Lundi 24 août 2020
Ce matin tout le monde est motivé pour partir tôt, on se lève donc de bonne heure. Todos en el coche para vivir la vida loca en España. Oui mon espagnol est approximatif, mais il a le mérite d'exister. Notre premier stop a lieu à San Sebastian. Pour être honnête, avant d'y mettre les pieds je pensais que cette ville était en France. Nous entamons notre visite sur les coups de 10h00, place Gipuscoa. C'est en fait un très joli parc relaxant, avec marre aux cygnes, palmiers, saules pleureurs, petit ponton qui passe au dessus du ruisselet. Parfait pour se réveiller en douceur. En plein milieu du parc flotte fièrement le drapeau basque.
La balade se poursuit le long de la plage de la Concha, en partant du nord. Nous sommes au parc Alderdi Eder. Ici on s'arrête prendre quelques photos car le cadre est magnifique. D'un côté on voit l'imposante mairie de San Sebastian, de l'autre la promenade sur la plage, et plantée au milieu de la baie, l'île de Santa Clara.
Par chance, et comme depuis le deuxième jour du voyage, la météo est avec nous. Nous profitons de la promenade de la plage en tout en essayant de trouver un endroit où bruncher. À vrai dire il n'y a pas grand chose d'ouvert à cette heure-ci, on retourne finalement vers le point de départ où il nous semblait avoir vu quelques cafés ouverts. Effectivement, l'un d'entre eux nous satisfait, nous entrons dans le modeste café La Habana. C'est à moi qu'incombe la tâche de commander en espagnol, misère. "Un cafe con leche, una agua, esto, esto... por favor". On réussit quand même à avoir ce qu'on voulait, victoire. Mes honneurs au serveur qui a réussi à tout décoder. Je me retrouve donc avec mon assiette protéinée et mon café au lait que je prends le temps de déguster. C'est simple, mais c'est bon. Il y a une machine à sous juste derrière notre table, mais mon traumatisme à Saint-Jean-de-Luz fait encore effet. Je me contente donc de payer et de dire merci avant de partir.
Nous faisons un bref arrêt à la cathédrale du Bon Pasteur pour se rafraîchir un petit coup. Je pense avoir été clair sur l'intérêt que je porte aux cathédrales, et bien pour le coup je ne suis pas déçu par celle-ci. Je la trouve bien plus fastueuse et impressionnante que celle de Bayonne. Je me surprends même à y faire quelques photos.
Ce que j'aime faire lorsque j'explore un nouvel endroit, c'est trouver un spot en hauteur pour avoir un visuel sur toute la zone. Et à San Sebastian, ça tombe bien, il y a le château de la Motte placé tout en haut d'une colline d'où surplombe une statue de Jésus. C'est donc logiquement notre point de visite suivant. Il y a 20 bonnes minutes de montée sur des pavés, c'est un peu sportif. On y croise un cycliste fou qui entreprend le chemin en danseuse, tout le monde est impressionné. À mi-chemin, on s'arrête déjà à un point de vue sympa donnant sur la mer et la ville pour y faire quelques photos.
Durant tout le trajet, on remarque plusieurs fois la phrase "Tourists go home" écrite au feutre sur les panneaux ou sur les arbres. Cela laisse supposer que les habitants de la ville doivent avoir quelques soucis avec les touristes l'été. Nous, on se contente de se promener et de faire tourner les commerces locaux, promis. Nous atteignons le sommet du château en passant par des petits couloirs médiévaux en pierre. Effectivement, la vue ici est imprenable. Koceila en profite pour faire décoller son drone au dessus de la baie et du Mont Urgull sur lequel nous nous trouvons. La première pierre de la construction du bastion défensif a été apportée au milieu du XIIème siècle. Nous avons affaire à un bon vieux castillo.
Sans grande surprise, la descente se fait bien plus aisément que la montée. Avant de quitter les lieux, nous prenons le temps de traîner dans les petites boutiques touristiques qui s'offrent à nous. Je m'arrête à une échoppe dont la vitrine m'avait déjà tapé à l'oeil à l'allée. Il s'agit du Duck Store de San Sebastian, une boutique remplie de canards en plastiques de tous les styles. Il y a le canard-Hulk, le canard-Angela Merkel, en passant par le canard-basque local. Mon choix se porte sur le couple super-canard et super-canette, ils ont du style ! Dans la même rue, on s'arrête prendre un petite glace chez Loco Polo. À première vue on dirait de simples glaces à l'eau rectangulaires, en réalité ce sont des crèmes glacées à texture presque gluante proche du slime, c'est assez surprenant. Il y a un large choix de parfum, on peut ensuite la tremper entièrement ou à moitié dans du chocolat, puis dans différents toppings. Ma combinaison à moi sera Baileys avec moitié de chocolat au lait, formidable.
À présent il est temps de bronzer un peu, il nous faut trouver une plage. Nous continuons de parcourir le nord de l'Espagne vers l'ouest dans l'axe de Bilbao. Juste avant la ville, nous repérons un spot intéressant, à l'ouest de la ville de Sopela. Nous garons la voiture sur un parking en hauteur, et enfilons nos maillots de bain en utilisant la fameuse technique de la serviette. Depuis le bord de la falaise, nous avons le choix : à gauche, une plage naturelle avec de beaux rochers et de la végétation, peu de baigneurs. C'est la plage de la Sopelana. À droite, une plage un poil moins jolie, plus fréquentée mais plus large avec une zone de baignade contrôlée. Celle-ci s'appelle la plage Arrietara. Nous jouons la carte de la sécurité et nous dirigeons vers la plage de droite. Nous apprendrons plus tard que la Sopelana est en fait une "playa nudista".
Serviettes et crème solaire étalées, on fonce comme des animaux dans les vagues. Ici pas de trempage de nuque en douceur, le PDC ne se fait guère prier. C'est notre premier contact avec l'eau salée depuis le début des vacances et il était temps. La plage est assez familiale, on voit beaucoup de parents avec leurs enfants ou jeunes ados. Je n'entends pas un mot de français, nous sommes les seuls touristes ici. La zone contrôlée n'est pas très grande, ce qui fait qu'on est un peu les uns sur les autres, à moins de s'écarter du bord. Le courant est assez violent, on se sent tiré par l'océan et il faut lutter de temps en temps pour se remettre dans l'axe. Le but du jeu est de bien capter une vague et de se jeter en avant à l'horizontale en serrant les abdos pour se faire porter le plus loin possible. C'est comme du surf mais sans planche, enfin je crois.
Lassés après une petite heure dans l'eau, nous retournons nous la dorer sur le sable. Tel est mon rituel à la plage : une seule et unique baignade à l'arrivée, puis séchage et bronzage. Ensuite on avise. Dans notre cas, nous enchaînons en jouant au Uno et au Poker menteur. Thomas nous dégomme à tous les jeux. Le soleil n'est pas trop fort ce qui permet de parfaire le bronzage sans risquer de finir la journée rouge comme un touriste flamand (peace les belges). Nous décidons de foutre le camp pratiquement au couché du soleil. Ce qui évidemment amène à une session photo/drone, d'autant plus que le paysage ici est assez splendide.
Nous effectuons la technique de la serviette reverse, et repartons de plus belle vers notre destination finale : Bilbao. Comme il fait déjà nuit et que nous avons encore 2 heures de route pour le retour, nous ne ferons que manger ici finalement. Nous sommes affamés et ne faisons donc pas les difficiles ce soir. Notre choix se porte sur un burger bar apparemment populaire en Espagne : Le Goiko. L'intérieur me fait un peu penser à une salle de billard underground de Miami, ça me plaît. Les burgers de la carte ont l'air très physiques, mais comme je l'ai déjà dit, nous avons grand faim. Téméraires, nous commandons donc deux entrées pour commencer. Un plat de nachos ou tortillas ou je ne sais quoi, bref des chips de maïs avec guacamole et cream cheese, puis un plat de tenders de poulet avec pommes de terre sautées. Bien sur, le tout accompagné du traditionnel cocktail. Ce soir ce sera un cocktail exotique à base de rhum, liqueur de banane et gingembre. Très franchement, en temps normal une telle portion devrait largement suffire à remplir les estomacs de quatre jeunes hommes. Mais c'est les vacances non ?
J'annonce donc au serveur qui fait l'effort de parler anglais le nom de mon burger : La bomba sexy. Comprendre "bombe calorique". Entre deux gros buns, on est sensé y trouver un pavé de fromage américain frit, des tranches de bacon, un steak haché, des champignons, de la mayonnaise fumée et une feuille de batavia pour les légumes. Et comme si ça ne suffisait pas, des frites de patate douce sont déposées à côté avec une sauce blanche toujours plus grasse. J'attaque la bête. À la première bouchée, j'ai pleine conscience que je ne terminerai jamais cette assiette. A ma gauche, Thomas est également en grande difficulté, il demande à l'aide pour que l'on pique dans ses frites. En face, Koceila y va lentement mais surement. Alexis lui est dans la tourmente et perd une dose de plaisir à chaque croc.
Mon burger n'a plus aucune forme, je ne distingue plus rien, ni le steak, ni le fromage, ni même le sens de la vie. Je le tiens à une main, semi-conscient, tête baissée. La raison nous quitte, nous entamons un fou rire causé par le ridicule de la situation et l'accumulation de fatigue de la journée. Et plus on rit, plus les plats refroidissent, plus il est difficile de progresser, plus on rit. La boucle est bouclée. Par un miracle inexplicable, je réussis à terminer mon burger. Seules les frites seront emmenées en doggy-bag pour le lendemain. Malgré notre état, le serveur a l'audace de nous proposer un dessert, proposition que nous déclinons instantanément. Muchas gracias et on se casse.
Blague à part, tout est bon dans ce restaurant. Seul le cocktail ne m'a pas vraiment convaincu. Les serveurs sont aimables et font l'effort de parler une autre langue, le cadre est sympa. Et puis on s'est quand même bien marré. Avant de rejoindre la voiture, on s'autorise une petite promenade digestive sur une place avec des jeux type toboggans, balançoires etc. Il y a pas mal de jeunes dehors, l'endroit a l'air sur, même de nuit. Pour finir cette journée haute en émotions, je dors durant tout le trajet du retour dans la voiture, probablement avec le petit filet de bave au coin de la bouche, celui qui octroie un maximum de charisme. En même temps, la journée de demain est assez sportive, il ne faut donc pas négliger le sommeil.