(Oui, le titre etait un peu facile)
Novembre 2022
4 semaines
Partager ce carnet de voyage
1

*********************************************

Avertissement au lecteur

Toutes les médisances et autres 'vacheries' dans ce blog sont à prendre au second degré. Si vous préférez des blogs où tout est beau et gentil, arrêtez vous à cette ligne et passez au blog du voisin. Ouais, t'es obligé de le préciser à chaque fois sinon tu te prends des commentaires de pimpims moralisateurs à dix balles.

Les fautes d'orthographe et de grammaire ? Elles sont volontaires.....euh.... plus ou moins. S'il y a des mots inconnus, ne les cherchez pas sur Google, c'est juste de la créativité à l'état pur... De même, la pauvreté du style des textes et certains mots grossiers font partie intégrante du 'Ricardo style'....

*********************************************

Yo,

Histoire de se remettre de la bérézina au haut Dolpo, direction la farniente. Fin novembre, en principe, les ouragans ont fini de trainer dans le coin donc tu devrais être plutôt tranquille. Direction, un pays Fidel à Mélenchon ! T'as prévu 2 jours à la Havane, puis un vol vers Santiago de Cuba à l'Est de l'île. Ensuite, tu sais pas trop... T'auras 3 semaines pour revenir vers la Havane et aller coté ouest. Mais si une queue d'ouragan en retard vient mettre le merdier sur l'île, tu sauras que t'aurais mieux fait de rester cloitrer en 2022.

Histoire de faire tourner l'économie locale plutôt que la junte militaire, tu vas essayer au maximum de dormir chez l'habitant, les 'casas'. Vous avez essayer de réserver sur AirBnB à Cuba? Comme c'est une application américaine et que le gouvernement gringo continue à boycotter Cuba, il te faut une raison particulière pour pouvoir réserver via cette application. On te propose au choix une dizaine de raisons à la con mais le tourisme n'est pas une raison valable de réservation. Donc, tu mens (oh, c'est pas beau). Tu y vas pour une compétition sportive (oui, c'est un motif dans la liste). Compétition de lever de coude au rhum cubain!

Tu viens d'échanger avec le proprio du BnB de La Havane, il te conseille de venir avec du PQ... Oui, du PQ !! Apparemment rupture sur l'île. C'est pas possible, ils copient sur les français qui dévalisent les rayons à la moindre alerte. Du coup, 1 mois avec 3 rouleaux, ca devrait le faire. Faudra juste éviter de chopper une tourista qui ruinerait ton stock. T'as aussi embarqué une douzaine de savons de Marseille à la lavande, histoire d'offrir un petit cadeau où tu vas dormir.

Ricardo, importateur de PQ

2

Sorti de l'avion, le choc thermique. Les vêtements chauds vont pouvoir être rangés bien au fond du sac.

A la douane, au contrôle de tes bagages, que des cubaines de 20 ans. Ton charme naturel a dû avoir un effet sur elles car sur les 300 pimpims dans l'avion, tu dois faire partie des 10 où elles ont pris le passeport. T'obligeant ainsi à passer du côté 'déclaration de marchandises en douane'. Tu récupères ton gros sac et tu te pointes penaud pour comprendre pourquoi cet honneur. Tu te vois déjà en prison à Cuba accusé de contrebande de savons et de PQ. Au moins 15 ans de taule, minimum. Pourvu qu'on te fasse pas ramasser la savonnette dans les douches. Au contrôle, encore que des douanières de 25 ans. Respect, pour le casting! Après baragouinage entre ton pauvre espagnol et leur balbutiant anglais, tu comprends ce qui les a fait tiquer. T'as 2 téléphones (non, c'est pas pour te la péter. Un vieux qui fait des belles photos mais qui va te péter dans les doigts dans peu de temps et le neuf qui fait des photos de merde). Et ça, elles n'ont pas l'habitude. Après explication t'échappes à la prison mais sans leur 06...

Arrivé à la Havane au coucher du soleil. Le chauffeur de taxi est à fond reggaeton même s'il est au téléphone en même temps. Des grandes routes, parfois à 3 voies, qui ne doivent pas connaître les bouchons. T'es pas encore arrivé dans le Havana vieja mais difficile à expliquer cette sensation étrange. Tous les bâtiments, datant certainement de l'époque coloniale, avec leurs colonnades sont attaqués par une sorte de lèpre, rongés par un cancer de la peau. Pas un bâtiment en état correcte. 18h, très peu de gens dans les rues sauf les longues queues qui attendent les bus. Les rues sont peu éclairées accentuant ainsi cette sensation de fin du monde. Le taxi te laisse à l'adresse indiquée, un immeuble de 4 étages où est sensé se trouver ta guesthouse. Porte d'immeuble fermée, pas de nom à part celle d'une autre guesthouse. Au bout d'un quart d'heure, via l'aide d'une dame dans la rue, le patron descend du 4eme étage t'accueillir. Il vaut mieux changer de l'argent chez lui car il te donne 20% de plus que le cours officiel.

Opération balade nocturne dans la ville et dîner. Tu t'attendais à une ville festive. Soit t'es pas dans le bon coin, soit y a un truc qui t'échappe. Même sur les places touristiques, les 2 -3 restos sont quasi vides, presque personne déambule dans la rue. Tu pensais trouver des bars, de la musique, un peu comme au Brésil. En plus il fait presque 30 degrés donc les gens devraient être dehors. Les seuls qui sont dehors sont les habitants qui s'installent sur des chaises dehors car il fait trop chaud à l'intérieur. Ceux qui vivent au rez-de-chaussée vivent avec leur porte ouverte pour faire rentrer de la fraîcheur. Dès que tu sors des places et rues touristiques avec des bâtiments restaurés, les façades sont en sales état. Des superbes bâtiments dans un état de décrépitude avancé. La faible lumière des rares lampadaires fonctionnants amplifie cette drôle d'ambiance. En Amérique Centrale, jamais tu serais sorti le soir avec cette pénombre et le peu de personnes. Mais ici tu ne sens absolument pas le risque d'agression. Surtout que t'as plus d'un an de salaire local sur toi.

T'as poussé jusqu'au Malecon, c'est la route qui longe le bord de mer où les gens sont sensés se balader. La petite partie du Malecon où t'as déambulé fait presque peur. Les maisons sont quasiment en ruine, alors que t'imaginais un endroit plus vivant. Ouais, très grosse surprise. Dubitatif le Ricardo sur cette première impression nocturne.

T'as testé le premier resto où il y avait du monde. La serveuse a été surprise que tu commandes une pinacola avec un plat de poulpe... Ouais, pas faux mais t'as 11h de vol dans les pattes avec un réveil à 4h du matin, donc t'es excusable...

Ce matin, avant toute balade, acheter une carte SIM pour accéder à Internet. Direction la Calle Obispo. Plein de gens, surtout des femmes, assis sur le trottoir à attendre devant des magasins. Ici, on n'essaye pas de passer devant les autres. Tu te pointes et tu demandes qui est la dernière de la queue. Ça va, t'as que 10 personnes avant toi et t'es 30 minutes avant l'ouverture du magasin.

C'est enfin l'heure de l'ouverture, le gars annonce qu'il n'y a plus de cartes SIM. Madre de dios. Une touriste te dit qu'il y a une autre boutique où il y a des cartes SIM. Putain, re-queue mais avant tu demandes. Oui, il y en a mais ici on paye uniquement par CB. Merde, t'as pas ta CB sur toi. Quand ca veut pas... Le temps d'aller la chercher et la queue s'est rallongée. Apparemment les magasins où tu payes en devises ou CB sont beaucoup plus achalandés que pour les locaux qui n'ont pas de CB. Conséquence, ce n'est pas le même type de population qui fait la queue. 2 personnes qui gèrent la queue pour 2 personnes au guichet à raison de 15 minutes par client. T'es parti pour au moins la matinée pour chopper cette foutue SIM. Les écolos mode bougie te diront que tu peux t'en passer ! Oui, certainement, mais pour réserver les bus, les Airbnb, c'est nettement plus facile... Ils vendent aussi quelques téléphones, chargeurs et câbles mais même dans les petites villes perdues du Dolpo Népalais, les magasins ont dix fois plus de choix qu'ici.

Midi, t'as enfin ta SIM locale mais la vendeuse est arrivée à te bloquer ta carte SIM française. Tu sors enfin de la boutique, il y a 30 personnes qui attendent dehors. Bonne chance à eux. La rue est blindée de monde. Pas des gens qui déambulent mais de personnes qui font la queue devant les différentes boutiques. Et encore, elles n'ont pas grand-chose à vendre. C'est parti pour le touriste time.

Dans la partie touriste donc restaurée, les rues sont pavées et pour en rendre certaines piétonnes.

Ils ont planté des vieux canons pour bloquer le passage des bagnoles.

De jours, les bâtiments semblent en meilleur état que l'impression de la veille. Mais bon, faut rester dans les rues touristiques. Dès que tu prends une rue transverse, c'est nettement plus décrépit.

Les touristes ? Ouais, y en pas par groupe entier qui suivent leur guide. Sur les spots touristiques, les rabatteurs t'attendent de pieds fermes. Cocaïne, filles, massages, cigares..et plus étonnant, carte SIM. Merde, si t'avais su...

De retour sur le Malecon. Tu comprends mieux pourquoi il n'a pas un succès fou. La promenade longe le bord de mer qui n'est pas accessible (que du corail). Donc on oublie définitivement ici la baignade. Et t'as une route avec 2 x 3 voies qui longent le bord de mer avec pas mal de bagnoles qui ne connaissent pas encore les pots catalytiques. Pas un resto, pas un petit kiosque pour acheter une boisson une glace. Donc, ça pousse pas trop à la déambulation. Mais, peut-être que le samedi soir ça s'anime.

Un truc t'échappe. Ou se fournissent les cubains en nourriture de base comme, riz, huile, pattes ? Auchan n'est pas arrivé jusqu'ici et t'as pas vu la moindre épicerie. T'en as arpenté des rues pour enfin tomber dans les rues commerçantes pour les locaux. Un petit centre commercial avec quelques boutiques sombres au bout de leur vie. Tu veux aller jeter un coup d'œil. Que nenni, t'es refoulé, l'entrée est de l'autre côté. 50 personnes attendent. Mouais, c'est bon, t'as eu ton quota de queue pour aujourd'hui. Plus loin des petits magasins de la chaîne Panamerica (qui appartient certainement à l'état). Ils sont spécialisés par type de produit genre hygiène et nettoyage, chaussures, mais surtout nourriture. Et là t'as en moyenne 30 personnes qui attendent. T'as jeté un oeil par la vitrine. Le magasin a max 20 rayons avec très peu de produits différents mais au moins 20% présentent un des rares produits cubains, le rhum.

Le seul côté 'positif' de ces queues c'est qu'elles socialisent les gens. Les cubains discutent entre eux en attendant...

Alors, effectivement je vous cause de riz et d'épicerie plus que de monuments, musées et places. T'es quand même dans un endroit quasi unique au monde. Un pays qui vit sous embargo et dictature (Mélenchon va en perdre son dentier) depuis 60 ans. Donc forcément ça t'intrigue.

Tu t'es posé sur la place José Marti. Ici, les façades des bâtiments sont niquels, surtout des beaux hôtels de luxe. Quelques palmiers, 2-3 stands et des hauts parleurs qui balancent de la musique cubaine.

Une rue plus loin et vous pouvez comparer un bout de façade d'un hôtel de luxe et celles moins touristiques.

La Havane est connue pour ses vieilles voitures américaines. Cette place est le spot où les chauffeurs t'attendent pour aller faire un tour dans leur vieille cabriolet Chevrolet, Plymouth...

Côté people, les gens sont souriants, détendus et respectueux. Malgré leurs conditions de vie difficile, tu les sens pas stressés. Le seul truc chiant est qu'en tant que touristes, t'es sans arrêt sollicité par les fameux rabatteurs. Ouais, t'es trop blanc et grand pour passer pour un local.

On a complètement oublié en France mais quel plaisir de ne voir aucun panneau publicitaire dans les rues. T'as l'impression de voir des vraies rues et pas juste un ensemble de pubs.

Point culinaire : tout le monde t'a prévenu, Cuba n'est pas reconnu pour ses exploits culinaires. Tu pensais trouver plein de stands de bouffe dans les rues. Que dal. C'est surtout le pays de la pizza. Des minis pizzerias à emporter où 10 personnes font la queue pour emporter leur bout de pizza. Ouais, même là il y a la queue. T'as quand même trouver une dame qui faisait des sortes d'accras dans un kiosque. Tu t'es dit que c'était au poisson. Que nenni, un goût particulier et une texture un peu gluante, du yucca râpé. Le point positif, tu vas perdre de la bedaine. T'as plus qu'à te rabattre sur les cocktails. 2.5 euros le mojito, ça devrait compenser la bouffe...

Vu le boycott imposé par les ricains, les cubains sont pas encore touchés par MacDo (va comprendre mais tu trouves parfois du coca cola). Par contre les chinois ont aucun problème pour exporter ici leurs produits en plastique pour touristes. Même le marché 'artisanal' en est blindé !

Direction matinale vers l'aéroport pour aller à Santiago de Cuba. La veille t'avais passé ta journée enfermée pour cette fameuse SIM. Maintenant tu vois enfin la vraie vie au quotidien et c'est nettement plus sympa.

Ps : ouais, vous allez dire, il est très négatif le gus. En fait, t'es dubitatif. Certainement à cause de la première sortie nocturne dans le mauvais quartier. Ça ira mieux demain..

Ricardo, un gars dans la queue

3

On te conseille d'arriver au moins 2h en avance à l'aéroport pour un vol national. Vu les queues infinies pour tout et n'importe quoi, tu prévois un poil plus. Au terminal des vols intérieurs, t'as uniquement 2 vols pour la journée. Ils ont 6 personnes au guichet pour l'enregistrement des bagages. En 10 minutes, c'est plié. Merde, tu vas avoir de la marge. A l'étage retour à la réalité cubaine. Une longue queue pour de l'administratif à la con et la fouille de ton sac en cabine. Mais le pire c'est la queue pour avoir un café au seul kiosque de la salle d'embarquement, c'est la plus longue ! Minimum 20 minutes. Moralité, si tu ne bois pas de café, t'as pas besoin d'arriver en avance ! Autant les cubains font tranquillement la queue dans les fils de bus, autant pour l'avion où tu as ta place réservée, c'est la course pour essayer de gratter quelques places dans la file.

On poireaute dans l'avion. La police débarque avec un gros sac noir qui appartient à un passager. Ils cherchent le propriétaire. Une cubaine l'a identifié, ça discute sec. Bon, t'auras pas tout compris mais finalement on est parti avec 2h de retard.

T'es enfin dans la guesthouse. Après discussion avec la patronne tu réalises ça va pas être simple. En fait, une fois que t'es sûr place, tu n'arrives plus à payer quoi que ce soit sur internet. Tu peux voir les Airbnb mais tu ne peux pas réserver car tu ne peux pas payer. Et ça va être pareil sur le site web pour l'achat de billets de bus. Tu te dis, que tu fais un bond en arrière de 15 ans quand t'avais pas Internet et que tu te pointais comme une fleur. Sauf que t'as pas les adresses exactes des Airbnb tant que t'as pas payé. Et apparemment pour les bus, l'achat sur internet est privilégié et ça peut t'éviter des heures de queue. Alors, vous allez répondre 'hé couillon, t'as qu'à installer un VPN'. Ouais, t'en as installé 4 qui tous te proposent une période d'essai mais qui te demandent néanmoins de pré payer ton abonnement. Et hop dans le cul lulu, tu reviens au même problème de paiement. Sur internet tous les commentaires sur ce sujet précisent qu'il faut installer le VPN avant de poser ses tongs à Cuba. C'est vrai que ça te rappelle un vague souvenir…quel con!

Tu traînes dans la rue piétonne histoire de chercher un bar pour oublier les futurs petites enmerdes. Ouais, tu précises petites car tu ne peux absolument pas les comparer avec le quotidien des cubains. Sans déconner, le cauchemar journalier pour acheter des produits de base. Et dire que nous on gueule quand il y a plus de moutarde dans les magasins pendant 15 jours. Une minuscule boutique de réparation de téléphone. Tu tentes ta chance. Bon, le gars a un fer à souder dans la main et un téléphone éventré. Euh, t'as quelques doutes. Mais moyennant 5 euros un gamin t'installe un autre VPN avec ses codes d'accès. Effectivement un nouveau monde s'ouvre à toi où tu peux à nouveau claquer du pognon sur internet.

Alors Santiago de Cuba? Va comprendre pourquoi, mais tu te sens mieux qu'à la havane même si t'as pas encore vu grand-chose de la ville.

Va savoir si c'est la mode ou une rupture de stock de dessous de plats dans tous Cuba mais tous les restos testés utilisent des vieux 33 tours comme dessous de plat.

Et en plus, t'as bien mangé.

La musique est très présente dans les rues. C'est surtout les gens chez eux qui mettent la musique à fond...

Direction la Casa de la trova Pépé Sanchez, un bar mythique où des groupes jouent de la musique 'trova' et où, accessoirement, le mojito est à moins de 2 euros. Ça va pas être simple de retrouver ta chambre vu le prix des mojitos. Apparemment des grandes figures de la musique cubaine sont passées ici comme Compay Segundo (Buena Vista social club).

T'as plein de touristes d'un certain âge, tous accompagnés de jeunes et jolies cubaines, bizarre... Est-ce leur professeur de salsa ? Puis arrivent des groupes de touristes par paquet de 20. Des chanceux qui ne doivent pas se poser des questions de VPN pour réserver leur chambre, eux. Puis le groupe se met à jouer. Très peu de cubains et cubaines (il ya un prix d'entrée obligatoire) mais ce sont eux qui mettent l'ambiance sur la piste de danse.

Lendemain matin, balade dans Santiago. Mais avant direction la station de bus pour t'assurer que ton achat la veille est bien valide. Oh, madre de dios, y a 30 personnes qui attendent. T'es encore bon pour 1/2 journée de queue. Ouf, ce n'est pas le guichet pour les bus Viazul, c'est plus loin. Et là, pas un chat. Ouais, même au guichet tu dois payer en CB donc c'est très compliqué pour les cubains et surtout le prix est exorbitant pour eux. Le gus au guichet te dit qu'il faudra venir 2h avant le départ du bus. Ouais 2h. Pour de futurs trajets tu passeras plus de temps à la station que dans le bus. La question va se poser de savoir si t'es prêt à te taper des heures de queue pour monter dans un éventuel bus local ou attendre à la station de bus à touristes pendant 2h. Bon, dans tous les cas, tu vas poireauter. Pour ceux qui viennent en routard, prévoyez des bouquins... Et du temps...

Juste à côté de la gare tu as le musée du rhum Bacardi. Quand tu te pointes, c'est la rhumerie Santiago de Cuba. Hein? Va comprendre. Bon, y a uniquement 2 petites salles et à la sortie t'as le droit à une grosse rasade de rhum. Ouais, à 8h30 du matin... Pour info, historiquement c'est Bacardi qui a lancé la fabrication de rhum à Cuba mais au moment de la révolution, ce bougre de capitaliste a préféré continuer son business à l'étranger. Toi qui pensait que le Bacardi qu'on trouve partout en France était cubain. Depuis, c'est la fabrique du rhum 'Santiago de Cuba'. A ce propos, des alcooliques français t'ont demandé de leur ramener des bouteilles. Mais un truc t'échappe, le prix des bouteilles de rhum cubain est plus cher ici qu'en France, parfois quasiment le double.

Direction en titubant vers le cimetière. Pas pour y mourir... apparemment il y a des tombes à voir dont celle de Fidel. Il y a des flics partout, il est fermé aujourd'hui. Hein, y porque? On est le 26 novembre, c'est la date d'anniversaire de la mort du grandissime Fidel donc toute une palanquée de dictateurs locaux vont se pointer en hommage. Oula, ils savent pas à qui ils ont affaire! T'as beau leur expliquer que tu connais Mélanchon, un fidèle admirateur de Fidel (elle était facile....), et même que t'es prêt à voter pour lui, ça passe pas. Faut reconnaître que les gus en uniforme n'ont pas cette chance de connaître le gratin de la politique française. T'as même hésité à leur montrer une photo de notre futur président. Mais non, t'as pas une photo de lui dans ton portefeuille, faut pas déconner. T'as une carte SIM qui te donne un accès à Internet !! Mais t-shirt et tong, ça va passer pour rendre hommage au grand guide. A propos de tongs, tous les jours tu pries pour qu'elles ne pètent pas. Non, c'est pas le prix qui t'inquiète, c'est l'heure de queue devant le magasin...

Comme à la Havane, il y a le Malecon le long du bord de mer, mais ici il y a des petits parcs ombragés (ouais, le soleil cogne), des petits kiosques, voir même des restos.

Ici, il y a beaucoup de restos d'état. C'est facile à reconnaître quand tu te pointes. Si les serveurs préfèrent discuter entre eux plutôt que venir t'accueillir, c'est un resto d'état et tu fais demi-tour. Par contre si c'est un resto privé, le service est super attentionné. Ça va faire bizarre en retournant dans certains restos français.

La ville est entourée de collines couvertes de jungle que tu vas, en principe, découvrir demain...

Une très longue rue piétonne permet de se balader à travers une partie travers la ville. Des petits stands d'artisanat local vendent des éléphants en bois ! Et ouais, espèce d'ignorants, l'éléphant est bien sûr un animal endémique de l'île ! Melanchon a bien été un éléphant du PS, non? Beaucoup de gens déambulent et bien sûr des files d'attentes un peu partout.

Le cinéma 

Selon les bouquins, un des hot spot est le parc Carlos Manuel Cespedes considéré comme le père de la patrie (bien avant Fidel). En fait, c'est une petite place avec une cathédrale et quelques bâtiments restaurés.

Histoire de finir dans une prison américaine, t'as décidé d'acheter un produit américain sous embargo, du Coca Cola. Juste pour connaître la provenance. Bien évidemment...du Mexique. Les cartels se diversifient...

Samedi soir, la grande avenue Victoriano Garzón est fermée à la circulation et plein de stands et d'activités pour les gamins sont installés. Et de la musique partout.

Surtout des stands où tu peux manger mais avec peu de tables. Est-ce le Covid ? T'as un stand qui ne vend que des...chewing-gums. Un autre où le cuistot a le total look de chef et même avec la toque blanche. Curieux, tu te dis que tu vas regarder le menu forcément digne de sa tenue. Ah, plat unique, des boulettes de yuccas râpés frits. Bon, t'as déjà essayé et même s'il a une super toque, t'es pas motivé pour y retourner.

18h, les tables sont déjà prises d'assaut et une horde d'affamés attend avec impatience. C'est vrai que les prix sont trois fois moins élevés que les petits restos où tu traînent.

Au fait, c'est quoi selon vous ?

Des croquetas de pollo. Ouais, des croquettes de poulet, le nugget cubain. C'est ta 2éme tentative sur ce plat, ben, tu te demandes toujours où est le poulet. Pollo, ça veut bien dire poulet, non?

Il y a deux stands encadrés par la police, ça doit être des produits exclusifs. La vache, ils vendent des crayons de couleur, des ciseaux, des trucs du genre. T'as 30 personnes qui font la queue avec impatience. Ouais, ça revient souvent dans tes remarques, ces files d'attente pour des objets si facilement accessibles dans notre quotidien. Ça serait bien que les gringos arrêtent leur putain d'embargo, au moins sur les produits domestiques.

Vous connaissez cet appareil ?

Il sert à chauffer l'eau de la douche dans beaucoup de pays qui sen'ont pas notre niveau de confort avec 2 robinets.

L'eau était trop chaude, t'as touché la mollette alors que t'étais sous la douche, les pieds dans l'eau. Résultat, une décharge dans le doigt. Tu te demandes comment t'es encore vivant pour continuer à écrire tes conneries... 2h après t'as encore mal, essaye de te curer le nez maintenant...

Ricardo, le presque Claude François cubain

4
4
Pico turquino

Au sommet de Cuba

Le pico Turquino, ça vous parle ? Le plus haut sommet de Cuba qui tape juste en dessous des 2000m d'altitude (1974m exactement). Vous allez dire, ouais, fingers in the noze pour un charlot qui revient d'un mois de trek au Népal. Alors, les fingers, va falloir les sortir du noze car ça fait 1 mois que t'es revenu donc tes globules rouges supplémentaires sont en RTT. Tu pars au niveau de la mer donc t'as 2000m de dénivelé positif pour une distance de marche de 10 bornes. Ça fait du pentu. Ensuite tu dois renquiller la descente. Forcément 2000m de descente. Même sur ta plus longue journée l en descente au Népal t'as pas tapé 2000m. Rajoutez que pour y aller, t'as 2h00 de bagnole à 3h30 du matin (où t'espères roupiller) et enfin pour sublimer le tout une température proche des 30 degrés. Ça va faire mal ? Certainement !

Ah oui, feuille de menthe sur le mojito (c'est la version locale de cerise sur le gâteau, mouais pas de cerises ici, embargo...), t'as pas non plus ton sac à dos de trek mais un vulgaire sac de daube pas fait pour porter 4-5litres de flotte. Ca va faire mal ? Re-certainement !

Pour info, si un jour vous voulez y aller, demander à votre casa de vous l'organiser, c'est deux fois moins cher qu'avec une agence gouvernementale !

Dring-dring. Hein? Qu'est ce qui se passe ? Ah ouais, 3h15, faut se lever. Tu pars pour une journée qui va piquer.

Tu sautes dans le taxi qui va te conduire au point de départ. 4h15, contrôle de police. Ils ne chôment pas ici. Et quand un policier te demande de prendre un des potes dans ta bagnole, aucun chauffeur de taxi ne refuse. Bon, on freine encore. Que pasa? Un autre auto-stoppeur ? Non, un bourrin en plein milieu de la route. Dommage qu'il ait freiné, on aurait eu des lasagnes ce soir... Ensuite, ce sont des vaches qui badinent en plein milieu de la route. Entre les bestioles et les énormes trous dans la route, t'es sûr que le chauffeur ne va pas s'endormir au volant.

Las Cuevas, point de départ, il est 6h20. Après la paperasse administrative à remplir, tu pars avec ton guide. Un gars de la communauté (ils disent pas village ici). Tu le vois le sommet Turquino, il a vraiment pas l'air loin. On t'annonce qu'il a plu hier donc ça va être boueux. Cool ça va te rappeler ta première semaine au Dolpo. T'enlèves t'es sandales et tu passes en mode chaussures de trek.

Ton espagnol étant limité, toute question de ta part sur la végétation aurait été compliquée et surtout t'aurais compris quedchi dans la réponse. T'as surtout des d'immense fougères, ouais plein de trucs verts. Les ecolos, vous zoomerez sur les quelques photos.

Côté bestioles, il y aurait quelques piafs et du cochon. Tu confirmes, une grosse laie avec ses petiots était en train de retourner une partie du chemin.

C'est l'heure d'enquiller la montée. Le guide est souriant et a l'air sportif. Ils sont 4 guides à tourner et quand c'est pas son tour, il est dans les champs ou à la pêche. Il est monté 75 fois au sommet. En moyenne il met près de 5h pour atteindre le sommet. En solo il a mis 3h20 et le record est tenu par un trailer autour de 2h. Et pour les baltringues sous perfusion de bières et mojitos, faut compter combien de temps?

Vu le dénivelé, tu t'attends à ce que ça fasse mal d'entrée. C'est vrai que ça pique sur le premier kilomètre mais c'est rien en comparaison des suivants. Ils ont installé des grosses branches au sol pour servir de marche. A un moment, t'es à la limite de l'échelle tellement c'est pentu. Histoire de déconner, t'es parti devant. Le guide doit se demander à quel moment tu vas lâcher. C'est vers le cinquième kilomètre que tu vas comprendre qu'à ce rythme t'es bon pour un rapatriement sanitaire. Le guide passe devant mais il ne diminue pas le rythme, le bougre. T'es à la dérive derrière.

Côté vue, c'est simple, t'es dans la jungle donc tu vois quedal de chez quedal. L'avantage, t'es protégé du soleil et ça cogne moins. Enfin, 'moins' c'est relatif. Vu la température, on peut te suivre à la trace des gouttes de sueur qui dégoulinent de partout.

Par moment, t'as l'impression que le chemin a été creusé dans la terre tellement la jungle est au-dessus de nous.

La boue, ouais y en a un peu, juste histoire de pourrir tes pompes. Les photos ne donnent pas cette impression, mais, la vache, c'est pentu.

Pour atteindre le sommet, tu passes par plusieurs petits sommets intermédiaires. On a mis 2h et environ 7km pour atteindre le pico Mar Verde à environ 1200m d'altitude. T'en as déjà plein les pattes. C'est plus tard dans la montée que t'auras, à de rares moments, une vue dégagée sur la côte d'où t'es parti.

Un petit calcul, t'as quasiment fait les 2/3 du dénivelé pour 7km de distance. Il te reste 5 bornes pour 600m de dénivelé. Mathématiquement, ça devrait faire moins mal. Direction le prochain pic, pico de Cuba. Bon, peut-être que mathématiquement c'est vrai, mais physiquement t'as déjà 1200m de dénivelé dans les pattes en juste 2h. Tu ranges ton fichier de calcul dans ta poche et tu souffres en silence. Tes jambes te préviennent, elles vont t'intenter un procès pour agression prémédité.

On passe devant la statue d'un héros local Frank País avant d'atteindre le Pico de Cuba.

A de rares moments, on est vraiment sur la crête où on peut un voir le paysage à la fois d'où t'es venu mais aussi de l'autre côté du pic.

Il y a un autre chemin, beaucoup plus court et facile mais le départ est trop loin de Santiago.

Le guide est toujours devant toi à 10m. T'as l'impression qu'il se force à aller doucement, le bougre.

On arrive enfin au sommet du Turquino, en fait c'est une zone plate avec la statue de José Marti. Rien concernant Fidel, tout se perd. On est entouré de verdure, on ne peut rien voir.

On a mis 3h20 pour monter. Comme quoi le dopage au mojito... Tu te demandes quand-même si le guide n'a pas voulu faire un score.

Bon, c'est sympa là-haut, il fait frais mais on a quand même près 2000m de dénivelé négatif à se taper. C'est pas compliqué, on a quasiment couru tout le temps dans la descente sauf dans les passages boueux où la gamelle n'était jamais loin. Résultat, un Ricardo sur les genoux et un guide qui est allé voir ses potes pour dire qu'il avait fait son meilleur temps aller-retour de tous les temps T'es content pour lui...

Il est 12h, t'avais prévu de déjeuner au sommet.... Euh, y remonter ? Non, mieux, le taxi va t'amener à un petit resto en bord de mer.

La côte est très sauvage. Des petites plages souvent de gros galets et quelques-unes de sables sombres. Quasiment personne se baigne, faut avoir une bagnole pour venir jusqu'ici et peu de cubains ont cette chance.

Au début tu ne comprenais pas pourquoi le taxi klaxonnait souvent. En fait, c'est quand des femmes marchent le long du bord de la route. Ouais uniquement pour les jeunes, pas pour les mamies.

Ah, encore un flic qui nous arrête, cette fois avec toute sa famille. Il est devant un super complexe touristique. Il a été construit pour les vacances des militaires...

Bien sûr on l'a pris en stop alors que les autres gens qui font du stop, ils peuvent attendre. Le prestige (ou la trouille) de l'uniforme.

Discussion avec le taxi autour d'une énorme tranche de barracuda grillé et une bière glacée. Ben ouais, faut bien récupérer un peu !

Beaucoup de choses s'éclairent. Le gouvernement veut des devises. Pour cela, tous les supermarchés (ils appartiennent tous à l'état) sont accessibles uniquement à ceux qui ont une CB. Mais, tu ne peux avoir une CB qu'en Euro ou pound. Tu ne peux pas déposer du péso cubain.

Donc, si tu veux acheter des pâtes au magasin, tu dois pouvoir les payer en euros. Vous voyez le côté vicieux du truc ? Si tu ne travailles pas en contact avec les touristes, tu n'as aucun moyen pour acheter tes pâtes au magasin. Donc, ceux qui ont une CB achètent des quantités de produit et le revendent en péso au marché noir deux fois le prix normal. Donc, le même qui est pauvre paye 2 fois le prix d'un mec qui a des devises. C'est certainement pour ça qu'hier, il y avait un monde dingue sur deux stands, l'état (y avait les flics) a dû organiser une vente où tu payais en péso. T'as certains produits comme le fromage que tu ne trouves qu'au marché noir.


Ricardo, en procès avec ses jambes

5

T'as la matinée à tuer avant de prendre le bus. Tu retentes ta chance au cimetière.

Il faut payer pour rendre ses hommages à Fidel. Sa tombe ? un gros rocher avec juste son prénom, un homme humble. Bien sûr, tu ne t'approches pas comme ça (sauf si t'as ta carte du LFI), y a un chemin à suivre. Juste derrière, sur la gauche de la photo, t'as le mausolée de José Marti. Pour lui au moins, ils ont mis le paquet !

Il y a de sacrées tombes comme une en forme de château fort. Y en a un qui a dû être bûcheron dans sa vie vu sa tombe.

Limité en cash monnaie locale, t'as prévue 1h30 de queue pour espérer obtenir un peu de pognon (histoire de garder le plus longtemps tes euros. Hier soir, t'es passé au distributeur alors qu'il n'y avait personne. Et pas d'argent dedans. Ici, t'as des mecs en tricycle pour ceux qui ne veulent pas trop marcher, c'est le taxi local. Et t'as aussi le bus local, une cariole tirée par un cheval avec 8 passagers. T'essayes le tricycle, le mec te dépose devant un distributeur où il y a du pognon et deux malheureux pingouins qui attendent. Alléluia ! T'as économisé 1h30 de file d'attente. Mais le mec t'a entubé comme un lapin de six semaines. T'as réalisé que t'as pas payé un peu trop cher ni même le double mais sept fois le prix normal. Le pigeon de l'année !

Côté bus, t'es comme prévu 2h en avance alors qu'une heure finalement suffisait mais même les cubains sont aussi en avance... Alors pourquoi faut arriver avant ? Car si t'es pas là 1h en avance, ils les revendent en last minute, les enfoirés !

C'est parti pour 400 bornes. Bah, juste 8h de bus. Non, non, on n'est pas sur des pistes africaines, et les routes sont pas trop mauvaises. Faut compter les pauses repas ! Côté positif, t'auras le temps de te transformer en glaçon vu la clim et de voir les paysages. De la canne à sucre, de la banane, du cocotier et parfois de grandes plaines herbeuses.

Un encas à la gare de bus, la spécialité Cubaine, un délice.

Camaguey, petite ville coloniale, avec bien évidemment sa longue rue piétonne et pour la première fois, une coupure de courant. T'y avais échappé mais apparemment c'est très 'courant' à Cuba. Et personne ne sait quand il reviendra. Contrairement aux autres villes où toutes les rues sont perpendiculaires, ici, c'est un peu tortueux. On va dire que c'est la particularité de la ville.

T'as essayé de trouver le marché agricole, le plus intéressant du pays, selon le LP. Apparemment les gens ne savent pas dire 'je ne sais pas'. T'as demandé à 5 personnes le chemin (et venez pas dire que c'est à cause de ton niveau d'espagnol car tu montrais le nom du marché) et bien t'as jamais eu la bonne direction, voir en sens inverse. Sur un malentendu tu es tombé sur le marché. Quelques fruits, quelques rares légumes comme des poivrons mais surtout des liesses d'oignons et de l'ail. T'espérais trouver des avocats, t'es répartis avec trois malheureuses oranges assez amères. Du coup, t'as essayé tout ce qui se vendait dans la rue, croquette de maïs, galette sucrée à je ne s'est quoi mais très bon.

T'es logé dans une 'casa particular', cette fois une ancienne maison coloniale avec son petit patio intérieur. A part la française qui est dans la même casa que toi, pas le moindre touriste dans la rue. Elle voulait faire des visites de finca et de parc mais tout est fermé faute de touristes.

A raison de 2 jours par ville, t'auras traîné tes tongs dans les principales villes du pays et il te restera quasiment encore 10 jours. Donc, va falloir rajouter une dimension playa plus importante. Le 'problème' est que, selon le LP, la plupart des plages sont organisées autour de grands complexes hôteliers. Pas trop ton truc. Tu vas néanmoins essayer demain d'aller à la plage de Santa Lucia à 110 bornes d'ici en camion. C'est un des moyens de transport local.

Sinon, la française t'a battue côté pigeon de l'année. Elle a payé 12 fois le prix normal d'une carte de téléphone achetée dans la rue. T'es plus que médaille d'argent. Nouveau record à battre !

Elle a rencontré une allemande végane qui en avait tellement marre des coupures de courant et des galères de Wifi qu'elle a raccourci son séjour à Cuba.

Ricardo, encore sur le podium du pigeon

6

Lever à 5h30 pour aller chopper un camion qui partirait vers 7h30 pour playa Santa Lucia sur la côte atlantique. A 6h20, on attend sur un quai de gare (oui, pour prendre un camion...) Et des cubains attendent déjà. Finalement à 8h45, quelqu'un vient et nous donne un petit carton numéroté en fonction de ton ordre d'arrivée dans la file d'attente. Puis tu marches jusqu'à l'autre extrémité du quai pour rejoindre la gare de camions. Le camion ? Une grande boite en fer avec 3 fenêtres de chaque côté et 4 roues.

Un guichet laisse passer un par un dans l'ordre indiqué sur ton carton. Quand rien n'est informatisé, il faut juste de l'organisation. Tout allait bien jusqu'au moment où ils ouvrent l'arrière du camion ce qui permet aux derniers de la file de s'installer aux meilleures places avant les premiers. Dans le camion, des longs bancs en fer sont installés le long des parois. Puis d'autres bancs à 50 cm des premiers. Donc si t'es sûr la rangée contre la vitre tu peux t'adosser à la vitre mais t'as aussi le dos de celui qui est assis devant toi à moins de 15 cm de ton visage. Faut choisir. Et c'est parti pour environ 3h de route pour 110 bornes.

Playa Santa Lucia, une petite communauté étalée sur une langue de terre avec d'un côté l'océan pacifique et de l'autre une lagune avec des flamants roses. Sur le papier, il y a pire comme cadre. Quatre hôtels d'état pour les all inclusive et des guesthouses.

Ta guesthouse est à 100m de la plage. De loin la mer est superbe.

On fonce au bord de mer. Tu te vois déjà faire le dauphin dans cette eau transparent. Mauvaise surprise. Le 'vert' sur la photo est à 50m du bord de la plage, avant c'est marron à cause des algues (la partie marron est coupée sur la photo). Mais c'est rien en comparaison de la suite. D'énormes paquets d'algues sur la plage. Ok, c'est une plage naturelle, pas de problème. Mais surtout des déchets plastiques partout, mais vraiment partout, une poubelle à ciel ouvert. T'as pas un mètre sans une canette, une bouteille ou des morceaux de plastiques. T'as même pas envie de poser ta serviette tellement c'est sale. Le typhus ? Va savoir ! Seule solution, aller sur les plages des hôtels **** à 5km. Le premier hôtel est fermé. Au suivant, 20 personnes max sur la plage dont la moitié sont des employés de l'hôtel qui font la sieste et une quinqua occidentale vautrée sur un jeune cubain. Et oui ça marche aussi dans l'autre sens.

Les 3 autres hôtels **** sont fermés. Ils ont regroupé tous les all inclusives dans le même hôtel soit 50 personnes. Tu pensais que c'était le début de la haute saison à Cuba...

Côté plage, le sable est à peine plus propre. Ils ratissent le sable mais pas au bord de la mer où sont les déchets plastiques amenés par les vagues... On nous laisse nous installer sur des transats. Deux gars viennent ratisser juste devant nos transats côté nord de mer. Puis ils repartent faire la sieste. Alors ratisser mais vite fait car si le morceau de plastique fait moins de 5cm il passe entre les dents du râteau et donc tu marches encore sur des morceaux de plastiques. Au moins l'eau est très chaude et t'as pied très loin. Faut juste aimer marcher dans les algues.

Il fait soif, tu te pointes au bar de l'hôtel pour acheter des boissons. C'est gratuit, c'est un hôtel all inclusive et avec ta tête de touriste tu passes pour un client. Et bien à la santé de Raùl Castro !

Faut retourner à la guesthouse qui est à 5 bornes. Seul qui véhicule qui passe, une calèche-autobus.

Ici, pas d'électricité de 8 à 18h quasiment tous les jours. C'est bien, tu te prépares aux futures coupures de courant qu'on aura bientôt en France. En hiver, ce n'est pas grave, tu mettras ta bouffe dehors pour la garder au frais. Mais ici, avec une moyenne de 30 degrés, va garder ta bouffe et tes boissons fraiches.

On avait commandé à dîner dans la guesthouse car il n'y a rien autour. Un énorme poisson grillé chacun avec des rondelles de concombre, rondelles de bananes frites et l'éternel riz.

Aujourd'hui en principe c'est direction playa coco à l'extrémité de la langue de terre. Bon, il pleut par averses mais ça devrait se calmer.

Faut trouver un moyen de transport pour aller à playa coco à 15 bornes. En demandant à droite et à gauche, on tombe sur le cinéma en plein air.

Finalement un gars du coin nous amène au propriétaire d'une vieille Chevrolet d'époque pour nous y conduire. Mais, va savoir comment on va rentrer...

Playa coco, c'est quoi ? Une petite communauté La Boca avec son minuscule phare (ouais, quelques nuages), une vingtaine de baraques en bois sur la plage, 2-3 restaurants plus ou moins ouverts.

Des touristes ? Euh, a part nous, quelques cubains venus avec la glacière et des packs de bières. La plage est dans une anse protégée du vent et du courant donc t'as quasiment pas de déchets plastiques sur la plage. Le problème est l'accès à la mer. Il y a des plaques de rochers plus ou moins coupants dès le bord de l'eau. T'as essayé de t'avancer de 2m mais ça continue et comme ce n'est pas profond, difficile de se baigner à moins de te racler la bedaine.

C'est pas grave, on va se rabattre sur une petit resto avec quelques tables en bois.

La patronne propose de la langouste pour 7 euros. Quand tu vois la taille des queues de langoustes arrivaient, tu te dis que finalement tu resterais bien plus longtemps ici...

Apparemment, c'est le hot spot car de plus en plus de cubains débarquent pour déjeuner. Un couple s'installe pas très loin, lui, Santiags, jeans, chemise à carreaux, chapeau de cowboy, la totale. Elle est russe et ne veut plus quitter Cuba. Première fois que tu vois un couple mixte du même âge.

Ah, animation sur la plage. Qu'est ce qui se passe ? Des ailerons de requin à moins de 4m du bord. Des bestioles qui doivent bien faire les 2 mètres. Ils longent la côte.

Des clients leurs balancent des carcasses de poisson. Même un connard leur balance une canette de bière à moitié pleine. Ben Oui, un requin, ça picole. Et puis, c'est vrai, on est plus à une canette sur le bord de la plage. Apparemment les requins viennent tous les jours ici. Forcément si on les nourrit...

Après le repas, le cowboy a dit qu'il allait nous aider pour trouver un moyen de retour. Lui et sa compagne, cow-boy oblige, sont venus à cheval. Il a une calèche pour transporter les touristes mais depuis le Covid, il y a quasiment personne.

La russe veut se baigner et on rejoint un autre restaurant en bord de mer. C'est là où tu peux te baigner. Ils ont certainement du péter la roche pour accèder facilement à la mer sans se couper les pieds. Les requins qui étaient 200m plus loin ? Pff, pas dangereux qu'ils disent les locaux. Ça fait des années qu'ils viennent, jamais eu le moindre accident !

Le cow-boy à travers ses contacts nous a trouvé une voiture pour venir nous chercher. C'est pas une vieille Chevrolet mais au moins on aura pas 15 bornes à faire à pattes (au pire, il proposait de monter à

cheval derrière lui et sa compagne).

Le truc un peu usant à force, c'est qu'à l'aller, quand on cherchait un transport, tous les locaux nous donnait un prix en jurant sur la tête de Fidel que c'était l'unique et bon prix. Au retour, grâce au cowboy (qui est un local), on a, à peine, payé plus de la moitié qu'à l'aller. Même le cowboy nous a dit que dans la mentalité cubaine le touriste est la vache à traire. C'est pas grave, mais c'est chiant à force d'être sur la défensive et de devoir demander systématiquement les prix avant.

Dernière soirée ici avant de repartir demain à 4h30 du matin dans le camion tout confort....

La gérante de la guesthouse veut nous faire ce soir du poisson encore meilleure que la langouste du resto. Grosse pression sur elle.

Ricardo, adepte de la langouste

7

Yo,

Lever à 4h pour chopper le camion qui retourne sur Camaguey. Puis bus (confortable) pour la ville de Ciego de Avila et enfin taxi pour rejoindre la ville de Morón. Plus de 12h de porte à porte pour 250 bornes. Tu t'étais posé la question de louer une bagnole mais les prix étaient délirants pour le pays. Côté essence, ça t'aurait coûté quedal car le pétrole vient du Venezuela et le litre est à 20 centimes.

Côté paysage, c'est plat, très souvent des plaines herbeuses avec quelques vaches, parfois des plantations de bananiers ou de canes à sucre.

Enfin, t'es arrivé dans la petite ville peu touristique de Morón. Pas vraiment de grands bâtiments coloniaux, pas de places ombragées. Mais une gare de train, une rue principale avec des colonnades couleur pastel devant chaque maison. Ça permet de marcher à l'abri de la pluie (ouais, y a des averses), des carioles tirées par un cheval mais aussi des taxis-tricycles.

Petite ville de province tranquille. Dans la rue, installé à une petite table, un gars recharge d'essence les briquets style BIC. Ça donne une idée du niveau de pénurie.

Un petit détail à gauche  de la photo de gauche 

A peine t'arrives dans ta chambre qu'il y a eu une coupure de courant dans la ville, si c'est pas un signe....

Alors, pourquoi Morón ? Bah, tu ne sais pas vraiment. T'as un peu l'impression que le circuit que tu t'es plus ou moins préparé (même s'il évolue) passe par les principales villes. Donc pourquoi ne pas tenter un coin moins fréquenté. Ta guesthouse te dit que les touristes qui viennent ici vont à playa coco à 70 bornes. Euh, et elles sont couvertes de déchets plastiques ces plages ? Effectivement, Playa Santa Lucia t'a marqué !

L'électricité est revenue vers 20h. 20h30, t'as du mal à trouver un resto et t'as même jamais trouvé de bars et on est un vendredi soir... Même si la lumière est revenue, les rues sont à peine éclairées.

T'as testé le resto recommandé par la guesthouse. Bon, ils n'ont plus de spaghettis ni de crevettes. Tu tentes le plat star de Cuba et du resto, la pizza accompagnée d'une Pina colada. Va savoir lequel des deux mais le lendemain à 7h t'es plié en deux. Interdiction pour l'instant de s'écarter à plus de 2m des toilettes. La pointure que tu es s'aperçoit que t'as merdé sur les médicaments, en particulier pour la tourista. Vu les pharmacies locales, même pas la peine de tenter ta chance. C'est un des rares types de magasin où il y a pas la queue. Soit les cubains sont jamais malades soit ils savent que c'est pas la peine d'y aller. En tout cas, va falloir serrer les fesses...

9h30, roulette russe, tu prends le risque de partir en vadrouille. Le ventre vide, en théorie il peut rien en sortir...hein?

Principe de base, quand tu pars en balade, il faut de l'eau (tu trouves de la bière partout mais moins souvent de l'eau), du PQ (plus particulièrement en ce moment), un bouquin (en cas où te tu trouverais dans une file d'attente), un poncho pour les averses et de la crème solaire.

Une longue file d'attente de 30 personnes à 9h30 du matin. Que pasa ? Un magasin, une banque ? Non, un glacier. Entre la queue et ton bid, t'as pas voulu tenter.

Finalement, tu tentes la laguna de leche à sept bornes. Une lagune où l'eau serait couleur blanchâtre. Un peu de marche le long d'une route ne peut pas faire de mal. Avant l'arrivée tu longes un canal ou des pêcheurs se sont installés sur de grosses chambres à air.

Arrivé à la lagune, beaucoup de vent, de gros nuages. 2-3 petits restaurants et une dizaine de cubains en goguette. T'as choppé sur une photo un des rares rayons de soleil de la journée. Ouais, c'est pas évident de voir le soleil.

Alors, couleur de lait, c'est pas évident, tu dirais plutôt gris-marron. Peut-être qu'avec un grand soleil et une lagune calme, ça aurait plus de gueule.

Sur ton plan, une plage est indiquée à un kilomètre via une piste. T'es plus que dubitatif. Mais t'as apporté ton maillot de bain. On sait jamais, sur un malentendu...

Voilà la plage.

En fait, la lagune est entourée de mangroves, donc la plage, c'est l'endroit où tu jetes des trucs en plastiques par terre et tu accèdes à la lagune pour potentiellement te baigner... Mouais, Mouais, mouais...

T'as vu les pêcheurs remonter des filets de poissons. Ton ventre te dit 'même pas en rêve', ta tête te pousse à goûter un bon poisson quitte à en subir les conséquences.

Filet de poisson pané (pas du captain Igloo), yucca et fromage pour 2 euros. Première fois que tu payes un prix aussi bas. Ca devait être un resto d'état à ce prix !

Malgré ton ventre en vrac, t'as décidé de tenter une deuxième fois Morón by nigh. Au premier resto (forcément t'as pris du riz) un groupe de mariachis avec sombreros. Ensuite tu t'es pointé à la Trova où il y avait un concert. Il y en avait un aussi hier soir mais ta guesthouse t'a dit que des conneries. Le videur a hésité à te laisser entrer vu que t'étais en short. C'est certainement ton côté touriste de base qui l'a convaincu. Il doit pas en voir souvent traîner dans le coin. Une grande cours avec un chapiteau en cas de pluie et une centaine de cubains installés à des tables avec soit une bouteille de rhum soit plein de bières. Non, ce sont pas les perdreaux de l'année qui sont là mais ça guinche grave voir caliente. Très, très caliente par moment.

Sans déconner, le chanteur a une tête de Doc Gynéco.

Ah oui, il y a un truc surprenant. Entre les bagnoles, les tricycles, les vélos, les scooters, il y a quand même pas mal d'engins dans la rue qui circulent même s'ils ne connaissent pas les embouteillages. Mais le soir venu, absolument aucun engin n'est garé dans la rue pour la nuit. Comme si t'étais sûr de te faire chourrer ce que tu laisses garer dehors. Étonnant, alors que tu te balades tard le soir sans me moindre soucis d'agressions.

Côté quête du Saint Graal (la bouteille de rhum). Tu viens d'en trouver par hasard dans un petit kiosque. 60 euros dans les boutiques d'état et 17 euros dans la rue. Ton acheteur français est inquiet, est ce du vrai, toxique...euh, ça serait quand même très pervers de faire du faux rhum ici.

Ricardo, suivi à la trace...

Vous comprenez pourquoi un déclenchement de tourista à une gare de bus est un moment... inoubliable 
8

Direction Santa Clara, la ville du Che.

Tu loges chez un ancien triple champion de Cuba de bodybuilding. Vu la masse, quand Arnold Schwarzenegger local te dit quelque chose, tu réponds 'si señor'.

Rarement tombé dans une famille aussi gentille. Est ce qu'à son époque de champion, il a été un peu en contact avec le pouvoir mais en tout cas, il est un peu paranoïaque. Il faut rien dire, rien écrire, on est sous surveillance. Certainement vrai !

Dimanche soir, tu pensais que la ville était morte. Que dal, plein de bar et restos ouverts.

Des touristes occidentaux et ça parle la langue de Molière.

Côté tourista, ça va mieux, tu testes le resto la Bodeguita. Vu les prix c'est forcément un resto d'état. Une langouste (ouais, t'y as pris goût) en sauce avec riz et yucca pour ...4 euros et un mojito 50 centimes.

Ça va devenir ta cantine. Les murs de la salle sont couverts de message et un groupe joue de la musique pépère (c'est généralement du reggaeton qui sort des fenêtres des maisons dans la rue). Ouais, y a pire comme endroit. Alors, certains vont te rappeler qu'au début tu râlais sur la bouffe. C'est pas faux mais la langouste ne fait pas la richesse culinaire d'un pays et en accompagnement t'as toujours du riz avec yucca et bananes frites... Reste le plat national, la pizza pliée en deux.

La place centrale s'appelle le parque Vidal. Va comprendre ce besoin d'appeler une place un parc.

Des jolis bâtiments coloniaux tout autour de la place mais, va savoir ce qui leur a pris, ils ont voulu construire une copie en rouge et blanc de la tour Eiffel et ils se sont arrêtés en cours. Ils ont aussi rajouté un gros bâtiment vert qui fait tache sur la place.

Allez, c'est parti pour visiter les hotspots de la ville.

Dans un beau bâtiment colonial blanc, tu peux visiter le théâtre national. Ah ben non, il est en travaux, c'est ballot. Le plafond qui venait d'être refait s'est écroulé et il est pas prêt de réouvrir. Pas grave, plus loin, t'as la cathédrale. Ah ben non, elle est fermée. Ça va être long ces deux jours... Tu t'es rabattu sur le musée des arts décoratifs où tu peux voir quelques vieux meubles fin des années 1800.

Alors? Ça donne envie ?

Bon, à 2 bornes de la place, t'as le mausolée du Che. Il n'est pas naît ni a vécu à Santa Clara mais il y a été enterré. Il y a un musée, ah merde, c'est fermé le lundi. Putain, quand ça ne veut pas ! Ouais, par moment, quand ça ne veut pas, t'es un poil grossier.

Une grande esplanade vide, une statue, une fresque, un texte que je vous laisserai apprécier. Très soviétique comme ambiance.

11h30 t'es revenu au centre-ville. Ça va être long ces deux jours... Ouais, tu te répètes un peu.

On t'a fortement conseillé la paella du resto 'el sol'. Alors, c'est très liquide comme paella. Un peu de viande, des crevettes, des morceaux de langoustes et beaucoup de riz mélangé à du poisson.

Ils ont du 'jugo de limon', en principe un jus de citron. En fait, c'est une canette de 7Up.

Je sais plus si je vous l'ai dit (ah Alzheimer quand tu nous tiens...) mais tu dois motiver ta résa sur airbnb en indiquant un motif et tes coordonnées. Ils veulent ennuyer les touristes qui viennent à Cuba mais quand même en leur laissant le moyen de réserver histoire de ramasser du pognon. Tu te demandais comment les cubains récupèrent l'argent que t'as payé. Ils ne peuvent pas avoir de compte à l'étranger et ça serait étonnant que les ricains autorisent des transferts d'argent vers Cuba. En fait ton argent va dans une société et en moyenne une fois par mois, un employé de cette société vient payer les Airbnb en cash moyenne une marge de 30%. Déjà qu'ils ne louent pas cher (pour nous occidentaux) mais si en plus on leur prend 30%...

Côté rhum, tu continues ta quête. Ben ouais, t'as acheté qu'une seule bouteille à Morón car ton acheteur au début avait peur car tu l'avais récupérée au marché noir. Donc, tu pensais la garder pour toi. Mister a changé d'avis. Du coup, t'étais retourné en chercher une deuxième pour toi. Bien évidemment c'était fermé. Quand je vous dis que quand ça veut pas !

Il y a une boutique spécialisée en rhum et cigares. T'y crois moyen. En fonction de la région, ils mettent en avant différentes marques. Dans ce coin c'est du havana club. La marque appartient en partie au groupe Pernod. Ils parlent un peu anglais. Quand tu vois leurs prix et que tu leur demandes pourquoi les prix sont deux fois plus chers qu'en France, ils en oublient leur anglais. Vous connaissez le rhum ultra sec? Toi non plus. T'en as trouvé une bouteille dans la rue. On verra bien ce que ça vaut.

Le soir tu retournes à la bodeguita en pensant à la langouste. Non, non, c'est pas une fixation. Le serveur t'annonce qu'ils viennent d'avoir un problème d'eau, il y a plus de service. C'est sans fin cette journée... Donc tu te rabats sur le resto de ce midi. Prix de la langouste 4,40 euros. Prix des spaghettis au fromage 4 euros. T'as longuement hésité...pas entre les deux plats mais à prendre deux langoustes !

Discussion avec le patron de la guesthouse. 20 euros pour 2 kg de poulet, 10 euros la plaque d'œufs... Les prix ont quasiment été multipliés par 5 depuis le Covid, et la bière fois dix. Il te dit qu'avant tu pouvais inviter une fille à boire un verre, maintenant c'est plus possible (apparemment les cubaines aiment bien se faire entretenir). En fait, en tant que touriste, tu ne le vois pas tant que ça car il y a quand même beaucoup de cubains dans les restos. Selon lui, ce sont ceux qui ont de la famille à l'étranger qui les aide.

Encore une journée à buller.

Depuis trois semaines un gars a ouvert un café sur une terrasse d'un bâtiment colonial avec vue sur la place.

Ici le café est à 100 pesos alors que tu peux le trouver pour 5 dans la rue. Tu y croises le fils du patron. La veille, il se plaignait qu'il pouvait plus acheter des bières à 200 pesos.

Soyons fou, tu retournes chez le Che. Le petit musée est ouvert. Il faut indiquer ta nationalité pour pouvoir y entrer. Va savoir quel passeport est refoulé ? Les gringos ?

Pleins de photos du Che, des armes, des jumelles, des ceintures et une...sortie scolaire. Des gamins de 8-10 ans viennent prendre un cours d'histoire ! De l'autre côté du musée, une petite salle avec des plaques de bronze avec les visages gravés des principaux révolutionnaires, et une flamme éternelle à la mémoire du héro allumée par Fidel!

10h30, un bar-terrasse pour se poser. Le choix est limité, café ou sangria. Ne buvant pas de café...

Un duo crevettes- langoustes à midi. On change pas une équipe qui gagne.

A défaut de pharmacies, une herboristerie 

Tu traînes du côté du mur couvert de dessins satiriques faits par un certain Melaíto

Retour à la dure réalité culinaire des stations de bus Cubaine. 3h de bus pour une arrivée sympathique à minuit à Trinidad.

Ricardo, créateur du régime langouste /bières et parfois pizza

9

Yé pan, yé pan, yé pan....

Hein ? C'est quoi ? C'est ton réveil matin? Non, c'est le boulanger avec sa carriole qui se balade dans la rue pour vendre son pain. Ensuite c'est le bruit des sabots des chevaux sur les pavés des rues. Bienvenu à Trinidad.

Le centre-ville est assez petit mais surtout il est en grande partie piéton.

Tout le centre est pavé, des petites rues avec surtout des magasins pour touristes, des galeries de peintures, des bars et des restos. Malheureusement t'as 3-4 restos qui sont blindés et où tu fais la queue (une habitude à Cuba) alors que tous les autres sont désespérément vides. Ils ont même privatisés des escaliers où tous les soirs jouent des musicos.

Certaines ruelles sont remplies de stands d'artisanat made in... No comment. Depuis ton arrivée à Cuba, t'as jamais un tel nombre d'endroits dédiés aux touristes. Pas étonnant que Trinidad soit la ville la plus touristique de Cuba. Touristes oblige, tu es sans arrêt sollicité par des rabatteurs. Même pour prendre un taxi, t'as un rabatteur qui va essayer d'intervenir pour prendre sa com. Une vraie plaie ici contrairement aux autres villes.

La ville est à 15 bornes d'une plage et à une trentaine d'une chaîne de petites montagnes. Tu t'étais dit que t'allais louer un scooter pour aller sans les montagnes et te balader sur les chemins. Que dal, ils ne louent que des scooters électriques qui ne sont pas suffisamment puissants pour y aller. Pas trop le choix, faut y aller avec un groupe organisé...

Sinon il y a un petit train pour faire un tour dans une belle vallée, cool. Tu aurais dû dire 'il y avait un train', ouais, il fonctionne plus.

Bon, alors direction la plage d'Ancón. Aucune comparaison avec playa Santa Lucia. Pas d'algues, pas de plastiques sur la plage. Seul truc chiant, des minuscules mouches qui viennent te piquer. Cette fois, t'es allongé sur la côte caraïbe, peut-être que les courants ne ramènent pas les déchets. La mer est beaucoup plus sympathique sans les algues marrons.

Sinon, ça va la neige chez vous?

Tu la ramènes mais 10 minutes après t'être installé, de gros nuages gris pointent. Et qui se prend une averse sur la gueule ? Mais qui t'a lancé un sort?

Ouais, ça donne moins envie, hein?

Plusieurs complexes touristiques, quelques restos de plages avec peu de touristes. 1,5 euros le transat avec le parasol. Par contre, ils tabassent sur la bouffe. 4 fois le prix de Santa Clara pour une malheureuse langouste. (Ça reste donné par rapport à la France mais ça pique pour Cuba). Sinon, y a des mecs qui longent la plage en vendant des pizzas, mouais (voir photo du post précédent). Coco loco, ça vous parle ? C'est le cocktail local, une noix de coco où on rajoute du rhum et du jus de citron.

Sinon, il y a la canchachara. Le plus vieux cocktail cubain inventé lors de la guerre d'indépendance ; à base de rhum (bien évidemment), du jus de citron, du miel et un peu d'eau. https://en.m.wikipedia.org/wiki/Canchanchara ça se laisse boire. Il y a même un bar où ils ne servent que ça, une institution. Sylvain, le roi du cocktail, je compte sur toi pour essayer !

Yé pan, yé pan, yé pan...

Mais il vend du pain tous les jours le bougre ? En fait le four est à 50m dans la même rue. On est les premiers servis et réveillés...

C'est parti pour une excursion de groupe à Guyanayara dans la région de topes de Collantes. On est 5 dans un vieux camion russe, le truc increvable. Effectivement vu les pentes, jamais le scooter ne montait. Le temps sur les montagnes est couvert. On parie qu'il va pleuvoir ?

Arrivé à un point de vue, tu demandes au guide Oswaldo, s'il va pleuvoir. Non, il devrait pas. Tu lui montres les gros nuages gris plein de flotte. T'es sûr ? Euh, peut-être ! On est pas remonté dans le camion qu'il pleut. Espérons qu'il sera meilleur comme guide que miss météo. Le camion est ouvert de tous les côtés, ce qui est très sympa pour la vue. Par contre c'est beaucoup moins sympa quand il pleut.

Petit arrêt pour nous montrer comment ils font le café. Il faut qu'il soit rouge ou orange pour être mûr. Puis ils le font sécher et ensuite ils le mettent dans l'ecrasoir (pas sûr que ce mot existe...) pour enlever la peau autour de la graine.

Apparemment, ce type de machine serait encore utilisée dans quelques endroits. Tout le café produit dans cette région est exclusivement exporté au Japon.

La pluie ? Oui, toujours.

Encore un peu de camion pour arriver au point de départ de la balade qui fait 5 bornes.

Va savoir, coup de pot, prières exaucées ou celui qui t'en veut s'est vautré dans les escaliers mais la pluie s'est arrêtée.

La balade est pas violente, on marche dans un mélange de forêts, de jungle, de palmiers, immenses bambous.

Oswaldo s'y connait en plantes, en piafs et en dicton cubain : les montagnes, c'est pour les oiseaux. Traduction cubaine : laissons les montagnes aux oiseaux et allons picoler à la plage. Depuis qu'il est guide, il a jamais vu un touriste cubain se balader en montagnes.

Plein de piafs dont des colibris pas trop farouches et des negritos, des petits oiseaux noirs très recherchés ici pour leurs chants et les locaux organisent des compétitions. En France, on fait des concours du plus beau caniche, ici ce sont les chants des piafs.

Premier stop à la cascade de Rocio

Et ensuite on fait une pause dans une grande vasque naturelle de Venado où on peut se baigner. Fraiche ? Oui mais on y rentre. C'est pas le soleil qui va nous sécher mais c'est pas grave.

Ah oui, grand soleil sur le chemin du retour.

Ricardo, le retour de rain man

10

Et oui, encore Trinidad.

T'aimes tellement être réveillé par le boulanger ambulant que t'as décidé de rester deux jours de plus. Côté pain, vous emballez pas. C'est pas de la baguette ou encore moins un bon pain de campagne. C'est pas ici que vous pourrez vous faire une bonne tranche de pain avec un bon fromage, du saucisson et un bon verre de vin rouge (typiquement français, vous direz). Vous pouvez tout trouver mais ça va pas avoir la même saveur. Par contre, c'est langouste à gogo.

A Trinidad, t'as décidé, un jour plage, un jour montagne et ainsi de suite.

Donc aujourd'hui t'as pris un catamaran pour aller sur cayo iguanas. Tout un programme. Déjà, faut aller la marina qui est à 7 bornes. Les rabatteurs t'attendent de pieds fermes. Même celle qui t'a vendu le ticket pour la sortie en bateau essaye de te prendre pour un lapin de six semaines. Au début elle te disait que le taxi coûtait 10 euros (histoire de vous donner une idée des salaires. Un médecin généraliste est payé environ 30 euros par mois et un spécialiste moins de 70 euros) mais quand elle a vu qu'elle pouvait trouver un taxi pour toi, elle t'a dit que ça pouvait peut-être coûter euroe.... Tu t'es écarté du centre, t'as pris une moto taxi pour 1.5 euros.

On est 18 sur le catamaran pour une capacité de 80 personnes. Il y a un groupe d'italiens en all inclusive et des espagnols, t'as hésité à leur parler coupe du monde....Grand soleil et cette fois, pas de nuages. Et même sur les montagnes de la veille, grand ciel bleu !

Sur le bateau, c'est open bar sans alcool mais une fois qu'on aura fini le snorkeling, le bar passe en mode alcool. Ouais, ils veulent éviter les noyades.

Ils ont mis une traîne. Une heure plus tard, un barracuda. Espérons qu'il sera au buffet de ce midi.

Un stop devant cayo iguanas. Baignade au milieu des coraux encore en bon état, histoire de voir les cousins de ceux que tu manges quasiment chaque soir. Des énormes rougets te regardent. Ça ouvre l'appétit. Ça tombe bien, un des matelots propose de la langouste pour un supplément de 10 euros.

De retour sur le catamaran, les nuages se sont pointés pendant la baignade. Allez, juste une journée entière plein soleil, c'est possible ? On se pose sur le cayo avec le retour du soleil.

Va savoir si, avec ton pot habituel, les iguanes ne sont pas encore en RTT ou en vadrouille à la Havane. T'as pas fait deux mètres sur la plage, qu'une bestiole est déjà là, à attendre le chaland.

Une terrasse au dessus du sable (oui, pour éviter d'être trop emmerdé par les iguanes), quelques chaises et tables et le buffet nous attend. Va savoir si toute l'île n'est pas au courant que c'est l'heure du déjeuner car il y a un paquet d'iguanes juste à côté de la cuisine. Vu le nombre t'as largement de qui faire une paire de pompes en 45 et une ceinture assortie. Les plus grandes, queues, comprises, font bien 80 cm de long.

Et t'as aussi une sorte d'énorme ragondin très sympathique mais certainement à moitié aveugle et sans odorat. Quand tu lui files un bout de pain, ce couillon te mordille le doigt plutôt que de prendre le pain.

Mais les plus morfales sont des minuscules piafs. Rien à foutre de toi, c'est tout juste s'ils ne viennent pas taper dans ton assiette. T'es assis en face d'une espagnole qui a peur des oiseaux. En plus, il faut soulever parfois les pieds car certains iguanes arrivent à monter sur la terrasse et traînent sous les tables. Elle n'a pas manger sereinement la pauvre. T'es assis juste à côté du paquet d'iguanes qui attend la popote.

Les bestioles servent de poubelle. Elles attendent avec impatience les restes de paella. Ouais, côté bouffe on a eu le droit à une sorte de paella où tu cherches les morceaux de poissons. Les espagnols ont du mal à s'en remettre, ils hésitent à porter plainte pour utilisation abusive de leur plat national. Le barracuda ? T'as vu les gars le découper en filet mais il n'est jamais venu jusqu'à nous. Tu nourris les sacs à main sur pattes avec du riz. Tous les jours elles voient passer du touriste/paella et malgré ça, elles ont peur de nous. A moins d'un mètre, elles se barrent. Les attraper par la queue, elles aiment pas non plus.

Le gars qui garde le site te dit que le ragondin est délicieux à bouffer mais ici ils les gardent pour les touristes. L'iguane, ça se mange moins.

Puis, quand il y a plus rien à becter, elles repartent dans la verdure jusqu'au prochain arrivage de touristes. Certaines tentent leur chance en venant près des touristes installés sur la plage mais étonnement sans grand succès. Elles font plutôt fuir les Italiennes. Peut-être qu'elles voulaient être sur leurs selfies?

C'est l'heure de retourner avec open bar alcoolisé. C'est sur le match France-Espagne que ça s'est joué. Les italiens ? Des petits joueurs comme au foot. Par contre l'Espagne a largement battu la France aux penaltys 6-3.

20 minutes en mer, et ils encore choppé deux barracudas.

La canchachara ? Oui on y prend goût !

Aujourd'hui, tu sors en bourrin. Il a intérêt à être docile sinon il finit en lasagnes, le spanghero sur pattes.

Un vieux cowboy, Manuel, arrive en vélo à ta guesthouse. Euh, il est bizarre son cheval. T'es rassuré il a un chapeau et des bottes à éperons. Bon, on va chez lui récupérer les 2 bourrins qui ont l'air en bon état. Ton modèle s'appelle Bandolero.

Manuel a dû refaire la carrosserie car elle a l'air neuve, pas le moindre bobo. Espérons que les freins et la courroie de transmission fonctionnent aussi. Le siège conducteur est assez confortable et t'as les pieds qui touchent les pédales. Manque juste les rétroviseurs. C'est parti pour une balade tranquille dans la campagne juste à côté de Trinidad.

Par contre, il doit y avoir un bug au niveau de la commande d'accélérateur. Il roule au pas et par moment il passe en seconde sans te prévenir. En seconde, il trottine et tu réalises que le siège auto est finalement pas si confortable. La bestiole est fournie avec l'auto-pilote. Tous les jours, elle doit faire le même chemin.

Au bout d'une heure la piste s'arrête à un sentier. Toi, tu continues à deux pattes sur un petit sentier pour rejoindre la cascade el pilón. Très peu de pluie depuis plusieurs mois donc la cascade est minimaliste mais il y a une vasque pour se baigner.

un gars a installé un petit stand de boisson. C'est pas ici que tu vas trouver un thé, ou un Coca. Il propose le cocktail de la cascade... Une canchachara dans une noix de coco. Un vieux monsieur pousse la chansonnette accompagnée de sa guitare.

D'autres touristes arrivent, une italienne a battu le record. Lors de la balade à cheval, elle s'est arrêtée pour prendre un café. Elle n'a pas demandé le prix, elle l'a payé 60 fois le prix normal. Médaille d'or pour l'Italie.

Exceptionnellement, le gars ferme à 13h le temps de rentrer de voir le match France-Rosebeef.

Histoire de sortir du quartier touristique, tu t'es pointé place Santa Ana. L'église est dans son jus mais a côté, un petit stand, quelques tables en bois et de très bruyants cubains. Oui, la pinte de bière est à 30 centimes, ça aide à parler fort. Le patron a une petite TV cathodique pour voir la France éliminer la Brexit team.

Vous savez la signification ?

Non, c'est pas une galerie d'art, ni un magasin de sous vêtements. Dans certains restos, c'est pour différencier les toilettes hommes des femmes !

Quatre jours à Trinidad, c'est quatre jours sur une autre planète. Effectivement le centre historique est piétonnier et sympa, de jolies maisons, la montagne et une superbe plage à quelques kilomètres. Mais où sont les cubains au quotidien ? T'as quasiment pas vu un magasin qui les concerne. C'est pas compliqué, le seul endroit où tu auras vu une file d'attente, c'est devant le San José, le resto le plus réputé de Trinidad. Et ceux qui y faisaient la queue ne sont pas les mêmes que ceux qui font la queue pour un kilo de riz. Trinidad représente certainement l'image (fausse) que t'avais de Cuba, des groupes de musique dans la rue, des plages aux eaux transparentes, une vie qui semble facile... Ceux qui font le triptyque la Havane, Trinidad et Varadero (THE plage de Cuba, haut lieu du package all inclusive) auront une vision certainement très partielle de Cuba. Trinidad est une sorte de bulle. Voilà, c'était la pensée de la semaine...

Allez byebye Trinidad. Tu pars enquiller trois plages. T'as eu que des retours plutôt négatifs sur les deux premières et la troisième est THE plage de Cuba où le all inclusive est roi (Jean Philippe, c'est pour toi), ça promet !

Ricardo dans une bulle

11

Lever 5h30 pour chopper un bus qui ne part qu'à 7h. Et oui toujours ce fameux 1h en avance pour ne pas perdre son billet alors que le bus est à moitié vide.

3h de bus pour rejoindre Playa Gijón, petite ville au bord de la mer des Caraïbes. Une longue rue avec des habitations de chaque côté qui se termine devant l'hôtel au bord de la mer. Un petit musée de l'armée pour rappeler l'affaire de la baie des cochons avec deux chars et un avion qui trônent à l'entrée.

Malgré l'hôtel qui squatte toute le bord de mer, tout le monde à néanmoins accès à la plage. On est dimanche, tu t'attendais à voir au moins des locaux. La plage est vide, le sable donne pas envie. Mais le pire est qu'ils ont construit à 50m du bord de la plage un énorme ponton en béton au dessus de la mer sur toute la largeur de la plage. C'est pas compliqué, si tu t'installes sur le sable, tu vois pas l'horizon, tu vois la barre de béton. C'est affreux.

Le patron de la guesthouse te conseille Caleta Buena, une 'plage' privée à 8 bornes dans une crique

Oula, c'est bien plus qu'une plage privée, c'est un package all inclusive. Pour le prix d'entrée tu as le droit à des cocktails de jus de fruits (style sachet Tang) ou mojito à volonté (le choix va être rapide), l'accès à la plage et le buffet de midi. Il manque plus que le petit bracelet et ton bob ''Pacha tour'' et faire un selfi. Il n'y a pas de sable ici, ce n'est que de la roche/corail mais ils l'ont plutôt bien aménagé des accès pour se baigner (même s'il y a un petit côté béton). Il y a même un bassin naturel fermé avec des poiscailles

La mer est transparente, chaude et propre.

On est même pas une dizaine alors qu'on est en quasi haute saison. Une fois la trempette effectuée, il ne reste qu'une activité. Laquelle ? Tester le mojito local. Ok il est 11h mais en France il est 17h donc ça va. Un mojito se teste plusieurs fois....

Quoi ? C'est pas un buffet ? Pour même pas 10 pingouins, ils servent plutôt à l'assiette. Franchement, tu t'attendais à manger un truc quelconque. Le serveur te demande si tu préfères la langouste ou le poisson voir les deux. Euh, c'est une blague ? La totale, mon brave, la totale. En plus, t'as le droit à une soupe de poisson. Non, il n'y a ni rouille ni croûtons, faut pas déconner non plus.

Alors, pour le réveillon, si vous aviez prévu de la langouste, vérifiez auprès de votre fournisseur car ici tu fais une hécatombe ! Pas sûr qu'il y en ait encore à exporter.

Au retour, le chauffeur t'explique pourquoi il n'y a plus de touristes locaux qui viennent ici. C'est simple, ils ne servent pas de bières !

La langouste au petit dej? Ouais, t'y penses. Déjà ce soir tu remets ça.. ouais, tu pensais que c'était ville morte le soir mais il y a deux restaurants plutôt sympas, avec langouste bien sûr ! Imaginez un petit resto cubain au bout du monde où il passe du Chris de Burg, Europe et même Céline Dion au lieu de l'incontournable reggaeton, et bien c'est à Playa Girón !

Ricardo, à moitié langouste.

12

Le problème avec les mojitos, ce sont les glaçons qui sont fait avec de l'eau du robinet. Vous comprenez le sous-entendu ? Le duo mojito-Tiorfan fonctionne plutôt bien ici ! Mais Il y a quand même un avantage, limiter ta prise de poids...

Un abus de langouste? Non, non c'est pas possible ! Même pas en rêve !

Le taxi pour te conduire à Playa Larga. Extérieurement tout est dans son jus mais tu as la clim et les vitres électriques.

Playa Larga est dans une grande anse et contrairement à Playa Gijón, les maisons donnent directement sur la plage. T'as merdé, ton Airbnb est au milieu de nulle part.

On t'avait dit, l'eau de cette plage est marron, c'est pas top.

Bon, ben t'as pas trop compris. Certes il y a des algues à 100m du bord donc l'eau n'est plus bleu-vert transparente a cette distance mais faut pas déconner.

Elle est pas transparente ?

C'est plutôt sympa, surtout avec les petits bars typiques en bord de mer les pieds dans le sable. Mais comme d'hab, quasiment personne.

Ensuite, t'as posé ta serviette sur la plus belle plage de la région, dixit la mamie chez qui tu loges. C'est celle de l'hôtel. Pas le moindre client. Juste 5 pingouins comme toi qui se sont installés à l'ombre d'un arbre. La mer est transparente et t'as pied quasiment jusqu'à 200m.


La langouste ? Ici, elle est en or. Ils te prennent pour un lapin de six semaines. Ils ont pas un client dans leur resto mais ils te demandent quatre fois fois le prix de Trinidad. Sur le coup, tu t'es demandé si c'était pas le prix du restaurant qu'on t'indiquait. Déjà tu t'es fait entubé sur le prix d'un soda qui s'est étrangement transformé en euros alors que le prix semblait en pesos. T'as discuté avec un couple de slovène. Pas un mot d'espagnol, quelques mots d'anglais, ils savaient même pas qu'ils pouvaient prendre le bus et ils ont pas l'application Airbnb pour réserver leurs habitations. Ils viennent de réaliser qu'ils payent 50% plus cher que toi à peu prêt tout. Et encore, toi aussi tu y laisses des plumes.Tu l'as déjà écrit, mais c'est vraiment le principal truc galère ici, c'est de demander systématiquement les prix et d'être sur la défensive.

C'est une première ici, quand tu commandes un cocktail de rhum, le patron vient avec la bouteille de rhum. Tu goûtes, tu regoûtes, tu reregoûtes. Tu descends deux grandes gorgées et tu lui dis que tu veux bien un peu plus de rhum et il te rempli le verre de rhum jusqu'à ras bord. Mortel son système, c'est à ne pas retrouver sa guesthouse qui est à deux kilomètres sans aucun lumière sur la route. Les glaçons dans le mojito ? Bah, t'as du Tiorfan et ce soir tu ne manges pas de langoustes. Apparemment le boui-boui où tu manges est le point de rdv tous les les touristes. Peut-être qu'eux aussi ont va pas envie d'être pris pour des perdreaux de l'année....

Sinon, à part la Suisse et Monaco, vous en connaissez des pays où vous pouvez rentrer le soir dans la nuit sans le moindre lampadaire avec 3 mojitos bien servis en marchant pas droit et avec 6 mois de salaires d'un local sur vous sans vous sentir une seconde en insécurité ? Bienvenu à Cuba !

C'est vrai, vous avez raison! Après les galères du Dolpo de novembre dernier, c'est sûr que Cuba est plutôt, voire très, voire trop relax. L'avantage quand on n'est pas à 4000m d'altitude, on peut picoler sans risques.

Ricardo, master en Tiorfan

13

T'avais pas prévu d'y traîner des tongs, finalement tu vas y passer 3 jours.

De playa larga, deux solutions pour y aller, 3h de bus pour La Havane, 2h d'attente puis 3h de bus pour Varadero ou 2h30 de taxi. Le choix est rapide. La bagnole a de la classe, vieille de 58 ans mais le moteur est récent.

Seul problème, les freins fonctionnent mal et pour arrêter un tank de ce poids...de plus il n'y a pas l'option ceinture de sécurité. Donc changement de bagnole pour une Seat quelconque. Toi qui pensais te la péter en arrivant avec une telle bagnole... Surtout qu'à Varadero, touristes oblige, t'as un paquet de vieux cabriolets américains.

Une balade dans le cabriolet correspond à un mois de salaire d'un médecin cubain. Dans 5 ans, plus un médecin à Cuba, plus que des taxis !

Varadero ? La plus longue plage, la plus touristique, la plus all inclusive de tout Cuba. Elle est le long d'une longue péninsule. La partie la plus à l'ouest est la ville avec sa 'vraie' vie et ses Airbnb mais plus tu vas à l'est plus tu rentres dans le monde des grands resorts en all inclusive.

De la route, tu traverses une bande 50m de verdure avec cocotiers et tu tombes sur la plage.

50m de sable et un grand truc bleu transparent. Faut reconnaître que tu ne vois pas cette couleur de mer à chaque croisement de rues.

Côté propreté, ils ont trouvé la solution. Vu les traces dans le sable, la plage doit être nettoyée à la tractopelle. Du coup, c'est propre mais c'est pas super top quand t'as ton transat juste devant les traces. Enfin, c'est propre devant les hôtels. Quand tu t'installes dans les coins où les cubains viennent manger ou boire, c'est nettement moins propres. Et là, c'est pas la mer qui a ramenée les morceaux de plastiques

Un hôtel a même installé des lits pour faire des massages au-dessus de l'eau.

Tu t'attendais à voir plein de vendeurs ambulants sur la plage. Quedal. Varadero est vraiment la vitrine touriste de Cuba, donc pas de pauvres sur la plage.

T'as longé toute la plage en direction de la zone des hôtels. Pas un resto sur la plage. En fait, comme il n'y a que des hôtels les uns à la suite des autres et que les clients ont des petits bracelets, il n'y a que des restos all inclusive dans ces hôtels. Du coup tu t'es retrouvé dans un resto en bord d'une grande artère au lieu d'être les pieds dans le sable. Le resto s'appelle la casa del chocolate et sert de la...langouste mais rien avec du chocolat.

T'avais écrit que Trinidad était une bulle. Erratum humanum est. C'est ici l'énorme bulle. Tu peux arriver ici en charter, ne jamais sortir de l'hôtel et ne rien voir du pays. Même si les plages semblent vides sur les photos, il y a quand même un peu de monde, en particulier du russe (les panneaux touristiques sont écrits en russe), du québécois et du français.

Les cubains te disent que Varadero n'est pas le vrai Cuba. Ici pas de coupure d'électricité, des routes bien goudronnées... Ouais, définitivement une autre planète.Alors côté langouste, va comprendre ce qui se passe mais ici, c'est la version échantillon. T'es à la limite d'en commander une deuxième. Petite mais en contrepartie elle arrive avec cinq haricots verts que n'importe quel végan à Cuba depuis trois semaines rêverait d'avoir dans son assiette. Du riz ? Ici, il n'y a pas un plat qui arrive sans riz !Côté sortie nocturne, direction le bar 'The Beatles', où un groupe reprend les grands classiques du rock comme du Lynyrd Skynyrd. Pas le moindre cubain, que du all inclusive. Grosse claque par rapport à Santiago de Cuba où tu écoutais un groupe de troya traditionnel entouré de cubains. Hier, à Playa Larga tu mangeais dans un petit boui-boui avec trois tables en bois où le patron te re-servait des rasades de rhum avec un immense sourire et le lendemain t'écoutes un concert de rock avec des serveuses antipathiques au possible.

Côté photo, ça va un peu tourner en rond car à part des photos de plage, de plats de langouste et de mojitos... Si ça intéresse quelqu'un, tu peux faire des photos de riz, t'en boulotes deux fois par jour.Vla ta cantine. Ouais extérieurement, ça fait kitch mais moins dans l'assiette...

Il est temps de se refaire une forme physique. Quoi de mieux qu'un footing matinal pieds nus le long dans la mer et de se laisser tomber dans l'eau transparente pour se rafraîchir... T'en as profiter pour courir dans la direction où il y a quasiment pas d'hôtels et bien il y a pas plus de restos sur la plage.

Histoire de voir du pays, t'as loué un vélo dans ta guesthouse. Le bestiau est dans son jus et t'as les genoux qui touchent quasiment le menton. Direction l'extrémité de la péninsule. Un grand ruban de bitume sans fin avec parfois une route qui part en direction d'un hôtel au loin. Rien d'autre. T'as failli te vautrer quand t'as vu une drôle de bestiole en train de buller dans l'herbe. 11h du matin, t'as pas encore attaqué les mojitos et t'as une casquette donc c'est pas un coup de soleil. Un mirage peut-être ? T'es bien à Cuba, tu t'es pas téléporté ?Momo, mais qu'est ce qu'il fait ici ? La dernière fois qu'on s'était vu, c'était en Mauritanie. Mais qui a eu l'idée de faire venir cette pauvre bestiole ici ? Kinnary, Gabriel, plutôt que de partir dans le désert algérien, venait ici. Il y a Momo, du sable mais en plus la mer!

T'as fait demi-tour, plus la peine de continuer sur cette route sans fin. En plus, tu viens de voir le hot spot de Varadero...17h des pêcheurs viennent lancer des filets depuis le bord des plages où il n'y a pas d'hôtels. Quatre pélicans attendent patiemment la générosité des pêcheurs.

T'es en train de faire tranquillement des photos quand une pélicane rose s'est pointée en plein milieu. C'est vrai que le rose attire l'œil. Et bizarrement, elle n'a pas essayé avec son bec de chopper les poissons lancés par les pêcheurs.

Sinon, t'as le bus touristique qui traverse toute la péninsule avec des arrêts à chaque hôtel. Toute cette partie Est de la péninsule a l'air morte. Même la marina n'attire personne.

Côté photo, histoire de changer un peu, vous avez les 'voitures' coco, un groupe de Japonais qui posent pour un selfi à une station de bus quelconque, les zones de produits artisanaux...

Apparemment, il fait un peu frisquet en France en ce moment, hein ? Du coup, pour éviter le choc thermique en rentrant, tu sors le grand jeu, tu mets la clim à 20 degrés dans ta chambre. Ça va ? Pour l'acclimatation, ça devrait être bon, non ? Quoi ? 18 degrés ? Si froid que ça ?

C'est le retour de la minute de miss météo : A part le jour où t'es arrivé, t'as jamais eu un grand ciel bleu avec une mer aussi transparente. Toutes le photos de plage datent du premier jour...

Ricardo et momo

14

Juste un petit 3h de bus pour rejoindre Viñales. Petite ville dans l'Ouest de Cuba. Elle est entourée de mogotes, de plantations de thé et de tabac, ce qui fait son charme.

Viñales, son échantillon de place avec son église, une longue rue avec ses bars et restaurants. Une ou deux ruelles parallèles ou chaque maison fait office de maison d'hôtes et quelques petits quartiers aux alentours.

Viñales, c'est aussi des fincas dans les petites vallées aux milieux des champs.

A la grande époque touristique (juste avant le Covid), il est compliqué de trouver un hébergement. Aujourd'hui, en descendant du bus, t'as 15 personnes qui veulent te proposer leur maison. Viñales doit clignoter en rouge dans le Routard car t'es entouré de familles françaises avec des mioches ! Peut-être que leurs parents veulent leur faire découvrir à l'avance ce que sont les coupures de courant...

C'est le pays des cowboys, chapeau et bottes en caoutchouc compris, par contre ils ont de drôles de chevaux.

Il y a un bus qui fait le tour de tous les hot spots. Ca va permettre de te faire une idée et demain tu loues un vélo pour te balader.

Alors, les mogotes sont des petites collines karstiques (pour les pointus, regarder wikimachin).

Il est pas sympa l'hôtel avec une superbe vue ? Non, non, c'est pas là où tu crèches.

T'as décidé de suivre les chemins sur l'application maps.me pour te balader dans le coin. Ca aurait pu être plus sympa si les barbelés qui bloquent certains chemins étaient indiqués. Sandales et shorts ne sont pas vraiment adaptés pour passer des barbelés. Les cow-boys ne se baladent pas avec leur winchester donc tu ne devrais pas te faire tirer dessus en traversant leurs champs.

A partir de 17h les voitures sont interdites dans la rue principale. Ils installent des énormes baffles pour balancer très fort du reggaeton. Ouvrez bien les oreilles, vous devriez l'entendre de chez vous. Ta guesthouse est juste en face, une rue plus loin. Ce soir, c'est nightclub dans ta chambre. Ca tombe bien il y a une vingtaine d'étudiantes danoises qui logent juste à côté.

Dans la rue s'installent quelques stands. Ils proposent tous la même chose, des cocktails. Ah non, il y a un petit stand de bouffe. Il vend, entre autres, des pâtes. Mais en sachet, comme dans un magasin. Ici, manger des pâtes, c'est du luxe.

Juste un petit problème que t'avais oublié à Varadero, le retour des coupures de courant. Compliqué pour la musique.... En plus quand il commence à tomber des cordes, ça ne donne pas trop envie de se lâcher sur le mojito. Ici, quand tu commandes une pinacola, on te demande si tu veux une virgin pinacola ou avec alcool. Presque, tu le prends mal.... On t'apporte une virgin pinacola et on te laisse la bouteille de rhum sur la table. C'est toi qui fait ton dosage.

Ce midi, histoire de changer de l'éternelle langouste, t'as pris pour une première fois une escalope de poulet avec des spaghettis. En France, on va te servir une sacrée louche de spaghettis. Ici, cinq petits spaghettis. Je vous l'ai dit, un produit de luxe les spaghettis ! Entre l'échantillon de pâtes et la pizza qui ressemble à rien, un italien perd 10 kilos en une semaine.

Beaucoup de touristes, proportionnellement à la taille de la ville mais comme d'hab, la plupart des restos sont vides. Selon les cubains, ce serait à cause de la coupe du monde. Mouais, dans ce cas, tous les ritals auraient dû débarquer à Cuba, ils ne sont pas vraiment concernés, eux...

9h30 du matin, t'es sur la petite reine version VTT. Vu la flotte qui est tombée cette nuit, tu sens que tu vas prendre cher côté gadoue dès la première piste.

Suite au cyclone de septembre beaucoup de fincas ont été endommagées voir totalement détruites. Certains chemins sont bloqués par de chutes d'arbres et les paysans ont d'autres priorités que de nettoyer les chemins pour les touristes.

Ca fait pas 10 minutes que t'es sur la piste que tu entends un pssss au niveau de la roue avant. Cool, t'as crevé au milieu de nulle part. Tu l'avais pressenti, t'avais demandé le numéro de tel du loueur au cas où... Faut déjà arriver à rejoindre une route puis contacter le gars. 20 minutes après il arrive avec un deuxième vélo. A dans 20 minutes peut-être...

Direction le mur de la préhistoire (vu la difficulté de leur quotidien, ils auraient dû l'appeler le mur des lamentations, mais il y avait déjà un copyright). Vous connaissez Leovigildo González ? Son cousin peut-être ? Non plus ? En 1959, un gars, Leovigildo (déjà rien que prénom vaut le détour), s'est réveillé en se disant qu'il allait taguer un rocher. Et comme il était tombé sur un gros paquet de peinture, il s'est dit qu'un rocher ne serait finalement pas suffisant. Et vas-y qu'il s'est lâché. Une fois qu'il a vidé tous les pots, il se retourne et regarde son œuvre, 160m de large pour 120m de haut. Bon, le Picasso local ne l'a pas peint tout seul. Il a choppé 18 gus en bottes en caoutchouc qui traînaient dans le coin et les a fait trimer pendant 4 ans. C'est censé représenter l'évolution de l'homme et la faune cubaine. Franchement, tu ne mettrais pas ça chez toi. Déjà, t'as pas la hauteur sous plafond.

Ensuite tu t'es baladé au hasard sur des pistes. Côté plantation de tabac, ils ont planté il y a peu de temps car pour l'instant, les pousses sont petites. Le terrain est argileux et ferreux d'où la couleur orangée de la terre. Selon un local, ce n'est pas la meilleure terre pour le tabac, elle doit être plus sableuse. Les cahutes en feuilles séchées zont les séchoirs pour les feuilles de tabac.

Quelques photos sous un ciel qui commence à s'assombrir. Il va pas pleuvoir quand même !

Direction la vallée del silencio. Bon, le chemin est plutôt prévu pour les chevaux. En VTT, c'est plus folklo. Si tu crèves ici, t'es pas dans la merde pour revenir à la civilisation. Et même si tu croises un cowboy à cheval, il n'y a pas de porte vélos à l'arrière du bourrin.

Puis, direction la cueva del indiano, la grotte de l'indien. Elle porte bien son nom, il y a un gars avec un pagne qui vend de l'artisanat devant l'entrée. Rien que ça, t'adores. On t'a prevenu, c'est un attrape touristes. Tu marches 200m dans la grotte éclairée pour rejoindre un petit embarcadère où un groupe de russes attend pour prendre une barque à moteur et naviguer 300m dans la grotte pour ressortir par un autre endroit. Oui, c'est un gros spot touristique ici. Et vous savez ce qui est le top du top ? Quand tu ressors, il pleut ! Bah c'est quelques gouttes et la pluie est tiède. T'es à moins dix kilomètres, t'es pas en sucre, ca devrait le faire. Ouais, sauf que les quelques gouttes se transforment en averse et pas un endroit pour s'abriter. Mais le pire, c'est que la pluie forme parfois de grandes flaques marrons sur toute la largeur de la route. Alors tu passes où ? A droite, à gauche, au centre ? T'es passé juste à l'endroit le plus profond, résultat, t'es couvert de boue. A un kilomètre de Viñales, la route est sèche, la pluie ne s'est pas pointée jusque là. Toi, t'es une serpillière et même le pognon dans ton sac à dos est trempé. Et en plus, t'apprends que la France a perdu la finale. Ici, ça se chambre gentiment entre les supporteurs des deux équipes, ils ne connaissent pas la violence.

Tu prends un verre avec des cubains qui ont vécu en France. Ils pourrissent le gouvernement cubain. (Un peu comme tous les cubains que t'as rencontrés). Un flic en uniforme arrive avec un autre gars. Forcément, changement de discussions. Ils posent des questions au gars qui est avec le flic. Une fois partis, ils te diront que l'autre gars est un flic en civil. Il traîne et écoute ce qui se dit...

La rue principale est encore fermée car c'est la matinée du marché. Les paysans sont venus directement en tracteur pour vendre leur rare production, quelques tomates, ails et oignons. Par contre c'est la foule sur deux stands. Le premier vend de la bière et l'autre des carcasses de cochon. Tu fais la queue à la bière pour ensuite faire la queue au cochon une bière à la main. C'est très compliqué de trouver de la viande ici, donc il faut pas rater l'occasion.

Ce soir, ils remettent la musique dans la rue.

Dernière opportunité d'aller à la plage, tu prends un collectivo pour rejoindre cayo Jutias à 50 bornes de Viñales.

La plupart des touristes commencent par Viñales donc c'est souvent leur première plage.

Une dizaine de collectivos sont déjà là, on doit être une cinquantaine de pingouins sur la plage. La plage est encore sauvage avec un seul restaurant.

Une grande plage de sable, beaucoup d'arbres déracinés en bord de plage, et une mer plutôt laiteuse. Pas la peine de sortir le masque et tuba, tu verras pas à 50 cm.

Manque de pot, il y a du vent et la mer n'est pas du tout transparente comme sur les photos d'Internet. Alors, si t'arrives de Dunkerque, forcément tu vas lâcher un waouh. Mais après avoir fait trempette à Varadero, playa Ancón, Playa Larga, euh... comment dire.

Tu peux longer la plage en direction du bout de la péninsule en essayant de te frayer un chemin entre les racines ou tu peux passer par un petit chemin qui doit malheureusement servir de poubelles a tous les alcooliques du coin. Ouais c'est surtout des bouteilles de rhum et des cannettes de bières qui traînent entre les racines.

Dans l'autre sens, un longue plage.

Un gars t'alpague sur la plage. Il a une queue de langouste à la main. Il a monté un grill sauvage à 500m du resto. Ouais, tout est réglementé, le gars n'a pas le droit de pêcher de la langouste et la revendre aux touriste. Il te propose une langouste à 10 euros mais faut pas le dire aux américains plus loin car eux vont payer 15 euros. Motus et bouche cousue. Mais euh, mon gars, y a pas d'américains ici ! Comme d'hab tu lui balances qu'en un mois à Cuba, t'as jamais payé ce prix là pour une grosse sauterelle maritime. Au mieux t'es prêt à lâcher le prix que tu payes normalement dans un resto. Le gars a continué à faire le tour des gus allongés sur le sable et au retour il repasse te voir en te disant en baissant la voix ok pour ton prix mais surtout tu le dis pas autres. Ahah, t'as certainement dû payer le double des autres mais c'est pas grave ! 1h plus tard, il te rapporte une assiette avec la bête. Euh, ça rétréci de moitié une langouste cuite au grill ? T'as l'impression qu'il t'a apporté la petite soeur.

Apparemment le gars a pas eu beaucoup de succès avec ses langoustes.

Voila, c'était ta dernière langouste au bord de la mer. De toute façon, t'as fini ton flacon d'anti-moustiques et t'as pas envie de finir comme morceau de barbaque pour moustiques, mini mouches et autres bestioles.

Retour une journée à la Havane puis retour dans le froid français. Ouais, t'as vu les températures, en solidarité, t'as baissé la clim à 18 degrés et t'as déjà attrapé froid.

Ricardo, sans bottes et chapeau mais plein de boue

15

Entre la Havane et toi, ça n'a pas été le coup de foudre il y a trois semaines. C'est notre dernière chance de conclure avant de prendre l'avion demain aprem.

Une institution, el Floridita, le bar où Hemingway aurait descendu des centaines de daiquiri.

Le daiquiri ? T'es pas un spécialiste donc difficile à dire. Ouais, dès qu'il y a de l'alcool tu connais pas. Un groupe reprend les grands classiques cubains comme chan chan. Direction la Bodeguita del medio où Ernest, toujours lui, allait picoler des mojitos. Une énorme averse t'a fait faire demi-tour. Certainement les larmes et sanglots de la Havane qui ne m'aime pas.

La journée commence mal. Cuba a décidé de te laisser repartir avec un petit souvenir, la tourista. Oui, encore ! La dernière pinacola de Viñales avait un drôle de goût.

Direction le Capitol, une copie de celui des gringos.

Puis quelques places.

T'as finalement décidé de prendre le bus touristique (ouais, tu les as tous pris donc allons jusqu'au bout) pour faire le tour de la ville. Ca te permet de sortir de havana vieja et de voir un autre Havana. T'aurais dû faire ce tour dès le premier jour, ca t'aurait éviter de te traîner inutilement sur le malecon. Passage par la place de revolucion avec son phallus de pierre. Et les deux incontournables héros de la révolution.

Vous trouvez pas que Fidel a une tête plutôt de Khomeiny ?

Depuis hier, que ce soit soit la patronne de la guesthouse, la guichetière du bus, elles t'appellent toutes 'mi amor'. Elles ont compris que tu partais aujourd'hui et que c'était leur dernière chance ! Pfff, vous emballlez pas. Ici, c'est courant de se faire appeler 'mi amor'...

Tiens, le bus s'arrête sur le côté pour laisser passe un convoi ouvert par des flics suivi de voitures noires aux vitres teintées. Mélenchon est revenu voir ses amis démocrates de Cuba ?

Malgré ton ventre en vrac, tu termines en feux d'artifices avec une double queue de langouste.

Madre de dios ! Arrivé à l'aéroport, tu découvres que ton vol pour Madrid qui devait partir à 18h est repoussé de quelques heures... Ouais, quelques heures... Il repart le lendemain à 9h. La Havane ne veut pas te laisser partir ! Le vol pour rentrer en France ?

Un bordel à l'aéroport, en plus il y a des coupures de courant. On est plus de 200 à attendre des bus qui devraient nous ramener en ville pour la nuit. En plus tu vas rater ta correspondance donc t'es aussi bon pour une nuit à Madrid ! La totale de chez totale. Apparemment, ils ont eu le même problème sur le vol de la veille.

Tu fais la queue pour le checking pour récupérer un voucher. On te dit d'aller ensuite porte 5 pour le bus. La porte est en en travaux, il n'y a rien. Y en a d'autres qui attendent ailleurs. Un merdier. Y a un groupe avec des cagoles marseillaises qui s'énervent. C'est la troisième fois qu'elles viennent à Cuba et elles baragouinent toujours pas 3 mots d'espagnol.

Autant les cubains se mettent en ligne et respectent l'ordre dans les files d'attentes. Autant, nous les occidentaux, un merdier quand le bus arrive finalement après 2h d'attente. Oui, vous avez bien lu. Un seul malheureux bus pour 200 personnes. Donc faut voir la bagarre pour monter dedans. 20 minutes plus tard, un autre bus. Tu t'es démerdé pour être dedans et aussi être devant pour sortir en premier. Histoire de ne pas se taper 30 minutes de queue au check-in de l'hôtel. Le bus nous a lâché devant et demerdez vous avec votre voucher. Personne ne sait pas à quelle heure est le départ demain. 5h? 6h?

Un bus par hotel. Concernant l'hôtel, ils ont sorti le grand jeu. Un hôtel ***** (version cubaine) en plein centre. Grand bar avec piscine sur le toit et vue superbe.

Le soir, tu peux manger au resto, bien évidemment payé par Iberia. De réputation, les restos d'all inclusive cubains sont pas top. D'après vous, t'as fini où ? Si la langouste devient une espèce en voie de disparition, tu seras le principal responsable...

Lendemain matin nous attend à 5h. Des français sont appelés par l'hôtel. Ils ont piquer des serviettes de bain et les femmes de ménage ont prévenus le concierge. Sans déconner, voler deux serviettes...

Qui arrive tranquillement avec 20 minutes de retard ? Les cagoles marseillaises. Résultat, on est le dernier bus à arriver à l'aéroport. Donc une longue file d'attente. Ton premier jour à Cuba a commencé avec 3h30 de queue. Tu finis de la même manière.

Dans l'avion, on nous annonce la raison de ce retard. La veille le commandant de bord s'est cassé la jambe. Ils ont dû faire venir un autre pilote ce matin. Oui, bien sûr, et le vol de la veille lui a aussi été décalé d'un jour, c'est parce qu'un autre commandant s'est étouffé en avalant de travers une langouste ? Mouais.

9h de vol, tu te dis qu'en arrivant à 23h30 à Madrid, tout sera prevu pour nous héberger. Au kiosque Iberia une pov dame qui se retrouve entouré par 150 personnes. Elle appelle au secours au téléphone.Au bout de 30 minutes un autre gars arrive et fait déplacer la queue

Avec les marseillais, on était devant, si on se déplace, on se retrouve dernier. On refuse, le ton monte. Le gars refuse de s'occuper de nous. On commence à le filmer. Il arrache les billets d'avions de mains d'une marseillaise puis part appeler le renfort de la police espagnol. Le flic vient mais il voit bien que pour l'instant, on en est qu'à la parole et pas aux gestes. D'autres agents Iberia sont là mais ne veulent pas s'en mêler et font mine de ne pas comprendre ton espagnol quand tu leurs expliques calmement la situation. Du coup tu filmes toi aussi le connard au guichet. Il s'énerve encore plus et te baragouine en espingouin. Tu lui dis que tu comprends pas l'espagnol et là on découvre qu'il parle anglais. La législation espagnol ne t'autorise pas à le filmer. Tu lui demandes son nom et son matricule. Il répond pas. Il s'occupe d'autres passagers. T'as bien compris que c'est mort pour ta pomme. Ca fait plus d'une heure que t'attends. Tu te mets à l'écart et parle avec un autre agent qui va de temps en temps dans le bureau imprimer des vouchers pour l'hôtel. Faut juste comprendre qu'on s'est tapé la veille 6h d'attente à l'aéroport puis un réveil à 4h30 du matin puis 4h de queue à l'aéroport et enfin 9h d'avion. Tout le monde est sur les nerfs. Et on a encore une courte nuit à Madrid pour ceux qui ont des transferts. Ceux qui ont un vol à 7h30 du matin pourront peut-être dormir 3h.

Comme le gars refuse de s'occuper des marseillais. Ils ont décidé de bloquer la file et empêcher les autres passagers d'avoir leur voucher. Toi, à ce moment, un autre agent t'a apporté un voucher pour l'hôtel. Finalement tu seras à 2h dans l'hôtel. Les marseillais ? Va savoir..

T'as ton avion à 10h mais toutes les navettes pour l'aéroport sont pleines donc tu dois prendre celle de 7h15. Jusqu'au bout...

Et dire que tu trouvais que c'était le merdier à Cuba...

Ricardo à la Havane for ever