Lundi 18 juillet
Séjour durant 2 jours à la Picadora (comunidad de Mayajigua en Yaguajay), une communauté de 85 familles de paysans pour une exploitation de 800 hectares.
Le nom « Picadora » provient de l’exploitation d’une roche calcaire qui permet d’obtenir de la chaux. Ici, les gens pratiquent une agriculture raisonnée et durable, servant de modèle dans le pays.
Des étudiants de différents pays viennent étudier ce système d'agroécologie.
La communauté se situe dans la partie nord, au centre de l’île.
Les gens peuvent choisir :
- Avoir leur propre exploitation,
- Se mettre en coopérative,
- Travailler pour l’État.
Ils peuvent changer à tout moment. Les familles s’entraident, ou échangent des services. Par exemple, un paysan peut labourer le champ d’un voisin, qui en échange va lui donner du manioc. Les cultures sont principalement le manioc, le riz, les pommes de terre, le café, le maïs, le sorgo, et différents fruits tropicaux….
Chaque famille possède et travaille entre 10 et 30 hectares. La devise est : la terre appartient à celui qui la travaille.
Si une personne n’exploite plus la terre, le doyen de la communauté peut l’attribuer à une autre personne.
Les familles vivent en quasi autarcie. Cela va de la fabrique des briques à partir de l’argile ramassée sur place, à la construction des maisons, la fabrication de meubles, l’élevage et …bien entendu la production agricole.
La famille qui nous accueille n’achète aucun aliment. Elle échange avec d’autres familles, possède une réserve de riz, de farine, de maïs, … pour une année. Les poules, vaches, cochons…fournissent viande, œufs, lait au quotidien.
Durant la pandémie, les gens de la communauté n’ont pas été affectés par le manque d'alimentation. Dans les villes, l’État fournissait le minimum pour manger.
Côté éducation, les enfants n’ont pas eu classe en présentiel pendant 2 ans !!!
Ce matin, Titi, notre hôte, nous mène à l’épicerie de la communauté. Chaque famille reçoit pour l’année , des tickets de rationnement. Ce système sera développé ultérieurement.
La visite continue par le dispensaire où exerce une infirmière, une doctoresse et une aide soignante pour les soins de première urgence.. L’accent est mis sur la prévention. Une polyclinique prend le relais pour les problèmes plus graves. Les soins sont gratuits et les médicaments peu coûteux…mais très rares. Il est fréquent qu’on nous demande dans la rue du paracétamol ! Depuis la pandémie, la pénurie de médicaments affecte toute la population.
Nous nous dirigeons ensuite vers le four à chaux. Il sert à toute la communauté. Le calcaire, extrait d’une carrière, est transporté puis concassé ici. Une pyramide de roches concassées est érigée. En dessous de ce monticule, un feu est allumé pendant trois jours et trois nuits. La chaux est ensuite récupérée pour enduire les murs, désinfecter les enclos et fertiliser les champs. La cendre sert de potasse principalement pour les bananiers.
La matinée se termine par la visite d’un élevage de abeilles reines (250 ruches) et un échange avec les plus proches voisins.