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Du 14 février au 14 mars 2019
29 jours
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Yo,

Alors Manille. Tout le monde le dit mais faut le vivre. T'as jamais vu un trafic/bordel comme ça. Faut imaginer le trafic à Paris, un matin en semaine mais en 20 fois plus grand. Hidalgo, c'est une amatrice en comparaison

Manille c'est le regroupement d'une quinzaine de villes, c'est des buildings modernes à côté de vieux quartiers délabrés, c'est des queues de plus de 100 personnes qui attendent pour accéder aux quais du métro aérien, c'est le même genre de queue pour pouvoir monter dans un jeepney (minibus local).

C'est la première fois en Asie où tu vois des gardes armés devant les banques, les centres commerciaux ou même devant certaines guesthouses. Le métro c'est comme pour l'avion, tu passes sous un détecteur, ton sac est fouillé et t'as pas le droit à une bouteille de flotte, donc si tu reviens de tes courses avec du jus d'orange, tu rentres à pieds....

Mais Manille, c'est aussi des gens souriants et sympas.

T'es logé dans le quartier Makati qui est à moins de 5 kilomètres de l'aéroport. Et bien, faut prévoir potentiellement 1h30 pour y aller. Tout déplacement est un cauchemar, surtout si c'est à l'heure de sortie des bureaux. Tu devais retrouver Anna Clara, la brésilienne rencontrée en Thaïlande, vers 19h. Le resto est à 3,5 km de ton hôtel. 17h, impossible d'avoir un uber ou un taxi. Bon, ben t'as décidé d'y aller à pied. Tu lances l'application maps.me pour t'indiquer le chemin à pied. Il te faire marcher sur le bord de voie express où tu vas plus vite que ceux qui ont en bagnole. Puis il t'embarque dans un quartier populaire plein d'enfants qui jouent dans les ruelles. Les gens ont sorti les chaises sur le trottoir. L'application Maps.Me est complètement à la ramasse, elle te fait prendre des rues cul de sac. Les philippins te regardent en souriant en se demandant qu'est-ce que t'es venu te perdre ici. Tu tournes, tu tournes, il commence à faire nuit. Première journée à Manille qui commence galère. Finalement tu vois passer des tuktuks. T'en interpelles un pour qu'il t’emmène. Son explication est pas clair mais il va te transporter dans la direction du resto. Sauf qu'il part dans la direction complètement opposée. Tu traverses tout un quartier et le gars s'arrête à un endroit où une centaine de personnes attendent. Il t'explique qu'il t'a déposé à une des rues qui te permet de sortir du quartier sinon il est entouré de murs ou de boulevards infranchissables et c'est pour ça que tu tournais en rond comme un con. Et les personnes qui sont là attendent le tuktuk pour aller dans le quartier. Le tuktuk sort jamais du quartier. Ça fait vraiment penser à des sortes d'îlots humains au milieu de grands boulevards. Tu te retrouves sur des grandes rues. T'as l'impression que t'es toujours aussi loin. Et toujours pas de Uber disponible. Ben tu remarches... Finalement 2h pour arriver à destination en ayant bien polluer tes poumons. Manille, un cauchemar.

Ici, ils ont un type de bus local qui s'appelle le jeepney, une sorte de jeep à la carrosserie souvent chromée, extrêmement allongée avec des bancs à l'intérieur. On peut tenir à 20 dedans, serrés comme des sardines. Aux heures de pointe, t'as même des gars accrochés dehors au marche pieds. Et pour payer tu files le pognon à ton voisin qui le fait passer et ainsi de suite jusqu'au chauffeur.

T'es allé dans un cimetière très particulier. Les appartements coûtent tellement chers que des familles très pauvres se sont installées dans les caveaux. T'as près de 6000 personnes qui y vivent, certains caveaux sont même devenus des petites boutiques. Avant, c'était un haut lieu de la drogue. Duarte, le président du pays a fait faire des descentes de police et il y a eu plusieurs morts. C'est clair que c'est pas un coin où les touristes se baladent mais c'est vraiment à voir. Les habitants te regardent bizarrement. Toi, parce que t'es un blanc et Anna (qui pourrait presque passer pour une locale) certainement à cause de son débardeur...

T'es aussi allé sur la place Miranza Quiapo pour voir le marché et son église Quiapo. Côté église, il y a la représentation de Jésus noir. La statue est protégée par une vitre mais un bout de pied dépasse volontairement de la vitre. Les croyants utilisent leur mouchoir pour frotter le bout de pied qui dépasse et le garder comme une sorte de bénédiction....

Côté marché tu t'attendais à trouver plein de fruits exotiques. Bon, ben t'as des pommes, des mandarines et quelques mangues qui traînent... Juste à l'entrée de l'église, t'as des tireuses de tarot divinatoire, des vendeurs d'amulettes, de remèdes traditionnels.

Dès que tu sors des quartiers chics, y a plein de gens qui dorment sur des cartons et à écouter les philippins, Manille est dangereux.

Et puis t'as le quarter Intramuros où subsiste encore quelques bâtiments de l'époque coloniale espagnole. T'as même un parcours de golf en ville, super nickel mais entouré de déchets par milliers. De l'époque de la colonisation américaine, ils ont du garder leur goût pour la malbouffe. Mais qu'est ce qu'il y a comme fastfood. Ils ont leur propre chaîne Jolibee, histoire de pas mourir idiot, t'as essayé. MacDo en comparaison c'est du 5*

Le quartier de ton hôtel est rempli de bars et en particulier de bars et clubs à lady boy. Comme à Chiang Mai, on y est allé avec la brésilienne. Devant tous ces bars, des vendeurs à la sauvette proposent des boites de Viagra.... T'as même un bar où il y a un ring à l'intérieur. Des femmes se battent entre elles avec des énormes gants mais on est plus proche de la danse qu'un vrai combat. Puis elles passent avec un sceau réclamer un billet. Il y a aussi des 'combats' de nains mais là, ils étaient en train de faire le service...

Bon, Manille, beaucoup de touristes l’évitent car la ville n'a vraiment rien d’exceptionnelle et le trafic est un véritable cauchemar

Ricardo, agent de circulation en dépression

PS : Comme dans tous mes blogs, il faut les prendre au second degrés en particulier quand je me moque gentiment (oui, c'est du second degrés) de ceux que je rencontre.

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Premier vol intérieur pour faire Manille-Naga. Comme il faut marcher de l'aérogare à l'avion, la compagnie te prête un parapluie pour te protéger du soleil. Tu montes dans l'avion. Ah, va y avoir un problème. Les philippins sont grand comme trois pommes à genoux donc les sièges sont adaptés à leur taille. En clair tes jambes passent absolument pas au niveau des genoux. Pendant le vol les hôtesses proposent un jeu à tous les passagers, style une question cinéma et le première passager qui lève la main gagne un petit cadeau.

Direction Paminan, un village de pêcheurs, si tu prends le bus, tu y seras pas avant 21h au mieux, donc taxi pour 3h30 de trajet. Le coin est 'connu' car ils ont tourné certains épisodes de koh Lantah et survivor. Certaines îles sont interdites car la production de ces émissions les a loué pour 20 ans. Quand tu regardes koh lantah, t'as l'impression qu'ils sont au milieu de nulle part. En fait ils sont à 15 minutes de la civilisation...T'es allé sur le même genre d'îles qu'eux. T'as pas la moindre racine de manioc et eux comme par hasard il y en a...

T'as un seul bar/resto dans le coin par contre t'as plusieurs cahutes en bambou avec à l'intérieur.... Une machine à karaoké. Ils en sont dingues. L'idée ici est de passer la journée à naviguer d'îlots en îlots avec une pirogue de pêcheurs.

Y a un autre touriste (on doit être 10 dans tous le village) le matin qui demande s'il peut embarquer sur ton bateau avec son bof philippin. Cool, ça fera moins cher et qqun avec qui parler. En plus tu connais pas l'Albanie à part les à priori mafieux que l'on peut avoir. Le gars est venu avec 3 bouteilles d'un demi litre de Gin... Très sympa au début mais il a commencé à picoler à 11h30. 1h plus tard il avait descendu une bouteille. A 13h30 il a entamé la seconde et ça a été un cauchemar. Déjà qu'à jeun il te saoule car il ne s'arrête jamais de parler mais en version bourré ça te gâche ta journée. On s'arrête sur 4 îlots différents, des petites plages de sable dans des criques, une eau transparente. Enfin, les paysages de votre quotidien...

Mais t'as pas 5 minutes à toi. Et ça s'aggrave. Plusieurs fois t'as cru qu'il allait se noyer. Il nageait avec sa bouteille de gin à la main. T'es devenu son frère pour la vie, blabla. Sur le retour en bateau il se prenait pour un aigle. Il mimait les ailes d'un aigle avec ses mains et a même voulu sauter de la pirogue plusieurs fois. Arrivé à la plage il voulait pas descendre du bateau avant de faire la prière de l'aigle. Ouais, la prière de l'aigle...ça doit certainement avoir un rapport avec l'aigle sur le drapeau albanais Et en plus, il a décidé de rester à la même guesthouse que toi plutôt que prendre le bus et rentrer en ville.

T'as croisé les doigts en espérant que les patrons de la guesthouse allaient lui dire non vu l'état mais money is money. En fait il est venu avec sa femme et sa fille philippine voir sa belle famille et se tient à carreau devant la belle famille mais comme il s'est barré pour la journée, il en profite. Tu l'entends crier de ta chambre... Son bof laisse faire. Demain il repart en début d'après midi, toi cassos le matin. Sinon, le coin est sympa peut être que dans dix ans, ça sera bourré de touristes mais pour l'instant c'est super tranquille..

T'as revenu l'albanais le matin. Il est sorti le soir de sa chambre pour aller chercher de l'eau et il a jamais retrouvé sa porte du coup il a dormi dehors...

T'as son numéro de téléphone. Si ça intéresse quelqu'un. Autant il se tient bien aux philippines, autant il se lâche à Tirana... Ça promet des soirées compliquées mais bon comme t'es comme son frère maintenant...

Cassos, direction mont Mayon, cette fois avec le bus local 5h pour 135 bornes et ensuite 2h pour 90 bornes. T'as pris le bus le plus pourris avec des sièges défoncés et bien t'as quand même à l'avant du bus une TV qui passe des concerts et l'émission 'philipina got talents'... Ouais ça occupe quand le bestiau roule max à 30km/h

Ricardo, membre honoraire AAA Albanais

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Yo,

Bon, t'as été optimiste c'est pas 7h qu'il t'a fallu mais 8h de bus, ça fait une moyenne de 25 km/h.

Ta guesthouse est au pied du volcan Mayon. Impressionnant, un cône parfait, t'as l'impression qu'il avale l'espace tellement il est imposant.

T'es venu jusque là pour faire son ascension. OK, t'es venu à l'arrache sans rien vérifier. Résultat, il est considéré comme dangereux et donc interdit d'ascension. T'as pas l'air con.

Ok, y a de la fumée blanche qui sort sans arrêt du sommet mais de là à le considérer dangereux.

Ok, on te montre des ruines de maisons suite à des éruptions.

OK la dernière coulée de lave a eu lieu en 2009.

Mais faut pas déconner, si tu viens dans ce genre de pays c'est par ce qu'ils sont plus souple que dans nos rigides pays d'Europe. Au Vanuatu tu peux être à 100m des retombées de lave. Ici que dal. Sans déconner, la ville Legazpi est au pied du volcan. Si un jour ça pète, ils vont prendre cher.

Tu te décides de te lever tôt pour faire des photos au lever du soleil. Des nuages à plus savoir qu'en faire. Quand ça veut pas...

Pas d'ascension, la seule chose autorisée est le quad pour aller à la coulée de lave qui date de 2009. T'as 12 agences situées les unes à côté des autres, 12 circuits identiques, 12 prix différents... La ballade en quad t'amène donc à la coulée de lave où t'attend...une piste de décollage pour hélicoptère.... Mouais...

Ta guesthouse te demande si tu aimes l'aventure. Quelle question, franchement... Alors, y a un lac avec des rafts en bambous. Waouh ça a l'air super aventureux. Tu t'y pointes. Ah ouais. Ils ont mis des fauteuils kitch sur des immenses radeaux en bambous et ils enmènent les badauds au milieu du lac qui doit faire 100m sur 200m. Bon, t'as résisté à cette dangereuse activité. Ça va être super aventureux les Philippines.

Si vous savez pas trop comment vous en sortir pour le jeepney, c'est simple, soyez copain avec un policier : Comme t'es en dehors de la ville, t'as voulu voir à quoi elle ressemblait. T'as pris un jeepney et t'as demandé à la guesthouse quel jeepney tu devais prendre pour le retour. Sauf que quand tu veux rentrer, impossible de déchiffrer ce qu'elle a écrit. Y avait un policier qui traînait dans le coin et tu lui demandes de l'aide. 10 minutes plus tard, toujours pas le bon jeepney, tu dis au flic que tu vas prendre un tricycle. AU lieu de payer 30 centimes, tu devras payer 3 euros. Que neni!!! Le policier te dit que c'est trop cher et un policier philippin n'est jamais dans l’échec. Au moment où est passé le bon jeepney, il a donné un coup de sifflet super agressif pour que le gars s'arrête. Le pauvre chauffeur a pas compris pourquoi il était arrêté. Et quand t'es monté dans le jeepney, tous les locaux t'ont regardé bizarrement, pas du genre c'est qui ce VIP mais plutôt c'est qui ce connard... Mais bon, au moins t'es arrivé au bon endroit...

Lendemain, Il a plut la nuit, on voit encore moins le Mayon. Il est temps de partir. Nouveau moyen de transport le minivan qui part quand il est plein donc tu sais jamais quand il partira. Et comme pour optimiser l'espace il n'y a pas de place pour les bagages t'es obligé d'acheter une place supplémentaire pour ton gros sac à dos. Ils t'ont donné les 2 places devant à côté du chauffeur, généralement les meilleurs places... Direction la ville de Pilar pour chopper ensuite un ferry qui t'enmene sur l'île de Masbate. C'est pas là que tu vas croiser du touriste. Sauf que ça merde. T'es arrivé 3h avant le départ du ferry, impossible d'avoir un ticket du coup t'as choppé le dernier 3h plus tard. Ça fait long 5h à attendre sans être vraiment sûr de monter. Apparemment il y a un festival sportif ce week-end à Masbate d'où le merdier.

T'es à peine descendu d'un bateau qu'un gars te demande si tu veux une jolie fille. Euh, non, j'en veux une très moche, et pourquoi pas ta sœur? Premier magasin, un vendeur de flingues. Ambiance

La ville est blindée de tricycles jaunes. Ici personne ne marche même pour faire 100m.

Quelques explications des photos :

  • la plus petite pizza du monde...
  • des sceaux de biscuits pour enfants...
  • Ici les toilettes, ils les appellent des 'comfort room'. Alors certaines, tu les appellerais plutôt 'cavaêtreunmomentdifficile room'..vu leur état..

Pas facile de trouver un endroit sympa pour dîner et boire un verre, tu t'es retrouvé dans le coin des bars. T'as vu un bar avec un groupe de locaux, au moins il y aura un peu d'animation. Tu te pointes, tout le monde te regarde. En fait, le groupe est en grande partie des ladyboys qui attendent désespérément le client.

Et ça c'est la partie simple. Demain, samedi, tu dois te rendre au village de Mandaon où il n'y a pas de guesthouse. T'as le choix d'y être la veille car s'il y a un ferry le dimanche, il est à 7h ou 9h du matin (dixit ceux que tu rencontres) sans avoir où tu peux crécher ou tu prends le risque d'essayer de choper un transport jeudi matin très tôt mais si tu rates le ferry, t'as 4 jours à attendre dans le bled. Tout ça pour arriver sur l'île de Sibuyan pour faire l'ascension du G2 (et pas le K2...), le Guiting-Guiting. Faudra ensuite trouver un guide car l'ascension est dangereuse. Celui que t'a contacté s'est blessé...

En clair c'est fini la bulle en bord de mer

Bon, tu l'as déjà dit mais qu'est ce que les philippins sont petits.

Ricardo, jeepney forever

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Masbate, la ville en elle même t'y passes pas tes vacances où sinon faut aimer les tricycles jaunes canaris. Pas sûr qu'aux Philippines, il y est une ville avec un peu de charme. Coup de poker ou pas. T'as préféré te pointer la veille du départ en bateau au bled Mandaon pour être sûr d'être, inchallah, sur le bateau dimanche matin car t'as eu 3 horaires de départ differents. Par contre impossible de savoir si tu pouvais trouver un endroit pour dormir. Au pire t'iras à l'église demander au curé s'il a pas une ouaille qui loue une chambre.

En attendant t'es allé au sanctuaire marin Buntod, un grand banc de sable au large de la ville de Masbate, histoire de se reposer des prochaines journées en perspective. Alors, un grand banc de sable, un restaurant sur pilotis, une mer transparente et un bout de mangrove.

Le quasi paradis sauf si tu rajoutes un petit bateau qui arrive tous les 15 minutes débarquer du touriste local avec tous une tenu plus incroyable l'une que l'autre : t'as la classique avec son ombrelle mais en plus un liggin, t'as celle qui a l'ombrelle accrochée directement sur sa tête avec en plus des collants noirs et enfin celui qui va faire du kayak en jean's et chemise de trappeur manches longues. OK, c'est vrai t'as aussi des couillons qui mettent rien et qui ensuite pleurent pour trouver de la biafine... Certains sont venus fêter un anniversaire, tu sais pas si c'est le cadeau d'anniversaire mais il y a une belle tête de cochon rôtie sur la table.

Il est temps de faire 'all in' et de prendre le van pour le bled de Mandaon en espérant qu'il y aura un hébergement sur place sinon c'est le retour la queue basse à Masbate.

Il paraît que la route pour y aller est très jolie. Certainement mais quand t'es coincé à l'arrière du van avec ton menton posé sur tes genoux avec en plus ton sac et le soleil qui te tape dessus, c'est vraiment difficile d'apprécier. L'île de Masbate est sensée être celle des cowboys. Et il y a même des rodéos organisés. T'as pas vu une vache ! Des rizières, de la jungle et cocotiers, oui. Mais des vaches walouh....

Arrivé trempé de sueur à Mandaon. Avant de chercher un endroit où dormir, vaut mieux vérifier qu'il y aura bien un bateau demain. Au bout du quai, coup de chance, t'as un jeune qui travaille pour la mairie qui est en train d'organiser un tournoi de foot pour les jeunes du coin. Il t'amène au garde côte... Le gars, doit avoir 15 ans, te confirme qu'il y a un bateau demain à 9h. Puis il te mène sur son scooter au premier et seul hôtel du bled qui a ouvert il y a qqs mois. Sacrée chance, un hôtel tout neuf où les chambres sentent bon le mastic!! Côté hôtel ils ont mis tout le pognon dans l'entrée et les couloirs. Il a du leur rester 10 balles pour faire la salle de bain. T'as même la TV et la clim mais y a coupure d'électricité. Soit le proprio est visionnaire sur l'explosion du tourisme ici soit tu comprends pas comment il va rentabiliser son investissement. En tout cas il a le monopole côté hébergement....

Mandaon, 3, 4 rues parallèles à la mer, des maisons sur pilotis faites de bric et de broc en bord de mer et puis des maisons plus classiques en béton, certaines très jolies par rapport au lieu. Une plage de sable sans fin bordée de cocotiers et des dizaines de pirogues de pêcheurs. Le mot paisible dans toute sa splendeur. Des pirogues arrivent parfois à quai remplies de familles débarquant certainement d'un petit village côtier perdu.

Faut vraiment imaginer que t'es vraiment au bout du monde et bien il y a l'élection de miss Mandaon le 4 mars avec la présence de miss univers. Et t'as aussi sur le port une faux cabanon en bois avec un sapin de Noël. T'as fait tranquillement le tour du village en achetant des bananes. Tout le monde te dévisage se demandant mais qu'est ce qu'il est venu foutre ici.

En pleine air, il y a un jeu où tu joues du pognon. Une table faite de cases rouges et blanches et au dessus un entonnoir où il lance 2 balles de ping pong. Tu paries du pognon soit sur le rouge ou le blanc. Si les 2 boules arrivent sur la même couleur, c'est la couleur gagnante, si c'est une balle sur une couleur différente, on relance. C'est tenu par des adultes mais ce sont surtout des gamins de 8-10 ans qui jouent des pièces. Tu t'es fait plumer de 40 centimes.. On peut pas toujours être un winner...

T'as retrouvé le gars qui t'a aidé pour l'hôtel et tu t'es retrouvé avec une bande de ses potes. Ca t'as permis de comprendre comment les philippins picolent. Ils ont une sorte de brandy light, à peine plus fort que du lait de chèvre. Le principe, tu bois un peu d'eau puis le shot de brandy et ensuite un peu d'eau et tu fais passer à ton voisin et ainsi de suite. 3 bouteilles plus tard, le lait de chèvre commence à taper un peu mais c'est pas grave car le gars que t'as rencontré se la joue pointure locale et le bateau ne partira pas sans que tu sois dedans...et c'est pas tous les jours que tu rencontres un philippin dans un petit village qui a lu ''l'art de la guerre'' de Sun Tzu.

Lendemain matin, le bateau, une immense pirogue à balanciers est là comme prévu et son horaire de départ est encore différent de tous ceux qu'on t'a donné. En clair demander à 10 personnes et n'en croire aucun et se pointer inchallah....

Banqueroute Ricardo

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4h de traversée paisible sur cette grosse pirogue pour arriver enfin sur l'île de Sibuyan où t'attendent de pieds fermes les chauffeurs de tricycle. T'as 30 bornes à faire pour rejoindre le village de Mangdiwan, point de départ du trek pour l'ascension du G2.

L'île est vraiment pas touchée par l'urbanisation et la végétation est intacte. Par contre côté plage, pas d'effet waouh par rapport aux autres que t'as vu auparavant.

Faut d'abord trouver le guide. La guesthouse contacte l'association des guides pour qu'il t'en envoi un.

Faut reconnaître que t'es arrivé en charlot, sans tente, matelas de sol ou sac de couchage. Le baltringue de première.

Le guide se pointe, Chris, il a les yeux rouges. Inquiétant. En théorie l'ascension se fait en 3 jours mais tu veux la tenter en 2 jours et ça veut dire le 2ème jour un départ à 6h du matin pour atteindre le sommet et un retour au village vers 23h à la frontale. T'as une condition physique de merde, ça va être compliqué surtout que tout le monde dit que c'est dangereux.

Tu loues tout le matos au guide avec juste un petit problème, hé hé, la taille du sac de couchage que tu vas louer. Comme ils sont grands comme trois pommes à genoux, ça risque d'être risible. Mais c'est pas le plus grave. On part faire les courses pour le lendemain car tu dois tout acheter, riz, thon, biscuit... Et le guide insiste pour acheter une bouteille de Brandy, (même bouteille qu'à Mandaon) .1 litre la bouteille. Soit disant pour se réchauffer car il va faire froid lors du campement. Mouais, ça pue cette histoire. Le mec veut picoler la veille d'une ascension dangereuse. Donc si dans 3 jours max pas de news, c'est que le Brandy a eu des conséquences..

Ricardo qui sent que ça va mal se passer...

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Yo,

Donc gros doute sur le guide qui t'a fait acheté une bouteille d'alcool.

En tout cas le guide, Chris, est à l'heure, à 5h45 du matin comme prévu et sans les yeux rouges. Il porte la plupart du matos. Ouais 6h ça fait tôt surtout qu'on va s'arrêter au camp 3 pour tenter l'ascension que le lendemain.

Le départ est plutôt tranquille, puis on rentre dans la forêt, très dense. Pendant près de trois heures on ne verra pas le soleil. Puis ça commence à monter, la végétation commence à changer, beaucoup de fougères.. On marche de plus en plus sur des des racines, ce qui permet de chauffer les chevilles.. Puis ça commence à monter vraiment, en partie de la boue et des rochers.

Juste un rappel sur le planning prévu car ça a son importance. En principe l'ascension se fait en 3 jours :

Jour 1 : montée au camp 3 en 6h

Jour 2 : 6h pour rejoindre le sommet et 6h pour revenir au camp 3

Jour 3 : retour en ville en 5-6h

Toi, tu lui as dit que tu voulais regrouper les jours 2 et 3, ça veut dire que toute la redescente ça se faire de nuit à la frontale. Chris pense qu'on sera revenu pour 22h. Oh putain... Et plus, tu vois le terrain dégueulasse pour rejoindre le camp 3 plus tu te dis qu'à la descente, de nuit, ça va être un cauchemar...

Bon, on continue à monter. A chaque fois que le guide te demande si tu veux une pause, tu lui dis que c'est pas nécessaire. Donc on trace vraiment. En cours de route, on croise un groupe de philippins qui redescend. Leurs guides et porteurs sont en flip-flop. Eux ont fait la traversée complète mais pour ton guide c'est un truc de charlot car la vrai difficulté, la vraie partie dangereuse, c'est dans le sens où on va la faire nous, dans l'autre sens ça vaut que dal, ah ouais.... Faut savoir que son père a été un de premiers guides sur cette montagne et qu'un des monts porte son nom.

En parlant de nom, le nom du sommet Guiting-Guiting veut dire 'dents' car il y a pleins de montagnes en forme de dents autour..

Faut savoir que quand des philippins se rencontrent, ça discute longtemps... Bon finalement, on repart. Ca monte encore plus fort et tu penses déjà à tes genoux pour la descente.

On arrive finalement au camp 3 à 12h soit 1200m de dénivelé positif. Bon, ben, une fois que t'as mangé, monté ta tente et fait le plein de flotte à la source, reste plus grand chose à faire à part un roupillon. La journée va être longue.

Tiens un autre groupe de philippins redescend aussi et a aussi fait la traversée. Plusieurs filles, super sportives, équipement high tech et toujours les porteurs en tongs. Hier, certains du groupe ont mis 11h et sont arrivés à la nuit à leur campement. Et dire qu'ils l'ont fait dans le sens 'charlot', ça promet.

Bon ben tu bulles quand tu entends du bruit dans les fourrés. Chris te dit qu'il y a des chats sauvages mais on ne les verra qu'à la nuit tombée, ça doit juste être un rat. Super. Le fourré bouge de plus en plus, et si c'est un rat qui sort du fourré c'est qu'il est né à Tchernobyl et qu'en plus il a fait un stage à Fukushima.. Et c'est bien un chat sauvage. Alors chat, c'est pas vraiment adapté comme terme. Il fait bien 3 fois la taille d'un chat, un museau super allongé et un pelage à la fois tacheté et rayé. T'en ferais bien des pantoufles. La bestiole cherche de la bouffe et tant que tu bouges pas, tu peux parler, ça l'inquiète pas. Par contre tu fais un mouvement et hop dans les fourrés. T'as mis les os de poulet devant toi et t'attends et t'inquiètes qu'elle est venue. Parfois elle te grogne dessus mais si tu lui fais 'bouh' elle va détaler. Le guide est super étonné, c'est la première fois de sa vie qu'il en voit un en plein jour.

17h30, c'est l'heure de dîner... Tu mélanges ta boîte de thon avec tes pâtes, Chris te regarde comme un extra terrestre, c'est la première fois qu'il voit ça... Venant de la part d'un gars qui verse son bol de café dans son riz..

Il a sorti une bouteille de 30 cl de brandy. Tu demandes pas où sont passés les 70 cl achetés la veille... Mais il a aussi apporté du poisson mariné et fumé qu'il a fait lui même. Comme quoi la première impression négative est fausse car il est assez au petit soin.

Demain, il veut partir vers 3h du matin puis finalement 5h, il change d'avis tout le temps. En tout cas à 19h tout le monde est couché...

Finalement on ne partira qu'à 5h30 pour atteindre le pic Mayo et voir le lever du soleil. La dernière partie de la montée te laisse entrevoir ce que tu vas endurer : grimper à 4 pattes sur les rochers. La vue est super dégagée, tu peux voir les îles environnantes comme Romblon, Tablas et même le cône parfait du volcan Mayo que tu voulais escalader il y a qqs jours.

Bon, maintenant on arrête les galéjades, on va taper dans le dur.

En théorie 6h pour aller au sommet du pic Guiting Guiting. Une moitié tu marches sur le long des crêtes (ça c'est la partie finger in the noise), l'autre partie, tu grimpes sur des rochers. Le plus impressionnant, c'est la vue. Tout est vert, sauf cette tranchée ocre qui traverse les taillis. Oui, la terre est très boueuse donc t'en as plein les pompes et ensuite la boue marque les rochers. Et c'est super sympa de marcher dans la boue puis ensuite sur les rochers avec des pompes glissantes. Sur une très grande partie du chemin, tu dois utiliser tes mains sinon jamais tu montes. La végétation change, plus d'arbres, plutôt des sortes de broussailles qui t'empêche de voir les pentes vertigineuses près desquelles tu marches.

Premier passage difficile, the wall. Une paroi verticale qu'il faut traverser sans se vautrer sinon tu finis 10m plus bas sur les rochers. Puis ça monte, ça monte et tu dis que la descente va être cauchemardesque. Comme on va revenir par le même chemin, tu laisses des bouteilles de flotte en cours de route. Chris n'avait jamais pensé à ça du coup ça lui changé la vie. On arrive enfin à un endroit qui s'appelle le pic de la déception. En fait, d'en bas tu crois que c'est le sommet et quand tu y arrives tu vois qu'il reste encore un bon bout à monter. Ils ont de l'humour les philippins...

Chris voudrait qu'on arrive au sommet avant 9h30. Toi, tu t'en fous des horaires, tu regardes surtout que les nuages sont en train de se pointer et tu voudrais être au sommet avant eux. Chris te dit qu'il reste plus qu'un passage difficile qui s'appelle le 90°. Hein ? Le quoi ? Par ce que les 2h qu'on vient de se taper avant, c'était quoi ? Un faut plat ? Et le wall c'était quoi? Une piste roulante ?

Bon, arrivé au pied du fameux passage 90°. Dixit le guide, certains viennent jusque là et font ensuite un refus d'obstacles. Tu m'étonnes, ce coup ci la paroi verticale, faut pas la traverser, faut la monter et surtout plus tard la redescendre. Et transporter une corde, ça aurait pas été une bonne idée?

Ce qui te sauve, c'est ton physique d'araignée, grands bras et grands jambes. Mais quand tu penses au philippins que t'as croisés et qui sont redescendus par là alors que certains sont de la famille de passe-partout, tu dis respect.

On arrive finalement au sommet à 9h10 avant le temps estimé par Chris. Il est tout content car avant c'était son frère qui avait le record de rapidité avec un touriste en 3h 30 et là on a mis 2h50. Mouais, 2h50 pour disons 1000m de dénivelé positif et 200 de négatif, y a pas quoi la ramener. Mais quand tu considères que t'as fait presque la moitié à 4 pattes..

Avec certains groupes il arrive juste pour midi soit 6h de marche et il y a une règle qui oblige à repartir avant 13h pour espérer être revenu au camps 3 juste à la nuit.

Très belle vue et en plus avec le soleil. Sur les 10 dernières fois où il est venu il a jamais eu un tel soleil. Pour une fois que t'as de la chance côté météo.

Bon, il est temps de redescendre. Autant quand tu montes tu vois pas trop le vide derrière toi, autant quand tu descends c'est plus le même game. Tu commences à sentir la fatigue. Le soleil tape de plus en plus, les rochers auxquels tu te tiens deviennent brûlants. On revient au point où on avait laisser la bouffe. Un chat sauvage à fait un trou dans le plastique et a chouré une partie du poulet. Si tu le choppes, une belle toque en fourrure...

A chaque descente de rochers, ton genou gauche te rappelle qu'il en a déjà bavé il y a quelques mois et qu'il faudrait arrêter les conneries. Le genou droit est solidaire.

On mettra environ 3h pour revenir au camp 3. Ensuite c'est pliage de tente et rangement du camp. C'est Chris qui porte presque tout le lourd. On part vers 14h20, Chris pense qu'il faudra 5h pour redescendre. Tu l'as collé, t'as refusé toutes les pauses à part celle pour manger du riz. On a mis 3h. T'es genoux ont décidé de mettre un gilet jaune et de refuser tout trek tant que t'auras pas au moins perdu 5kg de gras...

A peine, arrivé où le monde moderne et sa connexion téléphonique fonctionne que Chris appelait un de ses potes pour se venter du temps qu'on a mis...

Tu l'as invité au resto pour le remercier, le bougre est venue avec sa femme. Quitte à manger gratis... Il aurait dû aussi inviter ses voisins.

T'écris ce mail allongé sur ton lit. T'as les jambes en compote et les genoux qui pleurent.

Va savoir si tu pourras marcher demain. De toute façon, t'as prévu au moins 2 jours sur les plages de sable blanc de l'île de Romblon

Ricardo à genoux

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Yo,

Histoire de récupérer du G2, t'es allé sur l'île voisine Romblom. Pas de superbes paysages de montagne mais plutôt des petites collines et des plages. La première chose que tu vois du bateau ce sont des immenses éoliennes. Ça casse un peu le mythe de l'île sauvage. Et du coup, tu peux louer des scooters électriques. L'île est aussi connu pour son marbre mais bon, trimbaler une table en marbre de 200 kg.... Un vieux fort de l'époque espagnole surplombe la petite ville. Le tourisme est un peu plus présent, t'as même une pizzeria...

T'as mal aux jambes et aux genoux et ta démarche ressemble à celle d'un zombie handicapé. Seule chose à faire, se reposer. Ça tombe bien, il y a une langue de sable de 100m de long qui s'avance dans la mer turquoise. C'est la plage de Bonbon. Comme d'hab, eau transparente mais un peu fraîche, juste 26°...histoire d'en profiter t'as amené des bières et des chips que t'as partagé avec des slovaques au coucher du soleil. Oui, faut se réhydrater, c'est important !

Pour la 2eme phase de récupération, direction l'île de Carabao. Mais faut d'abord prendre un bateau pour San Agustin sur l'île de Tablas. Sur le bateau tu dois porter un gilet de sauvetage sauf les enfants et que t'enlèves quand le bateau est à 10m du port... Puis il faut prendre un jeepney qui te laisse à une intersection pour choper une moto pour rejoindre le village de Santa Fe. Ensuite tu privatises un bateau de pêcheur pour rejoindre l'île de Carabao. Le pêcheur te demande si tu veux un gilet de sauvetage bah, au milieu de l'océan ça servira pas à grand chose. Mais c'est vrai qu'il est pas très grand son bateau et que la mer secoue un peu... T'as mis 5h de porte à porte avec 4 moyens de transport différents...

Te voilà arrivé sur Carabao, petite île où tu n'as pas de bagnoles juste des motos pour faire le tour de l'île et l'électricité que le soir. Des petites collines et des cocotiers, voilà Carabao. Dans la journée tu verras max 5 touristes. Il y a qqs expats qui ont monté des affaires mais ça doit se compter sur le doigt de la main.

Petit éclaircissement : à côté de Carabao, il y a la fameuse île de Boracay. L'île où il faut être allé, soit disant plages magnifiques, eau incroyable mais surtout plage pour faire la fête. Il y a eu tellement de monde que le gouvernement l'a fermé pendant 6 mois pour la nettoyer et maintenant ils ont mis des limitations. Il y aurait des hordes de coréens et de chinois.

Alors soit disant Carabao serait le nouveau Boracay. Donc certains ont investi et attendent en espérant que le tourisme se développe sur l'île. La vache, les plages cassent pas 3 pattes à un canard, faut vraiment y croire où sinon t'as raté un truc. Ceux sur Boracay viennent en bateau à la journée et repartent. Ils viennent faire du saut du haut de rochers. Tu t'es pointé, y avait 200 coréens en gilet de sauvetage qui sautaient d'une planche à 3m de haut de la mer. T'es resté 2 minutes, histoire d'imaginer ce que ça va être demain quand tu seras à Boracay.

Pas con, tu t'es dit que tu vas reprendre un bateau de pêcheur pour aller sur Boracay directement. Que neni, ils sont plus autorisés à déposer des touristes directement sur l'île. Tout le monde doit passer par la ville de Caticlan et on vérifie que t'as bien un hôtel de réservé sur l'île sinon on te laisse pas monter sur le bateau.

Ah oui, important. Autant dans les pays musulmans, la règle était de trouver un hôtel assez loin d'une mosquée pour éviter d'être réveillé à des heures indues.... Ici c'est le karaoké dont il faut se méfier. Les philippins en sont dingues. Ton hôtel fait karaoké, les mecs chantent tous comme des casseroles mais ils sont à fond et t'as l'impression qu'ils sont dans ta chambre. La soirée va être longue...

Zombie Ricardo

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Yo,

Direction la fameuse île de Boracay. Déjà de loin les plages piquent les yeux tellement elles brillent.

Donc comme prévu t'as pas pu directement aller sur l'île, tu dois passer par Caticlan où tu dois montrer patte blanche, c'est à dire une réservation d'hôtel sur l'île. Les prix sont les doubles d'ailleurs. Il y a même des portiques de sécurité comme à l'aéroport. Ensuite tu prends un bateau navette pour accéder à l'île.

Gros choc au début, tu prends un tricycle pour rejoindre ton hôtel, une route traverse l'île dans toute sa longueur. C'est que des bâtiments délabrés et en construction. Ça donne pas envie du tout. En fait, il y a énormément d’hôtels délabrés ou en arrêt de construction, même ceux qui donnent directement sur la plage. Quand le gouvernement a décidé de faire le nettoyage, tous ceux qui avaient construit sans autorisation se sont pris une mandale dans la tête et depuis c'est en standby.

Ton tricycle trouve pas ton hôtel, c'est normal on y accède que par la plage puis des petites ruelles.

Par contre côté plage gros choc. Boracay est connue pour sa plage 'white beach'. La vache, plusieurs kilomètres de sable blanc très fin bordés de cocotiers, une eau turquoise. Le délire. Et tout le long de la plage des bars et des restos. Tu peux marcher le long de la page tout en restant à l'ombre des cocotiers.

Étonnement pas grand monde sur la plage, pour l'instant...

Elle est découpée en section. Les bateaux peuvent s'arrêter sur la plage qu'à certains endroits. Certaines parties sont réservées pour ceux qui jouent au frisbee, d'autres pour le paddle. Au large tu vois des dizaines de parachute ascensionnel on est vraiment sur la plage touristique des Philippines. Par contre, ça rigole pas ici. Interdiction d'amener des bouteilles sur la plage, de fumer, de transats sur la plage, d'écouter de la musique forte... Du coup la plage est super propre. Et surtout t'as plein de flics qui surveillent. Un gars a voulu démarrer un drone. Pan, 40 euros d'amende direct et c'est énorme pour le pays.

T'es allé de l'autre côté de l'île sur la plage de Bulabog. Pour y accéder t'as vu l'envers du décor. Tout est défoncé. La plage est le spot de kitesurf mais si t'es pas bronzé, musclé et les cheveux décolorés par le soleil c'est pas pour toi.

Le temps de déjeuner dans un resto au bord de plage et tu te trouves l'ombre d'un cocotier. Un truc t'échappe, tu t'attendais à voir des milliers de gens. Certes, tu en as vu beaucoup qui déambulent à l'ombre des cocotiers mais c'est pas le délire.

16h30, la plage change d'aspect. Les ruelles perpendiculaires à la plage dégorgent d'un flux continue de monde. Pour le coucher de soleil, on doit être 10.000 sur la plage. C'est Séoul et Shanghai réuni. Ils doivent se cacher dans leur ressort tant que le soleil tape. Mais quand on pense aux plages européennes avec les serviettes de plage les unes à coté des autres, ici c'est rien sauf au coucher du soleil.

Le soir, l'allée qui longe les bars et restos est plus remplie de monde que sur les champs élysées un 14 juillet.

Les rares 'blancs' se retrouvent dans certains restos. Certains ont du arriver sur l'île il y a 30 ans et ont du voir le tourisme de masse arriver.

Delphine, Guy, ça va vous rappeler le Mozambique. A l'écart de la zone hyper touristique où le poisson coûte aussi cher qu'en France, t'as un endroit où tu achètes, à un prix réaliste, ton poisson, crevettes, langoustes... sur un étal et ensuite tu vas ensuite à une petite échoppe pour faire cuire ce que t'as acheté. Mais cette fois, t'as pas l'impression que la balance est truquée. Comme il faut marcher 10 minutes loin de la plage et bien t'es le seul client.

3 jours à Boracay, c'est sympa mais maintenant, il est temps de repartir vers des coins moins touristiques...

Selfi

Ricardo, sino-coréen par mimétisme

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Yo,

Byebye la superbe plage de Boracay, retour à la réalité.

Tu cherches à ne pas faire que de la plage donc dés que tu trouves un info sur un parc, tu fonces. Sur l'île de Panay, il y aurait le parc national de Bulabog. Tu te dis que 2 jours la-bas serait pas mal. T'abandonnes ton mini-van au milieu de la pampa (les autres passagers se demandent pourquoi tu descends où il y a rien) et tu choppes un tricycle pour t'amener à l'entrée du parc. Coup de pot, il y a une parc ranger et tu peux loger sur place. Mouais, en discutant avec elle, la balade avec le guide dure 2h. Ah ouais 2h. Ca va être long si tu décides d'y passer la nuit car il est que 13h. En plus tu regardes le chemin qui s'enfonce dans la forêt, il est goudronné. Ca donne pas trop envie comme balade. Du coup, tu laisses tes affaires à l'entrée du parc et t'attends le voisin qui sert de guide.

Un vieux monsieur arrive et c'est parti. Sympa de marcher sur du béton. Après 1km, on se retrouve sur un chemin naturel et clou de la balade on va voir des grottes dont une contient des mots en espagnol gravés en l'an 900. Waouh. Tu vois aussi une grotte où traînasse une centaine de chauve-souris. Ouais top. Puis direction la dernière grotte où papy te parle encore de chauve-souris mais comme il baragouine, tu comprends pas grand chose.

Et là, à 50m de la grotte, t'as une odeur qui te prend le nez. La grotte, en fait les grottes sont remplies de milliers de chauve-souris qui attendent la nuit pour sortir. On commence à descendre dans la première grotte et quand tu braques la lumière sur elles, c'est l’affolement générale. Elle s'envolent dans tous les sens. Ca piaille aussi. Elles sont tellement nombreuses à voler que ça génère un courant d'air. Ca doit être impressionnant de les voir toutes sortir au coucher du soleil

T'as eu l'intelligence de braquer la lumière au dessus de toi, panique à bord, et elles se sont vengées en te chiant dessus. On a enchaîné 4 grandes grottes et les chauve-souris sont pas de la même espèce. Certaines, toutes petites, tu t'approches à 50 cm, elles s'en tapent complet, you're nothing, un peu comme dans les soirées parisiennes...

Vraiment impressionnant. Bon, la ballade est terminée. Le seul hic, c'est d'arriver à choppé un tricycle sur une route où personne ne passe et ensuite trouver un ou plusieurs jeepneys pour aller crécher dans la ville de Iloilo à 35 bornes. Et surtout, ça va être sympa pour tes voisins de transport vu l'odeur de chauve-souris que tu dégages....

Ricardo, toilettes de luxe pour chauve-souris

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Yo,

Ça a été un peu la loose sur le parc précédent mais le prochain, c'est le fameux volcan Kanlaon sur l'île de Negros. Là, t'es à fond !!!! T'as cherché sur internet il y a plein de points de départ pour faire ce trek. Comme tu sais pas trop, tu te dis que tu vas passer au service des parcs nationaux dans la ville de Bacalod. Traversée en bateau, en arrivant dans le port, la mer est couverte de méduses noires. Tu sautes dans un taxi pour aller à ce fameux bureau plutôt que d'aller dans une petite ville perdue qui sera pas le bon point de départ. Quelle idée de génie. Pas d'autorisation de grimper. Le volcan est en catégorie 1 donc une fois de plus, dans le cul lulu. Mais dégoûté de chez dégoûté. T'as quand même appelé en douce une agence de trek pour voir s'il le faisait mais non, interdit. Et dire que t'aurais pu te pointer comme un con dans un bled après 3 heures de transport.

Mais tout n'est pas perdu, on te propose une autre montagne qui elle est autorisée, pas très loin du Kanlaon. OK pourquoi pas. Sauf que : Il faut remplir un formulaire. Jusque là ça va. Puis ensuite faut aller voir tu ne sais où un notaire ou un huissier, t'as pas trop compris, pour avoir un tampon officiel sur le formulaire. Ça y est ça commence... Et ensuite revenir à ce bureau pour donner le formulaire. Ok, t'es un touriste, t'es pas venu pour soutenir leur bureaucratie et passer ton temps en aller retour à la con. Bye-bye.

Direction le sud de l'île à Dumaguete. 250 bornes, 6h de transport dans un bus hyper climatisé, résultat, t'es sorti du bus avec un rhume. Avoir un rhume quand il fait 30° le soir, c'est pas le top.

La ville de Dumaguete est réputée pour être une ville sympathique au bord de mer avec plein de restos. Ils ont juste oublié de dire qu'entre la promenade au bord de mer et les restos, y a une route où le traffic et le bruit est sans fin... Mais faut reconnaître qu'elle est plus agréable que les autres villes. Histoire de voir la vraie vie, voilà le quotidien...

Dumaguete est une ville étudiante. Ça doit être pour cela qu'il y a plein de vieux européens accompagnés de jeunes femmes pinoy étudiantes.... Elles doivent certainement prendre des cours particuliers en business et langues étrangères auprès de ces gentlemen qui se dévouent corps et âmes...

En cherchant un peu, tu découvres qu'il y a une montagne pas très loin, le pic Talinis, 1900m. Frustré du Kanlaon, tu trouves un guide pour le lendemain matin, rdv à 6h. Ça se fait en 2 jours mais tu peux faire la montée et redescendre de l'autre côté en une journée. Banco pour 1 journée. Comme le point de rdv est à perpete, tu dois partir à 5h15 d'abord sur un tricycle et ensuite sur une moto où le mec crève à 800m de l'arrivée. Ça commence fort. Le guide Chris t'attend. Il travaille pour le gouvernement mais quand un client le contacte pour le trek, il est malade subitement...et donc ne va pas au bureau..

Jamais vu un gars marcher aussi vite. Sérieux t'as pas marché 30 secondes qu'il est déjà à 50m de toi, une fusée. Ah ça va pas être possible. Du coup, c'est toi qui marche devant mais comme tu sens qu'il te colle derrière, t'as la pression. La marche n'est que dans la boue en montée. Côté végétation, c'est fougères, fougères et fougères... Et on marche dans la brume. On passe par une rivière qui dégage une odeur de souffre. Le Talinis est un volcan éteint mais quand même.

Puis t'arrives aux cascades twin fall. Des mecs sont en train de construire une sorte de petit barrage pour récupérer l'eau est l'envoyer en ville.

Tu demandes au guide s'il peut te faire un bâton de marche car vu la montée, la descente va taper dans les genoux. Tu retrouves avec un bâton pour philippins, donc très court et super lourd. Rappelez vous, les philippins sont pas très grands.

On arrive enfin au lac Nailig. Un groupe y a passé la nuit. Y a un barjot qui est venu avec un kayak gonflable qui pèse une tonne, tout ça pour donner 3 coups de pagaie sur le lac minuscule. Reste plus qu'à monter au sommet pour avoir finalement 20 secondes de semi éclaircies....

La descente a été un calvaire pour les genoux, t'es couvert de boue alors que le guide a l'air de sortir du pressing. Putain, faut pas vieillir... Avec le bâton taille cure dent qu'il t'a filé, tu t'es gamelé 3 fois dans la descente sur des rochers et c'est étonnant que ton coccyx soit encore entier.

Donc, pas super intéressant, juste un peu d'entraînement pour l'Amérique du Sud mais va peut-être falloir revoir tes prétentions à la baisse vu l'état dans lequel tu termines tes treks. Histoire de récupérer t'as décidé d'aller le lendemain sur l'île d'Apo. Une île minuscule mais réputée pour ses tortues. C'est pas compliqué, tu tapes dans un corail et hop une tortue qui sort...en principe. Tu fais gaffe de pas y aller un week-end car avec ta chance...les tortues sont en repos.

Coup de pot, tu trouves à partager le prix du bateau pour la traversée avec un couple de chinois et un vieux 'prof' et sa jeune 'étudiante'... Guy, ce que t'as pris comme flotte sur le bateau au Mozambique, c'est rien comparaison de ce qu'on a pris pendant la traversée.

Sur l'île, ils ont créé au bord de mer une sorte de zone marine qui doit faire la taille de 4 piscines olympiques et si tu veux pouvoir te baigner tu dois payer et être accompagné d'un guide.... Sinon tu vas te baigner plus loin. 1 euro par personne, ça va...

Location de matos de snorkeling puis tu rentres dans l'eau. Première chose que tu vois en mettant les pieds dans l'eau, un bouchon d'une bouteille de coca cola, super. On suit le guide, c'est le mec en t-shirt jaune qui trimbale une bouée. Sur les premiers mètres tous les coraux sont morts, il y a une sorte d'algue au fond de l'eau, ça donne pas trop envie. Mais ensuite t'as l'impression d'être dans un jardin de coraux. Il y en a de toutes sortes, de couleur verte, violette avec en plus des étoiles de mer de couleur bleue. C'est assez incroyable. Désolé, pas de photos car t'as pas confiance dans ta protection étanche made in China achetée 1 euro.

Histoire de pas être collé aux autres dans la flotte, tu t'écartes du groupe. Ça nage pas très vite et tu réalises pourquoi. Car 3 des 4 autres s'accrochent à la bouée et se laisse tirer par le guide. Le pauvre gars a pas tiré le bon groupe. Va nager d'une main et en même temps tirer 3 gros boulets.. Du coup on va pas très loin.

T'es rentré avant eux, t'as vu plein de poissons mais côté tortue, que dal. Elles ont du faire une soirée BBQ de requin flambée au rhum et font la grasse mat.

1h30 plus tard, on y retourne. T'as pas fait 15m dans l'eau que tu tu vois une grosse tortue brouter l'herbe au fond de l'eau. On est plein de pékins autour, elle en a rien à taper. C'est juste quand elle veut remonter à la surface qu'elle cherche où il y a pas trop de couillons autour d'elle. Et elle remonte à côté de la chinoise qui est prise de panique. La bestiole sort la tête de l'eau même pas 5 seconds puis peut rester sous l'eau super longtemps. 10 mètres plus loin, 4 tortues d'un coup, toutes placides. Ça y est c'est le festival, elles ont du rater le train du matin et se pointent à l'heure de l'apéro. A un moment t'es tout seul et tu vois une grosse tortue qui va dans ta direction. Tu t'arrêtes et elle passe à 50cm de toi en te lançant un regard genre 'connard, si tu me touches, tu vas prendre cher'. Oui, ça rigole pas avec les tortues, si t'en touches une tu casques dans les 200 euros. Par contre les petits poissons clowns dans les anémones de mer, eux t'as le droit de les faire chier pour qu'ils sortent et soient filmés par ceux qu'on des go pro.

Bon Negros, c'est terminé demain tu pars sur l'île de Siquijor, la soit-disant île de la magie. Tu vas essayer de trouver une pointure pour faire soigner ton genou...

Turtle Ricardo

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Yo,

Il est temps de prendre un bateau pour rejoindre l'île de Siquijor. Quand tu vois l'état du bateau, tu te dis que tu verras jamais Siquijor. Y a plus de rouille que d'acier...

1h30 plus tard, t'as trouvé un hôtel en bord de plage au bled San Juan. Tu vas au bord de mer, immense plage de sable blanc et cocotiers, t'as que 20 cm d'eau. Bon ça doit être marée basse. Que neni, c'est juste que si tu veux te baigner, t'as 100m à barboter pour rejoindre un peu de fond.

Ambiance et population totalement différente. Pas de vieux monsieur grisonnants avec leurs étudiantes mais plutôt backpackers et quelques rares chinois et coréens. L'île est réputée pour sa magie et les philippins des autres îles n'y viennent pas. Il y a différents types de magie et celle qui t'intéresse s'appelle bolo bolo. Le 'chaman' remplie un verre d'eau, met une pierre magique dans le verre et souffle de l'air dans l'eau avec une paille puis il tourne autour de toi pour chercher où t'as mal. Il aura pas fini de tourner avec ton cas !

T'as demandé à ta guesthouse où tu pouvais trouver un bolo bolo. La patronne t'a regardé bizarrement, genre t'es malade, j'espère que tu pas me pourrir ma chambre. Direction le petit village de Canghunong-hunong dans les collines. Quand tu dis village, c'est 4 cahutes.

Petit intermède, t'es en train d'écrire ce post sur une plage où tu as vraiment de l'espace. Et bien il faut qu'une famille de russes avec des gamins viennent s'installer à 2m de toi. Ils ont toute la plage pour eux....

Bon, revenons au chaman. Quand tu demandes aux locaux, ils t'indiquent la même direction. Ça sent plutôt bon. Sauf que sur la route, tu vois un très beau panneau en bois pour annoncer la maison du chaman. Ça fait vraiment pas traditionnel du coup ça donne pas envie d'y aller. Ça sent un peu trop le piège à touristes. T'as encore une journée donc tu ressayeras demain.

Direction la plage de Salaagdong. Elle est privée donc tu payes l'entrée. Juste après l'entrée, 2 flics du SWAT, tout en noir et armés jusqu'aux dents surveillent l'entrée. La vache. T'arrives à la plage, du béton partout. Ils ont même fait des parasols avec du béton et des taules. Alors c'est vrai qu'il y a du fond pour se baigner et que l'eau est incroyablement verte mais tout est bétonné. Ils ont même fait des plongeoirs en béton. Et t'as 3 autres mecs du SWAT qui surveillent. Y a un VIP dans le coin ?

Bon cassos, direction la plage de Paliton. Ok, y a pas beaucoup d'eau mais au moins elle est naturelle avec ces quelques barques de pêcheur et ceux qui essayent de marcher sur un cocotier penché. Ce qui est aussi sympa, c'est que tu vois en face le mont Talinis que t'as tapé il y a 3 jours dans les nuages. Depuis, y a jamais plus eu de nuages.

Le soir, tu fais des recherches sur bolo bolo. Bon, il y aurait une mamie de 92 ans qui pratiquerait. Le lendemain matin, tu fonces pour trouver son bled. Trop tard, elle est décédée...

T'as une superbe cascade à voir, Cangbangag.

Trois jolies cascades superposées avec des bassins d'une jolie couleur. Pas de béton, des bambous pour traverser la petite rivière ils ont construit plein de cahutes en bois pour louer des gilets de sauvetage pour les coréens et les chinois et des spots pour se lancer au dessus du bassin avec une corde. Toujours à la recherche du bolo bolo, t'as acheté à 9h du matin des brochettes de poulet pour sympathiser avec la vendeuse et qu'elle te dise où il y aurait un bolo bolo. De toute façon, c'est l'heure de se casser car les groupes avec agence de voyage se pointent.

T'es reparti avec ton scooter arpenter les collines pour finalement finir à buller sur la page de Paliton et te 'battre' avec un chien pour le peu d'ombre.... Oui, t'as changé de place par rapport aux russes, mais c'est ensuite un chien qui est venu s'incruster à coté pour profiter de l'ombre.

Les bolo bolo ? ben non...

Coucher de soleil incroyable....

Ricardo no bolo bolo dans la case

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Fini Siquijor et ses bolo bolo, direction l'île de Bohol.

Pourquoi Bohol, il y a les chocolate Hill à voir ainsi que les tarsiers, les petites bestioles avec d'immenses yeux qui ont tout piqué aux gremlins. T'as de gros doutes sur les tarsiers, ça sent le zoo où tu y vas faire ton selfie. T'as eu la chance d'en voir dans le nord des Celebes où t'essayais de pas les perdre de vue dans la jungle mais là ça pue.

Bon, comme d'habitude y a des plages, la plus connue est celle d'Alona. Déjà quand tu vas dans la rue qui mène à la plage, t'as des épiceries coréennes, de la pub lumineuse sur le sol en coréen, des restos pour chinois...

Sans déconner, Ok Boracay, c'est blindé de sino-coréens mais t'as une plage fantastique. Ici, t'as 20m de profondeur de plage sur 200m de long bourré de monde avec une mer pas exceptionnelle. Ok, si t'arrives de Bretagne, tu vas adorer pouvoir te baigner sans iceberg mais en comparaison des autres plages des Philippines, bof. C'est bourré de bateaux qui attendent les touristes pour leur faire le circuit standard. Reste quelques restos et bars sympas mais c'est pas l'endroit le plus dépaysant. Ok, y a d'autres plages un peu plus loin avec moins de monde mais bon, t'es certainement blasé.

Il y a énormément d'agences qui proposent les mêmes package donc l'idée c'est de partir tôt pour essayer de pas tomber avec les groupes. Pour rejoindre le sanctuaire des tarsiers, t'as 30 bornes. Tu t'y pointes à 8h du matin en misant sur la grasse mat des coréens. Quel génie mais quel génie ce Ricardo. Ça ouvre à 9h et y a rien autour pour attendre. C'est pas le coréen qui fait grasse mat, c'est le tarsier.

Bon, tant pis, tu tenteras au retour, tant pis pour les coréens. Direction les chocolate Hills à 60 bornes. Tu passes par la forêt Bilar man-made, une forêt plantée au début du xx ème siècle, je vous laisse juge.

T'arrives enfin à la ville de Carmen. Le paysage est plat avec plein de petites collines arrondies, les chocolate hills. Pour les voir, tu dois monter à un 'observatoire' qui comprend 200 marches, ça ralenti le coréen. Encore une bonne idée d'y être allé le matin, t'as le soleil en face. C'est peut-être pour ça que les hordes de touristes ne sont pas là, leur guide leur a dit de pas y aller le matin.

Côté chocolat, soit tu dois voir un ophtalmo soit tu les appellerais plutôt matcha hill. Ou sinon, tu balances un bon coup de napalm et là ça serait black chocolate Hills.

On change pas une équipe qui gagne, tu refais 25 bornes pour aller à Sagbayan où il y aurait un autre spot pour voir d'en haut les fameuses collines. Peut-être que ce coup ci tu seras dans le bon sens

Ces 3 photos, c'est juste pour montrer comment ils 'embellissent' les sites avec ce genre de conneries. C'est pas vraiment mieux et en plus, le soleil s'est barré.

Maintenant, retour arrière sur 80 bornes avec ton scooter jaune canari, opération tarsier. Sur la route t'as vu un autre sanctuaire. Madre de Dios, Y a un paquet de mini vans sur le parking. T'hésites. Un couple de français en sort et te dis que c'est celui que lui a conseillé un local car c'est le moins touristique. Madré de dios. Il est midi, ça devrait être l'heure de manger son bol de riz...

Tu te lances. En fait tu suis un chemin en béton dans une mini forêt, les uns derrières les autres, et t'as un clampin à chaque endroit où ils ont mis un tarsier. Oui, car ils ont des petites protections pour le soleil et chacun à un tarsier. Le tarsier c'est une bestiole nocturne, donc elle roupille dans la journée. Sauf quand t'as un flot incessant de charlots qui veulent faire des photos, c'est compliqué de roupiller. Sans compter les gamins qui crient alors qu'on est sensé pas faire de bruit, oui le tarsier est fragile. Bon, sur la dizaine que t'as vu, ils sont tous dans l'ombre et t'as 5 pimpins devant qui font les photos.

A la sortie, le magasin souvenir est aussi grand que le 'sanctuaire' à tarsier. Tu reprends ton canari roulant et tu te dis que tu vas quand même tenter un autre sanctuaire, celui qui ouvrait qu'à 9h. Déjà, y a pas le dixième de bagnoles garées devant, ça encourage.

Cette fois, on est en petit groupe de 5 et on suit un guide dans la forêt qui s'arrête aux endroits où se reposent les tarsiers. Pas de béton, pas de protection faite pour les bestioles, tout paraît plus naturel et calme. Il y a 110 tarsiers dans le sanctuaire mais on peut voir que 5. Les autres sont pépères dans la forêt alors que les 5 mannequins doivent endurer le touriste.

Autre destination touristique, une jolie rivière que tu peux descendre en bateau à Loboc. Tu t'es approché 10 secondes mais quand t'as vu des grandes barques remplies de touristes t'as fui.

En fait t'as l'impression qu'aux Philippines, soit t'as vraiment des îles très désertes où peu de touristes vont soit c'est du tourisme de masse mais t'as pas de juste milieu.

Demain tu tentes Camiguin, 4h de ferry pour rejoindre cette île. Ça doit en décourager beaucoup....

Chocolate Ricardo

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Direction l'île de Camiguin, une destination pour les aventuriers selon la bible Lonely planet. On est un sacré paquet d'aventuriers sur le ferry et certains ont une tête d'aventurier spécialiste en transat. C'est une petite île, qui n'a pas de plage de sable blanc. Elle a rien qui fait un effet waouh, certainement ton côté blazé.

Comme attraction, t'as un 'cimetière' marin avec une grande croix à 50m au large, des cascades avec forcément son chinois qui fait la photo et puis la petite île de Mantigue. Petit îlot de sable blanc dont tu fais le tour à pied en 10 minutes. T'as même un micro village avec quelques cahutes mais ça va pas durer car ils essayent de faire des remparts pour limiter la montée de la mer.

Sinon, t'as aussi le volcan Hibok Hibok à grimper. T'as trouvé 3 autres français motivés pour le lendemain. Il faut un permis, ça commence mal. Tu trouves le bâtiment où y il y a ce fameux bureau DENR qui délivre ce permis. Le volcan est pas actif du tout, t'es confiant. Tu te pointes pour demander où tu peux trouver un guide. Vous allez pas le croire : 'désolé, on a reçu une directive la veille, qui interdit tout ascension'. La veille, pas y a un jour, pas y a une semaine, un mois ou un an, juste la veille. Sans déconner. La raison ? A cause de El nino il ferait trop chaud. Va comprendre ???? Mais ça serait pareil pour tous les volcans des Philippines. T'avais prévu l’ascension d'un volcan plus tard sur l'île de Palawan, bon tu oublies et tu cherches une corde pour te pendre. Tu vas la jouer sioux, ton loueur de scooter connaît un guide. Rdv le soir avec le guide Tyson. Tu lui dis rien concernant le permis. On se met d'accord sur le prix et tu verses l'argent pour payer le permis. Tu te dis qu'il va se garder le pognon du permis et qu'on va y aller sans autorisation. Rdv demain à 5h30. 30 minutes plus tard, il te rappelle pour dire qu'il n'a pas eu l'autorisation. Merde, un guide honnête... Mais il propose une autre balade en dehors du parc avec en plus un arrêt dans un endroit secret pour se baigner, waouh.. OK on accepte, rdv demain matin à 7h30. Dîner d'un énorme steak de thon grillé au BBQ pour 3 euros. Ouais dès que t'es plus dans des endroits touristiques, les prix sont plus les mêmes..

Lendemain matin, les sommets sont sous les nuages. Pas de regret donc pour le Hibok Hibok. On retrouve le guide, il se met à pleuvoir et ça n'a pas l'air de s'améliorer donc on annule. Il est 8h du matin il fait gris et pluvieux, la journée va être longue...

Reste à aller sur une 'sand bar' qui est à 10 minutes de bateau. Assez incroyable ce bout de sable en forme de croissant en pleine mer. Pas un arbre ou un arbuste donc pas d'ombre et donc t'as un mec qui a eu l'idée de génie de louer des parasols.

Chacun son style 

La région des Visayas, c'est terminé, direction la ville de Cebu pour un stop et ensuite l'île de Palawan. Tu vas d'abord aller dans le sud de lîle qui est déconseillée par le ministère des affaires étrangères français, ouais, de temps en temps, il y a des kidnappings. On verra bien.

Arrivée à Cebu après 45 minutes de coucou à hélices, le choc visuel est violent

Ricardo, souffre douleur du DENR

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Yo,

Nouvelle île Palawan, arrivée à Puerto Princessa, principale porte d'entrée de l'île.

Enfin un bord de mer avec des petits restos où tu choisis ton poisson et où il n'y a pas de route avec des centaines de tricycle.

Pour l'instant c'est quasiment 100% loose au niveau treck mais t'as repéré que dans le sud de l'île, il est possible d'organiser un trek dans la région de l'ethnie Tau't Bato. On en parle pas dans les guides, faut chercher sur internet.

Il y a juste quelques petits soucis :

- c'est dans le sud de l'île qui est déconseillée à cause d'extrémistes. Ça, ça se gère avec inchallah.

- c'est une région à palu dangereuse. Il y a quelques années 3 journalistes y sont allés, ils sont tous morts. Ça, ça se gère avec des pilules.

- mais le plus galère, il te faut 2 permis. Le premier dans une ville qui s'appelle Quezon à 150 bornes au sud puis le deuxième à Rizal, 60 km plus au sud. Ensuite il faut un guide de l'ethnie et ensuite te pointer dans un bled 20km plus au sud. Et ça c'est le plus compliqué.

Sur le papier, c'est loin d'être gagné. En plus t'es arrivé un samedi donc le lendemain, c'est même pas la peine de se déplacer car tous les bureaux publics sont fermés. Super timing. Donc t'as une journée à buller.

T'as la possibilité d'aller faire un tour des îles dans la baie de Honda. Tu te pointes, t'as 300 touristes à 90% coréen en gilet de sauvetage qui attendent de monter sur des grosses pirogues de 40 personnes. Bon, c'est pas pour toi.

T'as repéré sur la carte une petit village de l'autre côté de la baie. Tu te dis que tu vas aller là-bas voir s'il y a pas un gars avec un bateau à louer. 20 bornes plus tard, tu trouves le village de Salvacion. Minuscule village, une ruelle, avec une petite jetée au milieu de la mangrove et quelques barques de pêche. Ça va pas être possible pour la balade. Tu fais quelques photos et tu te barres.

Direction la plage de Nagtabon à 20 bornes. En cours de route, tu réalises que t'as perdu tes CB rangées dans la pochette de ton téléphone.

Si tu les retrouves pas, ça va être compliqué la suite du voyage...Tu retournes au village, si avec un coup de pot... Déjà, la première fois, les habitants avaient été surpris de voir débarquer un touriste mais qu'en plus il revienne 30 minutes plus tard, ils comprennent pas.... Tu expliques que t'as perdu qqchose et tu fonces vers la jetée où t'avais fait tes photos. Rien. Merde. Tu regardes dans l'eau. Rien. Tu vas au bout de la jetée et dans le sable à 1m de profondeur, ta pochette avec tes CB qui prend un bain.

Un pêcheur te la récupère et dit qu'il faut remercier Dieu....

En tous cas plein de villageois étaient inquiets de savoir ce qu'avait perdu la courge de touriste.

Bon, après ces émotions redirection à nouveau la plage de Nagtabon. Plage classique, sable, cocotiers, bateaux de pêcheurs et petites vagues où certains s'entraînent au surf. Vous verrez sur une photo, un gars a voulu se construire une sorte de tour de château, bon, c'est à vendre....

Tu te dis que tu vas faire une sieste (ouais, pas grand chose à faire et depuis que t'es au Philippines, t'as appris à regarder le sable...) mais avant un petit pipi dans la mer. T'as de l'eau jusqu'à la taille, qui est la bonne hauteur pour ce que tu es en train de faire et tu fais gaffe en même temps aux vagues qui t'arrivent dessus.

Et là, tu vois une gamine philippine de 12-13 ans qui n'est plus sur sa planche de surf et qui appelle à l'aide à 15m de toi.

Putain, toi, tu nages comme une pierre et c'est la panique dès que tu mets la tête sous l'eau. Dans 30 secondes, c'est pas une personne qui appellera à l'aide mais on sera deux.

Qu'est ce tu fais, t'y vas en nageant la brasse comme tu peux (ouais, le crawl faut mettre la tête sous l'eau). Tu rejoins la gamine, la prends par le bras et essayes de la ramener vers le bord mais le courant est super fort et te tire vers le large sans compter les vagues que tu te prends dans la gueule. Puis tu réalises que t'as pied et que l'eau t'arrive jusqu'au cou. Donc à chaque fois que la mer se retire et veut t'entraîner, tu t'enfonces dans le sable et t'attends tout en tenant la gamine. Puis la vague arrive et te pousse vers le bord.

T'en perds presque ton maillot, tu bois la tasse à chaque fois mais tant bien que mal t'es arrivé à revenir au bord.

Les philippins nagent avant de savoir marcher, et c'est toi qui aime l'eau autant qu'un chat qui a du l'aider. Il y a un poste de surveillance mais le mec est tranquillement dans son hamac...

Et histoire de bien terminer la journée, t'es rentré en scooter sous la flotte et ici c'est pas le crachin breton...

Donc demain, tu essayes d'obtenir les permis de ville en ville et sinon direction l'extrémité sud de l'île en scooter si on te laisse passer les checkpoints. Faites une recherche sur Balabac, ça pique les yeux.

Ps : aucune idée si tu auras un accès internet pendant les 10 prochains jours. Après si tout part en vrille, t'es de retour à Puerto en 2 jours.

Ricardo, héros du jour, figurant dans 'Alerte à Malibu'

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Motivé le Ricardo, levé à 5h30 pour partir avec le soleil.

Tu mets 3h pour rejoindre Quezon où tu dois obtenir ton premier permis. Ils ont déjà préparé les papiers même s'il y a des erreurs. Cool, ça part étonnement bien. T'as 5 formulaires à donner à différents organismes, les flics, l'armée... Tout juste s'il en faut pas pour la dame pipi....

Ensuite Rizal à 6o bornes sauf que la route est parfois en sale état et tu mets 2h. Énormément de rizières, apparemment le sud de Palawan est le grenier à riz des Philippines.. Pas énormément de gens sur la route, si t'as le moindre pb avec le scooter, l'attente risque d'être longue. T'arrives enfin à Rizal, direction l'office du tourisme. On te demande de payer l'entrée pour le parc. Ouais mais avant de payer quoi que ce soit (même si c'est que dal), toi t'as surtout besoin d'un guide. OK, ils en appellent un et tu dois le retrouver dans un bled à 20 bornes d'ici. Mais attention là-bas, y a rien, il faut que tu fasses les courses avant. Super. T'as aucune idée du nbre de jours de treks, t'as en fait aucune info. Bon, t'achètes des nouilles, du thon en boîte, des biscuits et évidement du riz. Si tu oubliez le riz, c'est la révolution. La route est encore plus dégueulasse. T'as un tronçon de 300m de goudron sur la droite puis 100m de terrain dégueulasse puis à nouveau 300m de goudron mais sur la gauche ce coup ci, va comprendre...

T'arrives enfin devant le bâtiment principal du bled Ransang. Personne à part des administratifs. Tu te renseignes mais malheureusement, alors que partout aux Philippines ils parlent super bien anglais, ici c'est plus compliqué. On est quand même au milieu de nulle part. Tu captes pas avec ton téléphone pour appeler le guide. Un gars appelle avec le sien et arrive à le joindre. Le gars serait en route.... Ça fait 1h30 que l'office du tourisme l'avait prévenu.

T'attends... Tu vois une demi douzaine de jeunes femmes avec toutes un bébé dans les bras qui rentrent dans le bâtiment. C'est clairement des femmes qui vivent dans les montages car elles ont l'air un peu perdu, la peau très mate, des tenues très colorées et encore plus petite que la moyenne locale.

T'attends toujours..., ça fait plus de 7h que t'es levé et tu commences à être crevé. Surtout que tu veux partir tout de suite en trek car il y a 4h pour rejoindre le village. Tu regardes les montagnes, elles sont couvertes de gros nuages gris. Le mec vient toujours pas, tu te dis que t'as aucune idée du nbre de jours, que le mec ne va pas parler anglais et que ton objectif est d'aller dans un coin pour aller rencontrer des ethnies différentes. T'es venu en baltringue, sans équipement et tu sens que le guide n'aura pas grand chose.

T'as déjà donné de te retrouver perdu avec un guide qui est là sur un malentendu et ne pas pouvoir échanger avec les locaux.

T'attends encore un peu. L'alternative c'est de continuer la route, soit 50 bornes pour rejoindre ta deuxième étape Rio Tuba.

Bon cassos.... T'as juste un doute sur la qualité de la route/piste. T'arrêtes un camion dans l'autre sens qui te dit que la route est OK. Ouais elle est OK quand t'es dans un camion climatisé. Quand t'es sur une piste sableuse où t'es à la limite de t'enfoncer, couvert de poussière, en plein cagnard, avec un scooter de ville, c'est pas la même histoire.

Tiens, tu te plains du cagnard, pour la peine t'as le droit à de la pluie, histoire que tu la fermes.

Tu sais pas comment le scooter a résisté mais t'es arrivé au bled. C'est une ville minière, d'énormes camions transportent du minerai de nickel qui rougi toutes les routes et les couillons en scooter. T'es plus à ça près.

Côté checkpoint, ouais il en reste qqs uns mais ils sont abandonnés. Et c'est vraiment à l'extrémité sud de l'île que tu vois quelques femmes voilées mais beaucoup d'hommes en tenue malais. Par contre les boutiques regorgent de bouteilles d'alcool...

Bon, t'es le seul touriste, s'ils veulent en attraper un, leur choix sera facile. Inchallah..

En plus, c'est pas compliqué, t'es dans la guesthouse (la seule du bled) qui est juste à côté de la mosquée, ils auront pas beaucoup à marcher. Ils l'ont joué sioux, t'as pas vu de minaret.

Demain, le bateau, direction l'île de Balabac.

Ricardo qui sentait que ça allait puer

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Yo,

Le soir a débarqué un jeune couple de français à la guesthouse. Ils vont aussi le lendemain à Balabac comme toi mais ils ont déjà tout organisé. Seul problème, ils sont arrivés là veille sur l'île et les distributeurs ne fonctionnent pas donc peu de cash. C'est des français... Tu les sens pas super motivés pour que tu te joignes à eux. Façon, ils sont dans la merde, ils peuvent pas payer leur circuit.

Lendemain matin, le seul ATM de la ville est toujours en panne, y a que toi qui peut les dépanner sinon ils doivent se taper 10h de bus aller retour dans la journée. Du coup ils semblent un peu plus ouverts mais t'es pas dupe.

Ils sont en contact avec l'agence qui va leur faire le tour de 3 jours en bateau. Elle vient de leur annoncer que les touristes n'ont pas le droit de prendre le bateau au port où on est. Incroyable, une poisse.... Et ça depuis 2 jours. Et ils connaissent pas la raison. Putain, t'y crois ? Tout ce trajet pour loose sur loose. Ils sont aussi en contact avec leur guesthouse qui leur dit qu'en plus ils ne peuvent pas faire d'Island hoping c'est-à-dire d'aller d'île en île. En gros, c'est mort. Mais ils leur proposent de venir les chercher en bateau demain tout au sud à Buliluyan. Bizarre, t'as pas le droit de prendre le bateau ici mais tu pourrais aller en prendre ailleurs pour aller dans un endroit qui reste interdit. C'est pas clair. Tu prends ton scooter et tu vas au port faire l'innocent et tenter d'acheter ton billet. T'as pas trouvé le guichet qu'une femme te dit que les touristes n'ont pas le droit de venir sur l'île cette semaine. La raison serait une célébration et qu'il y aurait un VIP. Bizarre que sur place ils soient pas au courant. Mais pas de soucis elle fait partir tous les jours des gens de ce fameux port Buliluyan, on ne peut juste pas aller sur l'île de Balabac ou sinon y dormir mais loin de la ville. En plus, elle fait partir ce matin un groupe de 6 philippins auquel on peu se joindre. Et cerise sur le gâteau le prix pour les 3 jours et moins de la moitié des autres agences. Si c'est pas un coup de pot. Tu retrouves les 2 français en train de se morfondre pour leur expliquer le plan. Et 30 minutes plus tard, on est dans le van avec 6 philippins surpris de nous voir débarquer.

Effectivement à Buliluyan qui est un trou, il y a des pirogues et on embarque direction l'île de Buguik pour s'installer sur l'immense plage de sable punta serabing pour les 2 prochaines nuits. Ça doit ressembler aux îles thaïlandaises il y a 30 ans. 2-3 maisons en bois, un groupe électrogène pour un peu de lumière le soir et tu campes sur la plage.

Faut venir ici très rapidement car ils sont en train de construire une piste d'atterrissage pour avion. Ça va se développer à une vitesse ensuite. Dans moins de 5 ans, t'as Macdonald...

Les philippins ont pas l'air trop content de se retrouver avec nous et on fait même table à part. Étonnant pour des philippins.

Et incroyable, y a un autre couple de français qui est là depuis 2 jours. Eux ont été prévenus à l'avance qu'ils pouvaient pas prendre le bateau et en cherchant sur les réseaux sociaux ils ont découvert que le gouvernement locale avait demandé aux touristes sur l'île de Balabac de partir. Et ils ont trouvé une agence qui les a fait passer par le même chemin que nous.

Seul gros hic, on a un temps très moyen, des gros nuages gris donc sable blanc et mer turquoise, ça rend pas vraiment.

Le couple a un drone, ils ont fait la veille des vidéos incroyables avec un super soleil. Tu les as récupérées car vu le temps qu'il fait, jamais tu verras pareil.

Première après midi à buller sur une plage. C'est le seul moment où tu auras des éclaircis. T'as lâché les 2 autres français qui veulent rester dans leur coin et t'as embarqué sur le bateau des français et de leur drone, direction une minuscule île, Bobby, où des gamins s'amusent. Quand ils ont vu le drone, ça a été la folie. Dîner de crabes et de riz bien sûr...

T'as acheté une bouteille d'alcool et invité les philippins mais que dal. Vraiment surprenant.

La nuit annonce le temps du lendemain : il pleut dans la tente à 2h du matin, oui pas de surtente ici. Lendemain, au réveil, temps super pourri, gros nuage gris..

On a une pirogue pour nous, apparemment les philippins veulent être seuls sur leur pirogue.

C'est parti pour rejoindre la première île, un banc de sable qui fait 1 km de long, la plus grande des philippines. On y est à marée haute, bon, il reste plus que 100m, ça rend pas pareil. Sinon, ils ont des étoiles de mer qui semblent venir d'une autre planète et à certains endroits, il y en a des centaines.

Destination une autre île paradisiaque. A chaque fois, à part quelques cahutes de pêcheurs qui ramassent des algues, il y a personne.

On navigue sur des eaux de couleur incroyable avec du soleil mais avec ce temps de merde, ça fait chier.

Il y a une petite île fabuleuse, Onuk, avec un tout autour des couleurs bleues et vertes. Un petit paradis. C'est l'île à pas rater. Mais avec notre pirogue à balancier qui se traîne il faut plus d'une heure et la mer est de plus en démontée. On se tape des creux deux fois plus haut que la pirogue. Toi, t'avais ton kway et t'as quand même prix cher, les 2 autres avaient rien et ça a été dur.

On arrive enfin à l'île, temps pourri, tu fais 2-3 photos histoire d'avoir pris des photos... Ça fait pas 10 minutes qu'on est là que le pilote de notre pirogue nous dit qu'on doit partir. Le maire de Balabac, qui est le propriétaire de l'île est ici avec des invités et elle veut qu'on dégage... T'es en train de discuter avec les invités du maire, qui t'offrent une noix de coco, et au même moment on te dit de dégager.... Pareil pour le groupe de philippins. Façon avec ce temps de merde..

On rembarque sur la pirogue, on est sensé aller voir une autre île mais vu la météo et les vagues, on souhaite juste rentrer au camp. Sauf que ça s'aggrave. Il se met en plus à pleuvoir, on voit plus les îles au loin et parfois vu la puissance du moteur, on a l'impression de faire marche arrière. Quand le temps commence à se dégager, virage à 90°, on allait pas dans la bonne direction. Et là tu te dis que t'es sur une petite pirogue à balancier dans une région déconseillée par l'état français et interdite par le gouvernement local. En cas de la moindre merde, on va pas être beaucoup soutenu... Grand moment de solitude quand en pleine mer le moteur a eu des ratés et qu'on s'est arrêté...

On est arrivé en piteux état mais pour le pilote du bateau, c’était tranquille. La française tremblait encore 30 minutes après avoir posé les pieds sur la terre ferme tellement elle s'est fait peur. Toi, depuis que t'as sauvé de la noyade une gamine, t'es devenu à moitié marsouin...

Un autre groupe de philippins a débarqué au camp. Ils dormaient sur l'île du maire et ils ont du partir aussi. On a la raison. En fait, le maire fête son anniversaire demain sur son île et va y avoir des VIPs (dont tu fais pas parti...) et il veut voir aucun baltringue traîner....

Le pire c'est ceux qui vont vouloir se pointer sur Onuk, le jour de l'anniversaire du con de maire...

Lendemain matin, le temps est un poil mieux mais tu compares ce que tu vois et les vidéos de ceux qui y étaient la veille, t'as l'impression de pas être au même endroit... On s'arrête encore à 2 petites îles avec toujours cette couleur incroyable. Alors, ouais les photos, t'as accentué le contraste pour essayer de faire ressortir la couleur de la mer mais regarder les nuages à l'horizon..

Retour au port trempé, tu négocies avec un mec pour qu'il fasse 60 bornes avec sa moto pour te ramener à Rio Tuba pour récupérer ton scooter et ensuite c'est 4h30 de route pour arriver à Puerto Princessa à la nuit. Ouais, car repasser une journée à Rio Tuba à regarder passer les camions.... Celles qui balaient la rue pour enlever la poussière portent même des casques, ben ouais quand tu bosses pour une entreprise minière, la sécurité compte. (photo spécialement pour Clauzel...)

Sans déconner, toutes ces bornes pour un guide invisible et de la pluie sur une des plus belles îles du monde qui est encore intacte.

Donc, toutes les vidéos de drone, ce sont pas les tiennes et t'as pas vu la même chose.

Par contre, si vous cherchez un endroit encore pas touché par le tourisme, c'est là qu'il faut venir et vite..

Ricardo qui pleure...

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Direction le nord de Palawan. Port Barton, il y a dix ans, devait être un paisible village de pêcheurs au bord d'une jolie plage. Puis, des touristes ont trouvé le coin sympa. Depuis, c'est en train de se transformer mais juste au bon niveau. Pas de gros hôtels mais plutôt des maisons qui sont devenues des guesthouses. Des petits bars et restos les pieds dans l'eau, pas de bagnoles et pas de hordes de coréens ou chinois. Pas de rue goudronnée, pas de banques et ils ont l'électricité depuis peu. Et tu peux faire du Island hoping.

C'est le coin avec à la fois la tranquillité et de l'ambiance le soir. C'est con t'as booké 3 jours de bateau pour rejoindre Coron à partir de El Nido, donc c'est un peu la course.

Le seul hic, la mer est pleine de méduses et la plage de sand fly donc côté baignade... En plus les chiens pleins de puces squattent les endroits à l'ombre sur la plage. Du coup, comme ils ont fait que dormir toute la journée, la nuit c'est un concert d'aboiement sans fin. Ça réveille les coqs qui, du coup à 3h du matin commencent leur putain de cocorico. Et ça doit aussi réveiller le curé qui fait sonner les cloches de son église. Manquait plus qu'un barbu et son minaret. Nuit cauchemardesque.

Du coup Port Barton, finalement dubitatif !

Ensuite c'est El Nido, certainement la 2eme destination touristique des Philippines. Là aussi, ça construit et du gros pour le tourisme de masse. Les coréens vont bientôt débarquer. La baie avec la plage de Corong Corong est superbe avec son eau transparente et au loin l'archipel des Bacuit, des montagnes karstiques. Ils ont 4 tours en bateau À, B, C et D. Ça pue, tu vas te retrouver sur un bateau avec 30 personnes et faire les mêmes spots en même temps que tous les autres bateaux. Donc t'as essayé de privatiser un bateau mais super cher et côté bateau de pêcheur, t'es pas sûr que tu vas faire vraiment voir tous les beaux spots car on arrivait pas à se comprendre avec le gars. T'as trouvé un truc intermédiaire, À, C et D en 1 fois sur un speed boat avec 10 personnes max.

On est 8 dont 7 qui parlent français, la journée a été longue pour l'écossais.. Ouais il a pris une agence française donc ça aide pas. On est parti dans l'archipel de Bacuit en face de El Nido. C'est pas compliqué, à part les deux derniers stops, on s'est arrêté qu'à des plages où il y avait personne à part nous. L'eau est d'un vert transparent. T'as jamais du passer autant de temps sur des plages, ouais ça change de l'Irak ou des pays dans le genre...

Côté snorkling, on était allé sur un spot pour voir des tortues mais elles bossent pas le dimanche, c'est ballot. Par contre les méduses étaient de sortie et comme des chinois en bande, pas en solo. Quand tu vois le pilote du bateau en prendre une à pleine main et la balancer plus loin, tu te dis que si t'en touches une ça devrait pas être trop grave.

Par contre, t'as voulu faire des photos, de l'eau jusqu’à la taille, t'as glissé sur du corail, t'avais dans une main l'appareil photo, dans l'autre le téléphone. Bon, t'as sacrifié l'appareil photo...

Une des plages a servi koh lantah version russe. La plage est magnifique. C'était il y a 3 mois. Bizarre, il y a une cahute en bois où vivent les gardiens de l'île. Apparemment, ils ont caché la maison en bois pour l'émission.

Sur la plage où on a pique niqué, un gars a sorti son drone. Ouais, si t'as pas ton drone, c'est que t'es pas à jour. Mais ça prend trop de la place dans le sac mais qu'est ce que ça rend top en vidéo.

Parfois, on croise les bateaux sur les tours classiques, ils sont une vingtaine sur le bateau et tu te dis que sur ce coup tu l'as bien joué.

On arrive à 'secret beach', tellement secrète qu'il y a 10 bateaux devant. Pour y accéder il faut nager et passer par un petit passage dans une paroi et derrière un petit lagon et une petite plage de 10m de sable et 50 personnes. Mais chutttt, faut rien dire, c'est la secret Beach. Bon cassos, direction le big lagoon. T'as le small et le big lagoon mais tu peux pas faire les 2 le même jour, il y a un quota et ils font du dispatching. Là, pareil, dix bateaux. Tu dois louer un kayak pour aller dans le lagon. Tu vois quoi sortir du lagon ? 10 kayaks accrochés à la queue leu-leu avec des gens en gilets de sauvetage et ce sont juste les philippins de devant qui pagaient. Ah oui, tu te demandais où étais les chinois. Les voilà ! Bon re cassos.

Demain t'embarques pour 3 jours de bateau afin de rejoindre l'île de Busuanga appelée plus couramment Coron. On fait plusieurs stops et on dort dans des campements au milieu de nulle part. Bon, OK ça va être encore de la plage... Qu'est-ce que ça va être dur ensuite en Amérique du Sud. Mais juste avant, il y aura quelques stop dans des îles du pacifique.

Ricardo, le plagiste

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Yo,

3 jours de bateau afin de traverser les îles du nord de Palawan. On est 25. Un peu de tout et même de l'estonien. L'agence, Tao philippine, a une quinzaine de camps dans les îles. Respect pour le mec qui a conçu les sortes de cabane car elles sont superbes, tout en bois et bambou.

Pendant 3 jours ce n'est que des stops pour du snorkling. L'eau est super claire et les coraux superbes. Les plages de sable sont superbes, l'eau transparente, à se demander pourquoi le tourisme s'est pas développé ici.

Y a 2 française, à la première baignade, une s'est ouverte le pied sur l'échelle de bois. Grosse blessure. Au USA, elle aurait fait un procès à la compagnie. Elle a quand même eu un énorme coup de pot car y a une belge qui est médecin urgentiste avec tout le matos pour lui faire des points de suture. Pour elle, terminée la baignade.

Sur chaque bateau de cette compagnie, il y a une mascotte, un chien. Le notre à 11 mois et est complètement dingue de kayak. Ouais de kayak. Car à chaque fois qu'on fait du snorkling, ils sortent des kayaks pour la sécurité. Et le chien fonce pour sauter dans le kayak. Et véridique, il regarde dans l'eau pour voir les poissons.


L'île Coron est assez impressionnante, de loin, elle n'a l'air faite que d'une succession de petit mont karstiques couverts de verdure et totalement inaccessible.

Les touristes n'ont pas le droit d'y dormir. Il y a plusieurs lacs Kanyagan et Barracuda où l'eau est incroyablement transparente. C'est ultra touristique donc avec 4 autres français t'as privatisé un bateau pour faire les visites quand il y a le moins de monde. Le guide voulait y être à 8h mais tu lui dis que le soleil va être bas et donc on aura pas les jolies couleurs de la mer. Non, qu'il dit. Donc on y va, et effectivement le soleil était encore bas du coup tu l'as fait chier pour qu'on y retourne à 12h... La vue en fonction de la journée

ils ont des très beaux lacs mais depuis qu'une personne s'est noyée, tu dois te baigner à la chinoise avec un gilet de sauvetage et dans une zone limitée. Nous, y avait personne mais faut imaginer quand il y a 300 personnes. L'autre attraction est le twin lagon.

2 lagons qui se rejoignent par un petit passage où tu peux nager à marée basse. Ça y est les groupes sont arrivés, c'est le bordel et t'as des groupes qui s'accrochent à la queue leuleu et se laissent tirer par leur guide..

Un autre spot est le snorkling au dessus d'une épave qui est à 10m de profondeur. Quand on y arrive, t'as de dizaines de bateaux et des gilets de sauvetages partout sur l'eau alors qu'en mer on est pas obligé de les porter. Ça rie, ça piaille, c'est un bordel car en plus ils savent à peine nager. Tu pousses les gens sinon ils ont en rien à foutre, bon cassos. Par contre ici les poissons savent qu'ils peuvent bouffer gratos car dès que tu jettes un peu de pain, ils sont plus d'une centaine à se jeter sur toi et te taper dans la main pour que tu libères le pain.

On passe sur les plages de sable. Il suffit qu'il y ait une plage de 30m pour qu'elle devienne privée et tu payes un droit d'entrée. En fait, ici tu payes à chaque stop même pour nager au dessus d'un jardin de corail, du grand n'importe quoi. C'est ton dernier jour en bord de mer, demain retour sur Manille puis 8h de bus pour rejoindre la ville de Banaue pour aller faire des treks dans les rizières en terrasse.

Wiling wiling 


Malcapuya 

Ricardo, byebye playa

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Yo

Il te reste 2 petites semaines aux philippines. On oublie ces plages idylliques et lassantes... pour retourner sur Manille et choper un bus de nuit direction Banaue. Les 4 dernières nuits à Coron ont été compliquées entre le bruit des bagnoles toute la nuit puis un groupe de philippins qu'a débarqué et qui à 6h du matin se croit à l'église et se met à chanter et prier dans la guesthouse. Et le top, le dernier soir t'étais tranquillement assis dans la partie commune de la guesthouse quand t'as réalisé que ça te grattait de partout. Ouais t'as juste une cinquantaine de piqûres de puces ou autres bestioles sur les fesses... Le rêve. Donc peu dormi et là à 21h tu embarques pour 9h de bus glacial.

T'as contacté la veille plusieurs guides mais aucun n'est dispo ou veux te suivre sur ce que tu veux faire. En fait, tous proposent des treks de 2 ou 3 jours et toi, histoire de faire un truc différent tu veux faire 4 jours en passant par des petits villages. T'arrives à 5h du matin dans le bled de Banaue, des dizaines de guide attendent les touristes du bus avec une pancarte àt leur nom.. Toi, t'en as 2 qui ont ton nom alors que tu leurs a dit que t'étais pas intéressé.

Tous les touristes avec qui t'as parlé font 2 ou 3 jours puis repartent. La vache, tu te tapes 9h de bus pour marcher un petit peu, dormir dans un village, remarcher 3h et te retaper 9h de bus de nuit pour revenir sur Manille. T'en as fait des trucs cons mais là, chapeau.

Avant de vous raconter le trek, la question est pourquoi venir à Banaue ? C'est la région où t'as immenses rizières en étage. Certaines comme celles de Batad sont classées au patrimoine de L’UNESCO. Ouais, ça rigole pas, apparemment du paysage qui pique les yeux. T'as pas lâché les plages pour 2 brins de riz...

Donc, t'as pas de guide et tous les autres font le circuit standard. Toi t'as vu sur les sites des agences de trek françaises qui proposent 6 jours de trek dans ce coin mais tu veux le faire en 4. Donc on t'amène à l'office des guides et t'explique ton cas. Oùla, ça à l'air compliqué. Il y a très peu de guides qui connaissent ces sentiers.

A côté, t'as 2 jeunes françaises qui pipent pas un mot d'anglais et qui ont réservé 5 jours dans une guesthouse à Batad, le guide leur demande ce qu'elles vont y foutre car 1 à 2 jour max sur place ça suffit. Déjà qu'elles doivent attendre 6h à Banaue pour chopper le transport qui les enmene à Batad, elles ont l'air dépité.

De ton côté, ça cherche toujours une pointure qui connaîtrait les chemins. Tu discutes avec un français qui est fier d'être là depuis 1 mois et donne des conseils sur les circuits. Tu lui demandes s'il est déjà allé où tu veux aller. Que dal. Encore un baltringue qui se la raconte... On te dit que c'est trop compliqué, qu'il faut aller à Batad pour trouver un guide. Sans déconner les gars, le chemin que tu veux faire il est parfaitement indiqué sur votre carte qui est au mur et tous les villages sont précisés. C'est le bureau des guides où celui des majorettes ? Car côté majorettes qui savent pas marcher, t'en connais un wagon en France... Non, pas de nom..

Alleleouia, t'as de la chance selon eux, ils ont en un sous le coude qui est en ville. Quand tu le vois débarquer, en tongs roses, jean's, blouson noir et en train de mâchouiller sa noix de bétel, tu te dis que c'est une blague. Le guide avec qui tu discutais (pas le charlot de français) lui explique ce que tu veux faire et l'autre à l'air super dubitatif. Oùla, ça pue cette histoire et en plus le gars t'ignore. Tu leur dis que c'est toi qui va marcher donc t'aimerais bien qu'on parle avec toi.... Ca discute, ça discute. Tu leurs dis même les étapes prévues. Bon, ça l'air de le faire. Côté tarif, c'est un peu cher mais pas con ils ont bien compris que t'as pas trop le choix.

Emerson, ton guide, t'enméne au marché, histoire d'acheter ta bouffe pour le repas du midi. Le mec a même pas un sac à dos juste un tout petit sac en osier. Et quand tu lui fais remarquer, le mec pas inquiet du tout. Tu lui dis que tu peux attendre le temps qu'il aille chercher ses affaires. Impossible, il est d'un bled à 20 bornes et tous les matins il vient à 4h pour attendre de voir s'il se fait engager comme guide. Ahahah, c'est la meilleure, les guides locaux connaissent pas le chemin mais le mec qui crèche à 20 bornes, en tong rose et blouson noir le connaît. Si tu finis pas perdu dans la jungle...

En discutant, tu comprends que le gars est à la base porteur et il n'est guide que depuis 2 mois. OK, clairement, à ce moment tu te dis que c'est pour la caméra cachée. On tchatche un peu et tu découvres que malgré son côté cool Raoul et son look de guide de ville, il a l'air d'être très bien. Il t'explique que le circuit que tu veux faire, uniquement les agences de trek le proposent et les guides locaux se limitent au circuit standard. Et lui est porteur pour le sous traitant local des agences françaises d'où le fait qu'il connaît le chemin. En plus, il y a une semaine, il l'a fait avec UCPA. Ah ça va mieux. Et en plus, très sympa.

On part en tricycle rejoindre le point de départ du trek et en cours de route tu t'arrêtes à différents points de vue sur la vallée avec ces fameuses rizières en étage. A chaque point de vue, des anciens, en tenue traditionnelle rouge et coiffe en plumes de poulet t'attendent pour poser pour la photo.

Bon, côté photos, faut pas s'emballer, t'as un sale temps grisâtre blindé de nuages et même avec un coup de photoshop ça va pas faire l'effet waouh. Si t'as 4 jours comme ça...

Le tricycle t'abandonne au point de départ et nous voilà partis, Emerson avec son minuscule sas à dos en osier tressé et toi, comme dhab, une tonne de merdier inutile sur le dos. La première chose que tu vois sur une branche en plein milieu de la jungle c'est...de la pub pour des politicards pour les prochaines élections. Ouais dans la jungle...et il y en a partout

Et le gars Emerson, avec sa démarche tranquille maîtrise. Il t'explique qu'il faut faire gaffe à ce type de fourmi car si elle te mord tu pleures pendant 10 minutes tellement t'as mal, qu'il faut pas toucher ces feuilles car elles sont urticantes, mais que par contre, celles ci servent de papier toilette. A ce sujet, en plus d'être dans le coltard par manque de sommeil, de te gratter sans arrêt à cause des piqûres de puces, t'as l'estomac en vrac mais vraiment en vrac malgré les médocs donc tu notes ces feuilles..

La marche est en descente et tu longes très souvent des rizières. Côté météo ça s'arrange avec un semblant de soleil quelques instants mais sinon c'est la grisaille. C'est con car c'est très joli. Bon, tu regardes quand même beaucoup où tu mes tes pieds car il y 5 à 6 mètres entre chaque étage des rizières et comme tu marches au bord, faut surtout pas se vautrer d'un étage.

A 90%, tous les touristes que tu rattrapes sont français. C'est pas compliqué, tu tapes dans une pierre, t'as un français qui apparaît...

T'arrives vers 13h au village de Cambulo où les touristes sont répartis entre 4 guesthouses. En chemin t'as croisé un groupe de 8 françaises qui faisait une balade autour du village mais manque de pot, elles devait être dans une autre guesthouse. De tout façon, elles se la pétaient....Comme d'hab princesse...

Ici, ils mâchouillent tous la noix de betel qu'ils mélangent avec une feuille, de tabac et un peu de chaux. Ça leur fait les lèvres rouges et des dents dégueulasses et ils passent leur temps à cracher une salive rouge. Emerson a commencé à l'âge de 12 ans et un dentiste se suiciderait quand le gars souri. T'as vu des gamins de 7-8 ans avec déjà les dents rouges.

D'autres touristes arrivent au fur et à mesure dans la guesthouse mais à part un couple de belge, que des français. Personne ne sait pourquoi il y a que des français ici.

Le soir, des enfants du village viennent avec une institutrice pour nous chanter des chansons traditionnelles mais surtout des comptines françaises. On a eu le droit à toutes. T'as un bout-chou, avec sa guitare qui s'est mis à chanter/crier. Faut voir la vidéo mais dans 15 ans c'est le nouveau Johnny Hallyday philippin.

Puis les enfants font des démonstrations de danse et il faut ensuite danser avec eux. Tu t'es retrouvé avec une coiffe en plumes de poulet à danser en sautillant mais ce qui se passe à Cambulo reste à Cambulo... Et ensuite, on doit leur apprendre une chanson pour qu'ils la rajoutent à leur répertoire, ça a été 'sur le pont d' Avignon'. Ouais, on fait ce qu'on peut. On fait une donation, et avec l'argent, l'instit va acheter des biscuits qu'on distribue ensuite aux enfants. Et bien, entre la noix de bétel et les gâteaux, y a du taff à vie pour un dentiste ici.

Lendemain matin tu laisses tous les autres partir dans la même direction. Toi, ca va être différent.

C'est la remise de diplômes à l'école et les gamins ont la même tenue que lors de la remise des diplômes des étudiants américains. C'est une policière qui fait le discours...

Aujourd'hui c'est surtout de la montée. Il faut se retaper la remontée des différents niveaux des rizières et le plus sympa c'est qu'on va en direction des nuages. On a démarré vers 9h et Emerson te dit qu'on s'arrêtera à mi chemin à midi pour déjeuner. Hein quoi, on a que de la montée et au bout de 3h on aura fait que la moitié? Plus on monte et plus on est dans les nuages. Le terrain est glissant et boueux et la pluie rentre dans le game. T'as beau être sous la jungle, tu commences à être humide voir mouillé.. On arrive à une endroit, Emerson te demande l'heure, il est 10h20. Bon, ben c'était le stop pour le repas du déjeuner... Soit on est des fusées soit il est mauvais en timing. En tout cas, c'est sûr qu'il connaît le chemin car jamais tu le trouves. Finalement on arrive au col à 11h20, plus trempé qu'une serpillière qu'a traîné une journée dans un sceau d'eau. On est sensé avoir un super point de vue. Ouais, tu vois de la pluie et du gris. Et dire qu'il y a 2 jours tu buvais des bières sur la plage en te protégeant du soleil, faut être con..

Le village est plus trop loin. On a plus que 40 minutes de marche. On aura mis 3h au lieu des 6 annoncées. Alors, le village s'appelle Patyay, une dizaine de cahutes. L'endroit où tu vas dormir, chez l'habitant est désert à part 2 gamines de 10 ans. Les parents sont dans les rizières à trimer. Après midi à regarder la pluie tomber et écouter Emerson t'expliquer les coutumes locales :

Concernant les successions, par exemple si la famille a 5 enfants et 3 rizières, la plus grande va à l'aînée, la 2eme plus grande au second et ainsi de suite et la maison va au plus jeune. Donc dans ce cas, le 4eme enfant a walouh.

Dans certains cas, plusieurs années après un décès, ils récupèrent les os, les nettoient et les gardent dans un coin du grenier. Si une personne de la famille est malade et que le docteur ne sait pas le soigner, ils font une cérémonie avec les os.

La journée passe, si tu veux bouffer, tu dois bosser. On récupère des bottes de riz dans le grenier et il faut d'abord les égrainer. Ensuite tu les mets dans un gros mortier. A ce moment tous les poulets et poussins rappliquent et attendent le show avec impatience. Avec un gros pilon, tu tapes dans le riz qui est dans le mortier pour l'écorcer. Faut pas se rater car si tu tapes pas pile au milieu du mortier, ça fait valdinguer le riz en dehors du mortier et c'est ce qu'attendent les poulets avec impatience. T'as essayé avec précaution, ouais on parle de ta bouffe. Les poulets se sont gavés mais il y aura vengeance ensuite.

T'as laissé faire le pro. Ensuite dans un grand panier il fait sauter le riz en l'air pour que l'écorce s'envole. Bon, faut le faire plusieurs fois pour arriver à n'avoir plus que le riz. Tu l'aurais fait, au mieux t'aurais récupéré 10% du riz initial et les poules auraient fait une indigestion.

Bon, c'est sympa le riz mais ça manque de protéine. Donc côté poulets, ils devraient la jouer profile bas. Ils devraient savoir que quand un touriste débarque faut pas traîner dans le coin. Résultat, c'est la petite fille de 10 ans qui tenait le poulet quand Emerson l'a égorgé, puis mis dans le feu, plumé et découpé en moins de 10 minutes

Toi, tu traînes près du feu en essayant de faire sécher tes fringues et réchauffer tes vieux os. T'auras pas vu un rayon de soleil de la journée, on est à 1500m d'altitude et il fait pas chaud. Ouais, tu crois que tu l'as écris juste avant mais dire qu'il y a 2 jours, t'avais trop chaud. Les proprio ont débarqué à la nuit. On a tapé du riz dans leur grenier et flingué un poulet en leur absence mais pas de problèmes... Va faire ça à un paysan français. D'un autre côté, le matin ils t'ont fait payer le prix du poulet comme si c'était leur animal préféré et le riz comme si c'était introuvable dans le coin. M'enfin...

On a discuté bouffe. C'est interdit aux philippines de bouffer du chien mais ici dans les montagnes ils se tapent des règles du gouvernement. Le gars te montre une gentille chienne assise à côté qui attend des petits et te dis qu'une fois les chiots sevrés, elle finira dans la marmite.

Allez c'est pas tout de parler de recette culinaire locale, tu manges ton riz et ton poulet pour le petit dej et c'est reparti..

Ricardo qui se pèle...

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Yo,

Aujourd'hui on a encore pris cher. On est parti de Patyay, tu t'es retourné et t'as vu quelques rayons de soleil alors que toi tu descendais dans la vallée vers les nuages. On a plus de 1200m de dénivelé en descente à se taper. C'est pas compliqué, ils ont fait des marches en béton, t'as du descendre 3 fois la tour Eiffel.

Bien sûr il a commencé à pleuvoir. T'as le choix entre être trempé par la flotte ou mettre ton poncho qui fait office de sauna et être trempé de sueur. Finalement tu feras les 2. C'est pas compliqué, on a eu 2 moments où il s'est arrêté de pleuvoir, c'est lorsque qu'on s'est arrêté. Sinon, de la flotte, de la flotte et de la flotte.

Bizarrement Emerson s'arrête. Kesako ? Juste un serpent qui passe. Ras le bol du riz, il pouvait pas l'attraper ! Bon, ok, c'était un cobra...on fera plusieurs stops pour les laisser traverser le chemin, ici, ils sont prioritaires...

A midi, t'étais déjà au village de Tabloc où tu devais dormir. Bon, passer encore un après-midi à regarder la pluie, bof, c'est plus marrant de marcher dessous donc on a enquillé 3h de plus jusqu'au village de Patpat. Entre temps et on est repassé par la route et t'as fait le plein de nouilles, ouais PLQ du riz et comme t'es en échec côté serpent... Et là, tu dors chez une mamie qui chique sa noix bétel et tu regardes la flotte tomber. Comme elle ne travaille plus dans les champs, elle passe sa journée sur son banc à mâchouiller sa noix.

Côté contact avec la population, c'est pas simple, même avec un guide. Les gens dans les villages sont super indifférents, peut-être la timidité. Mais même avec le guide, ils parlent peu et t'as même pas un mot dans leur patoi local pour dire bonjour.

Et côté riz, chaque village plante un riz différent.

Gros problème, t'as du trimbaler les puces de la guesthouse de Coron car tu te réveilles encore piquer de partout. C'est un cauchemar.

Ça y est dernier jour de treck, c'est le jour pour se balader dans les fameuses rizières de Batad. Côté soleil c'est aujourd'hui ou jamais. Et coup de chance, alors qu'il a plu toute la nuit, tu te réveilles avec un ciel à moitié bleu. Du jamais vu sur ces 4 derniers jours. 3h de marche pour rejoindre les fameuses rizières de Batad où, mektoub, t'as du soleil. Il y peut-être 30 niveaux de rizières. On dirait un amphithéâtre de rizières. Et celles où le riz est le plus 'avancé' sont celles du chef du village car ce sont celles qu'on plante en premier...

Donc voilà les quelques photos avec du soleil.

T'es monté sur le toi du jeepney pour revenir sur Banaue et t'as enquillé avec un autre pour aller à Bontoc. Bien sûr, pas un touristes mais t'apprends que dans deux jours tu as le festival le plus important de la région. Samedi matin, toutes les tribus des montagnes environnantes vont venir danser en tenue traditionnelle.

Ca te permet de récupérer de tes jours de flotte mais surtout de filer toutes tes fringues au pressing en espérant qu'il y aura pas des puces dans le sac à dos et d'aller chez le pharmacien acheter des produits anti démangeaison et un savon spécial.

Grande première pour les puces.

Incroyable, t'as raté l'élection des miss il y a quelques semaines mais là tu tombes sur l'élection de miss moutain province. Ton appareil photo est définitivement mort donc côté zoom de nuit, ça rend pas grand chose....

Après grande réflexion, sur les 2 mois passés aux Philippines, sur tous les treks tentés, t'en as eu qu'un seul avec du vrai beau temps. La moitié ont été interdits et les autres t'as pris un temps pourri. Finalement t'es peut être fait pour buller sur la plage...

Ricardo, sac à puces

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Ca continue côté puces.. T'as tout filé à laver, t'as mis du pschitt pour bestioles dans tes sacs, ça s'améliore pas vraiment. A part jeter toutes tes affaires...

T'es toujours à Bontoc, et comment dire, c'est pas ici que tu passerais tes vacances... Il va y avoir un festival et tous les villages environnants vont venir défiler en tenue traditionnelle, du coup tu restes. T'as un jour à attendre, tu vas dans le petit village touristique de Sagada voir des cercueils accrochés au flanc d'une colline. Tout le monde parle de Sagada, mouais. Ils ont packagé les treks et ca donne pas envie.

Retour à Bontoc pour le festival. Ils commencent par un défilé dans la rue principale. T'as fais une petite vidéo résumé.

Beaucoup de monde mais très peu d'étrangers. Faut reconnaître qu'ils sont pas futés. Quand t'es passé à l'office du tourisme, ils ne t'en ont même pas parlé. C'est ton nouvel ami, le pharmacien à qui tu achètes tes pommades anti démangeaisons, qui t'as prévenu.

Tu prends en jeepney pour aller dans la région de Kalinga, des anciens coupeurs de tête. Il devait partir à 13h donc tu t'es pointé à 12h et déjà il était blindé de monde. Le temps de charger différents sacs sur le toit, on est parti à 14h. 2h à attendre dans une boîte à sardines en plein soleil. Il y a 45 bornes, on mettra près de 3h. A la mi temps, tu t'es installé sur les sacs de riz sur le toit, au moins tu peux étendre tes jambes et t'as une superbe vue sur les rizières en contre bas. La semaine dernière un gamin s'est endormi sur le toit du jeepney et est tombé, mort...

La route, à flanc de colline, suit la rivière Chico au fond de la vallée . La route est en très mauvaise état. Certaines parties de la route ont déjà fini au fond du ravin, 300m plus bas. Le jeepney doit slalomer entre les rocs tombés sur la route. Manquerait plus qu'une pierre te tombe sur la tronche.

T'as un autre touriste dans le jeepney. Il s'arrête au village de Busculan qui est devenu 'connu' grâce à sa star mondiale. Une mamie de plus de 100 ans qui tatoue traditionnellement des motifs ancestraux. C'est la dernière qui fait çà donc des centaines de gens rappliquent pour se faire tatouer par elle.

Maintenant, elle a des assistantes qui tatouent à sa place et elle fait juste 3 points, genre signature. C'est devenu un vrai business, car le week-end tu peux avoir plus de 300 charlots qui débarquent pour se faire tatouer par elle, enfin... avoir les 3 points pendant qu'une autre tatoue vraiment.

Toi, t'es à Luplupa, un petit village accessible uniquement à pied via une passerelle métallique qui donne pas confiance. T'as un allemand qui s'est installé ici il y a 20 ans et a ouvert avec sa femme pinoy une guesthouse. Il doit pas faire fortune vu le peu de pimpims qui y passent.

L'année dernière, il y avait de grosses tensions entre le village de Tinglayan et Tulgao pour des histoires de rizière et les mecs se tiraient dessus au fusil. Depuis, ceux de Tulgao ont coupé l'arrivée d'eau dans les rizières, ambiance. Apparemment dans la région, l'état laisse les gens régler leurs problèmes entre eux.

Tu lui dis que tu cherches un guide pour enquiller du trek. Sa femme te ramène une de ses copines, soit disant guide, mais t'insistes sur le fait de beaucoup marcher et elle insiste pas. Du coup, tu es parti avec le voisin, 2 jours dans les montagnes, chasser le cochon sauvage et dormir dans une grotte. Le mec est pas guide, c'est juste un chasseur du coin.

Mais qu'est ce que tu vas encore t'embarquer dans un plan foireux, se taper des heures de marche dans la jungle, transpirer et dormir dans une grotte. Tu le sens que ca va être un plan naze.

Il t'a conseillé de partir en pantalon long et chaussure pour éviter les herbes coupantes et les sangsues. Ah ouais, manquait plus que les sangsues. Lui, en long pantalon dans des bottes en caoutchouc et toi, tu l'as forcément écouté, en sandales et bermuda. Au moment de partir sa femme te dis que ça va pas le faire avec tes sandales car tu vas te vautrer dans les descentes. Il lui dit un truc en patoi, certainement ''laisse Jacqueline, pour une fois que je peux me faire du pognon en allant à la chasse avec un charlot, même s'il met des escarpins, on y va''. On est parti avec son fusils et ses trois chiens. Objectif euh... Pas d'objectif...

On doit d'abord gravir la montagne en suivant un chemin dans la forêt / jungle. C'est pas compliqué, ça ne sera que de la montée. Au sommet tu t'apercevras qu'on a enquillé 1300m de dénivelé.

A chaque stop tu vérifies tes sandales, c'est jour de fête pour les sangsues. Ouais, généralement elles font face à des bottes en caoutchouc. Sur toi, c'est un accès direct avec buffet à volonté. Résultat tes pieds sont plein de sang et de boue. Entre les sangsues et les moustiques t'as dû laisser un paquet de sang. Ah oui, pas la peine de parler des moustiques...

Les clébards sont aussi bourrés de sangsues.

On est donc parti avec 3 chiens doit disant de chasse mais ce sont trois baltringues. Le premier en faisant le con, s'est frotté la tête à une plante urticante et il fait des bonds et se frotte sans arrêt sur le sol. Puis il se couche 10 secondes sur le chemin et se relève en aboyant sans raison. Le deuxième s'est perdu dans la jungle et a pleuré jusqu'à ce qu'il retrouve le bon chemin. Et quand tu regardes le troisième, t'as l'impression que les neurones sont pas connectés. C'est pas compliqué, toutes les bestioles à des kilomètres à la ronde nous entendent débarquer. Si avec ce trio de pattes cassées, on choppe un truc, au mieux ça sera un rhume. Tu le laisseras plusieurs fois s'embarquer dans la jungle avec ses cleps mais à chaque fois retour bredouille. Il a une pétoire qui tire du 22, s'il se retrouve face à un gros sanglier, faut vraiment qu'il le choppe en plein tête.

Après le sommet à plus de 1800m on redescend direction la grotte. Oh putain, la grotte... Tu t'attendais à une vrai grotte. C'est juste le dessous d'un énorme rocher que les chasseurs ont aménagé en camps. On doit pouvoir tenir à 5 accroupis. Et c'est là où tu vas dormir. Bien sûr, les chiens, crevés, se sont déjà installés. C'est cool, tu vas pouvoir récupérer des nouvelles puces... Au moins, y a un coin feu car t'as rien amené pour dormir, pas de sac de couchage, de matelas gonflable où même une couverture.

T'as déjà dormi plusieurs fois dans la jungle mais vu cet endroit, si tu choppes pas le choléra et la peste, tu t'en sortiras bien. Il y a un vieux pantalon couvert de champignon, les ustensiles de cuisine sont à la fois pourri, plein de rouille et de champignons.

14h, la journée va être très longue. Quand t'es en dehors de la ''grotte'', les abeilles te font chier pour te piquer ta sueur. Oui, y a aussi les abeilles. En plus les nuages arrivent et le temps se rafraîchi. Le chasseur est parti avec ses cleps chercher une sorte de rotin qui se mangerait. Tu t'es fait porter pâle et t'en as profité pour augmenter le thermostat du feu mais t'es à la limite de foutre le feu partout....

Le gars est de retour, il est environ 16h, il sort des vieux sacs vides de riz qu'il met sur le sol, te file 2 couvertures, il s'installe le long du feu et te dire que c'est l'heure de dormir. Hein , quoi, à 16h ? Ah ouais, top la journée et la nuit va être très longue. En plus, il faut que tu te fasses ta place avec ces cons de chiens remplis de puces. Au moins t'as ton sac à viande comme ça tu seras pas en contact direct avec les chiens et tu rajoutes ton poncho avant d'utiliser le semblant de couverture qu'il t'a refilé. Vous imaginez comme la nuit a été longue entre la dureté du sol, le froid, les chiens et le gars qui ronflait par moment.

Grosse pluie et coup de tonnerre, les chiens ont la trouille et se collent encore plus à tes jambes. La totale. T'as les coordonnées GPS si ça intéresse quelqu'un. Bon, c'est vrai, tu l'as pas super vendu.

Le lendemain le chasseur est levé à 5h, tu m'étonnes,13h de sommeil, enfin, pour lui.... A 7h, tu manges tes nouilles (ouais, ras le bol les repas 100% riz donc tu trimbales des nouilles) et ton riz et on repart. Avant de partir, histoire de ne pas être venu pour rien, il tire dans un arbre... On s'amuse comme on peut..

Ca fait 1 minute qu'on marche quand un des chiens jappe, il s'est pris la patte dans un collet. Il y a plein de collets sur le sentier pour attraper du gibier. Par moment, ils mettent un œuf piégé avec une petite cartouche de dynamite et quand le sanglier choppe l'œuf ça lui pète à la gueule.

2 minutes plus tard un autre revient en jappant, il a touché avec sa patte arrière les feuilles urticantes et il douille sévère. La dream team de rêve. Vu le bordel qu'on fait, t'as pas une bestiole sauvage qui n'est pas au courant que des baltringues sont à la chasse. 2h de descente dans la gadoue plus tard, les chiens s'écartent enfin du sentier, peut être ont-ils senti une trace. Le chasseur est parti avec eux mais est revenu 5 minutes plus tard, il y croit pas. Les 3 couillons ont gueulé 20 minutes dans la jungle et 2 sur 3 sont revenus. Le 3ème, toujours le même, est encore perdu dans la jungle et pleurniche. Des champions du monde, même le caniche à sa mémère mentonnaise s'en sortirait mieux. On a beau l'appeler, il vient pas. T'avais pas encore fait dans le boulet de chiens mais sur ce coup t'es servi. On est parti en abandonnant le chien. Et si demain matin il est pas revenu le chasseur repartira le chercher. Au moins une nuit dans la jungle l'aura endurci. 1h plus tard le chien nous rejoint. C'est pas compliqué, il sortira plus du chemin jusqu'au retour au village. Cool, il est 11h, encore une longue journée à s'occuper et même pas une plage où siester.

T'as trouvé un guide pour le lendemain histoire de voir les villages Kalinga en commençant par le plus connu Buscalan. Tu sens vraiment pas le guide mais vraiment pas. Départ le lendemain à 7h. Personne, tu te pointes chez lui, il discute tranquillement avec des voisins et te demande comment était ton trek de la veille. Rien à foutre. On pars où pas ? Non demain. En fait il est déjà bourré à 7h du matin.

Super, la journée commence bien. Bon, tu prends un jeepney pour aller au point d'intersection pour le village de Buscalan. A l'intersection, une femme te dit qu'elle est guide et qu'elle peut t'enmener au village. Ouais, sauf que le village c'est juste le point de départ. Tu lui montres ce que tu veux faire. Oula, ah ouais, non, euh c'est trop compliqué. Surtout que tu veux aller au village à pied et pas en scooter. Tu marches 50 minutes pour rejoindre la fin de la route et le début du sentier qui mène au village pas trop loin. Sur la route, plusieurs connards te disent que tu peux pas aller au village sans guide. Ok, et bien lève ton cul de ta chaise et sert moi de guide mais pas pour faire les 300m qui vont au village. Et là, plus personne...

Par contre, côté touristes, un monde mais surtout des locaux. Ils viennent pour les fameux tatouages mais aussi fumer de la marijuana. Apparemment, c'est très connu pour ça et comme en ville c'est très surveillé, ils viennent ici.

Ils ont transformé le village en business. Chaque pimpim qui se pointe doit être avec son guide. T'es le seul non accompagné. A l'entrée du village, le checkpoint avec un mec en talky walky. Ca tombe bien, tu cherches un guide pour marcher dans les 3 villages qui sont aux alentours, un guide quoi, pas une majorette qui te fait faire le tour du village. Quoi ? Un touriste qui vient dans mes montagnes pour marcher au lieu de fumer et de se faire tatouer à la chaîne ? Bon, il cherche. Faut savoir que le prochain village est à 30 minutes de marche, pas au bout du monde. Une jeune locale se rapplique et comprend qu'elle est tombée dans un piège. Ca va pas être possible te dit-elle, elle est 'occupée'... Mais elle va chercher une copine. Celle-ci fait des bonds quand elle comprend ce qu'on lui demande et te dit qu'il faut 10h de marche.. C'est sûr que tu vas lentement si tu lances ton bâton de majorette en marchant...

En marchant dans le village, tu découvres un des spots pour tatouage. T'as déjà 15 personnes qui attendent à la queue le leu. Super, après ils pourront rentrer très fiers de leurs 3 petits points. Tout le village tourne autour de ça. Ta ''guide'' se débarrasse de toi auprès d'une autre qui déteste marcher et qui veut te vendre un gars pour faire un tour en scooter. Ok, ras le cul. Les boulets de chiens de la veille doivent venir certainement de ce village.... Allez cassos. On te propose un guide pour descendre du village à la route principale. Putain...

Retour à la route, il te reste 14 bornes pour rejoindre ton bled. T'as commencé à enquiller les km mais bon, la route tu la connais et bof. Du coup tu fais du stop. Il est maintenant midi, tu vas pas retourner à la guesthouse. Tu vas tenter un autre village, Tulgao, qui est accessible par la route. T'as juste sous estimé la température à midi. La route ne fait que monter, en pleine chaleur et sans ombre. Résultat 1h30 plus tard, t'es encore loin et t'as plus de flotte et on t'avait prévenu qu'il y a pas de magasins sur la route. Retour sur les genoux à la guesthouse où tu te découvres couvert de boutons. Des puces ?

Tchao les charlots de Kalinga.

Dernier jour, retour à Sagada pour aller dans une grotte immense de plus de 1 km. On te dit qu'on y passe 3h, en 1h t'étais sortie en te faisant des frayeurs car, à certains endroits tu dois monter à la corde en t'aidant avec tes pieds mais tes sandales font un refus d'obstacle. Et s'il y a bien endroit ou pas se planter , c'est bien là. Et quand tu ressors de la grotte, il pleut des cordes.

Demain 12h de bus pour retourner sur Manille.

Ca fini vraiment mal les Philippines.

Ricardo, découvreur de boulets