La route à deux c’est différent. Quand nous étions trois, je roulais au milieu des deux mecs, comme protégée. Maintenant, étant donné le GPS est monté sur la moto de Greg, je le suis mais plus aucun motard ne roule dans mon rétroviseur… Je me fais cependant très vite à l’aventure à deux. Greg me fait passer devant quand les routes ne prennent pas de bifurcations. Je sens que je prends de plus en plus de plaisir à rouler et bien plus d’assurance. Et heureusement ! Car je vais en avoir besoin pour la suite !
A peine avons-nous quitté notre triplette que la pluie nous trempe à nouveau. C’est donc mouillés jusqu’aux os que nous roulons vers l’Italie. La traversée des Alpes, aussi magnifique soit-elle, fut très rapidement engloutie. Arrivés à Andermatt, à quelques kilomètres de la frontière, le GPS nous indique que nous allons prendre un ferry ! Etonnés, nous n’y prêtons pas attention. Sans doute un bug informatique… Mais une fois engagés sur le col, des panneaux nous montrent que nous allons effectivement bien passer par une sorte de péage sans nous en dire d’avantage. Notre étonnement est tel qu’une petite dame nous propose d’embarquer sur un train pour traverser la montagne et nous retrouver à deux pas de l’Italie. Un raccourcis sur 13 petits kilomètres de tunnel qui fait mal au portefeuille mais qui nous évite de passer une journée de plus sous cette pluie torrentielle ! Sentiment de soulagement et rires amusés par cette surprenante péripétie. A notre arrivé de l’autre côté, le soleil ne nous y attendait pas mais une petite accalmie nous permet de sécher un peu et de reprendre de l’énergie. Les montagnes deviennent de plus en plus hautes et de plus en plus froides sur leurs sommets. De la neige au sol nous accueille d’ailleurs à notre arrivée en Italie. Malgré nos vêtements « imperméables », la pluie est passée à travers à force d’insister… Il fait 7 degrés, le sol est glissant et sous un vent piquant, un camion me colle aux fesses. La peur me met la rage au ventre !
Selon les prévisions météo, le soleil est à la côte. Nous continuons donc notre route sans nous arrêter. La pluie ne cesse de tomber. Des torrents traversent les chaussées. La visibilité est tellement mauvaise que nous nous voyons obligés de mettre nos 4 feux en permanence. Malgré tout, je garde le moral et reste zen sur mes deux roues. La patience est impérative dans ce genre de situation. Nous atteignons un lac à une centaine de kilomètres de la côte. La pluie s’est enfin arrêtée. Les nuages font maintenant place à un ciel partiellement bleu. Nous nous y arrêtons prendre un verre bien mérité !
Dans la périphérie de Milan les bâtiments sont gris et délabrés et la nature polluée. L’air est chaud et l’ambiance humide. Nous sommes d’ailleurs passés de 7 à 27 degrés en quelques heures ! Après avoir longuement tourné, nous plantons finalement la tente entre deux champs de maïs. Une attaque de moustiques nous oblige à nous réfugier en vitesse dans la tente où nous nous endormons rapidement, bien au chaud.
Le lendemain, ce sont ces mêmes moustiques qui nous obligent à replier tout en vitesse. La bonne nouvelle étant que nos affaires sont enfin sèches et que le soleil est au rendez-vous ! Des matins comme celui-là, ça donne la pèche ! Notre objectif du jour : voir la mer pour terminer la journée.
Notre rituel maintenant bien installé, nous dégotons un petit bar rustique mais fort sympathique dans une ruelle où nous goûtons un café bien serré, typique des italiens.
Avant de redémarrer, notre GPS nous fait des caprices. Il ne veut tout simplement plus s’allumer ! Nous avons des cartes, mais cela risque d’être galère… Greg démonte les caches qui protègent les câbles du GPS pour s’apercevoir qu’une cosse s’est cassée. Par chance, nous nous trouvons juste en face d’un garage où son propriétaire nous offre gracieusement deux nouvelles cosses. Les réparations faites, le GPS redémarre et nous pouvons continuer notre route.
Nous quittons petit à petit la périphérie de Milan mais ses innombrables ronds-points eux, ne semblent pas vouloir nous lâcher ! Cinq cent mètre, un rond-point, trois-cent mètres, un autre, etc… et entre eux, des camions, des centaines de camions ! Nous finissons par nous perdre l’un l’autre à force de dépasser et de tourner. Nous ne laissons pas la situation nous agacer plus longtemps et décidons de prendre l’autoroute, payante, certes mais plus sécurisante. A nous la côte !
Une fois sur l’autoroute, je ne suis pas du tout à mon aise. Le vent souffle en rafales et celles-ci me poussent beaucoup trop près des camions. Après une vingtaine de kilomètres, Greg fini par s’arrêter, voyant que ça n’allait pas pour moi. Il m’explique calmement que je dois être plus détendue sur ma moto et prendre de l’aisance avec mon guidon. Je suis trop tendue et de ce fait je prends la direction du vent. Une fois mes émotions apaisées, je remonte sur ma moto en pensant aux conseils que vient de me donner mon amoureux. Et comme par magie, en acceptant les poussées du vent dans ma moto sans me crisper, j’arrive à garder ma trajectoire. Je peux enfin profiter de la route !
Nous terminons la journée, comme prévu, sur la plage. Le vent est toujours aussi déchainé mais cela ne nous empêche pas de nous baigner.