Merci tous ceux qui ont suivi ce voyage, j’ai pris plaisir à le partager et aussi, tant mieux si ce blog peut servir à d’autres voyageurs qui cherchent des informations sur une partie des Andes du Pérou à vélo.
Ce que j’ai vraiment aimé dans ce voyage, c’est l’accueil merveilleux et les relations que j’ai eues avec les gens. Encore quelques minutes avant de rejoindre l’aéroport à Lima, en prenant un café chez une vendeuse ambulante dans la rue, j’ai discuté de la marche du monde, de la nature et du climat avec un gars qui est comptable. Je devais partir car le taxi arrivait mais on serait resté toute la matinée à parler avec ce gars aux yeux lumineux. Ça a toujours été très facile d’engager une conversation et partout les gens s’intéressaient à ce que je faisais là avec mon vélo. C’est sûrement plus facile quand on est dans des endroits nullement touristiques comme lors de tout ce périple.
J’ai aussi adoré ces silences absolus dans les montagnes, avec pour seule compagnie les chants d’oiseaux ou le hennissement d’une troupe de lamas ou d’alpagas apeurée par mon arrivée. Parfois ne pas voir une seule voiture de la journée quand on fait du vélo... un luxe !
J’ai appris à être patient et optimiste lors des nombreuses journées qui commençaient par une mauvaise piste raide, le compteur affichant péniblement 5 ou 6 km/h pendant plusieurs heures.
Je me suis régalé de ces efforts sportifs conséquents et journaliers, mon corps et mon esprit en symbiose, dans le présent. Je n’étais pas fâché d’avoir arrêté de fumer au mois de novembre en partant en Afrique et ne n’avoir plus bu une goutte d’alcool depuis mon retour d’Afrique début février. C’est agréable ce sentiment d’avoir mis toutes les chances de son côté. Les jeunes cyclo-voyageurs que j’ai croisés me disaient que ça leur donnait de l’espoir de voir un mec de 55 ans se taper de telles étapes. Je leur ai pas dit que pour ça, il fallait être un peu névrosé et surtout avoir très peur du vide !
J’ai essayé avec plus ou moins de succès de parler doucement aux chiens, en leur disant que je ne leur voulais pas de mal, plutôt qu’abuser du langage de la pierre et du bâton. Ça fonctionnait parfois. Les chiens partout, c’est la seule chose que j’ai trouvé désagréable. Aussi peut-être de rester avec des vêtements sales assez longtemps, car la plupart du temps rien n’aurait sécher avant le lendemain matin, à cause des ciels couverts de fin de journée, des températures fraîches de la nuit et du taux d’humidité conséquent dans les montagnes. Je suis un peu chochotte.
J’ai été marqué par les différences de températures et d’ambiance entre la présence du soleil et le moment où celui disparaît ou que des nuages le cache, qu’une petite brise se lève, que le ciel menace.
J’ai remarqué que les papas s’occupaient beaucoup des enfants en bas âge, tout au moins ils les avaient souvent dans les bras, allaient au parc avec eux, les promenaient dans la rue. J’ai aimé le fait que quelque soit la taille du village, il y avait toujours une place centrale où les gens discutaient, les jeunes jouaient. Toujours un espace couvert pour faire du sport aussi et, quand le relief le permettait, un terrain de foot. J’ai aimé regardé ces matchs féminins de volley en fin de journée et entendre les rires qui en émanaient.
J’ai apprécié que la présence policière soit vraiment discrète, à vrai dire quasiment nulle dans les montagnes, jamais ostentatoire ailleurs, au service des gens, qui ne semblent pas présumés délinquants ou suspects par défaut.
Je n'ai pas suivi une seule bribe d'actualité pendant un mois et j'avoue que ça m'a vraiment reposé, moi qui suis habituellement dopé aux mauvaises nouvelles dispensées par Médiapart.
Je remercie El Caminante mon vélo de ne pas m’avoir fait un plan au milieu de nulle part. Faut dire que j’ai appris à ne rien laisser au hasard de ce côté là (autant que possible) et qu’il part maintenant avec pas mal de composants susceptibles d’usures changés juste avant le voyage. Je n’ai même pas eu une seule crevaison, ça c'est juste la chance. Pour une fois, et heureusement vues les descentes vertigineuses, j’avais un frein arrière qui marchait vraiment, en faisant passer le câble et sa gaine à l’extérieur du cadre et non pas à l’intérieur comme prévu par le constructeur, où ça lui faisait faire trop d’angles pour qu’il puisse réagir avec vigueur. Merci à Yannick et sa Cabane du Cycle à Arudy d’avoir trouvé cette solution. J’ai été surpris de n’user qu’un jeu de plaquettes (aux deux-tiers), étant données les conditions plutôt rustiques avec le sable, le gravier et la boue. Par contre j’ai presque mené à bout une chaîne neuve en seulement 2000 km (et 40000 m de dénivelé positif).
Ce voyage s’est déroulé à 95 % sur des pistes. Moi qui m’inquiétais lors des autres voyages que mon vélo ne tienne pas le coup quand j’avais 100 km de piste à faire, au moins j’ai démystifié, les vélos de gravel sont vraiment faits pour ça et hormis le manque de confort quand c’est trop chaotique, on peut passer partout.
J’espère bien reprendre un jour ce voyage andin là où je l’ai arrêté à Chincha Alta, en continuant par la Bolivie, puis le Chili ou plutôt peut-être le Paraguay, le Brésil et l’Uruguay. En attendant, je vais travailler !
Quelques infos pratiques :
Formalités frontière : pas de visa nécessaire. En arrivant ils ne mettent pas de tampon sur le passeport, la date d’arrivée est enregistrée dans l’ordinateur. Aucun contrôle de police par la suite. Passeport demandé dans certains hébergements.
Argent : il faut à minima une ville de taille moyenne pour trouver un ATM. On peut changer à la Banco de la Nación quand il y en a (ville de taille moyenne aussi) mais ils ne prennent que des dollars. Mieux vaut prévoir de changer assez à Lima (bureaux de change dans quartiers touristiques et au terminal de bus Plaza Norte ou Mercado Central Fevacel juste à côté, € ou $). Changer le moins possible à l’aéroport, taux prohibitifs. J’ai dépensé un peu plus de 20 € par jour, hôtel le plus cher à 15 €, souvent plutôt à 7 € ou moins. On trouve un repas pour 4 à 5 €.
Carte SIM : agence Claro à l’aéroport ou en ville. Procédure très rapide (enregistrement du passeport pour associer une identité au téléphone). 38 € pour 30 G0 / 1 mois. Sinon il y a souvent du wifi public près des mairies et parfois dans les hôtels.
Prises électriques : type A ou C selon endroits.
Hébergements : quand il n’y a pas d’hostal, d’hospedaje ou d’hôtel officiel dans les villages, demander aux gens, il y a toujours quelqu’un qui loue une chambre et idem pour manger si pas de resto.
Eau : j’ai fait tout le voyage au Micropur sur une base de 3 litres par jour. Difficile de savoir quand l'eau est potable ou pas, même en montagne, à cause des mines
Vêtements : la plupart du temps en short + maillot cycliste avec manchettes + veste softshell le matin. K-way + gants de soie + jambières + bonnet pour les descentes en altitude. Pour le soir, doudoune souvent appréciée ou indispensable.
Pneus utilisés : Schwalbe Marathon Plus Tour 700 x 38 c. Cette largeur est un minimum pour ces pistes à mon avis mais ça convenait très bien. Ne pas compter sur des ateliers de réparation vélo sur tout le parcours que j’ai fait.
Il peut y avoir des moustiques en dessous de 3000 m