Du 7 au 20 janvier 2014
2 semaines
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De nouveau au Tchad, un an après. C’est pas compliqué, à part le Tchad, si tu veux aller dans le Sahara, t’as pas 40 possibilités. Et c’est reparti aussi avec Point Afrique, ce sont les seuls qui y vont.

L’année dernière, ça avait été mitigé, un bon circuit et un circuit avec un guide nul. Ca va être la roulette tchadienne. Cette fois-ci, c’est un seul circuit de 15 jours. Objectif le sommet du Sahara, le volcan Emi Koussi qui culmine à 3414m. On part au niveau du désert, on s’embarque sur le flanc couvert de lave et de rocs pour rejoindre le bord, on va ensuite à l’intérieur voir un cratère de natron et, puis on va sur un des bords pour monter au sommet et on redescend de l’autre côté pour finir quelques jours dans le désert. Ca c’est la théorie car c’est la première fois que Point Afrique fait ce circuit et comme ils sont bordéliques.

Comme d’hab, on a le droit à prendre 12kg. La semaine dernière on a reçu un email nous indiquant que dans le cratère il pouvait faire -10°. Et bien, si tu prends de l’équipement pour le froid mais aussi pour le chaud, t’es loin de 12kg, surtout si tu rajoutes le Pastis, le whisky et les cacahouètes. Du coup t’as appelé Point Afrique pour leur dire que tu seras plutôt autour de 16 kg.

Le vol est à 4h du matin à Marseille, t’es à l’aéroport à 23h (pas d’autres solutions). Longue attente. Tous ceux qui sont là sont aussi pour le Tchad et on est pas nombreux, environ une quarantaine. Et dire qu’ils nous font chier pour le poids. Et il y a pas eu de contrôle sur le poids. L’avantage, dans l’avion t’as une rangée par personne de quoi finir sa nuit tranquillement.

Arrivée vers 8h à Faya. Ceux qui reprennent l’avion du retour sont pas non plus très nombreux. On est 8 dont 1 femme. T’es le plus jeune. La femme a 73 ans, elle est avec son mari et un ami. Sinon ce sont que des individuels. Quasiment tout le monde est déjà venu au Tchad et tous connaissent le désert.

Coup de pot, le guide, Mahadi est le même que celui de l’année dernière (le bon) mais on a en plus un autre guide Hassan qui vient repérer le circuit plus Ali un guide communautaire (son père est le chef du canton où on va, une pointure !!!) et on plus on aura un pisteur (Sanoussi). En fait, comme il y a peu de touristes, ils mettent plusieurs guides pour les occuper. Mais résultat on a quatre 4*4 et on est un peu serré. Surtout que chaque guide considère qu’il doit avoir une place assise devant.

C’est parti pour deux journées de 4*4 sur des pistes parfois très mauvaises, direction les dunes d’Ourti. Mais avant ça, l’étape incontournable de l’achat de la bête à sacrifier. Cette fois c’est un mouton qu’on embarque à l’arrière d’un 4*4. On achète aussi de la flotte, y en a un qui achète 6 bouteilles, oui il aime bien se laver tous les jours. Au premier stop, ils ont tous une carte, des images de google earth, des boussoles et GPS. Et c’est à celui qui aura la meilleure carte et qui saura le mieux montrer qu’il est fort en géolocalisation. Selon certains, on ne serait pas au bon endroit.

On croise en sens inverse de gros camions venant de Libye, ils sont surchargées de matériel et de personnes. Il leur faut 5 jours de pistes pour arriver à Faya. Plus loin, un mec est en panne avec son 4*4 en plein désert. Ca fait 15 jours qu’il attend qu’on lui apporte une pièce pour sa bagnole. On lui laisse un peu de bouffe et de flotte. Il y a pas trop de risques car c’est une piste principale où tous les jours passent des camions. De toute façon, il abandonnera pas bagnole sinon elle se ferait dépouillée.

Ils avaient pas tort. Apparemment la dune d’Ourti a disparu car on l’a jamais vu. La première journée de bagnole, paysage plat, morne mais le lendemain la piste passe entre des pitons rocheux et des dunes orangées, superbe.

Premier bivouac, à 19h30 on a fini de diner. Et tout le monde va se coucher. Espérons que ca sera pas comme ça tous les soirs. Le mouton a été dégommé en fin d’après-midi, ils ont proposé le foie et les tripes.

Lever à 5h30 pour 10h de bagnole. Les guides sont bien installés à l’avant.

A la fin du deuxième jour, on est au pied du volcan, enfin, au pied oui mais quand même assez loin. Vu qu’on a pas trouvé les dunes d’Ourti, on a une journée d’avance sur le programme. Bon, on verra bien.

On est prêt d’un petit village, Tigi. Demain, Mahadi doit trouver les chameaux, Inch Allah. Bivouac dans le sable, la lune est montante et presque pleine. L’avantage, tu vois parfaitement la nuit mais la luminosité masque le ciel étoilé. Il y a tellement de lumière que tu dors avec un masque sur les yeux.

PS : Comme dans tous mes blogs, il faut les prendre au second degrés en particulier quand je me moque gentiment (oui, c'est du second degrés) de ceux que je rencontre.

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Ah !! Il doit être 5h, on entend l’appel à la prière. Il va falloir une bonne matinée au guide pour trouver les chameaux. Pendant ce temps, on va se balader avec l’assistant guide Hassan qui connait autant la région que nous. Pendant ce temps, le cuistot Martin, va s’occuper du mouton.

Jolie ballade dans un canyon et retour vers 13h00 pour notre salade de légumes en boite. Vers 15h le guide revient nous indiquant qu’il a trouvé les chameaux. Il y aura 12 chameaux et 6 chameliers. C’est pas clair son histoire car il dit que c’est difficile de trouver des chameaux costauds car il n’a pas plu depuis longtemps mais il dit qu’il a dû organiser un tirage au sort car il y avait 50 chameaux. En tout cas, ça lu a pris 6h pour les trouver.

T’as amené un t-shirt qui change de couleur et tu fais le magicien. Hassan veut ouvrir un magasin à Ndjamena. Mouais, à 23€ le t-shirt, pas sûr qu’ils aient les moyens d’en acheter. Par contre, question soleil, c’est le top. Dans les autres trucs un peu cons que tu as amené, il y a aussi des lunettes de natation. Oui ca surprend un peu mais si tu te retrouves dans une tempête de sable, tu peux marcher les yeux ouverts !!!!!

On peut enfin partir. On laisse nos affaires, les chameliers qui vont venir les chargeront et nous rejoindront et on laisse aussi les 4*4 qui nous retrouveront de l’autre côté du volcan. Et on repasse par le même chemin que l’on a fait ce matin. On s’arrête à la grotte Tigui Cocoina remplie de peintures en très bonne état. Il y a des chameaux, des girafes, des chasseurs, le tout super bien dessiné. 1h de marche plus tard, on s’arrête pour le bivouac. On pourra pas dire qu’on a marché beaucoup. Mais attention, c’est donné pour un programme sportif !!! C’est sûr, demain on va marcher. T’as confiance.

Peintures rupestres dans la grotte Tigui Cocoina  
Peintures rupestres dans la grotte Tigui Cocoina 

Ce soir c’est mouton et il est pas jeune. Faut avoir des vrais dents pour le manger et toi avec tes chicots… A 19h30 le repas est plié. T’as découvert 2 choses : Jacqueline parle, parle histoire de parler et du coup à part son mari personne ne l’écoute et malgré tes voyages tu es celui qui a le moins voyagé du groupe. Y en a 2 deux qui ont sillonné l’Afrique du nord dans tous les sens.

Ah oui, y a un truc que t’as jamais compris, pourquoi les chameliers font un feu et mangent et discutent autour alors que toi le touriste, tu manges dans le noir et le froid avec ta pauvre lampe frontale. Va comprendre. Du coup, tu vas discuter le bout de gras avec les chameliers. Malheureusement, ils parlent pas français (même si c’est la langue officielle du pays) Mais ils vont t’appendre leur langue le toubou :

Winni : feu

Wasadi shida ?: comment ca va , bien dormi ?

Eke : bois

Barran : théière

Guzir : marmite

Guani : chameau

Guana : chameaux

Avec ce toubou survival kit tu peux aller partout. Et en plus, ils t’offrent du thé, très fort, très sucré, délicieux

Ah !! Il doit être 5h, on entend l’appel à la prière. Le plus vieux des chameliers est motivé, c’est lui qui fait l’appel. Mahadi veut partir à 6h30 donc réveil à 5h30. Bon ça doit donc être une longue journée de marche. On a 3 guides qui connaissent le chemin, ca va dépoter.

Une partie de l'équipe 

A 8h30, on arrive près d’une guelta, c’est la pause. Euh non, c’est pas une pause, c’est la pause pour le déjeuner. Putain, t’y crois pas. Il est 8h30 et il est prévu de repartir à 14h30 et en plus on nous a fait partir à 6h30 (donc lever à 5h30). Du grand n’importe quoi. La raison est simple, il faut s’arrêter sur des sites où il y a des acacias pour que les chameaux se nourrissent. Bon ça se comprend mais l’après-midi on ne marchera que 2h donc on aurait pu faire facilement toute la marche en une seule matinée. Comme les chameaux n’ont pas grand-chose à manger, les chameliers transportent un mélange de feuilles séchées écrasées auquel ils rajoutent de l’eau pour gaver les chameaux. Faut les entendre gueuler, pas très contents les bestiaux d’être pris pour des vulgaires oies à l’époque de Noël.

Les 3 guides et le pisteur s’installent tranquillement à l’ombre. Ils proposent même pas une balade, rien. Donc, on part se balader seul et on arrive sur un superbe canyon. T’es au pied d’une falaise de 300m, incroyable. Certainement le paysage le plus impressionnant de tout le voyage. On revient vers 12h30, nos guides sont toujours tranquilles, on aurait pu disparaitre qu’ils auraient pas bougé. Les chameliers nous ont rejoint et arrive un autre chamelier. Il fait un peu la tête car il ne fait pas parti des chanceux tirer au sort et donc retourne chez lui avec ses chameaux.

Vers 14h30 on repart pour 2h de marche. Oula quelle journée épuisante, c’était du sport aujourd’hui. Comme d’hab, soupe à 18h30 pour une fin de repas au mieux à 20h. Les nuits commencent à être plus fraiches, on monte en altitude. Ah oui, Martin le cuistot nous fait aussi des cuisses de canard ! Incroyable des cuisses de canard dans le désert. Point Afrique avait dû certainement acheter plein de boites de canard pour ceux qui étaient venus pendant le réveillon et comme il y a pas eu beaucoup de personne, t’en bénéficie.

Alors, t’essaye de sortir qqs blagues et histoires mais on peut pas dire qu’il y a beaucoup d’ambiance. Par contre quand tu avais sorti le pastis et les cacahouètes, tout le monde était bien présent, la bouteille est presque partie en une soirée. Du coup, tu passes un peu de temps le soir autour du feu avec les chameliers. Tu t’améliores en toubou.

Le lendemain, on fait le point avec le guide Mahadi car on est un peu inquiet sur le programme. Il semble qu’il y a des différences avec le nôtre. Quand on lui parle d’aller au sommet du volcan, il nous dit que c’est pas possible car trop difficile donc la tension monte. Il nous montre le programme fourni par l’agence, il a aucun rapport avec le nôtre. Effectivement, il n’a pas les dunes d’Ourti, pas l’ascension et pas non plus Gouro qui est la fin du voyage. Grosse discussion mais finalement on fera l’ascension. S’il avait refusé, il avait une révolution sur les bras.

camp 

Les enmerdes commencent, tes sandales que tu as spécialement fait renforcer par le cordonnier viennent de péter. Toi qui avait prévu de faire toute l’ascension en sandale tu vas te retrouver avec des chaussures fermées. C’est le départ, on marche sur les roches volcaniques, du basalte. Cette fois, on marchera plus longtemps. Deux groupes se sont formés, un qui attend et un qu’il faut attendre. Avec 4 guides, on aurait pu faire 2 groupes et marcher chacun à son rythme mais non.

Un matin, départ à 6h30, tout le monde est prêt sauf le guide qui se réchauffe tranquillement au rayon du soleil levant. Et donc t’attends. En moyenne, chaque matin, tu l’attends entre 15 et 30 minutes, tu multiplies par 14 jours et tu vois le temps de sommeil en moins. Bon c’est vrai qu’en se couchant à 20h, on dort pas mal. Pas très haut avant d’arriver au bord du cratère, on s’arrête à deux petites cahutes. Quelques femmes vivent ici dont la belle-mère de notre guide qu’il n’a pas vu depuis 10 ans. Faut voir les retrouvailles !!

On est à plus de 2000m d’altitude, impossible de cultiver quoi que ce soit sur ce flanc de volcan, à se demander comment elles survivent. Dernière nuit avant d’arriver sur le bord du cratère. Tu dors toujours sans tente. Comme on a terminé le mouton, ils ont acheté une chèvre qui n’aura jamais vu le sommet du volcan. L’animal ici est coriace, élevé à la dure, on est loin des tendres agneaux de lait.

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On arrive enfin sur le bord du volcan. Dans la caldeira, il y a un autre petit cratère qui contient du natron. Ca se fait de moins en moins mais avant des caravanes de chameaux venaient chercher du natron ici. Il y a un chemin qui descend dans la caldeira. Il commence à faire sombre et c’est le pisteur Sanoussi et Hassan qui ouvre la marche. Arrivée dans la caldeira à environ 3000m, Sanoussi nous montre où il veut installer le camp. Imaginez un champ de pierre sur un terrain en pente !!!! Mais alors même pas en rêve. Tu lui montres à 200m un terrain plat sans caillou, il refuse. Tu lui dis qu’il y en a marre des conneries (ouais les marches de 2h où on nous fait lever à 5h30 du matin pour rien, ca va un peu)

Avec les deux-trois autres touristes qui sont arrivés, on va sur le terrain plat et c’est Hassan qui fait comprendre au pisteur que c’est pas compliqué de s’installer à 200m. Les chameaux seraient déjà là, on l’aurait eu dans le cul.

Il commence à faire froid, tu as monté la tente. Tu vas voir Mahadi en lui disant qu’une idée toute simple serait qu’on puisse nous aussi avoir un feu pour ne pas se peler pendant le repas. Ouais, ça lui vient pas à l’esprit que le feu réchauffe aussi le touriste. On ramasse du bois, et pour la première fois, on mangera autour d’un feu. Apparemment, t’es le seul à aimer cette ambiance car ça sera la seule fois. Les autres préfèrent les lampes frontales. Bizarre. Pareil, c’est super bon le thé fort et sucrée mais certains boivent du café, donc ils demandent de l’eau chaude et rajoutent du nescafé. Donc tu te retrouves à mettre un pauvre sachet Lipton à la place d’un vrai thé. Et le jour où tu redemandes au cuistot un thermos de vrai thé, ils en veulent tous. Va comprendre.

Emi Koussi 

Un des chameliers te montre qu’il n’a pas de chaussettes, tu regardes ce que tu peux lui donner et tu leur files 2 paires de chaussette. Le lendemain, il les porte pas.

La nuit a été froide, on a tapé les -12°. L’eau dans la tente a gelé. T’avais mis tes affaires de marche à l’intérieur du sac de couchage, histoire de pas être trop con en mettant des fringues glacées le matin.

Le matin il est prévu de descendre dans le petit cratère où il y a le natron puis remonter et l’après-midi de monter sur le point culminant du cratère, donc grosse journée de marche. Mais apparemment le guide a dit à d’autres que la montée au sommet se ferait le lendemain. Le cratère avec natron est 300m plus bas. D’en haut du cratère, ca fait comme une plaque blanche. Un des chameliers est venu aussi avec nous car il va ramasser du natron (ainsi que les guides) mais les chameaux ne peuvent pas descendre. Quand ils viennent ici, ils utilisent des ânes. Jacqueline ne descend pas, elle reste avec le cuistot Martin qui va avoir la chance de sa conversation pour lui tout seul. Une partie de ce petit cratère est recouvert d’une sorte de croute blanche et dessous se trouve la plaque de natron qu’il faut casser avec des pics. Ils vont se remonter chacun une dizaine de kg.

Trou du natron 

Un des touristes remonte plus tôt car il veut faire le tour du bord du cratère. Tu te dis que comme après on va se taper le sommet pas la peine de trop forcer donc tu remontes tranquillement. Quand tout le reste du groupe arrive, tu demandes au guide comment va se passer l’ascension. Et c’est là que ça dégénère. Et oui, car certains, surtout les plus fatigués, découvrent qu’il est prévu de monter cet aprem. Et c’est hors de question pour eux. Donc du coup le guide dit qu’on le fera demain. C’est compréhensible et certainement plus intelligent, sauf que toi tu n’es pas parti faire le tour du cratère car tu pensais faire la montée cet aprem, et t’es vénère de chez vénère !! Il est 12h, le soleil cogne fort et pas un endroit à l’ombre, les chameliers se sont installés en plein soleil. Tu te vois pas passer l’après-midi à rien foutre. Ca commence à faire beaucoup l’amateurisme surtout au prix où tu payes. Notre champion de guide nous dit qu’il a une tente mess où on pourra se protéger du soleil. Cool, c’est vrai qu’elle pourrait aussi nous protéger le soir du froid et du vent.

Avec un autre gars, il y a une petite colline et plus loin un autre petit cratère. Donc plutôt que buller en plein soleil on va se balader. Le guide et le reste de l’équipe nous rejoindra plus tard après la sieste. Oui la matinée a été sportive. A la tombée de la nuit, on retrouve les chameliers qui se sont installés dans un coin en pente et ils ont monté la tente mess pour qu’on dine au chaud. Oui, les autres touristes préfèrent dîner dans la tente plutôt qu’autour du feu à la belle étoile.

C’est bizarre car on a dormi à la même altitude dans la caldeira et cette nuit il n’a fait que 2° au lieu de de -12°

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Ca y est, cette fois on fait bien l’ascension. Le guide, qui au début avait dit que c’était difficile, nous dit qu’il faut une heure pour monter et une heure pour descendre. Oui quand il veut pas faire qqchose, il dit que c’est trop loin ou trop difficile. Il t’avait déjà fait le coup l’année dernière. D’abord on ressort du cratère et on laisse Jacqueline qui se sent pas de monter. Elle est restée environ 3 h toute seule. A qui elle a parlé ?

Vers le sommet 

Alors la montée difficile, ça fait bien rire. En 45 minutes on est en haut. Bon, une partie du groupe, toujours les mêmes, est partie devant et a refusé de faire des pauses toutes les dix minutes. La vue est superbe. On est à 3414m et aucun de nos GPS donnent la bonne altitude !!!

L'équipe au sommet de l'Emi Koussi 

Puis une longue marche de descente. Notre super pisteur nous trouve encore un coin naze pour nous installer alors que 10 minutes plus tôt il y avait un belle endroit. Enfin, pff t’as l’impression de toujours râler. Les autres disent rien. On les ferait dormir sur un acacia qu’ils trouveraient ça normal. Ou c’est toi qui est jamais content, c’est peut-être ça aussi… Le paysage lors de la descente est assez monotone, de la rocaille. Sur ce point tout le monde est d’accord!

Le lendemain, c’est le pompon. On marche 30 minutes, on fait une pause de 30 minutes. On repart pour 30 minutes de marche et re-pause de 30 minutes. Et l’après-midi on marche une heure. Ca fatigue le sport. Le lendemain, on marche une heure et on arrive dans une toute petite oasis avec une source d’eau chaude. Il faut imaginer un tout petit canyon avec quelques palmiers cette eau chaude dans un bassin au milieu de nulle part. On aurait marché la veille un petit peu plus, on aurait pu dormir ici et ce prendre un bon bain chaud en regardant les étoiles. Mais non…

Pour l’instant, il y a des femmes qui se baignent dans le bassin, donc ça va être très mal vu, mais vraiment très mal vu si un homme y va. Elles se baignent bien sûr avec leurs vêtements.

Il y a une famille qui habite ici. Tous les autres viennent pour se baigner car l’eau aurait des propriétés de guérison. En attendant que les femmes quittent le bassin, tu fais un peu de lavage. Ca y est le bassin est libre, on est en maillot de bain, les femmes nous regardent du coin de l’œil. Pas tous les jours qu’elles voient des blancs. L’eau est super chaude. Encore plus de regret de ne pas être arrivé la veille pour un bain de minuit.

Lavage et récupération 

En te baladant, tu vois des femmes en train de moudre des feuilles avec un pilon. Histoire d’engager la conversation, tu essayes de comprendre à quoi ça va servir mais la conversation est plus que limitée. Et là, grâce à tes cours du soir avec les chameliers, tu sors le mot guani (chameau). Et effectivement, c’est ce qui sert à nourrir les chameaux. Elles en reviennent pas que tu maitrise le touboubou aussi parfaitement !!! Du coup, tu sors les 10 mots que tu connais histoire de les impressionner !!

Les chameliers arrivent et utilisent l’eau où on s’est baigné pour abreuver les chameaux. Même si elle est chaude, pas de problème. Apparemment, ils utilisent aussi cette eau pour la boire (et euh nous aussi…)

Il y a aussi un des chauffeurs de 4*4 dans l’oasis. Oui, c’est le dernier jour avec les chameliers, en fin d’après-midi on rejoint les 4*4. Effectivement, les 4 bagnoles sont là avec nos chauffeurs. Le toit d’un des 4*4 est couvert de bois. Au moins on pourra faire du feu. C’est l’heure de dire au revoir aux chameliers et au pisteur et de leur glisser leur pourboire. Ensuite le guide les réunit pour leur payer leur salaire. Et là, ca prend 45 minutes. Même les chauffeurs s’en mêlent. Ils ont du se mettre d’accord sur le prix avant mais il y a du avoir des suppléments car ça discute ferme et on voit des billets sortir de la poche du guide au fur et à mesure.

Deux stars 

Finalement, on embarque dans les 4*4 et 15 minutes plus tard, on s’arrête, devinez pourquoi ? Pour ramasser du bois. Et oui, le bois qui est sur le toit d’un des 4*4 est pour un chauffeur. Il va certainement le revendre à Faya.

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Selon ton programme, on est sensé allé du côté de Gouro où des « surprises nous attendent » mais c’est pas le programme du guide car apparemment c’est trop loin, lui c’est 4 jours dans le Borkour. Super, tu y as déjà passé une semaine l’année dernière. Ca commence à faire beaucoup…

T’en peut plus de marcher avec des chaussures fermées, tu fais le Mac Gyver et tu essayes de faire tenir tes sandales avec un bout de ficelle. Mais si tu marches sur les rochers ca va couper la ficelle. Tu maudis ton cordonnier.

Première nuit au village de Kouroudi où notre guide a vécu. Il nous propose de dormir dans la ‘maison’ d’une parente. Il faut imaginer un demi-ballon de rugby coupé sur la longueur dont l’armature est en bois et recouverte de natte en feuilles de palmier tressées. En fait, c’est bien organisé à l’intérieur avec le coin pour les plats, les matelas, des tentures internes. La moitié a décidé de dormir dans la maison et les autres dehors. Sauf qu’il y a du vent, beaucoup plus que d’habitude et il n’a pas l’air de se calmer avec la tombée du soleil. Tu cherches un coin à l’abri du vent, tu t’installes et tu t’aperçois 10 minutes plus tard que finalement t’es pas à l’abri donc tu changes complètement de coin. Finalement tu passeras une nuit assez difficile car le vent n’a pas arrêté de tourner.

Petit village dans le Borkour 

On retrouve un mélange de sable et de pitons rocheux. Le vent souffle toujours, tu mets tes lunettes de natation, t’as pas l’air con avec mais tu gardes les yeux ouverts… Le guide nous amène sur une dune qui chante. En la descendant à un certain rythme, elle rentre en vibration et on entend comme si un avion décolle. C’est assez impressionnant. Mais pour l’entendre, il faut que Jacqueline se taise.

Dans le Borkour 

On va alterner les ballades et les déplacements en voiture. On a visité le village d’Ani (que tu avais déjà vu l’année dernière). Les instituteurs sont des tchadiens du sud, un toubou ne fera jamais ce genre de travail. On est arrivé juste à la fin de la classe et les gamins sortent un vieux ballon crevé de foot et c’est le match France-Tchad. Tous les garçons jouent et les petites filles font les supportrices mais faut pas s’attendre aux pompom girls. On est 4 coté équipe de France, ils sont 15 et on ne savait pas où était la délimitation de nos cages. Résultat au bout de deux minutes, 1-0 pour le Tchad. Faut imaginer une forêt de jambes devant toi, donc difficile de faire des passes mais on a tenu bon. On est resté à 1-0 !!!

Les voitures arrivent, il y en a que 3, une est en panne. Les chauffeurs ont réorganisé les affaires et on demande à deux d’entre nous de s’asseoir sur une seule place devant, plus serré c’est pas possible et en plus ils gardent leur sac à dos à la journée sur leurs genoux, le délire. 3 jours dans ces conditions mais même pas en rêve. Y en a deux qui ont acceptés, de toute façon, ils acceptent tout dans ce groupe. Putain, c’est pas compliqué, tu vires le bois du toit du 4*4 et tu mets les sacs à la place et hop tu vas en avoir de la place. Mais non. En plus, ils ont pris des locaux en stop. Bon, c’est normal de rendre service mais à un moment faut pas déconner.

Peintures et gravures ruoestres 

Et bien pendant ces derniers jours on est repassé exactement aux mêmes endroits que l’année dernière, les paysages sont superbes mais ça fait quand même un peu chier.

Ah oui, on a encore flingué une chèvre. Où Point Afrique passe, la chèvre trépasse.

Dans un tournant sur le bord de la piste, deux mecs armés de kalash. Merde! En fait, c’est un poste de l’armée et ils contrôlent qui passe par la route. Tu pourrais te dire que c’est con de contrôler car on peut passer partout mais non. Déjà, il y a des endroits entourés de pierres peintes en rouge, ça veut dire que c’est miné. Ensuite il y a plein d’endroits couverts de pierre et c’est totalement impossible de passer en bagnole. Donc c’est assez facile pour eux de contrôler les accès.

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Petite pause pipi à 20km de Faya. Les chauffeurs sont montés sur petit monticule pour capter avec leur téléphone et nous on les attend. Y a même un mec qu’on a pris en stop qui prend son temps pour téléphoner. Le délire. C’est à se demander qui sont les clients. Juste à l’entrée de Faya, une jeep bourrée de gars en arme arrive droit sur nous et nous coupe la route pour nous stopper. Merde !!! Y a quand même peu de chance qu’on se fasse enlever juste à l’entrée de Faya. Les mecs n’ont pas tous un uniforme mais bon l’armée tchadienne a un petit côté guérillero au niveau des fringues. Un mec saute de l’arrière du pickup et fonce sur nous. Quand il voit que c’est un troupeau de touristes, il fait signe aux autres que c’est ok. En fait, c’est la douane !!! Putain ca rigole pas ici !!!

A Faya on est logé dans des camps tenus par des femmes. Elles ont monté des petites maisons traditionnelles et ca leur permet de gagner un peu d’argent. Sauf que le notre est à perpete du centre ville. On nous y dépose à 11h et on nous dit qu’une voiture viendra à 14h30-15h pour nous amener en ville. Tu recommences à faire ton chieur car tu sais que si tu arrives sur 14h30 en ville le marché sera fermé et puis quoi faire pendant 3h au milieu de nulle part? Tu peux prendre ta douche plus tard ce soir. Donc tu demandes aux chauffeurs de te redéposer en ville. Les autres préfèrent se laver. Ok. Tu notes juste le point GPS du camp pour être capable de revenir seul au cas où… L’année dernière on avait galéré pour retrouver le camp et celui-ci est encore plus loin. Ils te laissent à la poste. Même les chauffeurs savaient pas où elle était. Le mec doit pas voir passer beaucoup de monde mais gentiment il t’offre un enveloppe pour envoyer ta lettre. Elle arrivera peut-être un jour inch allah…

Tu retournes au petit bouiboui ou tu avais mangé l’année dernière mais il y a dû y avoir un changement de propriétaire. L’année dernière le patron était très sympa et ça le faisait sourire de voir un touriste mais cette fois le gars fait comme s’il ne comprenait pas le français et parle en toubou en se moquant de toi pour faire rire les autres clients. Bah, tant pis, il a perdu un client.

Du coup tu vas chez Tantine Maï. C’est une institution à Faya, elle tient un bar où on peut boire de la bière, de la vraie, pas de la sans alcool. Tu pensais pouvoir aussi manger mais pas possible, donc tu picoles pendant 2h des bières sans avoir manger. Etonnement, les autres clients sont des toubous qui en principe sont musulmans. Vers 14h30 les autres arrivent, tout propre. On va se balader en ville et on doit reprendre la voiture chez Tantine Maï vers 17h pour nous ramener. A 16h30 on est de retour chez Tantine histoire de boire une dernière bière. Une patrouille de l’armée française débarque. Ils font régulièrement un tour dans la ville et pourquoi ne pas s’arrêter au bar... Bon, ils ont une règle, pas de bière avant 18H30, que du coca. On discute, selon eux, le Tchad est le pays le plus safe de la région, l’armée tchadienne surveille vraiment ses frontières.

17h, pas de bagnole, tiens c’est étonnant de la part de Point Afrique. Il y a un autre groupe de touristes avec leur cuistot et ils essayent de joindre l’agence pour leur demander une bagnole pour nous.

17h30 toujours rien. Il commence à faire nuit. Tu dis aux militaires en déconnant qu’ils peuvent pas laisser des citoyens français dans la panade. Ils restent et attendent. Façon, ils sont pas pressés non plus. On nous dit qu’une voiture devrait arriver bientôt

18h non rien de rien…

On se dit qu’on va peut-être rentrer à pied mais une grosse partie du groupe n’est pas chaud du tout. Les militaires hésitent. Ils nous disent même qu’ils sont pas sûrs que leur jeep peut traverser la dune de sable pour rejoindre notre camp. C’est une blague ? T’es militaire dans une ville au milieu du désert et tu penses que t’as jeep n’est pas faite pour ca. Hé, Mr le ministre de la Défense, faut leur acheter des twingos à nos militaires, on fera des économies !!

Même Tantine Maï refuse qu’on parte à pied, trop dangereux. Elle est prête à installer des matelas si nécessaires.

Finalement le pickup arrive à 18h30. Tout le monde est soulagé.

Lendemain matin à l’aéroport, le mec de Point Afrique veut nous voir pour faire un point sur le circuit. Mais bon, le fait que les programmes étaient différents semble pas trop le gêner, pareil pour la bagnole… Bah, on aura servi de cobaye