Nous sommes partis à l’aventure sur les îles du Titikaka, les moyens techniques étant inexistants, c’est de retour à Puno que nous postons cette étape.
Titikaka ! (littéralement Puma de pierre) On fait les malins, on vous l’écrit en Aymara, la 2eme langue traditionnelle avec le Quechua.
Tout d’abord ce lac fait 160km de long et 60 km de large, tout ça à 3800m d’altitude. 40% appartient à la Bolivie et le reste au Pérou. 1 millions d’habitants vivent autour de ce lac dont 200 000 à Puno.
A Puno, l’hiver, il pleut 6 mois de l’année (la nuit), il grêle même, mais il ne neige jamais. Les autres 6 mois, il fait très beau mais la température descend jusqu’à 0 la nuit. Le lac perd 1,5m d’eau l’été en condensation. L’eau est à 9 degrés. Autant dire que personne ne s’y baigne.
Notre commandant Cousteau est venu tremper son sous-marin ici (!). Il y a trouvé au plus profond (280m) des espèces de grosses grenouilles préhistoriques mais aussi une ville engloutie. Le lac était donc plus bas avant.
Nous prenons donc notre bateau touristique et commençons par l’île des Uros et ses 2300 habitants. L’île s’appelait Ur à l’origine mais les Espagnols ont trouvé ce nom trop compliqué à prononcer. Va pour Uros.
Avant d’accoster sur le petit îlot de roseaux d’une famille on révise tous ensemble dans le bateau :
« kamisaraki », « waliky » ce qui veut dire « comment vas-tu ? », « je vais bien »
Notre guide francophone, Luís, nous explique accompagné d’une habitante la fabrication des îlots et des habitations.
Les îlots sont posés sur des racines de roseaux qui flottent qu’ils découpent en cubes d’1m3. Ils y plantent des bouts de bois et relient l’ensemble avec des cordes.
Ils recouvrent ensuite de 2m de roseaux à plat.
Le roseau sert à tout : en plus de la construction, la base blanche se mange, la partie verte posée sur le front ou la nuque rafraîchit et guérit de la fièvre et la fleur au bout, qui est sèche, guérit des problèmes digestifs. La fleur permet aussi aux roseaux de se propager. Le roseau se plie la fleur rentre en contact avec les racines et un roseau repart.
Pour en revenir aux îlots. Les habitants mettent 2 mois à construire la base de leur îlot familiale qui fait environ 20m par 20m. Ils y vivent a 20 dessus. Leur îlot est attaché à l’îlot de leurs voisins de gauche et de droite. Ensuite ils construisent des maisons isolées du sol par du bois ou d’autres roseaux et la cuisine qu’il posent sur de la pierre pour ne pas que tout cela prenne feu.
Ils fabriquent également des bateaux. Des bateaux d’amoureux pour aller draguer les copines des îles un peu plus loin (c’est l’alternative à la discothèque - ils racontent qu’ils prennent les bateaux romantiques à 2 et qu’ils reviennent à 3…) et des bateaux plus grand (les Mercedes Benz comme ils disent) pour véhiculer toute la famille ou pour partir à la pêche.
Le Mercedes Benz Ils mangent beaucoup de soupe, car il fait très froid le matin et le soir, avec du poisson et des oiseaux qu’ils font sécher sur le toit des maisons et réhydratent ensuite pour les manger et faire la base de la soupe.
Le gouvernement leur donne une pompe à eau, un WC et plusieurs panneaux solaires par îlot. On retrouve donc des prises électriques et des (toutes) petites télés dans leur habitation (et ils n’ont pas de téléphone 😀).
Nous sommes repartis pour un tour en Mercedes Benz. Les femmes nous ont chanté des chansons d’au revoir et un inattendu vamos a la playa !
Nous avons ensuite repris notre bateau touristique. Direction l’île Amantani, l’île de l’amour (5000 hab), où nous allons déjeuner, dormir et vivre pendant 24h chez l’habitant.
Nous ne savons pas trop comment ça se passe mais apparemment ce sont les habitants qui nous choisissent. Espérons que Claire et Renaud ça donne envie !
Bingo ! Nous sommes choisis les premiers 😀. C’est Olga qui va s’occuper de nous ainsi que de deux espagnoles. Maintenant c’est l’ascension, nous suivons notre hôte jusqu’à chez elle. Olga marche d’un bon pas. Ça monte ça monte. Nous, nous sommes essoufflés et nous nous arrêtons tous les 200m sur les conseils de notre guide Luís. Olga nous dit « vamos » et nous trouve apparemment trop lents 😉Il nous aura fallu 25 minutes de montée pour arriver à la casa.
La casa ressemble à une petite chambre d’hôte avec 3 chambres plus celle des propriétaires. Nous déjeunons soupe de quinoa et légume puis un plat riz-papa-queso. Nous sommes rassasiés.
Notre guide nous conseille une petite sieste de 25 minutes avant de monter au temple de Pacha Tata qui culmine à 4100m. Le dieu de soleil. Ça monte ça monte ! Il manque d’oxygène ici ! Finalement nous arrivons au temple de Pacha Tata - temple du soleil.
Nous faisons 3 tours dans le sens inverse des aiguilles un cailloux à la main que nous déposons en haut du mur pour faire un vœu (espérons que nous avons fait le même). Nous terminons par un magnifique coucher de soleil.
Sur une autre colline en face se trouve le temple de Pacha Mama. Il fallait faire un choix (enfin Renaud voulait faire les deux mais pas trop sa femme !).
Amantari et ses 2 temples Pacha Mama et Pacha Tata font d’elle un endroit magnétique qui attire beaucoup de personnes spirituelles à l’occasion de nombreuses fêtes.
Les habitants d’Amantari sont costauds. Ils travaillent la terre sur les terrasses Incas avec des outils en bois. Des terrasses qu’il faut déjà atteindre car ça monte ! Il n’y a aucune voiture sur l’île, quelques motos mais c’est rare et quelques chevaux pour monter.
Ils sont très respectueux de la terre, la Pacha Mama. Ils cultivent de façon raisonnée, sans engrais chimiques et pratiquent la jachère.
Pas de pollution, de l’activité physique et les herbes (Coca, Muña) font qu’ils ne sont jamais malades et vivent jusqu’à 90 ans !
Ils mangent essentiellement végétarien et beaucoup de soupe sauf pour la grande fête annuelle en août lors de laquelle pas mal de chèvres vont y passer.
Sinon ils ont les moutons pour la laine. Les chèvres pour le lait. Des Poules pour les œufs. Mais pas d’animaux que ne servent à rien.
Depuis le passage du président péruvien dans les années 90 les habitants ont des papiers. Le gouvernement les aide. Ils ont installé des panneaux solaires pour apporter l’électricité dans les foyers et l’éclairage public, mais les habitants ne veulent pas payer. Donc seuls les gîtes qui accueillent des touristes payent.
Les habitations sont en adobe, des briques artisanales à base de terre et paille (on a dû attendre le 10ème jour de voyage pour comprendre ce que voulait dire Adobe).
Nous redescendons à la casa. Le soleil est tombé et il commence à faire bien froid.
Arrive l’heure du dîner. Une soupe, du pain avec une sauce à ceviche, du riz et des légumes et nous sommes réchauffés.
Ignacio, le mari d’Olga est là, il est agriculteur. Avec sa femme ils ont toujours le sourire.
Après le dîner, Olga nous habille en habits traditionnels et nous sommes partis danser dans la salle communale.
Un groupe jouait des tubes péruviens. Chaque chanson durait un quart d’heure ! (Rappelons que nous sommes à 4000m d’altitude !) Olga nous faisait danser, elle semblait fière de nous.
Nous sommes cuits et rentrons avant la fin. Nous avons probablement manqué El condor passa de 15 minute. Ça crève le cœur de Renaud mais il faut être raisonnable. Une nuit très fraîche nous attend, on enfile gros pull, gants et bonnets en alpaga. Comme d’habitude, Renaud dort au bout de 30 secondes et ronfle comme un âne (soit-disant l’altitude).
Le lendemain, super petit déjeuner avec des beignets et des pancakes. Nous avons peu de temps car il faut descendre au port pour reprendre le bateau pour la prochaine île, en forme de baleine, Taquile et ses 3200 habitants. Et ça va grimper !
Dans le bateau on nous appelle le romantic couple. L’info du voyage de noce a fuité 😂.
L’ancien nom de cette île était Intika, fleur du soleil.
Taquile, c’est le nom d’un espagnol privilégié qui avait acheté l’île et a imposé des taxes qu’il a récupérées pour lui et sa famille.
Ensuite cette mainmise et les taxes ont disparues mais le nom de l’île est resté.
C’est une île agricole séparée en 6 communes.
Ici la vie est différente de ce que l’on connaît : les hommes cousent à longueur de journée et les femmes tissent. Et qu’est-ce qu’ils cousent ? des bonnets, des ceintures et des sacs qui forment un langage social.
La couleur des bonnets et des jupes indique s’ils sont célibataires ou mariés.
Un bonnet blanc, célibataire. Un bonnet rouge, marié. Et plus les femmes jupe colorée, célibataire. Jupe sombre, mariée.
Lors des fiançailles, ils échangent les pompons et cousent à 2 une ceinture pour l’homme.
Il faut 2 mois pour faire un bonnet. Leur façon de coudre, très fine, a été reconnue au patrimoine mondial de l’Unesco.
Et (comme à Amantani) chaque année le maire désigne plusieurs hommes mariés qui seront « l’autorité » durant un an. Les élus troqueront leur bonnet traditionnel pour un bonnet péruvien sous un chapeau. Pause couture et son autorité sera indiscutable.
Les habitants tricotent également pour le tourisme, dans la salle communale, on peut acheter des ceintures, des bracelets vêtements, etc. Ces objets comportent 2 numéros sur l’étiquette. Le prix et la famille qui l’a tricoté.
Nous sommes donc « montés montés » …
… jusqu’à la place principale. C’est assez incroyable on se serait cru dans un décor de western. C’est joli et accueillant.
Nous avons eu une démonstration de musique traditionnelle.
Puis des enfants sont arrivés. C’est le jour de la fête du drapeau du Pérou. Les enfants ont défilé classe par classe avec leurs professeurs.
Petit pause au resto dans un joli décor rural …
… puis nous avons continué notre chemin en descente jusqu’au bateau pour retourner à Puno.
Petite remarque de Luís : depuis la pandémie seulement 1/4 des touristes sont revenus au Pérou. C’est vrai que nous ne sommes pas dérangés par le sur-tourisme.
Retour à Puno, douche et balade dans les rues et un nouveau défilé d’enfants en fanfare !