Carnet de voyage

Diario de Colombia

10 étapes
5 commentaires
Découvrir Medellin et la culture Colombienne
Du 21 janvier au 17 juin 2020
148 jours
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Mardi 21 Janvier

Réveil à 3h50 pour cette nouvelle aventure! L’excitation de l’aventure m’a tenu éveillé le plus clair de la nuit. Dans le terminal de Genève je me demande à quoi va ressembler mon voyage. Noah m’envoit une liste de 14 numéros de ses amis de Medellin. Dès cet instant, je sais que le voyage va être magnifique. Le premier vol jusqu’à Lisbon se fait sans emcombre. La vue est belle et je me dis que je devrais y faire un tour un jour.

Le vol jusqu’à Miami est interminable. Je regarde un film, je lis un peu, puis je me rends compte qu’il reste encore 6h30 de vol. Je fais ensuite la connaissance d’Alicia, une belle portugaise qui s’en va au Mexique. Nous discutons dans le fond de l’appareil entrecoupé par les vas et viens des hotesses et des prospecteurs de toilettes. Nous finissons par nous assoir côte à côte sur deux sièges libres sur la dernière rangée. En bonne companie, ce vol interminable devient amusant. Nous discutons de nos voyages et de nos chemins de vie.

J’ai ensuite cinq heures interminables à Miami. Je m’endors sur le siège. Je dois ensuite payer 60$ pour prendre mon sac dans l’avion. Seules les valises digne d’un dé à coudre sont gratuites à l’embarquement. Je change ensuite mes dollars US en Colombian Pesos à un affreux taux où j’y perds 28% au change. Je m’étais préparé mentalement à me faire arnaquer, mais j’imagais ça plutôt dans des situations négociables, comme les chauffeurs de taxis. Là, impossible de négocier la prix de mon baggage où du taux de change.

Pour le vol en direction de Medellin, je me retrouve assis à côté d’une déesse Colombienne: formes généreuses, lèvres pulpeuses, visage soigné et longs cheveux noirs qui lui tombent sur les épaules. À un moment nous entamons une discussion en anglespagnol. Elle me dit qu’elle vient de quitter son copain à Miami qui la battait. Elle a visiblement envie d’en parler, c’est une des premières choses qu’elle me dit. Je suis touché par son histoire et sa situation. Je lui propose une plaque de chocolat qu’elle accepte volontier. Je lui dit que le chocolat est un bon remède dans les situations difficile. Je la fais sourir à quelques reprises puis je lui donne mon numéro sur un bout de papier. J’espère que nos chemins se recroiseront.


Arrivé à Medellin, la voiture que j’avais commandé avec l’hotel n’est pas là. Pas de chauffeur avec une pancarte Chiappinelli. Je m’y étais préparé mentallement, je ne saurais dire pourquoi. J’aborde donc un couple de Polonais qui on l’air aussi perdu que moi, mais eux ont le numéro de leur chauffeur. Je monte donc dans leur voiture. Leur chauffeur est très simpa. Il nous fait découvrir la musique Colombienne en dansant sur son siège. Il nous raconte quelques histoires sur Medellin et le tunnel menant à l’aéroport, dont la construction c’est achevée l’été passé. Il pose les polonais puis me demande un prix raisonnable et me pose à mon auberge. J’aurais du prendre son numéro. Un chauffeur simpa qui fait des prix raisonnaible je n’ai pas l’impression que ça court les rues.

Arrivé à l’auberge, ma chambre est au dessus du bar avec la musique à fond. Je suis fatigué mais je me résous à être social. Je discute un peu avec d’autres gens de l’auberge puis la musique s’arrête. Je m’endors comme une brique après cette intense journée de 28 heures.

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Jan 22 – Jan 29

Après avoir passé ma première nuit à El Poblado, je décide de changer de quartier pour aller m’installer dans une auberge à Laureles. En marchant vers le métro je remarque une quantité abondante d’officiers de police, probablement nécessaire à la sécurité de ce quartier touristique. Je baraguine une phrase en espagnol à la caissière et me retrouve avec une carte de métro Civica entre les mains. C’est une carte magnétique pour payer les transports par trajets. Un trajet de métro coûte 2650 Colombian Pesos (COP) soit 0.80 $US ou 0.80 CHF. Cette carte permet de prendre le métro, le bus, et les quelques téléphériques qui mènent aux quartiers à flancs de montagnes.

Laureles est un quartier un peu plus authentique et plus calme que El Poblado. La carrera Setanta est tout de même animée chaque soir, ce qui permet de s’y balader la nuit en sécurité. En parlant de sécurité, la plupart des petites échoppes, l’auberge également, ont une porte grillagée verouillée en permanence que la réceptioniste ouvre lorsque qu’elle juge le passant voué d’une bonne intention. J’essaie les quelques restaurants de la rue devant l’auberge. Les plats contiennent presque toujours du riz avec un viande, parfois des avocats, des bananes plantains, et une soupe de patates et pois en accompagnements, le tout pour environ 3$.

Une demoiselle de Vancouver me propose de venir avec elle pour visiter la Comuna Trece. Cette favela était autrefois un lieu extrêment dangereux et violent, mais aujourd’hui l’endroit est plus sûre dû au travail des artistes locaux qui attirent les touristes. En effet, la rue principale du quartier (très en pente) a été entièrement recouverte de peintures dénonçant des problèmes politiques comme le racisme, les imigrants réfugiés, les violences passées et le déplacement des tribues autochtones. Allié à une meilleure connexion au centre ville par les transports en communs, aux toursites et aux policiers qui veillent à la sécurité des touristes, le quartier est aujourd’hui un incontournable pour les voyageurs.

La comuna trece. La peinture exprime que nous sommes tous humains et que la clé contre le racisme est l'ouverture d'esprit. 

À l’auberge je fais la connaissance de Jordan, un Canadien qui finit ses trois mois à Medellin. Nous parlons en espagnol et je le comprends bien, il parle lentement. Il me montre le quartier et une école de danse où il a appris la salsa Colombienne. J’ai pris plusieurs cours de salsa avec des groupes d’étudiants dans le passé, mais à chaque fois j’avais l’impression de tout oublier droit derrière le cours. Je décide donc de m’essayer ici avec un cours privé. C’est intimidant d’avoir une professeure uniquement pour soi (remarquez que je n’ai pas utilisé le mot maîtresse ici), je me croirais dans une pièce de théâtre digne du Bourgeois Gentilhomme. Le cours se passe très bien et j’ai l’impression de faire de grands progrès. Dans le quartier, j’essaie aussi un centre d’escalade. C’est plutôt petit et dépareillé mais ça fait l’affaire et les locaux sont sympatiques comme à l’habitude.

Jeudi soir durant un échange linguistique à l’auberge, je rencontre Luzadiela, une colombienne, et Brooks, un américain qui est là pour un mois après avoir visité Bogota. Nous discutons en anglais et espagnol et j’apprends des expressions locales. Je les retrouves samedi pour visiter le jardin botanique où nous avons le plaisir d’admirer un inguane qui fait bronzette. Nous enchainons ensuite avec le Parque Explora, un genre de musée des sciences. C’est le genre d’endroit où les gens viennent en famille, et nous, on s’amuse comme des gamins. J’ai beaucoup aimé la partie musiques et chansons locales des différentes régions de la Colombie.

Samedi soir je sors avec Jordan et les quelques amis de l’auberge. Nous allons à un concert de Rock dans un quartier en pente très animé où Jordan me présente son ami Colombien Yeison. Les taxis, motos et piétons forment une drôle de danse dans la rue. Jordan me dit qu’il se lève à 6 heures le lendemain pour faire une randonnée menant à une cascade, près du Pueblo de Retiro. Je décide de ne dormir que 4 heures et me joins à lui. Je rencontre son ami Andres qui organise la randonnée. Nous sommes un groupe d’une vingtaine de personnes et seul Jordan et moi parlons anglais. Je passe donc la journée à parler espagnol, et je fais la connaissance de David. La randonnée est chouette, nous marchons un moment dans une rivière et finissons par nous baigner sous la cascade plutôt froide.

Dans la rivière avec nos trois guides, et sous la cascade avec David et Jordan. 

Jordan part malheureusement Lundi, mais je reste en contact avec son ami Yeison. Il a l’air plutôt hyper-actif et me propose de le rejoindre à des acitivités commes des échanges linguistiques et des cours de danse.


Lundi soir, j’emmène les amis de l’auberge au Mirador de las Palmas, un point de vue sur Medellin. La vue nous permet de visualiser l’imensité et le niveau de pollution de la ville. L’endroit est tout de même charmant et nous y restons une bonne heure.

Mardi je fais un tour au marché pour m’acheter des chaussures. Je dois avouer que j’ai pris un certain plaisir à négocier la moitié du prix des chaussures qui me plaisaient. En après-midi, je croise Kyan et Tristan, des amis de l’auberge, qui vont au musée d’art moderne, et je décide de me joindre à eux. Le batiment en lui-même est intéressant, et les expos contiennent des oeuvres d’artistes sud américain sur des sujets variés comme l’urbanisation, l’immigration, et le contrôle de l’être humain sur la nature.

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Jan 28 – Fév 5

Quelques mots sur la culture:

  • Il est très mal vu de claquer les portes des voitures. La plupart des voitures sont minuscule (gabarit Fiat Punto), les taxis aussi. Les portes se claquent très facilement si on ne fait pas attention et les chauffeurs roulent les yeux au plafond.
  • A propos des transports, aux alentours de 18 heures, le métro est bondé. La file de gens déborde de la station de métro et s’étend sur la place voisine. Les gens sont bien ordonnés et s’alignent en deux files distinctes. En montant dans le métro à l’heure de pointe, je me suis retrouvé faxé contre la porte.
  • On peut boire l’eau du robinet à Medellin, ce qui m’a surpris au début. Mais maintenant ça fait deux semaines que je bois l’eau du robinet et je me porte très bien.
  • Au supermarché, les oeufs ne sont pas vendus au frais, mais les tortillas oui.
  • Les vendeurs ambulants de matériel électronique ou de fruits ont des microphones attaché sur leur chariot. Ainsi il ne s’use pas la voix à crier leurs produits mais c’est un microphone avec une voix abominable qui le fait à leur place.
  • Les colombiens sont très simpathiques et patients lorsque je leur parle en espagnol.


J’habite maintenant dans un grande maison dans le quartier Suramericana. La maison, tenue par un Allemand prénommé Andreas, compte huit chambres où j’en loue une pour environ 200$ par mois. L’ambience est plutôt calme car nous sommes seulement quatres personnes à y habiter: Felipe, un autochtone Colombien, Tristan, un américain de San Diego, une dame dont je ne connais pas son nom car elle regarde la télé toute la journée, et moi.

La semaine passe paisiblement entre les échanges linguistiques dans les auberges les soirs, les jams* de musique, les séances de danse contact*, les cours de salsa*, les cours de Bachata*, les soirées salsa, les séances d’acro-yoga*, et tout de même un peu de travaille en après-midi. J’anime même une séance de méditation* ou les participants me disent que je suis un bon orateur.

Vocabulaire:

  • Un Jam est un espace fait pour improviser et explorer. Ainsi un jam de musique est une réunion entre musiciens qui apportent leurs instruments et improvises des chansons ensemble.
  • La danse Contact ou Contact Improvisation est un genre de danse moderne improvisée à deux ou plusieurs participants. La particularité de la danse contact est qu’il n’y pas de rythme ni de règle à suivre, ainsi les participants ont l’opportunité de pouvoir s’exprimer librement en dansant.
  • La Salsa désigne à la fois le style musicale au tempo vif et sa danse associée. C’est une danse de couple ayant des origines cubaines. À Medellin (et probablement dans un bonne partie de l’Amérique Latine), tout le monde sait danser la salsa, de même que tous les suisses savent skier.
  • La bachata est un rythme dansant originaire de République dominicaine, plein de folklore. La Bachata se danse en couple est est plus sensuelle et moins structuré que la salsa.
  • L’acro-yoga est une pratique d’équilibre qui se fait généralement à deux. Ça pourrait s’apparenter à du cirque.
  • La méditation ici n’a rien avoir avec quelque chose de spirituel ou regligieux. Je vois la méditation plutôt comme un outil pour se relaxer et se centrer sur le moment présent.
Cours de Bachata avec Aubrey, moi, Mets, Yeison, et Andrea 

Bref, mon séjour à Medellin débute bien et je commence à rencontrer des locaux dans mes différents cercles d’activités.

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Dianche 2 Février

En ce bel après midi de février dans la cité du printemps éternelle, Andreas me propose de l’accompagner pour un cueillette de Yacón. Nous embarqueons donc avec Tristan (mon colloque) dans la veille VW d’Andreas avec des pelles attachées sur le toit. La voiture ronronne, Tristan à les genous dans le menton, moi la tête dans le pare-brise, et Andreas chante joyeusement. Nous montons sur les hauteurs de Medellin où Andreas y possède un jardin. Une amie colombienne, Lina, se joint aussi à nous pour l’après midi.

Le Yacón est un fruit qui pousse dans la terre comme une patate. La plante possède pleins de racines dont l’aspect me fait penser aux mandragores dans Harry Potter. Nous en déterrons un sacré nombre et remplissons une vingtaines de sacs. Lorsque la nuit tombe, Andreas nous fait goûter cru ce fameux fruit. La chair ressemble à celle de la poire et possède un goût frais et subtilement sucré. Andreas fait de ses récoltes des réductions telle un sirop qu’il appelle Miel de Yacón.

Cueillette de Yacon avec Andreas, Tristant, moi et Lina 

Au retour, nous nous arrêtons à une source pour remplir nos bouteilles d’eau et s’y baigner. L’eau est froide et l’endroit est digne du livre de la jungle. La vapeur d’eau s’élève dans la nuit aux travers des lianes et des feuilles démesurées des arbres exotiques. En retournant à sa voiture verouillée. Lina se rend compte que ses clés se trouvent à l’intérieur. Elle nous dit que ce n’est pas la première fois et qu’un ami à elle avait ouvert sa portière en glissant une machette entre la fenêtre et la portière pour activer le mécanisme de la poignée de porte. Andreas s’en retroune donc à son jardin pour y prendre une machette. Nous nous essayons à tour de roule sur la portière muni de la machette mais Lina en conclut que la lame est trop courte. Andreas nous emmène donc à San Cristóbal où y vit l’ami de Lina expert en ouverture de portes à la machette. Tristant et moi en profitons pour manger un morceau pendant que Lina fait un appel téléphonique à son ami. Un type avec un chapeau de cowboy, qui pourrait facilement être le baron de la drogue local, fait une fixette sur la VW à Andreas. Andreas finit par l’emmener faire un tour pendant que Lina est à la recherche de son ami. Tristan et moi nous retrouvons seules dans le boui-boui au milieu du village. Lina revient peu après avec son ami, puis Andreas avec son nouvel ami au chapeau de cowboy. Nous nous séparons donc de Lina qui s’en va rejoindre sa voiture avec son expert. Elle me dit le lendemain que la méthode “machette” à fonctionné comme promis!

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Vendredi 7 février – Dimanche 9 février

En amérique du sud, tout est négociable. Ainsi je négocie le prix de ma chambre à rabais car Andreas loue la maison entière pour la fin de la semaine. Ça ne me dérange pas, j’en profite pour partir en vadrouille à Guatapé, à deux heures de bus de Medellin. Le bus est confortable et coûte environ 5$ l’allée-simple. Je m’arrête un peu avant Guatapé, comme la plupart des voyageurs du bus, pour monter la piedra del Peñol: un pain de surce en granite d’une hauteur de 220m surplombant le lac artificiel de Guatapé. Je monte donc les 650 marches du double escalier en colimaçon suspendu sur le granite. Le sommet offre une vue à 360 degrés sur le lac artificiel jonché d’îles et la campagne environnante. Le sommet est rempli de petits restaurants qui passent de la bachata. J’observe le paysage un moment, ainsi que le vol des vautours proche de la paroie rocheuse.

Je reprends ensuite un bus pour compléter mon iténéraire jusqu’à Guatapé, la ville la plus colorée de Colombie. Les maisons sont peintes de couleurs vives et le bas des murs est décoré d’art naif en relief relatant des scènes de la vie de tous les jours. Je me trouve un restaurant végane où j’y déguste des falafels avec de délicieuses sauces fait maison: baba ganoush (à base d’aubergines grillées), coco et bettrave, et mangue.

Je traverse ensuite un pont pour me rendre à mon auberge en périphérie du village. L’auberge est simpa avec des hamacs, une slackline, une terrasse en haut de la colline et un feu de camp, mais elle est peuplé de français qui parlent en français. Je n’ai pas fait tout ce chemin pour laisser mon espagnol aux oubliettes. J’entame donc une conversation avec trois chiliennes dans les hamacs. Mon accent et probablement mon incompréhension aussi, les font bien rire.

Je décide ensuite de faire une randonnée avant la nuit. Un sentier remonte la rivière et mène à une cascade. En chemin je traverse des paturages avec des vaches et des chevaux qui y cohabitent. Il y a aussi des chiens errant en chemin qui m’aboie dessus. Le sentier se finit dans une forêt que je qualifierais de jungle avec des arbres exotiques, des lianes et des feuilles démesurées. Je fais ensuite trempette devant la cascade dans une eau très fraiche.

Le soir, j’observe la nuit tomber du haut de la colline où un petit chat noir me rejoint et se fait ses griffes sur mon pantalon.


Le lendemain je rejoins Tatiana à Guatapé, une amie de la danse contacte. Je l’emmène au restaurant végane où nous boustifaillons en dessinant au pinceau les tuiles du toit. Le restaurant offre de la peinture et des pinceaux pour que les gens puissent y laisser leurs marques.

Nous allons ensuite dans une cabane en campagne pour la nuit. L’endroit n’est pas aussi isolé que je ne l’avais pensé et il n’y a pas de sentier pour faire une randonnée. Nous nous aventurons tout de même en contrebas de la colline et finissons dans un enclos à vache. Après avoir mangé des fleurs violettes “siete cueros” qui poussent sur les arbres, la nuit tombe et nous courons après les lucioles sous le clair de lune.

Le lendemain nous rentrons à Medellin sur sa moto où je prends les commandes pour un petit bout de chemin en campagne. Nous nous arrêtons ensuite à Santa Elena pour manger un morceau. Santa Elena est un Pueblo à la périphérie de Medellin où se cultive les fleurs pour le festival de fleurs qui a lieu au mois d’aout. Nous reprenons ensuite la route sinueuse descendant sur Medellin qui nous offre une vue splendide sur la ville.

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Vendredi 14 février

Vendredi, Lina me propose d’aller faire une randonnée proche de Envigado. Envigado est une ville dans la ville, au sud. Ça pourrait être un quartier de Medellin, mais en réalité ça n’en fait pas partie. Nous passons un bon moment dans les bouchons, puis nous bifurquons vers le flanc de montagne. La petite voiture de Lina peine à monter la route abrupte. Le paysage change rapidement et nous nous retrouvons dans une nature sauvage, entouré de forêt, avec quelques fincas (fermes ou maisons de campagnes) par endroit.

Nous parquons la voiture dans la rue en pente puis nous empruntons un chemin qui longe des fincas. Le chemin se rétrécit et devient pédestre. Le bruit de la rivière se fait entendre au loin. Lina gambade joyeusement sur le chemin en pente, puis sur les roches qui nous permettent de traverser la rivière. Après une petite heure de marche entre les lianes, les arbustes piquants et les feuilles démesurés que nous croisons en chemin, nous arrivons à la cascade Chorro de las Campanas (le jet des cloches).

Lina me demande si on fait trempette ici ou si on continue. La brume de la cascade me refraichit le visage et à vrai dire je n’ai pas tant envie de me baigner dans l’eau froide en ce moment. Nous continuons donc en direction de la deuxième cascade.

Le chemin monte à pic et nous mène dans une clairière parsemée de siete cueros que nous dégustons en marchant. Je remarque au passage les restes de feu de camps et me dit que nous devrions revenir y faire du camping. Nous enjambons une rivière puis la montée reprend de plus belle entre des pins. Le chemin est tellement à pic que des cordes sont attachées aux pins pour nous aider dans notre ascension. Nous rejoignons ensuite un groupe de jeune qui campent au sommet de la colline avec vue sur la cascade. Ils nous indiquent le chemin qui semble être à l’abandon avec des trous en directions du vide et des cordes pour nous aider à cheminer.

Nous arrivons finalement à la cascade Salto del Ángel (le saut de l’ange). La cascade d’une bonne trentaine de mètres fait plusieurs sauts le long de la fallaise pour finalement se jeter dans un bassin. Nous faisons trempette dans une eau glacial, mais après l’effort de cette ascension, je n’ai aucune peine à rentrer dans l’eau. Je remplis ma bouteille d’eau sous la cascade et je suis surpris du poids de l’eau qui frappe ma main due à la hauteur de sa chute. Nous mangeons ensuite une salade riz-avocat-tomates, que j’ai préparé le matin, en contemplant la chute.

Le retour se fait par un chemin différent, entre les fincas, les chevaux, les flancs de montgnes déboisés, et une vue sur El Poblado. Nous rencontrons même des framboises sauvages que nous dégustons en chemin. Le retour est long, et une fois arrivé à la civilisation, je nous récompense avec une glace vanille sur sont lit de papaye et fraises. Miam miam.

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Vendredi 21 – Diamche 23 février

Cette fin de semaine, je décide de visiter Jardín, un village dont je n’ai entendu que des éloges à 80 km de Medellin à vol d’oiseaux... Soit 4h30 de bus. Sorti du bus, je marche ensuite jusqu’au Creo Eco Lodge, une auberge-ferme bio-écolo tout en bois, sur 3 étages à flanc de colline, avec des balcons et espaces ouverts, tenu par Thibault et Eva, un couple Français et Colombienne. L’endroit est très calme, à vingt minutes de marches du village, bercé par le chant des oiseaux et le ruisellement de la rivière en contrebas.

Le soir, je retrouve Andrew, un Américain du Michigan que j’ai rencontré lors de ma première semaine à Medellin. Voilà quatres semaines déjà qu’il travaille sur une ferme de perma-culture à Jardín. Nous mangeons à la Revolución Bananera, son restaurant préféré, avec deux amies qui travaillent avec lui sur la Finca. Au retour, je rentre à pieds dans la nuit, un orage menace, mais contourne la vallée. La brume illuminée par les éclairs au loin et les lucioles qui sintillent dans les arbres donne un aspect surnaturel à ma marche nocturne.

Je passe ensuite la nuit sur un balcon de l’Eco Lodge. Il n’y pas trop de moustiques et je suis protégé par d’épaisses couvertures. J’ouvre les yeux plusieurs fois pendant la nuit et je me trouve face à des paysages différents. La montagne change de forme, sculptée par la brume qui la chapeaute. Au matin, le chants de oiseaux exotiques, la vue sur la colline avec des Eucalyptus longs et fins et la fraicheur du matin sont revigorants.

Je fait quelques étirement sur une platforme en face de la colline, puis toute l’auberge déjeune ensemble un succulent repas fait maison: confitures et café fait avec les récoltes du terrain, ainsi que pain fait maison et jus fraichement pressé. Je ne suis pas un buveur de café, mais je prends une goutte, ce n’est pas tout les jours que nous avons droit à du café fait maison.


Randonnée avec Andrew

Dans la journée, je retrouve Andrew pour une marche dans la montagne. Il vient avec Fiesta, un chien de sa ferme. Nous suivons Fiesta dans la montagne qui à l’air de connaitre le chemin mieux que nous. Nous marchons trois bonnes heures à monter la montagne, traverser des ruisseaux et des enclos à vaches. Fiesta prend un malin plaisir à traumatiser les veaux en leur aboyant dessus.

Nous descendons ensuite le flanc de montagne à pic, en nous aidant des cordes à disposition ainsi que des lianes et des racines. Nous arrivons finalement à notre objectif, la Cueva de Guachoros, une cascade qui se jette dans un cayon ombragé, sculptant une arène dans la roche. Nous nous baignons sous la cascade glaciale, écrasé par son jet.

Au retour, il se met à pleuvoir un déluge, la vallée est grisée par la pluie et le chemin se transforme en ruisseau. Fiesta n’a plus l’air d’apprécier sa ballade. Je suis trempé sous mon imperméable et mes bottes sont pleines d’eau. Ça ne me derange pas tant, la pluie n’est pas aussi froide que ne l’était la rivière. Après une heure, la pluie s’adoucit et le soleil illumine la colline. Nous marchons en diection de l’auberge puis je partage un chocolat chaud avec Andrew.


La cérémonie de Sweat Lodge

Le lendemain matin, je vais à une cérémonie de Sweat-Lodge, sorte de sauna autochtone, animé par une colombienne qui a passé 15 ans au sein de la tribue Lakota. Elle parait jeune et détendue pour une grand-mère. Certains disent qu’elle s’applique sa propre urine sur sa peau et dans ses cheuveux et qu’elle en boit tout les jours... Nous commençons la cérémonie en saluant les sept directions: l’ouest, le nord, l’est, le sud, le ciel, la terre, et le coeur. Nous faisons ensuite une guirlande en empactant du tabac dans des petits carrés de tissus de couleurs représentant les sept directions. Nous nous faisons ensuite purifier par une fumée qui ressemble à de l’encens avant de prendre place en cercle dans la tente.

Le Sweat Lodge est une tente circulaire recouverte d’épaisses couvertures pour garder la chaleur. Lorsque la porte est fermée, il y fait complètement nuit. Le centre est composé d’un trou au sol tapissé de petits cailloux pour y déposer les pierres chaudes. Une fois tous en cercle, les pierres chaudes, rougoyantes sorties du feu sont déposés au centre, une bonne quarantaine en tout, au son des chants et du tambour. Les pierres sont déposés dans le trou à l’aide de cornes de cerf, utilisés comme pinces. Chauque nouvelle pierre est ensuite recouverte d’herbes séchés odorantes. Je suis tout devant, en face des pierres rougeoyantes, il fait très chaud et je sue déjà.

On verse ensuite une casserole d’eau sur les pierres, à l’aide d’une grande cuillère sculptée en bois, pour y produire de la vapeur. Après chauque casserole, la porte est ouverte, pour en amener une autre. Chauque casserole versée apporte une nouvelle vague de chaleur accompagné d’un chant différent, du tambour et des gens qui utilisent leurs mains et leur poitrine comme percussion. En tout, sept casseroles y sont versées, pour les sept directions, plus deux en silence. À la cinquième vague de chaleur, je n’en peux plus, mes oreilles et mes mains me brûlent. J’adopte donc la position tête en bas, avec le front sur le sol qui est un peu plus frais. Je me sens faible, je ne bouge plus, la position me donne des fourmis dans les jambes et les épaules mais j’ai à peine la force de bouger.

Nous sortons finalement, la cérémonie est censé représenter les neuf mois dans le ventres de notre mère et la sortie est comme une renaissance. Je sors à quatre pattes, mon corps est lourd, douloureux et brûlant. Je m’assoie dans l’herbe et j’essaie de méditer un moment sans succès. Puis on m’offre un jus de mûres.

Drôle d’expérience, je ne sais pas trop quoi en penser. C’était intense et je ne sais pas vraiment ce que j’y ai gagné à part tester ma limite d’épuisement.

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lundi 24 février - vendredi 13 mars

Me voici plus ou moins à la moitié de mon voyage. Il s’est passé beaucoup de choses récemment et je n’ai pas pris le temps d’écrire. Je suis aussi à la moitié de mon livre de cours d'espagnol et je me sens capable de communiquer de manière fluide avec les locaux. Je continue à étudier un chapitre par jour.

Ma vie à Medellín se passe bien, la ville respire la modernité et le changement, d’un point de vue physique aussi bien que la mentalité des gens. L’ancien maire a fait beaucoup pour redorer le blason de Medellín après les années escobars. Entre autre la construction du métro et des téléphériques pour relier les quartiers les plus pauvres au centre ville, la construction de centres culturels, de bibliothèques et de terrains de sports et la campagne de désarmement des cartels. La taux de criminalité a baissé de 95% dans les 20 dernières années. Les restes de ce passé violent et douloureux font parfois surface dans des instants de la vie de tout les jours comme les gardes de sécurités armés d’un fusil à pompe gardant une toilette payante à 30 centimes, ou certaines pharmacies vendant leurs produits derrière une grille. Je visite le musée de la mémoire de Medellín remplis de témoignages de violences, d’exodes dûe à des guerres de gangs et d’histoires sanglantes. Il y aussi beaucoup de témoignages d’artistes et de politiciens s’étant battu pour changer les conditions des favelas. C’est pour moi une après midi très émouvante où je me rends compte de la chance que nous avons, mais aussi que le changment est possible lorsque les politiciens travaillent dans le même sens que la population. Medellín est aujourd’hui une ville moderne avec des cafés branchés, des restaurants végétariens, des mouvements étudiants pour le climat et la souffrance animale.

Néanmois, nous ne vivons pas aux pays de bisounours et certaines connaissances sont là pour nous le rappeler: certains se sont fait voler leur teléphone en centre ville ou se sont fait menacer au coutau dans des parcs urbains. Il y aussi eu l’affaire Denis...


El Denis asunto --- Denis est un de mes colloques qui est arrivé il y a deux semaines à Medellín et qui vient d’emménager avec nous il y a deux jours. Un matin je l’entend vomir à plusieurs reprises et croyant à un empoisonnement alimentaire, je lui demande si je peux aller lui acheter quelque chose à la pharmacie. C’est alors que mon autre colloque me dit que Denis s’est fait droguer par une fille qui est rentrée avec lui, lui ayant partagé un gâteau empoisonné! Après quelques discussions, nous decidons de l’emmener à l’hopital. Je ne le connais pas, mais dans sa situation j’aimerais qu’on prenne soin de moi. Nous passons, les trois, la journée à l’hopital où Denis se fait réhidrater par intra-veneuse. L’examen pour déterminer le type de drogue prendrait deux semaines avant d’obtenir les résultats, nous ferons donc sans. Au final l’hopital ne nous apprend rien d’incroyable. Denis à besoin de s’hydrater et de se reposer. Il lui faudra ensuite deux jours complets pour se remettre complètement de cette “gueule de bois” involontaire.


Ce petit moment de crise au sein de la maison nous montre la face réelle de notre hôte qui profite de la situation pour arnaquer le pauvre Denis en lui faisant payer des réparations de la maison (en gonflant les prix) en prétextant que c’est sa faute: il faut changer la cerrure de la porte car la voleuse est partie avec les clés, il y a un mysterieux trou dans le toit en plastique et il lui charge 40$ pour lui avoir prêté son téléphone pour appeler sa banque et son assurance.


Bien que je n’ai pas vraiment eu personnellement de problèmes d’argent avec notre hôte, je ne veux pas contribuer à enrichir cette personne malsaine. S’en est trop pour moi et pour la plupart des colloques et nous quittons un à un la maison les jours suivants. Je me retrouve donc à la case départ: la même auberge de jeunesse que lors de mon arrivée à Medellín. Néanmois, depuis que je suis ici ma situation a changée car je me suis trouvé une good job!


La good job --- Après quelques mois de négociations avec un entrprise Californienne, nous avons fini par avoir une entrevue qui s’est très bien passée. Réalisant que l’entreprise n’a aucun moyen de me connaitre, je leur communique les coordonnées de mon ancien patron, qui me garde en très bonne estime, au cas ou l'entreprise voudrait en savoir plus sur moi. Et ça fonctionne ! Mon ancien patron m’écrit qu’ils vont probablement me proposer un contrat. Effectivement, le lendemain je signe le dudit contrat. J’ai donc un nouveau client à la liste, il s’agit de JetPack Aviation, un entrprise que fabrique... des jetpacks ! Oui, oui, vous avez bien lu, il s’agit d’une sorte de sac à dos équipé de turboréacteurs permettant à son utilisteur de voler. Toutes ces négotiations en slip depuis ma chambre à Medellín, vive le monde moderne !

Ça fait donc trois semaines que je me rends à la bibliothèque municipale quelques jours par semaine pour travailler. Le projet est très intéressant et cette opportunité m’enchante.

J’ai tout de même besoin de changer d’air après toutes ces aventures, et je n’ai pas envie de rester trop longtemps dans une auberge de jeunesse. Je m’en retourne donc à Jardín pour une dizaine de jours.


Petite note sur le Corona Virus, il y a eu quelques cas à Medellín et le gouvernement prends des mesures très sérieuses. Le métro est désinfecté trois fois par jours, les événements de plus de 500 personnes sont annulés et lors de mon trajet en bus jusqu’à Jardín, la police nous fait descendre, nous demande notre passeport et des infirmières prennent notre temperature pour voir si nous n’avons pas de fièvre.


Cher(e)s ami(e)s, chère famille, cher(e)s lecteurs et lectrices, je vous souhaite bon courage en ces temps étranges que nous vivons. Je pense tout de même que la situation est meilleure ici et je profite du bon air de la montagne.

Je termine ce chapitre sur une note positive avec une photo de mes amis de la danse contacte.

Dans le sens horaire: Alvaró, Victoria, Camilla, Tatiana et moi 
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vendredi 13 mars – samedi 4 avril


Je retourne à la même auberge à Jardín. C’est un lieu très paisible que j’affectionne particulièrement. J’aime observer, depuis la terrasse, les arbres dans la petite vallée verdoyante. J’en découvre un différent chaque jour en me laissant bercer par le chant des oiseaux éxotiques. Je compte rester ici une dizaine de jours pour déconnecter de la ville et respirer l’air frais de la montagne. J’apporte tout de même mon ordinater qui me permettra de travailler dans la semaine.


La situation avec le virus empire de jour en jour, et une semaine après mon arrivée à Jardín, le gouvernement colombien ferme ses frontières, puis décrète le confinement général. Je décide donc de prolonger mon séjour à l’auberge pour une durée indéterminée. Pas de stresse, le lieu est paisible et je préfère passer une quarantaine forcée dans un lieu paisible avec un terrasse, un grand jardin et une rivière plutôt que de retourner à Medellín et rester confiné dans un petit appartement. La plupart des auberges ferment leurs portes, les magasins sont clos, le petit village s’isole et les véhicules de la santé public passent en boucle les dix points décrétés par la mairie visant à lutter contre la situation de crise. La police passe dans les auberges et demande les passeports des touristes pour enregistrer leurs dates d’arrivée au pays. Je fais un dernier passage au village pour retirer de l’argent, acheter du crédit pour mon téléphone pour avoir accès à internet (pour mon travail), et pour faire quelques provisions.


C’est maintenant au tour de l’auberge d’être en crise. Sur les neufs personnes séjournant ici, je suis le seul client à payer ma chambre. Il y a les deux aubergistes: Thibaut un français et sa copine Colombienne Eva, Eric le prof de Yoga dans la cinquantaine ancien rock star, trois volontaires francaises: Joanne, Margaux et Elina, Efraín l’autochtone et Gabriel un étudiant de Bogotà qui faisait du camping dans la région et qui a été forcé de loger à l’auberge due au confinement. Les aubergistes n’ont pas d’entrée d’argent et les volontaires n’ont pas de travail car il n’y a pas de clients, à part moi. Une réunion s’impose donc. On discute beaucoup, ça prends du temps et un arrangement se crée finalement. Les volontaires paie donc un ciquième du prix de la chambre pour couvrir les frais associés à l’auberge. Chacun achète sa nourriture mais les petits déjeuners vont continuer à avoir lieu (ouf :p). On décide de respecter le confinement mais on s’autorise l’accès à la rivière en bas du jardin. Nous passons commande à l’épicerie une fois par semaine pour nous faire livrer de la nourriture. Il y a quelques fruits et légumes dans le jardin, dont des bananes et du yuka (manioc).

régime de banane et après-midi à la rivière avec Elina, Margaux et Gabriel 

Mon temps se remplit facilement, il y a pleins de choses à faire. Chaque matin, je pratique le yoga avec Eric. Je travaille pour l’entreprise de jetpack du lundi au jeudi. Je continue d’apprendre l’espagnol dans mon livre de cours, je lis un livre de Paolo Cohelo en espagnol, je médite sur la terrasse, je vais me baigner à la rivière, je cuisine, je me construit une planche d’équilibre sur un tube, bref je trouve des activités pour m’occuper.

Efraín est très intéressant, il a grandit dans un village d’ermites sans argent. Il a appris l’espagnol à 15 ans seulement et parle trois langues autochtones. Il joue et fabrique des flûtes en bambous. Chaque flûte est accordée pour une gamme, ainsi il possède une vingtaines de flûtes pour jouer différentes chansons. Je lui dit que j’aimerais beaucoup jouer la chanson de kill bill. Je lui fait écouter et immédiatement il reconnait la gamme. Le lendemain nous fabriquons donc une flûte pour moi.

initiation à la flúte (avec Eric) et planche d'équilibre

Un autre jour, il m’initie à la capoeira. C’est un art martial sous forme de danse en duo. Les deux protagonistent se font faces et s’échangent des coups et des prises d’art martiaux. Le but n’étant pas de heurter l’adversaire mais de faire en sorte que le tout ressemble à une danse harmonieuse. La capoeira vient des esclaves afro-brésiliens qui s’entrainaient à se défendre. Faire passer cet entrainement d’autodéfense en une danse permettait d’enlever le doute d’une rebélion dans l’esprit de leurs maitres. Pour moi c’est une activité intéressante pour faire un peu de sport et en apprendre plus sur la culture locale.

vue sur Jardín depuis la colline 
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dimanche 5 avril – mercredi 17 juin

Voici maintenant trois mois que je suis dans la même auberge. Je n’ai pas vraiment de raison de me plaindre. Le lieu est paisible depuis que les volontaires françaises qui chantaient sans arrêt se sont trouvées une maison de l’autre côté de la vallée. Les petits déjeuners sont succulents. Chaque matins je prends le temps de bien commencer ma journée avec du yoga et de la méditation sur la terrasse. J’observe le chant des oiseaux, la sérénité du lieu, les bananiers qui se balancent au vent, le son de la rivière en contrebas, les rapaces ascendant en spirale sans battre des ailes, les montagnes au loin - tantôt verdoyantes, tantôt bleutées. Depuis la terrasse, les montagnes sur ma gauches, plus hautes et plus sombres semblent délimiter la fin de la civilisation et le début d’une nature plus sauvage. Sur ma droite, les montagnes sont plus claires et acceuillantes, déboisées par endroit pour y faire broutter des vaches. Le village de quize milles habitants se trouve entre moi et ces montagnes verdoyantes, mais étant dans la vallée, il reste invisible depuis la terrasse. En face de moi se dressent les eucalyptus longs et fins, avec quelques vaches qui se prélassent à leurs pieds. Chapeautant les eucalyptus se trouve la montaña gato, pour le profil de chat décrit par les arbres. Et derrière? Eh bien, derrière la terrasse se trouve l’auberge toute en bois, sur trois étage, de ce style architecturale sans mur ni fenêtre, possible seulement dans des climats tropicaux. Un régime de banane sèche pendu sur l’avant-toit en aluminium. Ce fameux toit qui fait résonner les gouttes de pluies lors des tempêtes. Derrière l’auberge se dresse un flanc de montagne plutôt raide, qui assombrit la terrasse à partir de midi. Il y aussi le pic du diable au loin, probablement la plus haute montagne visible. La plupart du temps dans les nuages, il apparaît parfois bleuté à l’horizon, se terminant tel le nez crochu d’une sorcière regardant au ciel.

Les nuits sur la terrasse sont tout aussi splendide. Lorsque le ciel est dégagé, la voûte céleste parsemé d’étoiles et le lucioles font vibrer la vallée. Il m’arrive parfois de danser seul le soir sur la terrasse, avec mes écouteurs à pleine puissance. Je danse sans me sentir observé, libre de tout jugement. La pleine lune illuminant la vallée mêle les bananiers à ma danse. Lors des tempêtes tropicales, les éclaires au loins s’ajoutent au spectacle. Lorsque le tonnerre frappe proche, c’est l’unique fenêtre se trouvant dans ma chambre qui vibre d’un grondement sourd pour quelques instants.

À l’auberge, il n’y a plus que Eric, les deux aubergistes, moi, et Katie - une américaine qui était en confinement au village. Dès le mois de mai, nous nous autorisons des sorties. Nous explorons les montagnes aux alentours, mais évitons le village. Je fais la connaissance de Billy, un anglais qui vit à Jardín depuis une année. Il me partage ses endroits préférés pour se baigner, pour récolter des goyaves et des mûres sauvages. Il y aussi ce vieux téléphérique abandonnée depuis trois ans. Nous avions le projet de le traverser à la tyrolienne. Certains seront peut être rassurés de savoir que le projet n’a pas été réalisé. Nous explorons une double cascade avec piscine à debordement naturelle et vue imprenable sur la vallée. Nous explorons aussi la montaña gato, qui est plus haute qu’elle n’y parait. Vue d’en haut, l’auberge semble être une maquette insignifiante. Nous observons aussi la cascada Escalera, avec ses inombrables chutes, dont seul la dernière est visible depuis le chemin.

Le lendemain, je décide donc d’explorer l’autre côté de la vallée et de cheminer jusqu’à la source de la cascada Escalera. En chemin je rencontrer Efraín l’autochtone avec deux de ses amis. Il vit maintenant au village. Il me guide jusqu’à la première chute. Nous traversons des enclos à vaches, et des enclos à taureaux. Mon chandail est rouge, tout comme les pantalons à Efraín, rouges vif. Les taureaux nous dévisagent comme s’ils complotaient quelques choses. Ils s’approchent de nous, parfois sévères, parfois craintifs, jusqu’à ce qu’Efraín fonce sur eux avec détermination. Les taureaux s’en vont alors en groupe jusqu’à l’autre bout de l’enclos.

Mes semaines sont bien chargées, je décroche un autre contract qui me tient occupé jusqu’aux vendredis. Mon temps a assez duré dans ce petit coin de paradis. Bien que le lieu est agréable, je ne me sens pas chez moi, mais plutot dans un lieu de vacances. Je communique mon intention de quitter le pays aux ambassade de Suisse, de France et du Canada. Oui, il faut bien profiter de ses multiples passeports. Je décroche finalement un vol pour les états-unis, qui me mènera à la Montréal, ce qui cloera mon aventure Colombienne.


Pour ma dernière fin de semaine à Jardín, Katie, Efraín, Billy et moi allons camper au sommet de la montagne. Avec des sacs à dos bien trop chargés pour une seule nuit, nous ascendons la montagne à petits pas. Arrivé au plateau, nous prenons une pause sous les eucalyptus. Nous ascendons ensuite plusieurs paturages où les taureaux paraissent cette fois plus calme. Nous plantons finalement la tente en haut d’une butte offrant une vue à la fois sur le village mais aussi sur la chaine de montagne sauvage et le splendide Salto del Angel, une cascade décrite par un filet blanc sortant de la montagne à plusieurs kilomètres de notre emplacement. Un Caballero croise notre campement et nous lui demandons l’autorisation de dormir dans la prairie de ses vaches. Fort sympathique, il nous fait comprendre qu’il n’y a pas de problème, puis il déplace les queques vaches dans l’enclos voisin, pour nous laisser seul. La soirée à tout pour plaire, feu de camps, guitare et flûte, thé avec des herbes et baies sauvages qu’Efraín cueille pour nous. Le lendemain nous jouons au Batchy Ball, entre la pétanque et le golf, le but est de placer sa boule le plus proche de l’objectif se trouvant à plusieurs dizaines de mètres. Nous ascendons ainsi la montagne, jusqu’à observer un changement d’écosystème. En altitude poussent des palmiers emblématique de Colombie. Nous passons ensuite l’après-midi au bord de la rivière, avant de prendre le chemin du retour en soirée.