Apres un an sur les routes d'Europe, d'Asie et en Australie ; je poursuis mon voyage. Voici mes premiers mois de prof d'anglais, au cœur de l' état Karen indépendant.
Juillet 2017
24 semaines
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Après un séjour de deux mois en décembre 2016, janvier 2017, au cours de mon voyage itinérant en Asie et Australie, me voila de retour en Etat Karen en Birmanie. Je m'y étais rendue pour aider une médecin allemande installée la bas, à construire des maisons en terre. Depuis Juillet, j'ai entame l'année scolaire dans le même petit village et camp militaire de l'armée rebelle, en tant que prof d'anglais.

Triste record comptabilise par le peuple Karen ; avec la plus longue lutte au monde pour la liberté de son peuple contre l'oppression birmane : près de 70 ans. La création de l'état indépendant Karen, aujourd'hui en cessez le feu avec les birmans, constitue un espoir aussi mince que la bande de terre récupérée a la frontière Thai - Birmane : celui de la liberté, loin de l'oppression Birmane. Le chemin est encore long, malgré une apparente ouverture de la Birmanie.

Une femme du village tisse son nee, le sarong Karen.
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J’avais commencé un petit journal sur ma vie de prof d’anglais. J’ai tout perdu suite a un échange malheureux de clés usb … J’ai donc choisi d’afficher essentiellement quelques photos, et juste un peu de texte pour l'instant.

Arrivée après deux jours de vélo

Entrée en état Karen

Je découvre essentiellement la vie de la jungle, parmi les locaux, car je suis maintenant la seule occidentale au village (hormis la docteur allemande installée dans la région depuis 15 ans). Un vrai choc des cultures, donc, et pas toujours simple a appréhender. Des moments de solitude, parfois, alors que la communication est difficile avec des gens qui ne parlent pas anglais, et mon Karen balbutiant. Des moments dépaysants, souvent, lorsqu’un serpent ou un scorpion s’invitent chez moi, quand un éléphant ou un ours se balade au village, ou a la vue des défilés militaires Karen. Un apprentissage d’une autre vie, la cuisine au feu, les douches habillées au milieu du village, l’absence d’électricité, la vie de prof dans une école où les élèves savent a peine que la terre est ronde... le tout au rythme de la saison des pluies !

A l'école

mes élèves

 Au village

Mes familles Karen ...

Une situation fragile 

Je suis toujours en contact avec le général du camp, qui m’avait relancée pour enseigner après mon séjour en décembre-janvier. Il vient chaque semaine, entre autres déplacements dans les autres camps militaires, qui délimitent l’état Karen indépendant de la Birmanie. Il m’emmène à certaines manifestations militaires, comme la journée des martyrs, qui commémore tous ceux qui ont laissé leur vie pour la liberté du peuple Karen. J'apprendrai après cette journée que l'armée birmane s'est invitée a plusieurs manifestations, et les a interdites. Les tensions s'accroissent, et les soldats se préparent à se battre à nouveau, pour préserver leur culture et leurs terres.

La journée des martyrs, brigade 5, Karen indépendant state

Sortie avec Mirja

Mirja se marie la semaine prochaine avec un Karen, je prendrai des photos du mariage traditionnel !

Avec Mi ma et Felix  sur la moto. papillon énorme !

La nourriture traditionnelle Karen

La base est simple : riz, pate de piment, auxquels ont peut ajouter au gré des possibilités : du bambou, des herbes, des fleurs de bananier, des œufs frits, et parfois de la viande. Elle peut être de toute sorte : poulet ou poisson, le plus souvent, mais aussi mouton, chèvre....et serpent, singe, lézard, tout ce qui se mange. Certains mangent aussi du chien. Pour l'instant, j'ai goûté du rat sauvage, du singe, et du serpent. Tous très bons ... Et quand c'est offert, dur de refuser !

ma cuisine, repas avec pee pee et pu pu, dog fruit et pousse de bambou, repas avec les enfants.

La suite au prochain épisode (je n'ai pas d'accès internet au village, ce qui est un peu difficile).

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 La ceremonie des martyrs 

Chaque année, les Karen se réunissent pour se remémorer les héros de leur peuple. Je me suis rendue le 17 août à la brigade 5, accompagnée de deux francais de passage au village. L'un est un vieil ami du général, l'autre est membre d'une ONG qui a apporte des fournitures scolaires à l'école. Les tenues traditionnelles et les selfies sont de rigueur !

Les tenues Karen traditionnelles sont toujours rayées. Rayures horizontales, pour les sarongs et les t-shirts féminins. Rayures verticales, pour les sacs et les t-shirts masculins. Pour les autres ethnies de birmanie, les motifs sont différents, cela aide à les différencier. Le blanc est réservé aux femmes non mariées. Je trouve ces tenues très jolies, même si marcher avec un sarong n'est pas de tout repos : j'ai toujours peur de le perdre !

Les autres photos sont dans l'article précédent ! 

 Les éléphants  

Ils sont de retour au village ! Ils travaillent chaque matin pour transporter le bois depuis la jungle. Au lever du jour, à l'entente des clochettes, je lève le nez depuis ma moustiquaire, et je les vois passer tout près ... J'aime beaucoup ces animaux, qui respirent la force et l'intelligence. Les Karens sont connus depuis toujours pour leur maîtrise des éléphants, qu'ils domptent pour les aider à travailler dans la jungle, luxuriante et montagneuse. Face à des réalités de terrain, il est difficile de faire considérer nos points de vues occidentaux sur le statut des animaux, car ici utiliser ou manger un animal est plus ou moins de l'ordre de la survie... De ce que j'ai vu, les Mahouts (maîtres des éléphants) les traitent bien, et leur laissent des périodes de liberté pour se nourrir dans la jungle.

Thanaka karen (écorce d'arbre brun+eau) ; elephants 

Mariage de Mirja et Cheetan     

Le 31 août, une amie allemande s'est mariee avec un des Karen du village. Ils vivent maintenant a Mae Sot. La cérémonie a été tres simple : quelques discours, avec un pasteur, et une signature, suivis d'une bouffe à 10h. Et hop, les voilà mariés ! Encore une fois, la tenue traditionnelle est de sortie.

Photos de mariage. 

Je suis restée à Mae Sot quelques jours, car mes étudiants n'avaient pas cours. Ils ont passe leur premier examen d'anglais avec succès cette semaine (c'était facile...). Après le mariage, je dois passer la frontière birmane pour renouveler mon VISA pour un mois.

Le pont frontiere vers Myawaddy, en Birmanie 
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...suit son cours. Le village a été très tranquille pendant un mois suite au départ de soldats qui suivaient une formation 'morse' pendant deux mois. Plus de 'bip bip biip' a 5h du matin ! Et moins de gens avec qui échanger ..

A l'émerveillement des premières semaines ont succédé des périodes tantôt d'ennui, tantôt d'animation.

- des invités surprises : un scorpion s'invite dans mon lit (et me pique) ; un soldat bourré qui entre chez moi la nuit (je n'ai pas de murs ni de porte, ca aide pas) (l'alcool est officiellement interdit au village, mais certains traversent la rivière pour des soirées plus animées !) >> flippant le mec, j'étais prête a me battre mais il s'est enfui ;

- des scènes irréalistes : des éléphants qui traversent la rivière a la nage, avec des bouées, et tractés par un bateau ; un villageois qui se balade torse poil avec sa perfusion au bout d'un bambou dans une main, et un gun dans l'autre main (j'ai loupé la photo ..) ; grand-père a la jambe coupée (a cause d'une mine), au sourire rouge de bétel et qui récite la bible ...

- de nouvelles aventures culinaires : de l'écureuil et de la taupe asiatique (que j'ai mangée sans savoir ce que c'était...).

Et entre tout ca, des moments ou je me creuse la tète pour m'occuper, sous la chaleur écrasante de l'après-midi. Chaleur écrasante, chaleur de plomb, je comprends mieux maintenant, l'image de lenteur qu'on accole souvent aux sociétés tropicales. C'est définitivement un boulet mental et physique avec lequel il faut composer ! Et encore, c'est pas la saison chaude ...

Village et alentours


Karen song
La petite maison dans la prai-riz. Balade autour de Mu Aye pu

Et un aller retour au Laos, pour renouveler le visa ! Empreinte coloniale française marquée a Savannakhet, petite ville a la frontière Thaï.

Savannakhet



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La saison des pluies s’éloigne, le soleil est de retour ! Les villageois ont finalisé leurs plantations (haricots, ocras, courges et choux) et la récolte du riz a débuté. La vie de la jungle s'écoule, les villageois vaquent à leurs tâches du quotidien.

Chili et coconut


Jeux des galets qui s'apparente un peu aux billes

Je vis depuis un mois avec trois autres profs Karen, dans ma grande maison en bois. La vie s’est un peu animée, car les locaux sont moins frileux pour faire des visites, et je suis mieux informée des évènements du village. Entre autres activités de jardinage, on joue au badminton, les filles cuisinent les produits locaux et j’ai pu me joindre a des parties de pêche et à la récolte du riz.

bosser pour manger, manger pour bosser !

Deux volontaires Français sont arrivés au village pour travailler avec Sabine, ils logent non loin de notre maison. C’est chouette de pouvoir parler un peu la langue natale !

A l'école

A l’école, les examens de trimestre approchent, avant les vacances du mois de décembre. Je poste ci-dessous de très belles photos qui ont été prises par Sylvain, qui est venu au village il y a quelques mois pour apporter des fournitures scolaires. Il reviendra en Juin avec son association, pour garantir l'approvisionnement pour la nouvelle année !

a l'ecole, cuisine, visite d'un ancien leader Karen avec le général  Nerdah.

Le 18 décembre, aura lieu le nouvel an Karen : un grand évènement avec des chants, des défilés, des danses et des combats de boxe. Pour le reste du mois, qui est chôme a l'école, je dois affiner mon programme...

Bref, un coucou de la jungle, le calme de ses nuits, le bruit des insectes et le cri des geckos, les bruissements de la jungle, le grondement de la rivière, les chants des villageois, les sourires et l'amour des enfants.

Mais grimper, manger des bons fruits et légumes bios locaux pleins de vie, vivre la fraicheur humide et vivifiante du vent marin, bouger sans suer, avoir ma cuisine, me sentir libre dans la montagne, voir ma nièce ... 17 mois loin de France, et un cœur qui prend racine ici aussi. Le retour en 2018 sera difficile !!

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L'hiver approche, les journées chaudes contrastent avec la fraicheur des nuits. Le mois est passé a toute vitesse, entre la préparation des examens, les cours particuliers, et les activités avec les colocs.

Avec les volontaires

Mes trois colocs ont fait une école de bible (c'est très populaire ...) et sont donc capables d'animer une messe. Aller a l'église est donc un rendez-vous presque incontournable... J'y vais quelques fois, en m'esquivant presque toujours avant la fin, prétextant (ce qui est vrai) que je ne comprends pas et que c'est un peu chiant pour moi.

On y a chanté Hey Jude avec les volontaires Français (qui sont partis mi-novembre). Lulu s'est ensuite essayée, avec brio, sur Boogie Woogie de Eddie Mitchell : ) Pas très religieux, mais ca passe.

église

Cuisine : le bamboo sticky rice

Petite parenthèse recette : la cuisson du riz collant en bambou ; easy et délicieux !

- Couper des bambous dans la jungle. Voir photos (a cote, des bambous shoots !)

- les remplir avec le riz collant préalablement trempé pendant 4h dans de l'eau.

- Ajouter quelques cuillerées de lait de coco au fur et a mesure du remplissage.

- Compléter avec de l'eau, jusqu'au bord.

- Fermer le haut du stick avec une feuille de bananier.

- Cuire 1h au feu ; laisser refroidir et peler le bamboo comme une banane !

Bamboo sticky rice

Sport

Les volontaires se testent au caneball, ce jeu phare en Birmanie ; entre volley et foot ... On peut utiliser la tête et les jambes pour renvoyer la balle en bambou de l'autre cote du filet. Les plus doués font de très belles acrobaties. On remarque un des gars qui a une prothèse (mines), et qui se débrouille très bien. Il est impressionnant, il fait tout !

les gaw lah wah au caneball

Balades

Petites virées balades, et pêche, avec les colocs.

RAS - everything allright

Vie du village 

Les chercheurs de wa-oo grimpent tous les jours dans la jungle et reviennent le dos charge de ces grosses racines consommées en légume d'accompagnement.

En dessous : un petit soldat, dans une maison traditionnelle Karen, toute en bambou !

c'heu mi ti
c'hila bwa ga nyaw

Examens finis !

Les examens de deuxième trimestre ont été passés avec succès ... Retour en Janvier !

examens, et l'équipe des profs

Tour en Thaïlande

Le mois de décembre est chômé. La plupart des élèves et des profs sont rentres dans leur village avec leur famille, qu'ils voient parfois très rarement. J'en ai profite pour enfourcher un scooter et aller a la découverte de la Thaïlande Karen, au nord de Mae Sot.

Qu'est ce qu'elle a, ma gueule ?

Apres un virage, je me suis retrouvée nez a nez avec une voiture en contresens que je n'ai pas pu éviter. Une belle peur, un casque détruit, et un bel œil au beurre noir ... Je me retrouve un peu ralentie dans mon programme, j'ai pris le temps du repos a Mae Sariang avant de continuer mon petit périple d'une semaine.

Double face, montagnes, et une super vue de la chambre ! (Khun Yuam)

Mae Sariang > Mae Chaem > Khun Yuam

Le riz a été récolté. Les paysans font de la paille et des brulis.

Butterfly pea (jus et the). La fleur teinte joliment les breuvages.

La région de Chiang Mai bénéficie d'un climat particulier, et la région est très agricole. Elle est notamment connue pour ses tomates.

Sur la route de Mae Chaem
Sur la route de Mae Chaem depuis Mae Sariang

Champs de tournesols sauvages. superbes.

Autour de Khun Yuam

Au prochain numéro : le nouvel an Karen !

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Karen New Year : des jeux ...

Le 18 décembre, a été célébré le nouvel an Karen. Chants danses, discours, ont eu lieu dans la soirée, suivis le lendemain d’un défilé en honneur des soldats (qui sont bénévoles et volontaires). Un évènement qui permet aux Karen de célébrer leur culture haute en couleurs.

Festivités du soir (Photos Felix Rosay)

Karen New Year 18

Défilé du matin

Du pain ...

Nous avons profite du repis de la période de Noel pour construire un four dans une des cuisines, avec Thomas, un volontaire Français débrouillard. Terre, sable et bois, suffisent a construire un dôme solide et durable.

On a testé ensemble les baguettes, qui se sont avérées un succès. Quelques semaines plus tard, j’ai pu cuisiner des pizzas, du pain, un gâteau au chocolat, et un banana bread. Chauffer le four nécessite un peu de bois, mais une fois le four chaud, la cuisson est hyper rapide !

Vie du village

Encore du Caneball (les soldats sont plutôt bons)

Et quelques sorties après Noel.

La fin de l'école...

Début janvier a sonné le retour à l’école, puis mon départ. Les profs et les élèves ont concocté en secret une petite cérémonie : chants, discours et cadeaux… C’est le cœur gros et la tête pleine de souvenirs, que je quitte ma deuxième maison.

le dernier jour d'école..
des chansons

À vivre simplement, j’ai découvert ces 6 derniers mois la joie de vivre pour les autres et des autres, pas que pour moi.

Ils me manquent déjà beaucoup.

Ma famille m’a rendue visite au village, puis nous avons passé 12 jours ensemble en Thaïlande ! L'occasion d’une bonne détente avant mon depart en Australie. Eh oui, les poches sont vides, et il est temps pour moi d’aller de l’avant vers d’autres aventures. Et je sais que mes pas se joindront encore à ceux du peuple Karen, tôt ou tard !

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Visite de mon village a la frontière birmane

Relax

Camp d'éléphants Karen a Mae Sot

Balade, bouffe, bain avec les éléphants

Les jolis temples de Sukhothai

Plage

Back to Bangkok

and Back to Australia !

Début du boulot lundi prochain ...