prend dans ses bras. La femme s’y attendait pas, à la fois de la part d’un homme et en plus d’un étranger. C’est aussi l’occasion de faire une pause shopping. Les femmes apportent de la vannerie qui semble locale, et des colliers avec un petit côté ‘made in China’. Et oui, jusqu’ici. Pour aider au business local, on repartira avec une pastèque, des galettes de pain toutes chaudes et de la vannerie. Alors, quand on parle de villages, c’est plutôt des campements en osier recouverts de bâches. Étonnement, les maisons sont jamais près des palmeraies, mais plutôt en plein cagnard. Peut-être à cause des bestioles…

Du coup, comme ça s'est bien passé au village (on a demandé l’autorisation avant de faire des photos), le guide nous fera passer par les autres villages sans qu’on lui demande. Deux des jeunes chameliers ont sorti leur tenue du dimanche. Oui, comme on passe près des villages, ils ont besoin de se faire beau pour se montrer auprès des filles. Comme quoi, même au bout du monde... Y en a un qui a une djellaba orange, du coup son surnom, clémentine.

C’est difficile à décrire mais les paysages sont fabuleux. Le soir, certains bivouacs sont prévus à côté de cabanes fabriquées exprès pour les rares touristes qui passent. La cuisinière s’installe dans l’une, mais on préfère tous dormir dehors sous le ciel étoilé à attendre les étoiles filantes. Un des chameliers est super marrant. Tous les soirs, il se joint à nous, même s’il n’aime pas notre nourriture et rigole avec nous. Il a vu ton tatouage et il ne comprend pas ce que c’est. Il croit que c’est un dessin et il faut qu’il frotte avec son doigt sur ta peau pour essayer de l’effacer. Il croit que tu le pipotes et demande auprès des autres si c’est vrai. Il essaye aussi de nous apprendre la langue toubou et le lendemain vérifie si on s’en rappelle.

Il semble que c’est lui le patron des chameliers et c’est lui qui prépare le repas des chameliers. De la farine de mil, de l’eau et il en fait une boule qu'il fait cuire. C’est leur repas quotidien qu’ils trempent dans une sauce à la viande. Entre hommes, c’est eux qui font la bouffe mais à la maison, même pas en rêve, c’est un boulot de femme.

T’as gouté, c’est pas mauvais, tout dépend de la sauce à base de viande. Pour déconner, tu lui demandes si la viande ça pourrait être son chameau. Oui, il parle tout le temps de son chameau. Au début, on croyait qu’il l’appelait ‘Catherine’ mais non, c’est un mot toubou qui veut dire ‘qui porte beaucoup‘… Il te regarde surpris, genre t’es con de poser une question pareille. Sa réponse est fabuleuse : ‘Mais c’est mon camion’, qui veut dire : ‘T’es con, je mange pas mon outil de travail’.

Une boisson incontournable : le thé. C’est du thé vert mais pas à la menthe. Dès qu’on arrive à midi ou le soir, on boit du thé. Il est super chaud et extrêmement sucré. Notre chamelier a, une fois, préparé le thé. Pour vous donner une petite idée, dans une tasse, il met 8 morceaux de sucres. Ça laisse imaginer ce qu’il met dans une marmite.

On s’est arrêté près d’un lac, au milieu de nulle part mais impossible de se baigner..

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Notre ancêtre Louis, spécialiste du désert, nous disait depuis le début que ce n’est pas la peine de mettre du micropure dans l’eau dans le désert. Personne ne l’a écouté. Résultat, il y en a un qui a choppé la tourista et c’est qui ? C’est lui… Ah ces spécialistes du désert qui savent tout sur tout. Donc, il est à plat et impossible de marcher donc il va faire une journée sur un chameau.

Toi, t’as pété la fermeture Eclair de ton sac de couchage. C’est déjà arrivé, il y a 2 ans, en Libye mais là, elle semble vraiment foutue. Tu vas te servir du sac comme couverture. Encore heureux qu’il fait pas trop froid sinon ça aurait été galère. Prochain investissement…

On passe par un village où il y a qqs maisons en dur, ce sont les bâtiments officiels et l’école. Tout le village est là car le chef du canton est venu faire un discours. Et oui, il y a les élections. Les profs ne sont pas des toubous mais des tchadiens du sud. Ils ont la peau beaucoup plus noire et malgré la chaleur portent des bonnets en laine. Les pauvres, ils doivent s’emmerder grave car on sent qu’il y a pas vraiment d’intégration et ils sont contents de nous parler. Ça doit les changer de leur quotidien car pas grand-chose à faire dans le coin.

Avant de repartir sur Faya, on repasse par le premier camp, histoire de voir si on trouve le sonotone de Louis. Une semaine après, ça serait un coup de chance de le retrouver en plus qu’il est de couleur sable. On descend des bagnoles et Louis part dans un endroit pour chercher, tout le monde cherche dans le même coin. Toi, t’es un peu surpris car c’est toi qui l’as réveillé le matin et il n’avait pas dormi du tout à cet endroit. Un quart d’heure de recherche, étonnement, rien. Y en a un qui cherche à l’endroit où on avait déjeuné et miracle il le retrouve, comme quoi. Il fonctionne plus mais ça va lui faire plus de 1000 euros d’économies.

Si tu devais résumer ces qqs jours, c’est super paysages, guide et chameliers exceptionnels.

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Retour sur Faya, on embarque un mec en cours de route. Quand on lui demande pourquoi les pierres sont peintes en rouge à certains endroits, il nous dit que c’est à cause des mines. Le chauffeur lui dit un truc en toubou et le gars se reprend et dit qu’il avait pas compris la question et que les pierres rouges indiquent qu’on risque de s’ensabler. Mais ouais…

On arrive vers Faya vers 12h. On est installé chez l’habitant qui a monté des maisons traditionnelles dans sa cour. Notre super guide s’en va en nous disant qu’on va s’occuper de nous. Au centre de la cour, il y a un puits et, dans un coin, des endroits pour se laver. Pas de douche, juste un seau à aller remplir au puits, tout simplement. Les femmes qui gèrent le camp nous donnent des chaises pour nous assoir. Tout le monde s’assoit et attend mais, comme on a aucune idée de ce qui va se passer, on risque d’attendre des heures. Soi-disant quelqu’un de l’agence Point Afrique doit passer. Toi, tu prends un seau et tu vas laver tes fringues (ben oui comme t’avais le droit qu'à 12kg, t’as pas emmené beaucoup de fringues). Les autres restent à attendre la venue du messie. Finalement, ils se décident à faire pareil ou à se laver. Toi tu te dis que tu te laveras en fin de soirée car tu vas transpirer l’après-midi…

Faya 

Finalement vers 13H00, on nous apporte des pâtes pour le déjeuner. Puis plus rien. Il doit être 14h30. Il fait nuit à 18H, t’as pas envie de rester à rien faire, donc avec 4 autres, tu décides d’aller au centre ville pour voir le marché et visiter un peu la ville. Les autres préfèrent attendre qu’il fasse moins chaud. On a noté le coin du quartier, t’as marqué la maison avec ton GPS, au pire tu pourras rentrer grâce à lui. Mais comme ça te fait chier de trimballer le GPS, tu le files à un des gars du groupe qui vient avec toi et qui a un sac à dos. Effectivement, le marché est assez loin, à 25 minutes à pied. On est dimanche, toutes les boutiques sont ouvertes. Il y a un marché couvert de tissus où on peut te fabriquer une djellaba. Des boutiques de téléphones (oui on capte à Faya) et plein de petites bicoques qui vendent un peu de tout. Le seul problème, on nous a donné que des gros billets quand on a changé de l’argent à l’aéroport. T’as un billet de 2000fr CFA (environ 3 euros) et tu veux acheter du savon qui coûte 400fr. Impossible, t’as essayé 10 boutiques, pas un a de la monnaie. On retrouve le reste du groupe. Après qu’on soit parti, ils ont apporté la salade et le café puis un mec de Point Afrique est arrivé et les a amenés en bagnole au centre ville. Au fait, celui qui a ton GPS est parti dans une autre direction avec ton GPS dans son sac. Avec 3 autres, on se dirige vers la place centrale mais on arrive trop tard pour le marché des fruits et légumes, les femmes ont fini de remballer. On se balade un peu dans la ville, il reste quelques bâtiments de type colonial. Bien sûr, les routes sont en terre, il y a beaucoup de motos (t’imagines ta Harley ici, elle survivrait pas trois jours). Le guide du petit futé indique un bar où on peut boire de la bière. Impossible de le trouver et finalement quand on le trouve, il a fermé depuis deux ans. Il commence à faire nuit, il faut qu’on se dépêche de rentrer, les rues ne sont pas éclairées. Au bout de 15 minutes de marche, on a des doutes sur le chemin. Il fait nuit noire, un seul a une lampe et comme un con t’as pas ton GPS. On demande aux gens mais c’est pas clair leur réponse. Finalement, après pleins d’hésitations, on arrivera à retrouver la maison. Le reste du groupe, qui est rentré plus tôt, commençait à s’inquiéter.

Putain, enfin une douche. Euh, une douche, en fait, un seau d’eau et un bout de savon qu’on t’a prêté et un peu de shampoing. Une semaine sans vraiment se laver, à part avec les lingettes qui coutaient une fortune.

Sur les 11, on est 6 à faire le même circuit dans l’Ennedi la semaine prochaine. Hasard, ce sont ceux qui ont de l’alcool qui sont encore ensembles.

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Nouveau groupe, nouveau guide, nouveau cuisinier.

Dès le début ça commence mal. Le guide, un jeune avec un peu trop d’assurance, fait la répartition entre les voitures. Il oblige deux du groupe à se serrer sur un siège avant d’un 4*4 alors que, lui, va monter seul sur le même type de siège. Toi t’es assis devant dans un véhicule mi-4*4, mi-camion quand le guide passe te voir et te dit qu’il va falloir être deux sur le siège. Tu lui dis que même pas en rêve. Il y a 8-10 h de pistes et il a qu’à se démerder pour mieux organiser les bagnoles ; Dans ton véhicule, il y a plein de places à l’arrière mais comme rien n’est rangé. Puis il se prend la tête avec le cuistot. Tu sais pas ce qu’ils disent mais ça se passe mal et ils doivent aller chercher le gars de Point Afrique pour régler le problème. Le gars leur dit ‘faites vos preuves et on verra après’. Le cuistot monte avec toi dans le véhicule. Donc aucun touriste, juste le chauffeur, le cuistot et toi alors qu’il y a plein de places. Les autres sont entassés dans les deux autres 4*4 sauf le guide.

On part, on est déjà en retard. Mais on s’arrête pour aller remplir les bidons d’eau. Le guide avait eu tout le temps de le faire avant mais non… Pareil, il s’arrête pour aller récupérer de l’argent. Résultat on perd 30 minutes alors qu’on était déjà à la bourre. Le cuistot est super énervé contre le guide. Il porte des gants en polaire dans la bagnole alors qu’il doit faire au moins 35°. Tu lui demandes pourquoi? C'est parce qu’on lui a offert. C’est con que t’avais pas une doudoune en plume d’oie en trop… Bon, il les portera pas longtemps.

Le chauffeur a reçu une balle en pleine mâchoire lors de la guerre contre la Libye et il a dû être soigné en France car il connaît tous les hôpitaux parisiens. En tout cas, il a des petits beignets super bons et t’as passé une grande partie du trajet à les grignoter.

On est pas sorti de la ville que sur la première dune, un des chauffeurs s’ensable. Putain, on est pas arrivé. Le vent s’est levé, on voit pas grand chose. Premier stop pour le déjeuner. Il y a tellement de vent qu’on mange dans les bagnoles. On devait avoir des sandwichs mais il y en a pas, un oubli ??? Du coup, on prépare la popote dans les voitures car trop de vent. On s'est arrêté à côté d’un gros camion qui est en panne. Les gars sont là depuis plusieurs jours en attente d’une pièce de rechange pour le moteur. Sont pas arrivés, les gars. Un peu plus loin un vieux tank ensablé, un mec y roupille à l’abri de la tempête.

Traversée en direction sud-est. Le chauffeur de tête est le seul qui ne connaît pas le chemin. Entre lui et le guide, ça fait la paire. Ils se repèrent aux énormes bidons noirs qui bornent la route pour indiquer le chemin mais la moitié sont ensablés.

Je vous passe les différents ensablages et pertes de chemin où ton ami le cuistot dort pensant qu’on essaye de désensabler les bagnoles. Vu le retard qu’on a pris, grosse discussion avec le guide sur la suite ; on est très loin de l’arrivée, il commence à faire nuit et on est censé commencer à marcher demain matin. Donc grosse discussion. Les chauffeurs sont payés pour rouler de 8h à 17h et si on veut être demain matin assez tôt pour démarrer le trek il faut qu’on roule encore. On roule deux heures dans la nuit, sympas les chauffeurs !!!

On s’arrête dans un coin qui doit être les chiottes des dromadaires. Tu te trouves un coin à peu près ‘propre’ mais il faut qu’il y en ai un autre qui s’installe à un mètre de toi, en plus un gros qui doit ronfler. Comprends pas !! Du coup, tu te barres ailleurs.

Le cuistot fait ce qu’il peut, il est plein de bonne volonté mais c’est pas un éclair. En plus, on n’a pas de quoi faire le feu. Comme chacun a pris son matelas en mousse pour son lit, il y en a plus assez pour s’installer pour dîner. Donc tu proposes que pour les prochains bivouacs, on ne prenne les matelas qu’après le repas. Ça parait pas trop con comme idée. Mais non, comme il sont pas tous de la même épaisseur, chaque soir, on se dépêchera de prendre en premier les bons matelas et de laisser les autres. Tu te fais avoir une fois, deux fois, après, tu fais comme les autres.

Lendemain matin, avec qqs herbes et merdes séchées, le cuistot a pu faire du feu, il s’est levé à 4h du matin pour nous faire le thé. On remballe tout pour repartir rapidement. On commence à voir de plus en plus de chameaux. Les paysages sont superbes : de très grands blocs et pitons de pierre rouge, du sable orangé, de l’herbe jaune et des acacias verts. Arrivé au point de ralliement à 8h30 comme prévu, pas de chameau. On est à l’extérieur d’un petit village. Une cahute a été construite pour les chauffeurs qui vont attendre notre retour.

Les chameliers arrivent vers 10h. Euh quel intérêt d’être arrivés si tôt finalement ?? Grosses palabres entre le guide et les chameliers, plus un local qui vient s’en mêler. On apprend que notre guide est un homme de la ville, qu’il n’est jamais venu dans la région. Putain, on est pas arrivé !!!! Finalement, une fois qu’ils se sont mis d’accord, on doit attendre les voitures qui sont allées remplir les bidons d’eau. Ensuite il a fallu tuer la chèvre même si on la mangeait pas de suite. Puis le cuistot, en rangeant ses cartons, s’est aperçu qu’il manquait les boites de thon, le chocolat en poudre et pas mal de trucs. La dream team...

Tu sens que ça va pas le faire ce trek et tu vas pas avoir tort. On part devant avec le guide et le pisteur (ouais un local, vu que notre guide ne connaît pas le chemin). Et on reprend le chemin par où on est venu en bagnole. C’est con, on aurait dû récupérer les chameaux avant, on aurait fait moins de bagnole.

Ennedi 

En fin d’après-midi, on s’arrête pour attendre nos chameaux mais rien, pas un, alors qu’ils auraient dû nous rattraper depuis longtemps. Le pisteur avait voulu qu’on marche avec les chameaux, nous on voulait pas attendre. Du coup, il nous fait la remarque qu’on aurait dû rester avec eux. Ouais, c’est la première fois de ta vie qu’en trek tu restes avec les chameaux. Généralement, on se retrouve à l’arrivée car chacun prend un chemin différent. Tu dis au pisteur que peut-être, ils ont pris un chemin différent et qu’ils nous attendent au camp. Non, c’est impossible, il n’y a qu’un seul chemin. Ah, si un spécialiste le dit, alors...

Il commence à faire sombre presque nuit, et finalement le pisteur décide d’aller au camp tant qu’on y voit quelque chose. Et oh miracle, qui nous attend ? Notre équipe de chameliers qui est là depuis plus de 2 heures et qui a pris un chemin différent !!! Oulala, ça part mal !!!

Les gros blocs de pierre rouge sont de vrais radiateurs, ils emmagasinent la chaleur du soleil pendant la journée et le soir tu sens la chaleur dés que tu es à moins d’un mètre d’eux. Incroyable !!!

8

Comme d’hab le cuistot s’est réveillé à 4h, pourtant le petit dej a rien d’exceptionnel surtout en comparaison de celui de la semaine précédente. A se demander ce qu’il fait.

On part vers les 7H30, super motivé. On aide les chameliers à préparer les chameaux et on part devant avec le pisteur et le guide de pacotille. Il y a plein de pitons et d’endroits à aller voir à droite et à gauche de la piste donc tu t’écartes un peu du chemin.

On fait qqs photos, puis on repart mais c’est vrai qu’on s’arrête pas énormément et qu’on marche assez vite. Les chameliers nous dépassent, il doit être 8h30. Puis on commence à marcher sur un plateau caillouteux, avec quelques acacias. Rien d’exceptionnel. Le soleil cogne. Au loin, on voit un groupe de chameliers installés à l’ombre d’acacias. C’est notre groupe de chameliers. Bizarre qu’ils s’arrêtent pour une pause de 10h. Oui, il est à peine 9h30. Non, ils ne sont pas arrêtés pour la pause de 10h, mais pour le stop de midi. Le cuistot a déjà préparé la salade… On se regarde, éberlués. Y a un très gros problème.

Le guide nous dit que c’est bien l’arrêt pour midi mais comme il est jamais venu, on a des doutes. Le pisteur voit qu’on est énervé et ne s’en mêle pas. Tu vas demander à Hassan le cuistot qui a déjà fait 2 fois le circuit. Il te confirme que c’est le cas mais que généralement les touristes arrivent vers midi. Donc notre pisteur a fait du ‘tout droit’ pour arriver au plus tôt et comme le guide ne connaît pas. Tout le monde s’énerve, on est plusieurs à vouloir repartir. Que veux-tu faire ? Il est à peine 10h, on est sur un plateau où il n’y a rien à voir et à faire et le soleil cogne. Le guide, pour des raisons de sécurité, ne veut pas nous laisser repartir. On en a rien à foutre. Le ton monte. Certains veulent manger la salade de suite puis se barrer dans la direction où on est censé aller. Finalement, on est 2-3 à aller voir le bord du plateau pour voir s’il y a qq chose à voir après mais que dal, aucun intérêt.

A nouveau, grosse discussion. On en arrive à l’idée qu’on déjeune maintenant et qu’on repart vers midi. Le couple de jeunes est super énervé et la fille dit au guide (il faut imaginer une jeune femme blanche qui dit à un homme du désert) : «T’es nul, tu sers à rien, tu connais pas la région, à quoi tu sers depuis le début ?» sur un ton très agressif. Bon, résultat, il est allé faire la sieste à l’écart et à midi quand on est parti avec le pisteur, il n’est pas venu avec nous. Un guide qui ne vient pas avec son groupe. Même entre nous c’était tendu. Certains reprochaient à d’autres de ne pas s’arrêter, de marcher trop vite, de ne pas profiter du paysage… C’est pas faux.

Finalement, le guide nous a suivi à 500m puis le pisteur lui a fait signe de nous rejoindre. Il nous a accompagnés avec ses écouteurs sur les oreilles… On s’est arrêté devant un dédale de pitons et il nous a laissé nous perdre dedans histoire qu’on se détende ; Soi-disant il y a pas de chemin qui permet de le passer et on devra faire le tour le lendemain. Même un aveugle borgne aurait vu tous les chemins qui permettent d’atteindre le dessus du dédale et de le traverser facilement. On monte le camp pas très loin de quelques cahutes mais comme le guide n’est pas de la région, on a pas de contact. Le camp est dans un super coin, ça rattrape un peu de la journée foireuse. On essaye de lui faire comprendre qu’on est venu pour marcher. Comme le cuistot déteste le guide, il en rajoute une couche. Ambiance de merde.

Le lendemain, on fait bien comprendre qu’on veut marcher ! Ah ça, il l’a compris. Résultat, pour marcher on a marché mais dans des endroits où il n’y a rien à voir. A un moment, on a sur notre gauche, un grand plateau caillouteux sans intérêt et, sur notre droite, une sorte de petite vallée avec plein de pitons. Un super paysage. Tu demandes au guide pourquoi on ne marche pas là-bas, car ça va dans la même direction. Il demande au pisteur qui, effectivement, nous amène dans ce coin qui est superbe.

En fait, c’est pas que le pisteur ou le guide veulent nous faire chier, c’est qu’ils comprennent pas pourquoi on est là. Ok, vous voulez marcher, on va vous faire marcher. Résultat au lieu de marcher 3h le matin, on a marchait 5h. La plupart sont arrivés exténués et énervés. Jamais contents ces français. A midi, on s’est arrêté en haut d’un canyon mais pas le temps de descendre. Il y avait aussi une guelta avec les chameaux mais comme tout le monde voulait faire une pause à l’ombre. L’après-midi, rebelote, le guide marche avec ses écouteurs sans nous parler. On a, en tout, marché 25km.

C’est le jour de la saint-Valentin, le couple a amené une boite de rillettes. Bizarre. Il nous reste encore un peu de Pastis et de Whisky pour reprendre des forces le soir.

Nouveau jour de marche. Les bidons d’eau sont presque vides donc les chameliers les ont remplis à une petite source près de la guelta. Tu demandes au guide s’il y a pas un bidon avec de l’eau plus claire. Non y en a plus. Bizarrement, tu le vois une heure plus tard avec de l’eau quasi transparente. Tu lui demandes où il l’a trouvée<; histoire, quitte à être pris pour un con, qu’il soit conscient que t’es pas dupe !! Réponse, il restait un fond dans un autre bidon !!!

Tout le monde est remonté contre le guide, quoi qu’il dise ça ne va pas. Ambiance tendue.

Un très grand moment : Fin de matinée, en pleine chaleur, il marche 100 mètres devant nous avec le pisteur. Puis, ils s’arrêtent à l’ombre d’un petit arbuste. On peut tenir qu’à deux à l’ombre. Et ils nous regardent arriver, genre on va faire une pause ici. Bien sûr, on va s’arrêter en plein soleil pendant que lui est à l’ombre. Mais il nous prend vraiment pour des cons. Du coup, on a continué à marcher comme s’il n’existait pas et on s’est arrêté 200m plus loin à l’ombre. C’est con car on est venu de loin, dans une région qui sera peut-être bientôt interdite et on en profite pas vraiment à cause de cette ambiance.

Ce soir on arrive à notre dernier bivouac avant la guelta d’Archei. C’est une très grande guelta où des milliers de chameaux viennent chaque jour et c’est un peu le hot spot de l’Ennedi. C’est comme aller à Paris et voir la tour Eiffel.

Il y a deux entrées dans la guelta, celle par où passent les chameaux et une autre qui permet d’être en surplomb et d’avoir une superbe vue sur la guelta. Il est prévu qu’on aille des deux côtés demain matin mais méfiance. C’est pas clair ce qui a été dit entre le guide et le couple de jeunes mais eux avaient compris qu’on irait ce soir sur le surplomb pour voir le coucher du soleil. Selon le guide, on n’est pas autorisé, on a le droit d’y aller que le matin. De toute manière, il ne connaît pas le chemin et le pisteur ne voudra pas y aller. Le couple s’énerve et s’engage dans le défilé en disant qu’ils se démerderont. Le guide s’en tape. Bon, il commence à faire nuit et ils sont pas revenus. Le guide demande une lampe, personne est motivé car, à la fois, le couple a pas arrêté de faire chier et comme le guide est nul. Qu’ils se démerdent. Finalement, ils y vont avec des lampes et reviennent avec eux 30 minutes plus tard.

Ennedi 

Nuit difficile car beaucoup de vent qui tourne et le seul endroit que tu as trouvé à peu près au calme c’est sous un acacia, même si tu sais que c’est une très mauvais idée. Déjà faut faire attention aux épines tellement grosses qu’elles peuvent t’empaler mais surtout que pendant la nuit, les chameaux viennent manger les branches. Et ils viennent à tour de rôle. Donc nuit difficile.

9

Ce matin, on est tous motivés pour aller voir cette fameuse guelta ; On veut y arriver tôt pour voir entrer les chameaux dans la guelta. Le couple de jeunes est dans les starting blocks. On se balade dans un petit canyon. Puis le pisteur nous demande de ne plus parler et ne pas faire de bruit. On s’approche d’une mare où vivent une dizaine de crocodiles endémiques. Ils sont restés coincés quand la région est devenue désertique. Pour l’instant on les voit pas, peut-être vont-ils sortir avec le soleil. On arrive au bout du canyon et on est bloqué par une grande mare où il y a ces fameux crocodiles. On monte sur les rochers pour atteindre un promontoire avec une superbe vue sur la guelta. C’est aussi la première fois pour le guide.

Pas de chameaux à l’horizon. En principe, tu les entends arriver, puis il y a l’odeur et après tu les vois. Mais là, rien de rien. Est-ce que c’est leur jour de congé ? Mais surtout est-ce qu’on est au bon endroit ? Car avec l’autre buse de guide à dix balles. Et le pisteur est en contrebas en train de se laver. Ah la fine équipe. Le guide dit qu’il faut retourner et qu’on va faire le tour pour aller dans la guelta. On commence à faire demi-tour. Les jeunes veulent rester. Toi, tu vas voir le guide et tu lui demandes si c’est ici le fameux promontoire. Finalement il te dit qu’il ne sait pas ce que veut dire le mot « promontoire ». Effectivement, c’est mal barré cette histoire. Finalement, on décide de rester et d’attendre donc demi-tour. Et on attend. Comme, on est au dessus de la mare et qu’on fait pas de bruit, un crocodile apparaît dans la mare. Mouais, ça reste qu’une paire de bottes et une ceinture. Ah, on commence à entendre du bruit, un bruit de chameau qui gueule. Et enfin, on les voit arriver par le corridor pour se désaltérer dans la guelta. Ils arrivent par dizaines. C’est assez incroyable. La vue à partir du promontoire est superbe. Si on avait fait demi-tour pour suivre le guide, on aurait raté ce spectacle. On l’aurait tué !!!

Guelta d'Archei 

On a dû rester 1h30 à les regarder, écouter et sentir…

Puis retour au camp où les chauffeurs ont tout remballé et on contourne le canyon pour arriver à l’entrée du canyon. Il y a des centaines de chameaux. A se demander comment les chameliers arrivent à les séparer. Ça fait des dizaines d’années qu’ils viennent boire ici, donc tu marches sur plusieurs centimètres de merde séchée. De même, ils chient aussi dans la mare où ils boivent et donc il y a qu’eux qui peuvent boire la flotte. Un autre chameau serait malade. C’est impressionnant, ces chameaux partout, il y a plein de jeunes qui font des bonds. Ça picole pendant 15 minutes et puis ils repartent. Une autoroute à chameaux. A 200m de la mare, il y a un puits où des enfants puisent de l’eau qu’ils donnent à certains chameaux. Les autres n’y ont pas droit, c’est réservé à des privilégiés qui ne boivent pas n’importe quelle eau. Incroyable, même chez les chameaux, il y a des VIP.

Guelta d'Archei  

Notre guide est pressé de repartir car on a beaucoup de route. Ouais, on va pas revenir avant longtemps alors calmos. On repasse par la petite ville de Fada, histoire de faire quelques courses. On demande au guide d’acheter quelques légumes mais il dit que c’est pas possible. On les achète avec notre pognon. Hassan, le cuistot, nous dit qu’il y a un bar. Oui, il y a beaucoup de tchadiens du sud, des catholiques, et ils ont installé une gargote en dehors du centre ville. Hassan nous y emmène. Il y a même de la musique et on y trouve de la bière fraîche !! Après 6 jours de désert, une boisson bien fraîche! Hassan a la descente rapide, il se tape deux bouteilles d’un litre en quelques minutes.

Puis, c’est la route pour Faya avec un dernier bivouac. Le vent s’est levé, on cherche un coin à l’abri. Toi t’as pas trouvé le bon coin, t’en as bavé toute la nuit !! On a pas pris la même route au retour et elle est plus facile et plus courte. A se demander pourquoi à l’aller on a pris l’autre, enfin, on est plus à ça près.

10

Vu qu’on est parti super tôt (les guides ont la pression de Point Afrique pour arriver avant midi à Faya), on est arrivé vers 10h00 à Faya. Mais cette fois, notre camp est encore plus loin du centre ville, il est juste à côté de l’aéroport. Un grand camp, plus moderne que le premier mais sans âme. On a aucune info sur le programme de l’après-midi. En principe, on fait ce qu’on veut mais on est super loin du centre et ça va pas être simple. Tu décides avec 3 autres de partir en ville avec les chauffeurs. Tu repasses au centre de Point Afrique et tu demandes à un des gars comment retourner à notre camp dans la soirée. Il te dit qu’il te fixe rdv à un endroit pour 16h et une voiture viendra nous chercher. Ok vendu. Puis on part se balader. On se trouve un petit bouiboui pour manger. Mais vraiment le bouiboui de chez bouiboui. On voit deux types de touristes, ceux qui sont passés par la case douche et qui ont mis leurs habits du dimanche et les autres, comme toi, qui ont encore une semaine de sable sur le dos.

On nous parle d’un bar qui serait dans un quartier un peu à l’écart. On cherche, on cherche, on trouve pas. Coup de pot, on retombe sur un des chauffeurs sympas, qui, même s’il ne boit pas, connaît l’endroit et nous y dépose. C’est dans une maison privée, la patronne (en fait, celle qui nous a vendu de l’eau à l’arrivée à l’aéroport) a installé plusieurs tables dans sa cour et il y a de la musique. On est les premiers touristes mais il va vite se remplir. Elle bosse aussi pour l’armée française. Quand les militaires veulent manger local, ils font appel à elle. Elle est dans tous les business. Le temps passe tranquillement à l’ombre, une bière à la main. On s’approche de 16h. On retourne au point du rdv. 16h15 pas de bagnole. 16h30 pas mieux. Tu sens le plan foireux. Il y en a deux qui restent là et on est deux à aller à Point Afrique.

Tu tombes sur un autre mec, un qui a l’air d’avoir plus de responsabilités. On lui parle un peu de notre circuit. Il nous demande ce qu’on pense du guide. On lui dit qu’il n’a pas été à la hauteur. Et le mec nous répond que de toute façon, il avait prévu de le virer ! Putain, dans ce cas, pourquoi ne pas l’avoir changé avant !!! Ça fait vraiment amateur. On croise le gars qui a dit qu’il viendrait nous chercher et fait comme s’il y avait un malentendu. Le gars de Point Afrique dit qu’il passera dans la soirée pour avoir notre avis sur le circuit. On l’attend encore…

Ils sont pas chers Point Afrique mais ils font amateurs.

Le lendemain, à l’aéroport, on discute avec ceux du premier circuit qui ont fait un autre circuit dans l’Ennedi. Certains sont encore plus remontés que nous. Le dernier jour, on les a fait partir encore plus tôt que nous et ils ont dormi à 5 Km de Faya. Ils sont arrivés à Faya à 8h00 du matin alors qu’ils auraient pu profiter plus longtemps du désert.

11

Comme tu ne savais pas vers quelle heure tu arrivais sur Marseille, tu avais pris un vol vers 19h pour remonter sur Paris, histoire d’être tranquille en cas de retard. A 13h t’as récupéré tes bagages et tu fonces dans le terminal des ‘vraies’ compagnies pour le guichet Air France. On est à Marseille, c’est l’heure de déjeuner, ils sont pas foule derrière le guichet. T’attends.

Finalement c’est ton tour. Le gars te dit qu’il faut d’abord qu’il te désinscrive du vol de 19h pour regarder s’il peut te mettre sur un avion plus tôt. Ça y est t’es désinscris, maintenant il mène son enquête. Il te dit qu’il y en a pour un minimum de 80€ de frais de changement de billet (initialement, tu avais payé ton billet 70€). Le prochain vol pour Paris à 15h coûte 250€. Ça fait quand même très cher pour gagner 4h. Il continue à chercher mais ne trouve rien de moins cher. Ça fait chier de payer ce prix, tu lui dis que non. Il te dit que dans ce cas, il faut que tu ailles à la borne pour te ré-enregistrer sur ton vol de 19h.

Tu vas à la borne, un message te dit que c’est pas possible. Tu retournes au guichet, t’attends. Le gars te dit que, dans ce cas-là, il faut aller au guichet des enregistrements et leur expliquer le pb. Super Air France. Tu fais la queue au guichet des enregistrements. Tu te pointes et tu expliques que tu as voulu changer ton billet et qu’il faut que tu te ré-enregistres (en te préparant psychologiquement à poireauter 5h à l’aéroport alors qu’une super douche, voir un bain moussant t’attend à Paris). L’agent au guichet tapote sur son clavier et te dit « c’est bon, je vous ai mis sur le vol de 15h ». Toi, stupéfait, tu dis rien, voir tu fais le mec qui s’y attendait. Et donc du coup, sans rien payer, tu es sur un vol beaucoup plus tôt alors que cinq minutes avant on te demandait 250€. Bien évidemment, l’avion est au ¾ vide. Donc, plutôt que de le remplir, ils préfèrent te faire payer une fortune et risquer que tu ne montes pas.

Et la meilleure, le top du top, à 18h, t’es dans ton bain, tu reçois un SMS d’Air France t’indiquant que ton vol de 19h est annulé et qu’il cherche un autre vol pour toi.

Tu m’étonnes qu’Air France perde de l’argent.