12 étapes
3 commentaires
1
Du 7 au 21 mars 2015
15 jours
Partager ce carnet de voyage
1

Après Ténérife, le Cap Vert et les pâtés de sable de Ouarzazate, fallait récupérer un peu de tous ces voyages en all inclusive. Parce que si tu continues comme ça, la prochaine fois c’est Majorque avec des sandales et des chaussettes blanches. Alors, tu cherches un coin au soleil, dans un pays pas cher, avec des ruines à voir (ton côté culturel). Et donc naturellement tu penses à la Grèce ! En faisant des recherches sur l’Acropole, tu tombes sur http://www.acropolekhartoum.com/acropole.htm

Ça tombe bien, l’hôtel est tenu par des grecs, bon y a qqs caractères en haut du site web qui semblent bizarres mais ça doit être du grec ancien. Et c’est comme ça que tu te retrouves à Khartou.

T’aurais dû te douter qu’il y avait un truc étrange quand t’as changé d’avion à Istanbul, pas le moindre touriste en short, sauf une nana qui était habillée pour aller au bois de Boulogne. Déjà le départ a été folklo, le gars à l'enregistrement t'a fait croire que ton vol n'est pas sur Khartoum mais pour Asmara en Erithrée. Hein? Quoi? Y a juste 12h de bus entre les 2 villes et puis pas sûr qu’Asmara soit aussi pépère que Khartoum.

Ensuite, c'est sur le vol Paris-Istanbul : pendant 20 minutes, on est secoué dans tous les sens. Puis ça se calme 2 minutes et ensuite t'as une annonce du pilote pour qu'on attache sa ceinture, ça va secouer. Ah bon ? Et avant on n’a pas été secoués ? Même à l'atterrissage ça a été chaud, personne ne parlait dans l'avion. Puis, c'est le vol Istanbul-Khartoum, on reste 50 minutes sur le tarmac, problème technique, le pilote a demandé à des techniciens d'aller vérifier un truc, va savoir...

Arrivée à Khartoum à 3h du matin, le taxi de l’hôtel t’attendait, ouais maintenant tu voyages VIP (ça doit être l’âge). D’un autre côté, se démerder dès le 1er jour à 3h du matin au Soudan, c’est pas non plus le plus simple. Pas un panneau indiquant la direction de Corfou. Mal barré pour une soirée crasy sign.

Il est 3h du matin, il fait 28 degrés, ça promet. Ils ont mis la clim dans ta chambre mais trop froid et quand tu l'arrêtes, trop chaud, donc t'ouvres un peu la fenêtre histoire d'avoir un peu d'air, mouais. Il est presque 4h du matin, t'essayes de t'endormir. Impossible trop chaud donc tu comates et au moment où tu commences à t'endormir, t'as un mec qui s'est fait chier à monter en haut d'un minaret et du coup se venge et réveille tout le quartier avec son appel. Ouais il doit donc être 5h... Puis ça commence à te gratter, quand même pas des puces !!!! Et t'entends le bruit du coupable, un moustique, donc tu te relèves et t'asperges dans le noir de l’anti-moustique. Putain de première nuit

8h du matin, t'es levé. Bonne nouvelle, les mecs de l'hôtel t'ont enregistré à la police donc t'as pas à le faire. Reste le permis de voyager et de faire des photos mais il s'en occupe aussi. VIP, je vous dis !!!

T'as le numéro du patron de l'agence où t'as réservé une bagnole avec chauffeur. T'appelles, le mec est en Allemagne, mais pas d'inquiétude il va t'envoyer un de ses sbires qui a déjà fait toute la paperasse. Bizarre, ils ont ni ton numéro de passeport, ni ta photo, ils ont fait comment pour le permis ? Le mec se pointe, il baragouine 2 mots d'anglais et te montre fièrement ton permis de circuler. Euh, super, mais c'est pas ta photo. Pas de pb, la photo n'est pas collée, on peut la remplacer par la tienne. Ouais, bien sûr, et le numéro de passeport qui est inscrit n'est pas bon non plus. On découpe des numéros dans un journal et on les colle par dessus ? Il rappelle le boss en Allemagne. Bon, ils vont s'occuper de faire le vrai permis. Du coup, tu les crois moyen, les pieds niquelés, tu demandes à parler à ton chauffeur qui est censé, lui, parler anglais. Coup de pot, il t'attend à l'entrée de l'hôtel. Il s'appelle Moubarak et à chaque question il répond 'yes inchallah.' Bon, ok pour le inchallah, ici, c'est la ponctuation de chaque phrase mais à part 'yes', il sait dire autre chose l'ancien président égyptien ?

Finalement ça va, il a l'air de connaître le circuit, les coins où on peut dormir. Ça devrait le faire, sauf si demain, un autre mec se pointe à sa place. Comme tu devrais avoir toutes les autorisations aujourd'hui, t'as avancé ton départ à demain. On passera juste avant à l'ambassade de France pour les prévenir et certainement se faire engueuler d'être venu. Y a pas mal de monde dans l'hôtel, surtout des archéologues. Tout le monde vient ici car ils te gèrent toutes les formalités. Trop fort ces grecs, faut les mettre au pouvoir en Grèce !

Maintenant que t’as les papiers, il te faut une dizaine de copies pour tous les checkpoints potentiels. Il est 11h, toute la paperasse est ok, donc tu te dis que tu vas un peu visiter la ville. Il fait super chaud, on est pas loin des 39° et ils annoncent 42° pour les prochains jours, le choc avec Paris. Au fait, ça va les moufles ?

Khartoum est très étendue, de grandes artères perpendiculaires, au milieu du goudron, sur le bord du sable ou de la terre. Les rues classiques africaines. Il y a 2-3 buildings très modernes qui ressemblent un peu à ceux de Dubaï, l'un d'eux est un don du regretté Kadhafi... Khartoum est à l'intersection du Nil bleu et du Nil blanc. Il y a le marché d'Omdurman qui est le plus grand marché du Soudan.

Petits cireurs de chaussures 

Y a pas beaucoup de touristes, bah en fait y en a pas. Et t'es pas emmerdé par le vendeur de babouches ou le mec qui veut te faire rentrer dans sa boutique ‘juste pour le plaisir des yeux’. Impossible de ne pas se perdre. Le souk est immense mais avec quasiment que des trucs chinois à vendre. Tu cherches de l'ombre tellement il fait chaud. Les montures en métal de tes lunettes de soleil te brûlent, tu passes ton temps à t'asperger et boire pour éviter une déshydratation. Ça serait con de chopper une insolation dès le premier jour. Et c'est que le début, demain tu pars dans le nord, ça va être pire. Et dire qu'on est pas encore en été.

T'es tombé, en suivant l'odeur, sur la partie boucherie. Y a plus de mouches que de viande. Tu vas être végétarien sur les 15 prochains jours. Apparemment, on ne va pas au Soudan pour sa gastronomie. Dans un bouiboui du marché, t'as essayé un sandwich aux falafels (prix 30 centimes) et un jus de canne à sucre. Pour l'instant, l'estomac est ok. Côté locaux, les gens sont souriants, ils font pas particulièrement attention à toi et n'essayent pas de t'arnaquer sauf bien sûr les chauffeurs de taxi.

La plupart des femmes sont voilées, mais très rarement avec un niqab. C'est plutôt avec un foulard coloré mais qui ne cache pas du tout leur visage. Certains soudanais sont en djellaba et turban blanc alors que d'autres sont habillés à l'occidentale. On ne ressent aucune agressivité, les gens ont l'air cools. Il y aurait pas les massacres du Darfour, on aurait certainement une autre image du pays. Avec un français qui est là pour une semaine pour bosser dans un labo, on est allé dans un resto de poisson. Pour 8 euros t'avais du poisson à plus savoir qu'en faire. Ouais, c'était le resto pour les soudanais qui ont les moyens. Faut en profiter car dès demain, tu sais pas ce que tu vas bouffer.

Adnana : au marché, je suis tombé sur les 3-4 boutiques d'artisanat mais ça donne pas envie, pas sûr que ce soit local et ça fait toc. Sinon, il y a plein de sacs à main en crocodile (même avec la tête sur le sac) mais ils fournissent pas le certificat. A mon retour sur Khartoum, j'ai une adresse, j'irais voir mais je garantis rien. Et la kalachnikov, c'est pas de l'artisanat.

Petit paragraphe pour les inquiets :

Pour les premiers jours, j'ai loué une bagnole avec chauffeur. Voilà le programme, mais si les ruines me saoulent, le programme va changer rapido.

Monday 9th: Day1 : Naqa – Mussawarat – Meroe ‎: spending the night in the desert close to the pyramid

Oui, l’idée est d’attendre que le site soit fermé pour dormir au pied des pyramides histoire de voir le coucher et le lever du soleil en espérant que le lendemain le chauffeur sera encore. Les pyramides de Méroé sont bcp plus petites que celles d’Egypte mais elles sont encore au milieu du désert et t’es pas emmerdé par les loueurs de chameaux

dimanche : see the sunrise on the pyramid then Nurri- el Kurru- djbelel barkal; night in karima

lundi : Karima-kerma

mardi : Kerma- Soleb

mercredi : Soleb Sai Soleb

jeudi : Soleb-Dongola

vendredi :Old Dongola - wadi milk

samedi : Back to Khartoum

Et ensuite je me débrouille seul, histoire de prendre les transports en commun avec les locaux. Objectif, aller à Kassala qui est au pied de montagnes assez photogéniques et voir une vieille mosquée soufi.

Dimanche 22 je suis en France à midi,

Bon tout ça, c’est sur le papier, après c’est Inchallah. Je suis pas sûr qu’en dehors de Khartoum, il y ait internet surtout que je vais essayer de dormir chez l’habitant. Alors pas d’inquiétude si j’envoie pas de mails. J’aurai mon tel mais je l’allumerai que rarement donc au mieux envoyez un SMS mais je sais pas si je vais capter.

Finalement, j'ai pas pris mon drone, déjà qu’il faut une autorisation juste pour faire des photos, donc si tu te fais chopper avec un drone, t’es bon pour être pris pour un agent de la CIA et là, c’est pas bon du tout.

ps : j'ai bien fait de pas aller au Mali.

PS : Comme dans tous mes blogs, il faut les prendre au second degrés en particulier quand je me moque gentiment (oui, c'est du second degrés) de ceux que je rencontre.

2

Salut,

Magie de l’Afrique, t'achètes une carte SIM pour 2 euros et tu peux envoyer des mails du trou du cul du monde. Cherchez Karima au Soudan et vous verrez, je suis là...à droite de la montagne. Par contre ne m'envoyez pas de mails avec des pj car le forfait ne le supportera pas. Dimanche je serai de retour à khartoum donc j'aurais du wifi. Pas de sms non plus car suis sur le réseau soudanais.

Un conseil pour ceux qui veulent un jour venir au Soudan, venez bien avant mars, on crève de chaud. Entre 11h et 17h t'attends que ça passe. Et même le vent qui est tellement chaud te rafraîchit pas. La première nuit t'as pas dormi, la nuit suivante 4h. Putain de chaleur.

Revenons à ces qqs jours de balade : Le lundi, avant de partir, t'es passé à l'ambassade de France. Quand ça craint, t'as toujours une dizaine de militaires locaux armés pour protéger l'ambassade. Là, juste un pauvre pékin avec sa matraque, donc pas de grosse pression. Après avoir passé les portiques de sécurité, t'as un gendarme derrière une vitre blindée qui te demande ce que tu viens faire dans ce 'beau pays'. Tu lui expliques et c'est tout juste s'il veut bien prendre ton numéro de passeport. T'avais apporté une copie du passeport, rien à foutre. Bon, ben ça va, t'es rassuré, s'il t'arrive un truc, tu seras pas emmerdé par la DGSE.

Ton chauffeur Moubarak parle assez bien anglais, et roule tellement vite qu'on se fait même doubler par des bus. Tant mieux vu que t'as réalisé que l'assurance rapatriement de ta CB ne couvre étonnamment pas le Soudan. Il a 15 copies de ton vrai laisser-passer car à chaque checkpoint où chaque site que tu visites, faut leur laisser un exemplaire. Et y en a des checkpoints ! Il faut bien 1h de bagnole pour sortir de Khartoum tellement la ville est étendue et tout de suite t'es dans le désert. Il doit être 9h30 et ça cogne déjà. En fait, tout est désertique sauf les 500m de chaque côté du Nil qui sont très verts et cultivés. Y a des manguiers, des oignons...

Premier arrêt pour voir la 6ème cataracte du Nil. Ce sont des petits remous sur le fleuve sur 15m de long. Mouais... et ils sont en train de construire des bungalows pour touristes. Pas sûr que ça marche car en plus il faut faire 20 bornes de piste pour y arriver. Après, ce sont deux stops pour voir des temples Kush en partie restaurés. Je vous laisse chercher Naga ou Naqqa sur internet si vous voulez voir des photos, j'en connais qui ont plein de temps au bureau.

Il est 14h, chaleur oblige, tu les visites rapidement les temples. Juste à côté d'un temple, il y a un puits où plusieurs groupes de bédouins viennent chercher de l'eau. Le puits fait 80m de profondeur, ce sont les ânes qui bossent. On est passé devant les huttes des bédouins et bien putain, t'as pas envie d'y rester dans le coin, pas un tabac ou un café des sports. Juste une cahute au milieu de nulle part.

15h, on s'arrête dans la ville de Shendi pour déjeuner. Et bien dans le bouiboui où on mange, ils font des pizzas. T'as essayé, et bien tous les pizzaiolos du côté du Père Lachaise devraient s'en inspirer, car pas mauvaise. Et comme cette nuit, on va camper, t'as acheté un bout de poulet. Le chauffeur a rien pris car il va peut-être pas rester le soir. Il va voir soi-disant des copains.

Vers 17h on arrive sur LE site à voir au Soudan, les pyramides de Méroé.

Pyramide Meroe 

Pas un touriste mais Abdul t'attend pour te faire faire un tour en chameau. Il t'a demandé si tu voulais faire un tour en chameau plus tard. Tu lui as répondu « inchallah », comme ça t'es tranquille, c'est plus toi qui décides. Sur le site, il y a une vingtaine de pyramides (mais 50 fois plus petites que celles d'Égypte). Toutes ont été décapitées il y a longtemps par un pseudo archéologue pour y pénétrer et trouver des trésors. Certaines ont été restaurées mais ça fait un peu toc. Elles sont sur une dune de sable. T'as le site pour toi tout seul jusqu'à ce qu'une vingtaine de bouffeurs de pâtes arrivent pour voir le coucher de soleil. Ouais peu de français au Soudan mais beaucoup de groupes italiens et espagnols. Une fois les italiens partis, tu rejoins le chauffeur qui a monté sa tente à 300m du site. Finalement il reste, peut-être qu'il s'est dit que laisser juste un seul touriste tout seul, c'était moyen. Alors tu te rappelles qu'un mec que t'as croisé à l'hôtel à Khartoum t'avais dit qu'il y avait peu de chance que tu tombes sur un cobra mais il pouvait y avoir des vipères cornues et certainement des scorpions. Du coup, t'as quand même monté ta tente mais sans la bâche car il fait trop chaud. Mouais des cobras... mais avec ta chance.

Le chauffeur a pas faim et veut pas partager ton poulet donc tu te retrouves un peu con tout seul à le bouffer. T'as quand même jeté loin les os au cas où une hyène, voire même un lion, passerait par là par hasard...

La nuit la température doit baisser à 30 peut-être et bien t'as pas dormi 10 minutes de toute la nuit. Comme t'as pas dormi et bien t'es tout de suite prêt pour aller voir le lever du soleil sur les pyramides tout en slalomant entre les cobras et autres dangereuses bestioles.

Puis on a continué à monter vers le nord. 400 km de simili désert qui change assez régulièrement de paysage. On s'est arrêté à un resto-route local histoire de manger des fèves à 10h du matin. Moubarak avait faim...bizarre.

A Karima, il y a des ruines à voir bien sûr mais il y a aussi une montagne, le djebel Barka, où les archéologues ont trouvé un temple creusé à l'intérieur. Il est fermé au public mais pour 10$ le gardien local trouve miraculeusement les clefs. Super, tu rentres il fait noir et c'est pas avec ton téléphone que tu vois quelque chose. Il a compris qu'il doit les mériter ces 10$ donc il tire un câble électrique de tu ne sais où et hop de la lumière. Les archéologiques sont en train de restaurer des fresques d'Anubis et autres dieux égyptiens. Bon ça valait les 10$.

Le truc ici c'est de monter au sommet du djebel pour voir le coucher du soleil.

Sauf que, quand on est passé devant le début du chemin en bagnole, il y avait une quinzaine de chiens dont la moitié ont couru méchamment derrière la bagnole. Euh ouais la balade, tu la sens moyen surtout que le chauffeur va pas venir. Finalement ils ne seront plus là mais t'as gardé des pierres avec toi pour leur balancer sur la gueule au cas où. Mais bon face à une quinzaine de chiens, tes deux cailloux...

Dîner sur le marché du centre ville. 2 morceaux de poulet grillé super bons, 15 falafels, un peu de légumes et 2 boissons pour 4 euros. Ensuite les gens s'installent tranquillement sur la place où des femmes ont installé qq chaises et te vendent des verres de thé et de café pour 20 centimes. T'as du mal à comprendre la mauvaise image qu'on a du pays.

En discutant avec Moubarak, t'apprends qu'il a travaillé 4 ans dans la sécurité en Arabie Saoudite puis 10 ans en tant que flic au Soudan dont 3 au Darfour. Bon, tu vas pas trop parler politique avec lui.... Et ça fait 4 ans qu'il est chauffeur pour une agence et il n'a jamais eu de français. Il a plein d'italiens, espagnols, allemands, japonais mais que dal en grenouille.

Ce soir tu dors chez l'habitant mais il fait trop chaud donc tu sors le lit dans la cour, histoire d'avoir juste 30 degrés. Je vous enverrai un email pour vous expliquer comment je vais devoir bidonner mon permis de circuler pour aller à Port Soudan alors que je l'ai pas indiqué sur le permis. J'essayerai aussi de répondre à vos emails. J'éteins le téléphone car suis en train de me faire bouffer par les moustiques, ouais, un blanc qui dors dehors c'est du caviar pour eux.

Soudanman

3

Je vous avais expliqué qu'il fallait un permis de circuler hors Khartoum car sans ce permis tu passes pas les checkpoints et tu peux pas dormir à l'hôtel. Sur ce permis, tu inscris tous les endroits où tu penses aller sauf que t'as pas inscrit la ville de Port Soudan et que t'as décidé d'y aller en solo la semaine prochaine. Pas le temps à Khartoum de refaire un permis donc on va magouiller ton permis en rajoutant sur l'original la ville manquante et faire des photocopies pour masquer la différence en espérant qu'ils seront pas trop regardant sur l'écriture. Faudrait pas non plus qu'ils comparent avec celui qu'ils ont gardé à la police.

Enfin, méfiance quand même car déjà le premier jour, l'agence avait voulu te refiler un faux permis.

En cas de merdes je ferais le mec qui est pas au courant et qui comprend rien et je nierais l'envoi de cet email.

Je tomberais pas seul dans cette histoire et pour ceux qui veulent récupérer des objets chez moi, ça serait mesquin d'envoyer un mail anonyme à la police soudanaise.

4

Ça s'améliore, environ 5h de sommeil. En ville, le fait de dormir dehors, ça te permet de mieux entendre les douces sonorités locales. Vers minuit t'as des ânes qui braillent. Oui ici ils circulent encore avec des carrioles. En principe, l'appel à la prière c'est à 5H du matin. Sauf que ce coup-ci, un lève-tôt a commencé à 4h30. Donc du coup, des jaloux ont enchaîné. Oui car ici t'as une mosquée par quartier mais leur appel s'arrête pas à la limite du quartier donc toute la ville en profite, et c'était à celui qui mettrait le son le plus fort. Et puis y a celui qui était à la bourre, qui démarre quand les autres ont terminé et pour s'excuser de son retard fait durer le plaisir. Résultat, de 4h30 à 6h30 t'as eu du son. Et ça a réveillé des ânes qui, du coup, ont pris le relais. Tiens, pendant que je vous écris, y en a qui confirment. Puis d'un coup à 7h pendant 15 minutes, des piaillements d'oiseaux. Ah et maintenant un coq.

Bon, ben t'es prêt à partir. On visite le site de El Kurru où ils ont trouvé 2 tombes avec plein de peintures égyptiennes et on peut en visiter une. T'as fais qqs photos mais pas sûr que ça rende bien sans flash.

Le chauffeur te dit qu'on va ensuite au souk pour se balader pendant une heure. En fait il te laisse pendant une heure. Une grosse partie du souk est du made in China mais il y a un coin fruits et légumes où t'achètes le repas du soir car on dort dans le village de Tumblus. Celui qui le trouve sur la carte, je lui ramène un souvenir du Soudan.

Il faut qu'on amène sa bouffe. Donc 1 kg de tomates pour 50c, 3 pains pour 10c, 10 falafels pour 30c et un bout de fromage, ça y est, t'es ruiné. le plus dur est de trouver des blocs de glace pour la glacière sinon l'eau est trop chaude pour la boire. Ouais, dure la vie ici. On retraverse un bout de désert pendant 3h avec une clim à deux doigts de mourir. T'aimes pas la clim mais ici t'as pas le choix. Il faut changer une courroie mais on te trouve que des pièces chinoises. Arrêt dans un petit village Selaim pour manger au bord du Nil. Le serveur est éthiopien, il essaye d'avoir un visa pour la France pour faire un master en génie électrique. S'il y arrive pas il hésite à passer en Libye puis trouver un bateau pour rentrer en clandé en Italie. Comme il parle à peine le français tu lui as laissé ton dico arabe-francais pour l'aider.

Fabuleuse nuit à Tumbus. On dort chez l'habitant. Sa maison est à 20 mètres de la mosquée et à 100m du Nil. Être à côté du Nil, ça veut dire des milliers de moustiques et de mouches.

Tumbus 

Lendemain matin 5h. Comme prévu tu t'es fait déchirer les oreilles. Fini le mec qui monte en haut de son minaret pour faire l'appel, c'est un haut-parleur même dans un village perdu. Et ça envoie de la décibel pour être sûr que le mec installé même loin a la chance d'être prévenu. Le proprio de l'endroit où t'as dormi t'offre le thé. Il voit passer "souvent" des groupes. Il comprend pas pourquoi tu voyages pas avec des amis. Quand tu lui dis qu'en France on a peur du Soudan, il comprend pas. Pareil, t'as pris un thé dans des souks avec les locaux et tous sont surpris qu'on ait cette image du Soudan. Ici tu peux dormir dehors sans risque. Les gens ferment à peine leur maison.

Ce matin visite de la 3ème cataracte. T'es en hauteur, tu vois du désert à perte de vue et le ruban très vert qui tranche et, au milieu, le Nil avec ses reflets bleus-gris et au milieu le blanc des rapides de la cataracte. Kinnary, si vous venez au Soudan, il faut passer une nuit ici (y aura un peu de moustiques). Le guide est super bien. Je vais vous organiser le circuit directement avec lui en évitant certaines de mes erreurs.

3eme cataracte  

Petit dej à 10h dans un routier. Tu bouffes des gros haricots, du poisson. Quand tu vois l'huile de friture tu te dis qu'ils récupèrent celle usagée des bagnoles. Dans ce genre de pays, tu manges pas de salade à cause de l'eau qui l'a lavée. Mais il fait tellement chaud que tu bouffes tous les jours des salades de tomates et vu les boui-bouis où tu manges, elle est pas lavée avec de l'eau en bouteille. Et puis comme t'as pas d'assurance...inchallah.

Comme vous pouvez le voir j'ai du temps pour raconter mes conneries. Ce mail part du village de Shadda, une grande rue balayée par un vent chaud, qqs échoppes où tu tombes sur un vieux monsieur qui parle anglais.

Spécial tradition féminine soudanaise :

1 mois avant de se marier et à raison de 6h par jour, la femme soudanaise s'assoit sur sur une chaise percée où, en dessous, il y a un petit feu avec de l'encens. Elle met une robe qui part du cou et descend jusqu'aux pieds pour que la vapeur reste. Une sorte de sauna local. Apparemment ça rend la peau plus ferme et douce. Une fois mariée elle fait ça deux fois par semaine pendant une heure. Hé, les filles, je vous ramène de l'encens ? Déconnez pas, si un homme va acheter ce genre de truc il est regardé bizarrement.

5

Salam aleikoum,

Comme mes petites misères vous font rigoler...

Y a des règles de base à connaître dans le désert. Ne jamais partir avec une seule bagnole. T'imagines facilement la raison en cas de panne. On doit rejoindre le village de Soleb pour voir encore des ruines. Juste avant on s'arrête dans un bled, dernier point pour acheter de la bouffe et de la flotte pour les 2 prochains jours. Moubarak s'installe tranquillement pour prendre un café et te laisse te démerder. Oui t'as signé pour en chier. Tu prends 15 litres de flotte, un peu de pain, des falafels et une boîte de thon.

On commence à s'engager sur une piste direction plein désert. Bon... Au bout de qqs kms, on voit une sorte de camp fait de branches, de cartons, style camp de réfugiés en plein désert. En fait ce sont des chercheurs d'or. Il est 12h trop chaud pour bosser, ils sont tous allongés dans le peu d'ombre qu'ils trouvent. On tape facilement les 40 degrés. Plus loin un bâtiment avec des broyeuses de pierres avec lesquelles ils espèrent extraire de l'or. Puis plus rien, on est sur une piste en plein désert. Personne. A la moindre merde... bon t'as 15 litres d'eau. et comme le Soudan est super moderne, tu captes avec ton tel. Incroyable. Au bout de 20 kms, on retrouve une nouvelle route asphaltée et on rejoint le bled de Soleb.

Il est 14h, Moubarak te montre la maison où tu vas dormir. Lui, va voir des amis dans un autre village et il ne revient que demain vers 8h inchallah et démerdes-toi. C'est une maison traditionnelle immense de couleur gris clair et ocre avec une grande cour avec des chambres puis une deuxième cour intérieure. Et pas très loin de la mosquée... Il y a le grand-père Mohamed, quasiment sourd, sa fille et son petit-fils. Moubarak te présente à la famille, t'expliques 2-3 trucs de base et se casse. Même si le vieux monsieur voit passer des touristes, il connaît pas deux mots d'anglais.

Chez Mohamed 

Ça va être folklorique car en plus tu y passes deux jours. On t'apporte du thé et du pain traditionnel et le vieux monsieur vient te faire la conversation. Faut un peu imaginer la situation. 1h de discussion avec un vieux monsieur quasiment sourd où personne ne parle la langue de l'autre...en plus il faut crier pour qu'il entende. Ça aurait mérité d'être filmé. Il te montre les photos des précédents touristes et toi celles que tu as prises ici. Tu comprends rien à ce qu'il te raconte mais tu souris et tu lui dis "tamam" qui a le sens de bien, bon, ok.

Ouais ici après les salamalec d'usage, on te demande tamam et tu réponds tamam.

1h de sieste brûlante plus tard. Même à l'ombre tout ce qui est en métal est brûlant. Papy est de retour pour t'accompagner à 100m sur le site dédié au dieu Aton. Il essaye de te dire plein de choses, tu fais le mec qui a compris et c'est reparti pour du tamam.

Soleb 

La différence entre la maison et le site ? Environ un million de mini moucherons qui en ont rien à foutre de ton anti-moustiques. Mais alors vraiment rien à foutre. Tu comprends pourquoi ils portent un turban les locaux, sinon ils squattent dans tes oreilles. Y a même un local qui s'est fabriqué une moustiquaire pour la tronche. Un cauchemar. Juste à côté du site archéologique, il y a le Nil et les plantations. Le vieux t'y emmène car il doit faire boire son âne. En fait, les millions de moucherons, c'était juste l'avant-garde. Ils sont des milliards dans la verdure. Encore heureux qu'ils te bouffent pas le sang sinon tu serais mort en 5 minutes. T'es retourné chez le vieux prendre ta moustiquaire pour tête (oui ton expérience au Kamchatka, jamais voyager sans elle). Et encore, même avec ça c'est à peine tenable. Après le coucher du soleil, plus une bestiole.

Le petit vieux a vu que t'avais pas grand-chose à bouffer, il t'apporte un bol de soupe faite maison avec leur pain traditionnel, fin comme une feuille de brick. Délicieux. L'accueil soudanais. Y a pas la lumière dans le village donc chacun a son groupe électrogène. Celui de la maison est à 20m de ton lit. Tu l'entends bien, trop bien. Faut espérer que la mosquée n'en a pas...

Grandissime Mohamed 

Le vieux repasse te voir pour te filer une couverture et voir si tout va bien. Tamam. Et bon, la couverture avec 30 degrés, c'est gentil mais bon... T'es installé dehors dans la cour. Tiens, le vent se lève, cool, t'auras pas de moustiques. Ouais il devient de plus en plus fort et c'est plus vraiment tenable. Au bout de deux heures, tu te dis que tu vas pas dormir. Tu vas dans une chambre mais l'air est suffocant de chaleur et de poussière. Tu te réinstalles dehors en te disant que la nuit va être longue, très longue. Mais c'est pas fini... Le vent commence à être frais et tu commences à te peler. Du coup merci papy pour la couverture.

Bah, t'as bien du dormir une heure. Et le comble, c'est que pendant ce temps, un chat est venu bouffer tes falafels et ton pain pour demain.

Seul point positif, hé hé, t'as pas entendu la mosquée. Faut bien trouver un truc bien sinon...dur.

Ce matin, t'as même dû sortir ta polaire à cause du froid. Ils connaissent pas la neige ici mais avec ta chance.

Ricardo qui dort que d'un oeil

6

Je viens de vous raconter la nuit venteuse de la veille, voilà la suite. Donc ce matin, un vent à porter facilement une polaire.

Il est prévu d'aller dans le nord voir une ou deux ruines (encore) et prendre une barque pour aller sur l'île de Sai au milieu du Nil. On a 30 bornes à faire sur une piste. Le vent soulève le sable, parfois on ne voit pas à 30m. Le vent soulève le sable orangé en volutes qui semblent danser sur la piste ocre. On dirait comme si des serpents de sable ondulaient sur la piste. Ajoutez-y une luminosité un peu blafarde car le soleil n'arrive pas à percer et vous avez l'impression d'être dans un autre monde. Et par moment, apparaît fugitivement un troupeau de chameaux emmené par qqs chameliers avant de redisparaître derrière le nuage de sable. Bon c'est bien joli mais à un moment, on a eu le même réflexe avec Moubarak, on a sorti nos GPS. Ouais un peu perdu, les gars, impossible de trouver la direction du Nil. Finalement, après pas mal de tentatives, on arrive où le gars nous attend avec sa barque. Il a le monopole et te le fait payer cher. Le truc, c'est qu'il t'emmène sur l’île de Sai, tu vas voir 2-3 vieilles pierres et il te ramène ensuite. On accède par l'autre côté de l'île donc faut compter 20 minutes de barque à moteur.

Le vent souffle fort et le Nil est loin d'être plat. Tu regardes la barque, tu regardes le creux des vagues, mouais ça va encore être un grand moment cette histoire.

Gilet de sauvetage ? Ah ah ! hé, on est au Soudan ici !!! T'as même pas imaginé poser la question. Le pacha te fait t'installer tout devant pour équilibrer la barque et lui s'installe à l'arrière pour piloter.

Vraiment, à des endroits, y avait des creux d'un mètre, aussi haut que les bords de la barque. Et ce con, au lieu de rester sur le bord du fleuve où c'est plus calme, il s'embarque vers le milieu. Première vague, t'étais trempé et vu le choc qu'a pris la coque, il est revenu vers le bord. Mais comme il était tout le temps au téléphone (oui, ici il y a que des businessmen l'oreille collée au téléphone), et bien on a pris plus d'une vague dans la gueule. Enfin, le "on", c'est toi. Le pacha à l'arrière, lui, tranquille.

Vu le vent sur l'île, t'es rapidement allé voir les 3 colonnes qui essayaient désespérément de rester debout et puis cassos. T'en as pris plein la vue. Ouais plein de sable dans les yeux. 6h plus tard, ça pique encore. Au retour, tu ne t'es pas installé tout devant, pas con non plus. Mais à la première vague, ça n'allait pas, fallait que tu sois vraiment devant. Tu devais aussi voir des crocodiles, mais vu le vent et les vagues, ils ont été moins cons et sont restés chez eux. Le seul point positif, avec le vent, t'as pas de moucherons. Car c'est vraiment une plaie, cette saloperie.

Ile de Saï 

Au retour, on est passé devant plein de petits villages traditionnels nubiens. De grandes maisons en pisé. La plupart sont peintes ou ont des portes et fenêtres en métal coloré. Par contre, personne dans la rue, trop chaud ou trop de vent. Ceux qui ne travaillent pas dans les champs ne sortent que vers 18h. Pas cons comme les touristes, enfin, le touriste. De retour chez papy pour l'après-midi mais pas encore vu, sinon tamam !!!! T'as le choix d'être dans le vent en prenant régulièrement du sable dans la gueule ou à l'abri mais avec des mouches. Ouais elles viennent de débarquer celles-là. Vivement le club med dans quelques jours. Moubarak reste ici cette nuit. Et donc on a pu un peu échanger avec papy Mohammed. Le soir, il est arrivé habillé d'un blouson à capuche. Oui il fait un peu frais.

maison traditionnelle soudanaise 

Du coup, tu lui as offert ton bonnet polaire qui traînait dans ton sac. Il a 71 ans, 3 scarifications horizontales sur chaque joue. Ils les lui ont faites quand il avait 2 ans et on met du sel pour pas que ça cicatrise trop vite. Maintenant ça se fait plus. Chaque tribu a ses propres scarifications. Ils ont des scarifications mais pas de tatouages, du coup ils sont assez impressionnés par les tiens.

Concernant le mariage, ici tu donnes de l'argent à la famille de ta future épouse pour qu'elle organise le mariage. Papy a payé il y a 50 ans 10 centimes et 2 chèvres. Moubarak a payé 500 euros pour son mariage il y a 20 ans. Sa femme devait avoir 15 ans. Oui ici les filles sont mariées à l'âge de 12-14 ans, en particulier dans les villages.

Fallait voir Moubarak tourner la tête de papy pour lui crier dans l'oreille. Il t'a même montré son sonotone qui marche plus.

T'expliques à papy que s'il veut une 2ème femme, en particulier une française, il doit se séparer de la première. Oùla, pas possible, c'est elle la boss... et puis de toute façon, il dit qu'il est trop vieux, plus bon à rien. Mais bizarrement, il serait pas contre une égyptienne, une syrienne. Mesdames les françaises, vous impressionnez..

Alors la nuit a été fraîche même avec une couverture. T'es réveillé à 4h55, histoire d'écouter le mec qui doit bientôt se lâcher.

5h rien. bizarre..

5h10 toujours rien. C'est qu'ils ont pas l'électricité ou que le gars est aphone. T'essayes de te rendormir.

5h30, l'âne du papy est énervé d'avoir attendu pour rien et c'est lui qui se met à brailler.

6h. Apparemment y avait dû y avoir un problème à l'allumage, car c'est parti pour l'appel.

Je vous écris d'un petit bouiboui dans un marché. On s'est arrêté pour boire un thé. C est toi qui as choisi le bouiboui. Bon choix, juste à côté du bouiboui qui répare les klaxons de vélo! Ah enfin du calme. Tous les bouibouis sont tenus par des jeunes femmes, souvent des éthiopiennes. Mais bien sûr il n'y a que des hommes qui y viennent. Et plus la fille est jolie et plus le bouiboui est plein. Comme on a un problème de pneu, en attendant t'es allé reprendre un thé, et t'as choisi le bouiboui le plus blindé. T'arrives, tu dis "chai bi nana maha sukar" et tu t'assoies sur la seule chaise de libre. Ils se sont tous tus. Incroyable comme le soudanais est impressionné quand tu commandes un thé à la menthe avec du sucre. Imagines si en plus tu demandes un nuage de lait.

Poisseman

7

Direction Old Dongola. On est vendredi donc tout ferme à 13h pour la grande prière. On va camper deux jours, inchallah.

Sur la route en plein milieu du désert, de grandes tâches très vertes, grandes comme un terrain de foot. Ils ont trouvé de l'eau et font du fourrage qu'ils exportent en Arabie Saoudite. Selon Moubarak, dans 5 ans, tout sera vert dans ce coin. Ils ont même déjà délimité les concessions. Qqun veut investir ? Par contre, le truc qui craint vraiment ici, c'est le sac plastique. Y en a partout. A l'approche des villes, les buissons et les arbres en sont couverts.

Tu vas à Old Dongola pour voir qqs vielles tombes mais généralement tu n'y restes pas. T'as quand même bien merdé ton circuit. Ça fait plusieurs jours où tu regardes le temps passer. On part ce matin à 8h30. On s'arrête à Dongola histoire de faire 2-3 courses. Ça nous prend 1h alors que ça se faisait en 15 minutes.

Puis on s'arrête à un campagrille local en bord de route. Tu manges une sorte de soupe de lentilles. On y reste 3h à regarder le soleil passer. Puis 30 minutes de bagnole pour prendre un ferry pour traverser le Nil et 10 minutes plus tard on est sur le site d'Old Dongola. Qqs vielles maisons en pisé en ruine à voir, waouh. Tu y vas à pied histoire de faire quelque chose. Puis tu as le hot spot du coin, le cimetière. Il y a une dizaine de tombeaux en pisé en forme de tête d'ogive. A se demander comment ces cons de la CIA n'ont pas encore bombardé ce site dangereux. On est entouré par un désert de sable orange et de pierres noires. Le contraste est superbe. On installe le camps à 500 mètres et comme t'as encore 2h avant le coucher du soleil, t'y vas à pied en regardant de temps en temps le ciel pour voir s'il y a pas un drone américain qui traîne. Les tombeaux sont ouverts et tu as le droit d'y rentrer. 10 secondes pas plus, ça sent vraiment trop le mort dedans.

Il fait nuit, Moubarak comme d'hab est avec son tel. Tu prends ta frontale, une bouteille d'eau et tu montes en haut d'une dune. Tu as gardé tes sandales, ben oui avec tous ces cobras royaux et autres vipères cornues. Imaginez-vous en haut d'une dune, dans le noir, pas un bruit, allongé sur le sable en train de regarder le ciel étoilé qu'on ne verra jamais comme ça ailleurs que dans le désert. Au dessus de toi la fameuse Voie Lactée. Le ciel est quasiment noir sauf cette grande traînée blanche d'étoiles. Maintenant il faut attendre, attendre pour voir une étoile filante et faire un vœu mystère. Et bien, ça vous fait oublier le reste de la journée. Comme quoi, y a des jours sans fleuve déchaîné ni tempête de sable.

Pendant la nuit, tu as eu des squatters. Sous ta tente, plein de scarabées et un joli scorpion tout jaune.

Imaginez ensuite une journée entière à attendre en bord de route à boire du thé et regarder les bagnoles passer. Oui, mauvaise organisation, du coup au retour à Khartoum ce matin, explication avec le boss qui t'a rendu un peu de pognon. Suis passé par le souk, je peux vous ramener une petite tête de crocodile (environ 30cm) et dans le crâne ça fait cendrier. Ça branche qqun ?

Par contre, si je me fais chopper en France à la douane, c est vous qui payez. Serge? En décoration dans ta boutique ? Véro, au lieu de mettre des cendres, tu mets de l'encens ? Sinon y a des sacs 100% croco ou serpent. Ça coûte rien car elles pullulent ces bestioles ici. Bon, toi tu les as pas vues car elles bossaient pas ce jour-là.

Au fait, en parlant de bestioles, Éric c'est ici que tu dois venir pour pêcher. Tu mets un doigt dans l'eau, tu sors un poiscaille de 50 cm, voir même un croco.

Je retourne samedi prochain au souk alors si vous cherchez sur internet et qu'un truc vous intéresse.

Au fait, changement de programme, tous les soudanais te disent d'aller à Port-Soudan au bord de la mer Rouge. Il parait que c'est très beau. Sur le bouquin on te dit que c'est quand même un port industriel donc gros doute. T'as le choix, soit 10h de bus climatisé soit 1h d'avion sur "nova airlines inchallah arrivera peut-être". Rien que le nom donne envie. Ils sont même pas sur Opodo.

Ouais, c'est l'occasion de voir le Soudan vu du ciel ou pas...

Voilà, suis à l'aéroport et c'est maintenant que ça va vraiment commencer car t'as plus personne pour t'aider.

Nova Ricardo

8

En principe t'as pas peur de l'avion, mais là, les dix premières minutes, pas rassuré du tout. Déjà l'intérieur de l'avion, entre le hublot intérieur et extérieur y a des petites araignées séchées. Mouais, faut espérer que le budget qu'ils ont pas mis dans la cabine a été utilisé dans la maintenance des moteurs. Pendant toute la phase où l'avion monte t'as l'impression qu'il a des pertes de puissance, comme si le moteur s'arrêtait une seconde et repartait. 10 minutes où tu te dis que finalement 10h de bus, c'était pas si mal. Après, une fois qu'il est au palier, ça va mieux. Au niveau du paysage, ben du désert...

Port Soudan, tu enlèves la partie port industriel avec ses grues et ses containers, tu enlèves les rochers du bord de mer et les bouteilles plastiques, tu rajoutes des tonnes et sable puis tu enlèves les tchadors et tu les remplaces par des bikinis, et là ça commencera à faire venir du FRAM. En fait, au bord de mer, tu as sur 500m de promenade plein de petits bars où tu peux boire des jus de fruits, manger des snacks et fumer le narguilé. Par contre, pas foutu de trouver un restaurant de poissons alors que t'es au bord de la mer Rouge. Il paraîtrait qu'il y a des restos poissons loin du centre ville et ouverts uniquement à midi, ils ont rien compris au business.

Véro, Éric, idée de business : on monte une guesthouse ici qui fait aussi de la cuisine. Véro, tu t'occupes de l'accueil, Eric de la pêche mais il va falloir que tu sois nettement meilleur. On engage 2-3 soudanaises pour la cuisine et le nettoyage (ça coûte rien la main d'œuvre) et c'est parti. Et en plus on fait des bonnes glaces. On trouve des citrons et des olives, tu pourras faire du Limoncello et des quiches à la tapenade. On va tout faire péter. En plus, Bechir, le boss du Soudan veut développer le tourisme. Et en cas de merde, hop on prend le bateau d'Eric et cassos. Y a un petit côté St Tropez car il y a une dizaine de beaux bateaux remplis de touristes venus faire de la plongée. Mais pas l'impression qu'ils descendent de leurs gros bateaux. Le soir, les locaux viennent déambuler tranquillement le long de cette promenade. C'est un peu comme Menton mais en plus jeune et en plus habillé.

2 bus plein de touristes italiens viennent de débarquer sur le port. Une nuée de zodiacs et les voilà embarqués sur les bateaux de plongée. C'est tout ce qu'ils auront vu de la ville. Il y a un choc de culture ici. Tu as sur la promenade surtout des jeunes habillés en jeans (sauf les femmes), des familles, des gens installés sur des nattes et qui jouent aux dominos ou aux cartes et du côté du souk que des hommes un peu âgés habillés avec la tenue traditionnelle soudanaise. Ils sont assis toute la journée à attendre et palabrer.

Le souk est vraiment traditionnel. T'as le coin où tu achètes ton tissu au mètre et le coin des tailleurs. Oui tu portes ici que de la djellaba sur mesure, faut pas déconner. C'est rigolo car ce sont les hommes qui cousent et les femmes qui ont passé commande surveillent leur travail et attention aux faux pli !!!

Et puis, tu as comme des tâches de couleur qui attirent l'œil. Faut vous expliquer : Ici les femmes sont habillées soit d'une robe, soit d'une longue jupe et d’une haute manche longue et bien sûr d'un voile. Et c'est toujours à base de noir plus plein de couleurs. Et bien, il y a d'autres femmes, peu nombreuses, certainement une ethnie particulière, qui sont habillées juste d'un voile monocolore mais très coloré. Un voile très fin mais elle s'enroulent dedans. Ça peut être en bleu, en jaune, en mauve..., c'est très joli. Et tu vois qu'elles au milieu de la foule. Si ce sont des vieilles, le voile leur cache tout le visage sauf les yeux et le nez. Et dans la narine gauche un énorme piercing en or en forme de boucle. Impossible de sortir l'appareil photo. T'as essayé en douce avec le téléphone mais tu t'es fait repérer par un mec et ça a failli mal finir . ça rigole vraiment pas là-dessus. Sauf que sur la promenade tous les jeunes ont des tablettes et se prennent en photo.

Besoin de faire recoller tes lunettes, tu vas où trouver de la colle ? Chez les mecs qui réparent les chaussures dans le souk. Même en 4 morceaux, ils arriveraient à réparer tes pompes. Ici, ce business est tenu par les camerounais. Il semble que le Soudan attire les habitants des pays l'entourant. Apparemment, on y vit mieux.

Pour répondre à vos questions, la soudanaise a quand même tendance à s'épaissir rapidement avec l'âge, tu comprends pourquoi elles se marient à 14 ans. Un pressentiment que je vais me prendre un retour de mail féroce.

Dans ton bouquin, on te dit qu'il y a un super glacier. Tu oublies la chaîne du froid et avec quelle flotte est faite la glace et tu testes. Vu les parfums proposés, tu sens que les glaces sont pas faites localement. T'as essayé, entre autre, cerise et bien t'as eu droit à une belle boule vert pomme. Ils auront un choc le jour où ils verront une vraie cerise. Faut se méfier des conseils culinaires dans ces bouquins car ils sont souvent écrits par des anglais ou des américains et ils y connaissent rien.

Ton hôtel est pourri, la salle de bain est un nid à choléra. Ton cul a vu les chiottes, il fait grève, il est passé en mode constipé. Du coup tu fais du repérage pour un autre hôtel histoire qu'il se sente à l'aise. Deux nuits à dormir dans le désert, t'avais oublié le réveil de 5h. Alors à Port Soudan, c'est encore différent. Le mec est à l'heure. 5h pétantes, ça démarre. Une voix très douce, tu pourrais même dire une voix agréable pour 5h du matin. Et en plus ça ne dure que 5 minutes, presque trop court. Sauf qu'il y a un rappel à 5h30... Ton nouvel hôtel est encore plus près de la mosquée, un petit côté maso.

Histoire de faire un peu local, t'as pris un minibus pour aller à Suakim, une petite ville à 30km. Le mini bus part quand il est plein et bien plein, t'as de la chance, t'es assis à côté d'un gros soudanais. Quand tu veux t'arrêter, tu claques des doigts et le jeune qui s'occupe des billets souffle entre ses dents pour dire au chauffeur de s'arrêter. Faut compter 300m entre le moment où tu claques des doigts et le moment où le minibus s'arrête, oui les freins. Sur tout le trajet des camps de bédouins faits de bric et de broc, quelques chèvres et chameaux. La survivance. Des bouteilles plastiques partout. A des endroits tu pourrais pas faire 1 mètre sans marcher sur un sac.

Suakim était la ville principale avant Port Soudan. La vieille ville qui est sur une presqu'île est en ruine. On dirait que tu passes juste après un tremblement de terre, assez impressionnant.

Il est 10h45, juste à la sortie de la presqu'île, il y a un petit bouiboui, qqun mange du poisson. Ouais, c'est vrai c'est tôt mais c'est lié à ta frustration de la veille. On te demande si tu veux une petite part ou une moyenne. Au Soudan faut toujours prendre petit. Pour la glace, t'avais demandé moyen t'avais eu 4 grosses boules. 2 minutes après, tu as ton poisson, ta salade et tes haricots. Du poisson frit et refrit bien sûr. Au moment de payer (le seul soudanais qui n'aura pas été sympathique depuis le début de ton séjour) le patron appelle son larbin qui lui apporte une bouteille de coca à moitié vide. Véridique, il crie un truc, deux secondes plus tard une chèvre débarque de tu ne sais où et met les deux pattes avant sur le banc. Il lui file la bouteille de coca ouverte, elle la choppe, renverse la tête et la vide en dix secondes. Quel gâchis.

Dans cette région, c’est l'ethnie Beja. Avant les hommes avaient un sabre mais maintenant ils l'ont remplacé par un bâton. Il y aurait des supers photos à faire, tout en blanc avec leurs djellabas et turbans blancs, la peau très noire et pour les petits vieux une barbichette blanche mais ils aiment pas du tout. T'avais sympathisé avec un petit vieux et tu lui avais demandé si tu pouvais faire une photo. Sa gentille réponse, non demande plutôt à un autre.

Incroyable, pendant que je vous parle, les flics ont fermé la route sur la promenade. Puis débarquent une centaine de mecs en moto. Quoi ? Un défilé Harley Davidson et on t'a rien dit !!! Et ensuite une file d'une cinquantaine de gros 4*4. Et qui fait des grands signes à travers sa fenêtre grande ouverte ? Le président, oui tu dis bien LE président du Soudan, Mr Bechir. Mais vous réalisez pas, il t'a fait signe, à toi. Véro, toi qui crois aux signes du destin, t'en penses quoi ? Faut monter ce business ?

C'est con t'as raté la photo à ne pas rater. Si ce soir il y a un meeting politique tu y vas et tu lui lances ta sandale. Si avec ça, Georges Clooney te file pas un job quand tu sors de prison, si tu sors de prison. Bechir est recherché par la CPI pour génocide et s'il sort du pays il peut se faire arrêter sauf si un pays sympa comme l'Arabie Saoudite ou la Chine le laisse venir. Et il paraîtrait que Georges Clooney payerait pour qu'un satellite le surveille. Mais que quelqu'un prévienne Georges. Oui, les élections pipo sont début avril, donc il se montre. Le cortège de bagnoles s'est arrêté au meilleur hôtel de la ville. Et bien, forcément t'es allé voir, histoire de faire un selfie. L'hôtel est super classe, ça sent le propre ici. Ça change de ton quotidien et en plus il est loin de la mosquée, sont pas cons les riches ! Mais va savoir où il est caché. Il doit faire un meeting mais tu te vois mal demander où il est pour lui taper sur l'épaule et puis te taper 3h de meeting politique dans une langue que tu ne comprends pas. T'as déjà donné. Par contre, si ce soir, il vient faire du serrage de paluches dans la rue, tu vas pas le rater.

Sinon, pensez à moi qui dois me lever à 5h pour faire 7h de bus glacial. Direction Kassala, inchallah

Du coup, petite minute politique soudanaise :

D'après ce que tu as compris, tout l'argent de l'état est investi dans le nord de Khartoum car Bechir et sa clique sont tous du nord. Ça explique pourquoi il y a de belles routes en plein désert, des infrastructures. Mais dès que tu es dans le sud dans la région des montagnes Nuba ou à l'ouest au Darfour, il y a plus rien. D'où toutes ces guerres dans ces régions qui revendiquent du pognon et une forme d'autonomie politique.

Ricardo Jones, futur ministre du tourisme.

9

Maintenant t'es autonome donc tu dois te débrouiller pour tout.

Tu dois acheter un billet de bus pour aller mercredi à Kassala, environ 7h de bus. Comme tu veux pas te retrouver dans un tortillard qui met 15h, tu demandes au mec de l'hôtel qui parle anglais, quelles sont les bonnes compagnies. Après renseignement, il t'en file deux et te dit que le prix est de 10 euros (Je donne les prix car il y a une raison). C'est la first class soudanaise te prévient-il. Toi, tu as sur un papier, écrit en arabe : je veux un ticket de bus pour mercredi matin.

La gare routière étant assez loin, tu prends un tuktuk qui te coûte aller-retour (prix normal) 3 euros. Comme dans toutes les stations de bus, tu as ce qu'on appelle des "touts", des rabatteurs qui essayent de prendre leur commission, une vraie plaie. Tu trouves la compagnie de bus qu'on t'a conseillé et tu dis que tu veux un ticket pour mercredi. Le mec baragouine qqs mots, et on répète plusieurs fois chacun 'after tomorrow'. Tu lui fais même lire ton papier en arabe. Il te montre où tu seras assis dans le bus. Le prix est de 10 euros comme convenu, donc tu reprends le tuktuk pour retourner en ville faire des emplettes au souk. Oui, on t'a passé commande pour du henné, encore une boutique où tu va être le seul mec.

T'as fait tes achats, tu retournes à l'hôtel pour faire un petit break. En passant à l'accueil tu te dis que tu vas quand même montrer ton ticket au gars. Ouais faut savoir que j'ai dû faire modifier mon billet d'avion deux fois car ils se trompaient de nom à chaque fois. Le gars étant au téléphone, tu montres ton ticket à son assistant. Il te dit ticket tomorrow. Tu te dis oh putain..mais bon t'attends que le chef ait fini et tu lui montres. Lui aussi te dit tomorrow. Fait chier. C'était pourtant écrit en arabe. Le mec appelle la compagnie qui lui dit qu'il faut repasser. Ce coup-ci tu prends ton dico francais-arabe et tu notes le numéro de téléphone du gars de l'hôtel au cas où. Va y avoir du sang sur les murs...Pas prêt de la faire la sieste.

Retuktuk à 3 euros, sachant que tu devras encore reprendre le tuktuk mercredi matin. En gros 20 minutes de tuktuk ou 7h de bus première classe c'est le même prix. A peine arrivé un touts veut prendre ton billet. Tu l'envoies chier. Tu rentres dans le bureau et coup de bol c'est le même mec que tout à l'heure. En arabe, il y a une expression "mafich muchkila" qui veut dire y a pas de problème. Toi, énervé, t'attaques par muchkila, muchkila !!! Tu lui montres le billet, tu lui remontres la phrase en anglais, tu lui montres dans le dico le mot pour mercredi. T'as quatre mecs autour et même le chauffeur de tuktuk s'en mêle. Le mec regarde son registre, te dit not tomorrow or tomorrow. Toi tu te dis que t'es pas prêt d'y monter dans ce bus. Et pour lui tout va bien. Tu t'énerves encore plus et lui aussi. Oui le soudanais s'énerve facilement mais ça retombe tout de suite. Donc t'appelles le gars de l'hôtel pour qu'ils se parlent entre eux. Blabla blabla et le gars de l'hôtel te dit que c'est ok. Et le gars te rend ton billet sans rien changer. On s'est tous calmé, on se serre la main et tu repars en tuktuk.

Retour à l'hôtel. Tu remontres ton billet au gars qui te dit ah tu as le bon billet maintenant. Hein ???? En fait, sur le billet est écrit en arabe la date de départ le 18 et lui croyait qu'on était aujourd'hui le 17. Donc depuis le début, le billet est bon. Un peu gêné le gars. Et en plus il regarde le prix et te dit ah oui c'est cher, genre j'essaye de changer de sujet. Je te rappelle qu'il y a une heure c'est toi qui m'as donné le prix. Pas la peine d'insister pour le mettre mal à l’aise.

Le départ est à 6h du matin et selon lui pas de problème pour trouver un tuktuk. Bien sûr que je te crois.

Du coup pas de sieste.

Ricardo Muchkila

10

Yo,

Alors le trajet en bus... déjà faut aller à la gare de bus. Et à 5h du matin, y a pas des tuktuks à tous les coins de rue. Donc tu marches seul dans les rues à peine éclairées avec 3 ans de salaire soudanais sur toi. Direction le souk où tu penses trouver un tuktuk. Un mec t’appelle, tu fais un bond, tu l’avais pas vu. T’es passé à côté de son tuktuk dans le noir sans le voir. Et puis, y a le bus, l'intérieur est décoré style les 1001 nuits. Des tentures partout, des fanfreluches... juste un poil surchargé. Le chauffeur avait allumé une baguette d’encens dans le bus, tu pouvais à peine respirer, même les locaux toussaient, c'est dire.

On doit partir à 6h. Il est 6h rien ne bouge. On est parti large à 7h avec un petit contrôle de la police rien que pour toi et ton faux permis de circuler. On fait des stops tous les 30 bornes, on est pas prêt d’arriver. En plus il y a du surbooking donc un gars qui devait monter à un stop ne pouvait pas. Et c’est parti pour des palabres interminables.

Comme prévu ils mettent la clim à fond, ben oui first class. Tu as la TV spécial mal entendant. Oui ils la mettent à fond et tu as le haut-parleur juste au-dessus de ta tête. Et pour finir, comme t’as de la chance, juste derrière toi, il y a une femme avec 6 gamins pour 2 sièges. Et vas-y les coups de pieds dans le dos. Il manquait juste une chose pour couronner le tout... le bus est tombé en panne en plein milieu du désert. Étonnamment un autre bus aussi à 200m du notre. Et surtout à midi en plein cagnard. Problème de pneus. Parti comme c’est parti, on arrive à la nuit.

Suis à 200 bornes de ma destination Kassala. Pas la peine d’appeler Europe assistance, t’as pas d'assurance.

Ricardo toujours muchkila

11

Kassala, dernière étape avant le retour vers Khartoum.

Lever à 5h pour arriver à 15h. Après trois jours dans la fraîcheur de Port Soudan, le choc en sortant du bus. Une chaleur. T'as choisis le top du top comme hôtel. Et bien, euh, vaut mieux pas aller voir la catégorie en dessous...Même en fermant les yeux tu vois la crasse dans la salle de bain. Imaginez le matelas quand vous soulevez les draps.

Kassala est au pied d'énormes blocs arrondis en granit très impressionnants. Tapez Taka Mountain sur Google. Et au pied, le village de Toteel qui a tout compris au business. Ils ont peint des rochers de différentes couleurs, arrangé des petits coins pour boire du thé et manger du popcorn. Et comme par hasard il y a une source qui favoriserait la fertilité. Du coup c'est le hot spot pour les nouveaux mariés. Faut éviter de venir le week-end car c'est blindé. Le souk de Kassala est impressionnant, très traditionnel à part la petite partie de fringues et chaussures made in China. T'as dû déambuler au moins 3h. C'est vrai que t'as du temps. Il y a un monde incroyable. Il y a plein d'ethnies différentes que tu reconnais à leur tenue. Les hommes Rashaida portent en plus de leur djellaba un veston. Oui il fait pas assez chaud ici. Tu reconnais les femmes Rashaida à leur tchador tout noir agrémenté de plein de brillants. T'es allé voir les couturiers, ils ont voulu faire des photos, ça vous permettra de voir la tête des futurs Marc Jacobs et Lagerfeld soudanais. On t'a passé commande pour un de ces voiles.

Comme t'as sympathisé avec les couturiers, ils t'ont emmené voir les femmes qui vendent ces tissus. C'est super cher et t'arrives pas à te décider. Du coup une cliente qui voulait rentrer dans la boutique mais qui ne voulait pas parce qu'il y avait des hommes a commencé à piquer un scandale dehors. C'est un mec qui est sorti pour la calmer. Oh putain, on est au Soudan ou pas, qui dirige ici !!! :)

Tu croises parfois des Beja toujours très dignes avec leur vieille épée traditionnelle. Certains ont une coupe à la Jackson Five. Et toujours ces femmes avec leur voile très coloré. Par contre grosse déception. T'es rentré dans les magasins où ils vendaient ce type de tissus pour en ramener, c'est du made in India.

Le souk est blindé de monde, même le soir. Une particularité, au-dessus des échoppes, il y a des bars. Un soir, tu voyais du monde à l'étage, de la musique et des escaliers. Bah, allons voir. Bon, y a bien sûr que des hommes, des jeunes assis sur des petits tabourets en train de regarder des clips locaux à la tv. Pas un clip de Rihana, pas une Pinacolada où un Mojito. T'as le choix entre thé et café. Ils ont été surpris en te voyant débarquer et t'asseoir. Ton voisin a essayé de faire la conversation mais pas simple.

Ce matin, t'as décidé d'aller marcher dans les montagnes. Il est 9h ça cogne déjà. T'as pris 5 litres de flotte au cas où. Trop chaud pour mettre des pompes, tu pars en sandales, grosse erreur. Vous vous rappelez du film où un gars, dans les montagnes, se coince un bras entre deux rochers. Et il doit se couper le bras pour s'en sortir. Et bien t'y as pensé et du coup t'as vérifié que ton téléphone captait.. Bah, on sait jamais.

L'idée est de partir du pied de ces montagnes et de monter à un col entre deux pitons. Il y a pas de chemin et faut essayer de passer entre les rochers. Au bout de 45 minutes, tu peux plus monter, trop pentu et pas confiance dans tes pompes, surtout qu'après il faudra redescendre. C'est en redescendant que ça a merdé. Ta sandale s'est accrochée à quelque chose et t'a bloqué le pied. T'es parti dans la pente la tête en avant. Et bien à ce moment tu t'es dit "merde, t'as pas d'assurance". Plus de peur que de mal. Mains et jambes un peu écorchées. C'est la sandale qui s'est déchirée. Impossible de continuer, t'es dans l'échec, plus qu'à redescendre. Un de ces jours faudra que tu prévois quand même un antiseptique et surtout que tu le laisses pas dans la chambre. Parce que se désinfecter au jus de citron, ça pique très fort. Retour en ville pour trouver un cordonnier qui te les répare pour 50c. Un passage à la poste qui a refusé de prendre tes cartes postales. Trop compliqué pour eux...ah les fonctionnaires, tous les mêmes.

Du temps à buller, t'es retourné voir une vieille mosquée soufi Khatmiyah. Elle est tout en brique au pied des montagnes, au calme. Avec le coucher de soleil, elle prend une teinte orange très jolie.

Il y avait 3 jeunes femmes tout en noir qui se prenaient en photo devant la mosquée. Mais impossible de se prendre toutes les trois. Elles t'ont demandé que tu les prennes avec leur téléphone. Quelle erreur. Un mec est intervenu, un connard que t'avais vu la veille, en gueulant, les faisant partir d'un côté et toi de l'autre, à deux doigts de la lapidation ou d'être marié avec les trois d'un coup, à choisir, mouais...

Demain 7h de bus minimum pour Khartoum.

Stoneman, l'homme qui a vu les rochers de près.

mosquée soufi Khatmiyah 
12

Yo,

le truc à pas rater à Khartoum est la cérémonie du vendredi au coucher du soleil organisée par les soufi derviches tourneur. C'est une secte dérivée de l'islam.

L'hôtel où tu dors organise une sortie mais il faut être à l'hôtel à 15h. Toi t'arrives de Kassala et même si le bus roule à 140 km/h sur une route pourrie ça va être limite. Arrivée à la gare routière à 14h30. Le temps de te débarrasser de tous ceux qui veulent te foutre sur un tuktuk et te trouver un taxi et il te reste 20 minutes. On est vendredi, c'est repos donc peu de taxis. Tu trouves 1 taxi. Jamais vu un taxi aussi pourri mais pas le choix. Même à fond le mec se traîne. Pour klaxonner il fait contact avec deux fils. En plus le mec n'a aucune idée de l'endroit où est l'hôtel même avec l'adresse. Donc t'appelles la guesthouse pour qu'elle lui explique.

Il a à peu près compris. Il reste même pas dix minutes et là c'est le drame. La bagnole s'arrête, panne. Le mec ouvre le capot avant puis le coffre arrière et finalement se barre à un croisement. Sans déconner, si c'est pas de la poisse. Il essaye d'arrêter un autre taxi mais aucun ne veut. Finalement, un accepte mais il connaît pas le coin. L'autre lui explique. Tu payes le premier et tu embarques dans le second. Et c'est reparti. Quelle aventure !!!! Mais finalement les explications sont pas claires. Tu rappelles l'hôtel mais occupé. Et les gars de l'hôtel t'avaient bien dit départ à 15h pile. Il est 15h, c'est mort. Grâce à un ou deux mots clefs, on trouve le souk qui est juste à côté, et enfin l'hôtel. Coup de pot, ils étaient pas partis. Une vie trépidante !!!

Alors finalement nos fameux derviches : Tous les touristes sur Khartoum sont présents car faut pas le rater. On doit être 30 mais il y a plein de soudanais qui viennent voir. La plupart des derviches portent du vert même si certains ont des tenues on dira un peu folklorique. Pour certains, t'as l'impression que c'est leur moment de gloire. Il y a une mini procession puis un grand cercle se forme, les derviches avec leur canne font reculer les gens et si tu fais pas partie de ceux qui vont chanter et danser, ils te font sortir du 1er rang. Il n'y a que des hommes, les femmes ne sont pas autorisées à rentrer dans le cercle ou à danser. Et bizarrement on peut prendre des photos. Le sol à l’intérieur du cercle devient sacré car les gens doivent enlever leurs chaussures. Et puis certains commencent à chanter, il y a des percussions pour donner le rythme. Certains font le tour du cercle, toujours dans le même sens et un ou deux derviches tournent sur eux-mêmes. Parfois le rythme s'accélère. Le rythme est très africain, pas du tout l'image que tu te fais de l'islam. C'est assez prenant. Ça va durer jusqu'au coucher du soleil où vers la fin le big boss du soufisme fait plusieurs fois le tour du cercle.

Dernier jour, 4h dans le souk. Un monde. Le jour de l'an sur les Champs Elysées est vide en comparaison. Oui, des commandes de dernière minute voir même de dernière seconde. La spécialiste des bracelets en argent se reconnaitra.

Demain, la chaleur parisienne mais avec ta chance tu vas rater ton transfert à Istanbul car tu as juste une heure pour changer d'avion.

Derviche Ricardo