Carnet de voyage

The Great Canadian Road Trip

48 étapes
12 commentaires
De Montréal à Vancouver en Van, et probablement bien plus loin :D
Août 2019
100 jours
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Il était une fois, au plat pays de la poutine, des belles filles et du sirop d’érable, un jeune matelot prêt à braver les flots. Un matin, il s’était convaincu de retourner en son pays natal de la fondue, des montagnes et du cholocat. Hélas, sa carte de crédit ne voulut point honorer sa transaction pour son billet d’avion. Tant pis, se dit le jeune matelot, si les airs ne m’ouvre pas leur ailes, c’est peut être un signe qu’il n’est pas encore temps de rentrer à quai.

Quelques jours passèrent, où le matelot avait comme besogne de s’occuper du Navire. C’était un fameux trois mats, tout équipé, pouvant contenir des gallons d’eau et des reserves de nourriture pour parcourir des milliers de kilomètres. Prenant sa besogne à coeur, le matelot décida de s’installer vivre dans le navire. Il jeta l’encre dans la cité comptoir de Verdun, où il prit le temps de relaxer et de surfer. Eh oui, car au pays des cariboux et des fèves aux lards, il est possible de surfer dans la rivière enchantée. Le jeune matelot apprécia si bien son séjour dans le navire qu’il décida de se lancer à l’eau: il racheta le navire à la princesse pour la somme de milles piastres d’or. Son voyage débute ici, et nul ne sait où il se terminera…

Les préparatifs

Comme disait Tournesol “toujours plus à l’ouest”. C’est décidé, le jeune matelot partira en direction des montagnes Rocheuses. Pour son pélerinage, il planifie de traverser le plat pays pour finalement y atteindre les montagnes promises. Il profite de son séjour dans la cité comptoir pour y faire ses préparatifs. Il s’offre une boussole dernier cris, une trousse de soin et une casserole. Qu’y a-t-il d’autre à préparer? Pas grand chose étant donné que le navire est tout équipé.

Pour une meilleure flottabilité, le matelot décide de n’emmener avec lui que le minimum nécessaire, il fait le tri et finit par donner deux gros sacs d’habits à des oeuvres de charités. Vous ne pensiez pas qu’il possédait autant d’habits ? Lui non plus. C’est fous le nombre de biens matériels qu’on accumule au file des années.

Les adieux

Vendredi 9 Aout

Pour célébrer son départ, le matelot organise une grande fête dans son parc préféré. Il y invite ses amis pour boire et manger, jouer de la musique et rigoler. À un moment donné, l’orage éclate et des pluies diluviennes s’abbattent sur la fête. Pas question d’y mettre fin, le matelot sort une toile et tout le monde s’abrite en dessous. On chante des chansons en attendant que la pluie cesse. La pluie se calme, une partie du groupe est partie mais les plus braves sont restés. Il fait froid et on est mouillés, on s’en va donc se réchauffer à chateau Frieder. La soirée se poursuit en chansons jusqu’au petites heures.

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Le jeune matelot se réveille dans la chambre jonchée d’amis qui dorment de tout bords tout cotés. Après ces quelques heures de sommeil, on se réveille et se donne des calins d’adieux. Le jeune matelot s’en va rejoindre son navire le coeur gros. Il commence la journée par une petite sieste avant de démarrer son périple.

Il traverse de merveilleux paysages, forêts et lacs. Le jeune matelot s’arrête dans la sympathique bourgade de Arnprior pour y passer la nuit. Il y rencontre d’autres voyageurs natifs de Neuchatel. Le monde est petit !

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Dimanche 11 Aout

Le deuxième jour il s’enfonce dans la forêt pour rejoindre le rassemblement. La forêt est vaste mais le chemin est indiqué par des arc-en-ciel peint sur des pierres aux intersections. Il arrive finalement au campement principal marqué par un drapeau coloré indiquant Welcome Home – Bienvenue chez vous.


Le rassemblement est un événement gratuit financé par des dons. Le jeune matelot fait donc dons de quelques sacs de vivres. Le campement est habité par environ 300 personnes de tout ages, jeunes, vieux et enfants. La cuisine principale fournit deux repas végétaliens par jours, suivit par des annonces et le chapeau magique (pour y faire des dons en argent). Les repas commencent en cercle de chansons où on se tient par la main autour du feu sacré. La nourriture est servie par des volontaires. Pour des raisons d’hygiène, seul les serveurs touchent les plats. Les mains sont désinfectés par une solution au vinaigre et citron. Une pompe entrainée par un vélo suivit d’un système de trois filtres assure l’aprovisionnement en eau potable pour le camp. Il y d’autres espaces communs plus petit servant de la nourriture et du thé. Il y aussi un jardin d’enfant pour donne un peu de répit aux parents.

Le site est magnifique, le camp est à la lisière de la foret, à cheval sur une plage bordant un lac. Sur le lac se trouve l’ile de l’amazonite, une petite ile ronde où on y trouve de petites pierres vertes. Tout est basé sur le partage et le volontariat, certaines personnes organisent des ateliers de yoga, de peinture, de massage, de danse... J’ai ainsi pu m’essayer à la danse balladi et à l’acro yoga (yoga à deux). Certaines personnes disent que c’est l’endroit au monde où on a le plus de liberté. Il n’y aucune obligations, ni même l’obligation de s’habiller.

Mes journées commencent par des étirement sur la plage, suivi d’une natation dans le lac pour se rafraichir. je vais ensuite aider à la cuisine ou motiver les cuisiniers avec de la musique. C’est très intéressant d’être en cuisine et de faire l’assaisonnement d’une marmite de 40 livres. S’ensuit le repas où je prends plaisir à fair le service avec Samuel. Les soirées se terminent en chansons et danses autour du feu. J’aime beaucoup le petit espace de thé Chai animé par Yoanne, un jardinier nomade. Les nuits sont fraiche alors je passe la soirée avec ma grosse couverture en laine sur les épaules. L’avantage c’est que je finit par m’endormir n’importe où était donné que j’ai ma couverture avec moi. J’ai ainsi passé plusieurs nuits à l’espace de thé Chai et d’autres nuits sur la plage.

Les rassemblements Rainbow sont habituellement basé sur la pleine lune où se tient une longue soirée. Pour l’événement, tout le monde s’active en cuisine, on fait un gros repas. J’ai souvenir de cette magnifique scène médievale où je suis en train de couper des patates en cuisine avec d’autres gens, motivés par une violoniste et d’autre musiciens jouant du folklore québécois. Des hommes partis bucher du bois pour le grand feu reviennent en transportant des tronc d’arbres par groupe de six. La soirée commence après le repas du soir. On commence par crier nos intentions pour la soirée à l’unisson. Tout le monde sort son tambour ou jembé, on jette des troncs d’arbres dans le feux pour le faire grossir. Les percussionistes se tiennent à l’extérieur du cercle et les danseurs se placent à l’intérieur. Le feu est un brasier ardent, les danseurs sont en feu, certains fumant leur transpiration. Je me joint au groupe, j’enlève mon chandail. Les percussions sont entrainantes, je tourne sur moi même pour me faire rotir de l’autre coté. Lorque je suis bien chaud, je cours vers le lac pour me refraichir. Je fais la planche, j’observe les étoiles, le ciel est beau. Je retourne me faire sécher par la chaleur du feu. Je finis la soirée au salon de thé Chai où je m’y endors.


Le lendemain de pleine lune est une matinée de silence pour méditer pour la paix dans le monde. Je m’installe donc sur le plage. Le silence prends fin lorsque la parade des enfants fait le tour du camp. Puis la journée continue comme à son habitude.


Après plusieurs jours à me dire que je partirai le lendemain, je prends le baton de parole à la fin du repas. J’annonce que je m’en vais dans l’ouest en van et que j’invite les personnes intéressées à venir me parler. Je fais donc la connaissance de Rebecca qui habite à Vancouver et qui fera le voyage avec moi.

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Rebecca vient de Témiscaming, le village à la sortie de la forêt. Nous passons donc la première nuit chez sa mère. Je recontre ses deux parents, qui vivent séparément. On passe d’abord chez son père, qui se met sous le van et me dit de graisser le sélecteur de vitesse. Il est très intéressé par ma maison sur roue, on le dirait même prêt à me l’acheter. On passe ensuite chez sa mère, Yvette, qui nous donne une montagne de nourriture. Pour nous, elle cueille des carottes dans son jardins. Elle est toute contente de parler français avec moi. Témiscaming est à la frontière entre le Québec et l’Ontario et la plupart des gens délaisse la langue française après l’école obligatoire. On en profite pour se laver dans une vraie douche et faire une lessive.


Lorsque j’ai demandé à Rebecca si elle était prête à partager les coûts liés à l’essence, elle m’a répondu qu’elle possède actuellement neuf dollars dans sa poche et qu’elle est prête à jouer de la guitare pour remplir l’essence. Je me dis que si je voyage tout seul, je vais payer la totalité de toute façon. Je lui répond donc que je suis partant pour jouer de la guitare à la station service avec elle.


Le lendemain on passe la matinée chez sa mère avec son copain Tim. Lui et moi on joue un peu de guitare sur la terrasse pendant que Rebecca minimise les affaire qu’elle prend dans le van. Puis c’est le moment des adieux. Tim joue "don’t leave me baby" et Yvette, comme toutes les mères de ce monde, laisse couler une larme.

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On roule jusqu’à Sudbury. Le paysage en chemin est joli, mais je ne vais rien vous cacher, Sudbury ressemble à un alignement de centre d’achats avec gros stationnements. Vu que Rebecca voyage à trèèès petit budget, on fait le tour des poubelles des centres d’achat.


Oui oui, en excusivité pour vous, je décide de ne rien filtrer dans mon carnet de voyage. Au passage, non, je n’ai pas pris de drogue au rassemblement Rainbow, bien que les gens s’echangaient des champignons magiques comme des petits pains. La couleur bleue électrique du brevage magique (que je n’ai pas touché) nécessite tout de même d’être mentionnée.


Revenons à nos moutons, ou plutôt à nos poubelles. On déniche du fromage, des patates et de la confiture, certe, passés de date mais beaux et encore emballés. Cette abondance de nourriture commestible dans les poubelles me fait réaliser que notre système est basé sur la surconsommation. Lorsqu’on sait que d’autres populations à travers le monde souffrent de malnutrition, ça à de quoi remettre notre système sociétal en question.


On décide de passer la nuit sur le stationnement du Walmart. Walmart, qui est un excellent exemple d’abondance, est connu pour tolérer les caravannes sur son stationnement pendant la nuit, l’idée étant que les gens qui dorment vont ensuite dépenser leurs sous dans le centre d’achat.


Le lendemain, on va faire un changement d’huile car le van en a besoin. Les employés du garage sont tous indiens et pakistanais. Ils sont simpathique et nous offrent du café. Je joue un peu de guitare et déjeune dans le van pendant qu’ils font la vidange.


Rebecca me dit qu’un ami à elle sera à Sudbury dans l’après-midi. En l’attendant je lui propose d’essayer de remplir l’essence avec sa guitare. Je suis à vrai dire très curieux de savoir combien d’argent on peut ramasser en jouant de la musique. On se place donc au coin d’une station service, chacun avec notre guitare. On commence à jouer de la musique qu’on a pratiqué la veille, sous l’oeil intrigué du pompiste, lui encore indien. On ramasse en tout un gros dix dollars après une heure de musique. C’est intéressant mais ça ne vaut pas le salaire d’ingénieur. Je suis néanmoins sûr qu’on pourrais ramasser plus avec un peu de pratique.


L’ami de Rebecca propose de lui acheter un billet d’avion pour Vancouver. Elle accepte volontier étant donné qu’elle paie un loyer là-bas. Elle se dit que le plus tôt rentré, le plus tôt elle pourra recommencer à travailler. Je la laisse donc à Sudbury avec toutes ses valises. Notre temps passé ensemble fut bref mais c’était très intéressant de partager un autre mode de vie. Adieux Rebecca, on se reverra en Colombie-Britanique.

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J’approche de Sault-Sainte-Marie. En reliant les villes de cette manière, une étrange impression de faire partie du jeu “les Aventuriers du Rail” me traverse l’esprit. Pas question de repasser une nuit sur un stationnement de Walmart, je fais donc un petit détour sur l’ile Saint Joseph pour y passer la nuit. Juste avant de traverser le pont, une magnifique petite île me sourit. Je bifurque à droite et empoigne mon savon bobo-écolo-biodégradable. C’est l’heure d’une petite douche dans la rivière avant que les nuages noires ne se transforment en tempête.

Je passe la nuit dans la marina de l’ile St Joseph. C’est très venteux, je ferme donc les fenêtres. Après une bonne nuit de sommeil, je fais une petite séance de yoga sur le ponton de la marina. Après ce réveil de bonne heure, direction Sault-Sainte-Marie et la frontière avec le Michigan!

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Lundi 19 Aout

Après avoir passé la frontière sans encombre, je traverse une partie du Michigan. C’est plat… très plat. Je chante pour passer le temps. Je fais une épicerie en chemin puis je continue vers l’ouest. Je m’arrête à un point de vue sur Grand Island et le lac Supérieur, avant de me chercher un endroit pour passer la nuit dans une bourgade dénomée Christmas. Je fais plusieurs camping qui sont hors de mon budget (i.e. plus que 0$) ou alors complet. Je profite d’une plage d’un camping que je visite pour y faire saucette. L’eau est clair et fraiche. C’est un plaisir de se dégourdir les muscles après avoir passé plusieurs heures vissé sur le siège à conduire. J’opte finalement pour dormir sur le stationnement d’un casino. Oui car au pays du bacon et de la douzaine d’oeufs à un dollar, il est possible de trouver des casino de les endroits les plus reculés. Les casinos tolèrent les caravannes sur leurs parking pour que les joueurs puissent dépenser leurs sous jusqu’au petit matin sans avoir à ce soucier de l’endroit où dormir, sachant leur lit à quelques pas. Tant mieux pour moi, je profite de la situation pour avoir une place gratuite pour la nuit.

Au petit matin, je vais faire une petite course à pied au bord de la plage agrémenté de quelques étirements. En revenant à ma maison sur roue, j’ai la joie de découvrir que je suis stationné en face d’un pommier. En cherchant bien je finis par en décrocher une rouge pour la route.

J’aime conduire au petit matin, c’est là que je croise le plus d’animaux. J’ai ainsi pu admirer des cerfs, un renard qui avait attrapé une proie et qui m’a dévisagé comme un enfant surpris les babines pleines de chocolat, et des échassiers comme des hérons mais portant un petit masque rouge. Toujours par deux ceux-ci.

Après une heure de conduite, je fais le plein d’essence. Je réalise que j’ai la monture idéal pour parcourir le pays de l’oncle Sam. L’essence me revient au prix imbattable 0.93 CAD/Litres (0.70 CHF/Litres). Le territoire est vaste et les transports en commun inexistant. Les rues sont larges pour y accomoder des maneuvres dignes d’un éléphant s’adonnant à de la gymnastique et le pays contient bon nombre de camping gratuits, lorsqu’on sait où les trouver.

Cette station d’essence se trouve dans une ville plutôt jolie. A vrai dire, une des rares jolies villes depuis que je suis sur la route. Je décroche le vélo et je fais un petit tour. Marquette, ancienne cité minière, possède des pistes cyclables dont je suis très reconnaissant de pouvoir emprunter. Les batiments s’entremèlent entre pierres rouges, pierres blanches et briques. Je passe devant le batiment du Mining Journal, puis je pédale jusqu’à la digue, et finalement sur la digue. Je longue ensuite les plages puis je me perds dans les quatiers résidentielles pour rejoindre le centre ville où ma maison m’attend sagement.

Je reprends ensuite la route en direction du Wisconsin, mais après un gros vingt minutes de conduite, je pique du nez. Je m’arrête donc pour faire une sieste dans le lit douillet qui équipe ma monture. À mon réveil une dame me donne la dernière crème glacée de son paquet. “Prends la, elle est en train de fondre et nous n’avons pas de frigo”. Merci madame, vous tombez à pic. La vie n’est elle pas pleine de surprises ?

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Trois heures de route après la crème glacée, soit environ une vingtaine de biscuits au beurre d’arachide et deux chapitres du livre audio The Call of the Wild (pauvre Buck!), les panneaux publicitaires affichent une heure de moins que ma radio. Joie, le vecteur temporelle s’est mis en marche au moment où mes panneaux solaires ont accumulé 2 virgule 21 Gigawatts, je remonte donc le temps... Oui, bref, c’est une journée de 25 heures pour moi, et il y en aura d’autres. J’arrive à la cascade de la rivière à patate qui m’offre un camping gratuit. Je n’invente rien ici, je ne fais que traduire “potato river falls”. Cette belle cascade sera ma douche pour ce soir.

Le lendemain, réveil matinal encore une fois. Je décide de prendre le volant avant de manger, le petit déjeuner sera une occasion pour faire une pause de conduite. Je m’arrête après deux heures de route à un centre d’information pour visiteurs. Je fais quelques étirements et je cuisine mon bacon. Je passe ensuite un peu de temps dans le centre d’information. Je discute avec le type qui y travail, la soixantaine, barbe blanche peu entretenue. Il me dit que c’était son anniversaire hier. Bon anniversaire sympathique Monsieur. Je le questionne sur Minneapolis, il me répond qu’il a grandi là-bas et que c’est une belle ville pour y faire du vélo le long du fleuve Mississippi. Il me laisse aussi feuilleter un guide des parcs americains. J’apprends qu’il y a un canyon au Dakota du sud ainsi que des grottes, j’irai y faire un tour. Il finit en me donnant une carte avec un iténéraire tracé à la main le long de la rivière Sainte-Croix. Chouette, une carte ! Je jette mon téléphone au fond de mon sac, je n’en ai plus besoin pour aujourd’hui.

Je longe donc la rivière Sainte-Croix. Je me dégourdis les jambes au parc des Glacier Potholes (nid-de-poules en français). Le nom vient des glaciers qui ont creusé la roche en se retirant. Je continue ensuite jusqu’à la simpathique bourgade de Stillwater pour y faire une halte.

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Je roule en direction de Minneapolis et je finis par me stationner sur un grand centre commercial dans l’optique d’y passer la nuit. Il est encore tôt alors je décide d’explorer la ville en vélo. Après une petite heure de bicyclette, je me rends compte que la ville est plus grande que prévue. J’arrive seulement à Saint-Paul qui est la soeur jumelle de Minneapolis. Il me faudrait une autre heure pour atteindre Minneapolis. Je n’ai pas l’énergie de pédaler trois heures de plus (en comptant le retour) et la piste cyclable n’est pas tant agréable, flanquée entre l’autoroute et le chemin de fer. Je retourne donc à ma maison en serpentant des quartiers résidentielles.

Après un bref repas dans le van, je regarde le plan. Je suis à 7h de route de Pierre, ma prochaine destination. Je décide de m’avancer un peu dans cette direction. Je conduis encore une heure et demi jusqu’à atteindre un Walmart. À mon arrivée il fait complement nuit, je laisse la priorité à un lapin qui fait des bonds sur la route. Je jette un oeil au ciel étoilé qui est magnifique loin de la pollution lumineuse. J’ai conduit en tout sept heures aujourd’hui et demain sera une autre grosse journée derrière le volant.

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Jeudi 22 Aout

En choisissant la route 14, la plus direct pour atteindre Pierre, le chef lieux du Dakota du sud, je m’enfonçais dans les prairies. L’avantage de la route 14 c’est qu’il n’y a personne, ormis quelques camions. Le désavantage ? Well, il n’y personne. Pas d’aire de repos, pas même un arbre pour fournir de l’ombre pour une petite sieste. Je finis quand même par faire une pause sur un stationnement sans ombre pour entrecouper les six heures du trajet.

Je finis par atteindre Pierre, épuisé et en sueur. C’est une jolie ville bordant la rivière Missouri, je stationne le van sur l’ile Laframboise. Je fais ensuite quelques pas en centre ville pour me change les idée. J’ai besoin d’une douche, je m’essaie à la piscine municipale mais elle est déjà fermée. Pour palier au manque de motivation pour me faire à manger, je m’offre le luxe d’une bouffe Mexicaine. En attendant d’être servi, je feuillette des magasines touristiques. À ma grande surprise, il y a pleins de belles choses à découvir au Dakota du sud, la plupart dans la direction où je m’en vais, joie !

Le lendemain, réveil matinal, je fais une petite gymnastique au bord de la rivière Missouri, puis je m’en vais en direction de Badlands. Deux heures de route plus loins, j’entre dans le parc national, j’achète le pass pour un an étant donné que je prévoie faire plusieurs autres parc nationaux. Le premier virage est époustoufflant, les Badlands sont des colonnes de roches colorés du rouge au blanc. Je prends une collation devant ce paysage surréaliste. Je continue ensuite dans le parc, je passe des montées, des point-de-vues et des cols. Je fais ensuite quelques pas dans ce sol aride et je m’assoie au sommet d’une petite colonne. Je remarque d’abord les quelques arbustes verts qui survivent à ce climat sec. Je remarques ensuite des petits oiseaux ainsi qu’un rongeur qui renifflent le sable. Leur mode de vie reste un mystère pour moi, mais je suis content d’avoir vue de la vie dans ce désert.

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Vendredi 23 Aout

Après les Badlands, je prends la direction de Rapid city. À la vue des milles annonces publicitaire pour des attrape-touristes, je me dis que je vais y passer bien rapidement. Je finis par prendre l’autoroute de contournement pour éviter ça. L’entrée dans les Black Hills, montagneuses et pleines d’arbres verts fait contrast avec les prairies. C’est beau et les routes sont sinueuses. J’ai besoin d’une douche encore plus qu’hier. Je demande donc à centre d’information un lac pour me baigner. Je rejoins le lac Lakota au plus vite. Une fois encore, ma salle de bain est magnifique, iréel et intouchée. Je me refraichis avec soulagement. En partant je ramasse le peu de déchets qui trainent pour remercier l’endroit de m’avoir ouvert ses bras.

Le soir je rejoins un estpace de campement pour grimpeurs. C’est un plaisir de voir du monde, je vais pouvoir être social ce soir. Je m’essaie d’abord avec deux étudiants, mais ils en sont pas très bavards. Je rejoins ensuite deux grimpeurs venus de l’Iowa avec des bras trois fois les miens. Ils ont l’air simpathiques. Edward et Joe me proposent d’aller escalader avec eux le lendemain. On verra bien ce que ça donne, mais j’ai l’impression que ce sont des pros et que je vais suer.

Je profite de la soirée pour aller au mont Rushmore en vélo qui est à quelques miles seulement. Eh oui car le stationnement coûte 10$ pour les voitures, profitons donc du vélo. Un sentiment de liberté m’envahit à serpenter ainsi la montgne à vive allure, dans la fraicheur de la soirée. Une fois au mémorial, c’est une scène patriotique qui s’offre à moi. Les visages des quatres présidents sont illuminés dans la nuit. Une bande sonore raconte les exploits de George Washington. S’ensuit l’hymne national avec une pliage de drapeau sous les applaudissements de la petite foule.

Réveil aux aurores pour une petite collation avant d’aller grimper. Le site de grimpe est composé d’une multitude de colonnes de rocs, telles des tentacules sorties de terre. On passe la matinée à grimper toutes sortes de faces. À ma grande surprise, leur niveau est à peu près similaire au mien. On fais donc les mêmes routes. Ils m’apprennent des bonnes pratiques, des noeuds etc. Ils continuent à grimper dans l’après-midi, moi j’opte pour une sieste et une baignade au bord d’un petit lac. Je retourne aussi au mémorial pour remplir ma bouteille d’eau. À mon retour j’ai le plaisir de croiser un bouc blanc.

Le soir après le souper, mes deux amis me proposent d’aller faire une session d’escalade de nuit. Je prends ma lampre frontale et je les rejoins. L’escalade de nuit est assez différente car la zone de visibilité est restreinte par la lampe frontale. Il est aussi parfois difficile d’éclairer ses pieds. C’est une expérience très intéressante et pleine d'adrénaline.

Avant d’aller nous coucher, nous passons un moment à observer les étoiles. Edward qui a étudié en musique il y a une trentaine d'année, joue un air de flute qui sonne magiquement sous le ciel étoilé.


Le lendemain, réveil matinal encore une fois. Nous allons grimper les plus hauts rocs du site, culminant à une trentaine de mètres. Vers onze heure, Joe et Edwards reprennent la route, pour eux c’est la fin de leur weekend et ils leur restent 9h de route avant de rentrer chez eux. Je me joins donc à un autre groupe plus jeune. R.J., Alissa et Courtney. Ils m’aprennent à faire de la décalade en solo. Cette maneuvre est utilisée lorsque le dernier grimpeur nettoie la route, il enlève tous les mousquetons en descendant. En fin d'après-midi, je les remercie pour leur companie et je prends la route en direction du Wyonming.

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Dimanche 25 Aout

Après trois heures de route, j’atteins Devils Tower, un bloc de 300 mètres de haut sorti falliquement des plaines. Autrefois appelé le tipi des ours par les Amérindiens, c’est un lieu sacré. Je décide d’y aller à vélo pour éviter de payer l’éventuel stationnement. L’entrée est payante même pour les vélos, mais le ranger me dit que c’est un jour gratuit aujourd’hui. La route contourne la tour, ce qui me permet de la voir sous tout ses angles. Je remarque un chemin en terre plus direct, utilisé par les randonneurs. Le silence de mon vélo me permet de passer devant plusieurs cerfs sans les effrayer. Je monte la côte lentement sous leur regards intrigués.

La tour semble sortie du sol comme par magie noire laissant au passage un monstrueux amas de blocs de pierres. Le tout est composée de colonnes rectilignes verticales accentuant le sentiment de hauteur.

J’entreprends de faire le tour du sentier à pieds mais après une vingtaine de minutes le vent se lève et l’orage menace. Je décide donc de rebrousser chemin et d’enfourcher ma bicyclette. Pour gagner du temp je m’embarque sur le chemin en terre fait pour les randonneurs. Grossière erreur, car mon vélo de route n’apprécie guère les roches qui ressortent du chemin. Je dois descendre du vélo à plusieurs reprises, faisant la course contre la noirceur et l’orage. Le diable en personne fait gronder sa colère et des éclairs violacés éclatent au loin. Je continue ma descente effrenée sous la pluie avec les éclairs qui se rapprochent. J’atteins péniblement la route asphaltée, puis je me dirige en quatrième vitesse vers ma maison. Lorsque je l’atteins finalement, c’est une pluie diluvienne innondant le stationnement qui m’acceuil.

Un fois au sec, je me cherche un endroit pour la nuit. Je décide de me stationner dans la bourgade nommée Sundance. Je me cuisine un repas chaud puis je me mets dans les draps pour finalement me rendre compte que le toit du van prends l’eau et que la moitié du lit est trempée. Pas grave, je n’utiliserai que la moitié du lit ce soir.

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Lundi 26 Aout

Yellowstone est à environ six heures de route, mais je n’ai pas le goût de conduire autant aujourd’hui. Je vise donc un point à mi-chemin sur la carte. Voyons donc… Bighorn National Forest est environ à mi chemin et il a des emplacements de camping gratuits. Je fais un arrêt à Gillette pour y faire ma lessive et profiter du WiFi. Puis je prends la direction de l’ouest, comme toujours. Je questionne le bien fondé de mon voyage. Que suis-je venu chercher ici ? Sur ces routes toutes plates ? Soudain à l’horizon apparait les montagnes Rocheuses. Hourra ! La montée qui s’ensuit est phénoménale. La température du moteur s’élève avec l’altitude. Les virages offrent une vue dans la plaine sur plusieurs centaines de kilomètres. Je passe un col, puis je conduis encore une heure dans la montagne, mes doutes ayant laissé place à l’admiration de la montagne.

Je m’arrête pour la nuit sur un emplacement de camping à 2500m d’altitude. La nuit va être froide. Je sors la couverture en laine de l’armée russe que nous avions acheté dans un magasin militaire à Montréal. Nous avions hesité entre ce modèle et le modèle de l’armée suisse, qui était moins chère mais moins épais. J’avais choisi le modèle russe en me disant que j’allais par une froide nuit me remercier d’avoir choisi le plus chaud.

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Mardi 27 Aout

Après la descente de la montagne, la traversée d'un village de 93 habitants nommé Shell et quelques lignes droites, j'atteins Cody, la ville fondée par Buffalo Bill. Je visite donc le musée dédié en son honneur. Il est écrit sur l'entrée qu'il faut déposer ses armes à feu au comptoir... C'est la que je réalise que je suis au far west.

Le musée comprend une énorme collection d'armes à feu, une section dédiée aux Amérindiens, une section sur la faune locale, une autre sur l'art western, un jardin avec des rapaces blessés et bien sur une section sur les Wild West Shows.

Étant dans le far west, j'en profite pour aller voir un Rodéo. Plusieurs sports sont à l'affiche, rodéo sur un cheval, rodéo sur un taureau, course à cheval, capture de vache au lasso et capture de vache en équipe, le tout très impressionnant.

Pendant la pause, un clown invite les enfants à entrer dans l'arène. Deux vachettes avec des foulards autour de leur queu sont lachés et les enfants se ruent après pour recevoir une récompense. Ça aussi c'est wild!


Le soir, je me trouve un coin confortable dans la montagne, j'observe les étoiles un moment sous la couverture russe. Je songe à passer la nuit dehors mais je finis par aller me coucher dans le van.

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Mercredi 28 Aout

Ah enfin, autre chose que de la route! Je passe en tout quatre jours à Yellowstone. Le parc est énorme et se fait bien en voiture. Les Bisons et les rennes (elks) créent des embouteillages sur la route. Pas de stresse, je me stationne sur le bas coté et j'observe les bisons en me cuisinant des pâtes. Je fais ensuite une randonnée au dessus du canyon de Yellowstone avec vue sur les cascades.

En soirée je rencontre un couple, Richard et Sophie, qui fuit le Brexit. Le lendemain je fais une longue randonée avec eux. La plaine est déserte hormis quelques ossements de rennes.

Yellowstone est connu pour ses activités volcanique, on y trouve des bassins fumants et de l'eau en ébullition un peu partout dans le parc. J'assiste à l'éruption du Gyser Old Faithful avant d'aller m'enfoncer dans la forêt pour une nuit à la belle étoile en solitaire.

La nuit en forêt n'est pas de tout repos, sachant les bêtes sauvages qui habitent le parc: ours noirs et grizzly, loups, bisons et j'en passe. J'oberve donc les étoiles à l'affut des moindres bruits.

Au matin je visite le Grand prismatic. Je me suis levé tôt pour pouvoir l'admirer sans une horde de touristes. Mais arrivé au point de vue il n’y a que de la brume à l’horizon. Je me cuisine donc des oeufs avant d’y retourner vers 10h.

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Samedi 31 Aout

Je descends vers le parc National du Grand Teton. Le soir je campe au bord d’une rivière où il est possible d’y plonger depuis la falaise d’environ 5 mètres. Je rejoins un groupe de jeunes de la région qui soupent au bord de la rivière. Ils me disent qu’il était possible de rejoindre le sommet du Middle Teton en randonnée.

Le lendemain, réveil de bon heure pour l’ascension du Middle Teton. Les locaux m’ont dit qu’il y a de la neige par endroit. Je met donc une grosse veste dans mon sac. Un litre d’eau, des barres de céréales, un restant de riz et des sardines en boite. La randonnée pour atteindre le sommet fait environ 20km aller retour, mais compte un dénivelé de 2000m ! La deuxième moitié est faite de roches empilée due aux éboulements, ce n’est pas vraiment un chemin et de fait la progression dans ce terrain accidenté se fait lentement. La progression se fait de plus en plus lentement avec l’altitude et la pente de plus en plus raide. À court d’eau proche du sommet, un groupe de jeunes remplit ma bouteille avec la leur. De mon départ à 9h, j’atteins le sommet à 14h30. La vue est époustoufflante. Du haut de ses 3902m, le Middle Teton est le troisième plus haut sommet de la région après le Grand Teton et le Mont Owen. La descente se fait par endroit sur les fesses dans la neige qui persiste. C’est une première pour moi de faire de la luge en été.

Le soir, je campe au départ des randonnées et je rencontre Emilia et Alex qui viennent de Boston. On partage nos victuailles et on admire les étoiles.

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Lundi 2 Septembre

Pour éviter de retraverser le parc de Yellowstone, je passe par l’Idaho. Je monte le col Teton où le van chauffe dangereusement. S’ensuit des plaines et des collines avec vue sur l’utre versant du Grand Teton. Je dors finalement sur un site de campement partagé avec l’enclos des vaches.

J'ai traversé l'Idaho en vitesse. J'ai par la suite rencontré quelqu'un qui m'a dit que l'Idaho est vraiment beau, mais que les gens n'en parlent pas pour garder ce coin de pays pour eux. J'essaierai donc d'y retourner.


Vu que je n'ai pas grand chose à dire sur l'Idaho et que nous sommes la fin du mois, je vous propose un petit topo de mes dépenses. Si celà vous intéresse bien sûr, personne ne vous retient de passer au chapitre suivant.

Vous remarquerez que sur les 1150$ CAD du mois d'aout (à partir du 6 aout), plus de la moitié sont brûlé en essence. Oui je suis d'accord avec vous, c'est dégeulasse, d'autant plus que je suis tout seul dans le véhicule. Les loisirs comprennent l'entrée au USA et l'entrée pour les parcs nationaux, le musée Buffalo Bill et le Rodéo. L'épicerie c'est la bouffe, les douzaines d'oeufs à 1$, et la viande à 4$ le kilo. Ça aussi c'est dégeulasse, j'ai décider d'acheter des oeufs de poules élevées en plein-air, environ trois fois plus cher. Les extras comprennent les crèmes glacées à 4$ et les cookies et chocolats chauds qui me permettent de m'installer dans des cafés pour plusieurs heures afin de rédiger le blog et d'autres projets. La section autre englobe principalement des outils pour le van et le vélo, des produits pour la trousse de soin et le p***** de spray à ours à 45$! Que j'ai décider d'acheter, car j'allais regretter d'être aussi radin le jour où je me retrouverai nez à nez avec un ours. Pour avoir les dépenses totales, ajouter à cela 60$ d'assurance santé, 40$ pour le forfait téléphonique et un autre 60$ pour l'assurance du van... je pense que c'est à peu près tout.

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Mardi 3 Septembre

Ce prononce “Mezzoula”. Jolie petite ville hippie qui me fait penser à certains quartiers de Montréal. La rivière qui traverse la ville fait une vague qui peut être surfée. Malheureusement, le niveau d’eau de la rivière est assez bas en ce moment alors je me suis contenté de me rafraichir dans l’eau. Je vais dans un café bobo pour travailler un peu sur le blog. Un vieux monsieur un peu trop amicale me tient la jambe. Il me dit qu’il était pompier pour les parcs nationaux, puis garde forestier. “Ranger” en anglais, juste ce mot me fait rêver. Mais il n’aimait pas ça car il ne s’entendait pas avec sa hiérarchie, me dit-il. Bref, nous taillons le bout de gras pendant une bonne heure et mon blog n’avance pas beaucoup. Il me dit que demain soir aura lieu un concert gratuit au bord de la rivière. Je décide donc de rester une journée de plus.

Le lendemain je retourne à la rivière et quelqu’un est en train de surfer. Je vais donc lui parler. C’est un touriste qui à loué une planche de surf, mais il n’arrive pas à surfer la vague qui est trop petite. Il me propose d’essayer avec sa planche de location. J’accepte volontier. Fiasco total, la planche touche le fond de la rivière et en perd un aileron. C’était simpa d’essayer, mais vivement d’arriver à l’océan pour faire du vrai surf!

Le soir je vais faire un tour au concert gratuit. Un groupe joue de la musique country. C’est pas mal mais il n’y a que des vieux. À défaut de vouloir intéragir avec les gens présent, je décide de marcher le long de la rivière, ma guitare à la main. Une voix m’appelle “joue nous un morceau de musique”. C’est une fille d’un groupe d’enfants assis en cercle. L’animatrice me dit qu’ils sont un groupe de l’église méthodique et que je n’ai pas à répondre à la demande de la petite fille. Je lui réponds que je jouerais un morceau avec plaisir. Je joue donc un peu de guitare entouré de ce cerlce d’enfants, pendant que l’animatrice fait un débriefing de la journée. Un autre groupe m’attire, composé d’une multitude de gens de mon age faisant des grillades. Je me joins donc à eux. Une demoiselle me dit que c’est un groupe étudiant qui fête la rentrée scolaire et que je suis bienvenue de me servir un burger. Ainsi soit-il, je ne lui fait pas répéter deux fois! Je finis la soirée en socialisant avec le groupe d’étudiants.

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Jeudi 5 Septembre

Je conduis quatre petites heures pour atteindre le parc national de Glacier toujours dans le Montana. Une piste cyclable coupe une partie du parc. Je détache donc le vélo et je me balade du centre d’information au village au bord du lac en passant par des ponts sur la rivière turquoise. Je fais ensuite saucette dans le lac. Je suis le seul fou à me baigner dans ce lac plutôt rafraichissant.

Je m’arrête pour une crème glacée et je questionne un couple dans la cinquantaine sur leur parfum préféré. Le monsieur me répond d’essayer la “Huckleberry” qui est une sorte de mirtille endémique au Montana. Au prix de la crème glacée, je demande à la crémière un échantillon de ce fruit inconnu. Plutôt bon, ce fruit est subtilement marié avec un gout crémeux. Je déguste donc ma crème glacée en regardant le soleil descendre au dessus des montagnes. Ayant complété la lecture des nouvelles de Maupassant, je me cherche un nouveau livre dans la boutique souvenir. Un couple qui vient de Virginie me recommande l’histoire de Lewis et Clark. C’est l’histoire véritable des deux aventuriers qui ont exploré l’Ouest américain sous l’ordre de Thomas Jefferson, le but était de rejoindre le Pacifique par voie maritime. Ils me racontent que les animaux chassés dans le roman sont aujourd’hui exposés dans la demeure de Thomas Jefferson en Virginie. Il ne m’en faut pas plus pour me convaincre, je le prends.

En fin d'après-midi, dans l’amphithéatre extérieur, une Ranger donne un exposé sur la formation des montagnes environnantes. Les glaciers en transportant des sédiments, ont creusé les vallées en forme de “U” par frottement de ses sédiments avec le sol rocheux. Elle nous explique aussi que l’eau coulant du parc des glacier se jette dans l’océan Pacifique, l’océan Atlantique, et la baie d’Hudson au Nord.

Le soir, je vais camper en dehors du parc où je recontre un groupe de quatre Slovaques, dont trois demoiselles plutot charmantes. Un français et un américain du Colorado nous rejoignent autour du feu. Nous discutons et échangons des victuailles jusqu’à tard dans la nuit.

Le lendemain, la météo s’annonce plutôt mauvaise. Je comptais monter un sommet qui m’aurait pris la journée mais je décide de monter au col de Logan en van pour y faire une petite randonnée. La vue en montant au col est spectaculaire alors je décide de m'arrêter dans un virage pour y casser la croûte.

La petite randonnée au col de Logan me même au lac caché, qui tient son nom du fait qu'on ne le voit pas depuis le col j'imagine. Malgré la petite pluie, la visibilité reste bonne, ce qui me permet d'apprécier le paysage et les quelques rongeurs qui se balladent dans la montagne.

Après la petite randonnée sous la pluie je décide de rentrer à la maison. Eh oui, car après ces six milles kilomètres, je ne suis qu’à une heure de la frontière Canadienne! Le monde est petit... ou c'est plutôt le Canada qui est grand.

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Vendredi 6 Septembre

Après avoir traversé la frontière Canadienne, je monte au Nord vers Calgary. Ça ressemble à une grosse ville étendue avec des autoroutes de contournements à n’en plus finir. Je décide donc de ne pas m’aventurer dans cette jungle urbaine et prends la direction de l’ouest vers les montagnes rocheuses qui avaient disparu de l’horizon depuis la frontière. Leur réapparition en soirée est spectaculaire. J’ai l’impression de m’avancer droit dans la gueule de ces monstruosités dormantes, bleutées par l’ombre de leurs imposantes dimensions.

Je passe une semaine dans les parcs nationnaux de l’ouest Canadien. Les deux plus gros sont Banff et Jasper en Alberta et les deux plus petit sont Kootenay et Yoho en Colombie-Britanique. Au menu, randonée, vélo, baignade très froide, lacs bleutés, lacs turquoises, lac émeraudes, lacs gris, cascades, glaciers, forêt, et j’en passe. Le ciel se couvre à partir du deuxième jour, accompagné de petites pluies fines. Tant qu’à être mouillé, je suis tenté de prendre la route pour aller surfer dans l’océan. Mais je me dit que je ferais bien de passer un peu plus de temps dans ces parcs étant donné que je me suis donné tout ce mal pour les atteindre. Je choisis des randonée avec des cascades et des lacs plutôt que des points de vue étant donné la brume. La pluie fine ne me dérange moins que je pensais lors de mes randonées.

Voici quelques photos des plus beaux endroits:

Two Jack, Banff NP

Lake Minnewanka, Banff NP

Glacier Stanley, Kootenay NP

Wapta Falls, Yoho NP

Takakkaw Falls, Yoho NP

Natural Bridge, Yoho NP. Autrefois une cascade, le temps et l'eau ont creusé un passage sous la roche formant un pont naturel.

Lake Peyto, Banff NP

Arrivé dans le parc national de Yoho, je me rends au batiment d’information. La demoiselle au comptoir me dit qu’une place vient de se libérer au camping du lac O’Hara et que je devrais sauter sur l’occasion pour y aller car les gens réservent leurs emplacements six mois à l’avance. Le site du lac O’Hara est interdit aux véhicules et aux vélos. On peut y acceder en bus mais le nombre de personnes est contingenté pour préserver la nature du site. Je fais donc partie des chanceux qui peuvent y fouler le pied. En descendant du bus je comprends pourquoi les gens se battent pour y aller. C’est littéralement le pays des merveilles. Malgré la météo couverte, les plantes et la mousse sont d’un vert contrasté et électrique. Des champignons écarlatent fleurissent dans la mousse. Du haut de la falaise, le point de vue est magnifique avec le lac O’Hara bleuté aligné aux cotés d’un lac vert. Les contrastes sont surréalistes et impressionnants malgré le manque de soleil.

Le lendemain au soir, je fais un stop par le lac Louise, l’endroit le plus populaire du parc de Banff. C’est encore une fois un lac très contrasté. J’apprends que la Canadian Pacific, après avoir construit une voie ferrée au travers du continent, a utlisé le lac Louise comme carte de visite pour y faire venir les touristes et ainsi rembourser une partie des coûts du chemin de fer. Lorsqu’Hollywood manquait de temps où d’argent, ils venaient tourner leurs scènes “Suisses” au Lac Louise.

Il est interdit de camper dans les parcs nationaux en dehors des emplacements de camping payants. D’habitude je sortais du parc, mais le parc de Jasper est tellement grand que ça me couterait plus chère en essence de sortir du parc que de payer pour un carré de gazon désigné, flanqué entre l’autoroute et le chemin de fer. Le parc de Jasper possède une superficie égal à la Suisse Romande, soit le quart du territoire Helvétique !

Lever de soleil sur Athabasca Glacier, Banff NP

Malheureusement les changements climatiques ne l'ont pas épargné. En 1908, le glacier se rendait jusqu'à la borne!

Valley of the five lakes, Jasper NP

Maligne Canyon, Jasper NP

La vallée de l'Athabasca, vue depuis le Mont Signal, Jasper NP. Vous pouvez apercevoir la ville de Jasper au milieu de la vallée.

Montagnes surplombant le Medicine Lake, Jasper NP

Après une semaine de randonée, je me lave avec la douche portable qui est une pochette chauffant au soleil. Je me sent d’une propreté inégalé après cette douche rafraichissante, oui car il n’y a pas de soleil pour chauffer la pochette. Je passe ensuite la soirée au village de Jasper pour pianoter sur mon ordinateur. Je télécharge une compilation des Beatles et de Dire Straits car j’ai déjà fait huit fois le tour de Paco de Lucia, Eric Clapton et des Gipsy Kings. Rock On ! Je reprends le volant en direction du camping avec de la bonne musique. Le soleil pointe même le bout de sont nez, créant un arc-en-ciel, et un male Wapiti avec des bois démesurés me salue du bord de la route! Je me sens propre, je me sens bien, que la vie est belle!

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Vendredi 13 Septembre

J’ai contacté un ami de Montréal, Paras, qui a déménagé à Vancouver il y a un an et qui y vit avec son frère. Il me dit que sa mère est de passage et que je suis le bienvenu. Je roule donc toute la journée pour rejoindre Vancouver sachant la bonne nourriture que sa mère a preparé. J’arrive finalement à 17h, un peu avant qu’il ne rentre du travail. C’est donc son frère, Parag, qui m’accueille.

Je passe finalement toute la fin de semaine avec eux. Cuisiner et partager les repas avec sa famille me fait du bien après tout ce temps passé en solitaire.

Le samedi, nous partons en voiture avec la copine de Parag pour visiter quelques parcs. Depuis la voiture, j’observe la ville au loin. Nous roulons a toute allure dans cette jungle urbaine, parmis ce flot de véhicules. Je me rends compte que cela fait plus d’un mois que je n’ai pas mis les pieds dans une grande ville et un sentiment de contemplation et d’insécurité m’habite. Je me rends compte que je n’ai plus mes repères dans ville de cette dimension, alors que la forêt et la montagne me semblent bien plus accueillant.

Nous faisons une premenade sur un pont suspendu, sous la pluie. Vancouver, c’est couvert. Il pleut un peu tout le temps et rare sont les fois où on peut apercevoir le soleil.

Après la ballade il se met à pleuvoir à grosses gouttes, nous décidons donc de faire une activité à l’intérieur et nous optons pour une serre à oiseaux. Arrivé devant la volière il ne pleut plus. Nous passons une petite demi-heure à l’intérieur parmis les plantes colorés et les oiseaux exotiques qui sifflent mélodieusement. En sortant il pleut à nouveau.

Nous mangons ensuite dans une pizzeria au feu de bois puis nous finissons la soirée dans une glacerie qui possède 238 parfums à son compteur !!! J’en goûte pour ma part une petite quinzaine avant de me décider pour une glace au chocolat-brownie.

Dimanche, Paras et moi allons faire un tour sur une des plages de Vancouver. Nous discutons de nos voyages et de notre vie. Après toutes ces rencontres ephémères des gens avec qui j’ai discuté en chemin, sachant que je ne les reverrais probablement pas, parler avec quelqu’un de connu a quelque chose de réconfortant. Nous passons l’après-midi à discuter et le soleil pointe même le bout de son nez.

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Lundi 16 Septembre

Dimanche soir en faisant un passage dans le van, je me rends compte que mon papier toilette à été saccagé par une petite souris. Je peux même observer des traces de machoire sur mon paquet de pâtes. La guerre est déclarée! Lundi matin je me procure donc une trape à souris. Je me dirige ensuite en direction du ferry pour rejoindre l’ile de Vancouver. Je vous invite à regarder une carte pour réaliser que l’ile de Vancouver est bien plus grande que la ville elle-même et que la ville n’est pas sur l’ile.


Arrivé sur l’ile, j’ai une petite heure de route à faire pour aller à Victoria. Je prends un auto-stopeur en chemin. C’est un local qui était en visite chez un ami. Il me parle de Victoria et des villes que nous traversons. Il me dit que Duncan est habité majoritairement par des autochtones et que leur culture y est bien représenté, ce qui est très rare pour une ville en amérique du nord.

Arrivé à ma destination je dépose mon auto-stopeur et je passe chez Rebecca. Oui, nous parlons bien ici de la Rebecca des chapitres 3, 4 et 5, car elle habite à Victoria. Elle vit dans une petite maison avec sept collocs. Leur appartement est joliment décoré et est rempli d’instruments de musique. Je cuisine avec Rebecca un chaudron de Chili végétarien que nous partageons avec ses collocs. J’aime beaucoup l’atmosphère qui règne dans cette maison et l’énergie de ses habitants. Malheurement la plupart travaillent le lendemain et, de fait, je ne vais pas avoir l’occasion de rester avec eux. Je me trouve donc une ruelle tranquile pour stationner mon van. Bonne nuit la petite souris, si j’entends un claquement au milieu de la nuit je saurais que je t’ai eu.


Le lendemain je passe un petit moment dans un café bobo à Victoria. Il pleut et je n’ai pas tant envie d’explorer la ville. Je prends donc la direction du Nord pour rejoindre Tofino, le village des surfers. En chemin je m’arrête par Duncan et je fais le tour des totems de la ville. Les totems représentent des fables où leurs acteurs y sont empilés. Par exemple, la fable de l’oiseau de foudre (thunderbird) et de la baleine tueuse va comme suit: “Le peuple Quw’utsun’ demanda l’aide de l’oiseau de foudre. La baleine tueuse mangeait tous les saumons dans la baie de Cowichan si bien que les saumons ne remontaient plus la rivière. L’oiseau de foudre aida les hommes en emportant la baleine au sommet du mon Tzouhalem pour la manger. Ainsi, les saumons reprirent leur course dans la rivière”. Le totem présente donc un aigle au dessus d’une baleine au dessus d’un saumon.

Les 250 km qui me séparent de Tofino sont plus long que prévu. Ayant passé le plus long de la journée assis, je décide de faire une petite randonnée à la tombée de la nuit. J’opte pour le sentier des vieux cèdres qui fait un demi kilomètre de long. Ça n’empêche pas la nuit de tomber durant ma promenade. C’est encore une fois une forêt enchantée, avec des cèdres centenaires, des fougères et des érables couverts de mousse. Je m’arrête au pied d’un érable poilu pour l’observer. Sa couverture de mousse dans la pénombre lui confère un air magique. Il pourrait se mettre à me parler que ça ne m’étonnerait pas tant. Je remarque un chemin assez large pour une voiture qui mène à au cèdre géant. Le chemin est parsemé de flaques d’eau faisant la longueur de mon van. Je sonde donc le chemin en le traversant à pieds. L’infiltration de l’eau dans mes chaussures de sport n’est pas si désagréable, et la température clémante ne me donne pas froid malgré mes pieds mouillés. À mon grand étonnement, les flaques ne sont pas si profondes. Leur fonds tapissés des cailloux permettra au van de ne pas s’enliser. Je décide donc de traverser ce chemin pour me stationner devant le cèdre géant, ainsi j’aurai le plaisir, le lendemain, de me réveiller au milieu de la forêt enchantée.

Pendant la nuit un claquement me reveille, han je t’ai eu petite canaille! J’allume la lumière et je regarde avec dégoût la souris qui me semble bien grosse prise la tête dans le piège. Qu’est ce qui est le plus dégeu ? Aller se recoucher avec ce cadavre à côté de moi ou alors se réveiller et manipuler cette chose pour la mettre à la poubelle. J’opte pour la deuxième option. J’utilise un sac plastique pour faire attention de ne jamais la toucher et je la dépose dans un pot de yogourt vide que je ferme à double tour. C’est une bonne chose de réglé et j’espère ne pas en rencontrer d’autres.


Le lendemain, je reprends le sentier de la veille dans la forêt enchantée et je retourne voir le vieil érable, qui à mon regrêt ne s’est pas déplacé pendant la nuit… ou alors il s’est simplement remis à sa place au petit matin :p En face de moi, la rivière illuminée par le soleil attire mon attention. J’ai le plaisir d’observer un aigle royal dans la cime d’un sapin. Je l’admire jusqu’à son envol, avant de prendre le chemin en direction de Tofino.

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Mercredi 18 Septembre

Je passe trois jours à Tofino pour y faire du surf. C’est encore un parc national, donc je suis obligé de payer pour un emplacement de camping. J’en choisi un à l’écart du village, avec sauna et jacuzzi, le gros luxe! Le type à la réception me fait remarquer que le camping est parsemé de mûres et il me conseil de les cueillir avant que les ours ne le fassent. L’eau est à 12 degrés alors je loue une combinaison et des bottes. Le premier jour, je me rends à Long beach, les vagues sont trop grosses si bien que je n’arriver pas à aller au large là où les vagues se forment. La mousse me ranène sans cesse vers le bord. Je surf donc dans la mousse ce qui n’est pas aussi excitant que de surfer les vagues. Je fais aussi un tour dans le centre d'info toursite où des os de baleine sont exposés. Le soir, dans le jacuzzi, je discute avec Ariane une Québécoise qui est dans la marine à Victoria. Elle me parle d’une sentier près de Tofino qui mène à une épave d’avion. Ça c’est une aventure qui me plait !


Le lendemain, j’opte pour une plage protégée par des iles, les vagues y sont donc plus petites. J’apprends à connaitre ma planche et je surf enfin sur des vagues. J’entrecoupe mes sessions de surf du matin et de l’après midi par la randonnée menant à l’épave d’avion. Le sentier commence au bord de la route principale, après le 15e poteau électrique, un petit avion est dessiné sur le poteau. J’ai l’impression d’être dans la jungle d’un film de rambo plutôt que d’être au Canada. Les arbres sont couverts de mousse, des fougères jonchent le sol et le sentier est innondé par les pluies des jours précédant. J’atteins finalement l’épave. C’est un avion de l’armée canadienne qui s’est écrasé en 1945 dû à une avarie moteur. Il est étonnament bien conservé malgré les graffittis qui le recouvrent.

Le troisième jour, les vagues se sont calmés, je retourne donc à Long beach, mais même là, il faut attendre un bon moment avant qu’une belle vague se présente. Les conditions pour le surf n’étant plus aussi bonnes et la météo annonçant de la pluie pour les prochains jours, je décide de rendre la combinaison que j’ai louée et de quitter Tofino au soir. Je profite de l’après midi pour visiter en vélo, Ucluelet, le village au sud et y faire une randonnée. Le sentier offre des points de vues sur la côte bordée de petites iles. J’ai la joie d’observer un deuxième aigle royal (en moins de trois jours) ! Le sentier est parsemé de Huckleberry que je déguste tout le long de ma marche. Oui apparemment ça ne pousser pas qu’au Montana.

Je retourne au camping pour un sauna et jacuzzi avant de reprendre la route. J’en profite aussi pour faire le plein de mûres. Je remarque que les mûres que j’ai cueilli deux jours auparavant ont déjà pris un goût alcolisé. Je décide donc de faire une confiture avec les deux pots de mûres que je viens de remplir.

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Eh oui, j'aurais du appeler mon blog "The Great Americana Road Trip"... Je suis sûr que vous me le pardonnerez.

Samedi 21 Septembre

Je reprends le ferry en direction du continent. Je fais une petite randonnée dans les cartiers chics de Vancouver où j’y fait une chouette rencontre.

Je passe ensuite la soirée chez la famille Buechler que j’avais rencontré à Montréal lorsque je dormais dans le van à Verdun. Matt m’avait donné son numéro au cas où je passerais un jour par Vancouver. Il voyagait en van avec sa femme et ses deux filles de huit et dix ans. À ce moment là j’étais loin de me douter que je finirais par les visiter chez eux. Ils m’invitent pour le souper où nous mangeons sur leur terrasse. Je rencontre aussi leurs voisins qui ont monté une entreprise de conversion de vans. Vous pouvez en avoir un aperçu sur https://nomadvanz.com/custom-gallery/. Nous sommes à Vancouver alors il se met a pleuvoir. Nous finissons donc cette agréable soirée dans le salon.


Je comptais monter au Nord pour aller faire un tour au parc Garibaldi, mais la météo annonce de la pluie pour la prochaine semaine. Le lendemain je traverse donc la frontière pour revenir au États-Unis. La queue est interminable, l’officier me pose une montagne de questions sur mon voyage, il visite brièvement le van, me confisque un poivron vert, pour finalement me dire qu’il n’étendra pas mon visa comme je l’espérais. Je dois donc quitter les USA le 16 novembre au lieu de la mi-décembre comme je l’aurais voulu. Je suis frustré. Il pleut. Je conduit pendant environ six heures en réfléchissant au nouvel itinéraire que je devrais adopter. Pour couronner cette belle journée, j’entends fouiller dans ma poubelle au milieu de la nuit. Je me lève, je remarque des petites crottes sur le comptoir. Merde alors ! En voilà une autre. Je place la trappe et vais me recoucher. Dix minutes plus tard c’est le clac. Une souris gris-clair cette fois.

Je passe tout de même la soirée dans une belle forêt, à côté du Parc National du Mont Rainier.

Le lendemain je roule encore toute la journée pour me rapprocher du sud. Mon itinéraire prend forme. J’enlève San Francisco de mes plans, étant déjà allé. J’enlève aussi l’idée d’aller voir un ami au Colorado qui y reste jusqu’au 20 octobre. J’enlève aussi San Diego étant donné que Los Angeles possède déjà des bons endroits pour le surf. Je tire une ligne plus ou moins droite passant par une pétée de parcs nationnaux. À vrai dire il y en a plus que ce que je pensais, mais ils ont tous l’air plus fabuleux les uns que les autres. Lequelles enlever ? Je déciderais plus tard. Mon objectif pour l’instant est d’accomoder du temps pour faire une belle session de surf à L.A. Je me rends compte aussi que mon itinéraire comporte 18h de route pour aller à Chicago, je ne ferai certainement pas ça en une journée. Bref ne planifions pas trop, je finis toujours par ne pas suivre mes plans à la lettre.

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En voila une mésaventure qui mérite son propre chapitre.

Lundi soir j’avais entendu courir dans le van et au matin il y avait des petites crottes sur le comptoir de cuicine. Mardi soir je met donc la trappe en place sur le comptoir. Une petite souris presque mignionne, appelons la fifi, se prends la patte arrière dans la trappe. Je me réveille et surprise, fifi est encore vivante. Que faire ? Je prends un pot de yogourt vide pour l’attraper. Elle court partout trainant la patte et la trappe. Elle se débat si bien qu’elle finit par se libérer et fout le camp sous les plaques de cuissons au gaz. J’ai peut-être perdu ma proie mais je viens de découvrir sa cachette. Je démonte les plaques de cuissons et je découvre qu’il y a des trous partout pour y faire passer des cables. Je bouche donc les trous avec du papier collant. Je remet le piège en place, au sol cette fois, car il n’y a plus de passage direct sur le comptoir de cuisine.

Je retourne me coucher. C’est une nuit terrible, fifi et ses amies, que j’ai l’impression d’en entendre au moins trois différentes, courent partout et sautent gaiement. Épuisé, je m’endors en petite boule en espérant qu’elles ne vont pas venir dans mon lit.

Le lendemain je décide d’agir. Je songe même à adopter un chat. Je créé un nouveau protocol d’hygiène. Chaque ustensil doit être lavé avant et après utilisation, oui car j’ai retrouvé des crottes dans les tiroirs. Je mets toute la nourriture dans le frigo, que j’espère être étanche. Je ne laisse rien trainer, pas même la poubelle. Mon paquet de sucre est troué, je comprends pourquoi elles ont fait les folles toute la nuit. Je démonte le lit, le meuble de cuisine, l’armoir. Je fais l’hypothèse que si je peux passe un doigt dans une fente, une souris peut y passer aussi. Je fourre mes doigts dans tous les recoins. Si mon doigt y passe, je bouche le trou avec du carton et du papier collant. Je nettoie les comptoirs, l’armoir, et le sol. Je place ensuite deux trappes avec du fromage qui constituent la seul nourriture accessible. J’en place une dans le meuble de cuisine et l’autre au sol. Je me lave les mains puis je me cuisine des crêpes. Pendant que je cuisine j’entends des pentits pas dans le meuble de cuisine, puis un claquement. Je souris. C’est la petite fifi, elle n’a donc pas appris sa leçon. Une de moins. Je remet la trappe en place et je vais me coucher. Une heure plus tard c’est la grande soeur, fiona, qui se fait attraper. Je remet la trappe en place. J’en entends une troisième pendant la nuit mais celle là ne mord pas dans le fromage.

À Suivre...

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Lundi 23 Septembre

Je finis ma journée par un beau point de vue sur le canyon de la Crooked River avec trois ponts en arches: un pour le train, datant de 1911, l’ancien pont datant de 1927 maintenant excusif aux piétons, et le nouveau pont complété en l’an 2000 où passe l’autoroute actuelle.

Mardi je vais faire un tour dans le parc de Smith Rock. Certains voyageurs me l’ont recommandé en me disant que c’est la Mecque de l’escalade. Je cherche donc des partenaires de grimpe sur le stationnement, puis au camping plus loin. Les grimpeurs n’ont pas l’air intéressé. Ils ont déjà leur binome et sont trop snob pour vouloir inclure une troisième personne. Tant pis, je profite du parc pour y faire un randonnée.

Le soir je chosis un emplacement au sommet d’une colline surplombant la cime des arbes et offrant une vue à 360 degrés. J’y rencontre un acolyte, Ben, qui voyage en solo dans sa voiture. Il est sur le chemin du retour vers Washington, après trois mois sur la route. La connexion entre nous se fait presque instantanément. Je l’invite à diner dans le van. Nous échangons nos récits de voyages, ce que nous avons appris. Nous philosophons sur des sujets variés tel que la politique aux États-Unis, le capitalisme et le communisme. Cette rencontre redonne un sens à mon voyage après ces quelques journées difficiles. Nous finissons la soirée en contemplant la voûte céleste qui nous offre une vue splendide sur notre galaxie.

Le lendemain je fais un tour dans le parc national de Crater Lake. C’était autrefois une montagne volcanique qui est entrée en éruption, laissant un cratère de 9km de diamètre. La pluie et la neige remplissant le cratère ont formé un lac qui est aujourd’hui le plus profond aux États-Unis. Le lac n’a pas de point d’écoulement, lui conférant une couleur bleue très prononcée.

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Samedi 28 Septembre

Après deux jours et demi de route depuis le parc national de Crater Lake, j’atteins enfin Yosemite. Le premier soir je me stationne à l’extérieur du parc. Je discute avec mes voisins, un couple Australiens et un couple Suisse. Les Australiens me cuisines de succulents burritos végétariens. J’offre ensuite des chocolats chauds à mes quatres voisins. Nous discutons de tout et de rien. Les Suisses font de l’escalade à travers le monde depuis les septs derniers mois. Les Australiens travaillaient dans le parc de Banff, ils font maintenant le tour des parcs nationnaux Américains. Comme moi mais dans le sens inverse. Nous nous échangons donc des conseils sur nos endroits préférés.

Le lendemain la plupart des routes du parc de Yosemite sont fermées car de la neige est attendue. La vallée de Yosemite reste tout de même accessible. Je décide d’emprunter le chemin pédestre pour monter au Glacier Point, habituellement accessible par la route. La vue sur le Half Dome est grandiose. On peut aussi apercevoir la cascade Nevada. Je décide de laisser mon vélo dans la vallée de Yosemite. J’ai l’idée de faire du stop le lendemain matin pour entrer dans le parc. Ainsi, je pourrais profiter de la descente en vélo menant à la sortie du parc où les voyageurs passent la nuit.

Le soir je vais me stationner à l’extérieur du parc, au bord de la route. Le stationnement n’est pas grand, alors je me serre à mes voisins pour laisser la chance aux autres voyageurs de profiter de cet emplacement proche de l’entrée du parc. Et bang, c’est le drame. Je touche le van derrière moi avec mon support à vélo, y laissant une bosse dans sa porte arrière. Un type pas très content sort du van et me dit d’appeler mon assurance. Il toque plusieurs fois à ma portière pour me poser des questions, prendre en photo mon permis de conduire et mes assurances. L’erreur est humaine certe, mais celle là était facile à éviter… Je vais me calmer en allant patauger dans la rivière, qui est très froide et me remet de mes émotions. Plus tard lorsque je cuisine, on toque encore à ma porte. Qu’est ce qu’il me veut encore ? J’ai l’agréable surprise de voir que ce n’est pas le type d’à côté mais que c’est Sophie et Richard (du chapitre 15). Le monde des voyageurs est donc bien petit ! Nous échangons nos récits de voyages. Eux aussi ont eu des souris dans leur van. Richard dit qu’elles rentrent par les fentes sous les pédales d’accélération et de frein. Mystère résolu, mais je n’ai aucun moyen de boucher ces fentes... Cette soirée pourtant mal débutée se termine sur une note agréable autour de chocolats chauds.

Le lendemain je fais du stop comme prévu. Le type qui me prends conduit pieds nus, avec son chien sur les genous entre lui et le volant. C’est un guide de montagne qui fait découvrir le parc à son cousin. Il nous emmène à un point de vue. Une fois stationné, toujours pieds nus, au lieu de se diriger vers la belle vue, il nous invite à le suivre dans le tunnel où passe le traffic à toute allure. Heureusement un trottoir borde la route dans le tunnel. Son cousin et moi le suivons perplexe. Rendu au milieu du tunnel, il bifurque à droite dans un tunnel juste assez haut pour se tenir debout. Il fait complètement noir et nous nous dirigons en suivant la lumière au bout du tunnel. Notre guide est toujours pieds nus malgré les cailloux dans le tunnel. Nous débouchons au bord d’une falaise, avec vue sur El Capitan, la vallée de Yosemite et le Half Dome. Waow, ça m’en bouche un coin !

Mon simpathique guide me dépose à Curry Village ou j’y fais une randonée menant aux à la cascade Vernal et la cascade Nevada. En chemin je simpathise avec deux Qébécoises, Marie-Christine et sa soeur Lara. Ça me fait du bien de pouvoir parler en français. Nous finissons la randonnée ensemble. Je les emmène ensuite dans le tunnel menant au point de vue secret.

Le jour suivant, je me joins à Sophie et Richard dans le but d’aller monter Clouds Rest, un sommet surplombant le Half Dome et la vallée. Nous nous levons à 5h30, malheureusement la route n’est pas encore ouverte. Nous revenons donc dans la vallée pour monter El Capitain par le chemin pédestre contournant la falaise. Arrivé au plateau alpin, je me rends compte que je n’ai pas assez d’eau pour aller jusqu’à notre objectif. J’ai dans mon sac un filtre à eau, mais les cours d’eau sur le plateau alpins sont asséchés, tout comme la cascade Yosemite. Nous nous séparons donc et j’opte pour Eagle Peak qui m’évite six kilomètres. La vue est magnifique. Je surplombe le sentier en lacet menant à Glacier Point que j’ai emprunté il y a deux jours. La vue couvre une bonne partie de la vallée, bien sûr le Half Dome et au loin la cascade Nevada. Je redescent d’un pas décidé avec ma bouteille vide. Je prends ensuite le bus gratuit pour aller chercher mon vélo. Je traverse les quelques kilomètres plats de la vallée en croisant quelques cerfs au passsage. S’ensuit une vingtaine de kilomètres de descente pour rejoindre mon van. Richard m’avait dit qu’il cuisinerait des spaghettis aux boulettes de viande mais ils ne sont toujours pas rentré à 20h. Je cuisine donc des pâtes pour trois, que je partage avec eux à leur retour.

Le quatrième jours, Richard et moi allons faire du bloc à Curry village. Le bloc est une discipline de l’escalade, sans corde, mais proche du sol, mettons trois mètres. Les blocs jadis tombé des falaises nous offre une multitude de problèmes à escalader. C’est chouette, mais la vallée est dans l’ombre des falaises et le froid se fait sentir. Nous avons de la peine à agripper la roche et les orteils serrés dans les chaussons d’escalade souffre le martyr. Je prends donc une douche chaude au camping en fin d’après midi. Richard nous cuisine ses fameux spaghettis aux bouelettes pour conclure cette belle journée.

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Mercredi 2 Octobre

Je traverse Fresno dans la journée pour y faire le plein de nourriture. Je compte vidanger les eaux usées du van mais en arrivant à la station la bouche d’égout est trop loin du van. Je tire un peu trop fort sur le tuyeau de vidange et il se sectionne en deux. Bon bah, ce sera pour une autre fois. Je vais essayer de changer le tuyeau au complet pour un plus long, il était à chaques fois trop court. Il me faudra d’abord comprendre comment il est fixé au réservoir d’eaux usées.


En soirée je monte la route menant à Kings Canyon. Le van monte la côte poussivement et le V8 chauffe. Pas de problème, il y a une belle vue. Je prends ça calmement. J’arrête le van à l’ombre, je contemple le paysage, je lis un chapitre du livre de Lewis et Clark (ils sont bientôt rendus aux montagnes rocheuses !). Après une petite demi-heure la température du moteur est redescendue à la moitié. Je continue donc ma route. Je me dégourdis les jambes au milieu des sequoias géants. Difficile de transmettre le gigantisme de ces arbres au travers des photos. Je vous propose donc d’observer la taille des voitures parquées devant les arbres.

À la nuit tombante, je me dirige vers Kings Canyon. Je contemple le coucher du soleil au travers de la brume, rendant les collines orangées. Je continue ma route à la recherche d’un emplacement pour la nuit. À ma grande surprise, les collines se transforment en ravins abruptes. La vue est magnifique. La route offre des points de vue grandioses tout les 300 mètres. N’étant pas encore dans le parc national, je suis autorisé à camper plus ou moins n’importe où. Je saisis donc cette opportunité pour me stationner au bord de la falaise, me réjouissant de mon réveil sur la vue spectaculaire qui m’entoure.

Au réveil la montagne en face de moi est encore dans l’ombre. Je prends mon temps pour me préparer un copieu petit déjeuner, pendant que le soleil illumine doucement la montagne.

Je me dirige ensuite vers le centre d’information de Kings Canyon qui est situé presque au bout d’un cul-de-sac de 26 miles. Je croise environ deux véhicules en chemin. Arrivé à mon objectif, le centre d’information est fermé pour l’hiver. Je choisis donc une randonnée avec la carte pas très détaillée qu j’ai rençu à l’entrée du parc. J’opte pour Don Cecil trail qui se termine à proximité d’un sommet à 2600m d’altitude. Je suis le seul sur le sentier. La forêt, pas très dense. est composée d’épineux secs, certaines sections ont été la proie aux flammes récemment. En chemin j’entends un arbre tomber, je continue sans me questionner plus qu’il n’en faut. Une fois au sommet, le point de vue est magnifique. Je prends mon temps devant ce beau paysage, je médite, je mange une collation, je finis par faire une sieste sur une pierre plate au bord de la falaise.

Au retour j’entends un arbre tomber, au même endroit qu’à l’aller. Cette fois je m’arrête et j’observe. Quatre pattes apparaissent dans l’ombre des arbres. Un ours ! Je suis à environ 30m et il ne m’a probablement pas encore vu. Je saisis mon spray à ours, puis je m’assoie calmement et je l’observe. Je le vois grimper aux arbres, plantant ses griffes dans l’écorce qui se déchire dans un grondement sourd. Il renifle ensuite le sol, puis il disparait dans l’ombre des arbres. Ne l’entendant plus, je l’imagine toujours dans la même zone. Je me lève et claque des mains pour lui signaler ma présence. Je continue ma descente du sentier qui passe très proche de son territoire. Trop proche à mon gout, alors je sors du sentier pour lui laisser de l’espace. Deux petites oreilles rondes derrière un arbre à terre pointent dans ma direction. Il m’observe sans broncher, sa truffe suivant mon déplacement, puis il retourne renifler le sol. Je l’observe encore un moment puis je continue mon chemin, non sans me retourner plusieurs fois pour être sur qu’il ne m’a pas suivit. Le soir, je stationne encore une fois le van au bord d’un falaise, devant un point de vue magnifique.

Le lendemain matin je participe à un exposé donné par une Ranger à propos des Séquoias. Ces arbres ne sont pas les plus hauts, ni les plus larges, ni les plus vieux, ce sont les arbres avec les troncs les plus volumineux. Ils vivent tout de même quelques milliers d’années.

Je prends ensuite mon temps dans le village composé de cinq batiments (un bureau de poste, un centre d’information, une boutique souvenirs, un restaurant et un hotel). Je profite de la connection internet du centre d’information pour mettre à jour le blog. Je me plonge ensuite dans la lecture du livre de Lewis et Clark sur la terrasse du restaurant. Dans l’après-midi, je fais une courte randonnée en haut du Big Baldy, culminant à 2500m. Arrivé au sommet, le sol est jonché de quartz et une étrange structure rocheuse me fait face. Elle me fait penser à un doigt pointé en l’air.

Du sommet de la montagne, je remarque que le ciel au loin est filtré par une fine brume. Je me dis que, dû à cette brume, le coucher du soleil va être beau ce soir. Je décide donc à mon retour de me poster à un point de vue pas trop loin de la fin du sentier. Le soleil se couche calmement, le ciel vire au rose orangé, plutôt banale. Mais une fois le soleil disparu, la brume reflète les rayons du soleil et le ciel s’enflamme d’un dégradé époustoufflant.

Face à ce sublime coucher de soleil, le coeur du petit homme s’emplit d’admiration envers les beautés de notre monde.

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Samedi 5 Octobre

Après Kings Canyon, je me dirige vers le parc de Sequoia. À Vrai dire, non seulement les deux parcs partagent une frontière commune, mais on trouve à la fois des séquoias à Kings Canyon et des canyons dans le parc de Sequoia. Il y a même des séquoias dans le sud de Yosemite, comme le Grizzly Giant, ou encore celui-ci écartant les jambes nous permettant de passer dessous.

Le cycle du feu

Les séquoias produisent des pommes de pains de la taille d’un oeuf (des pives en bon suisse), contenant des graines qui ressemblent à des flocons d’avoines. Les feux de forêt permettent l’ouverture de ces pives laissant échapper les graines au sol. De plus, les cendres après un feu vont avoir un rôle d’engrais. Les petits arbres ayant brûlés, les nouveaux sequoias vont pouvoir jouir de plus de soleil et de nutriments. Les séquoias possède du tannin dans leur écorce, les rendant durs et résistant aux feux, aux champignons et aux insectes. La plupart des grands séquoias ont des cicatrices dû au feu, ce qui ne les empêche pas de vivre. Certains, moins chanceux, brûlent au complet.

Les plus grands perdent leurs branches bassent, ainsi les branches restantes sont trop hautes pour être atteintes par les feux de forêt. On estime que le plus vieux séquoia du parc frise les 3200 ans, mais ce n’est pas le plus gros. Les plus gros, comme le General Grant et le General Sherman, ont “seulement” 1500 à 2000 ans, mais l’on dépassé dû à un emplacement plus propice à leurs croissances.

En me balandant dans le parc, j'ai le plaisir de pouvoir observer deux petits ours et leur mère. C'est surprenant à quelle point ils sont près de la route, mais ils restent invisibles aux voitures, étant caché dans les hautes herbes. J'ai aussi pu observer un petit cerf et sa mère.

Les séquoias poussent en altitude, le parc étant à environ 1700m au dessus du niveau de la mer. La route pour en sortir est raide et sinueuse. Ça tombe bien, je n'ai plus beaucoup d'essence, je peux ainsi profiter de la descente sans jamais peser sur la pédale d'accélération.

Rapport budgétaire

Vu que c’est un petit chapitre et que c’est la fin du mois, je vous propose un diagramme en fromage pour faire les comptes du mois de septembre, miam. J’ai dépensé un peu moins de 2000 CAD. 66% en transport qui comprend bien sûr l’essence, mais aussi le ferry à 150 CAD pour l’ile de Vancouver et la vidange d’huile moteur et du différentiel arrière à 180 CAD. Les loisirs comprennent le billet à 136 CAD pour les parcs nationnaux canadiens, le livre de Lewis et Clark à 20 USD, et les campings et la location de la combinaison de surf pour un total de 140 CAD. Environ 200 CAD d’épicerie. Les extras comprennent les cookies pour accéder aux cafés ainsi que un In-N-Out (comme un McDo mais en meilleur, en Californie). La section autre comprend un spray à ours à 48 CAD (le précédant à glissé de mon sac directement dans un ravin), les trappes à souris et un fil de fer pour attacher le pot d’échappement. Ajouter à cela les assurances pour le van et pour moi même, et ma dernière facture de téléphone.

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Dimanche 6 octobre - Mardi 15 octobre

En partant du parc de Sequoia je me dirige vers Los Angeles. Je passe la nuit sur une air d’autoroute. Vers quatre heure du matin, je n’arrive plus à dormir et je suis excité à l’idée de n’être qu’à une heure de route de L.A. Je décide donc de prendre le volant. À cette heure ci, il n’y a pas grand monde sur l’autoroute à cinq voies menant à la cité des anges. Je choisis un coin tranquile à Venice Beach, proche de la plage. Mon hôtel tout inclus comprend une chambre au bord des cannaux de Venice (le van), une douche froide et des toilettes dégeu (sur la plage), de l’accès à internet que je peux pomper depuis le Starbucks sur la rue marchande, et bien sûr un accès à pieds jusqu’à la plage. Wouhou, les vrais vacances!

Arrivé à six heures du matin, je vais dans un café en attendant que le soleil se lève. Étonnamment, il y a des gens sur la terrasse. Je vais ensuite m’essayer au surf sur les vagues du Pacific. Les vagues sont bien mais l’eau est froide. Sans combinaison, je suis forcé de sortir de l’eau après quinze minutes. Entre les vagues, j'aperçois aussi un phoque curieux. Dans l’après-midi, je me balade sur le bord de mer. La rue piétonne est remplie d’arts qui éveillent mes sens. Je passe un moment à regarder les skaters dans le bowl. Je fini par dénicher une combinaison d’occasion à 40 dollars, assez fine, mais en bon état. Je retourne donc pour une session de surf en soirée. Le vent créer des petites vagues entre les grosses, ce qui rend la pratique difficile. J’arrive tout de même à me lever sur un grosse vague qui éclabousse à mes pieds. Je tiends bon jusque dans la mousse.

Le soir je cherche des choses à faire, des gens à rencontrer. Je me balade sur le bord de mer. Je regarde le coucher du soleil. Pas facile de s’intégrer. Au retour je vois un groupe qui danse au son d’un ampli sur le trottoir, je me joins à eux. Je fais la connaissance de Jessica qui habite ici et David qui est de passage. Malheurement ça se termine assez tôt car ne l’oublions pas, nous sommes dimanche et la plupart d’entre eux travaillent le lundi.

Mes cheveux ne ressemblent à rien et les coiffeurs sont hors de prix. je prends donc le rasoir équipé du gros sabot en j'espère ainsi me raser la tête uniformément. Le rasoir ne coupe pas bien puis la batterie finit par me lâcher. Je ressemble à un chat qui s'est battu avec la moitié de la tête mal rasée. Je met le rasoir a charger puis je passe la soirée avec ma casquette vissée sur la tête. Le lendemain, je me rends compte que le seul moyen d'obtenir quelque chose de propre est de me raser la tête au complet. J'opte donc pour cet option. Appelez moi Zinédine. Je ne m'inquiète pas trop, ça repoussera vite.

Mes journées sont relaxantes, je surf les matins, je me balade sur le bord de mer les après-midis. Je trouve assez difficile de me faire des contacts. Le jeudi je m’inscrit à un cours de yoga. Ma coupe de cheveux attire l'attention de la prof de yoga qui me prend probablement pour un grand maître de méditation 😀

Le vendredi je découvre des slacklines proche de Santa Monica. Mon horaire ressemble maintenant à: surf le matin, yoga vers midi, puis lecture sur la plage et slackline en après-midi. Je finis le livre de Lewis et Clark et j'en achète un autre d'un certain Paul Theroux qui traverse l'Europe et l'Asie en train. Je réussis finalement à me faire des amis à la slackline, Josh que je califierais d’américain aux hormones, et Lidor et Olga qui m’introduisent à la jump-line. Le soir, le coucher de soleil sur le Pier de Santa Monica est magnifique.

Samedi soir j’entends un cercle de percussion au bord de la plage. Je m’approche donc intéressé puis me mêle à la danse. Les musiciens et danseurs sont très inclusifs. Je passe un beau moment au milieu de ce mélange d’éthnies devant le coucher de soleil. À un moment, je me retrouve projeté au milieu du cercle en face d’un afro-américain qui me challenge. J’imite donc ses pirouettes de plus en plus élaborées (n’oublions pas que nous sommes sur le sable). Pour la finale, il se met à tourner sur sa tête et se relève les cheveux pleins de sable. À ce point je m’avoue vaincu, lui, souris à pleines dents. Nous finissons par nous donner une accolade dans cette ambiance amicale.

Je revois David plusieurs fois, que je califierais de vagabond. Il ressemble à barbe rousse avec une casquette d'amiral. Il dort dans un hamac sur la plage. Nous jouons parfois de la guitare ensemble. Lundi soir il m'invite à une "soirée" avec des amis qu'il a rencontré dans la Marina. Cette soirée est composée de quatre vagabonds ou "clochards" qui fume du canabis sur un banc. Je décide de mettre mes préjugés de côté et de discuter avec eux. Ils sont très amical et à ma grande surprise ne me jugent pas de "bourgeois". Un cinquième nous rejoins qui lui a trouvé récemment un emploi. Il est très sympathique et sobre, je peux donc avoir une discussion plus élaborée avec lui. La soirée se termine brutalement lorsque la copine d'un des quatres arrive furieuse que son copain l'ai abandonnée lorsqu'elle dormait pour aller rejoindre ses amis. Elle insulte tout le monde et lui est complètement soumis. Cette scène sortie tout droit d'une pièce de théâtre me met le sourire au lèvres.


Mardi, je change finalement ledit tuyeau des eaux usés, qui me permettra de vidanger le chiotte. Je vais aussi à une pratique de yoga le matin puis la prof, Sara, m'invite pour un pizza sur une terrasse. Nous échangons entre autre sur nos voyages, le monde industriel, le système d'éducation et la situation économique aux États-Unis. J'apprécie beaucoup sa présence et notre discussion remet du sens à mon voyage.

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Mardi 15 Octobre – Jeudi 17 Octobre

Mardi soir, je vais manger dans une Taqueria Maxicana avec Jasmin, une amie de Montréal qui travaille à L.A. la semaine. Une fois de plus, ça fait plaisir d’être en compagnie d’un visage familier. Je stationne ensuite pour la nuit dans le parc Bixby, un joli parc en centre ville proche de Long Beach. Le parc est plutôt silencieux jusqu’à 5h du matin lorsque l’arrosage automatique se met en marche. Le lendemain matin, je m’assoie dans un café et je pianote sur mon ordinateur. J’ai rendez-vous le soir avec Alyssa au Gurwara de Orange County, j’y invite aussi Jasmin, je n’ai pas de doute qu’elles vont bien s’entendre. J’opte donc pour y aller en vélo, ce qui me fait un balade de 30km le long des plages et d’un canal. Les plages sont très différentes les unes des autres. Long Beach est très calme, étant protégée par les installations maritimes. Huntington Beach au contraire est venteuse et sauvage. Quelques courageux surfers s’essaient dans ces vagues désorganisées devant les silhouettes de platform pétrolières au loin. Le canal est d’abord bordé de pierres, où j’y surprend un coyote en pause syndicale, puis il se finit en béton. Le partie bétonnée n’est pas très belle mais me rappelle ces films americains où se finissent les courses poursuites automobiles.

Le soir, nous nous retrouvons tous les trois au Gurdwara qui est un temple Indien de religion Sikh. Les temples Sikh offrent habituellement plusieurs repas par jour sur donnations. Malheureusement nous arrivons trop tard, le temple est presque vide et il n’y a plus de nourriture. Je demande tout de même au quelques indiens si nous pouvons visiter le temple. Nous y restons un petit moment devant un type qui passe l’aspirateur. Nous décidons ensuite d’aller manger dans un restaurent Mexicain au coin de la rue et laissons nos véhicules parqués devant le temple. C’est chouette d’être avec deux amies, j’ai l’impression de recréer un petit Montreal en Californie. À notre retour au temple, quelle n’est pas notre surprise lorsque deux indiens nous disent qu’ils nous attendaient et qu’ils ont cuisiné de la nourriture pour nous!


Le lendemain je vais prendre un café avec un certain Tucker que j’avais rencontré lors d’une entrevue sur Skype pour une compagnie Californienne. Je n’avais pas eu le poste, mais à ma grande surprise il avait gardé contact avec moi. Je lui ai donc proposé d’aller prendre un café car j’avais trouvé notre discussion très intéressante. Nous échangons sur nos voyages et nos parcours professionnels. Une troisième personne nous rejoins, un type d’une compagnie Russe qui fait de la prospection de business en Californie. Je me fait ainsi des contactes pour ma carrière professionnel.

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Vendredi 18 Octobre – Samedi 19 Octobre

Après avoir passé la nuit sur le stationnement du centre d’information, je commence ma journée de bonne heure. J’entre dans le parc national de Joshua Tree, le “désert” comme l’appellent les Californiens. J’aime les déserts, ils sont très intéressant pour qui sait les contempler. Au premier abord ils paraissent arident et dénués de faune. Mais après avoir pris le temps d’ouvrir ses senses ont peut y faire de surprenantes rencontres. Ainsi je croise plusieurs lapins avec de longues oreilles, des oiseaux de proies qui se laissent monter par les grands vents, des petits oiseaux poilus (cactus wren) qui volents de cactus en cactus sans que je puissent comprendre comment ils ne se piquent pas les pattes, et un cafard qui fait péniblement son chemin sous le soleil. Mais la plus surprenante des rencontre est la colonie de glouglous sauvages (gambel’s quail) qui contournent mon van pendant que je cuisine le souper. La petite vingtaines d’oiseaux se déplace au sol en bavardant des “doui-doui”. Ils me font penser aux petits extraterrestres que rencontre Buzz l’Éclair dans Toy-Story.

Je passe aussi par un barrage qui n’a plus d’eau à retenir du à la sécheresse et par les vestiges d’une mine d’or contruit par de véritables cowboys. La mine s’appelle Lost Horse ou cheval perdu en français, car selon les dires du prospecteur, il aurait découvert le filon en s’aventurant dans les montagnes pour chercher son cheval perdu. Il n’a pas retrouvé son cheval, mais il a vendu la mine pour 1000$, probablement assez d’argent pour s’acheter une horde de chevaux à l’époque. J’ai aussi beaucoup aimé l’histoire de Hidden Valley où deux frères volaient les vaches et chevaux des comptés voisins qu’ils venaient cacher dans cette vallée accessible seulement par un passage étroit dans la montagne. Ils revendaient ensuite les animaux dans d’autres coins du pays.

Le lendemain je décide de faire un bout du parc en vélo. Ce n’est qu’une fois lancé sur mon vélo que je me rends compte que le désert n’est pas si plat. Un oiseau de proie (american kestrel) se pose sur un arbre devant mon passage. Je peux contempler l’intérieur de ses ailes lors de la phase finale de son atterissage. Je monte ensuite le mont Ryan qui m’offre un point de vue à 360 degrés sur les plateaux désertiques. Une multitude de monticules rocheux sortent de terre, comme l’aurait fait une taupe.

Le soir je vais à l’observatoire pour assister à une présentation par des astronomes amateurs. Ils ont du beau matériel et un petit dôme. Un vieu monsieur à la voix tremblente commence par nous indiquer le nord par l’étoile polaire, puis l’est d’où les étoiles apparaissent. Il nous guide ensuite du bout de son pointeur laser d’une constellation à une autre. On dirait que son laser touche les étoiles, ou bien même que son laser peint les constellations. Il nous guide à travers le cygne, l’aigle, pégase, le dragon, et j’en passe. Je pense que c’est la première fois que je distingue clairement les constellations. Il nous pointe aussi vers notre proche voisine la galaxie d’Andromède, pris dans les pattes du cheval. Les téléscopes sont aussi impressionnant, ils nous montrent Jupiter avec quatre de ses lunes, Saturne avec ses anneaux, la nébuleuse M53 qui est un amas d’étoile et des étoiles doubles dans la grande ours.

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Dimanche 20 – Lundi 21 Octobre

Je prends la direction de Las Vegas pour rejoindre le parc de Zion. Je me rends compte que je suis à présent dans le désert pour de vrai. Il y a même des Joshua tree qui poussent le long de la route. Il ne me reste qu’une barette d’essence pour faire les 150 km qui me séparent de la prochaine station service. Une fois arrivé à celle-ci, un prix exorbitant de 5$/Gallons (soit 1.25 CHF/Litres) est affiché. Il ne me reste qu’un quart de barette mais je décide de pousser le réservoir pour faire les 80 km qui me séprent du petit village avec quatre stations d’essence. J’imagine donc que la concurrence fera chuter les prix. Malheureusement pour moi, une fois sur place, le prix est encore de 5$/Gallons. Je suis à la frontière Californio-Nevadienne et je suis presque certain que l’essence sera moins chère au Nevada. Je décide tout de même de mettre 20$ qui me serviront à atteindre la prochaine station à 50 km. Pendant que je suis à la pompe, le type de la voiture derrière moi m’interpelle. Il me dit qu’il a perdu son porte monnaie et qu’il a besoin d’essence pour rentrer à Denver. Il me dit qu’il vient du moyen orient et qu’il est pret à me donner sa bague en or si je lui fait le plein. Il a l’air tout chamboulé et vraiment désespéré. J’ai l’impression qu’il sort tout droit du film “very bad trip”, Las Vegas n’étant qu’a 100km. Je lui donne donc 20$ pour le dépanner. Il me donne sa bague et m’en demande plus. Je lui donne un autre 20$ et lui dit que c’est tout ce que je peux faire pour lui. Il veut me donner sa chaine en or qu’il porte autour du cou pour un autre 40$. Je lui fait comprendre que s’en est assez et qu’il garde sa chaine en or pour l’échanger avec quelqu’un d’autre. J’examine sa bague en or. Drôle d’objet. Je n’ai jamais eu une telle chose entre les mains. Peut être qu’il m’a roulé. On verra…


Le soir je me trouve un coin tranquile dans le parc du lac Mead. La piste d’un dizaine de kilomètres menant au lac est jonchée de ces bosses caractéristique aux pistes en terre. Le passage répété des véhicles creuse des petites bosses qui font trembler le van. Je décide donc d’accélérer pour atténuer les vibrations. Passé le 60 km/h les vibrations s’atténuent. Je monte jusqu’à 90 km/h et elles s’atténuent encore un peu. À cette vitesse les virages paraissent serrés et les roues arrières chassent. J’ai l’impression de faire une course de rally. Heureusement pour moi, la vue est dégagée et je peux voir qu’il n’y personne à des kilomètres à la ronde. J’arrive finalement au bord du lac. Nous sommes quatre véhicules à nous partager la plage, un distance d’un terrain de foot entre chacun de nous. J’en profite pour prendre ma douche dans le lac avant qu’il ne fasse nuit.

Une fois la nuit tombée, je regarde un film qui traine sur mon ordi. Juste avant minuit je met le nez dehors. Le ciel étoilé est magnifique. J’ai l’impression d’être sur une autre planète. Las Vegas au nord et une autre ville au sud créer des halos coniques de lumière montant au ciel et se reflétant dans la noirceur du lac. Malgré cette lumière environnante, le ciel n’en reste pas moins sombre et la voie lactée est bien visible. J’assiste au passage de quelques étoiles filantes accompagné par des éclaboussement d’eau d'oiseaux qui pêchent.


Le matin je fais la connaissance de Shean qui est venu faire du kite-surf. Nous déjeunons ensemble et partageons nos aventures. Il habite à San Diego et est venu pour quelques jours profiter du lac. Il travaille comme informaticien et n’a besoin que de son ordi. Il peut donc aller faire du kitesurf et travailler dans la même journée en étant loin de San Diego. Je lui dit que j’essaie aussi de faire du travail autonome mais que ça ne marche pas fort pour l’instant.

Je passe plus ou moins la journée sur la route. Je traverse Las Vegas qui n’est pas aussi dégeulasse que je ne l’imaginais. Il y a quelques arbres et de la verdure. La ville est tout de même contruite autour de l’automobile avec des échageurs d’autoroute sur trois étages et des transports en commun probablement inexistant. Je traverse la cité des vices sans m’arrêter.

À la frontière avec l’Arizona, le paysage devient montagneux, les roches sont encore couleur sable. Fait intéressant, le tronçon de l’autoroute 15 qui traverse un coin de l’Arizona ne possède aucune sortie. Je suis donc physiquement en Arizona mais je n’ai aucun moyen d’y accéder. C’est un peu comme de changer d’avion dans un pays que l’on a jamais visité, sans pour autant mettre un pied en dehors de l’aéroport. Une fois en Utah, le payage change encore. Les cayons deviennent plus abruptes et la roche vire au rouge. Les stations essence affichent un prix digne du rêve américain à 2.8$/Gallons, je décide donc de faire le plein.

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Mardi 22 – Mercredi 23 Octobre

Zion, un parc dont j’avais entendu de belles choses et qui ne me déçoit pas. Le parc, formant une vallée, est fermé aux véhicules et un système de navettes assure les liaisons jusqu’au bout de la vallée. Les montagnes finissant toutes en falaises sont vertigineuses. Les roches sont d’une couleur ocre et les plus haut pics virent au blanc. L’asphalte noir flanbant neuf, contrasté avec la roche rouge me donne l’impression d’être dans un dessin animé de Bipbip et Coyote. Bien que ce soit un peu frustrant au premier abord d’être obligé de prendre la navette, le réseau est extrêment bien desservit. C’est aussi un plaisir de n’avoir aucun bruit de traffic dans le parc. Je commence ma journée avec la randonnée du Angels Landing qui est un sentier montant un rocher digne d’une tranche de pain. La vue au sommet est magnifique. Je contemple un moment l’arrêt d’autobus en contrebas. La route et les bus sont minuscules. Ils me font penser aux voitures en jouet lorsque j’étais enfant et me donnent envie de pousser le bus du bout du doigt. La vallée est tellement à pic qu’elle se retrouve dans l’ombre la plus grande partie de la journée et l'epression des falaises change au fil de la journée en fonction de l'ombrage présent.

Je décide ensuite de prendre la navette jusqu’au bout de la vallée. Un sentier longe la rivière puis s’arrête brusquement. La rivière lèche les falaises des ses deux bords et ne laisse plus de place pour le sentier. La rivière est réputée pour être un chemin en elle même et les plus braves continuent à marcher avec de l’eau jusqu’à leurs genous. Je m’essaie donc à cette pratique. L’eau froide pénètre mes chaussures instantanément. Je marche ainsi une quizaine de minutes, combattant le froid et prenant des pauses pour réchauffer mes pieds sur les quelques roches qui dépassent de l’eau. Certains groupes menés par des guides sont équipés de chaussures en néoprène et de pantalons imperméables. À la courbe suivante, les groupes sont immergés jusqu’au haut des cuisses. C’est en assez pour moi et je rebrousse chemin. Je fais ensuite une petite pause pour sécher mes chaussures au soleil, trop petite pour les sécher complètement.

Au retour vers l’entrée du parc, je décide de sortir deux arrêts avant le terminus pour emprunter le sentier pédestre. Cette dernière marche comble ma journée. La vallée, un peu plus large, jouit des rayons de soleil de l’après midi. Un luxe que j’apprécie après la fraicheur de la rivière et de sa vallée ombragée. Un enchainement de ponts zigzag au dessus de la rivière puis le sentier finit dans la plaine bordée de sommets vertigineux.

Le soir je trouve un bel emplacement relativement proche du parc, plat, et offrant une belle vue sur les canyons alentours. Je sympathise avec les français d’à côté. Faisant le trajet inverse au mien, nous échangeons nous carte des parcs nationaux que nous avons déjà visités. Je m’apprète à cuisiner lorsqu’un Redneck klaxonne, toque à ma porte puis me dit de partir. L’endroit est défendu aux campeurs et il s’apprète à appeler le sheriff. Il repart dans son van tout pourri qui grince dans les bosses et répète son numéro à tous les vans qui jochent le bord de la piste. Je reprends donc la route de nuit et me trouve un emplacement bien moins agréable de l’autre côté de la vallée.

Le lendemain je fais une randonnée qui me mène au bassin Emerald. Le bassin se trouve en contrebas d’une falaise vertigineuse en demi-cercle. Les traces foncées et la roche polie laissent deviner une cascade asséchée. En descendant je remarque les roches qui jonchent la vallée, certaines faisant la taille d’un petit immeuble. Toutes ces roches proviennent du haut de la fallaise, je ne peux qu’imaginer la chute impressionnante des plus grosses.

Je monte ensuite la route menant au tunnel du mont Carmel. La vue sur les pics environnants est époustoufflante. Le tunnel quand à lui est sombre mais est pourvu de fenêtres taillées dans la roche qui donne une vue plongeante sur la vallée. Certaines fenêtres perchées au milieu de la falaise sont visible de l’extérieur.

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Jeudi 24 - Samed 26 Octobre

Mercredi soir je trouve un coin tranquile devant le parc de Bryce. L’altitude de 2500m, l’air sec, et l’emplacement au milieu du désert loin de la pollution lumineuse font de Bryce Canyon un excellent point d’observation astronomique. Je n’ai jamais vu autant d’étoiles dans le ciel. Mais je trouve le ciel un peu sombre. La voie lactée n’est pas aussi impressionante que sur les photos à l’entrée du parc. C’est tout de même un beau ciel étoilé. Cette beauté à un prix… le froid. À 2500m, les nuits sont glaciales. Je dors habillé, avec des grosses chausettes, mes trois couvertures et un pull à capuchon. Mon corps est assez chaud sous les draps mais mon nez est froid et je ne dors pas très bien. Vers 6h du matin je met la chaufferette en marche. Après un moment le van est à une température agréable, probablment autour des 15 degrés, malheureusement la chaufferette fais un bruit qui m’empêche de me rendormir. Je me cuisine donc un repas chaud que je mange en mettant la casserole chaude sur mes genous. Ma journée commence donc de bon heure.

Je commence par le Fairyland Trail. Du long de ses 14km il m’amène au milieu des Hoodoos, ces formations rocheuses particulières à Bryce Canyon. Au fil des années, les cycles de gels et dégels effritent la roche qui prends parfois des formes singulières. Le sentier contourne les formations rocheuses. J’ai l’impression de passer d’une pièce à l’autre d’un musée. Je traverse ainsi l’exposition sur les monolithes, l’exposition sur les colonnes Grècques, la salle du Tower Bridge, l’oeuvre “fenêtre sur cours”, la salle des dieux d’Asgard avec le fameu marteau de Thor, et je finis avec “le clou du spectacle”. Je reprends ensuite la route touristique qui m’emmène devant un pont naturel et devant le point de vue Rainbow. Je finis ma journée en me payant une douche chaude bien méritée.

Le soir, pas question de repasser une nuit dans ce froid. Je roule donc deux bonnes heures pour redescendre à 1600m. Je me cuisine des burritos un peu trop épicé et je passe la nuit dans le désert.


Au matin j’opte pour visiter le Red Slots Canyon, un canyon rouge et étroit. Ce monument est une perle cachée, n’appartenant à aucun parc son accès est gratuit. Pour m’y rendre, je dois traverser 5km dans le désert sablonneu. Je commence donc ma marche de bon matin pour profiter de la fraicheur avant que le soleil n’écrase la plaine. Mes pieds s’enfoncent dans le sable froid et j’avance lentement. Je découvre aussi de nouveaux muscles dans mes pieds que le sable me force à utiliser. Deux quads me dépasse à vive allure. Après une bonne heure de marche, de la roche rouge surgit du sable et borde le chemin. Je me trouve à l’entrée du Canyon et je vois les deux quads parqués.

Je m’engouffre dans cette étroite entrée où le sentier serpente entre deux murs d’une dizaine de mètres se faisant face. Je ne suis pas déçu par la beauté de l’endroit. Le canyon est rouge comme on se l’imagine et les murs sont couvert de vaguelettes polies par la rivière qui y circule de temps en temps. Ce genre de topologie est sujet à des innodations-éclairs, en un instant l’eau peut débouler dans le canyon emportant avec elle des débris et des troncs d’arbres. Je contemple les troncs d’arbres coincé entre les murs du canyon. On dirait des oeuvres d’arts, tels des ossements de baleines accroché au plafond d’un musée. Soudain, un bruit effroyable me fige sur place. Ciel ! Une innondation ! C’est ici que tout se termine mon petit Romano, pensé-je. J’avais pourtant regardé les prévisions météorologiques et aucune pluie n’était annoncée dans les environs. Je suis figé sur place, je ne sais même pas de quel côté courir étant donné que je n’ai aucune idée du sens d’écoulement des eaux. Soudain un grand corbeau filtre la lumière du haut du canyon. Ses battements d’ailes résonnant dans le canyon produisent un vacarme ahurissant. Il m’a bien eu !

Dans l’après-midi, je prends la direction de Glen Canyon. Un lac avec une topographie intéressante attrape mon attention. Je décide donc d’y faire un détour. Un énorme rocher se trouve au milieu du lac, il s’agit de Lone Rock. Comment une telle formation rocheuse peut elle se retrouver entouré d’eau ? Eh bien la réponse est qu’il s’agit d’un lac artificiel formé par le barrage de Glen Canyon.

Le lendemain je fais un arrêt devant ledit barrage de Glen Canyon. Puis je vais au Horseshoe Bend. J’ai toujours cru que cette mythique partie de la rivière Colorado qui serpente dans un énorme canyon rouge était le Grand Canyon, mais en fait cette section fait encore partie de Glen Canyon. Le Grand Canyon se trouve à deux heures de routes au sud et ce sera le sujet du prochain chapitre :)

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Dimanche 27 Octobre

Le fameux Grand Canyon. Il est encore plus grand que ce que j’imaginais. Environ 10km de large par 1600m de profondeur… Savez-vous ce que ça veut dire ? Que je me trouve à environ 2000m d’altitude. Il vente à décorner les boeufs. Je suis stationné devant le premier point de vue et le van est ballloté par le vent. À un moment mon bonnet s’envol mais je l’attrape avant qu’il ne se dirige vers le précipice. Le Grand Canyon est Grand ! Trop Grand. Je ne sais même pas ce que je prends en photo. Les points de vue offre des spectacles époustoufflant sur les falaises en escaliers.

J’aime beaucoup le fait que le haut plateau entourant le canyon est boisé. Je conduis donc dans une forêt d’autonme avec des épineux et des chênes brunissant. Si bien que j’en oublie que je suis proche du canyon, avant qu’une falaise à pic ne me le rappelle.

Je suis d’humeur plutot paresseuse alors j’opte pour une courte randonnée. Je descends d’environ 200m, tout juste assez pour franchir le premier escalier. En chemin je croise de véritables cow-boy navigant une caravanne de mules sur ce sentier à pic.

Au centre d’information, la dame me dit que de la neige est attendue dans la nuit. Je décide donc de ne pas passer plus de temps sur le haut plateau. Je descends la route et passe la nuit sur le staionnement d’un casino. Un casino digne du far west. Il n’y a personne qui me demande une pièce d’identité à l’entrée. Il y a même une dame une clope au bec devant une machine à sous. Je me fais membre du playing club et reçois 10$ à jouer que je perds presque aussitôt. C’est tout de même une nuit gratuite avec WiFi et boissons sans alcool à volonté.

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Lundi 28 Octobre

Le lendemain je décide d’aller faire un tour à Meteor Crater. Un cratère formé par une météorite il y a plus de 50’000 ans. C’est un beau trou d’environ un kilomètre de diamètre et 200m de profondeur. C’est le cratère le mieu consevé au monde. Si bien que l’équipe Appollo est venu s’entrainer et tester leur matériel en ce lieu.

Son histoire est assez intéressante. En 1903, un ingénieur minier nommé Barringer s’installe dans le cratère dans le but de miner l’astéroide qui pense être enfouis sous le cratère. Il passe les 26 années suivantes à creuser des trous dans le cratère. Il y découvre une multitude de fragments de fer et de nikel, mais pas le gros astéroid qu’il espérait. La communauté scientifique de l’époque se demande donc si le cratère n’est pas d’origine volcanique. En 1960, Dr Shoemaker, travaillant sur les explosions nucléaires dans le désert du Nevada observe une similarité avec ce cratère. Les couches rocheuses retournés sur les flancs du cratère, l’absence de lave solidifée et la découverte de fragments de roches fondues sont des signes qui ne trompent pas. Il en conclu que ce cratère a bien été formé par la chute d’un astéroide, mais que celui ci c’est désintégré en fragments et poussières lors de l’impacte. Bien que l’ingénieur Barringer n’ait jamais trouvé son astéroide, ses recherches ont fait avancer la science. Le prix Barringer récompense chaque année la meilleure découverte reliée aux cratères. Le lieu appartient aujourd’hui aux descendants de sa famille.

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Mardi 29 Octobre

Voilà un parc moins connu que je voulais vraiment visiter. Il contient une grande concentration d’arbres vitrifiés, transformés en roches, pétrifiés à tout jamais. Quel est processus capable de vitrifier un arbre ? Le même qui creuse les cayons et les vallées: l’eau et beaucoup de temps. Les troncs d’arbres ont plus de deux cents millions d’années ! À cette époque, due aux mouvements des plaques techtoniques, l’Arizona se trouvait sur la ligne équatorial. Ces fossils proviennent donc d’arbres tropicaux. La région était couverte d’un marais. Lorsque les arbres tombèrent, ils pompèrent l’eau, transportant au passage des minéraux qui s’installèrent au sein de leures cellules. Le temps et la pression des couches rocheuses qui les ensevelirent par la suite cristalisèrent ces minéraux qui forment aujourd’hui les arbres pétrifiés. Les arbres sont incroyables, les veines et écorces sont vitrifié par des éléments différents, révelant des couleurs différentes pour chaque détails.

Je visite aussi la maison d’Agate, une maison recrée par les archéologues sur les ruines, construite en troncs d’arbres pétrifiés. Pétrified Forest est un haut lieu d’archéologie car le processus qui a englouti et vitrifié les arbres à aussi pétrifié une quatité incroyable de fossils.

Je visite ensuite les Badlands, ces structures en glaise séchées à l’apparence de peaux d’éléphants. Lors de grosses pluies, la glaise coule et révèle de nouveaux fragments du passé. Les troncs d’arbres présent ici sont de couleur bois, si bien que je décide d'en soulever un. Son poids incroyable me confirme qu’il s’agit bien d’une pierre!

Je visite ensuite Painted Desert Inn, une auberge qui servait d’arrêt sur la mythique Route 66, une des premières routes menant à l’ouest, reliant Chicago à Los Angeles. L’auberge fabriquée avec les pierres roses locales a été restaurée. Les murs intérieurs sont décorés avec des peintures Hopi et la vue depuis la salle à manger donne sur le painted desert, un desert avec des dunes roses !

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Mercredi 30 Octobre

Je traverse le territoire Navaro qui s’étends entre les quatres états: Utah, Colorado, Arizona et Nouveau Mexique. Tout est là pour un bon film Western, la radio local avec le narrateur incompréhensible, suivit par des chants natifs sur un fond de tambours, la paille poussée par le vent qui roule sur la route, et les chevaux qui courent dans la prairie au lever du soleil. Je passe la nuit sur le stationnement d’un Casino Navaro, flanqué entre l’autoroute et le chemin de fer. La météo annonce -12C, je décide d’hiverner le réservoir d’eau par peur qu’il ne gèle. Je le vide et je met de l’antigel dedans. La nuit est rude et je met la chafferette en marche à 3h du matin. Vers 6h je décide de prendre la route vers Aztec Ruins.

De son nom trompeur donné par les explorateurs espagnols, ce sont les restes d’un village bâti au 11e siècle par les peuples Pueblo, les ancêtres des tribues Hopis. Selon la légende, ce peuple vivait dans le troisième monde (une caverne) avant l’origine des temps. Un jour ils entendirent des pas sur le toit et voulurent découvrir l’au delà. Ils plantèrent un sapin qui grandit jusqu’au toit. Puis ils percèrent le toit à l’aide d’une tige de roseau. Ils envoyèrent un oiseau pour explorer le monde. Lorsqu’il revint, il chanta les merveilles de ce monde, les forêts, les rivières, les larcs, et les animaux. Les Anciens rassemblèrent le peuple et franchirent le passage vers le quatrième monde. Ils furent salués par le soleil levant et la lune couchante. Le peuple se sépara en quatre clans guidés par quatre chefs et chaque groupe suivit l’une des quatre directions.

Dans leur périple, le peuple bâtit pleusieurs villes dont les ruines sont encore visible aujourd’hui. Mesa Verde, Aztec Ruins et Chaco. Ils bâtirent Aztec en une trentaines d’années puis l’abandonnèrent après 200 ans. Selon la légende, le peuple n’était que de passage dans ces emplacements.

L’architecture est impressionnante, les bâtiments atteignent trois étages, les portes sont basses et les chambres sont collés. L’accès à la dernière pièce se fait en traversant les autres. Le village possède plusieurs Kivas, des salles de cérémonies où l’accès se faisait par le toit. La grande Kiva a été restaurée en 1934 et est utilisée aujourd'hui par les tribues locales pour des célébrations. Le mur Nord du village est aligné avec la course du soleil lors du solstice d’été, démontrant le savoir de ce peuple nomade. Le peuple choisit des pins de grandes qualités qu’ils transportèrent sur des dizaines de kilomètres pour soutenir les toits. Il en résulte un toit quasi intacte dans certaines parties du site.

En après midi, j’atteins Mesa Verde dans le Colorado. Effleurant les 3000m d’altitude, il fait encore plus froid. De la neige borde la route et les coins ombragés.

Mesa Verde est réputé pour ses villages dans les voutes de la montagnes. Je ne pensais pas que de telles vestiges existaient en Amérique du nord. Ces emplacements orienté plein sud offrent une protection contre les vents froids du nord et sont chauffés par le soleil bas en hivers. En été, lorsque le soleil est plus haut, la voute offre de l’ombre sur le village. Malheureusement pour moi, l’accès au village est défendu à cause de risques d’éffondrement de la voute. Le spectacle n’en reste pas moins impressionnant.

J’ai l’impression de me trouver dans un récit de Tolkien, les villages étant perchés au bord de la falaise, illuminé par le soleil de fin d’après midi. Certaines constructions de l’autre coté de la vallée sont isolé dans l’immensité de la falaise. À son pic de population, le plus gros village abritait environ 150 personnes. Je fais travailler mon imagination et je me met à penser à ce village autrefois pleins de vie, un millier d'années avant notre ère...

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Jeudi 31 Octobre

Le matin je décide de prendre une douche après exactement sept jours sans me laver. Mais je ne pue pas, il fait trop froid pour puer. J’en profite aussi pour laver mon linge. En fin de matinée, je me dirige ensuite vers le parc Tribal de Monument Valley. Le parc appartient aux tribus Navarros et ne fait pas partie des parc nationaux. Je dois donc débourser 20$ pour l’entrée et je me dis que c’est une bonne chose que cette sommes là bénéficie directement aux tribues locales.

Le parc est impressionnant, avec les monolithes rouges sortant de terre, sur fond de sable rouge. Le parc se fait en voiture et à mon grand regret il n’y a pas vraiment de sentier pédestre. Je fais donc ce parc "à l’Américaine", sans m’éloigner de plus de vingt mètres de mon véhicule. À chaque point de vue, des stands de bijoux et arts Navarro sont alignés au bout du stationnement.

Au centre d’information, un petit musée parle du peuple Navarro et du fameux code utilisé lors de la deuxième guerre mondiale. Ce code à l’apparence incompréhensible était utilisé pour transmettre de l’information securisée par radio. Un Navarro à chaque bout de ligne pouvait donc traduire le code en anglais pour ses supérieurs.


Je me dirige ensuite vers Blanding. À la station service, je m’achète une part de pizza que je décide de manger sur les petites chaises devant les pompes à essence. La vue n’est pas terrible mais le soleil de fin d’après midi est agréable et je profite de ce moment de chaleur. Un petit chat vient se frotter à ma jambe. Je joue un moment avec puis une dame avec son pirate et sa princesse (ses enfants déguisés pour Halloween) me demande si c’est le mien.

Je me cherche ensuite un endroit pour passer la nuit. Je m’arrête au centre d’information pour un accès Internet. Je discute un peu avec le réceptioniste. Il s’agit d’un Mormon polygamme de 67 ans, un très sympathique monsieur. Je pensais que les Mormons étaient conservateurs et un peu arriérés mais lui est très ouvert d’esprit. Il me parle de ses voyages en Europe et de l’histoire des États-Unis. Il me recommende fortement d’aller voir Natural Bridges qui est à une petite heure de route seulement.


C’est la fin du mois, c’est donc l’heure du bilan mensuelle.

Pour le mois d’octobre j’ai dépensé un peu moins de 1400 CAD. C’est en grande partie dû au fait que je suis resté une semaine et demi à Los Angeles et que ça ne m’a pratiquement rien coûté à part un peu de nourriture.

Comme à chaque mois, plus de la moitié du budget est brûlé en essence pour le véhicule. Les loisirs comprennent une combinaison pour le surf à 40 USD, un abonnement de yoga à 30 USD, un livre à 20 USD (qui n’est pas aussi bon que le précédent livre) et deux fois 20 USD pour les parcs de Meteor Crater et Monument Valley. 270 CAD d’épicerie ce mois ci. Les extras comprennent deux repas au In-N-Out, une soirée à une Taqueria Mexicaine, et des muffins et cookies pour accéder à des cafés avec Internet pour un total de 100 CAD. La section autre comprends deux landromates, deux douches (oui oui deux douches payantes ce mois ci, il y avait des douches gratuites sur les plages de LA), le tuyeau du chiotte, les câbles de pontages car la batterie refusait de faire tourner le démarreur, et un gallon d’antigel.

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Vendredi 1er Novembre

Conseillé par le Mormon de 67 ans, je décide d’y faire un détour. En chemin, je croise deux groupes de cerfs comptant une dizaine d’individus. Ils sont au bord de la route et l’un d’eux décide de traverser au moment où j’arrive. Les ayant vus de loin, j’avais heureusement déjà réduit ma vitesse.

Le parc comtient trois ponts dignent d’un paysage enchanté. Les deux premiers avec une forme de parfait demi-cercle d’environ 80m de haut, le dernier d’une longueur et d’une finesse inimaginable à tel point que je soupçonne un chaman de venir faire des incantations magiques tous les soirs pour éviter qu’il ne s’effondre.

Les ponts sont formés par l’érosion dû à la rivière. En cette saison la rivière est complètement asséchée. Je descends dans le canyon sous le premier pont puis je referme le boîtier de ma camera provoquant un clic aigue… suivit d’un deuxième un seconde plus tard. Étant silencieux jusqu’à présent, je réalise que le canyon forme un formidable écho. Je m’amuse donc à faire une petite mélodie en claquant des mains, suivit de près par mon écho.

En arrivant au parc, la ranger m’avait pointé sur la carte l’emplacement de ruines bâties sous la voute de la falaise. N’ayant pu approcher les ruines de Mesa Verde, je décide de m’aventurer dans celles-ci. Je longe donc le canyon en direction de la cité perdue, me prenant un instant pour le célèbre Docteur Jones. Le canyon asséché est rempli des peupliers jaunies par l’autonme et je marche sur les feuilles d'autonme qui tourbillonnent au vent.

J’aperçois finalement la cité perdu, il s’agit plutôt d’une maison bigénérationnel. L’accès se fait en escaladant la falaise inclinée. Je me poste ainsi sur la plazza devant les deux maisons et comtemple ce spectacle. J’essai d’imaginer la vie de ces individus qui ont peuplé cet endroit. J’imagine le père de famille qui revient de la chasse avec un cerf sur le dos, tandis que sa femmes prépare le feu surveillant du coin de l’oeil les enfants qui jouent au bord de la falaise. Non seulement je les imagine, mais j’entends leur pas dans les feuilles mortes ! Il s’agit en fait d’un vieux monsieur qui marche dans le canyon en contrebas et ses pas résonnent dans l’écho de la voute en face de moi. Je le rejoins dans le canyon et lui parle de l’écho de ses pas que j’ai entendu. Le monsieur à la moustache blanche est un habitué de ce parc, il me dit qu’en marchant une dizaine de kilomètres dans le canyon il a compté cinq ruines dans les falaises.

Je me cuisine ensuite un repas devant le point de vue du deuxiéme pont. Je décide de ne pas descendre dans le canyon pour celui-ci et l'observe simplement de haut.

Puis je me rends au troisième pont et je descends le voir de près. Sa finesse est impressionnante. Je m’allonge à ses pieds et rêvasse en le contemplant. Je me dis que ça ferait une belle scène de film de voir des silhouettes d’aventuriers traversant le pont dans la pénombre du coucher de soleil. Le vieux Mormon avait raison, ce parc en vaut amplement le détour.

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Samedi 2 Novembre

Arches National Park. En voilà un parc auquelle j’avais de grandes attentes et il ne m’a pas déçu. Le matin je fais le sentier de la boucle du Diable parsemé de quelques arches, dont une extrêmement mince. La différence entre les ponts et les arches c’est que les ponts sont formés par l’eau alors que les arches sont formés dans des environnements secs. Un mélange de cycles de gel/dégel et des pluies et vents violents effondrent la roche. Parfois la couche rocheuse du haut est plus compacte que la couche du bas qui finit par s’effondrer en premier formant une arche.

J’opte ensuite pour l’arche délicate. La star du parc si l'on peut dire. Cette arche étonnante se tient debout au milieu d’une arène naturelle. Son point fort est qu’elle n’est pas reliée à un mur mais elle se tient sur debout sur ses deux pattes.

En descendant je fait un petit détour par les pétroglyphes, des gravures ancestrales sur une roche. Je remarque que le dessin représente un homme à cheval gardant un troupeau de chèvres. Sachant que les chevaux ont étés introduits aux tribus locales par les blancs, je me dit que la gravure ne date pas de l’antiquité. En effet, la pancarte date la gravure aux années 1830. Nous sommes le samedi d’une fin de semaine prolongée et il y a plusieurs groupes étudiants en visite. Je fais ainsi la connaissance de Sandra qui étudie à New York. Je l’accompagne sur le sentier un moment et nous partageons nos livres préférés et notre définition de la liberté. Ce genre de rencontre intéressante ensoleille mon voyage.

Je décide ensuite de passer un moment dans le jardin d’Eden, un jardin en roche avec des cailloux qui tiennent en équilibre et des tours digne des milles et unes nuits. Je fini ma journée par le sentier de l’arche double, deux grandes arches formant un V dans la falaise.

Le soir, je me trouve un emplacement dans la brousse, juste à temps pour comtempler le coucher du soleil.

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Dimanche 3 Novembre

Je commence ma journée avec des crêpes bacon et fromage. Puis, je rentre dans le parc et demande des conseils au Ranger. Il dessine sur ma carte plusieurs options pour des courtes randonnées. Je commence par mesa arch qui est une arche au bord de la falaise, donnant l’impression que le point de vue se trouve derrière une fenêtre.

Je me dirige ensuite vers le début d’une randonnée de 6km, mais une fois sur place, la digestion de mes crêpes et la fatigue des randonnées de la veille se font sentir. J’opte donc pour une rapide sieste sur le stationnement au debut du sentier. À mon réveil, je suis un peu paresseux et je décide de passer la randonnée. À la place je vais à grand veiw point et je marche le long d’un sentier au bord de la falaise. En lisant les pancartes, j’apprends que le parc referme de l’uranium qui était extrait lors de la deuxième guerre mondiale. Au passage, je ne l’ai pas mentionné, mais Monument valley en contient aussi. La vue est belle du bord de la falaise. En contrebas, une crevasse aux paroies blanches me fait face, remplis de colonnes rouges.

Je visite ensuite un autre point de vue, assez similaire au deuxième si ce n’est qu’il me permet d’apercevoir la rivière verte (Green River). Cette rivière se jette dans la rivière Colorado quelques dizaines de kilomètres plus bas. Malheureusement pour observer la jonction il faut utiliser une autre entrée du parc qui se trouve à deux heures de route. John Wesley Powell fut le premier à descendre la Green river et Colorado river en 1869. Il fut ainsi le premier à cartographier Canyonlands et le Grand Canyon.

J’ai l’impression d’en avoir assez vu avec les canyons de pierres rouges et je décide ensuite de prendre la route en direction du Colorado.

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Dimanche 3 – Mardi 5 Novembre

En après-midi en sortant de Canyonlands, je traverse la frontière du Colorado et je m’arrète à un centre d’information. La sympathique madame me conseille d’aller voir le monument national à dix minutes d’ici. Je décide d’y faire un tour. Le Colorado National Monument ressemble vraiment aux canyons rouges de l’Utah, si ce n’est que le plateau supérieur est couvert d’une forêt. Un route traverse ce parc montant environ 600m de dénivelé à son entrée puis finit par une descente toute aussi abrupte à sa sortie. À un point de vue, un monsieur un peu obèse jette son mégot de cigarette dans le ravin. Je me dis que certaines personnes sont stupides. En repartant vers sa voiture, il s’encouble sur une pierre, ce qui me met le sourire aux lèvres.

La route en haut de ce petit parc est bordée de neige. N’ayant pas mes pneus d’hivers, je me dis que je ferais bien de sortir du Colorado avant que de nouvelles chutes de neiges tombent. Le lendemain je conduis donc jusqu’à Denver en prenant l’autoroute qui traverse le Vail Pass, un col à 3251m d’altitude! C'est probablement le point le plus haut où j'ai emmené le van. Là la neige est bien présent sur le bord de la route et sur les sommets aux alentours. Une pancarte annonce une contravention de 1157$ pour un véhicule enlisé dans la neige avec son conducteur qui n’a pas de chaînes. Heureusement pour moi, l’autoroute est propre et dégagée.

À Denver je passe la fin d’après midi dans un centre d’escalade. Faire du sport différent de la marche me fait le plus grand bien. Après ces quatres heures de route, je m’étire aussi le dos et les jambes. J’en profite aussi pour prendre une douche bien chaude. Le soir je m’endors épuisé vers 21h.

M’étant couché très tot, je n’arrive plus à dormir vers les 4 heures du matin. Je me dis que c’est un bon moment pour sortir de Denver et éviter le trafic. L’autoroute est vide de véhicules mais remplie de brume, je n’y vois pas plus loin qu’à une dizaine de mètres et je suis forcé de rouler doucement. Sommet de cette météo, la brume gèle sur mon pare-brise. Je roule ainsi en portant mes pantalons de skis jusqu’au lever du soleil.

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Mardi 5 – Jeudi 7 Novembre

Je me dit d’abord que je vais traverser le Nebraska en ligne droite car c’est un état tout plat. Je me ravise ensuite en me disant que je suis en avance sur mon planning. Je me dis aussi que si je roule en ligne droite jusqu’à Montréal, le voyage s’est terminé hier, mais si je profite un petit peu à chaque jours, le voyage ne fait que continuer. Après trois bonnes heures de route, je m’arrète à Ogallala pour visiter une gallerie d’art. Des artefactes indiens et des morceaux de bois pétrifiés y sont exposés. L’exposition était gratuite et les dames qui y travaillaient très sympathique. Je passe un moment devant les collections de pointes de flèches ramassé dans les plaines aux alentours. Je m’imagine partir à la chasse aux pointes de flèches du passé et je me dis que ce serait un beau souvenir si j’en trouvais une. Je suis aussi captivé par les magnifiques scuptures en bronze relatant le Farwest d'antan trônant au milieu de la pièce.

Je roule ensuite encore une heure et je me stationne au bord de la North Platte River. Il est encore tôt dans l’après-midi et je passe un moment à méditer au bord de la rivière. Le soleil se couche tôt, vers 18h environ et je l’observe se coucher lentement. Il peint la rivière d’un orange foncé, contrasté par la noirceur des arbres aux alentours. Je m’apprète à revenir dans le van car il fait froid mais je vois un animal traverser la rivière au loin du bout de ses pattes. De sa silhouette, j’en déduis que c’est un cerf. Sa présence ajoute un peu de magie au moment présent.

Le lendemain je roule en direction de Lincoln. Je passe à vrai dire toute la journée à conduire. À part une pause dans un café. Le soir je fais un détour par Geneva Nebraska, une bourgade de 2’226 habitants. Je passe par la place public avec une rue pavée, je fais le tour du bled, je le cheche dans tous les coins, mais en vain... Je suis formel il n’y a pas de jet d’eau à Geneva!

Le soir je me trouve un endroit paisible près d’un terrain de chasse un peu lugubre. Les chiens et le train hurlant au loin ajoute un peu de sinisme à la scène. Je passe tout de même une bonne nuit avec la chaufferette.

Le matin suivant pour fêter les 372’000 km du van, je lui offre un changement d’huile, avant de continuer vers l’Iowa.

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Jeudi 7 – Vendredi 8 Novembre


Je passe plusieurs heures au zoo gratuit de l’Interstate 80 qui s’étend sur environ 200km entre Omaha et Des Moines, j’y observe une vingtaine de cerfs couché sur le coté, une dizaine de ratons laveurs avec leurs queue sur le goudron, un beau petit renard roux qui fait la sieste pour toujours et un énorme loup avec la gueul sur la chaussée qui passe à moins d’un mètre de mes roues. Je pense que c’est le tronçon d’autoroute que j’ai emprunté avec la plus grande densité d’animaux morts.


En fin de journée je rejoins Joe à Des Moines, un ami de grimpe du chapitre 11. Nous passons un moment dans son garage où il y a construit un mur d’escalade. Me défouler et me dégourdir les jambes me fait le plus grand bien. Il me propose d'essayer une nouvelle voie qu'il trouve difficile. Je le complète devant son regard stupéfait. Il me dit qu'il nommera cette voie Fenchy en mon honneur.

Il m’invite ensuite chez lui pour souper. Nos mangeons des pizzas avec, Mav, son fils de deux ans. Nous jouons aux Legos et Mav fait une fixette sur Batman que nous trouvons finalement au fond de la caisse à Lego. Joe me propose de dormir sur le canapé. Je ne voulais pas abuser de son hospitalité mais ça ne me tente vraiment pas d’aller dormir dans le van qui a refroidis. J’accepte donc son offre et je passe ma finalement une nuit dans une maison après plusieurs mois. Le lendemain nous regardons les dessins animés pendant que Joe nous cuisine des oeufs. Cette petite touche de civilization me réconforte. Je remercie Joe chaleureusement et me dit qu’il ne fait que préparer le terrain pour le jour où il viendra me visiter en Suisse.

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Vendredi 8 – Dimanche 10 Novembre

Se prononce Chicaaago et non Chi-cago, sinon les amerlocs ne comprennent pas.

Vendredi je parcours 500km pour rejoindre Chicago depuis Des Moines. L’autoroute comprends des péages pour un total de 10$, rien à voir avec les péages Français. Le froid et la solitude me poussent à loger dans un dortoir. L’auberge s’appelle Gataway et à 23$ la nuit avec petit déjeuner, je ne peux que la conseiller. Je discute avec plusieurs personnes, dont un groupe étudiants de l’Ohio qui vient faire une visite chez Accenture. Je vais finalement manger avec un indien qui prospecte les universités américaines pour ses études supérieurs.

La nuit n’est pas de tout repos dans le dortoir comptant dix couchettes. Deux ronffleurs de catégorie “tracteur qui à perdu son pot d’échappement” me tiennent éveillés la plus grande partie de la nuit.


Le lendemain je décide d’explorer la ville en vélo. J’aime l’atmosphère qui habite l’endroit. L’auberge est dans un beau quartier avec des rues pavées erratiques. J’évite le bord du lac Michigan car l’aubergiste m’a mis en garde contre les vents froids qui y soufflent. Je traverse un beau canal surplombé par la tour Trump où je n’y manque pas d’y lever mon majeur. Je m’arrête devant une scupture en pierre mettant en scène des employés attendant sous la puie. Bien que la scupture soit simpliste, l’expression des personnages me fait imaginer leur épuisante journée de travail.

Je me balade ensuite dans le parc Millennium en centre ville. Le parc comprends une scène artistique en métal, un pont piéton serpentant au dessus de la route pour relier les deux parties du parc et la fameuse graine de haricot lustrée “Cloud Gate”. Je fais ensuite un tour proche du lac et je me rends compte que le vent me pousse en direction de l’auberge, je décide donc d’aller me faire un restaurant indien proche de l’auberge.

Je profite ensuite du dortoir vide pour faire une turbo sieste puis je finis ma journée au zoo qui est gratuit. Malheureusement la plupart des animaux sont rentrés pour l’hivers. Je peux donc contempler uniquement les reptiles ainsi que quelques zèbres. Je passe ensuite un moment dans la serre tropicale qui est bien chauffée.

Le soir à l’auberge je rencontre plusieurs personnes dont un ingénieur mécanique dans la quarantaine. Nous philosophons sur l’astronomie, l’origine de notre monde et l’existence eventuel d’autres êtres vivants, nos sujets de discussion étant probablement initié par le film “independence day” qui est diffusé sur un écran au fond de la salle.

La deuxième nuit se passe dans le calme, le dortoir étant à moitié vide.

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Dimanche 10 – Mardi 12 Novembre

Mon objectif pour la journée est de rouler jusqu’à la frontière canadienne environ 600km à l’est. Remarquant qu’un parc national se trouve sur mon chemin, je décide d’y faire un tour. Cela me permet aussi de ne pas avoir l’impression de faire de la route toute la journée. Je fais donc une minuscule randonnée dans Inidiana Dunes Nationa Park au bord du lac Michigan. Étant donné le froid, le brouillard, le vent et la taille surdimensionnée du lac, celui-ci ressemble plutôt à la mer. Le sentier longe la plage puis m’emmène dans les dunes. Des arbres brunis par l’autonme grandissant entre les dunes contrastent avec la pâleur du sable.

Je traverse ensuite le Michigan au rythme de mes sélections musicales. Je mâche une gomme pour me tenir éveiller. Une amie m’avait dit que le fait de mâcher faisait monter du sang au cerveau ce qui aide à rester concentré. Ça fonctionne plutôt bien mais je ne suis pas un grand machouilleur. À la frontière canadienne, l’officière plutôt mignionne me pose les questions habituelles: Qu’avez-vous dans le véhicules? Où étiez-vous ? Pour combien de temps ? Je lui raconte mon périple et a l’air d’apprécier la discussion. Elle finit par me demander comment était ma session de surf en Californie.

La météo annonce de la neige pour la nuit, je décide donc de conduire un peu plus, sachant que ce morceau de route que je parcours ce soir me prendrait deux fois plus de temps sous la neige. Je finis par dormir à Woodstock Ontario pour un total de 700km parcouru en une journée! Ce n’est pas ledit Woodstock, les ontariens sont très bons pour copier des noms existants, comme London et Melbourne par exemple.


Le lendemain j’ai rendez-vous avec Jacob, mon ancien patron qui habite à Toronto, pour une rencontre amicale au restaurant. Nous nous partageons un délicieux poisson accompagné d’une aubergine parmigiana bien gratinée, alors que la tempête de neige bat son plein à l'extérieur. Ça me fait plaisir de le voir, nous nous racontons nos vies et je lui parle de mon voyage.

Je reprends ensuite la route en espérant arriver à Montréal au soir. Malheureusment la neige tombe de plus en plus fort et je finis par me résoudre à sortir de l’autoroute. Je m’arrête devant un centre d’information mais il est fermé. Je cherche un emplacement pour la nuit sur mon téléphone, les feux de détresses clignotant car je suis sur le bord de la route. Une dame toque à ma fenêtre et me propose d’aller me réchauffer dans sa brasserie. Ce soir ils sont fermés mais ils font des rénovations du toit car la neige tombe à l’intérieur. Elle m’offre un chocolat chaud et je leur donne un petit coup de main. Ils me conseillent de passer la nuit au bord du fleuve car je vais avoir droit à une belle vue au matin. J’opte donc pour cet emplacement. La rue longeant le fleuve n’est pas dégagée et à mon grand étonnement, mes pneus d’étés tiennent plutôt bien la route. Je me cloitre dans le van et je me réchauffe un restant de soupe. La vent siffle contre les fenêtres et me laissent imaginer le van se faisant ensevelir de neige. Je met la chaufferette en marche et passe la nuitplus ou moins au chaud.

Au matin la vue sur le fleuve est effectivement splendide. Il n’a pas neigé autant que je le redoutais. Par contre la déneigeuse a laissé un beau petit mur que je vais devoir traverser. Je met la marche arrière et pèse la pédale d’accélération généreusement. Le véhicule gagne de l’inertie, les roues patines et la vaiselle s’entrechoque dans l’armoir mais je finis par me retrouver au milieu de la route dégagée. Victoire!

Je fais un rapide détour par la route panoramique devant les milles îles. Je m’aventure même dans une rue pleine de neige où je manque d’y rester pris. Je m’en sors inextremis en sortant de la rue en marche arrière. Je me résout ensuite à arrêter le niaisage si je veux arriver à Montréal un jour. Il me reste moins de deux heures de route mais j’ai l’impression que le trajet est interminable. Je me demande comment j’ai bien pu rouler autant dans ce voyage alors que je m’en sens à présent incapable. La neige, les nids de poules, les routes en construction, les véhicules qui roules 30km/h au dessus de la limite de vitesse... Je suis épuisé, le van est dégeu et plein de sel mais je suis de retour à Montréal !