J"ai principalement arpenté le Karnataka...Il est difficile de faire un petit mot après 6 semaines en Inde, tant le pays est grand et a été riche en rencontres et en découvertes.
Six semaines au Maharashtra, Karnataka et Tamil Nadu
Hyderabad
J'ai atterri à Hyderabad, dans le centre du pays, au Maharashtra. Ma première expérience a été très sensorielle : attaque de couleurs (vêtements, bâtiments, rickshaws...), explosion d'odeurs (épices, urine, déchets, encens), multitude de bruits (musique, klaxons, discussions animées), tout est accrocheur et ça me plaît. Je teste mon premier tour en rickshaw -- triporteur -- et me lance dans la mêlée. Les gens me regardent, mais souvent avec sympathie, et bien que je ne rencontre pas un seul blanc de mon séjour, je me sens bien. Les petites rues dans les quartiers musulmans me charment, et les gardiens d'un baobab vieux de 500 ans me laissent y grimper ...
Baobab, écoliers, quartier musulman, temple hindou, . Mumbai et Pune
Je prends un train de nuit pour me rendre à Mumbai. Je commence par un train en deuxième classe climatisé : le grand luxe. Je serai avec 5 hommes indiens dans la cabine, tout cela sans encombres et même avec la rencontre sympa de deux policiers de Bombay. A l’arrivée, j'ai le droit à une petite frayeur en me faisant rouler sur le pied par un taxi, le boulet ! Je m'en tire finalement avec un jour à boitiller et quelques hématomes. Je me voyais déjà en Inde avec des béquilles, la galère : chaque traversée de rue est déjà une prise de risque pour sa peau, même quand on peut courir ...
Il y a beaucoup de français à l'auberge. C'est une ville immense, l’occasion de tester les trains locaux, non sans m'y reprendre à deux fois : le temps de comprendre comment se passe l'achat des tickets et l'organisation sur les plateformes. Les trains sont bondés : à chaque arrivée d'une nouvelle navette, c'est la cohue pour s'engouffrer dans un wagon. Certains passent d'ailleurs le trajet en partie dehors, accrochés à l’extérieur de la porte, je trouve ça excellent. Par chance, les femmes bénéficient d'un wagon dédié, ce qui permet d’éviter les contacts rapprochés avec le sexe opposé. J'aime bien ces petites missions transports qui se reproduiront, aussi avec le bus.
Vous le verrez sur les photos, ici c'est la fin de la mousson, il fait donc bien gris.
De façon générale, on est quand même bien loin du Mumbai de slumdog millionnaire. Les indiens sont d'ailleurs assez critiques sur le film ; même s'il dépeint une certaine réalité. Mais, la misere est souvent cachée, et je ne me suis pas aventurée dans tous les bidonvilles.
Je n'ai pas particulièrement adoré cette ville, mais ce fut une découverte agréable. Je rejoins Puna, -petite- ville de 6M d'habitants, puis la ferme de Tushar pour une semaine d"échange avec Helpx.
Train de nuit, Temple, porte de Bombay, Mosquee, machine à laver à ciel ouvert Uddhar
Tushar a étudié l'eco-agriculture et l’éco-construction, et est charmeur de serpents à ses heures... Il vit dans un tout petit village du Maharashtra nommé Uddhar. C'est accompagnée de deux français très sympa, que je découvre sa vie et sa culture.
La ferme, dont le corps est une simple cabane de terre et de bois, entièrement ouverte sur l’extérieur, comporte une pièce de vie et un espace nuit ou l'on dort par terre, protégés par des moustiquaires. La terre de la région comporte les propriétés parfaites pour la construction -- bon % d'argile, et la plupart des maisons du coins l'utilisent, pour des bâtiments à un degré de finition variable.
Nous prenons les repas chaque jour dans le village, chez les parents de Tushar, à deux km de là, l'occasion de chevaucher la moto à l'indienne : à 4 et sans casque. Le père est prêtre hindou, tout comme les frères de Tushar. Tushar est marié depuis peu, sa femme vit au village avec les parents. Après les repas avec la famille, on participe aux soirées de Navaratri dans le village -- 9 jours de fête hindoue en octobre. Après quelques soirs, on se lance et on maîtrise les pas de danse et les claquements de bâton de bois, c'est une bonne occasion d’échanges de regards avec chacun des habitants.
On travaille assez peu, au rythme de la maison, principalement sur le projet d'agrandissement des toilettes sèches et sur la fabrication du compost. La saison des pluies n’étant pas terminée, le travail sur les plantations est en stand-by. L’expérience sera donc plus culturelle que professionnelle, mais c'est un super souvenir et je suis très contente d'avoir passé ce moment avec Gigi et Julien.
Je repasse par Pune au départ de Uddhar. Je suis accueillie par Anuja, une amie de Tushar qui va me faire visiter la ville sur son scooter - toujours Indian Style - et me faire partager un peu de son quotidien. Anuja a créé son entreprise, qui a pour objet d'aider les enfants de tous horizons à développer leur créativité, et leur confiance en eux. Cela passe par des interventions dans les écoles notamment. Pour découvrir ou soutenir son projet qui fait l'objet d'un crowd founding : https://www.impactguru.com/creative-confidence . Une chouette rencontre dont je me souviendrai. Merci de m'avoir fait découvrir la fameuse glace goyave saupoudrée de chili ...
Maison des parents, trajet, vers la ferme, la ferme, vie quotidienne, soirées de danse, a cascade, retour a Pune avec Anuja. Vijapura - capitale islamique du XVIeme siècle
Une jolie ville, très peu touristique...pour mon plus grand plaisir. Le bazar vaut le détour. Ce sera par contre, ma première expérience d’hôtel vraiment miteux, crado et avec la compagnie des cafards et puces.
Pour la parenthèse, l'Inde a quand même généralement une belle offre de logements, il faut juste être prêt à mettre le prix minimum. Sinon, on peut trouver des chambres pour presque rien, mais il ne faut pas s'attendre à des conditions sanitaires de fou : testé ! Dans certaines villes, on est bien logés pour moins de 5 euros, dans d'autres il vaut mieux mettre 10 à 15 euros si on veut du confort.
Bref, j'ai un peu oscillé, le plus souvent j'ai pris des dortoirs ou des hôtels de basse gamme, mais en essayant de ne pas tomber dans du trop dégueu... Après une semaine en Inde, on change un peu ses standards de ce qu'est l’hygiène -- aussi pour la nourriture -- et on ne s'en porte finalement pas plus mal 😀.
Badami - Capitale Chylukya du IIeme au VIIIeme siècle.
J'ai beaucoup aimé cette petite ville qui regorge de petites perles cachées un peu partout aux alentours - temples, belles pierre et jolies petites rues. Le petit plus : presque pas de touristes... Mais quand même des traces avec tous les enfants qui demandent des crayons.
Badami est aussi un site de grimpe. Il faut par contre apporter son matériel car je n'ai pas vu de structure qui proposait des sorties, dommage.
marche, village, temples, pattadakale et aihole Hampi - Ruines et ambiance touriste - hippie
Hampi est superbe, mais c'est l'incontournable pour tous les touristes du coin, du coup l'ensemble de la région est dédiée au tourisme. On a du mal parfois à se dire qu’on est toujours en Inde. L’atmosphère est hippie : logements dans des huttes sur le bord de la rivière, soirées fumettes et musique à volonté. Je loge au bazar central et ne parviendrai pas à faire le pas de la location de mobylette... Comme je n'ai jamais conduit de scooter en France, qu'ici on roule à gauche, et que les indiens sont des oufs du volant, je teste le truc avec un loueur mais je me dis que je préfère rester en vie ... un peu déçue mais je réessaierai !
Gokarna - Plage paradisiaque
Gokarna est une petite ville située au sud de Goa, très connue pour la plage Om-beach et son ambiance enflammée à partir de Décembre. J'ai pu trouver une chambre sympa sur la plage de Kudle, moins populaire que Om-beach mais à deux pas de celle-ci.
Plusieurs plages se suivent ; j'arrive à me baigner avec un maillot de bain -- youhou -- sur l'une d'entre elle qui est déserte. Pour le reste, ce sera habillée, pour limiter les regards et rester dans les mœurs indiennes.
Il est assez facile de trouver des coins tranquilles et la ville de Gokarna, centre de pèlerinage hindoue, est vraiment sympa. Je rencontre un voyageur indien à moto, avec qui je découvre la région, vraiment superbe. Tout est tres vert, plantations de bananiers et rizières se succèdent.
pêcheurs avant l'aube, logements, plage, moto, logement... Madikeri - au cœur des plantations de thé et de café
Je suis arrivée à Madikeri à la veille de festivités hindoues qui courraient sur 3 jours ... malheur ! tous les endroits sympa atteignables en transport étaient bondés. Et puis, je me suis retrouvée au centre des attractions assez vite -- ...de quoi m'enfuir assez rapidement de la cascade, du village bouddhiste de réfugiés tibétains, et des points de vue les plus populaires. Les indiens sont assez fans de selfies avec les étrangers.
Je trouve finalement quelques balades un peu plus intimes dans les plantations de thé et de café, ainsi que sur les monts de la région. Ce sera ma première attaque par les sangsues, qui traversent mes chaussures fermées, les coquines !
Bylakuppe, Madikeri Mysore - ville d'artisans
Kodaikanal - une ferme dans les montagnes
Ma dernière étape indienne sera dans le Tamil Nadu, état un peu plus conservateur - traditionnel que le Karnataka. Cet état garde des marques de la colonisation française et le christianisme y est assez présent. J'ai un peu honte d'avouer ma nationalité, mème si tout cela est loin maintenant.
Sur les conseils d'un indien de Mysore, je me rends dans une ferme perdue dans les montagnes, qui pratique la permaculture, et offre à la location différents logements tous éco-construits suivants différentes techniques. Amateurs de calme, de Yoga et de méditation, trouvent là-bas un véritable havre de paix, chose bien precieuse en ce pays !
Je rencontre Alex, un anglais qui s'est installé en Inde depuis une dizaine d’année et a construit sa maison rêvée, un dôme en structure bois -technique américaine - , dont les façades sont en pneus remplis et enduits de terre. Il parvient à une autonomie énergétique grâce à des panneaux thermiques et photovoltaïques. Ses eaux usées sont traitées par les plantes avant rejet. L’intérieur est entièrement en terre, cirée au sol : l’atmosphère est très chaleureuse, saine. Bien qu'à 1500 m d'altitude, Alex n'a pas eu besoin d'allumer le poêle d'appoint en 5 ans. Une belle réussite qui donne envie - la vue en prime !
La ferme : http://www.karunafarm.in/
Le site sur la technique de construction du dôme d'Alex: http://www.groundhouse.com/
La ferme, et en dernière ligne la ville de Kodaikanal. La nourriture
La nourriture indienne est très épicée, et ce, dès le petit déjeuner, il m'a fallu une bonne dizaine de jours pour m'y faire et apprécier. Beaucoup de plats sont végétariens, les hindous ne mangeant pas, ou très peu de viande. Il s'agit souvent de mélanges à base de légumes cuits, et de yaourt (curd), que l'on mélange à du riz ou que l'on saisit avec des galettes (chapati, roti, naan). La règle est de manger avec la main droite uniquement, la main gauche étant dédiée aux activités impures. On s'y fait vite mème si au début, je mettais pas mal de riz à cote de ma bouche. Ça m'a au moins oblige à prendre le temps pour manger !
On trouve aussi, souvent pour le petit déjeuner des masala dosa, larges crêpes de riz croustillantes fourrées aux pommes de terres. On peut aussi opter pour des Idli, petites boulettes de mie de riz, trempées dans les sauces épicées. Ou, du coté de Bombay, pour des vada pav, beignets de pommes de terre épicés, dans un petit sandwich brioché.
Pas mal de stands de rue font la qualité gustative de l'inde, avec beaucoup de délicieuses specialités frites, des snacks, et surtout des coconuts à boire, des jus de fruits frais, ou des lassis glacés à tomber par terre... tout ça pour moins d'un euro. Et près du littoral, de délicieux poissons frais ...
Ceci explique cela, je quitte l'Inde avec quelques kilos supplémentaires, bien loin de l'amaigrissement que l'on m'avait prédit 😀. Je n'ai mème pas été malade.
repas, cuisine, pani puri, repas, puri, masala dosa, masala et chapathi, thali, fish byriani, fish a Mangalore, non_veg thali.
C'est la fin...
Après six semaines en Inde, je me retrouve bien loin des clichés de l'indien harceleur, de l'Inde dangereuse et des morts dans les rues, que l"on m'avait contée. A part à Mysore, je n'ai pas été confrontée à des tentatives d'arnaques particulières. En étant couverte - jambes et épaule - comme les indiennes, j'ai été regardée, comme tous les occidentaux, mais vraiment rarement avec des yeux pervers. Les indiens aiment créer le contact, entre eux et avec les étrangers, ils sourient beaucoup. L'Inde du sud m'a montré le visage d'un pays animé et sympathique, ou l'on fait moins de chichis que chez nous. Ça donne un peu la nausée des fois, de voir les gens se moucher sans mouchoir, cracher, roter, mais bon, ce n'est qu'une différence culturelle, ils se laissent respirer ...
La misère est palpable et l’économie dynamique ne profite pas à tout le monde, ça m'a brutalement secouée aux détours de mes déambulations.
Mais l'Inde c'est bien ça, un pays brut que l'on doit prendre dans son entier, avec ses cotés hyper chiants et ses grandes satisfactions. Je reviendrai car je n'ai vu qu'une toute petite partie de ce grand pays ....
Et après ...
Je suis partie de Bangalore, vers Rangoon, en Birmanie, aujourd'hui. Le choc ... du retour dans un pays relax. Ça fait du bien. Je n'ai pas trouvé de volontariat ici malheureusement.
C'est la première fois que je me rends dans un pays avec autant de tensions internes. Le jeu sera d'essayer de faire vivre la petite économie, et non d'engraisser le gouvernement, en faisant les bons choix de dépenses. Plusieurs régions ont subi des conflits armés en octobre et je vais composer mon périple avec ça. Rangoon dégage une belle énergie, c'est une belle entrée dans ce nouveau pays.