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Une partie avec une agence pour le camp de base du K2 et le reste en solo
Du 6 juillet au 11 août 2023
37 jours
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Avertissement au lecteur

Toutes les médisances et autres 'vacheries' dans ce blog sont à prendre au second degré. Si vous préférez des blogs où tout est beau et gentil, arrêtez vous à cette ligne et passez au blog du voisin. Ouais, t'es obligé de le préciser à chaque fois sinon tu te prends des commentaires de pimpims moralisateurs à dix balles.

Les fautes d'orthographe et de grammaire ? Elles sont volontaires.....euh.... plus ou moins. S'il y a des mots inconnus, ne les cherchez pas sur Google, c'est juste de la créativité à l'état pur... De même, la pauvreté du style des textes et certains mots grossiers font partie intégrante du 'Ricardo style'....

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Direction le nord du Pakistan, histoire de crapahuter un peu dans l'Himalaya. Tu pars sur le trek où tu marches sur le glacier du Baltoro et tu tentes de passer le col de Gondogoro. On va aussi passer par le camp de base du K2 et du Broad peak mais bon, comme tu fais pas d'alpinisme, c'est bizarre de venir se pointer à un camp de base...

Tu connais 3 personnes qui l'ont tenté et il n'y en a qu'un qui a pu passer le col de Gondogoro. A chaque fois, trop de neige et refus des porteurs de passer. Pas étonnant les pauvres gars ne doivent pas avoir d'équipements alors qu'il y a plus d'un mètre de neige.

Histoire de payer moitié prix, tu pars avec une agence locale, Trango Aventure. De toute façon, les agences françaises sous-traitent aux agences locales. T'auras certainement moins de 'confort' et tout est en anglais. Faut juste espérer qu'il y aura bien quelqu'un à l'aéroport d'Islamabad à 3h30 du matin... Ouais, ils pensaient que j'arrivais la veille.

Les autres membres du groupe ? Aucune idée d'où et quand ils arriveront. Espérons qu'ils auront une condition physique, moins de 80 ans et pas à moitié sourd comme au Dolpo l'année dernière.

Comme ça a va être un peu sportif, t'avais décidé de te mettre en condition physique. Du coup, t'étais parti il y a un mois en Slovénie pour t'affuter et perd 2 kg. Blessures aux talons, météo de merde, finalement tu pars avec 3 kg de gras en plus, va comprendre....

Généralement, sur ce type de rando en autonomie longue, il y a très peu de viande car elle ne peut pas se conserver. Du coup, t'as décidé d'amener du saucisson...halal. Ben ouais, c'est pas le genre de pays où tu peux déconner avec ça. L'alcool ? Ça va être un vrai sevrage.

Alors, déjà sur le vol Istanbul-Islamabad, c'est folklo. Que la lumière, indiquant qu'il faut rester assis et attaché, soit allumée ou pas, c'est le défilé dans les couloirs. Ton voisin a passé son temps à téléphoner alors que c'est interdit. Il doit y avoir 10 européens dans l'avion. Bizarrement le Pakistan n'est pas une grosse destination touristique....

Le passage en douane ? Finalement assez simple.

Le gars de l'agence est là et direction Islamabad. 4h du matin, il doit faire au moins 25 degrés mais surtout c'est l'humidité qui te colle à la peau. Il fait super lourd, le tonnerre gronde. Des grands boulevards et à côté des rues en terre. Drôle de mélange. Tu ne t'attendais pas non plus à voir des KFC et MacDo... si même le Pakistan a craqué pour la malbouffe ricaine.

4h45 t'es enfin à l'hôtel. Tout ce que tu veux, une bonne douche et un matelas. Ils ne trouvent pas la réservation faite par l'agence... Ça discute, ça discute. T'as l'impression que le réceptionniste de nuit est encore moins compétent que le gars de ton agence. Bon, ben t'auras ta chambre au mieux à 10h. Ouais, juste 5h à attendre à l'accueil. Ça commence moyen l'organisation... Le gars de l'agence se barre. Tu le revois quand? Euh.... Ben espérons demain.

Deux français descendent de leur chambre. Ils partent à l'aéroport pour prendre un avion pour Skardu, principal point d'entrée dans cette région de l'Himalaya. Ils sont arrivés la veille mais avec une grosse merde. Leurs bagages sont restés à Karachi... Pour une fois que ce n'est pas pour ta pomme... Ils ont passé la veille à Islamabad. Bon, ils n'ont pas beaucoup de coins à te conseiller. De toute façon, il s'est mis à pleuvoir des cordes toute la matinée

Un autre français descend à la réception. Il a fait avec la même agence le même circuit que tu vas faire. Ils ont eu un temps de merde et n'ont pas pu passer le fameux col. En plus, le gars était dégoûté car leur guide était plutôt un paysan du coin sans vraiment d'expérience en alpinisme. Ben, ouais, on paye moitié prix...

8h45, un autre gugus gère la réception. Tu te pointes et comme par magie t'as les clefs de ta chambre... T'as poireauté/roupillé 5h à la réception.

Alors, Islamabad ? C'est immense. C'est une ville récente, apparemment construite dans les années 60. T'as pas vraiment un centre-ville. C'est plutôt par grande zone. Ton hôtel est dans la zone E-11. Et dans les zones t'as des quartiers. Ton hôtel est dans un quartier avec que des belles villas assez modernes et un checkpoint à l'entrée. Bon, au checkpoint, la sécurité se cure le nez assis tranquillement sur un tabouret. Les caméras ? Va savoir si elles fonctionnent. En rentrant en taxi dans l'après-midi, t'es passé par autre une route sans checkpoint. T'es rassuré, tu vas bien dormir en toute sécurité ce soir...

Les français t'ont conseillé le marché Aabpara de l'autre côté de la ville. Ouais, si t'avais attendu des infos de ton guide...

Faut négocier le taxi. Avant de t'asseoir dans la voiture c'était 800 roupies (1 euro vaut 300 roupies). Une fois assis, l'inflation s'est pointée et c'est passé à 1000 roupies. Bon, t'as rien dit, t'es trop fatigué pour marchander...

Alors comment reconnait-on un taxi pakistanais ? Si la voiture ressemble à une boite de conserve toute rouillée qui tient debout par miracle et qu'un gus poireaute à l'intérieur, alors c'est un chauffeur de taxi. Pas d'inscription 'taxi', pas de compteur, il faut juste un klaxonne qui fonctionne. Aux intersections, ils arrivent de tous les côtés en klaxonnant et ça se passe bien.

Direction la zone G-6. Sur ton plan, ça semble à côté mais en fait t'as 11 bornes de quasi voie rapide. Pas le moindre trottoir.

Ah oui, le chauffeur t'a demandé ta nationalité. Au moment des caricatures de Charlie Hebdo, les pakistanais ont très durement manifesté contre la France. Donc, ici appelez-moi Ricardo de Madrid, un pur produit ibérique... En ce moment, faut pas être suédois dans le coin. Ça a manifesté dans toute le Pakistan suite au cramage du coran.

Plein de petites boutiques, t'as des fruits secs, des découpeurs de poulets et autres bestioles, des vendeurs de samoussas...

T'as des amis qui vont chaque année plusieurs mois en Inde. Ils t'ont dit, règle numéro une, si tu ne veux pas être malade, ne jamais manger dans la rue. Alors, élève sérieux et obéissant, t'as testé les samoussas chez le premier vendeur de rue. Et bien, très bon le modèle végétarien. Y a peu de chance d'être malade avec de la purée de patate.

Dans beaucoup de pays musulmans, les photos ne sont pas les bienvenus donc pour l'instant tu la joues profil bas.

Côté bouffe, t'as des gargotes où au rez-de-chaussée ils font les brochettes sur un BBQ et t'as la salle de resto à l'étage. Le gars t'apporte la carte. Euh, ça ne va pas être simple pour choisir.

Du coup tu redescends pour lui montrer les brochettes qui t'intéressent. Bien sûr, histoire de tenter le diable, t'as pris une salade et un yaourt. Demain, on va te suivre à la trace. Ils ont environ 45 sortes de riz dixit un chauffeur de taxi. T'en avais jamais vu du comme ça, très fin et près d'un centimètre de longueur. Une énorme plâtrée de riz, une mini salade concombre tomate oignon, une sorte de yaourt très liquide, un naan et 2 brochettes pour environ 7 euros.

Ils ont une partie du resto réservée pour les familles où ils tirent un rideau permettant aux adeptes des bals masqués de manger sans être vu.

Côté tenu vestimentaire, la plupart des hommes portent la tenue traditionnelle, un pantalon large et une tunique très longue. Côté femme, le micro short et string apparent est de rigueur. Ouais, bien sûr, ça c'est à Ibiza. Ici, 99% des femmes portent un foulard coloré qui laisse le visage visible. Très très peu ont la tenue Fantômas.

Dans ton quartier, t'as plein de gamins et surtout gamines qu'ont pas 8 ans qui ramassent les bouteilles vides en plastique pour remplir de grands sacs. Juste à côté des belles villas.

Histoire de cocher la case culturelle, tu t'es pointé au musée Lok Virsa. Tu dois avoir une tête de pakistanais car t'as payé le prix local et pas celui du gars à bob et appareil photo autour du cou. Le musée a mis en scène différentes ethnies et cultures du pays mais aussi les liens avec les pays d'Asie Centrale. Plein d'objets des différentes cultures. En un musée t'as une idée des différentes cultures. Le seul hic, il doit faire au moins 35 degrés à l'intérieur.

20h, c'est l'heure de partir en goguette. Beaucoup plus de monde dans les rues même s'il fait encore chaud. Quasiment que des hommes. Déjà qu'en journée, elles sont pas très nombreuses mais dès que la nuit tombe, elles doivent avoir un couvre feux. C'est un peu comme dans les autres pays musulmans, Ouzbékistan, Iran, Irak, Soudan... Tu te sens jamais en insécurité le soir même si c'est mal éclairé. Jamais on viendra te démonter la tête pour te piquer ton pognon.

2eme journée à Islamabad

Ce matin, tu as croisé une petite partie de l'équipe. 3 anglais. Tu ne comprends rien quand ils parlent. Quand tu les vois, tu les imagines plus à un pub qu'à passer des cols à 5600m. Tu partages ta chambre avec Bilal, un pakistanais. Il vit à Dubaï et fait de l'achat revente de mozzarella... Ça fait 12 ans qu'il a pas fait de rando... Il est pas inquiet car c'est en moyenne 'que' 10-15km de marche par jour. Euh, il a pas dû prendre en compte l'altitude et le terrain. Madré de dios, va y avoir du sang sur les murs.

Le peu que tu as vu de de la dream team t'inquiètes.

T'as appris les nationalités des autres participants, une irlandaise, un américain, des danois mais ce qui t'inquiète, c'est qu'il y a encore 4 pakistanais. 12 personnes, ça fait beaucoup sachant qu'ils indiquent 8 personnes max. Espérons que ça ne sera pas cas mais tu n'as eu que des mauvaises expériences avec des randonneurs indiens/pakistanais/Sri Lankais. Ils ont tendance à surestimer complètement leur condition physique et arrivent sans aucune préparation en pensant que ça va être facile (comme ton coloc). Espérons que tu vas te tromper. Ça sera peut-être toi le boulet. En tout cas sur le papier, ça promet.

Avec Bilal, t'es parti voir la mosquée Fayçal. Toi, tu prends le taxi dans la rue, lui, un pakistanais, pense que c'est trop difficile et préfère le Uber local. Va comprendre.

T'es pas allé hier à la mosquée car c'était vendredi et journée la grande prière, ça pouvait être compliqué. Mais aujourd'hui la grande salle de prière était fermée.

Le Bilal a dû rester 5 minutes et s'est barré sans te prévenir. Peur de prendre un taxi dans la rue ?

Le temps est couvert, il fait 35 degrés. Tu regardes ton téléphone. Première fois que tu as ce genre message : ''température trop chaude, le téléphone passe en mode sombre pour le rafraichir''.

Direction le bazar du quartier blue eye, grandement recommandé par ton agence. Arrivé dans le quartier tu demandes à ton taxi ou est le bazar. Ici pas de bazar, juste des bureaux et des ambassades. Mais qu'est ce qu'il est nul ce correspondant local!

Direction le bazar de la zone G9. T'as pas vraiment des étales, c'est plutôt plein de petits magasins.

T'as essayé un jus de mangue à base de lait et de glace pilée. Là, t'es bon pour la tourista 13h, il fait beaucoup trop chaud et surtout trop humide pour traîner dans la rue. Retour à l'hôtel où Bilal est déjà rentré.

Bilal t'a proposé d'aller le soir sur un point de vue sur tout Islamabad. C'est sûr qu'avec un local s'est plus facile de découvrir les coins sympas. Daman-e-koh qu'il s'appelle le coin. Plein de pins avec des macaques, dix degrés de moins, ça vaudrait la peine d'y aller aussi de jour. Alors, les traits de lumière sur les photos, c'est l'écran pété côté appareil photo...

Ensuite tu continues à monter la route en lacets. Et plus tu montes plus il y a des bagnoles alors que t'as l'impression d'aller au milieu de nulle part. En fait, au sommet de la colline, tu as un restaurant avec une superbe vue, le Monal. Faut voir le bordel des bagnoles. Ensuite t'as une barrière et faut qu'on te laisse passer. Avec ta tronche de parfait touristique, on a pas trop attendu. Ensuite t'as le coin des familles et de l'autre celui des barbus.

Tout est en extérieur avec une vue superbe. Ils ont une carte avec 200 plats. Bilal t'a fait essayer des desserts traditionnels à base de lait comme le 'paluda'. Une sorte de lait glacé qui baigne dans du lait avec, vous allez pas le croire, quelques spaghettis cuits dessus. Surprenant.

En partant, un kiosque vend une feuille avec plein de trucs inconnus dessus. 'pein' que ça s'appelle. Il roule la feuille et te la met directement dans la bouche. Ses mains ? Oui, il se les lave avant d'aller aux toilettes... Le goût est particulier, peut-être de l'eau de rose dedans. Bon, fallait goûter...

En tout cas, la sortie a été très sympa.

T'avais pensé après le trek te balader dans le pays pour voir Lahore, Pechawar, Karachi... mais à cette époque, c'est une connerie. C'est l'époque de la mousson et il va faire plus de 40 degrés avec un taux d'humidité monstrueux. Si c'est pour rester enfermé dans une chambre climatisée, c'est pas peine.

Ps : si vous trouvez ces premières photos un peu flou, c'est normal, tu viens de réaliser que l'objectif dans ton téléphone est cassé...

Ps suite : la plage à Islamabad? Euh, ils sont en train de la creuser...


Ricardo de Madrid

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Skardu est le point d'entrée pour les trekkeurs et alpinistes dans la région du K2.

Tu pensais que ça allait être le bordel pour prendre l'avion, mais non. Contrairement en France où t'as deux pauvres malheureux gus aux guichets d'enregistrement, ici t'as 7-8 gus donc ça va super rapidement. Ouais, l'employé doit pas être payé cher ici.

Pakistan airlines sur liste noire? Oui, ils ont découvert qu'un quart de leurs pilotes n'avaient pas passé les qualifications.

On est à 2200m d'altitude et la température a chuté de moitié par rapport à Islamabad. Autour de 18 degrés, peu d'humidité.

T'as rencontré le reste de l'équipe. Y a un américain, chemise grande ouverte, la tenue parfaite ici.

Sans déconner, même si on a beau temps, t'as de gros doutes qu'on passe tous le col du Gondogoro. Inchallah comme dirait l'autre.

45 minutes de vol pour rejoindre Skardu. Beaucoup de nuages qui cachent les montagnes malheureusement

L'agence t'a envoyé une photo du camp Concordia que l'on rejoindra dans une semaine. C'est mal barré. Il neige. Tous ceux qui étaient au camp de base du K2 ou du Broad peak redescendent. Ouais, ça pue. Mais bon, on a une semaine, ça aura peut-être fondu.

Récupération de ton bagage au minimaliste aéroport de Skardu. Vous allez pas le croire, t'es le seul du groupe à avoir son bagage. Les autres sont restés à Islamabad. On a changé d'avion avant de partir et les bagages n'ont pas suivi. Incroyable, t'es dans une phase de chance... Les autres font la queue au bureau des réclamations. On va croiser les doigts pour qu'ils arrivent demain sinon ça va se compliquer.

Skardu, comment dire, c'est pas l'endroit où tu restes très longtemps. Donc si on récupère les sacs demain matin, on a convaincu les anglais de partir directement sur Skole. Ouais, les 3 anglais sont pas très péchus et désespèrent de trouver un pub. En plus, ils veulent uniquement aller jusqu'au camp de base du K2 et revenir plutôt que de passer le col.

La ville est dans une vallée assez verdoyante si on compare les montagnes qui l'entourent. On va vraiment être dans une environnement très minéral. Difficile de faire des photos car il y a des poteaux électriques partout.

On est monté au lac artificiel de Sadpara faire une légère marche sur du plat sur une piste à 2800m. Des gens en voiture s'arrêtent pour nous lancer un 'welcome to Pakistan'

L'américain, bodybuildé, est en forme, par contre les 3 anglais ont du mal sur du plat.

Tiens, un peu de pluie, au moins tu sais à quoi t'attendre...

Au retour t'as rencontré le couple de danois. Ils arrivent de Gilgit en voiture mais ça a été galère à cause d'avalanche sur la route... Ouais ça pue.

Vu le nombre qu'on est, l'agence a décidé de faire 2 groupes avec 2 guides et 2 cuistots. D'un côté les 5 pakistanais, de l'autre le reste du monde. On verra si ça fonctionne. On a enfin rencontré le reste de l'équipe. Une des pakistanaises dit qu'elle ne marche pas beaucoup et l'autre semble encore moins sportive...

T'as loué du matériel, casque, piolet, harnais...On t'apporte un premier harnais tout rose. Jolie couleur mais ça passe pas au niveau de la taille. Ça tombe bien il était pour femme. Deuxième harnais très bizarre. Personne n'est arrivé à le mettre. Madré de Dios (et oui, rappelez vous, t'es espagnol), t'as bien fait de tester avant. Le lendemain matin, 3eme tentative, t'as enfin un harnais normal à ta taille. T'as bien fait de tester avant. Le piolet, on te dit que c'est pas la peine... Euh, ça tombe bien la neige en ce moment. Vous êtes sûr ? Mais oui, sur la monté difficile, ils ont creusé des marches et sur la partie descente il n'y aurait que 10m où il faut faire attention dixit le patron qui n'est plus allé en montagne depuis 15 ans... Du coup, t'as laissé tomber le piolet même si une nana a néanmoins décidé quand même d'en prendre un.

Lendemain matin...

L'avion d'Islamabad n'a pas décollé à temps à cause de la météo. C'est pas un petit coucou comme au Népal, c'est un Airbus, ça veut tout dire sur la météo.

Le patron avait dit qu'il fallait partir tôt pour passer les rivières mais finalement on part à 14h. C'est plus un problème. Bizarrement un gros groupe de russes vient d'arriver. Il a certainement besoin des chambres... Ouais, ils nous racontent un peu ce qu'ils veulent...

En principe plus d'internet avant une quinzaine de jours. Ouais, t'as acheté une carte sim qui marche dans la région mais la tienne ne fonctionne pas...

Ricardo, qui a son sac ;)

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Finalement on est parti direction Askole à 14h30. 120 bornes, peut-être la moitié sur une route goudronnée en mauvaise état puis une piste moyenne et enfin une piste plus que dégueulasse.

Passage par un plateau désertique où les Pakistanais peuvent s'essayer à la moto, le tir à l'arc voir même faire un tour en ULM.

Puis, on longe le fleuve Indus avant de s'embarquer dans une vallée de plus en plus étroite. La piste est vertigineuse et très peu d'endroit permet de croiser les jeeps qui redescendent.

A un endroit, de grand trous creusés dans une paroi, des mineurs de pierres précieuses. Plus tard, on fera un stop thé dans une petit boui-boui. On nous propose des pierres dont des rubis. Euh, ok elles sont rouges mais comme t'y connais que dal...

La piste est devenue vraiment mauvaise, il nous reste 30 bornes et les chauffeurs nous indiquent encore 2h30 de bagnole. Ça vous donne une idée de la piste.

Petite montée pentue dans du sable. Ta voiture s'arrête à un mètre du sommet de la pente. De ton côté, la voiture est à 50cm de la paroi de l'autre côté t'as 100m de vide. Le chauffeur met le frein à main, regarde s'il y a pas trop de risques qu'un rocher nous tombe sur la gueule et sort de la voiture. Euh, il est sûr pour le frein à main?

Il remonte et fait marche arrière. 2eme tentative, pas mieux. On patine dans le sable mais on monte pas plus. Re-marche arrière. Toi, tu prends le prétexte de ton surpoids pour descendre de la bagnole. Les 2 pakistanaises font pareil. Il a fallu 4 tentatives pour que la voiture passe.

Toutes les autres sont passées du premier coup. 2h de route dans le noir, ça permet de moins voir les ravins.

Arrivé au petit village d'Askole où tout est prêt. Bon, ça fait un peu HLM, les tentes collées les unes aux autres.

Pour le dîner ? Vous allez trouver.... Du riz et du poulet...

23h, on est tous crevé, certains ont déjà l'estomac en vrac, même un pakistanais. On va certainement tous prendre cher. Le guide a disparu, tu cherches son assistant pour qu'il nous donne le briefing. Le mec est presque surpris qu'on lui demande à quelle heure on se lève, déjeune...le nombre d'heures de marche... Les informations de base.

Tu relis le programme prévu, bon c'est pas là qu'on devait s'arrêter en bagnole. La journée gagnée va finalement être perdue.

On est tous crevé mais à minuit passé, les locaux parlent encore très fort. Ah, 1h du matin, ça y est, ils dorment enfin. Tu viens de réaliser que ton matelas gonflable se dégonfle très rapidement. C'est con, t'avais vérifié il y a un mois.

5h du matin, les cuistots sont au boulot et discutent allègrement. La nuit a été courte et compliquée. Tiens, il tombe quelques gouttes de bienvenue.

Comme on est arrivé à la nuit, on avait rien vu. Il y a au moins trois autres groupes. Ça fait un peu parquage de touristes.

Allez, il est temps de commencer à marcher.

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Incroyable, que trente minutes de retard sur le planning, pas mal pour le Pakistan.

On quitte le petit village d'Askole au milieu des champs.

Pour remonter le fleuve Indus avec de superbes paysages parfois très minérales.

On commence à croiser des groupes qui reviennent du camp de base de Concordia. Va savoir s'ils ont pu aller au camp de base du K2, voir même s'ils ont pas été bloqué avant le col du Gondogoro (GG pour les intimes).

Tu pensais être parti avec la légion étrangère, t'as plutôt l'impression que ça va être un remake pakistanais de la 7eme compagnie.

Donc, côté légion étrangère, t'as l'américain bodybuildé survitaminé coach sportif qui cours quasiment devant. Il mange neuf oeufs au petit dej sans compter les protéines qu'il a apporté. Une bête le gars. On verra sur la montée car aujourd'hui c'est 18 bornes de plat. L'année dernière ça se faisait en bagnole, maintenant c'est interdit. Sur le programme, pour ne pas effrayer le marcheur d'occasion, ils ont laissé la bagnole. On va quand même en croiser quelques unes mais pas avec des touristes.

Côté 7eme compagnie, il y a 'juste' les anglais, la polonaise et quatre sur cinq pakistanais qui ont dû mal, en gros la moitié du groupe. Les pakistanaises commencent à dire qu'elles iront peut être que jusqu'à Concordia sans même tenter les camps de base. Donc Bye-Bye le GG pour elles.

Contrairement aux sherpas, les porteurs pakistanais n'utilisent pas de lanière sur le front pour porter. Mais ils portent aussi du lourd. Ils sont tous très souriants et étonnement certains ont les yeux très bleus.

Grand luxe, certains portent les chaises plastique pour qu'on soit confort pour le dîner. Ils sont sûr d'aller jusqu'à la fin du trek contrairement à ceux qui portent la bouffe et qui vont partir au fur et à mesure que l'on aura mangé ce qu'ils portent.

Une des pakistanaise a un côté princesse. Ces bâtons de marche étaient beaucoup trop haut. Tu lui montres comment le régler plus à sa taille. Est ce que tu crois qu'elle va régler le deuxième bâton. Pff, elle les donne à un porteur pour qu'il s'en occupe.

Alors, on a eu quoi au déjeuner ? Et non, pas de riz. C'est la journée pasta. Soupe de noddles et ensuite des coquillettes.

Devant on marche avec l'assistant de l'assistant du guide. Un vieux monsieur qui nous oblige à 10 minutes de marche du camp de s'arrêter et d'attendre en plein soleil. On le voit, on le touche presque du doigt.

Si le fond de la vallée est remplie de nuages, pour l'instant ici on prend des coups de soleil

Le guide et son assistant? Va savoir où ils sont...

Va y avoir ce soir un petit réajustement car ça serait bien qu'un des guides marche devant. On a jamais aucune information sur le temps de pause, l'heure du dîner...on sait rien de rien.

Il y a un camp en bord de rivière, mais le camp Jhula en retrait dans une vallée perpendiculaire offre des... toilettes.

14h30, on est au camp bien avant les porteurs. Les plus lents arriveront 1h plus tard sur les genoux. Ok, on oublie la légion étrangère, definitivement la version pakistanaise de la 7eme compagnie ? Les guides apparaissent comme par miracle. Va savoir où ils ont traînés.

Y a que les cuistots qui étaient déjà là. La vue du camp est plutot sympa.

On trimballe des poules vivantes, un autre groupe une chèvre. Vous avez bien compris que la chèvre a pris l'option aller simple. Comme on est sur le même timing qu'un groupe de coréens et un groupe de chinois, va savoir qui l'a commandée... On voit passer un de nos cuistots avec deux poules vivantes et un grand couteau. On a compris qu'on avait du poulet ce soir... Encore heureux que la seule végétarienne du groupe ne soit pas encore arrivée.

Impossible de trouver d'où vient la fuite d'air dans ton matelas de sol. C'est pas dans la soupière remplie de flotte que tu vas trouver la fuite et la rivière génère beaucoup trop de remous. La nuit va être compliquée.

Tous nos sacs arrivent sur des mules. Tu pensais qu'on allait avoir des porteurs. La grosse question est qui va porter tout l'équipement quand on va passer GG. Il y a une corde fixe donc à moins qu'il aient inventé des harnais pour mules....

Pendant toute la journée des hélicoptères militaires nous survolent. On est prêt de la frontière avec la Chine et il y a plusieurs bases militaires. T'apprends qu'en cas de problème, uniquement les hélicoptères militaires sont autorisés à intervenir et ça coûte 20.000 euros. Ton assurance te couvre pour 4.500 euros. C'est clair, tu rentres sur les genoux mais tu ne prends pas l'hélicoptère.

Un des pakistanais est allé voir en douce les guides pour leur dire que ça serait bien de faire un briefing après le dîner en anglais. Déjà fallait savoir à quelle heure était le dîner.

Tu découvres que ton programme est différent des anglais et différent de celui des guides. Demain on marche et le lendemain on a une journée d'acclimatation...faut savoir que demain on monte de 200m d'altitude et qu'on va faire cette journée d'acclimatation à 3400m. Alors, le but n'est pas dire il faut suivre le programme. Si les guides ont mieux à proposer, bien sûr. Mais pour ceux qui font un peu de montagne, ça doit vous faire drôle une acclimatation à 3200 après seulement deux jours de marche sur du plat sachant qu'on a commencé à marcher à 3000m. Alors que si on suivait le programme que t'avais on faisait une acclimatation à 4100m. Ca te semble préférable. Mais ça veut dire qu'on a plus aucune journée d'acclimatation....

Mais c'est pas fini. Ça ne parlera qu'à ceux qui sont venus dans le coin. De Concordia ils veulent nous faire faire l'aller-retour au camp de base du Broad Peak puis le lendemain l'aller-retour sur le camp de base du K2 alors qu'on passe devant le camp de base du Broad peak. Et le surlendemain direction Ali camp puis GG.

Alors qu'il vaut mieux qu'on fasse ce qui est prévu : c'est monter et dormir au camp de base du Broad peak

Ça nous permettra en plus de passer une nuit à 4800m. Et le lendemain on monte au camp de base du K2 et on redescend sur Concordia.

30 minutes à leur faire comprendre la logique.

Bon, tout ça à condition qu'on ait la bonne météo...


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Petit déj à 6h pour un départ prévu à 6h30...

Va comprendre, cette nuit ton matelas de sol ne s'est pas dégonflé. Direction le camp de Paju. On a 20 bornes pour 200m de dénivelé positif. Quasiment la même journée que la veille. Finalement t'a rien dit hier concernant le fait d'avoir un guide devant. Tu t'es suffisamment battu sur les camps de base. Et surtout si on a pas de guide, on peut marcher à notre rythme sans des arrêts inutiles.

Résultat, on est arrivé à 10h30 à l'endroit pour le déjeuner. Tous les groupes s'arrêtent au même endroit, un point d'eau potable (en tout cas, après filtrage).

On a beaucoup de chance, grand soleil et ton thermomètre (chinois) indique entre 35 et 37 degrés. Du coup, on a déjeuné à 11h sans la moindre ombre au kilomètre alentour. Ça laisse des traces. Juste une soupe de noddles et quelques biscuits pour le dej, ça fait très léger vu ce qu'on marche.

Une anglaise et la polonaise sont plus qu'à la ramasse. Elles arrivent exténuées une heure après nous alors qu'on est sur du plat sans altitude. Ça risque d'être très compliqué. Ça va être un blockbuster à la sortie, ce film.

A chaque campement, t'as la boutique qui vend des boissons. Des bières fraîches ? Ouais, bien sûr au Pakistan. A ce propos un pakistanais t'a dit que l'alcool est autorisé au Pakistan mais interdit aux musulmans. Mais, faut connaître où ça se vend...

Tu te doutes que vu la distance pour amener les bouteilles, ça va pas être donné. Mais on s'est fait avoir, si t'es un touriste tu payes trois fois le prix, l'équivalent d'un bon resto à Islamabad. La prochaine fois, tu feras ta princesse, tu demanderas à un porteur d'y aller pour toi. 11h30 on repart, à chaque fois qu'on demande combien de temps, on a une info différente. Tu sens que l'américain commence à tirer un peu la jambe et trébuche sur les pierres. Il aime pas la poussière alors il a des grosses chaussures montantes, des énormes guêtres sur un pantalon. Il transpire dans ses pompes comme pas possible. Pour la première fois il sort les bâtons et marche derrière toi plutôt que gambader allègrement devant... Et ouais 16 kg sur le dos, ça laisse des traces. Le chemin ? De la pierre et de la poussière...On nous avait qu'il y aurait un ruisseau à franchir mais qu'il y aurait un pont. Voilà le pont.

T'as discuté avec les porteurs. Les mecs sont payés sur une base de 25 kg à porter. Ensuite ils rajoutent leurs propres affaires et leur bouffe pour les trois premiers jours. Ensuite la bouffe est fournie par l'agence. T'as essayé de porter leur charge. T'iras pas loin c'est sûr. Le plus dur ce sont les cordes autour de tes épaules et t'as l'impression d'être cisaillé.

Le camp Paju est en légère hauteur par rapport à la rivière. T'as fait monter ta tente dans un coin avec vue imprenable et surtout le plus loin de la tente cuisine.

Ils ont installé des petits cabanes grises pour les toilettes. Quand tu y vas, t'es tout de suite constipé. Ces toilettes ont été offertes par l'Italie pour fêter l'ascension du K2. Elles ont jamais été entretenues donc c'est de pire en pire.

T'as aussi 2-3 tuyaux d'eau pour te laver. T'es en train de te rafraîchir en même temps qu'un mulet. Au moment où il se barre, t'as deux mules qui se pointent pour squatter ta flotte. Sans déconner, t'es pas arrivé à les faire partir. Aucun respect du client.

On a discuté avec un gars qui redescendait. Il a passé quatre jours à Concordia dans la neige, impossible de faire quoi que ce soit. Vu comme le soleil tape, la neige devrait avoir fondue quand on va se pointer.

Après discussion avec le groupe, tu réalises qu'aucun des pakistanais n'a jamais fait de montagne, voir même jamais monté à 4000m et ils pensent que 5800m devrait pas être un problème, en plus sans aucune préparation physique. Un peu comme s'ils avaient réservé une semaine à la plage. Sans déconner, vu comme c'est parti, si on passe GG, t'arrêtes l'alcool et le saucisson.

Très très grosse discussion ce soir. Le guide veut qu'on reste à Paju un jour de plus. Au début il a essayé de faire croire que c'était parce que trois porteurs partaient. C'est juste normal, car au fur et à mesure que la nourriture baisse, ceux qui la portent n'ont plus d'utilité. Ensuite, c'est par ce que certains sont fatigués après juste deux jours de marche sur du plat. Ça veut dire que notre jour d'acclimatation à 4000m prévu dans deux jours saute. Ça veut aussi dire qu'on a plus aucun jours de repos ni d'acclimatation et qu'on a sept jours de marche avec deux montées à 5000m et ensuite un col à 5600m à passer de nuit. Facile... Pour résumé, vu la condition physique du groupe, on va certainement même pas tenté d'y aller. Le guide veut faire peur en disant que demain ça sera difficile. Ensuite il dit qu'on aura une autre journée d'acclimatation. Quand on creuse, on voit que c'est pas vrai, alors il essaye de voir si les gens peuvent changer leur billet d'avion pour rester un jour de plus. Le délire complet. Et enfin il dit que le jour où on monte de Concordia au camp de base du Broad peak, on peut considérer que c'est une journée de récupération car il n'y a que 4h de marche. Ouais, sauf qu'on va monter de 4600m à 5000m sans jamais avoir eu aucune acclimatation. Bobards sur bobards. On passe au vote, et ouais, c'est la démocratie au Pakistan ! Sept personnes sur treize ont voté pour rester à Paju. A part un pakistanais et toi, aucun de ceux qui voulaient continuer aucun ne s'est battu. Les trois anglais ont en rien à foutre, ils n'ont pas prévu de passer le col. Et les autres ont aucune idée de ce que c'est l'altitude. Les anglais sont contents, demain, on fait grasse mat jusqu'à 9h (sur leur demande). C'est plus la 7eme compagnie, c'est la compagnie créole....Ta seule chance, à condition d'être en bonne condition, c'est que la plupart décident de faire un nogo et qu'on soit que 2 ou 3 en bonne condition à tenter le col. Mais c'est super mal barré.

Voilà, ça t'apprendra de partir avec une agence locale qui ne contrôle pas qui s'inscrit sur un circuit un peu engagé.

Bye-Bye GG

6

Nouvelle journée à Paju... waouh

Tous les autres groupes sont partis même les coréens qui pourtant se traînent. Du coup, opération lavage de fringues. Il a fallu montrer à Bilal (39 ans) comment on lavait ses vêtements à la main...non, non, c'est pas une blague. Jamais ils le croiront dans le film.

Le hollandais a la fièvre depuis deux jours. On demande au guide s'ils ont un kit médical. La réponse : on va regarder mais il faut surtout manger du riz. Vous voyez c'est simple, les médecins français peuvent partir au chômage.

La matinée ? A jouer aux cartes sous la tente mess. T'as bien fait de venir au Pakistan.

Si un de ceux qui a voté pour rester aujourd'hui part faire une balade, tu le demontes. Seul un pakistanais (celui qui avait voté pour continuer) est allé se balader, il est monté sur une petite colline de 300m et maintenant il veut faire l'ascension de l'Everest. Le délire, c'est pas possible, tu vas te réveiller, t'es en train d'atterrir à Islamabad.

Dans l'après-midi, les groupes qui étaient un jour derrière nous sont arrivés au camp. Y a un groupe Nomad aventure. Histoire de te faire mal, tu leur as demandé si par hasard, il restait une journée de plus. ils ont eu l'air étonné.

Un groupe est arrivé avec une sorte de flûte qui a attiré les porteurs. Et puis c'est parti pour les chants et percussions sur des bidons.

Ça t'a occupé 20 minutes. Espérons que les autres auront repris des forces.

7

Nous voilà enfin parti de Paju. C'est aujourd'hui qu'on commence à marcher sur le glacier Baltoro direction le camp de Khorbutse.

Alors t'as essayé les crampons sur tes sandales. Techniquement ça marche mais les doigts de pieds tapent sur le métal. Comme c'est mort pour GG, t'en as un peu plus rien à foutre. Mais on te dit que t'auras pas besoin de crampons sur le glacier. Effectivement on marche plus sur de la terre et de la roche que de la glace. C'est qu'au bout de 2h de marche qu'on commence à voir des morceaux du glacier. Puis, on a dû marcher 2h sur le glacier, et après on le longe. Vu la chaleur, va savoir ce qui restera du glacier dans dix ans. Une seule petite plaque de glace sur le chemin et faut que l'américain se rétame la gueule. Chef, chef, j'ai glissé..

Le glacier craque par moment et déclenche des petits éboulements.

L'américain a fini de faire le con et n'arrive plus à courir devant. On va se taper 300m de D+ pour une quinzaine de bornes mais c'est surtout des petites montées et descentes qui tuent. Sur le papier, on est parti pour 7h de marche. Étonnement les deux pakistanaises tiennent le choc.

Les deux guides ? Va savoir où ils traînent.

On marche avec le vieux (l'assistant de l'assistant) qui gentiment essaye de nous baragouiner quelques mots d'anglais mais surtout essaye de faire des stops toutes les trente minutes. Manque de chance pour lui, on l'écoute pas trop et même une des pakistanaises pousse à avancer. On le lâche, on suit un groupe de lettons avec leur guide pakistanais qui nous fait prendre le mauvais chemin près d'une crevasse.

On arrivera finalement à Liligo pour la pause dej à 11h. Ça cogne grave, on doit taper largement les 35 degrés, mais la vue est superbe.

On peut même voir trois parapentistes en train de prendre des ascendants en haut d'un pic pour avoir suffisamment de hauteur pour passer au pic suivant et ainsi de suite. Ils doivent déjà être au K2 en ce moment. C'est un français qui traverse cette région du Pakistan. Il imagine ouvrir un 'bureau' à Concordia pou proposer des vols en tandem près du K2. Pas con!

Les vallées perpendiculaires à notre vallée ont aussi des glaciers. Ceux orientés sud ont beaucoup reculé

On est vraiment dans un environnement purement minéral.

L'anglaise arrivera 1h30 plus tard. Tu lui avais dit de donner son sac à dos à quelqu'un mais elle refuse. Ah la fierté...

Avec l'américain, on a lâché le vieux (qui est plus jeune que toi) pour rejoindre le camp de Khorbutse. Une dernière grande descente dans du sable avec une vue sur une vallée perpendiculaire.

On va être un peu les uns sur les autres mais la vue est assez incroyable.

Le groupe de lettons continue sur le prochain campement qui est à 3h de marche, respect. Nous ? L'américain, un des plus en forme est en train de dormir sur la table dans la tente mess. Au dîner, lui qui généralement se jette sur la bouffe n'a rien mangé. La fatigue et l'estomac en vrac. Pour l'instant tu résistes mais c'est pas sûr que ça va durer longtemps.

Tous les soirs, les porteurs installent des bâches au sol puis au dessus pour se protéger d'une pluie éventuelle. Les cuistots et les guides dorment au chaud dans la tente mess.

Lendemain matin, lever 5h pour un départ en théorie à plus ou moins 6h sachant qu'on va avoir 3-4h de marche max. On est passé du quart d'heure pakistanais à la demi heure pakistanaises en terme de timing. Ça va nous laisser du temps au camp Urdokas.

Premiers nuages depuis le début du trek, ca va nous faire du bien car ça cogne quand même dur.

On est maintenant sur le même timing qu'un groupe français. Quand ils demandent à leur guide le nom des montagnes, il leur dit que ce n'est pas le K2. Il en sait pas plus. Au moins les notres connaissent mais ils ne transmettent pas l'infos. T'as sympathisé avec Faryal, une des pakistanaises, c'est elle qui te transmet les informations....C'est comme ça, que tu apprends que les montagnes devant toi étaient la cathédrale et la tour Trango. Ouais no comment.

Même photos avec 2 appareils différents 

La marche est plutôt tranquille même si la dernière montée au camp Urdokas est un peu pentue. Ça reste de la pierraille, des rochers et du sable. Toujours en sandales, tes pieds sont en sale état. 4 compeed à chaque pied. Demain, malheureusement, tu repasses en chaussures de rando. C'est plus possible.

On arrive à 4020m d'altitude. Pas très loin d'une base militaire.

Tu croises vendeur de Coca à 18 euros la bouteille...

Bilal, ton colocataire d'Islamabad vient d'arriver. Il est aussi malade du bid, il veut abandonner... Va falloir le remotiver. Les pakistanais boivent l'eau sans la filter. Ouais, on est des locaux, pas de problèmes. ils sont quasiment tous touchés. Pour l'instant, ton estomac va à peu près...Croisons les doigts

Le camp est en surplomb du glacier et d'un lac.

On a croisé un groupe qui redescendait. La semaine dernière dans ce camp, ils avaient 20cm de neige. T'as mis ton thermomètre en plein soleil, il indique 45 degrés.

Pas grand chose à faire à part jouer aux cartes ou somnoler. T'as pas regardé ta tronche mais quand tu vois celle des autres, ils ont pris 10 ans.

8

Yo,

Direction le camp de Goro II où on dormira sur le glacier. Une petite douzaine de bornes avec à peine 200 d'élévation. Étonnement, c'est donné pour 7h de marche. En fait, faut se méfier car même si, sur le papier, on monte que de 200m, en fait, on passe son temps à monter à descendre.

Plus la peine de commenter les délais pakistanais pour le petit dej, plus ça va plus c'est dans le délire.

Le ciel est plutôt couvert, ton thermomètre annonce 12 degrés. L'américain qui vient du Minnesota est content. Les 35 degrés, il connaît pas trop par contre si c'est négatif il sera ravi. En plu, il n'est plus malade donc il galope.

Nous voilà parti avec notre papy guide toujours souriant. Ça faut pas 15 minutes qu'on marche qu'il prend le mauvais embranchement, en plus celui qui monte durement. Tous les porteurs prennent l'autre chemin. On est un peu dubitatif. On entend un sifflet au loin. C'est un des guides qui fait comprendre que ce c'est pas le bon chemin. On partait en direction du camp de base du Masherbrun (ou K1), un petit 7800m. Il est gentil mais c'est la première fois qu'il vient, pourquoi le mette t il devant ?

Coup de téléphone du réalisateur Christopher Nolan, il veut l'exclusivité sur le scénario qu'on est en train de vivre. Tu laisses les pakistanais négocier.

On arrête les conneries, avec l'américain, on part devant et on fera le chemin avec le cuistot de ce midi et des porteurs. Alors, quand tu dis qu'on fera le chemin, tu veux dire qu'ils te mettent une pile puis s'arrêtent. Ouais, un peu comme du fractionné. Le cuistot à un talky pour indiquer qu'il est avec deux des clampins. Autant hier, t'avais rarement l'impression de marcher sur le glacier, autant aujourd'hui, t'es souvent en contact avec la glace.

Le temps ne s'améliore pas et empire derrière nous. On voit des blocs de glace comme des icebergs qui jaillissent du glacier et tranchent avec le côté rocailleux tout autour.

8h50 on est arrivé au camp Goro I, pour le dej... Ça fait un peu tôt surtout qu'il est pas très accueillant, assez sale.

50 minutes plus tard, un revenant. Bilal, qui la veille voulait abandonner, court quasiment au dessus du chemin. Tu lui as dit hier soir qu'il fallait qu'il est un sac a dos léger sinon c'était mort pour lui. Il a plus que 2 kg, plus mal au bid, c'est Bilal V2. Sans déconner, si c'est pas un sacré rebondissement dans le scénario. Bilal, nommé caporal! Les autres arriveront vers 10h30. Ils ont pris un peu de flotte qui semble venir vers nous. Du camp, on devrait voir le K1 mais vu les nuages, que dal.

T'as discuté avec un pakistanais qui trimballait une chèvre. il fait parti d'une équipe de secours qui monte au camp de base du K2. C'est le terminus pour la chèvre. Il y va pour redescendre un corps d'un alpiniste mort l'année dernière.

Ben, déjeuner à 10h30 d'une soupe de nouilles chinoises et fruits en boîte. Direction le camp Goro II. Bilal est parti devant, tu l'as jamais revu ! Le camp est sur le glacier et on nous a prévenu qu'on allait avoir froid cette nuit. Toutes les autres équipes ont des bâches pour mettre sous les tentes pour limiter la remontée du froid de la glace mais pas nous. Alors, on est pas posé directement sur la glace, on une sous couche de gros graviers de quelques centimètres mais quand tu poses la main au sol, tu sens bien le froid et l'humidité.

T'as fait remarqué à la pakistanais qui a remonté l'information. Résultat, ils sont venus avec des bouts de plastique. On enlève nos affaires de la tente et plutôt que mettre les plastiques entre le sol et la tente, ils mettent les plastiques mouillés à l'intérieur de la tente. On s'est tous regardé...non, non, c'est pas une fiction ! A chaque jour le prix du scénario augmente. Pas besoin de se creuser la tête, il s'écrit tout seul.

S'il pleut à 4200m, c'est qu'il neige au dessus. Va falloir du soleil dans les prochains jours sinon t'es bon pour retourner par le même chemin. Les montagnes ? On en voit aucune...

A ton tour d'être malade de l'estomac. Pourtant t'as fait attention à tout. Histoire d'avoir un apport de protéines, tu t'étais ramené du saucisson (halal). Est ce qu'il a pas supporté les 35 degrés ? On tout cas, tu n'y touches plus. La trousse à pharmacie ? Ouais, bien sûr. Mais comme tu gardes pas les boîtes et que t'as paumé le papier indiquant leur utilisation, c'est un peu la roulette russe. Regarder sur internet ? A ton retour en ville. Du coup, t'as tapé les médicaments de Bilal. La veille il était malade de l'estomac et ensuite avec ses pilules il courrait.

Lors du simili briefing du soir, Bilal demande si on marche demain s'il pleut. Euh, on peut rester là une semaine si tu es en sucre.

9

Nuit difficile. Ça doit être la 3eme nuit que tu dors quasiment pas

Temps gris, il pleuviote. On a 12 bornes pour rejoindre Concordia avec 300m d'élévation. On part avec 1 heure de retard pour 6 h de marche. Avec l'américain et maintenant Bilal, on a compris le truc, on se barre devant avant papy. Comme ça, on peut marcher comme on veut.

Vu le temps gris on aura pas de pause déjeuner. On a le droit à une patate, un oeuf, une vache qui rit et des morceaux de chapati.

Paysage identique côté marche, un peu de glace, de la rocaille et des graviers et ces morceaux blancs de glace qui sortent du glacier.

Les montagnes autour ? On voit pas les sommets... Passage à côté d'un camp militaire. La vache, six mois ici ça doit être dur.

Le plus dur sur cette partie c'est que tu montes une petite colline et à chaque fois t'espères voir le camp. Mais non, il y a derrière une autre petite colline un peu plus haut et ainsi de suite. Tu commences vraiment à être entamé et à te traîner. On arrivera finalement vers 11h. Toi t'es sur les genoux.

Ils ont décidé de monter le camp un kilomètre avant le vrai camp Concordia. L'intérêt de camper à Concordia est que tu es face au K2. Nous on le voit même pas d'où on est. En plus on est sur un champ de cailloux pointus. Va comprendre cette équipe.

Vers 15h, le ciel se dégage de plus en plus. Avec la section qui est en forme (les autres sont pas encore arrivés) on va jusqu'à Concordia. Toutes les camps sont installés là bas. La vue sur le K2 et toute la vallée est exceptionnelle. C'est une des premières fois depuis deux semaines qu'on voit le sommet du K2 et le Broad Pick sur sa droite.

18h30, les deux dernières viennent d'arriver, elles ont mis 10h et sont sur les genoux.

Alors, pourquoi on s'est pas installé à Concordia ? Car il y a beaucoup de groupes et pour qu'on ne soit pas les uns sur les autres... Concordia est immense. Et dans tous les autres camps ça n'a jamais posé problème qu'on soit en mode boîte de sardines. Et puis, faut pas déconner, on change pas une équipe qui gagne...

Faut reconnaître que la vue est sympa mais si on avait le K2 en plus....

10

Aujourd'hui la 7éme compagnie monte dormir au camp de base du Broad Peak à 4800m. Le scénario est un peu compliqué alors soyez concentré. Ceux qui sont en forme vont ensuite enquiller un aller-retour sur le camp de base du K2 à 5000m. Demain, ceux qui seront pas montés au camp de base du K2 pourront le tenter et ensuite redescendre sur Concordia. Ceux qui seront montés aujourd'hui descendront directement sur Concordia. Ceux qui vont tenter demain auront une grosse journée après demain pour rejoindre le camp Ali. Donc il vaut mieux que tu tentes dès aujourd'hui de monter au camp de base du K2. C'est clair ? Si le film est pas primé à Cannes !

Sans déconner, de Concordia au camp de base du Broad peak c'est un faux plat tranquille montant dans la rocaille. Que de la rocaille. En contrebas, tu vois des mecs qui marchent sur le glacier, t'as fait pareil. Tu t'attendais à en baver mais c'est pas trop physique. Tu t'es débrouillé pour lâcher le vieux guide et monter à ton rythme sans faire de pause. Pas de mal au crâne, rien. On est six à arriver sans trop en baver au camp.

Un gars nous explique qu'il y a actuellement trois expéditions sur le Broad Peak et une vingtaine sur le K2. Sur le K2, ils sont coincés au camp 3 car ils doivent installer des cordes fixes. La météo va se détériorer et ils vont attendre la semaine prochaine pour tenter l'ascension.

K2 

On a vraiment des champions côté camp. Ils l'ont installé à côté des poubelles, des pattes de chèvres... L'américain sort : shitty company, shitty camp. Voilà, c'est dit.

Après le déj, direction le camp de base du K2 et son mémorial à flanc de colline. On part avec un cuistot et le vieux... Trois groupes se forment rapidement. C'est le frère du cuistot qui finalement monte au camp de base qui nous sert de guide. Impossible à suivre la fusée. On monte sur le glacier, ça évite de se péter les chevilles dans les rochers.

Pas sûr qu'on est pris le chemin le plus simple mais on arrive enfin au mémorial. Des petites stèles, des photos, des objets ayant appartenus à ceux qui sont morts sur le K2.

Le camp de base, un petit village avec dizaines de tente et pas de la tente de base de touristes. C'est assez confort. Les expéditions ont le droit à un groupe électrogène. Grâce au frère du cuistot, on nous a invité à prendre un thé et des fruits secs sous des parasols d'un camp.

C'est sympa mais on a bien 2h de descente. On a choisi l'option glacier.

Côté météo c'est exceptionnel. Grand ciel bleu partout.

Si vous voulez voir le K2, pas la peine de monter à son camp de base car on est trop collé à la montagne. Le camp de base du Broad Peak n'a pas grand intérêt.F ranchement, t'as pas trouvé trop d'intérêt de monter jusqu'à ces camps de base à par de dire d'être aller aux camps de base. Chacun son truc.

Incroyable, pour le dîner, ils nous ont sorti du riz, des lentilles et des...pizzas

Grosse avalanche ce matin pas très loin du camp. D'où on est, mais faut savoir où regarder, on peut voir des alpinistes arriver au sommet du Broad Peak.

Ce matin, la section 'AuBoutDuRouleau' (les plus fatigués qui ne sont pas allés la veille) monte au camp de base de K2. La section 'CaPasseTranquille' qui est montée la veille redescend à Concordia. Comme d'hab, on a le vieux guide qui veut nous faire redescendre par la rocaille. Le glacier ? Trop dangereux, soit disant des crevasses. Euh, hier on a marché 2h sur le glacier sans guide. Personne n'était inquiet concernant d'éventuelles crevasses. En plus, t'es monté la veille par le glacier donc rébellion. L'américain t'a suivi, puis le couple de danois ont réalisé qu'au bout d'une dizaine de minutes que c'était une connerie de marcher dans la rocaille. Il y a que le caporal Bilal qui a suivi le colonel et est arrivé sur les genoux et a regretté de ne pas t'avoir suivi. Si un jour vous montez au camp de base, pas d'hésitation, le côté du glacier.

Incroyable, la veille au soir, la pakistanaise avait demandé si on pouvait avoir un autre emplacement à Concordia, histoire de voir le K2 et alléluia on a un nouveau avec une vue imprenable. T'as vraiment deux catégories de clients.

Les porteurs montent leur camp à base d'empilement de pierres pour se protéger le soir du froid et du vent. On les a tous aidé sauf les touristes pakistanais. Ce sont pas des touristes mais des stars.

18h, la 7eme compagnie n'est toujours pas arrivée. En les attendant, on mange des frites.

Ils sont arrivés à 19h en étant parti à 7h. La dernière, la polonaise, est arrivée à la frontale à 20h pour aller se coucher directement. L'équipe, toujours au top, n'avait pas prévu ni repas ni pique-nique pour eux. L'anglaise qui était toujours loin derrière avait décidé,ce matin, de ne pas y aller sinon elle serait arrivée à minuit. Elle en avait marre de pleurer tous les jours. Bilal et elle ont décidé de louer un cheval pour le retour. 500€ pour quatre jours... C'est plus que le salaire mensuel d'un mec du coin. Bilal a décidé de négocier.

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Sans déconner, va comprendre, même certains qui sont sur les rotules depuis les premiers jours hésitent encore à passer le col du GG. Ils comprennent pas qu'on aura 6h de marche dans la journée, pour rejoindre le camp Ali, quelques heures de repos, puis 10-12h de marche en partant à 23h pour passer un col à 5600m de nuit.

Ils arrivent systématiquement épuiser sur des distances plus courtes et avec moins d'altitude.

Tu comprends même pas comment le guide est d'accord pour les enmener. En fait, certains ne veulent pas prendre le chemin retour et donc veulent passer par le col. Il y a que Bilal qui est sûr de ne pas y aller et en plus il envisage de louer une mule pour redescendre. T'es même inquiet d'y aller avec eux, car ils vont mettre à risque tous les autres si on doit les attendre dans le froid de la nuit.

Bon, pour l'instant c'est mal barré car les nuages arrivent de tous les côtés, la température baisse.

Briefing du soir, un guide vient avec son téléphone (oui, il y a internet pour ceux qui ont une carte Scom qui fonctionne...depuis le premier jour, il y a un câble qui remonte toute la vallée jusqu'à Concordia jusqu'à une antenne pour avoir accès au téléphone et parfois internet) pour nous montrer les prévisions météos. Elles sont pas bonnes. De la neige, de la pluie, des nuages. Il nous dit que les porteurs ne voudront pas passer si la météo n'est pas bonne mais c'est à nous de décider. Sachant que ceux qui iront à Ali camp n'auront plus de cuisine car elle repart avec le groupe qui fait demi tour (en fait, ils nous montent, il y a bien une 2eme cuisine mais ils le disent pas par rapport au moment où tu avais voulu faire deux groupes à paju). Donc quand on arrive sur place si c'est pas faisable, ça va être compliqué. Toi, tu t'en tapes, t'as pas d'avion donc tu peux attendre une fenêtre météo.

On est cinq à vouloir y aller. Le pakistanais qui tient la route, l'américain, le couple de danois et ta pomme. Ça discute, ça discute. T'as même un cuistot qui te fait comprendre à voix basse que ça passe... Donc, on leur dit qu'on y va quand même mais qu'on prendra la décision définitive demain matin. Ça leur laisse la soirée pour s'organiser. La nuit porte conseil... Pas sûr

Histoire de bien dormir, on te file un cachet de melatonine. Ta tente n'est pas très loin de la tente cuisine, l'erreur. 23h30, ils arrêtent enfin de parler. Ça te permet enfin d'entendre le ronfleur de la tente voisine.

Minuit et demi, tu dors toujours pas. Tu vas faire un tour dehors, il pleuviote. T'as dû t'endormir jusqu'à 3h car c'est à nouveau le moment de faire une sortie nocturne (non, non, t'es pas de garde). Ah maintenant il tombe quelques flocons de neige. 6h30 t'as pas entendu ton réveil sonner. Tu sors la tête de la tente pour voir le K2. Il est en vadrouille derrière des dizaines de nuages. Gros mal au crâne, fatigué, sur les genoux, t'as dû mal à faire ton sac. C'est maintenant que la pilule fait son effet. Tout le monde est déjà à la tente mess. Tu redefais tes deux sacs pour trouver tes lunettes qui sont en fait dans ta poche de pantalon. Tu bailles sans arrêt. T'es à plat, t'as dû mal à rester debout immobile.

Bonne nouvelle, les porteurs sont finalement ok pour y aller. Un des guides est en train d'expliquer à la polonaise que c'est pas une bonne idée qu'elle tente le col. (Rappel, hier elle est arrivée épuisée à 20h). Le col, pour des raisons de sécurité, doit se passer avant 6h du matin en parlant à 23h la veille. Si elle y va, elle le passera deux jours après.... Finalement elle fait la gueule mais accepte de ne pas y aller.

Toi, t'es essoufflé juste en faisant quelques pas. T'es pas en état pour y aller. Putain de melatonine. Le seul pakistanais qui avait la condition physique pour y aller fait un nogo. Il veut pas laisser seul son chef. Oui il est venu avec son patron....

Ça te fait mal, mais vu ton état (la veille, t'étais champion du monde), tu décides de faire un nogo. Sans déconner, ça te fait du mal (ouais, tu te répètes), t'étais venu surtout pour passer le col (et accessoirement pourrir un ami qui ne l'avait pas passer)

Bonne ou mauvaises décision, va savoir, mais tu te voyais pas ce soir après 6h de marche dans la journée t'embarquer à 23h pour 10-11h de marche supplémentaire. Dégoûté le Ricardo mais c'est la vie

12

On dit bye bye aux trois qui vont tenter le col. On a 4 jours de marche pour redescendre à Askole (au lieu de 7 à l'aller). Ça va faire très mal à la 7eme compagnie. Tu te traînes les trois premières heures vu ton état lamentable. Mais même en te traînant, tu marches devant les autres. Ensuite ça va mieux et tu lâches totalement le groupe qui lambine toujours autant. Les étapes, même si elles sont en descente vont être beaucoup plus longues.

T'auras le droit à 10 minutes de ciel bleu.

Puis, des nuages partout, si on a quatre jours comme ça...Bon, c'est vrai que malheureusement t'es déjà passé par là....

Tu viens d'arriver à Goro II où la pause dej est prévue. Le vent se lève avec un peu de pluie. Bilal arrive à pieds. Tu pensais qu'il avait loué un cheval. Ah, c'est l'anglaise qui est sensée l'avoir ce matin. 20 minutes plus tard, qui débarque sur le cheval? La polonaise qui ce matin voulait encore passer le col. Sans déconner. L'anglaise n'était pas à l'aise sur le cheval, elle lui a refilé.

T'as pas trop envie de poireauter 2h à attendre que la 7eme compagnie arrive dans sa globalité donc tu te barres.. Bilal veut pas prendre le chemin tout seul car le temps est dégueulasse. Oui, il est en sucre et une goutte de pluie peut être dangereuse... Il se traîne tellement que tu lui prends son sac à dos. Premiere fois qu'un pakistanais a un porteur occidental. On arrivera à Goro I où est le campement pour la nuit. Il y a deux autres groupes qui redescendent en même temps. Une famille dont le grand père à 76 ans et est en meilleure forme que les jambes cassées de ta compagnie et le groupe de français que tu as déjà rencontré. Hier, à Concordia, ils avaient une journée de break, certains ont voulu aller jusqu'à Ali camp, ils ont fait demi tour car trop de neige. On verra si les autres passent. Peut être que finalement t'as fait le bon choix (mais tu l'as encore en travers de la gorge).

Les pieds niquelés sont arrivés à 17h. C'est l'anglaise qui finalement est remontée sur le cheval.

T'es passé à deux sorties nocturnes. A minuit, grand ciel dégagé, on voyait même la voie lactée. Les autres ont dû certainement tenter le col. Tant mieux pour eux. A 3h, le ciel était entièrement couvert donc va savoir.

Aujourd'hui direction Khorbutse. On doit faire deux étapes en une mais elles n'étaient pas super longues. Bilal qui pensait monter sur son bourrin doit attendre. Une mule a besoin d'un resemelage de pompe. Les mecs sont à quatre car un coup de sabot est vite arrivé.

T'as dit au guide que tu marchais avec les français histoire d'être tranquille. T'as le droit aux quinze minutes de ciel bleu.

Puis le temps se couvre de plus en plus. Les prévisions météos annoncent un peu de neige en fin d'après midi au camp où on doit dormir. Ouais, donc tu vas pas trainer en route surtout que tu pètes la forme. Encore dégoûté pour le col.

Tu t'arrêtes pour ajuster ton sac à dos. Trois mètres plus haut, un gros rocher plat repose sur un mélange de glace et de gravier. Tu trafiques dans ton sac à dos quand tu entends un gros bruit de glissement derrière toi. Tu te retournes, tu vois le rocher glisser vers toi. Putain, t'as bougé comme t'as pu mais il s'est arrêté à un mètre de toi. C'était un truc à avoir une jambe en bouillie.

A 8h45 t'es arrivé à Urdokas pour la pause déjeuner...

Le groupe de français arrive 1h après, déjeune d'un plat de nouilles chinoises et se casse. Tes cuistots sont déjà là en train de préparer la popote, tu peux pas décemment te casser. Finalement à 11h, le caporal Bilal arrive perché sur son cheval, puis les pakistanaises, les rosebeefs. Le temps se couvre de plus en plus. Les nuages sont de plus en plus bas. Il pleuviote. T'avales tes pâtes rapidement.

Bilal veut partir avec toi car il a peur tout seul de ne pas trouver le chemin. Autant, hier t'avais dit ok car ça descendait tranquillement et tu lui avais même porté son sac. Autant sur cette partie, il y a vraiment des passages très pentus et il a beaucoup de mal dans les descentes. En plus on doit passer de rochers en rochers et c'est pareil, c'est pas pour lui. Et tu te rappelles que la météo annonce de la neige.

T'es parti au max de ce que tu pouvais physiquement. T'as un glacier à traverser. T'as 3 pingouins sans guide comme toi qui hésitent. Faut reconnaître que par moment c'est pas simple de trouver le chemin. Toi, tu les dépasses genre, pff pas foutu de suivre un chemin, espèces de baltringues. Les gars, confiants te suivent. Ahah, c'était pas du tout par là le chemin, juste une centaine de mètres plus haut. Tu t'es retrouvé à crapahuter dans les rochers pour essayer de sortir du merdier et retrouver un semblant de chemin. Tu te retournes, tu vois que leur guide est allé les chercher. Ça leur apprendra, faut pas suivre un charlot qui connait pas le chemin...

Oula, mais ça commence vraiment à pleuvoir. T'es arrivé à 13h au camp juste au moment où la pluie s'est mise vraiment à tomber. Beaucoup de tentes collées les unes au autres.

Nos mules ne sont pas arrivées donc il faudra monter les tentes sous la pluie sur terrain trempé. Les français sont arrivés quelques minutes avant toi. Contrairement à toi, ils ont pas encore leur tente mess donc ils poireautent sous la flotte. Tu traverses tout le camp pour leur proposer de venir s'abriter sous ta tente mess en attendant la leur. Et bien non, ils ont préféré rester comme des cons en k-way à se peler sous la flotte.

Pour fêter ton arrivée au sec, tu t'es acheté une bouteille de coca cola. T'as envoyé un porteur mais t'as quand même payé le prix touriste... Pas grave, t'es en train de boire un verre à la santé de la 7eme compagnie. A ce propos, ils doivent prendre très cher sous la flotte. T'as mis 1h30 en quasi courant sur terrain sec. Si la pluie s'arrête pas, ça va être un carnage. En plus il y a eu des passages où tu faisais pas le fier. T'es passé au pied de falaises de terre et de rochers qui peuvent décrocher à tous moments.

Une heure plus tard. Les français ? Toujours encore accroupis sous leur bâche plastique à attendre les mules avec leur tente mess. No comment.

Nos mules arrivent sous la pluie, tu crains pour ton sac pas étanche mais tu t'en sors bien. Certains sacs de couchage non protégés sont plus qu'humides. Les mecs commencent à monter les tentes sous la pluie, histoire quelles soient bien trempées. T'as tout arrêter, t'as fait vider la tente mess. Puis t'as fait monter la tente et la surtente à l'abri à l'intérieur de la tente mess. Une fois montée et protégée, t'as fait installé le plastique par terre puis poser la tente dessus. Comme ça ca t'es peinard. Mais tu crois qu'ils vont le faire pour les autres tentes. Que dal... A un moment tu peux pas te battre tout le temps...

L'anglaise est arrivée sur son canasson couverte de boue. Apparemment elle est tombée du bourrin.

15h30, ils arrivent tous. Jamais t'aurais imaginé qu'ils arrivent aussi tôt. La pluie a dû les faire galoper. Amusant, l'assistant de l'assistant du guide, le vieux, vient te dire qu'il a pas essayé de t'arrêter...il pouvait toujours essayer...

13

Les prévisions météos indiquent de la pluie dans l'après midi. Tu vas faire comme la veille, tu vas galoper. Y a quand même plus de 20 bornes...Sauf qu'il pleut pas mal et que les cinq premiers kilomètres sont dangereux. On est à flanc de falaises de terre et de rochers qui ont tendance à se décrocher quand il pleut. Le guide préfère qu'on attende que ça se calme. 6h40, ça se calme un peu. Le plafond nuageux est très bas. Le guide veut que tu attendes pour le passage dangereux afin qu'il surveille s'il y a pas de rochers qui se décrocheraient sur ton passage. La partie dangereuse n'est pas que sur cent mètres mais tu fais profil bas. Une fois hors de vue, c'est parti. Faut reconnaître que c'est superbe dangereux. Tu te fais rattraper par pakistanais étudiant en botanique qui veut devenir guide. Pour rester à son niveau, tu dois galoper encore plus. Sur un passage assez dangereux, il veut prendre un bout de chemin en chute libre. Que nenni, tu vois des cairns un peu plus loin. Il faut qu'on quitte le côté dangereux pour monter sur le glacier. Il t'embarque dans des rochers en direction d'un creux. Jamais on remontera sur le glacier et surtout tu vois pas comment les mules peuvent passer par là. Si quelque chose nous tombe sur la gueule, jamais on nous retrouvera. Tu lui dis que tu fais demi tour et que t'attendras le passage des porteurs. Effectivement on était parti dans la pampa, le chemin etait 100m avant.

Ensuite c'est que de la montée-descente sur le glacier. T'es tout seul, t'as pas l'impression d'être passé par ce chemin lors de la montée. Généralement tu croises du monde, mais là, personne. Seul point positif, le ciel s'est dégagé. Une fois sorti du glacier, t'as encore un long chemin pour rejoindre Paju qui semble pourtant pas si loin. La rivière semble sortir directement du glacier.

4h de marche non stop pour 12 bornes, y a pas de quoi la ramener. Les porteurs et cuistots vont arriver plus d'une heure plus tard. Au camp, il y a des alpinistes qui redescendent suite à l'ascension du G2. Ils y ont passés presque un mois pour y arriver. A part un américain, ils sont tous épuisés. C'est eux qui avaient fait l'erreur de te suivre hier, les pauvres. Dans le groupe, un mongol qui a réussi l'ascension. C'est une grande première pour le pays.

13h30, les pakistanais commencent à arriver en boitant sauf Bilal sur son fier destrier. Des nouilles chinoises en entrée et des pâtes en plat principal

14h30 la polonaise et l'anglaise sont toujours pas là. Tu vas te barrer. Seule inquiétude, s'ils arrivent vraiment tard à Paju, comment pourront ils rejoindre le camp pour la nuit. Imagines que tu te barres et que le guide décide finalement de faire remonter tout l'équipement à paju. Ouais, il reste encore 12 bornes même si ça devrait être plus roulant. inch'Allah.

Roulant, roulant, c'est vite dit. Ça commence à monter pile sur la digestion. Puis arrive un petit torrent à traverser. Les muletiers galèrent pour faire traverser leurs mules sans que les paquets soient trempés.


C'est le torrent avec les trois rondins de bois pour passer. Sauf que vu la pluie, le torrent c'est élargi et faut déjà rejoindre les rondins sont trop faire trempette. Coup de pot, tu retombes sur les pakistanais de ce matin. Très gentiment, ils t'aident à traverser. Les rondins sont trempées et glissants. Tu viens de réaliser que les pointes en métal de tes bâtons n'existent plus. A force de taper dans la caillasse... Ça passe mais de justesse.

Un peu de pluie, t'accélères. Oh merde, encore un torrent. Encore un coup de chance. Un porteur vingt mètres devant toi est en train de chercher le meilleur passage. Tu le suis. Tu dois sauter sur trois rochers qui émergent de l'eau puis sauter sur un dernier pour passer. Sauf que le porteur veut t'aider et reste en plein milieu du dernier rocher. T'es comme un con en quasi équilibre avec un pied qui commence à prendre l'eau jusqu'à ce que le mec comprenne. Ça passe encore.

Bientôt 16h, t'accélères. Ouais, tu pètes la forme. Ça te fait encore plus rager pour GG.

Oh, surprise, encore un torrent. Tu cherches le meilleur passage quand un nouveau porteur arrive et trouves les rochers ou tu seras le moins à risque de te vautrer. Sans déconner si c'est pas encore un coup de pot.

Allez plus que 5 bornes selon ta carte. D'en haut d'une petite colline tu vois à 300m un camp où tu crois reconnaître ta tente mess. Étonnant. Ouais, c'est bien le camp de Bardumal qui n'est pas du tout à l'endroit prévu. Tant mieux, c'est la 7eme compagnie qui va être contente. Peut-être qu'ils arriveront sans utiliser la frontale. Rien qu'à les imaginer traverser les rivières, si en plus c'est à la frontale... On aura quand même taper dans les 22 bornes

C'est là où tu sens que l'organisation est pas très pro. Les mecs ont dû arriver au moins 2h avant toi et pas une tente est montée. Faut que tu commences à en monter une pour qu'ils s'y mettent mais ils vont pas monter ensuite les autres.

Une heure plus tard arrive Bilal. Comment il a fait le bougre? ll devait laisser le cheval à l'anglaise. Il te dit qu'il a facilement traverser les torrents. Il cache son jeu? Non, en chemin il est tombé sur un gars qui descendait avec un cheval à vide et à négocier pour monter dessus. Il est tellement à plat qu'il va certainement le garder pour demain.

18h30, qui débarque? La polonaise ! C'est pas possible! Ah, elle a aussi pris un bourrin. Ca va plus être la 7eme compagnie mais la horde sauvage (alors mais vraiment très sauvage). Cinq minutes plus tard, c'est l'anglaise qui arrive aussi sur son Spandero. Si ça continue, demain tu seras le seul à piétiner.

L'équipe cuisine arrive aussi. Ils ont dû attendre tous les clampants à Paju avant de pouvoir tout remballer et foncer jusqu'ici.

19h, ils arrivent enfin. Ils ont de la chance les tentes ont été montées entre temps. Ils ont tous mal partout, certains ont glissé dans les torrents. Une véritable équipe de winner. Côté scénario, y a rien à inventer. Le film s'écrit tout seul tous les jours.

On est sensé partir à 7h. Pour la première fois, la princesse pakistanais est à l'heure pour le petit dej. Elle veut tellement rentrer en ville (c'est le dernier jour de marche) qu'elle est au taquet. Bon, il pleut. A l'aller, on avait eu 35 degrés, aujourd'hui à peine 15 degrés. On attend les ordres du guide, qu'on a pas encore vu ce matin, à l'abri dans la tente mess. Histoire de voir ce qui se passe, tu sors et tu vois que les matelas de sol traînent dans les flaques, rien est protégé. La dernière nuit sous la tente va être humide.

7h30, le guide daigne venir pour nous dire d'y aller. Ils en sont pas conscients mais il reste presque 28 bornes pour rentrer sur Askole. Le bourrin de la polonaise est prêt. T'aurais tellement aimé qu'elle aille finalement sur le GG histoire de comprendre la réalité de la rando en altitude à la frontale. Ah, le bourrin de l'anglaise est aussi là. Bilal l'aura alors l'après midi.

Hier, t'as poireauté 4h à attendre les autres pour le dej. Vu le temps de merde, t'as moyennement envie de répéter la même chose sous la flotte. Tu préviens le guide que tu feras pas de stop à midi, direct sur Askole.

Trois premières heures à marcher sous la flotte.

Sur cette rivière, il y a un pont mais faut avoir confiance.

C'est plutôt roulant. Un cuistot t'a rattrapé et te montre certains raccourcis. C'est à ce moment que le léopard des neiges surgit devant toi.

Ouais, désolé t'as pas mieux côté faune locale. faut reconnaître, que sur ces deux semaines, les bestioles sauvages, ça courrait pas les sentiers.

11h, c'est l'endroit de la pause dej. Vu le rythme qu'à mis le cuistot, les autres piétons ont en pour au moins deux heures. La pluie s'est calmé et tu as le droit à ton quart d'heure de plus ou moins soleil.

Fini les raccourcis, tu marches sur la piste. Tu commences à être plat, tu tiens grâce à tes deux barres de céréales. Il doit te rester 7 bornes quand une jeep s'arrête à tes côtés et on te propose de monter. Vous feriez quoi après plus de vingt bornes dans les pattes? Et bien, tu l'as joué seigneur (mais surtout très con), et t'as préféré marcher... Oui, oui, très con.

Changement complet de couleur. Depuis une semaine, tu n'as vu que du dégradé de brun et ocre (sans oublier le blanc de la neige et le gris des nuages), et là tu es devant des champs verts en terrasse qui presque piquent les yeux. Désolé, mais avec la pluie, ça rendait rien en photos.

A l'entrée du village d'Askole, tu te trompes de chemin et du coup tu traverses tous le village. Malgré la pluie, les femmes lavent leur linge dans le caniveau. Plein de gamins partout. Des photos ? Euh, non t'as pas envie d'être lynché. Les hommes sont assis et discutent.

Tu trouves le 'camping' d'Askole. Va savoir à quelle heure arrivera la 7eme compagnie.

Plusieurs groupes arrivant en Jeep de Skardu débarquent. Incroyable, quand on leur monte leur tentes, les mecs les retournent avant pour les nettoyer et ils le font naturellement. Tu fais la remarque à un des gars. Le mec te répond, oui nous on est professionnel. Ben ouais, no comment.

Parmi ceux qui débarquent, t'as un gars en kilt. Ça va les surprendre les porteurs pakistanais.

15h, toujours personne et la pluie reprend de plus en plus belle. Inquiet pour la 7eme compagnie ? Pas du tout, ils ont signé pour marcher... T'es plus inquiet pour ton sac qui, malgré une housse plus ou moins étanche va certainement arriver trempé.

T'es quand même étonné que les porteurs qui galopent ne soient pas encore là. Euh, y a plusieurs campings à Askole ?

15h30, les porteurs arrivent ainsi que les deux cavaliers. Ils ont pris très cher, côté pluie, des serpillières. Ton sac à dos ? La protection anti pluie est déchirée et tout est trempée extérieurement.

16h, le reste du groupe arrive petit à petit. Ils sont aussi tous trempés. Quand ils regardent le terrain boueux où on va certainement installer nos tentes, certains cherchent même un hôtel ou un truc sec dans le genre.

18h, on est tous dans un petit boui-boui, histoire de se réchauffer avec des frites et du poulet délicieux. (1h30 entre la commande du poulet et le plat sur la table. Ils ont dû courir après pour le choper)

On vient d'apprendre que les trois qui ont tenté GG sont passés !!

18h30, ils ont monté les tentes, vu les piscines intérieures et la saleté ils se sont dit que s'ils nous les proposaient, la révolution éclatait. Le guide nous propose de dormir dans trois chambres sans vitres aux fenêtres, le couple, les femmes et les hommes. T'as fait le tour des tentes. Certains toilettes semblent plus propres mais il y en a une qui avec un petit coup d'éponge est ok. Vu ton ventre et sans rentrer dans les détails au niveau sonore, tu préfères la tente. En plus avec trois pakistanais qui vont parler qu'en Urdu, ça va être chiant.

Dernier repas, on a demandé à ce que les porteurs dînent avec nous.

14

Il est temps de retourner sur Skardu. A l'aller, on avait roulé une grande partie de nuit. De jour, la route est vertigineuse. Beaucoup de vert, surtout du blé. La vallée est couverte d'abricotiers que les gens cueillent et font sécher en bord de route. Suite aux intempéries, un pont s'est fait la malle. Un pont piéton de secours à été construit et des jeeps nous attendent de l'autre côté. Dans quelques jours une fête religieuse propose à la région va être célébrée. Les enfants sont habillés en noir. Des stands sont installés en bord de route et les enfants offrent des boissons, eau, thé, drôle de liquide rouge, aux voitures qui s'arrêtent. Sinon devait s'arrêter à chaque stand, on mettrait 3h de plus à la fois pour boire et pour évacuer.

Tu demandes au chauffeur de te laisser en ville pour racheter une nouvelle carte SIM qui marche pas mieux... Quand ça veut pas...


Conclusion

Côté météo, on s'en est plutôt bien sorti avec deux superbes journées quand on était à Concordia.

Un trek pas si difficile car la montée est assez progressive (faut quand même une condition physique). Par contre, faut aimer marcher dans de la grosse caillasse pète cheville.

Des paysages qui piquent les yeux (quand le ciel est dégagé...)

Tous les pakistanais rencontrés en chemin ont toujours été super souriants, toujours prêts à aider, accueillants. Une vraie marque de fabrique!

Par contre, déception sur l'agence Trango adventure. Nous faire partir à 13, ne pas checker le niveau des clients. Beaucoup d'amateurisme de l'équipe..manque de proactivité évidente comme de faire sécher et vider les tentes avant de les monter. Manque de communication des guides (un ami est parti avec un autre guide et ils étaient que 3 et tout s'est bien passé).

Tu devais repartir la semaine prochaine avec cette agence sur le trek du snow lake, plus dangereux car beaucoup de crevasses, mais t'as pas confiance dans leur professionnalisme.

T'as eu l'impression d'être parfois un client de de 2eme ordre par rapport aux pakistanais.

Autre point un peu négatif, les camps sont souvent assez sales.

Et puis surtout la connerie de l'année, prendre une pilule de melatonine la veille de la grosse journée. Mais quel con!

T'as discuté avec une des pakistanaises (pas la princesse) et la polonaise. Elles ont toujours marché derrière et pourtant elles ont jamais vu le guide principal. La polonaise a pleuré de douleur. La pakistanaise, exténuée, s'est arrêté un jour en chemin. Elle a appelé sa famille pour les prévenir et s'est endormi 1h sur le chemin. Et toutes ont reconnu qu'elles s'étaient absolument pas préparées. T'as aussi appris qu'en principe l'agence ne prends de clients pakistanais car elle sait qu'ils sont pas suffisamment préparés....

Les trois qui ont passé GG ont en bavé. De la neige jusqu'au genou. la hollandaise a eu le mal des montagnes et a failli faire demi tour.

Il y avait aussi un groupe de coréen qui passaient le col cette nuit. Ils en ont perdu un qu'ils ont retrouvé le lendemain.

Sinon Christopher Nolan lâche l'affaire pour réaliser le film. Selon lui, c'est pas crédible, trop délirant.

Tu vas maintenant partir te balader dans la région d'Hunza et de Gilgit histoire de faire quelques balades plus tranquilles.

15

Reste la polonaise et la pakistanaise avec qui t'a sympathisé. Les autres sont repartis ce matin dans leur contrée.

T'as un problème, c'est le pognon. Il te reste peu de roupies. Direction le centre ville de Zkardu où les banques s'alignent ainsi que les ATM. Pas une n'accepte tes cartes Visa ou MasterCard. Le truc qui fait Western Union, ne fait pas de change ni aucune des banques. Le seul banquier qui est d'accord ferait appel un copain via une marge de 15%. Ah ouais, quand même!

C'est étonnant pour une ville qui est le point de départ de milliers de touristes étrangers. T'auras plus qu'à trouver une solution avec ton hôtel.

Histoire de se balader, on entre dans quelques magasins d'artisanat local (plus ou moins car t'as un doute sur la provenance des tissus, certainement d'Inde).

T'as des jolis tapis qui viennent de la région du Balistan et des pashminas de la région ''occupée'' (c'est le terme utilisé par les pakistanais pour parler du Cachemire indien) du Cashmire.

T'as laissé la pakistanaise négocier même si elle dit qu'elle n'est pas douée pour ça. Au bout de 20 minutes de discussion en Urdu avec le vendeur, elle a baissé de quasi 30% le prix. Tu vas pas non plus passer ta journée pour dix euros, le but est que tout le monde soit content. Heureusement tu peux payer en CB. Le problème va être de ramener le tapis sachant que t'es déjà ras la gueule...

Skardu ? Très étalé, beaucoup de voitures et motos avec des pots qui polluent grave et qui t'arrachent les oreilles. Ce n'est vraiment pas un plaisir de marcher dans la rue principale. Plein de boui-bouis qui font office de garage, vente de pneus, pièces détachées et plein de magasins qui vendent des fruits séchés. Apparemment, tu vas souvent chez le garagiste ici.

Un terrain de foot et un fort qui te permettrait de voir toute la ville mais malheureusement t'as pas le temps d'y aller.

On va direction le lac Kachura à 20 bornes d'ici. Il y a le lac Kachura supérieur où n'importe qui peut aller.

De loin, il a l'air super naturel mais plus tu t'approches et plus tu vois les dégâts. Quelques bateaux et scooter des mers pour le grand plaisir des pakistanais. Malheureusement c'est très pollué, des papiers et plastiques partout.

Et puis t'as le lac inférieur où tout une partie de la rive est privatisée par l'hôtel Shangri-La.

L'entrée est payante juste pour pouvoir accéder à la rive. Malgré le prix, pas mal de pakistanais. Beaucoup plus propre si on regarde pas trio en détail.Ils ont voulu donner un côté chinois au restaurant sur pilotis et étonnement le café propose des gâteaux européens. Tiramisu ? T'as un doute donc t'as essayé. Il y aurait eu mascarpone. Le goût est particulier, on verra demain matin si ça s'est bien passé au niveau de l'estomac.

16

Rdv à 7h avec ton chauffeur pour aller dans la région d'Hunza et plus particulièrement le village de Karimabad à 300 bornes de Skardu. Incroyable, le gars est en avance. Il peut pas être pakistanais !

60 euros pour 300 bornes en bagnole ou une dizaine d'euros en bus. Tu t'es dit que tu pourras faire des stops photos en bagnole. Tu t'assois devant, tu tires la ceinture de sécurité. Le gars te regarde bizarrement. Soit il ne savait pas que ça existait soit il considère que t'as pas confiance dans sa conduire. Ok, ok, pas de ceinture. inch'Allah !

La route bien goudronnée est superbe. Ça ne devrait pas prendre trop de temps... sauf que ça dégénère rapidement. En fait la route serpente dans une gorge étroite au-dessus du fleuve Indus. Il y a des glissements de terrain et des rochers qui régulièrement bloquent la route. Dès qu'il pleut c'est la bérézina. Si tu prends cette route par temps de pluie, c'est un peu comme jouer à la roulette avec un rocher au dessus de ta tronche. Il y a des tractopelles à demeure pour dégager la route. Du coup, forcément la vitesse moyenne baisse drastiquement. Tu croises des camions bien décorés, toujours avec des touches d'orange

Premier arrêt pour prendre un thé pakistanais dans un resto-route local.

Comme personne ne parle la langue de l'autre, tu utilises ton traducteur français-urdu. Aïe, il sait pas lire. Les échanges vont être limités.

La route est assez spectaculaire, la plupart du temps dans un environnement minérale. Par moment des oasis de verdure avec quelques villages.

On mettra plus de 4h pour faire 200 bornes et rejoindre Gilgit. Ensuite reste la centaine de bornes pour Karimabad. Dans trois jours, c'est la fameuse fête religieuse dans la région (majoritairement Chiite)

Tout sera fermé, les routes seront bloquées. Mais ça a commencé depuis plusieurs jours et à l'approche des mosquées, c'est déjà l'embouteillage. Certaines traversées de villages sont plus tranquilles. Ce sont des villages ismaéliens pas concernés par la fête.

C'est normal quand le chauffeur commence à ronfler ? On aura mis plus de 6h de bagnole.

Dans cette région, la plupart des villages se terminent par Abad. Bad veut dire 'nouvel endroit' . Y a longtemps, Karim, Ali, Nasir et toute une bande de potes ont dû venir dans le coin. Chacun s'est trouvé son petit quoi. Et comme ils avaient un manque d'imagination, ils ont donné leur nom à leur bled. Ali-abad est la ville avec les banques. Une rue principale hyper bruyante. T'as décidé d'aller à Karimabad, plus haut sur une colline. On t'a dit que c'est plus traditionnel avec un bazar.

T'as trouvé une guesthouse (où tu te sens un peu seul) avec une vue imprenable.

En théorie t'es au calme. Sauf que t'es juste au dessus de la vallée et c'est le grand concours entre les mosquées pour savoir celle qui enverra le plus de watt lors de l'appel à la prière. Comprends pas, t'as pas d'électricité dans ta chambre et eux ont des haut parleurs de dingue. On devrait pas être tous égaux devant Dieu?

Histoire d'été dérouiller les pattes après 6h de bagnole, t'as visiter le fort de Baltit. Tu t'attendais vraiment pas à ça mais sur le chemin du fort il n'y a que des boutiques d'artisanat pour touristes (pakistanais, ouais, t'as pas vu la trace d'un occidental). T'as l'impression d'être au mont St Michel avec sa ribambelle de boutiques à touristes les unes à côté des autres.

14h, l'heure de déjeuner. T'as essayé la cuisine locale de la région. Des Mamtu et une chapsoro. Des raviolis vapeurs à la viande et une sorte de tourte très fine contenant des morceaux de viandes, de l'oignon, coriandre...et cuite au four. Délicieux.

La visite du château ? Obligatoire en groupe. T'es tombé avec des étudiants d'Islamabad qui voulaient faire des photos du touriste que tu es. Je vous laisse regarder la photo avec le panneau explicatif plutôt que réécrire l'histoire. Ouais, t'es un poil fatigué.

Demain lever très tôt pour aller gambader en montagne. Espérons qu'il y aura une coupure de courant cette nuit dans la vallée pour limiter les appels intempestifs.

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Yo,

Histoire de te dérouiller les pinceaux, t'as décidé de monter au camp de base du il Rakaposhi. Ouais, tu vas te spécialiser dans les camps de base. Le sommet, couvert de glace, est à 7788m. C'est pour les alpinistes, pas pour les baltringues comme toi.

Lever 4h30 pour un départ pétant à 5h. Ouais, le patron a travaillé en Chine, il est précis sur les horaires. Ça change.

C'est le cousin du patron de la guesthouse qui t'emmène en bagnole au village de Minapin Nagar. Il met sa ceinture de sécurité. Tu fais pareil mais vu la vitesse où il roule, t'as le temps de voir l'accident arrivé... Sur la route, tu commences à voir le monstre avec son sommet ensoleillé.

Il te dépose à un endroit en t'indiquant qu'il peut pas aller plus loin en bagnole. Sur ta carte, en théorie tu pouvais faire 2.5 km de plus en bagnole. Effectivement la route est pourrave et même en Jeep tu pourrais pas passer par dessus un rocher d'un mètre de haut.

2.5 km de plus à gambader, ça devrait pas être la mort, c'est juste les 400m de dénivelé supplémentaire qui piquent un peu les tibias à froid.Ensuite, t'as encore 400m de D+ mais qui s'étalent sur 3,5 km. On pourrait presque appeler ça un faux plat.

Côté paysage, comme on est beaucoup plus bas, t'as démarré à 2100m d'altitude, il y a de la végétation, des sapins, des pins, des genévriers. Ça n'empêche pas que tu marches surtout sur de la caillasse.

Tu passes par un petit hameau vide gardé par une vache.

Pour arriver sur emplacement bucolique. Quelques tentes, du gazon tondu par des vaches, 2-3 ânes qui traînent dans le coin

Pour l'instant, ça monte mais c'est pas mortel. Ta carte indique que commence maintenant le chemin pour monter au camp de base. Juste 1,8 km, pas long. Mais t'as encore 400 D+. Ouais, 400D+ pour 1800m, t'es face à un mur ! Sans déconner, ça monte grave sans le moindre faux plat. T'as la chance d'avoir passé 12 jours autour de 4000m donc t'as pas de problème de respiration. En comparaison le trek vers le camp de base du K2, c'est un vulgaire plat avec une montée progressive. Ici, une grande partie de la 7éme compagnie aurait certainement fait un refus d'obstacle.Une fois passé le mur, il te reste un kilomètre de faux plat pour arriver aux deux camps de base. Il y a une tente mess et 3-4 tentes mais elles servent plutôt à ceux qui voudraient juste passer une nuit. Le gars qui les garde te dit que personne en ce moment ne fait l'ascension.

T'auras mis 3h sans vrai stop pour environ 8 bornes pour 1400+, pas fameux. T'as la vue sur le Rakaposhi et un immense glacier qui craque régulièrement.

9h du matin, le soleil commence vraiment à taper. T'as quelques doutes sur ta crème solaire chinoise acheté la veille. Elle ressemble plutôt à un accélérateur de cancer de la peau. Tu décides de redescendre. T'avais demandé au chauffeur de te récupérer à 18h mais tu seras en bas plutôt vers 11h. 2h pour redescendre en chute libre. Ça cogne de plus en plus, tu ferais la montée maintenant, t'en aurais bavé eux fois plus.. Presque arrivé en bas, tu croises 3 pakistanais qui montent. Forcément, ils t'arrêtent pour faire ta connaissance. Toujours la demande de selfie et en plus le gars veut te filmer en te demandant ce que tu penses du Pakistan et des pakistanais... Le gars, bien ventru, pas un look à savoir écrire le mot sport, prévoit de monter jusqu'au camp de base. Il n'arrête pas de répéter Mash Allah, inch'Allah, ou hamdoulilah. Mouais, pas sûr qu'Allah va beaucoup l'aider dans la montée... Le patron de la guesthouse en a vu passer des touristes et en particulier pakistanais. Il confirme, aucune condition physique, aucune idée de la difficulté en montagne.

Retour à Karimabad et retour à ton petit boui-boui pour essayer d'autres plats.Cette fois en plus du chapsoro (la pizza/tourte locale), tu t'es lancé sur l'Azoq et la soupe Dawdo.

Bon, l'Azoq, une sorte de beignet frit sans aucun goût particulier. La soupe Dawdo est soi-disant avec des pâtes, des abricots, du jus de citron. Mouais, à part les pâtes, pas grand-chose. Faut reconnaître que t'es pas dans un resto mais un truc en bord de route.

19h30, ça y est, c'est l'heure de la compétition entre les mosquées.

Ricardo, employé au guide Michelin pakistanais.

18

C'est parti pour une dizaine d'heures de bagnole en direction de la frontière chinoise à 200 bornes de Karimabad. La princesse pakistanaise t'a fortement conseillé cette balade. Mais c'est mal parti, il fait un temp dégueulasse.

Premier stop au lac Attabad qui s'est créé suite à un éboulement de terrain en 2010. Ton chauffeur, Ali, t'a demandé si tu voulais faire un tour en bateau. Euh, pas aujourd'hui...

Autre attraction touristique à Husseini, un pont suspendu de 200m de long, 40m au-dessus de la rivière Hunza. Faut avoir confiance sur les planches en bois espacées de 50cm.

La route est parfois endommagée suite aux éboulements. Les barrières de protection en bord de route ont parfois disparu, emportées par des rochers.

On a croisé un minibus qui a eu de la chance. D'énormes barres de béton sur le bord de la route l'ont empêché de finir 50m plus bas dans la rivière. Le chauffeur a du s'endormir.

Vu la pluie qui tombe, ça sera ballot qu'un rocher décide de se décrocher maintenant.

A Passu, t'es censé voir des montagnes en forme de cônes. Paraît que c'est top. Mouais, certainement ! Mais alors derrière l'énorme couche de nuages...

Sost, dernière ville avant 70 bornes de route sans la moindre trace de vie. Un stop mi petit dej mi dej. Alors, il a pas de la gueule ton boui-bouis?

T'as réessayé la soupe Dawdo. Y a pas photo avec celle de la veille, des petits morceaux de yack, des épices, délicieux. Dégoûté tu es. Tu pensais avoir trouvé un bon spot pour déjeuner à Karimabad, en fait, en comparaison, c'est insipide.

50 km avant la frontière, t'as un checkpoint et aussi un droit d'entrée dans le parc national de khunjrab qui va jusqu'à la frontière. La différence de paysage entre le parc national et le reste ? Rien, les mêmes rochers, montagnes, caillasses... des balades a faire dans le coin ? Même pas! Ah oui, la différence c'est le billet de 20 dollars (prix pour étranger) pour avoir le droit de le traverser le parc. C'est bien vu, t'es obligé de passer par là pour aller à la frontière. En théorie, tu peux voir des animaux mais plutôt en hiver. Pour 20 dollars t'auras quand même vu une marmotte...

La frontière est à 4700m d'altitude. Il neige, t'es en sandales, ça pique un peu. T'as quand-même marché jusqu'au poste chinois comme la dizaine de pakistanais qui sont venus faire des selfies devant la frontière. Du côté pakistanais, un semblant de barrière et du côté chinois, une arche en béton qui semble sortie des années Mao.

Étonnement il y a de plus en plus de bagnoles qui arrivent voir même des mini bus. Dans 2h, ils seront plus d'une centaine. Alors franchement, même avec un grand soleil, t'es pas sûr que les 8h de bagnole en vaillent la peine. Faudra que tu te méfies des conseils de la pakistanaise. Elle t'avait prévenu que les pakistanais sont plus des gens qui vont voir des choses plutôt que les faire.

Arrêt au retour à Passu dans une institution de la région, le yak grill. Vous allez trouver facilement le thème du resto.

17h, tu viens de rentrer. Il est temps d'aller faire des courses à Karimabad car demain c'est ville morte mais archi morte. Ouais, je vous expliquerai pourquoi dans le post de demain.

Donc, pas trop le choix, es remonté dans le boui-bouis des dames où tu as tes habitudes. Un étranger qui vient trois de suite chez elles, elles peuvent pas t'oublier. Commande de la pizza et t'en as profité pour demander l'autorisation d'une photo.

Tu leurs as demandé si demain elles étaient fermées. Que dal, rien à foutre des salamalecs des villages dans la vallée, demain c'est ouvert. Au moins, tu sais où déjeuner.

19

D'après ce que t'as pigé, Muharamm est le premier mois du calendrier islamique. Ça a commencé le 19 juillet et l'apothéose est dix jours plus tard, soit aujourd'hui. C'est spécifique aux musulmans chiites. La commémoration musulmane chiite marque la mort de Hussein, le petit-fils du prophète Mahomet, à la bataille de Karbala. Pour plus d'infos, vous avez Google ;)

Les magasins, les restos... Tout est fermé, d'après les on dit mais finalement t'es pas si sûr.

Les routes sont aussi fermées, impossible de circuler. La procession doit démarrer à 9h ce matin du village de Ganish, juste en dessous de ton bled, pour aller à Aliabad, 6 km plus loin.

T'as décidé d'aller jeter un coup d'oeil, de toute manière t'as rien à faire et il est pleuviote.

En direction de Ganish, des militaires armés et même un militaire avec un détecteur d'explosifs qui contrôle le bord de la route.

C'est vrai, le ministère des affaires étrangères déconseille fortement d'aller voir des manifestations, mais t'as oublié.

T'as aussi oublié la fameuse demi heure pakistanaise. Tu sais pas ce qu'a raconté l'imam en haut de son minaret mais c'était parfois assez vindicatif et parfois à la limite des pleurs. 9h30, le cortège se met en branle ouvert par des 4x4 et des militaires. L'italien (j'en parlerais plus tard) te rejoint. Au début les policiers voulaient pas le laisser passer, trop dangereux. Euh, et pour toi pas de problème ? Quand on voit le cortège arrivait, tu te dis que c'est pas forcément la meilleure idée d'être sur le côté et il vaut mieux être en hauteur. On verra mieux sans gêner la procession.

De toute façon, un policier nous dit qu'on ne pas pas rester sur le bord de route. On trouve la position idéale et on attend. En fait, la procession marche puis s'arrête pour exécuter des 'gestes' (c'est pas le terme mais tu sais pas lequel utiliser). Les hommes se tapent sur la poitrine alors que les jeunes derrière en noir utilisent des chaînes pour s'auto-flageller. Ça doit faire référence à un martyre.

Aucune animosité, ils nous ont vu filmer, il y avait même un drone.

10h00, il faut s'occuper, on est remonté avec l'italien à Karimabad voir si le deuxième château, Altit, était ouvert.

Et oui, dans ce village, ils doivent pas être chiite car quasiment toutes les boutiques sont ouvertes et les locaux déambulent tranquillement.

T'as décidé d'essayer un autre petit resto. Une soupe au thym et des lentilles. (Toujours ton deuxième métier au Michelin)

Voilà journée d'attente avant de partir demain pour cinq jours de trek pour le col de Shimshal. C'est le patron de ta guesthouse qui l'organise. Tu lui as dit que tu voulais quelqu'un qui parle anglais donc il vient. Il est inquiet quand tu lui as dit que t'avais mis 5h aller retour pour le camp de base du Rakaposhi. En principe certains le font ne deux jours. Il a peur de pleurer en chemin. Toi, t'as plutôt peur d'une organisation à la mord moi le nœud... Ça sent l'amateurisme à plein nez. inch'Allah

Pour info, l'italien est parti du vietnam en vélo depuis 4 moins et compte encore 5 mois pour rentrer en Italie. C'est là où tu vois que t'es un vrai charlot avec ta voiture privée pour aller d'un point à un autre.

20

Allez c'est parti. On t'a bien vendu la rando du col de Shimshal, des bergers, des jolis paysages. T'es confiant ? Euh quelques doutes.

Un pote du patron de la guesthouse vient aussi. La Jeep est remplie ras la gueule. Direction Passu où t'espères voir les fameuses 'cones'. Un peu mieux que la précédente fois?

Puis c'est une piste dégueulasse qui commence en direction du village de Shimshal à 50 bornes. Confiant ? Mouais

On a pas fait un kilomètre que la piste est coupée. Impossible de passer et ça n'a pas l'air récent. Le téléphone ne capte pas pour essayer de joindre quelqu'un au village de Shimshal. Ça pue ? Pire, ça empeste....

T'as de gros doutes sur le fait que le patron est appelé avant le village pour s'informer et s'organiser. Demi tour et stop à un poste de police. La route serait coupée à trois endroits...donc impossible de faire venir une jeep du village. Retour à Passu où ça capte mais impossible de joindre le gars à Shimshal. Ça serait quand même étonnant que le gars local ne l'ai pas prévenu. Du coup, il essaye de te proposer d'autres circuits mais t'as plus trop confiance.

Retour à Karimabad penaud. La discussion va avoir lieu sur le remboursement de l'avance. Rien dans le contrat n'indiquait un remboursement en cas de blocage lié à la météo. Et ouais, toujours bien lire son contrat... Mouais, mouais, bon ben t'en ai pour une partie de pognon de ta pomme. Le patron, fataliste, si on a pas pu y aller c'est qu'on devait pas y aller. Mouais...

Comme ta collectionneuse de tapis a flashé sur plusieurs tapis, longue discussion et négociation pour changer l'avance en pognon en tapis. Imaginez un marchandage via WhatsApp entre une algérienne et un pakistanais pour un tapis. Toi, t'as écouté religieusement pour essayer ensuite de reproduire les arguments lors d'un prochain achat.

T'as maintenant quatre tapis. Impossible à ramener. C'est le patron qui va s'en occuper demain via la poste pakistanaise. inch'Allah.

A gauche afghan, à droite local en soit disant poil de yack 

Bye-Bye Karimabad, direction Gilgit à 2h de bagnole. On descend de 2300m à 1400m d'altitude. Ça cogne dur. Une petite guesthouse où la plupart des étrangers descendent. Un joli jardin et une chambre simple mais propre pour 11 euros. Côté salle de bain, t'as le choix pour les toilettes...

Il y a un couple de français qui voyage aussi en vélo. Ils ont pris cher, trois jours de fièvre et elle a en plus choppé des poux. Ils sont à plat, ils rentrent plus tôt en France... On est tous d'accord, tu vas pas au nord Pakistan pour visiter les villes. Gilgit ? Une longue avenue avec des boutiques.

On t'a commandé des pashminas, ça va être ton occupation pour cet aprem. Sauf qu'à chaque boutique, t'as une version différente. Pour toi, la laine de pashminas vient d'une chèvre de l'Himalaya. Ici, on te parle de laine d'ibex (le bouquetin sauvage local) ou de laine d'une partie d'un mouton. Tu montres les deux 'pashminas' achetés précédemment. Forcément, c'est de la daube... Les prix vont de 6 à 120 euros. Quand tu demandes la provenance, ça vient du Cachemire indien. Tu dis que tu cherches une production pakistanais et hop maintenant ça vient du Cachemire pakistanais. C'est pas magique ? Va donc savoir quoi acheter et la qualité. Dans le doute abstiens toi... C'est dommage, un des gars avait un très beau châle où tu vois derrière que c'est vraiment fait à la main mais quand t'as plus vraiment confiance.

On a tous le même ressenti vis à vis des pakistanais. Des gens super sympas, honnêtes, qui n'essayent pas de te la faire à l'envers sauf pour deux catégories, les chauffeurs de taxi et les rares magasins pour touristes.

Michelin t'a contacté pour tester le resto le plus basique de Gilgit. Pour le service et le cadre, zéro étoile, pour les brochettes de poulet très bien cuites avec des herbes, trois étoiles !

Demain, inch'Allah, tentative d'une autre randonnée et tu sais déjà à l'avant que la route est coupée. Ça devrait le faire, inch'Allah. Puis faut le placer partout.

21

T'as décidé d'aller à un des camps de base du Nanga Parbat. Celui où tu passes par un endroit qui s'appelle Fairy meadows, un spot très populaire.

Vous allez pas le croire. La veille t'appelle une guesthouse à Fairy meadows pour t'assurer que la route est finalement ok. On te dit que tu peux venir même si la route été coupée. Tu pourras changer de jeep entre chaque tronçon. Ok, logique.

Donc ce matin, tu prends une bagnole pour aller jusqu'à Raikot où tu es sensé prendre la fameuse jeep qui t'emmène à 2h de marche de Fairy meadows. 1h30 de bagnole plus tard pour 75 bornes, t'arrives enfin à Raikot. Les conducteurs de Jeep attendent sans être motivé. T'as un drôle de pressentiment. Apparemment la route serait encore coupée. Tu rappelles le gars de la guesthouse et tu lui passes le policier qui bulle dans le coin. Grosse discussion. Il en ressort qu'exceptionnellement les chauffeurs seraient, vous allez pas le croire, en grève aujourd'hui ! En grève au Pakistan, sans déconner. C'est même plus de la poisse, c'est du vaudou. Le gars de la guesthouse te dit que plein de pakistanais montent à pied. Ouais, bien sûr, 20 bornes avec 2000m de D+. T'aimerais bien voir ça ! Un contact t'envoie les photos du tronçon de route manquant. Ouais, même à pied, c'est pas évident.

Donc demi-tour. Tu demandes à ton chauffeur s'il peut t'emmener à Astore, un autre point de départ à 50 bornes pour rejoindre un autre camp de base de l'autre côté du Nanga parbat. Il appelle son patron et te donne le prix. T'es ok. Au début il te fait croire qu'il cherche de l'essence mais en fait il cherche une autre bagnole. Il ne veut pas t'y conduire car il connaît pas la route le pauvre petit. Te voilà à attendre à un troquet à une intersection pour essayer de choper un bus qui irait à Astore.

Sauf que le principe des minibus est qu'ils partent quand ils sont pleins. Donc tu lui fais coucou quand il passe. Ouais, un seul minibus en 2h. Ça te rappelle tes heures d'attente en bord de route en Patagonie.

C'est l'occasion de discuter avec les vendeurs de fruits qui ont pas souvent l'occasion de voir un clampin ici.

30 degrés à l'ombre à 10h du matin. Les randos, s'il y a..., va falloir les faire aux aurores.

Tu es parfait endroit pour faire la photo sur le Nanga Parbat. C'est la montagne derrière les quelques nuages...

Ah, des news, un copain à ton chauffeur viendrait de Gilgit pour aller à Astore. Comprends plus, le mec ferait 75 bornes pour t'enmener mais ton chauffeur ne veut pas y aller alors qu'on est à côté. Ils sont sympas les pakistanais, mais ils sont jamais clairs dans leurs explications. T'es à deux doigts de retourner sur Gilgit. 11h, toutes les demi-heures, on te dit que le chauffeur arrive dans 30 minutes. A Astore, t'es sensé chopper une jeep qui te conduit à Tarshing. Avec ton, pot, y aura plus de jeeps.

Alors, va comprendre, le gars débarque avec sa famille qu'il conduit dans un village après Astore. A l'arrière de la bagnole, deux femmes, un petit garçon et une petite fille. Il te présente que le garçon...

Effectivement les 50 km de route sont parfois dégueulasse avec des passages où la terre tombe en continue et où il vaut mieux pas s'éterniser. Astore, une très longue rue bordée de boutiques à flanc de collines. T'y passerais pas une semaine.

Tu te dis que ça v être galère de trouver une jeep car elles sont toutes chargées ras la gueule de marchandises. Ton chauffeur propose de t'enmener avec sa bagnole. Euh, on t'a dit que c'est qu'en Jeep. Le mec est du coin, il confirme qu'on y va sans problème avec cette voiture, en plus il s'en tape, c'est une location.

Et bien, finalement ce gars a été le top plan de la journée. Et en plus il te ramènera à Gilgit pour un top prix. Bon, il prend en route des potes et s'arrête tous les 200m pour taper le bout de gras avec des amis.

Alors Tarishing, petit village à quasi 3000m d'altitude avec 3-4 guesthouses, est le point de départ pour rejoindre le camp de base côté sud du Nanga Parbat, une petite montagne haute de 8126 mètres.

En cinq minutes t'as fait le tour de la rue principale et de ses quelques boutiques. Histoire de t'occuper un peu, tu commences le chemin que tu feras demain. La vue du village de Tarishing dans la vallée de Rupal. Comme vous pouvez voir, ici, on aime les toits colorés.

Demain lever à 4h45 pour un départ à 5h. T'as au minimum 20 bornes aller retour avec 650m de dénivelé pour le camp de base Herelikoffer ou autre option 28 bornes aller retour avec 700m de dénivelé pour le vrai camp de base de Nanga Parbat. Surtout que tu veux être de retour pour 13-14h pour ensuite rentrer sur Gilgit. Ouais, ça va être sportif. S'il pleut ou neige, on va revoir les prétentions à la baisse...

5h, des nuages mais ça devrait aller. La rando commence par un premier glacier à passer. La difficulté avec ses machins là, c'est qu'ils ont poussé des millions de tonnes de terre et de rochers pour se faire un chemin et généralement t'as un mur en face de toi pour monter au glacier.

Une fois en haut de ce mur, tu redescends à l'intérieur du lit pour traverser le glacier. Comme beaucoup d'habitants l'empruntent, le chemin à suivre est pas trop dur. Puis il faut se retaper un mur pour sortir du glacier et une pente pour redescendre et suivre la vallée. Ensuite, ça roule tout seul sur une piste qui traverse le petit village de Rupal. A cette heure, pas grand monde sur le chemin.

La piste s'arrête à environ 1 km du camp de base Herelikoffer. Par contre ça monte à nouveau. Depuis Tarishing, t'as contourné le Nanga Parbat mais jamais tu le vois car il est caché par une colline. C'est en se rapprochant du camp de base qu'enfin tu le vois. Ouais, c'est un bien grand mot. Le bougre fait son timide derrière les nuages.

Tout autour c'est ciel bleu sauf sur le Nanga Parbat.

Un cri d'animal. Une marmotte prévient ces collègues qu'un drôle de gus passe dans le coin. Au moins sur ce coup, t'auras pas à payer 20 dollars...

T'auras mis 2h15 de marche non stop pour rejoindre le camp Herelikoffer où un groupe de japonais est installé grand luxe, deux tentes toilettes. Mais pas sûr qu'ils aient leur chiotte avec jet d'eau et d'air.

Ce camp est à côté d'un autre glacier. Tu te dis que tu vas y jeter un œil avant de te décider. Comme sur le précédent, un mur pour y monter. Le glacier est beaucoup plus large que le précédent. Si tu veux aller au camp de base, t'as pas le choix, faut le traverser. Pas simple de trouver le chemin, t'as décidé d'aller à l'arrache tout droit. Bon, plus ou moins tout droit...t'en as bavé dans la caillasse, la glace. Mais le plus important est de trouver la sortie. Oui, une fois traversé, t'es face à un mur de terre et de pierres. Faut repérer où est le sentier abrupt qui t'en fait sortir. 40 minutes de galère pour traverser ce merdier. Mais faut reconnaître qu'ensuite la vue sur la vallée est plutôt sympathique et bucolique. Des bergers surveillent leurs troupeaux.

Selon ta carte le camp de base serait à deux kilomètres au bout de la vallée. Ça serait dommage de ne pas y aller, en plus c'est du plat (une fois que t'as redescendu en chute libre, la pente du lit du glacier). Pas de camp de base, nada, walouh. Ta carte indique un autre camp mais 1,5 km plus loin. T'es plus à ça près. Il y a un autre glacier mais il a commencé à reculer et tu peux passer plus bas sans galérer à le traverser. Nouvelle petite vallée avec effectivement le camp de base. Il y a des tentes installées, elles servent pour les rares touristes pakistanais qui viennent jusqu'ici.

Par deux fois, tu croises des bergers qui te regardent bizarrement et semblent gênés. Euh t'as la braguette ouverte ? Pire, ton short est déchiré de la ceinture à mi cuisse. Maintenant tu comprends mieux. Du coup, t'es resté à distance du camp de base et ça va être sympa le retour à chaque rencontre. Tu viens de voir que t'as fait plus de 15 bornes en 3h30, et bien sûr t'as pareil au retour avec ces affreuses montées pour accéder aux glaciers.

Histoire ne pas choquer la population, t'as noué ta veste à ta taille en la mettant devant. Tu voudrais pas être lapidé pour outrage aux bonnes mœurs. Oui, ici, les femmes ont tendance à cacher leur visage quand elle te voie. Alors imaginez si elle voyait ta cuisse...

Il faut se retaper la traversée du glacier. Pire qu'à l'aller, malgré les cairns que t'avais posé, t'as galéré pour trouver un chemin qui passe entre les murs de glace. De retour à Tarishing. T'auras mis 7h. T'as bien fait de te dépêcher car ton chauffeur n'est pas là. Il sera là, inch'Allah, dans 3h. Pas vraiment d'autres solutions, les jeeps partent tôt le matin pour Astore, donc t'es coincé...

Si vous avez pas une super condition physique, vous pouvez prendre une jeep qui vous évite 8 bornes de marche aller. Elle vous laisse à 2 km du premier camp de base. Beaucoup de pakistanais font ça. il faut ensuite pousser jusqu'au premier camp sinon vous voyez jamais le Nanga Parbat. Ou vous restez tranquillement à Tarishing avec vue imprenable.

Ouais c'était de nuit, c'est quasiment la seule fois où les nuages se sont barrés.

Finalement le chauffeur débarque à 16h. Il te dit, pas de pause thé, pas d'arrêt, on va mettre 3h pour rejoindre Gilgit. Mouais à l'aller on avait mis large 4h. On a pas roulé 5 minutes qu'il s'arrête. Tu comptes plus les stops. Puis il embarque d'autres clients dans la bagnole. Euh, c'est un taxi ou un minibus que t'as commandé ? T'as rien dit car il t'a fait payer un prix très bas et ainsi ça lui augmente sa course mais surtout il parle avec les autres passagers et ça l'empêche de s'endormir. Par moment t'avais quelques doutes sur sa conduite. Surtout qu'il conduit d'une seule main sur une route dégueulasse, étroite et sans barrières de sécurité avec 200m de ravin. Checkpoint de police, ils rappliquent tous autour de la bagnole. Ça y est, t'es bon pour une visite des prisons pakistanaises. Non, ils veulent faire monter quelqu'un dans la bagnole. Histoire d'être un peu joueur, tu sors de la bagnole et tu leurs dit que c'est un taxi que pour toi. Et là ils te sortent le mot magique 'emergency'. Même ton chauffeur te le répète. Mouais, l'urgence, c'est juste qu'ils veulent qu'un de leur pote puisse rentrer tranquillement en ville. T'insistes pas et puis le chauffeur passe plusieurs fois par jours ici, s'il refuse un flic, ça peut avoir des conséquences. Finalement, t'arriveras à 20h30 à Gilgit avec l'expérience de la conduite pakistanaise de nuit. Ils ne mettent les lumières que vraiment quand on y voit plus rien sur la route. Les routes éclairées ? Arrêtez vos blagues à la con!

Demain, récup à Gilgit et grosse réflexion sur les prochains jours.

22

Journée de détente à Gilgit. 33 degrés à l'ombre à 10h du matin, pas sûr que ça détende beaucoup.

Quelques petites boutiques typiques. Habib, le roi de la décoration intérieure, le vendeur de mangues, le vendeur de mouches (zoomez sur la photo).

T'as aussi le deliveroo local et le livreur de poulets au poids.

T'as une ruelle qu'avec des boucherie 'en plein air'. T'as fait demi tour, impossible de circuler, trop de mouches. C'est décidé, tu vas rester au régime poulet. Le boeuf avec sa couche de mouches c'est un peu comme une escalope panée.

Le matin, ils font une sorte de galette très légèrement sucrée avec quelques graines de sésames.

Voilà une idée des prix :

- 20 petites bananes, 60 centimes. Prenez votre calculette pour le prix d'une banane

- une grosse tranche de pastèque, 30 centimes

- 2 grosses brochettes de poulet, 3 euros

- 5 tomates. Le gars les soupèse avec sa main et dit 15 centimes. Tu regardes sa main en montrant ton étonnement. Elle est bionique, elle intègre une balance ? Il t'a rajouté un citron de bienvenu...

- Et le plus cher ici, c'est la truite, 8 euros le kg au resto. C'est considéré comme un produit de luxe ici alors qu'il y a des fermes d'élevage.

A chaque fois que tu achètes quelque chose dans une épicerie, tu fais répéter le prix tellement c'est donné. Le choc retour en France va être terrible.

Une journée à trainer en ville t'as permis vraiment de réaliser que le Pakistan est un pays quasiment masculin. T'as du voir 1 femme pour 1000 barbus. Dans les bazars, les restaurants....que des barbus. Et étonnement beaucoup de pakistanais aux yeux verts ou bleus. Les yeux des femmes ? Déjà faudrait voir des femmes !

Tu veux aller dans la vallée de SWAT mais aucun bus n'y va. T'as trouvé un chauffeur mais il t'apprend que la route est coupée. Ça commence à être compliqué pour se déplacer... En fait, le Pakistan n'est pas un pays où tu vas où tu veux mais plutôt où tu peux... Prévoir un itinéraire ? Pff plus la peine.

Retenter Fairy meadows? Beaucoup d'informations contradictoires sur la piste pour y aller. Un coup c'est ouvert mais il faut changer de jeeps en cours, un coup c'est fermé et enfin c'est ouvert mais c'est dangereux car éboulements.

Le livreur 
23

Finalement direction Fairy meadow avec un couple de canadien. Arrivé à Raikot bridge, des jeeps attendent et cette fois pas de grève où quoi ce soit. On peut monter mais avec un changement de jeep en cours de route. C'est le même chauffeur qui reviendra nous chercher donc il faut lui donner l'heure pour le lendemain. Le chauffeur attache solidement les sacs à la bagnole. Ça va secouer. Il y a 11 km de piste de pierres pour rejoindre le village de Tato. Sans déconner, t'en as pris des pistes déglinguées mais celle là. Au début la piste est assez large et monte tranquillement

Puis ça dégénère. Elle devient à peine plus large que la jeep, très pentue et peut-être avec 1000m de vide juste à côté. En comparaison, la fameuse toute de la mort aen Bolivie, c'est de la rigolade. Et le pire, t'imagines quand on va refaire cette piste en descendant. Les freins ? Euh...

Le chauffeur ? Il a l'air détendu, il ferme les yeux. C'est le plus ancien des chauffeurs sur cette piste, une référence... Va savoir combien de références ont fini dans le ravin..

A2 km de Tato, un glissement de terrain a embarqué 100m de piste. Ils sont en train de creuser un petit chemin (où il ne faut pas glisser) pour permettre aux gens de passer et rejoindre la piste. Va savoir combien de temps avant qu'ils refassent une piste. Tu peux même voir un ancien pont.

Changement de jeeps. Le nouveau chauffeur vient nous serrer la main et passe devant la canadienne comme si elle n'existait pas. Elle est en t-shirt, legging, pas sûr que les pakistanais la regardent dans les yeux. Le mec conduit comme un dingue. Si c'était lui le chauffeur principal tu serais descendu de la bagnole, un malade.

Fin de la piste, c'est l'heure de marcher un petit 7km pour 800 D+. Tu marches la plupart du temps dans de la forêt.

La vue sur le Nanga Parbat ? Ahah, bouchée de chez bouchée. Faudra espérer demain quand tu iras jusqu'au camp de base.

La canadienne est partie comme une bombe. 10 minutes après elle doit faire une pause. Encore une qui s'emballe.

La montée finale vers Fairy meadows (3200m d'altitude) pique un peu les cuisses. Dés les premières guesthouse, t'as une vue assez sympathique sur la vallée, le glacier et...les nuages.

Un petit monticule à passer et là c'est le choc. Jamais tu t'attendais à cette vue. Une prairie où tous les jeunes jouent au cricket au milieu des moutons, chèvres et vaches. Mais surtout des dizaines de grandes guesthouse en construction, certes en bois avec leur toit en tôle colorée.

Ils prévoient d'en construire encore plus. Vu le niveau de construction, les grands arbres autour sont coupés assez massivement. Un peu en hauteur, les maisons des bergers, en rondins avec leur toit en terre.

Toi, tu restes là cette nuit alors que le couple de canadien va camper au prochain camp. Pour le dej, tu voulais du poulet. 20 euros ! T'as fait répéter deux fois, t'es même allé comparer dans deux autres guesthouses. Non, c'est bien le prix du poulet en or ici. On a pris du riz et du dhal. Le poulet attendra le retour à Gilgit

14h, t'as rien à foutre, t'as décidé de les accompagner jusqu'à leur camp à quatre bornes d'ici. Arrivé sur place, un pressentiment, tu t'attardes pas et tu repars rapido à Fairy meadows. T'es pas rentré depuis cinq minutes qu'il se met à tomber des trombes. Plus personne dans la prairie, même les animaux ont décampé pour se mettre à l'abri.

Faudra espérer que la pluie ne va pas déclencher un nouveau glissement de terrain et bloquer la route pour redescendre demain.

T'es dans une guesthouse conseillée par la pakistanaise du K2. Tout en bois, grand balcon, t'as juste un doute s'ils changent les draps... Le patron vient pour la saison de mars à novembre, après on se pèle trop, tout le monde redescend en ville. Actuellement, il y a quasiment aucun touriste dans le bled sauf dans les deux chambres justes à côté de la tienne. Une dizaine d'étudiants pakistanais qui foutent le bordel. Il y a quasiment personne à cause du glissement de terrains et le passage à pieds difficiles. Généralement, les pakistanais montent en jeep et ensuite prennent un cheval pour faire les 5 km qui restent.

17h30, la pluie s'arrête enfin mais les nuages ne lâchent pas ce grand timide de Nanga Parbat. Le berger enméne ses chèvres à la bergerie, les femmes en habits colorés doivent rentrer des champs avec leur gros sac. C'est aussi l'heure du hockey sur gazon pour les plus petits

Toi ? Tu profites du calme lié à la disparition subite des étudiants pakistanais dans leur chambre pour...buller.

Le soleil parti, il fait un peu frais, tu te réfugies dans la cuisine. La cuisine ? Une affaire d'hommes!!

Lendemain matin, tu pensais partir tranquille vers 6h du matin mais à 5h15 le Nanga Parbat est totalement dégagé.

Du coup c'est parti pour rejoindre le camp de base à 9 bornes avec environ 700D+. Tu rattrapes les canadiens en cours de route.

Il y a deux routes possibles dont une où il faut traverser un foutu glacier. Tu pensais prendre le chemin qui longe un autre glacier. Tu croises un local qui te dit que le chemin que tu veux prendre est parfois coupé par une rivière et qu'il vaut mieux prend l'autre chemin. D'entrée un mur qui t'achève. Les canadiens sont dans le dur derrière et font des pauses.

Vu la chaleur, elle marche en legging et en top. Si on croise des bergers pakistanais, ils vont halluciner. Passage galère pour traverser le glacier.

Puis, un petit côté champêtre, des marmottes, des chevaux, des vaches. La vue est superbe avec ce temps dégagé.

Personne au camp de base. Généralement il y a quelques tentes pour ceux qui veulent passer la nuit mais là, rien. Pas suffisamment de touristes.

Apparemment, il y a trois voies pour l'ascension du monstre. Par cette face, uniquement deux alpinistes l'ont vaincu. L'autre face où tu étais il y a trois jours n'est pas non plus très accessible.

Mais pour les charlotsnde randonneurs, tu peux monter via une crête sans fin à un point de vue, histoire de taper les 4000m d'altitude.

Jusqu'à maintenant grand ciel bleu ! T'as hésité à rentrer par l'autre chemin histoire d'éviter le glacier mais si le chemin est vraiment coupé, t'auras pas le temps de revenir sur Fairy meadows et ensuite chopper la jeep pour rentrer sur Gilgit.

De retour à l'intersection, tu tombes sur deux Thaïs (ouais, c'est pas une nationalité que tu croises dans les montagnes) avec un guide qui leur fait prendre le chemin facile. Mouais, mouais, mouais.

De retour à la guesthouse, le patron te dit que lui aussi prend le chemin facile. Si tu retrouves le local de ce matin, tu lui pètes les genoux...

T'avais quelques doutes sur la propreté des draps. La couette est simplement mise dehors à aérer, le drap sur le lit reste le même. Maintenant tu vas garder ton sac à viande systématiquement avec toi.

C'est le moment de redescendre. En plus le Nanga Parbat est à nouveau dans les nuages. Environ 1h de marche pour rejoindre en théorie la première jeep. Sur la montée plusieurs groupes de pakistanais. Certains font 20m et s'arrêtent épuiser, d'autres sont sur des chevaux. Un mec est tellement énorme que la mule refuse d'avancer. Arrivé à la fin du chemin, un groupe qui n'a pas fait 200m te demande si c'est encore loin. T'as été sympa, tu leurs as dit 2h mais intérieurement tu t'es dit 5h voir même qu'ils vont arriver à la nuit.

On attend sagement la jeep quand on voit les pakistanais qui redescendaient comme nous, continuent à marcher. Bizzare ils sont pas du genre à marcher s'il y a une bagnole. On reprend le chemin et 400m plus bas, un nouveau petit glissement de terrain qui bloque la route. Les jeeps attendent juste après. On pouvait attendre la bagnole toute la nuit. Le chauffeur qui était sensé nous ramener n'est pas là mais d'autres jeeps attendent pour reconduire au premier gros glissement de terrain. Notre vieux chauffeur nous attend, détendu, le sourire aux lèvres. Maintenant, il s'agit de reprendre la route de la mort, cette fois en descente. Les freins ? inch'Allah ! En fait, il est quasiment qu'au frein moteur..

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En attente d'un minibus pour aller à Chitral, t'es coincé encore une journée à Gilgit. Comme ton bid va mieux, t'as décidé d'arpenter les rues pour tester, jus de mangue, samoussas et autres bricoles à grignoter. Très bon samoussas mais tu te demandes si son huile de friture vient du garage à côté. Sachant en plus que demain t'as au moins 12h de minibus, pas sûr que ça soit l'idée de l'année si tu dois faire stopper le bus tous les 100 mètres. Mais bon, on change pas une équipe qui gagne. Et effectivement 6h plus tard, tu fais appel à ton copain immodium...

T'as décidé d'arrêter de la jouer grand seigneur en arrêtant les voitures privées pour prendre humblement un minibus. Direction la ville de Chitral sauf que le bus s'arrêtera à Mastuj pour 260 bornes.

6h du matin. Le minibus est rempli ras la gueule que ça soit à l'intérieur ou sur le toit. Les femmes sont toutes assises devant sur la même rangée. Toi, t'es derrière avec autant de place que dans un vol easyJet. Ça va être long. Il y a deux jeunes autrichiennes aussi communicatives que des portes de prison.

Ton voisin, un pakistanais bien en cher qui prend de la place.

3h pour faire 120 bornes. Le rythme est pas mal. Le chauffeur fonce aux rares endroits où la route le permet. On remonte la vallée avec la rivière Gilgit en contrebas.

Parfois des vallées encore plus étroites s'ouvrent perpendiculairement à la nôtre. Côté paysage, toujours le même principe, toujours très minéral avec ce ruban de verdure le long de la rivière.

10h, c'est l'heure de la pause casse-croute dans un petit village. Pois chiche et nan, rien de mieux pour caler un estomac récalcitrant.

On a quasiment fait la moitié du parcours, on est loin dès 11h de route indiqué par une des autrichiennes.

Mais c'est maintenant que ça part en quenouille. On a pas fait 5 km que la route est coupée. Une tractopelle au loin est en train de dégager la route. Un mec futé a installé un petit stand juste à l'endroit du blocage.

Un petit quart d'heure d'attente et c'est reparti... jusqu'au prochain glissement de terrain. Là, y a du boulot. Trois tractopelles sont en train de créer un nouveau bout de route et ça va prendre du temps. Ça tombe bien il est 12h, en plein cagnard, pas le moindre endroit pour s'abriter sauf le minibus qui fait office de four.

Une tractopelle arrête de fonctionner. Quoi, c'est l'heure de la pause ? Deconnez pas les gars ! Non, c'est la pelle qui est bloquée. Un gars essaye de la réparer à coup de pierres. On est pas rendu.

1h plus tard, on repart mais ça continue encore et encore. Cette fois, il y a cinq tractopelles. Vendeur de tractopelles ? Un métier d'avenir dans la région !

On en aura passé des éboulements plus ou moins réparés. Fini les rares moments avec un peu de bitume, on est sûr de la piste pure et dure. On va mettre plus de 4h supplémentaires pour rejoindre le fameux col de Shandur à 3700m d'altitude. Faut même que des mecs descendent du minibus car c'est trop pentu pour le vieux moteur.

On est dans une vallée beaucoup plus large. Au col, nous attend encore un contrôle de police. Il y a qu'une route et on a été contrôlé il y a 40 km plus tôt !

Au col, juste à côté du terrain de polo, plusieurs bâtiments ont été construits spécialement pour cette compétition annuelle. Stop obligatoire pour tous les pakistanais. Le polo c'est sacré !

Chaque année, début juillet, il y a une compétition de polo. Il n'y a rien à ce col à part le terrain de polo. Les pakistanais viennent par centaines camper pour voir la compétition. Ici, c'est pas le polo prout prout que jouent les 'fils de' mais un polo où tous les coups sont permis (castagne) et sans durée de temps (il faut qu'une équipe marque dix points pour que le match s'arrête quelque soit la durée)

On t'avait conseillé cette piste en particulier pour le passage du col de Shandur. Franchement, euh, pas sûr que tu le referais dans ces conditions. Surtout t'es pas encore arrivé.

C'est reparti, encore des checkpoints. Putain, y a qu'une route entre chaque checkpoint. Ouais, tu te répètes mais eux aussi. T'es parti avec dix photocopies de ton visa et t'en as filé la moitié sur 150 bornes. A chaque fois la même question : est-ce que vous avez un guide ? Apparemment dans la région où tu vas, il te faudra un guide... Les autrichiennes parlent pour toi, elles en ont un. Toi, tu fermes ta gueule, tu voudrais pas être refoulé.

Oh purée, encore des tractopelles mais jamais on va y arriver. Et maintenant une rivière, des gars descendent pour balancer des pierres pour que le minibus puisse traverser. Il commence à faire nuit et c'est sans fin. On arrivera à Mastuj après 20h sachant qu'on aura mis 3h pour les 120 premiers kilomètres et 11h pour les 120 derniers. Le chauffeur aura roulé quasiment 14h sur de la piste. Respect !

Va savoir à quoi ressemble Mastuj de jour mais de nuit, t'as trois pauvres magasins ouverts. Faut maintenant trouver une guesthouse. Une des autrichiennes est déjà venue l'année dernière mais elle ne sait pas où dormir... Boulet en autrichien? La guesthouse que t'as repéré est fermée et c'est un gars dans la rue qui nous aide gentiment à la faire ouvrir.

Journée compliquée mais le voyage est pas terminé. Il te reste à faire demain 100 bornes. Les locaux te disent qu'il faut compter 4h... Madré de Dios

Impossible de connaître l'heure du bus demain matin. Donc à 5h30, t'es à l'intersection des deux routes (ouais, c'est pas Paris). Tu vois le chauffeur de la veille qui repart à Gilgit pour 14h de bagnole.

Ah, un minibus pour Chitral. Les deux portes de prison débarquent aussi, toujours aussi souriantes et communicatives. Autant hier, t'étais pas confortable, autant cette fois, c'est pire. Tu peux même pas appuyer ton dos contre le dossier. Et en plus à cause des portes de prison. Ouais, la rangée des sièges femmes étant prise par des locales, elles sont installées à un autre rang dans le minibus. Et comme aucun pakistanais qui se respecte s'assiéra à côté d'une femme c'est toi qui t'y colle mais en étant complètement écrasé. Sans déconner, y a un mec qui est monté avec sa femme et son bébé, le chauffeur lui a demandé s'il préférait être assis à côté de sa femme ou derrière avec les hommes.

Effectivement, 4h de piste/route non stop pour arriver à Chitral à environ 1500m d'altitude. T'as pas de plan pour dormir, tu fais le tour de 2-3 hôtels/guesthouse où le typhus est inclus avec les draps changés le mois dernier.

Ta carte SIM ne fonctionne pas ici, direction le bureau de Telenor pour acheter une carte SIM qui fonctionne dans le coin. 1h avec une ribambelle de question digne dun interrogatoire par l'ISI (la police secrète pakistanaise). La meilleure, t'as 3h d'attente pour l'activation de la carte SIM. Finalement avec le wifi de leur bureau, tu trouves une guesthouse avec vue imprenable sur la vallée.

Il est indiqué 'piscine'. Mouais, t'as un gros doute. Effectivement, la piscine sera creusée quand le bikini sera obligatoire au Pakistan... inch'Allah !

Incroyable, grande première, t'as un office du tourisme ici. Ça va te permettre de t'organiser pour les prochains jours.

Chitral ? Une ville pakistanaise comme on les aime : très bruyante, très pollué par les pots d'échappements, des petits boutiques, beaucoup de barbus en goguette, 2 tchadors intégrales (première fois au Pakistan) et 2-3 femmes en tenue très colorée mais je rentrerais pas dans les détails. Voir le prochain post.

Selon vous, c'est quoi le plus important ? Refaire le stock de copie de ton visa et passeport. Et ouais, une occupation passionnante. Demain, tu seras paré pour les checkpoints!

Comme tu trimballes 30kg de matos qui n'ont pas finalement servi pour le camp de base du K2. T'as décidé de rajouter un peude poid. Vous connaissez le fifil daraz (en jargon local) où le pippali ? Tu cherchais un poivre pakistanais mais maintenant t'as de gros doutes. En tout cas, il a une drôle de gueule.

https://www.herboristerie-yannickbohbot.fr/34-poivre-long-piper-longum.html

200gr pour 1,2 euros.

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T'as fait ton millionaire (en roupies), t'as privatisé une bagnole pour aller dans la vallée Kalash (une des trois) de Bamburate. 20 euros pour 1h30 de bagnole sur une piste dégueulasse en ayant toute la place pour tes jambes, en partant à l'heure que tu veux sans attendre que la voiture soit pleine et en faisant des stops photos.

Sans déconner, un vrai luxe ! Direction le village de Bron. Un peu d'appréhension car beaucoup de mauvais commentaires sur cette vallée qui serait devenue Disneyland. Ok, il y a plein de guesthouses et quelques boutiques qui vendent de l'artisanat Kalash. Mais faut pas déconner non plus.

Le patron, Yasir, (un Kalash) de la guesthouse va te servir de guide pour les trois prochains jours.

Un prof(à gauche) et Yasir 

Un des intérêts de cette vallée est le musée construit par des grecs. Les grecs pensent que les kalashs sont des descendants d'Alexandre le Grand et ont mené beaucoup d'actions humanitaires dans ces trois vallées. Il y a une douzaine d'années, les talibans sont venus enlever les grecs (que le gouvernement pakistanais a récupéré 6 mois plus tard). Bizarrement, depuis, les grecs ne sont plus trop revenus... Ouais la frontière afghane et le Nuristan est au bout de la vallée derrière le col.

Rien que le musée en pierre et bois vaut le coup d'œil. Des sculptures en bois, les anciens vêtements traditionnels...

Tu peux acheter aussi un billet pour l'étage au dessus où il y a l'école. L'argent va à l'entretien de l'école. Plusieurs classes où à ton entrée tous les gamins crient un 'ispatcha' (bonjour en Kalash).

Un problème pour publier cette vidéo des gamins alors voilà le lien :

https://youtube.com/shorts/2py1i5fOX68?feature=share

Généralement en dehors de l'école, les garçons sont habillés normalement. Par contre, c'est la tenue traditionnelle obligatoire pour les filles. C'est pareil pour les femmes Kalashs qui portent toutes une longue robe noire avec des motifs colorés au choix. Leur fabrication prend du temps. C'est leur occupation pendant les longues soirées d'hiver. Elles doivent aussi porter une ceinture et une coiffe. Comme cette école est trop petite pour toute la vallée, chaque famille ne peut envoyer qu'un enfant. Les autres doivent aller à l'école du gouvernement.

Les Kalashs sont une ethnie qui vivent trois vallées. Une des rares ethnie qui n'est pas musulmane. Plutôt que paraphraser un site web, un lien pour en apprendre plus sur le peuple Kalash. www.atalayar.com/fr/articulo/societe/kalash-derniere-tribu-animiste-du-pakistan/20210329141251150555.amp.html . Ouais, tu vas pas faire du copier-coller. En plus vous le verriez à l'absence de fautes d'orthographe...

Il reste quelques maisons traditionnelles qui sont, petit à petit, remplacer par des maisons un peu plus 'moderne'.

Petite balade dans le village d'Anish où il t'a montré un temple utilisé pour des cérémonies. Tu peux rentrer à l'intérieur, par contre les femmes n'ont pas le droit de marcher sur les toits. Quand il n'y a pas de cérémonie, c'est assez spartiate.

Tu peux aussi voir un des lieux où ils sacrifient des animaux

On s'est arrêté chez les beaux parents de Yasir. Ils savent pas trop l'âge qu'ils ont. La mamie a cassé des noyaux d'abricots séchés et récupère une fève qui se mange. La taille d'une petite amande. Elle t'as aussi offert un collier/ceinture tissé au couleur de l'équipe de football de Nantes. Yasir veut que tu le portes dans la rue pour montrer aux kalashs que tu es le bienvenu. Une photo ? Ouais, uniquement sur Tinder...

Passage par le cimetière. Les cérémonies mortuaires sont assez compliquées, je vous laisse regarder en détail sur wikipédia. Avant, ils laissaient le cercueil ouvert en plein air. Maintenant, la pression des habitants non kalashs et du gouvernement font qu'ils les enterrent. Ils ont dû installer des barrières en bois car avant les touristes pakistanais venaient récupérer les os dans les cercueils...

Côté photos, c'est très tentant de vouloir photographier les femmes avec leur tenue si bariolée. A chaque fois tu demandes (sauf si c'est de dos).

Les Kalashs n'aiment pas les touristes pakistanais qui se considèrent comme dans un zoo, photographient à bout portant sans demander, rentrent dans les maisons et demandent aux hôteliers si c'est possible d'avoir une femme Kalash pour la nuit. Un mois sans avoir le visage d'une femme et même d'entendre leur voix. Surtout qu'elles parlent normalement avec les hommes. Les pakistanais musulmans qui débarquent doivent halluciner.

Les enfants sont vraiment considérés comme faisant partie de la communauté vers cinq ans après une cérémonie. Avant, les petites filles ont le crâne quasiment rasé.

Une fois la cérémonie passée, elles n'auront plus le droit de couper leur cheveux de toutes leur vie.

Ah, t'as trouvé une astuce pour reconnaître en partie les Kalashs des musulmans. Pour les femmes c'est facile avec leur tenue, pour les hommes, s'ils sont rasés sans barbe, forcément ils sont Kalash.

Des musulmans ont pu s'installer dans ces vallées car les cérémonies mortuaires, importantes pour les Kalash, coûtent très cher. Tous les Kalashs viennent et il faut les nourrir. Du coup, certains ont été obligé de vendre leur terre pour payer les cérémonies. Maintenant, pour éviter ça, les autres Kalashs participent au frais. T'as aussi des convertis qui sont devenus musulmans. Dans ce cas, ils n'ont plus le droit de vivre dans le village. Donc t'as des villages de musulmans. Mais apparemment tout le monde vit en harmonie.

Le moulin 

Yasir habite Krakal, le dernier village kalash de cette vallée. Deux kilomètres plus loin, un village afghan (toujours côté Pakistan) mais apparemment ils veulent pas voir débarquer des touristes.

Faut reconnaître que dans le village, la ruelle qui mène à la place où se déroule les festivals est 'remplie' de petites boutiques vendant de l'artisanat local et beaucoup de produits made in China/India. Ça fait moins village dans son jus.

Yasir a sa maison qui donne sur la place où des petites filles jouent.

Quelques années auparavant, Kate et William (le futur roi rosebeef) ont débarqué en hélicoptère (oui, ils vont pas se taper des heures de bagnole inconfortable) pour donner du pognon suite à d'immenses inondations dans la vallée et les habitants ont organisé un festival. C'était Yasir leur guide!

Parlons de choses sérieuses. Ils ne sont pas musulmans, ils ont des vignes et des fruits et donc...ils fabriquent du vin et de l'alcool blanc qui tape les 55 degrés. Forcément, après un mois d'abstinence, et surtout par soucis de tester les produits locaux partout où tu passes, tu t'es senti obligé de goûter...

Yasir t'a fait essayer du vin. Bon, tu vas pas en ramener en France. Tu seras certainement malade avant d'être bourré. Tu t'attendais à voir des vignes comme chez nous mais pas du tout. Un pied de vigne pousse par ci par là souvent enroulé autour d'un arbre. L'alcool de mûres sera pour demain soir.

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Histoire de continuer à tester les produits locaux Kalashs, t'as commandé la veille un pain aux noix, un pain au fromage et un thé aux noix. Ils n'ont pas de levure donc leur pain ressemble plus à une tourte. Bon, le pain aux noix est... consistant, celui au fromage est plus... moelleux. Dans les assiettes, du fromage mélangé avec de la poudre de noix. Ils ne font pas de fromage de vache, que de chèvre (pas de moutons dans la vallée). Le thé au noix ? Tu bois autant que tu manges, pas mauvais.

Aujourd'hui, direction une autre vallée Kalash, la vallée de Rambur (4000 habitants) avec ton chauffeur Ali de la veille et Yasir. Franchement, une seule journée dans une vallée Kalash est certainement suffisante. La vallée est beaucoup plus petite, avec une seule guesthouse. Donc, effectivement, très différente de la vallée où tu crèches où se suivent les guesthouses. C'est le vieux village de Grum, à flanc de collines, que tu visites. Avec son temple, son emplacement pour les danses, la zone de sacrifice. Rien de vraiment différent de la veille.

C'est la récré au moment où tu arrives, tous les gamins dévalisent l'épicerie. Autant dans la vallée de Bamburate, t'existais pas aux yeux des gamins, autant ici, ils te dévisagent. Le touriste vient peu ici. Avec l'accord de l'instit, tu prends quelques photos.

A ce moment des petites filles musulmanes arrivent et te voient avec ton appareil photo. C'est la débandade, elles se cachent où passent très vite pour éviter d'être en photo alors que tu les ignores volontairement. Manque de pot pour l'une d'entre elle...

Comme Yasir connaît tout le monde, on se fait inviter dans une maison où on te fait gouter deux sortes de fromage, un classique et un autre qui a plus une texture de yaourt avec du beurre fondue et une sorte de crêpe.

T'as déjà l'estomac à l'envers depuis la veille, ça va pas s'arranger.

Histoire de s'occuper, t'as décidé de tenter le barbier coiffeur. Dans le reste du pays, la barbe est une institution. Donc pas sûr que le barbier maîtrise vraiment le rasage. La plupart des Kalashs se rasent entièrement le visage donc ici le barbier devrait plus maîtriser. Dans la vallée de Rambur, le gars a le monopole donc l'attente est longue. Tu t'es rabattu sur un de la vallée de Bamburate. Déjà rien que la devanture te pousse à rentrer.

Faut reconnaître que le gars a été surpris en te voyant débarquer surtout que t'as pas Yasir pour la traduction. T'attends 30 minutes qu'il taille la barbe du mec avant toi. Tu lui fais comprendre que tu veux court. Il te dit 'soldier'? Euh non! Il fait sombre et le gars est plus petit que toi quand t'es assis dans le fauteuil. Tu te demandes comment il va faire.

Le coiffeur passe beaucoup de temps sur les côtés puis donne dix coups de ciseaux aux dessus. Grâce à sa technique, tu t'es découvert des épis... Puis, t'as le droit à une sorte de massage assez brutal du crâne. Il tape plus qu'il ne masse. On passe ensuite au rasage. T'en es sorti avec 3 coupures et t'as repassé ton rasoir à certains endroits. Est-ce la pression d'avoir un étranger ? Bon, t'es pas ruiné, 80 centimes pour 45 minutes. Grand seigneur, t'as arrondi à 1 euro, il a été surpris !

Dernier jour chez les kalashs. Il reste une dernière vallée encore moins fréquentée, Birir. Refaire de la piste dégueulasse pour voir un petit village qui va certainement être sur le même principe que les autres, mouais. Malheureusement pour Yasir, Ali t'avait dit dans la voiture qu'on pouvait rejoindre cette vallée en franchissant un col à pied. Donc, le pauvre Yasir va venir crapahuter avec toi car t'as aucun chemin indiqué sur tes applications de rando pour le faire en solo. Le bougre t'a dit 7-8h de marche pour te décourager. Du coup, on part à 4h30h du matin car ça cogne dur et quand tu vois où est le col, tu te dis que ça va faire mal aux cuisses. Et il vaut mieux prendre une double dose d'Immodium....

Yasir te dit qu'il a invité un guide qui ne connait pas le chemin pour lui montrer. Apparemment c'est un joueur de flûte réputé dans la vallée. Des pipoteurs, t'en as rencontré mais un vrai joueur de flûte...

4h30, tout le monde est prêt. Le quart d'heure de retard pakistanais n'existe pas chez les kalashs. Remonté de la vallée à la frontale avant de se trouver face au mur. Le chemin n'est pas aménagée pour le touriste. C'est certainement la montée la plus pentue et longue que t'as tapée au Pakistan. Environ quatre kilomètres pour 1000D+. Et encore, on l'a fait à l'ombre. C'est dans la montée que tu t'appercois que c'est le joueur de flûte qui connaît vraiment le chemin et non pas Yasir qui t'a joué du pipeau. Une partie se fait au milieu des sapins. 2h20 pour atteindre le col. Putain, y a des bouteilles plastiques, des papiers partout.

La vue sur les deux vallées est plutôt sympa.

Tu t'es demandé si c'était du pipeau aussi le joueur de flûte. Mais non, il sort une flûte, on va dire plutôt un tube de métal percé de 5-6 trous, pour une petite démonstration. C'est particulier. T'as essayé, pas foutu de sortir le moindre son.

Bon, c'est sympa cet intermède musical mais il y a un peu de descente pour rejoindre la vallée de Birir. Ce côté est encore plus vertical que le côté par où t'es monté. Que de la pierraille dégueulasse sans fin. Sans bâton, t'es sûr de te vautrer plusieurs fois. Yasir en chaussures de ville pleure. Alors, il y n'a pas que des pierres, il y a aussi des... orties. Et pas ceux qui te picotent dix minutes mais plutôt du genre qui te brûlent encore 3h plus tard, oups 10h plus tard, re oups 24h plus tard.

La descente se déroule en grande partie dans une gorge étroite interminable. T'imagines ceux qui font la traversée dans l'autre sens.

La vallée de Birbir n'est pas fréquentée par les touristes. Pas de guesthouse, de rares petits magasins pour les locaux, pas de coiffeur....une misère...

Vu qu'on est là, on va faire le tour des 3-4 villages avec le flûtiste qui connait parfaitement. Le joueur de pipeau? Il suit derrière. T'as beau être dans une vallée Kalash, t'as croisé que des musulmanes qui se détournent ou se cachent le visage à ton passage alors que t'as même pas d'appareil photo. Franchement, ça commence un peu à te fatiguer ce principe de se cacher le visage et de te regarder. Donc tu fais pareil, dès qu'elle cache son visage, tu remontes ton t-shirt au dessus du nez. C'est con mais bon...

Apparemment, la route pour sortir de la vallée est fermée pour quelques heures pour travaux. Pendant que Yasir discute sans fin avec des locaux, toi, tu tapes le bout de gras avec une... chèvre. Ouais, on s'occupe comme on peut.

Tu t'es un peu énervé quand au bout d'une heure, il te dit qu'il t'attend alors que c'est toi qui l'attends. Dans cette vallée les villages d'en haut sont plutôt musulmans et ceux du début de la vallée, kalashs. On s'arrête au village de Guru où le flûtiste connaît tout le monde.

Et là, c'est reparti pour les grandes palabres sans qu'on te fasse participer donc tu te barres. Il ne comprend pas que tu veuilles pas prendre le thé avec ses cousines. Ouais, elles sont souriantes mais tu vas te retrouver comme un couillon pendant qu'ils vont refaire le monde en t'ignorant. En plus, même s'il est très sympa et souriant, il parle trois mots d'anglais. Yasir ? Il a disparu certainement en train de papoter. 13h, selon Ali, c'est l'heure de la prière et de la pause dej, donc les bosseurs qui refont la piste ont dû libérer le passage.

De retour à la guesthouse, Yasir montre tous les selfies qu'il a pris sur la rando. Et il en parle à tous ceux qu'il rencontre. Malgré ses dires, c'est certainement la première fois qu'il la fait. Il doit pas y avoir beaucoup de couillons qui s'enmerdent à se taper ce mur alors que tu peux y aller en bagnole.

Tiens, le jardinier fait une pause pour s'assoir a côté de toi. Tu lui offres des biscuits, il est reparti avec tout le paquet!

Test du 'Tara', l'alcool local fait à partir de mûres (pas celles sur les ronces mais celles des arbres, mulberry en anglais). C'est nettement meilleur que leur vin et beaucoup plus fort. Mais t'as quand même l'impression que c'est un peu trop coupé avec de l'eau. T'as décidé de ramener une petite bouteille, histoire de faire goûter en France et de faire travailler l'artisanat local. T'es certain d'avoir du succès!

Il y a trois grands festivals Kalash et le prochain est dans une semaine. Toutes les guesthouses sont déjà réservées depuis plus de six mois par les agences internationales. Ça va être un merdier sur la piste déglinguée.

C'est l'heure de rentrer en France. T'avais prévu d'aller dans la vallée de SWAT pour faire 2-3 randos mais ça cogne trop, trop de distance pour juste 2-3 jours et puis t'arrives pas à te débarrasser de ta 'tourista'.

Juste une petite dizaine d'heures en changeant de bagnoles pour 400 kilomètres. Ouais, la route est pas trop mauvaise....

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Juste une petite conclusion sur ce voyage concernant les pakistanais.

A aucun moment, mais vraiment à aucun moment, tu t'es senti en insécurité, agressé visuellement ou oralement.

Dernier repas à Islamabad au Kabul restaurant (Afghan), le meilleur resto de la ville dixit les pakistanais 

T'as fait que rencontrer des gens sympas, souriants, prêts à t'aider même si tu connais que deux mots en Urdu. Par exemple, ton dernier chauffeur a fait tout le tour des taxis partagés pour en trouver un qui partait tout de suite à un bon prix alors qu'il venait de se taper 6h de bagnole et qu'il en avait autant pour rentrer. T'attendais à l'extérieur du restaurant que les pakistanais aient fini de manger (tu voulais pas manger) quand un serveur est venu t'offrir un beignet. Plein d'exemples comme ça.

Les rares points un peu 'compliqués' :

- des longues heures sur des pistes dégueulasses

- même en faisant gaffe (ce qui n'était pas toujours ton cas) tous les étrangers rencontrés ont eu des problèmes d'estomac

- un environnement systématiquement (à part chez les kalashs) masculin. Ouais, à force que du barbus...

T'as croisé deux fois des étrangères en solo, ça ne semblait pas être un problème.

Bonne balade au Pakistan

Dans le blog suivant, tu es reparti trois plus tard pour visiter le sud du Pakistan

https://www.myatlas.com/surledep/pleurer-au-bangladesh