Le Maroc sous toutes ses formes et ses saveurs. Un pays magnifique qui n'a pas arrêté de nous étonné! 10 jours sur nos motos pour découvrir ces régions hautes en couleurs !
Mars 2017
10 jours
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Nous quittons la Belgique vers 16h le 21 mars pour parcourir les 2000km qui nous séparent de Séville où nous passerons une nuit avant de prendre le Ferry pour Tanger. Malgré nos doutes concernant la fidélité de la camionnette de Greg, la route se déroule sans encombre et nous arrivons à Séville vers 15h le 22mars. 24 heures pendant lesquelles Greg et John se sont partagé la conduite. Nous sommes accueillis comme des rois chez Rosetta, une amie de John. Son mari, Luis, un Mexicain d’origine, nous prépare un festin qui nous emportera très vite dans un lourd sommeil… La nuit est réparatrice pour tous les trois et nous enfourchons nos bécanes avec hâte !

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22/04 : Tanger-Med

Nous quittons Séville de bonne heure pour nous rendre à Algéciras où le ferry nous attend pour 13h. Nous sommes surexcités ! L’idée de rejoindre un nouveau continent et qui plus est de traverser le Maroc en moto nous rend euphoriques ! La traversée dure une heure trente et nous arrivons rapidement à destination. Détail inattendu ; la douane nous retient longuement à la sortie du ferry et ce simplement par la lenteur de leur service… nous nous débarrassons enfin les forces de l’ordre mais il est déjà presque 17h et nous aimerions quitter la ville, manger et trouver un endroit pour planter nos tentes. La route que nous empruntons est assez désastreuse ; des nids de poule partout voire même des tronçons de route complétement défoncés. Nous devons doubler de prudence pour ne pas nous prendre les fers à béton que trainent derrière elles certaines voitures ancestrales ! Les marocains semblent nous faire de grands signes accueillants depuis leurs champs. Très vite nous comprenons que la route sur laquelle nous sommes n’est pas celle habituellement empruntée par les touristes qui sortent du ferry mais bien un parcours secondaire très peu visité… cela nous importe peu. Aussi ce décor nous plonge directement au cœur de l’aventure !

La météo n’est malheureusement pas clémente et nous nous ramassons une grosse drache sur la tête. La pluie ne nous arrête pas jusqu’à ce qu’elle se transforme en … grêle ! Nous nous arrêtons sur le bord de la route, à l’abri d’un bâtiment où quelques enfants jouent au ballon sous les goutes. Le vent est froid et nous n’avons pas vraiment prévu de gants hivers ou de grosse veste. Nous ne tardons pas à redémarrer car le soleil menace déjà de se coucher. Nous n’avons pas envie de planter nos tentes dans le noir et qui plus est dans un environnement qui nous est encore inconnu. Avec la pluie, il nous est impossible de cuisiner à l’aide du réchaud. Nous trouvons donc un petit boui-boui pour y manger quelques morceaux de viande accompagné de frites. Rien de très régional… Toujours demander le prix avant de commander quoi que ce soit, telle est ce qui nous a été recommandé. Suivre ce précieux conseil nous permettra de nombreuses fois de pouvoir négocier et ainsi de ne pas nous faire avoir comme de simples touristes friqués. La pense remplie et le corps légèrement réchauffé, nous nous lançons à la recherche d’un endroit pour dormir. La pluie s’est calmée mais il nous faudra encore une petite heure avant de dénicher un petit chemin de terre où nous arrêter pour la nuit.

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23/04 Chefchaouen

La pluie n’a pas cessé de la nuit et nous oblige même à dormir une heure en plus pour ne pas remballer sous une averse. Une accalmie nous permet de tout ranger en vitesse et de quitter les lieux. Nous nous dirigeons vers Chefchouen, la ville bleue. Nous en avons entendu beaucoup de bien mais malheureusement, un épais brouillard nous empêche de contempler la beauté de cette petite ville aux bâtiments bleus pour la plupart. Nous nous contenterons de prendre un thé à la menthe en terrasse. Celui-ci nous réchauffe et nous donne le courage de remonter sur nos motos, toujours sous la pluie… Grâce au Wi-Fi du petit café, nous avons pu constater que la partie Nord du pays était actuellement dans un courant froid et humide. Mais que nous devrions trouver le soleil en descendant vers le Sud. Il s’en va sans dire que nous prenons la direction du Sud, avec comme étapes ; Meknes, Ifrane, … et comme objectif ; les dunes de Merzouga dont la chaleur nous fait déjà rêver !

Le ciel commence tout doucement à se dégager vers la fin de la matinée. Les champs sont étonnement verdoyants. Nous apprendrons peu après que cette année fut exceptionnellement pluvieuse ce qui rend la végétation plus dense et les décors plus verts. Nous nous arrêtons sur le plateau d’une colline pour contempler la vallée qui s’ouvre à nous sous un soleil qui nous fait extrêmement plaisir !

Plus loin, nous ne pouvons résister à l’odeur que dégagent les tajines présentées le long de la route. Il est grand temps de gouter au plat local ! L’ambiance y est également très régionale ; chaque commerçant nous fait de grands signes pour que nous mangions dans son échoppe, les tajines mijotent sur le feu, de nombreux chiens et chats errent sous les tables et le boucher du coin découpe ses morceaux de viande présentés à l’air libre, sans aucune précaution d’hygiène. Cela ne nous empêche pas de profiter de l’excellent repas que vient nous servir Aziz. Des carottes, des petits pois, des tomates, un peu de viande de mouton, le tout agrémenté d’épices marocaines. Ici, étant donné que nous sommes loin des endroits touristiques, pas de couverts ! Nous apprenons donc à manger comme les locaux, un morceau de pain en guise de cuillère. Le partage de l’unique plat semble être une tradition que tout le monde respecte et apprécie. Le thé à la menthe qui accompagne notre repas est également délicieux. Même si leur dose de sucre est, elle, complètement exagérée ! Nous payerons ce festin seulement 55 dirhams ; environs 5,50€.

Sur la route d'Ifrane 

La route qui nous mène vers la montagne est bordée de champs cultivés et de forêts. Malheureusement, le soleil ne se maintient pas longtemps et la pluie refait déjà son apparition. Nous sommes à nouveau trempés ! Les degrés chutent en prenant de l’altitude. Le vent est glacial et je suis personnellement congelée ! De la neige recouvre en partie les champs. Nous nous arrêtons à une station essence. Le pompiste, voyant que je ne suis même pas capable de faire mon plein tant mes doigts sont glacés, m’invite à aller me réchauffer dans une petite pièce où son collègue me propose de mettre mes mains au-dessus de ce qui ressemble à un réchaud au gaz. Je me contenterai d’un grand sourire édenté comme unique discussion puisque mon nouvel ami ne parle ni français, ni anglais. Ces quelques minutes de chaleur me permettront de reprendre la route. Je pensais que ça ne pouvait pas être pire et voilà qu’il se met à neiger ! Ensuite le vent se lève et nous avons droit à une belle tempête ! Nous essayons tant bien que mal de rester droits sur nos motos. Une chute dans ces conditions aurait très certainement de sérieuses conséquences. J’essaye de ne pas y penser. Alors que nous traversons une forêt de sapins complètement ensevelie d’un épais manteau blanc, notre chemin croise celui d’étranges animaux que nous ne nous attendions pas à voir ici ; des singes à la fourrure digne d’ours polaire se baladent le long de la route ! Des signes ! Il nous faut quelques secondes pour croire ce que nous voyons. Cela nous permet d’oublier le froid quelques instants.

Une fois arrivés sur le plateau, au sommet de la montagne, nous sommes chassés par le vent et le brouillard limite notre visibilité. Les marocains ne semblent pas connaître ce que sont des phares, pourtant bien utiles avec ce temps ! Notre visière est elle aussi couverte de givre. Le vent glacial nous fouette le visage. Après deux bonnes heures de calvaire, nous atteignons enfin la descente. Nous retrouvons le soleil, que nous pensions parti pour de bon. Le vent est toujours bien présent et toujours aussi froid mais l’absence de neige et de brouillard nous soulage ! Nous rejoignons la plaine pour la nuit. Un oued (lit de rivière), nous protègera du vent le temps d’une nuit. Le ciel se dégage, nous spéculons donc sur le fait qu’il ne pleuvra pas et que le oued dans lequel nous sommes installés ne se remplira pas cette nuit…

Découvertes inattendues ! 
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24/04 Zaida

La nuit fut froide et à notre réveil nous trouvons les tentes et motos couvertes de givre. Nos bouteilles d’eau ont gelé. Mais pour notre plus grand plaisir, le ciel est bleu. Pas un nuage à l’horizon ! Le rangement est douloureux car nos doigts sont encore une fois glacés ! Mais l’appel de la chaleur nous motive et nous reprenons la route. De grandes chaines de montagnes enneigées nous entourent alors que nous traversons une immense plaine à la rocaille ocre. Le spectacle est magnifique. Nous nous arrêtons pour manger au petit village de Zaida. Le soleil nous réchauffe déjà. Quel bonheur ! Une fois de plus, nous ne croisons aucun touriste ici. Seulement des locaux, des ouvriers qui attendent leur lift pour aller travailler, des enfants qui jouent dans les rues et comme d’habitude ; des chiens et chats qui errent un peu partout. Ce matin, nous goutons pour la première fois à leur omelette berbère. Quelques œufs, un peu de pain, une théière à partager et nous sommes heureux !

Réveil givré 

Ce festin nous remplit l’estomac et nous donne l’énergie nécessaire pour reprendre la route. Le soleil semble se maintenir, quel soulagement ! Les plaines qui nous entourent sont soufflées par un vent soutenu, ce qui fait voler bon nombre de déchets qui finissent leur course dans la nature. Cela gâche un peu le décor. Les marocains ne sont visiblement pas les rois de la collecte des déchets. Nous découvrons petits à petits les magnifiques palmeraies qui se dessinent dans le fond des vallées. Tout est désert, rocailleux, sec et soudain ; des centaines de palmiers forment une petite forêt. Ceci s’explique évidemment par la présence d’une oasis qui, un jour, à permit à un village de s’y développer.

Nous rejoignons la fameuse vallée du Ziz qui descend vers Errachidia à travers de grandes gorges. La route est agréable, sinueuse et ensoleillée. Le top pour les motards que nous sommes.

Nous atteignons les dunes de Merzouga un peu avant le coucher du soleil. Excités par la chaleur et notre destination enfin atteinte, nous nous risquons à une petite sortie dans le sable. Même si rouler dans le sable n’est pas des plus facile, c’est tout de même plus rassurant que la neige de la veille… Nous nous arrêtons au pied des grandes dunes au sable orange. Les couleurs sont splendides. S’engager dans les dunes est cependant impensable vu le poids de nos motos !

Nous passons la nuit au camping « les roches » trouvé dans le guide du routard. Accueil sympa, quoique un peu froid. Nous payerons 50DH par personne pour la nuit sous tente, une bonne douche et de quoi recharger nos gsm et Gopro. Pendant notre repas autour du réchaud, Ali, un « berbère » du coin, expert en organisation de voyage off-road, s’invite à notre table. Nous parlons de la suite de notre programme et des routes à emprunter. Il nous donne des soi-disant conseils et fini surtout par vider ce qui nous restait de whisky !

Dunes Erg Chebbi / Merzouga 
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26/04 Merzouga JOUR 3

Sacs de couchages grands ouverts, nous avons abandonnés gros pulls et bonnets ! La nuit au chaud nous fait du bien et contraste radicalement avec la nuit précédente.

Confortablement installés sous la tente, nous démarrons un peu plus tard que d’habitude. Nous commençons avec un petit déjeuner dans le centre de Merzouga qui, malgré sa popularité, est actuellement dépourvu de touristes. Ce qui nous enchante !

Le GPS pointé sur Alnif, nous tentons de rejoindre des pistes, des routes damées mais non goudronnées. Des routes de terre et de cailloux pour mettre nos trails un peu au défi ! A notre plus grande surprise, ce type de routes est difficile à trouver. Après quelques déceptions, les locaux nous apprennent que la plupart des pistes ont été très récemment goudronnées. Shit ! Nous ne pouvons donc même plus faire confiance à notre carte National Géographique, ni au Routard, ni même au GPS pourtant tous trois mis à jour cette année…

A hauteur de Tazzarine, nous bifurquons vers le Sud en espérant quitter le bitume. Nous nous arrêtons un instant à l’entrée d’un petit village afin de checker la carte pour ne pas passer outre le début de route que nous pensons être une piste. En seulement quelques minutes une dizaine d’enfants nous avaient rejoints. Tous autour de nos motos, plantés comme des piquets, ils nous regardent avec leurs grands yeux curieux. Lorsque l’un d’entre eux, un jeune garçon âgé de 8 ans environ, pointe du doigt le pneu avant de Greg en rigolant. Nous ne comprenons pas tout de suite ce qu’il veut mais nous ne tardons pas à voir que le pneu de la KTM est complètement plat ! Nous pensons tous les trois : « une crevaison alors que nous n’avons pas encore fait de piste ?! Ça commence mal ! »

Nous nous libérons de nos casques, vestes moto, gants, etc pour sortir le matériel de réparation. Il fait très chaud. Le soleil décline déjà mais tape toujours autant qu’à midi. Maintenant, ce sont près de 30 enfants qui nous entourent. C’est un peu oppressant mais nous ne pouvons pas leur en vouloir d’être curieux. Heureusement, le plus âgé d’entre eux semble leur indiquer de garder leurs distances. De plus, ce dernier parle très bien anglais ! Il tient absolument à nous aider. Les mecs démontent le pneu et retirent soigneusement la chambre à air qui s’avère être trouée. Addi nous amène chez un ami pour regonfler le pneu étant donné qu’avec notre petite pompe à main, nous en avions pour la nuit ! Ça nous fera gagner du temps. En attendant, il avait demandé à une petite fille, sans doute sa sœur, d’aller chercher un plateau avec du thé et des cacahuètes. Ses services ne semblent pas être intéressés. Contrairement aux autres jeunes que nous rencontrons, il ne nous demandera pas d’argent. Il nous explique qu’il étudie et que c’est très important pour lui de parler anglais pour pouvoir un jour s’en aller, décoller, aller vivre son rêve. Tout ce qui lui importe, c’est de rencontrer des gens des quatre coins du monde pour voyager le jour venu. Il est motivé et très sympa, nous lui souhaitons d’aller au bout de ses projets !

Pneu crevé  

Nous perdons plus de 3 heures avec cette crevaison. Le soleil est déjà fort bas. Nous pensions rejoindre une piste mais entre-temps, le jeune Addi nous a confirmé que la route avait été récemment goudronnée mais peut-être pas jusqu’au bout… encore une déception mais il y a de l’espoir ! Nous suivons donc le goudron pour quitter le village. Une fois les habitations loin derrière, nous quittons la route pour trouver un endroit pour planter la tente. Le sol est relativement meuble mais roulable. Beaucoup de terre à laquelle se mélange de petits cailloux noirs ce qui rend le décor volcanique. Une fois l’endroit trouvé, Greg et John se chauffent mutuellement et finissent par gravir la colline rocailleuse derrière laquelle le soleil ne tardera pas à se coucher. « Il fallait bien tester la nouvelle rustine avant d’aller plus loin! ». Leurs sourires trahissent le plaisir qu’ils viennent de prendre avec leur moto ! C’est beau et c’est exactement ce pourquoi nous sommes là.

Cette nuit-là, le vent et le sable qu’il soulève nous forceront à souper à trois dans la tente. Nuit bruyante et peu reposante. Nous nous réveillons légèrement ensablés.

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27/03 JOUR 4

Petit déjeuner au bivouac avant de démarrer : pain marocain et confiture d’Espagne. Nous commençons la journée en suivant le goudron, encore et encore… La route est tellement nouvelle qu’elle en est encore couverte de gravillons. Prudence ! Nous traversons de minuscules villages désertiques où quelques femmes nous font signe lors de notre passage. On a d’ailleurs parfois du mal à interpréter leurs gestes ; accueil sincère ou haine profonde? Il est clair que bon nombre des villageois que nous croisons nous renvoient de grands sourires. Mais parfois ce n’est pas si évident…

La fine équipe 

Au bout d’une cinquantaine de kilomètres, le caractère aventurier des paysages qui nous entourent me donnent très envie d’aller rouler à travers les plaines, hors de toutes traces industrielles. Aller jouer avec nos trails dans la caillasse et la poussière. Envie de quelque chose de plus extrême, nous sommes au Maroc tout de même !

J’ai sans doute pensé un peu trop fort car la piste de tardera pas à remplacer le goudron ! « Wouhouw » ! Nous sommes tellement heureux de ne voir plus que la nature ! A nous les pistes !

Et pourtant, malgré notre joie, nous sommes conscients que ces nouvelles routes sont une réelle aubaine pour les locaux, l’espoir d’une vie meilleure, les routes vers la civilisation… En attendant, la lenteur de leurs travaux fait notre affaire et nous offre encore une bonne vingtaine de kilomètres de vraies pistes. De la terre, du sable, des cailloux et surtout beaucoup de poussière mais qu’est ce que c’est bon ! Certains passages m’obligent à repousser mes limites et prendre parfois quelques risques. Mais les sensations sont bonnes et l’instant unique !

Nous nous faisons dépasser par les 4x4 de l’organisation du Rallye des Gazelles. Un grand RAID féminin à travers le désert marocain, encore quelque chose qui me plairait de faire. La poussière que les véhicules soulèvent nous emmène en plein cœur d’un film de western. Le temps semble s’arrêter ou du moins fortement ralentir. Malgré la poussière qui me pique les yeux et m’empêche de voir correctement la piste, je profite de ce moment à 200% ! Le soleil qui nous fait face rend le tableau vraiment incroyable !

Paysages désertiques  

Arrivés à Zagora, la chaleur grimpe dans nos casques. La ville a son charme ; de grandes bâtisses très carrées aux couleurs chaudes passant de l’ocre au rouge. Premier arrêt dans une pompe pour faire le plein. Ensuite nous cherchons rapidement un endroit pour manger car nos estomacs font des bonds ! A peine avons-nous le pied par terre qu’une dizaine de personnes nous entourent. Chacun y va de son commentaire intéressé ; « je garde vos motos ! », « les amis, vous venez manger chez moi ? », « tu veux acheter mon fossile ? ». Ne sachant pas nous arrêter l’un près de l’autre à cause de la circulation chaotique, nous n’avons même pas l’occasion de discuter entre nous. Je vous passe les détails de l’oppression que nous procure ce moment pénible qui nous poussera à quitter la foule en vitesse ! « On sort d’ici et on s’arrête à la première échoppe en bord de route pour manger ». Nous avons les crocs mais nous préférons trouver un endroit au calme… Mais une fois quitté la ville, nous sommes forcés de constater qu’il n’y a … RIEN ! Rien d’autre qu’une longue route goudronnée qui traverse un plateau tristement désertique. Nos sentiments sont un peu exagérés étant donné que nos estomacs sont vides… car il faut bien avouer que le paysage est toujours aussi splendide ! Nous roulons ainsi un peu plus de 100 kilomètres sans voir la moindre échoppe, le moindre vendeur de fossiles, le moindre marocain ! Les seules traces de vie que nous croisons sont des dromadaires en train de brouter paisiblement sur le bord de la route… Nous nous arrêtons pour prendre quelques photos et nous dégourdir les jambes. 100 kilomètres, cette étape inattendue nous semble extrêmement longue.

 Séance photos oblige

Nous atteignons finalement le petit village de Foum Zgid où nous trouvons rapidement un restaurant. Etant donné l’heure avancée, ils ne servent plus de tajines. Nous nous contenterons donc d’un plat de frites et de quelques brochettes de poulet. Nos voisins de table roulent eux aussi en moto, mais le niveau est tout autre ; KTM LC4 640, 990 adv, EXC 250. Le tout suivi d’une assistance 4x4 et d’un Buggy. Ils sont espagnols. Pas de bagages sur eux, juste leur moto toute légère pour aller défier les dunes ! Le pied ! John, qui se débrouille en espagnol, leur demande d’où viennent les bières qu’ils sont en train de boire et qui nous donnent très envie en cette période de diète… Ils nous répondent qu’elles viennent tout droit de Madrid. Quelques minutes plus tard, l’un d’entre eux nous apporte trois Cruzcampo bien fraiches. Ce geste nous fait extrêmement plaisir et nous dégustons notre boisson comme s’il s’agissait d’un whisky vingt ans d’âge !

Rassasiés et enchantés de notre rencontre, nous rejoignons une piste en direction d’AKKA. Puisque nous ne pouvons toujours pas nous fier à notre GPS pour connaitre la nature de la route, la seule solution est de demander à chaque fois aux locaux si celle-ci a été goudronnée. Cette contrainte supplémentaire nous emmènera plus d’une fois vers des impasses mais franchement, moi qui n’aime pas rebrousser chemin, je ne suis pas mécontente de faire la piste en sens inverse. Les paysages sont magnifiques et la route nous oblige à adopter une conduite plus sportive, ce qui n’est pas pour nous déplaire.

 La Katoch en action !

Une fois de plus, nous passons la nuit dans un endroit complètement désertique. Ici pas un signe de vie humaine ni même un oiseau à l’horizon. Assis sur nos valises pour préparer le souper, nous sommes surpris par le silence ! Lorsque nous nous taisons, pas un seul bruit ne vient perturber cet instant unique. Pas une mouche ne vole. Pas de voiture ni d’avion. Pas de vent dans les arbres… Juste nous trois et la nature dans toute sa simplicité.

Wild camping 
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28,29/03 JOURS 5 & 6

Nous nous réveillons dans le calme identique à celui qui nous a bordé la veille, le soleil et la chaleur en plus. De bonne heure, nous paquetons nos affaires et rejoignons la piste. Selon la carte, nous devrions bifurquer pour rejoindre une plus petite piste encore et rallier un point d’eau à l’entrée du village de TISSINT. Le sentier est repérable grâce à un tas de cailloux posés sur le bord de la piste. Nous nous engageons dedans sans certitude. C’est roulant même si quelques parties légèrement ensablées nous obligent à ralentir. Après quelques kilomètres de piste aux paysages imprenables, nous atteignons le point d’eau où nous prenons plaisir à nous rafraîchir.

Traversée d'un Oued non loin de Tissint 

Les dromadaires font désormais partie intégrante du décor, mais plus nous nous enfonçons vers l’Ouest, moins nous croisons de vie. Les villages que nous traversons sont morts, comme abandonné. Cependant, quelques détails nous mène à croire que des personnes vivent ici ; des ânes attendent leur propriétaire le long des routes, quelques enfants jouent dans les rues. Il fait très chaud. Sur nos motos, le vent nous rafraîchit. Mais une fois arrêtés, nous nous jetons sur le coin d’ombre le plus proche !

Les gens que nous croisons sont pour la plupart très accueillants. Les enfants sont souvent les premiers arrivés sur place lorsque nous nous posons. Le temps d’un instant et déjà plusieurs petites têtes brunes nous entourent, le regard curieux. Certains sont timides et nous observent de loin… d’autres sont plus fonceurs et viennent nous aborder ; « donne-moi l’argent » est la phrase qu’ils connaissent tous par cœur !

More than I've expected 
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30/03 JOUR 7

Nous décidons de rallier Tafraout, un petit village situé dans le Sud-Ouest du pays, connu pour ses rochers bleus ; œuvre abstraite réalisée il y a une trentaine d’années par un artiste Belge. Les routes goudronnées font de temps à autre place à de chouettes pistes. Souvent poussiéreuses, elles nous donnent bien plus de sensations que les routes modernes. Beaucoup d’entre elles sont d’ailleurs en construction. On peut donc très facilement imaginer que la plupart des routes principales et secondaires seront couvertes de goudron d’ici moins de 5 ans.

Le village de Tafraout est très agréable et nous décidons d’y passer une nuit afin de prendre une douche en camping et de découvrir l’artisanat marocain au sein du village. Cet endroit s’avère être avant tout connu pour sa grande production de babouches. Ces chaussures traditionnelles en cuir de chèvre ou de mouton, souvent pointues et colorées. Tout le monde ici en porte ! Robustes et résistantes, ils les appellent ici les BTT ; les babouches tous terrains. Jaunes pour les hommes et rouges pour les femmes. Je décide d’en acheter une paire pour mon frère qui en a toujours rêvé étant gamin ; 70 DH (environ 7€), je ne suis pas volée !

Le camping est rudimentaire mais convenable ; une enceinte murale, un terrain en terre battue, quelques prises extérieures pour recharger nos batteries et un accès aux sanitaires pour 50DH par personne pour la nuit.

Tafraout ; les rochers peints 


31/03 JOUR 8

Tafraout étant notre point le plus au Sud, nous entamons notre remontée de bon matin. Près de 400km nous séparent de Marrakech ; voici notre objectif pour la journée.

Les routes pour rejoindre la grande ville sont absolument magnifiques et surtout inattendues ! Pour la plupart nouvelles, ces routes de montagne nous offrent de belles courbes, des paysages grandioses et de très bonnes sensations de conduite. Nous contournons le Mont Toubkal, encore enneigé. Heureusement, malgré l’altitude que nous prenons, les températures rencontrées restent acceptables et déjà nous redescendons dans les vallées plus chaudes.

Les FUCKING BIKIES 

De temps à autre, nous prenons plaisir à couper nos moteurs pour profiter des longues descentes.

Les gens que nous croisons semblent sortir de nulle part ! Nous apercevons toutefois quelques habitations extrêmement rudimentaires ainsi que des campements de bergers dont on s’étonne de ne pas s’envoler vu la force du vent qui souffle dans certaines régions.

Plus nous nous approchons de Marrakech, plus nous croisons d’autres motards mais jamais nous n’avons croisés des gens chargés comme nous le sommes !

Nous arrivons à Marrakech sous une chaleur de plomb. Le trafic se densifie. Mais notre point de chute nous motive ; nous avons repéré (dans le guide du Routard), un endroit qui propose des places de camping pour 50DH la nuit dans un cadre idyllique !

Les Jardins d’Issil se situent à une 30aine de kilomètres du centre-ville. Nous y sommes accueillis par le jardinier. Les dires du guide semblent s’avérer vrais ; une piscine à débordement dans un cadre magnifique ! Nous ne tardons pas à plonger dans l’eau. Un serveur vient nous apporter des sandwichs et une bière ; le grand luxe !!!!

Les Jardins d'Issil  et sa piscine à débordement (Marrakech)

La démesure et le folklore de la ville valent le détour. Pour les marocains, abuser de la naïveté des touristes est tout un art ! On se fait tous avoir une fois, ensuite on s’aperçoit que tout le monde tombe dans le même piège et on en rit J C’est comme ça qu’un marocain nous emmène découvrir les tanneries. De belles explications, un intéressant tour des lieux de travail et enfin, un terminus dans la boutique de tapis évidemment ! Nous nous sommes fait avoir comme des amateurs, mais il faut avouer que le jeu était bien ficelé. Le tout est de savoir dire non et de refuser de payer les près de 500DH qu’ils nous réclament pour la visite…

 Souk de Marrakech
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01/04 JOUR 9

La route de Marrakech à Tanger est engloutie en une petite journée. 574 kilomètres d’autoroute. Nous nous arrêtons à Assilah, le long de l’Océan, pour manger un plat de fruits de mer sous le soleil.

La tombée de la nuit nous surprend non loin de Tanger. Il nous faut trouver un endroit pour dormir mais les habitations encombrent l’horizon. Peu de champs inoccupés. Nous finissons par trouver un bout d’herbe le long de petit ruisseau, derrière ce qui semble être un grand chantier industriel. Nous croisons un marocain a qui nous faisons comprendre que nous passerons la nuit ici. Ce dernier fait mine de comprendre et d’approuver. Nous montons la tente et nous endormons très rapidement vu les kilomètres parcourus…


02/04 JOUR 10

Retour à Tanger au petit matin. 1h30 de ferry et nous voilà déjà en Espagne. Ces dix jours de voyage autour du Maroc nous en ont mis plein la vue ! Quelques 3000 kilomètres parcourus entre monts enneigés et palmeraies. Passant de -3° à 35°. Une population très accueillante et souriante. Des routes tantôt magnifiques, tantôt un peu trop goudronnées à notre goût mais toujours un plaisir de rouler à travers ces paysages splendides ! Un trio qui n’a pas fini de voyager, de rouler, de découvrir les routes du monde entier.

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SO, GREG & JOHNNY