27/03 JOUR 4
Petit déjeuner au bivouac avant de démarrer : pain marocain et confiture d’Espagne. Nous commençons la journée en suivant le goudron, encore et encore… La route est tellement nouvelle qu’elle en est encore couverte de gravillons. Prudence ! Nous traversons de minuscules villages désertiques où quelques femmes nous font signe lors de notre passage. On a d’ailleurs parfois du mal à interpréter leurs gestes ; accueil sincère ou haine profonde? Il est clair que bon nombre des villageois que nous croisons nous renvoient de grands sourires. Mais parfois ce n’est pas si évident…
La fine équipe Au bout d’une cinquantaine de kilomètres, le caractère aventurier des paysages qui nous entourent me donnent très envie d’aller rouler à travers les plaines, hors de toutes traces industrielles. Aller jouer avec nos trails dans la caillasse et la poussière. Envie de quelque chose de plus extrême, nous sommes au Maroc tout de même !
J’ai sans doute pensé un peu trop fort car la piste de tardera pas à remplacer le goudron ! « Wouhouw » ! Nous sommes tellement heureux de ne voir plus que la nature ! A nous les pistes !
Et pourtant, malgré notre joie, nous sommes conscients que ces nouvelles routes sont une réelle aubaine pour les locaux, l’espoir d’une vie meilleure, les routes vers la civilisation… En attendant, la lenteur de leurs travaux fait notre affaire et nous offre encore une bonne vingtaine de kilomètres de vraies pistes. De la terre, du sable, des cailloux et surtout beaucoup de poussière mais qu’est ce que c’est bon ! Certains passages m’obligent à repousser mes limites et prendre parfois quelques risques. Mais les sensations sont bonnes et l’instant unique !
Nous nous faisons dépasser par les 4x4 de l’organisation du Rallye des Gazelles. Un grand RAID féminin à travers le désert marocain, encore quelque chose qui me plairait de faire. La poussière que les véhicules soulèvent nous emmène en plein cœur d’un film de western. Le temps semble s’arrêter ou du moins fortement ralentir. Malgré la poussière qui me pique les yeux et m’empêche de voir correctement la piste, je profite de ce moment à 200% ! Le soleil qui nous fait face rend le tableau vraiment incroyable !
Paysages désertiques Arrivés à Zagora, la chaleur grimpe dans nos casques. La ville a son charme ; de grandes bâtisses très carrées aux couleurs chaudes passant de l’ocre au rouge. Premier arrêt dans une pompe pour faire le plein. Ensuite nous cherchons rapidement un endroit pour manger car nos estomacs font des bonds ! A peine avons-nous le pied par terre qu’une dizaine de personnes nous entourent. Chacun y va de son commentaire intéressé ; « je garde vos motos ! », « les amis, vous venez manger chez moi ? », « tu veux acheter mon fossile ? ». Ne sachant pas nous arrêter l’un près de l’autre à cause de la circulation chaotique, nous n’avons même pas l’occasion de discuter entre nous. Je vous passe les détails de l’oppression que nous procure ce moment pénible qui nous poussera à quitter la foule en vitesse ! « On sort d’ici et on s’arrête à la première échoppe en bord de route pour manger ». Nous avons les crocs mais nous préférons trouver un endroit au calme… Mais une fois quitté la ville, nous sommes forcés de constater qu’il n’y a … RIEN ! Rien d’autre qu’une longue route goudronnée qui traverse un plateau tristement désertique. Nos sentiments sont un peu exagérés étant donné que nos estomacs sont vides… car il faut bien avouer que le paysage est toujours aussi splendide ! Nous roulons ainsi un peu plus de 100 kilomètres sans voir la moindre échoppe, le moindre vendeur de fossiles, le moindre marocain ! Les seules traces de vie que nous croisons sont des dromadaires en train de brouter paisiblement sur le bord de la route… Nous nous arrêtons pour prendre quelques photos et nous dégourdir les jambes. 100 kilomètres, cette étape inattendue nous semble extrêmement longue.
Séance photos obligeNous atteignons finalement le petit village de Foum Zgid où nous trouvons rapidement un restaurant. Etant donné l’heure avancée, ils ne servent plus de tajines. Nous nous contenterons donc d’un plat de frites et de quelques brochettes de poulet. Nos voisins de table roulent eux aussi en moto, mais le niveau est tout autre ; KTM LC4 640, 990 adv, EXC 250. Le tout suivi d’une assistance 4x4 et d’un Buggy. Ils sont espagnols. Pas de bagages sur eux, juste leur moto toute légère pour aller défier les dunes ! Le pied ! John, qui se débrouille en espagnol, leur demande d’où viennent les bières qu’ils sont en train de boire et qui nous donnent très envie en cette période de diète… Ils nous répondent qu’elles viennent tout droit de Madrid. Quelques minutes plus tard, l’un d’entre eux nous apporte trois Cruzcampo bien fraiches. Ce geste nous fait extrêmement plaisir et nous dégustons notre boisson comme s’il s’agissait d’un whisky vingt ans d’âge !
Rassasiés et enchantés de notre rencontre, nous rejoignons une piste en direction d’AKKA. Puisque nous ne pouvons toujours pas nous fier à notre GPS pour connaitre la nature de la route, la seule solution est de demander à chaque fois aux locaux si celle-ci a été goudronnée. Cette contrainte supplémentaire nous emmènera plus d’une fois vers des impasses mais franchement, moi qui n’aime pas rebrousser chemin, je ne suis pas mécontente de faire la piste en sens inverse. Les paysages sont magnifiques et la route nous oblige à adopter une conduite plus sportive, ce qui n’est pas pour nous déplaire.
La Katoch en action !Une fois de plus, nous passons la nuit dans un endroit complètement désertique. Ici pas un signe de vie humaine ni même un oiseau à l’horizon. Assis sur nos valises pour préparer le souper, nous sommes surpris par le silence ! Lorsque nous nous taisons, pas un seul bruit ne vient perturber cet instant unique. Pas une mouche ne vole. Pas de voiture ni d’avion. Pas de vent dans les arbres… Juste nous trois et la nature dans toute sa simplicité.
Wild camping