Départ ce matin dès 9h pour aller voir les sites archéologiques du nord de la Jordanie : Umm Qais et Jerash. Le premier est le plus éloigné, à plus de 2h de route d’Amman. C’est juste à côté de la frontière syrienne. L’accès à la zone frontalière est fortement déconseillé par les autorités françaises, à l’exception de ce site touristique très sécurisé. Très franchement, la route pour y aller est longue et fort peu intéressante. Difficile d’abord de sortir d’Amman. La ville est construite sur une vingtaines de collines et la circulation y est vraiment dense, malgré des avenues à parfois 6 ou 8 voies. C’est un concert de klaxons qui se joue dès que le feu passe au vert, dès qu’une voiture change un peu vite de voie...
On alterne ensuite collines pelées, plantées d’oliviers, et villes faites de maisons cubes en béton souvent non finies et de grands terrains vagues. Si la Jordanie se distingue dans le Moyen Orient en matière d’éducation et de santé, la protection environnementale est encore à parfaire au regard des tas de détritus vus sur les bords de routes
Le pays perpétue sa tradition de terre d'accueil. Sur 10 000 000 d'habitants, 2 millions sont palestiniens. La plupart ont acquis la nationalité jordanienne et se sont intégrés . Mais près d'un quart, espérant toujours retourner dans une Palestine indépendante, vit dans des camps de réfugiés faits aujourd'hui de structures en béton. La plupart de ces camps sont dans le nord du pays comme ceux sur cette photo. Depuis, la Jordanie a fait face à l'arrivée de plus de 700 000 syriens fuyant la guerre civile. Ils sont installés dans des camps en toile non loin de la zone frontalière. La Jordanie consacre ainsi 2,5 milliards de dollars à l'aide aux réfugiés soit 25% de ses dépenses ! A méditer
Allez, on va vous faire partager de "beau" trajet. Pas trop enthousiasmant non ? Et vous avez de la chance, vous pouvez arrêter la vidéo quand vous en avez marre...pour nous, cela a duré près de 6h aller/retour.
Bon, la route a été longue et fastidieuse mais ça valait le coup car les 2 sites nous ont conquis. Umm Qais est certes moins spectaculaire que Jerash, mais ce moindre intérêt et son éloignement font qu’on y était quasiment seuls. Dans les collines de la vallée du Jourdain, ce site offre un point de vue spectaculaire sur la Cisjordanie séparée seulement de la Jordanie par le lac de Tibériade et, au loin, sur la Syrie derrière le plateau du Golan.
Ce lieu a la particularité de mêler les vestiges romains de la ville antique de Gadara et ceux d’un village ottoman du XVIII ème siècle bâti sur l’ancienne acropole romaine.
Petit repos dans le théâtre en basalte noir.
On aime rester ainsi assis dans ces théâtres antiques en essayant d’imaginer ce qu’il s’y passait il y plus de 2 000 ans.
Pour finir, on visite le petit musée et chacun de nous y choisit des objets pour la maison 😉
A nouveau 1h de route pour retourner sur Jerash et enfin ….. MANGER notre premier repas jordanien. Tout y est : l’onctuosité de l’houmous, le parfums des keftas, la saveur incomparable des brochettes de poulet mariné aux mille épices. Un assortiment de mezze tel que j’en rêvais depuis un voyage en Syrie il y a 10 ans.
Dur après ces agapes d’entamer la visite du site le plus visité de Jordanie, après Pétra : Les ruines de la cité romaine Gerasa, super bien conservées malgré (ou à cause?) d’un gros tremblement de terre en 747. Les vestiges s’étendent sur des kilomètres et il nous semble judicieux de prendre un guide. Said, notre chauffeur pour toute la semaine, nous en trouve un parlant parfaitement le français.
Durant près d’une heure, il nous raconte l’épopée de cette ancienne cité créée 330 ans avant J.-C. et qui à son apogée au IIIème siècle comptait près de 20 000 habitants.
On voyage ainsi dans le temps passant de 63 ans v. J.-C., avec le Général romain Pompée, à l’an 100 avec l’empereur Trajan ou quelques années plus tard avec l’Empereur Hadrien pour qui cet arc de triomphe fut construit lorsqu’il vint visiter la ville en l'an 129
Malgré les tremblement de terres et l’érosion, les restes du temple de Zeus dominent encore les vestiges de la ville.
Mais le plus spectaculaire est cette immense place ovale qui nous a ébahis. Ce forum, entouré de 56 colonnes, est pavé des pierres d’origine posées en circulaire. Imaginez cette place cernée d’échoppes derrière les colonnes, remplie de gens faisant leur marché, de tribuns politiques haranguant la foule.... Moi je m’y croyais !
Mon imagination continue de galoper en marchant dans le « cardo maximus », la voie romaine allant du forum à la porte nord sur plus de 800 mètres, bordée de 500 colonnes et toujours d'échoppes.
J’entends les chars cahotant sur les pierres posées en biais pour éviter qu’ils ne bloquent leurs roues. Je vois les belles romaines se presser pour traverser...Bref, vous l’avez compris, j’ai sans doute vécu ici dans une de mes nombreuses vies antérieures. Et oui, je pense que j'ai dû avoir beaucoup de vies car j’ai souvent eu un sentiment de familiarité dans les lieux que j’ai visités dans le monde.. Ou alors, tout simplement, et plus réalistement, j’ai vraiment beaucoup d’imagination 😉
Mais même en ayant cette forte capacité à extravaguer, jamais je n’aurais pu imaginer la scène que nous avons vécue dans le théâtre de cette cité antique. Théâtre très beau d’ailleurs avec, ce qui est rare, une scène et une arrière scène très bien conservées.
Comme d’habitude, j’essaye de me me mettre dans l’ambiance d’antan quand soudain, mon œil accroche un détail pour le moins insolite. Dans l’espace central, en dessous de la scène, des gens admirent les gradins. Le regard attiré par les keffieh rouges et blancs de 2 hommes, je m’aperçois soudain que l’un des 2 a, sur l’épaule, …..une cornemuse ! Non, cette fois, je n’ai ni déliré, ni rêvé, ni imaginé.
La preuve : Ils se mettent à jouer et j'avoue que c'est un grand moment !
Le spectacle déjà incroyable mais devenant encore plus délirant quand un touriste britannique s’approche d’eux, tout ému, en leur demandant de jouer l'hymne écossais et qu’il se met alors à chanter. En résumé, l’histoire drôle de la semaine, c’est que dans un théâtre romain, un britannique chantait accompagné deux jordaniens qui jouaient de la cornemuse.
En partant, on se disait qu’on avait visité beaucoup de sites archéologiques durant nos voyages mais qu’on découvrait toujours des vestiges exceptionnellement beaux. Il est 17H45 et c’est un retour de nuit sur Amman, crevés mais ravis de notre journée. A demain pour de nouvelles...aventures !