À 7h30 nous sommes prêts pour aller rejoindre notre bus (réservé via le gérant de l'hôtel) qui va nous emmener à la capitale cambodgienne. Au bout de 40min d'attente à l'entrée de l'hôtel un de ses copains arrive en scooter, ils nous emmènent avec nos gros sacs jusqu'à un débarcadère où après quelques minutes d'attente il repère un bus qui semble être le nôtre. Ils redémarrent leurs bécanes, nous revenons sur nos pas, nous suivons puis dépassons le bus, et nous nous arrêtons à une station service où se gare le bus.
Une bonne heure après l'heure prévue ça y est, nous sommes à bord d'un bus qui va au Cambodge ! Il est blindé de colis et sacs , nous n'aurons pas vraiment de place pour les jambes, la clim ne fonctionne (presque) pas... Pour rappel, à 10h du matin la température extérieure dépasse les 35 degrés...
À peine après être partis, il s'arrête pour le petit dej ...
À la frontière il nous faut faire un visa ; nous étions prévenus que la corruption va bon train au Cambodge.
Le visa est censé coûter 30 $, il est admit par tous que les types de la frontière rajoute d'office 5 $ . Pourquoi ? Bah parce qu'il a un meilleur niveau de vie ainsi ! Le gonz de la douane nous gueule dessus quand je lui fait remarquer qu'il nous entube de presque 5 € sur le taux de change (comme on règle en dong vietnamien). Après l'avoir aimablement insulté en français et laissé entendre un "welcome to Cambodia" nous récupérons nos passeports et passons la frontière sans autre encombre. Une voyageuse vietnamienne (vivant en Australie) qui était dans le même bus que nous a du payer 10 $ car elle n'avait pas de photo d'identité à fournir pour son visa... Bref, des escrocs professionnels ces gens travaillant à l'immigration cambodgienne. Je profite du trajet pour retoucher des photos. En Asie le poids lourds sont quasi-inexistants, après tout un scoot, un p'tite remorque, et hop !
Nous descendons du bus à un feu rouge au centre de Phnom Penh, aidés par notre comparse de galère à la douane, pour la traduction en vietnamien.
La chaleur est accablante, un peu plus de 40 degrés à l'ombre, avec la chaleur dégagés par le bitume et les pots d'échappements, rajoutez 5 degrés et vous aurez la température réellement ressentie, il est à peu près-midi...
Ça y est, nous sommes au Cambodge !
Après 1,5km de marche dans cette fournaise, nous prenons possession de notre chambre, un "dortoir" comprenant un lit double superposé. Au bout d'une demi heure, la clim ne fait toujours pas de froid, et les casiers pour laisser nos affaires en sûreté sont tous pétés, nous avons la chance d'avoir une fenêtre mais elle ne dispose pas de rideau et le soleil tape en plein dessus... Du coup nous demandons à changer de chambre, pour la première fois du voyage !
Nous allons manger dans un resto de hippie, ils servent presque uniquement des plats végétariens, c'est assez bon mais cher pour ce que c'est, la clientèle est exclusivement occidentale. Après la traditionnelle sieste à la clim, nous allons découvrir un peu la ville, qui a quelques jolis immeubles illuminés. J'ai été surpris par le nombre d'immeubles en cours de construction, la ville est en train d'exploser en hauteur !
À proximité de ce lieu saint se trouve un restaurant indien, ça nous manque un peu alors nous en profitons, pour une fois qu'un indien en dehors de l'Inde est à un prix raisonnable.
Le jour suivant commence avec la visite du palais royal et de la pagode d'argent, un magnifique site où nous découvrons l'architecture et quelques éléments d'art khmer.
Nous nous perdons, je poursuis vers un autre temple après cette première visite, pendant que Lorène rentre se rafraîchir.
Nous restons au frais avant de retourner nous promener à l'heure du coucher de soleil, et nous nous régalons dans un resto de cuisine khmer. Rouleaux de printemps, soupe de courge pour Lolo, canard au curry rouge pour moi. Le serveur était très pro et gentil, ce qui est rare dans ce coin d'Asie du sud est..
En nous promenant dans les parages nous réalisons que la prostitution semble très présente ! Nous savons que des français rencontrés en Inde se sont fait voler un sac à l'arrachée ici, et j'ai également croisé un français à qui est arrivé la même chose plus tôt dans la journée, il me réclamait de l'argent. Nous sommes donc très vigilants, et nous nous rendons compte que depuis l'Inde et ses grandes villes, c'est bien la première fois que nous nous sentons un peu en insécurité.
Il faut dire qu'au Vietnam un voleur qui se fait prendre risque la peine de mort, c'est plutôt dissuasif ! Ça fait également depuis l'Inde que nous n'avions pas vu de miséreux ou de mendiants.
Après une bonne nuit (la clim et la literie étaient au top ! ) nous partons visiter l'ancienne prison/camp de torture S-21. À peine sortis de l'hôtel, un russe transpirant l'alcool nous accoste et nous raconte un peu le même genre d'histoire déjà entendue, il s'est fait vider sa sacoche contenant portable, argent etc.. Bon la différence avec le français c'est que le russe, clairement il était bourré et c'est fait dépouillé ensuite alors qu'il dormait quelque part dans la rue. Vu le type, il aurait passé la soirée avec une prostituée dont le mac l'aurait ensuite volé qu'on ne serait pas étonnés... Ça n'en est pas moins inquiétant concernant le sécurité des touristes dans cette capitale !
Lorsque les américains quittèrent la région en 75, les khmers rouges prirent rapidement le contrôle du pays, et imposèrent une des dictatures les plus violente, stupide et malheureusement meurtrière de l'histoire de l'humanité. Entre 12000 et 20 000 personnes perdirent la vie dans un des 300 centres de ce genre, entre 1975 et 79. L'angkar régissait absolument tout de la vie des cambodgiens, une mangue poussant sur un arbre était considérée comme un bien commun (donc appartenant, en fait, à l'angkar), et la cueillir pour la manger risquait de vous coûter la vie. La torture dans ces camps était la norme, les tortionnaires étaient si doués et imaginatifs qu'ils pouvaient faire avouer tout et n'importe quoi... Ce qui est surprenant, c'est que nombre de personnels ayant travaillé dans ce genre de prison y finiront en tant que prisonniers, pour des raisons farfelues... Bref, ces camps feraient presque passer Auschwitz pour le club med. Bon ok, j'ai jamais visité Auschwitz (mais j'ai vu des reportages ! ). En gros le but de l'angkar était que les gens qui passaient par S-21 avoue un crime (sabotage d'une usine par exemple), suite de quoi ils avaient une raison de liquider la personne, dans les "killing fields". Des enfant y ont aussi été incarcérés.
Sur les 20 000 personnes passées dans ces camps, seul une dizaine en sont ressorties vivantes.
Les conditions d'incarcération étaient épouvantables, les détenus avaient des fers aux pieds, et étaient parfois plusieurs dizaines, allongés au sol, dans une salle de 50m carrés.
Concernant la torture : les traditionnelles simulation de noyade, pinçage de tétons, coups de fouet. Pour les trucs softs.
Mains accrochées dans le dos, yeux bandés, suspendus par les poignets à un gibet de potence ; avec de temps en temps un retour au sol pour tremper la tête dans un mélange d'eau groupie/purin/déjections humaines, et retour en haut de la potence. Ils ont aussi pratiqué la dissection sur humains vivants, mais de manière pédagogique, c'était apparemment pour enseigner l'anatomie. Ou la mort par le sang, qui consistait à remplir des poches pour les besoins de l'armée ; la personne, vidée de son sang, agonisait lentement.
L'audio guide fourni nous a donné beaucoup de témoignages et d'infos si vous voulez en savoir plus, cliquez là .
Par ailleurs nous recommandons vivement de visionner le film "D'abord ils ont tué mon père" si vous êtes curieux et souhaitez découvrir la tragique histoire cambodgienne; il est disponible notamment sur Netflix. 25% de leur population a été décimée pendant les années khmers rouge.
Ensuite nous passons au marché russe acheter des fruits locaux, et par un petit supermarché disposant de produits français, avant de rentrer profiter de la clim ! Hum, des fritons de canard à l'ail et du brie au bleu, ça fait PLAISIR !
Nous voulions rendre visite à l'O.N.G. "un sourire d'enfant", mais manque de pot c'est le nouvel an khmer ce week-end, et beaucoup de choses sont fermées, dont cette O.N.G. qui mène de nombreuses activités en faveur des jeunes. D'ailleurs en raison de ce nouvel an, nous avons difficilement trouvé un bus pour rejoindre Kratié le lendemain...
Le soir ce sera bon resto français, j'y déguste ma meilleur pièce de viande du voyage ! Et nous allons ensuite dans un bar où joue un brass band français, c'est festif et nous faisons la connaissance de deux lillois forts sympathiques.
La nuit sera courte, à 5h nous nous levons pour aller rejoindre l'agence où nous avons acheté notre ticket de bus. Nous y allons en tuk-tuk, à un moment Lorène me dit "attention", un mec était en train de courir vers nous alors que nous roulions, dès que je l'ai vu me suis penché un peu en avant et ait fermement saisi mon sac qui se trouvait à mes pieds... Ouf, nous étions briefés et le type l'a senti, il n'a pas essayé de tirer le sac. L'expérience reste cependant troublante, c'est une évidence que si nous avions été moins vigilants, si il y avait eu plus de trafic routier, il nous l'aurait chouré facilement.
Allez hop, nous ne sommes pas mécontents de quitter cette ville dans un mini-van surchargé en raison du nouvel an Khmer qui se déroule sur 4 jours, et a d'ores et déjà débuté !