Après notre excursion au Cotopaxi, nous voilà rassurées, nous sommes bien assez acclimatées à l'altitude pour aller randonner.
Nous nous lançons donc dans une boucle, qui part de Quilotoa. Ou plus exactement de Latacunga, où nous passons une nuit et déposons l'un de nos sacs à l'hôtel. Nous porterons l'autre sac, avec l'essentiel (habits de rechanges, affaires de toilettes, chargeurs etc).
Jour 1
Le vendredi matin, nous prenons un bus pour Quilotoa. Le trajet aura mis nos nerfs à rude épreuve. 1h45 de route en lacets avec des locaux à l'hygiène parfois douteuse et une musique entêtante à fond la caisse. C'est la première fois depuis le début de notre trip en Amérique latine que l'on voit des gens moins propres sur eux. Ce sont des gens qui vivent dans des petits villages de montagnes, isolés, et dont la façon de vivre n'a certainement pas évolué depuis bien des années. Notre sac voyagera en soute avec deux poules (vivantes). C'est vous dire le voyage dans le temps que l'on vit! On se délecte tout de même des paysages splendides. Arrivées au village, à 3'900m, une bise violente nous glace le sang. C'est la plus haute altitude à laquelle nous aurons dormi jusque-là. Par chance, on a une jolie chambre avec un poêle à bois qui devrait nous être bien utile.
Le village de Quilotoa est très très bizarre. Il n'est en fait composé quasi que d'hôtels et de restaurants, comme neufs ou en construction, dans un style architectural peu conventionnel. Mais qu'est ce qui peut bien attirer les touristes dans ce trou? Et bien c'est un très gros trou, un cratère de volcan, avec au fond une lagune aux eaux turquoises. Le village est construit sur les flancs extérieurs du cratère. On en a le souffle coupé tant c'est beau! Ni une ni deux, on mange une morse (on a fait l'impasse sur le menu typique : le cochon d'Inde roti) et on s'engage sur le chemin qui descend au bord de l'eau. Wahou et rewahou, vous verrez les photos. La remontée sera plus sportive, heureusement qu'on tient une forme d'enfer 😁.
La soirée sera bien agréable, nous soupons au restaurant de l'hôtel avec deux jeunes français très sympa qui vont camper à côté de l'hôtel (à nos yeux le truc le plus débile de la terre, mais bon, chacun son trip). Au début du souper, la dame de l'hôtel se propose d'aller allumer notre poêle, on accepte avec plaisir, mais ce que l'on ne savais pas c'est qu'il est 18h30 et que l'on va rester à blaguer avec nos voisins jusqu'à 22h. Lorsque l'on revient dans la chambre, le feu est donc quasi mort. Sophie arrive à le réanimer plus ou moins, mais sans grand succès. On s'enfile donc sous les 4 couvertures en grelottant un peu (beaucoup).
Jour 2
On débute notre 2ème journée avec un réveil matinal et un excellent petit déjeuner qui nous donne l'énergie pour entamer la longue marche qui nous attend. Il fait toujours aussi froid, et la bise ne faiblit pas. Pour ne rien arranger, le ciel est tout couvert. À la sortie de l'hôtel, on se fait sauter dessus par un chien un peu trop joueur. On essaye de le chasser gentiment, car il est un peu envahissant. Et finalement, il deviendra notre nouveau meilleur ami et nous suivra toute la journée, jusqu'à notre prochaine auberge, située dans le petit village de Chugchilan, 3'200m d'altitude.
Nous débutons donc notre marche avec Jack (nom d'emprunt) le long du cratère de la lagune. La vue est imprenable, mais le vent nous fait vaciller! Une fois la crête redescendue, le vent est tombé, nous perdons de l'altitude, le soleil pointe et nous finissons par nous promener en t-shirt. Nous parcourons en tout 16km, sur un sentier parfois scabreux et sablonneux. Nous y croisons moutons, chèvres, vaches et chevaux, ainsi que quelques chiens relativement agressifs. Nous y étions préparées mais c'est bien la première fois que ça nous arrive en amérique latine. Ce sont souvent des chiens qui protègent les pauvres habitations isolées que nous apercevons. La pauvreté est terrible dans ces zones rurales. Quelques gamins crasseux viennent nous réclamer des dollars, on voit qu'ils ont l'habitude des touristes.
La randonnée du jour nous a bien fatiguées ! C'est un sacré morceau quand même. Nous sommes fières d'y être parvenues. C'est le prix à payer pour voir tous les merveilleux paysages que nous avons traversés. Nous arrivons vers 14h à notre auberge, après 6h de marche et nous sommes très bien accueillies. Nous profitons de la douche chaude et nous relaxons dans des hamacs avec vues sur les montagnes. La température est très agréable ici! Notre voisine de chambre nous entend débattre sur la suite du voyage et intervient en nous donnant des conseils sur l'itinéraire à suivre. Une belge, ça change des français, avec laquelle nous souperons un peu plus tard, dans la salle à manger où les repas se prennent en commun.
Après le repas, Nath est en grand souci pour son ami le chien. Elle part donc en cuisine quémander des restes, qu'on lui donne gentiment en la rassurant : le chien devrait faire le trajet retour à Quilotoa avec d'autres touristes le lendemain. En voilà un qui a flairé le bon filon, car quelques heures plus tard le voilà qui dort paisiblement le ventre plein au pied de notre lit. Si l'on peut apporter un peu de réconfort à un chien errant, après tout pourquoi pas ...
Au coucher, les jambes sont lourdes pour Sophie mais ce genre de douleurs donnent le sourire ! Le reste du corps est en pleine forme, pourvu que ça continue comme ça !
Jour 3
Après une nuit avec un confort de rêve, lit douillet, oreillers à mémoire de forme et même chauffage dans la chambre, nous nous levons tranquillement pour aller déjeuner, et retrouvons notre ami Jack qui s'est fait mettre à la porte au petit matin car il faisait le coquin! Nous sommes étonnées de le voir encore là, finalement il nous attendait pour faire encore un bout de route avec nous! Le déjeuner est au top, on a un peu mal aux jambes mais ça va, le soleil brille, on attaque donc la marche toutes motivées. Le soleil justement, parlons-en. À cette altitude il devient notre pire ennemi, et malgré l'application méticuleuse et répétée d'écran total, nous avons la tête qui chauffe tous les soirs. On comprend pourquoi les équatoriens ont la peau si foncée et ridée (pour les plus âgés).
Pour cette étape, nous allons en gros descendre un gigantesque canyon, en suivre le fond quelques kilomètres puis remonter de l'autre côté jusqu'au minuscule village de Isinlivi, 2700m. On a de plus en plus de peine à retenir et à prononcer le nom des petits bleds du coin 🤔. La marche s'avère super technique dans plusieurs tronçons. Pentes raides et glissantes, sentiers ultra étroits et sablonneux, l'effort n'est pas négligeable! Nous croisons d'innombrables vaches, moutons, chèvres, cochons et poulets, comme la veille, mais aussi des vieilles dames édentées qui nous sourient avec le chico qui leur reste 🤓. Le chien nous a abandonné après 3km, on pense qu'il avait une réunion de chiens-guides ou un truc du genre, alors on ne lui en veut pas.
Le dernier tronçon nous achève. Un petit kilomètre vertical pour finir la journée en beauté. Franchement à ce moment là nos jambes nous supplient d'arrêter, mais on les fait taire et on arrive quasi en vie à l'auberge.
Nous mettrons un peu plus de 5 heures pour rallier les deux villages, éloignés de 13km.
La soirée sera à nouveau très agréable, en compagnie d'un couple d'américains et d'un allemand avec lesquels nous partageons notre repas. Nous n'avons pas eu beaucoup l'occasion d'échanger avec d'autres voyageurs ces derniers temps, ça nous fait donc vraiment plaisir.
Jour 4
Nous nous levons un peu fatiguées en ce dernier jour de balade. Les jambes commencent à être bien courbaturées. On attaque le dernier tronçon, de Insilvili à Sigchos. La dame de l'hostal nous indique par où partir, et on suit ses indications même si il n'y a aucun panneau. Après une descente d'environ une heure, on hésite, la route n'est pas marquée, et un hollandais nous a donné des explications qui nous mettent dans le doute. Dans la cour d'une école d'un village composé de 4 maisons, une église et une école, un gamin nous indique le chemin en ricanant. On aurait peut-être dû s'en méfier parce qu'on a finement perdu une heure à tourner en rond, monter descendre et s'énerver dans le coin. Quand on finit par enfin trouver notre route on est un peu nerveuses et fatiguées. On attaque alors une lonnngggue montée sans intérêt, où on doit se battre avec les vaches qui nous chi*** dessus. Décidément, ce dernier jour était peut être de trop...
Quand on arrive au village après 4h30 on est exténuées. On va manger une morse bien méritée. Sophie aura même la surprise très réconfortante de trouver une patte de poulet et un autre morceau non identifié dans sa soupe 😂 miam miam miam.
A 15h on reprend le bus pour Latacunga, notre point de départ. On aura vécu une belle aventure dans cette boucle, de formidables rencontres et nous sommes très reconnaissantes de notre forme physique. Ce fût tout simplement 4 jours magiques !
Au final, nous aurons parcouru 46km et avalé 2640m de dénivelé négatif et 1700m de dénivelé positif. Un petit exploit à ces altitudes 😁.