Sur les traces de l'Histoire en Jordanie

Cheminer dans l'Histoire au gré des sites de la Jordanie, tester la flottabilité de la mer morte, s'émerveiller devant le wadi rum, voilà notre programme sur cette courte semaine en Jordanie
Février 2020
7 jours
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Après une année 2019 difficile au niveau santé, quel plaisir d’arpenter à nouveau les longs couloirs de Roissy. J’adore les aéroports. J’aime l’idée que tous ces gens autour de moi seront dans quelques heures éparpillés sur toute la planète. J’aime lire, avec des rêves plein la tête, les destinations plus ou moins exotiques sur les panneaux d’affichages : New Delhi, Le Caire, Tel Aviv, Rome,Hanoï...J’aime ces instants où je suis physiquement encore là, mais déjà partie dans ma tête. Une citation de Milan KUNDERA, écrivain tchèque, me revient à l’esprit alors que j’attends l’embarquement de notre avion.

"Il n'est rien de plus beau que l'instant qui précède

le voyage, l'instant où l'horizon de demain vient nous rendre visite et nous dire ses promesses"

C’est tout à fait ça. Dans cette salle d’embarquement où toutes les langues se mélangent, où les annonces se succèdent, où les odeurs de café, de parfums plus ou moins capiteux et de malbouffe se mêlent, où le ciel gris parisien me plonge dans une douce torpeur, mon esprit est soudain envahi d’images aux mille couleurs : le rouge du désert du Wadi Rum, le bleu et le blanc de la mer morte, les ocres de Petra. Je n’entends plus les annonces, je suis déjà à Amman. J’entends les appels à la prière qui passent d’une colline à l’autre, les rires des enfants dans les ruelles , le klaxon des voitures… Un coup de coude de mon homme me sort des mes rêves. On embarque ! Dans quelques heures, mes rêves vont se confronter à la réalité.

Vol de 4h30 environ serrés comme des sardines et une consigne incroyable : l’interdiction de se lever de notre siège à partir du moment où on arrive au-dessus d’Israël et ce jusqu’à l’arrivée. A la question quasi générale dans l’avion « mais comment ils savent en bas qu’on est debout en haut ? » (pas bête comme question non ?), les stewards nous expliquent qu’il y a des avions de chasse qui surveillent les avions de ligne à la jumelle. On ne sait pas trop quoi en penser mais bref, dans le doute, tout le monde reste sagement assis. On est donc ravi d’arriver et de se dégourdir les gambettes !

Ne venant qu’une semaine, on a choisi de prendre une agence. Pour l’instant, c’est parfait. Attendus sous douane par un charmant monsieur, jamais je ne suis sortie aussi vite d’un aéroport. Visa, contrôle de police, récupération des bagages, douanes le tout en 15 mns chrono ! L’aéroport est à 30 kms environ de Amman.

il est minuit trente heure locale et ...il fait 7 degrés. L'aventure commence demain

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Départ ce matin dès 9h pour aller voir les sites archéologiques du nord de la Jordanie : Umm Qais et Jerash. Le premier est le plus éloigné, à plus de 2h de route d’Amman. C’est juste à côté de la frontière syrienne. L’accès à la zone frontalière est fortement déconseillé par les autorités françaises, à l’exception de ce site touristique très sécurisé. Très franchement, la route pour y aller est longue et fort peu intéressante. Difficile d’abord de sortir d’Amman. La ville est construite sur une vingtaines de collines et la circulation y est vraiment dense, malgré des avenues à parfois 6 ou 8 voies. C’est un concert de klaxons qui se joue dès que le feu passe au vert, dès qu’une voiture change un peu vite de voie...

Quel enchevêtrement  de maisons !

On alterne ensuite collines pelées, plantées d’oliviers, et villes faites de maisons cubes en béton souvent non finies et de grands terrains vagues. Si la Jordanie se distingue dans le Moyen Orient en matière d’éducation et de santé, la protection environnementale est encore à parfaire au regard des tas de détritus vus sur les bords de routes

Le pays perpétue sa tradition de terre d'accueil. Sur 10 000 000 d'habitants, 2 millions sont palestiniens. La plupart ont acquis la nationalité jordanienne et se sont intégrés . Mais près d'un quart, espérant toujours retourner dans une Palestine indépendante, vit dans des camps de réfugiés faits aujourd'hui de structures en béton. La plupart de ces camps sont dans le nord du pays comme ceux sur cette photo. Depuis, la Jordanie a fait face à l'arrivée de plus de 700 000 syriens fuyant la guerre civile. Ils sont installés dans des camps en toile non loin de la zone frontalière. La Jordanie consacre ainsi 2,5 milliards de dollars à l'aide aux réfugiés soit 25% de ses dépenses ! A méditer

Camp palestinien 

Allez, on va vous faire partager de "beau" trajet. Pas trop enthousiasmant non ? Et vous avez de la chance, vous pouvez arrêter la vidéo quand vous en avez marre...pour nous, cela a duré près de 6h aller/retour.

Sur la route de Umm qais 

Bon, la route a été longue et fastidieuse mais ça valait le coup car les 2 sites nous ont conquis. Umm Qais est certes moins spectaculaire que Jerash, mais ce moindre intérêt et son éloignement font qu’on y était quasiment seuls. Dans les collines de la vallée du Jourdain, ce site offre un point de vue spectaculaire sur la Cisjordanie séparée seulement de la Jordanie par le lac de Tibériade et, au loin, sur la Syrie derrière le plateau du Golan.

Ce lieu a la particularité de mêler les vestiges romains de la ville antique de Gadara et ceux d’un village ottoman du XVIII ème siècle bâti sur l’ancienne acropole romaine.

Au loin, le lac de Tibériade 


Petit repos dans le théâtre en basalte noir.


On aime rester ainsi assis dans ces théâtres antiques en essayant d’imaginer ce qu’il s’y passait il y plus de 2 000 ans.




Belle atmosphère dans ce lieu 
Balade entre les colonnes de la terrasse de l’ancienne basilique détruite par un tremblement de terre au VIIIème siècle 
Superbe voie romaine qui traverse tout le site 

Pour finir, on visite le petit musée et chacun de nous y choisit des objets pour la maison 😉

JP verrait ces portes à l'entrée de la grange. 
Moi, j’hésite entre ces statues, ce chapiteau reconverti en table d'appoint,ou carrément ce beau bloc de marbre 😂

A nouveau 1h de route pour retourner sur Jerash et enfin ….. MANGER notre premier repas jordanien. Tout y est : l’onctuosité de l’houmous, le parfums des keftas, la saveur incomparable des brochettes de poulet mariné aux mille épices. Un assortiment de mezze tel que j’en rêvais depuis un voyage en Syrie il y a 10 ans.


Dur après ces agapes d’entamer la visite du site le plus visité de Jordanie, après Pétra : Les ruines de la cité romaine Gerasa, super bien conservées malgré (ou à cause?) d’un gros tremblement de terre en 747. Les vestiges s’étendent sur des kilomètres et il nous semble judicieux de prendre un guide. Said, notre chauffeur pour toute la semaine, nous en trouve un parlant parfaitement le français.

Durant près d’une heure, il nous raconte l’épopée de cette ancienne cité créée 330 ans avant J.-C. et qui à son apogée au IIIème siècle comptait près de 20 000 habitants.

On voyage ainsi dans le temps passant de 63 ans v. J.-C., avec le Général romain Pompée, à l’an 100 avec l’empereur Trajan ou quelques années plus tard avec l’Empereur Hadrien pour qui cet arc de triomphe fut construit lorsqu’il vint visiter la ville en l'an 129

L'empereur Adrien arrive. Vite vite, , construisons un arc de triomphe  

Malgré les tremblement de terres et l’érosion, les restes du temple de Zeus dominent encore les vestiges de la ville.

 D'en haut, la vue sur le site est impressionnante

Mais le plus spectaculaire est cette immense place ovale qui nous a ébahis. Ce forum, entouré de 56 colonnes, est pavé des pierres d’origine posées en circulaire. Imaginez cette place cernée d’échoppes derrière les colonnes, remplie de gens faisant leur marché, de tribuns politiques haranguant la foule.... Moi je m’y croyais !

Sans doute un des plus grands forums de l'empire romain 
 une chance de voir la place vide avec seulement notre guide 

Mon imagination continue de galoper en marchant dans le « cardo maximus », la voie romaine allant du forum à la porte nord sur plus de 800 mètres, bordée de 500 colonnes et toujours d'échoppes.

Quel travail ! 

J’entends les chars cahotant sur les pierres posées en biais pour éviter qu’ils ne bloquent leurs roues. Je vois les belles romaines se presser pour traverser...Bref, vous l’avez compris, j’ai sans doute vécu ici dans une de mes nombreuses vies antérieures. Et oui, je pense que j'ai dû avoir beaucoup de vies car j’ai souvent eu un sentiment de familiarité dans les lieux que j’ai visités dans le monde.. Ou alors, tout simplement, et plus réalistement, j’ai vraiment beaucoup d’imagination 😉

Mais même en ayant cette forte capacité à extravaguer, jamais je n’aurais pu imaginer la scène que nous avons vécue dans le théâtre de cette cité antique. Théâtre très beau d’ailleurs avec, ce qui est rare, une scène et une arrière scène très bien conservées.

J'ai rarement vu un théâtre  aussi bien conservé 

Comme d’habitude, j’essaye de me me mettre dans l’ambiance d’antan quand soudain, mon œil accroche un détail pour le moins insolite. Dans l’espace central, en dessous de la scène, des gens admirent les gradins. Le regard attiré par les keffieh rouges et blancs de 2 hommes, je m’aperçois soudain que l’un des 2 a, sur l’épaule, …..une cornemuse ! Non, cette fois, je n’ai ni déliré, ni rêvé, ni imaginé.

La preuve : Ils se mettent à jouer et j'avoue que c'est un grand moment !

spectacle insolite dans le théâtre de Jerash 

Le spectacle déjà incroyable mais devenant encore plus délirant quand un touriste britannique s’approche d’eux, tout ému, en leur demandant de jouer l'hymne écossais et qu’il se met alors à chanter. En résumé, l’histoire drôle de la semaine, c’est que dans un théâtre romain, un britannique chantait accompagné deux jordaniens qui jouaient de la cornemuse.


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En partant, on se disait qu’on avait visité beaucoup de sites archéologiques durant nos voyages mais qu’on découvrait toujours des vestiges exceptionnellement beaux. Il est 17H45 et c’est un retour de nuit sur Amman, crevés mais ravis de notre journée. A demain pour de nouvelles...aventures !

Amman by night 
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Départ de Amman à 9H30 pour entamer doucement la descente vers le sud avec, pour première étape ce soir, un hôtel au bord de la mer morte. Mais d’abord, Saïd, notre chauffeur, décide que nous avons besoin d’une petite tisane pour commencer la journée (on doit avoir une sale tête 😉). Arrêt donc devant une échoppe où de la voiture, il passe commande. Nous voici vite munis de 2 gobelets remplis d’une infusion de plantes à l’anis. C’est ultra chaud mais très bon. Faut juste penser à éviter les débordements intempestifs quand on passe un ralentisseur !

Premier arrêt à Madaba, pour visiter l’église Saint Georges et surtout admirer ses nombreuses mosaïques byzantines. A Madaba vit la plus grande communauté chrétienne de Jordanie. Comme dans d’autres villes du pays, la cohabitation entre les religions semble bien se passer. Hier, à Aljun, la mosquée et l’église orthodoxe étaient quasiment côte à côte. Saîd nous a expliqué qu’il invitait ses voisins chrétiens pour fêter l’aïd el Firt à la fin du ramadan tandis qu’il est lui même convié pour Noël. Belle leçon de tolérance.

iTrès colorée l'église ! 

Ceux qui me connaissent savent que j’ai eu ma période mosaïque. J’ai ainsi reproduit une mosaïque romaine de 80cmsX80 cms environ ….et il m’a fallu 17 ans pour la terminer. Je connais donc le boulot immense que peuvent représenter celles que je vois au sol ou aux murs.

 Je suis très très loin d’être aussi douée pour la régularité de la découpe et du collage. C’est incroyable !


 Au sol, c’est la carte qui servait à l’origine aux pèlerins pour s’orienter en terre sainte
 La voici reproduite dans une des fabrications de mosaïques de la ville.

Visite bien sûr ensuite de la fabrique de mosaïque avec 3 façons de faire à partir de pierres naturelles. A l’ancienne avec des motifs très fins dessinés sur un tissu. Les tesselles sont découpées en minuscule petits bouts et collées à partir d’un mélange eau/farine de blé. La mosaïque est ensuite posée sur un cadre de bois rempli de ciment et ensuite retournée

Le plus dur est la découpe à partir des pierres naturelles qu'on voit sur la 2ème photo 

Dans la technique moderne, les tesselles, coupées plus grosses, sont collées à la glu sur un morceau de fibre de verre transparent recouvrant le motif.

Il faut 2 semaines pour faire cette mosaïque en technique moderne et 2 mois à l'ancienne 



Enfin, le plus fou : la technique du point de mosaïque utilisé notamment sur des œufs d’autruche. Les pierres sont réduites en poudre et l’artiste remplit un réservoir, doté d'une aiguille, avec les différentes couleurs et pratique le pointillisme pour colorer le motif dessiné. Il faut 150 h de travail pour peindre cet œuf avec cette technique !

Après le passage obligé dans la boutique, je me dis que je devrais vendre mon œuvre ! A 140 euros le petit carré de mosaïque de 25X25, mon coq romain vaut de l’or ! Trop cher pour nous cette boutique. De plus, les motifs sont trop figuratifs pour moi.

Le coût de la vie en Jordanie nous a énormément surpris. Un dinar jordanien vaut en gros 1, 30 euro. Pour un repas (le plus souvent des buffets) dans des restaurants basiques, il faut compter entre 15 et 20 euros par personne.

On poursuit notre retour aux sources avec un arrêt au mont Nébo, lieu d’où Moïse aurait aperçu la terre promise, dont Dieu lui avait interdit l’accès. Il y serait mort à ..120 ans mais on ignore où il a été enterré . J’ai bien regardé... mais je n’ai rien vu 😉

Du haut du site, le panorama est grandiose avec la Cisjordanie de l’autre coté du Jourdain.  

Dans l’église de ce lieu de mémoire, encore et toujours des mosaïques magnifiques et superbement bien préservées datant de L’an 500.

Celle représentant des scènes de chasses se mêlant à de la faune africaine est étonnement réaliste. 


Après ce moment de mémoire, c’est enfin la descente vers la mer morte. On s’enfonce dans les profondeurs du Monde. Et oui, on est dans l’endroit le plus bas de la Terre. Notre altitude est de -377 mètres. Oui oui vous avez bien lu. On est en dessous du niveau de la mer !


Saîd nous arrête dans une sorte de complexe balnéaire pour aller se baigner. Il n’est pas sûr qu’on puisse accéder à la mer depuis notre hôtel de ce soir et préfère assurer le coup. Ce serait quand même dommage de ne pas se baigner dans la mer morte ! Bien sûr, c’est payant. En fait, la mer morte n’est pas à proprement parler, une mer mais plutôt un immense lac alimenté par l’eau du Jourdain et sans exutoire. A cause des pompages dans le Jourdain par les israéliens et les jordaniens et des usines de potasses au sud aggravant l’évaporation, le débit du Jourdain a baissé de 90 % en 1 siècle. De ce fait, les eaux de la mer morte ont reculé de 27 mètres se qui en rend l’accès de plus en plus difficile à partir des falaises qui la bordent. D'où l’émergence de ces « resorts » et autres complexes de loisirs qui sont loin d’être notre tasse de thé. Mais l’envie ancrée depuis des années de flotter sur la mer morte est plus forte que nos principes et on y va….(on découvrira en arrivant à l’hôtel qu’on pouvait aussi s’y baigner mais ce complexe situé au début du lac donne accès à une eau beaucoup plus calme que devant l’hôtel).

Ici c'est calme, c'était plus agité à l'hôtel 

10 mns après, on est dans l’eau et c’est vraiment bluffant comme sensation. Avec un taux de salinité de 31%, la mer morte est 9 fois plus salée que l’océan, ce qui rend l’eau plutôt « poisseuse ». La flottabilité est incroyable et c’est vrai qu’on pourrait lire son journal sans problèmes. Elle n’est pas très froide et la température extérieur de 20 degrés ne rend pas la sortie désagréable. Par contre, faut pas traîner à se doucher car le sel est vite piquant. En parlant de douche, trop drôle : les mamans jordaniennes en djellaba n'osaient pas s'aventurer trop près de la douche pour laver les petits. Voyant une maman bien embêtée, Je lui ai proposé de rincer son petit à côté de moi. Quelle idée ! J'en ai rincé 5 .... sous l'eau froide! Bon au moins, je n'avais plus un gramme de sel sur moi !

Non ce n'est pas une légende, on flotte assis dans l'eau 
L'eau est très claire à cet endroit et on voit le sel qui forme des croûtes 

La grande tendance, ce sont les bains de boue. Je l'ai vu trop tard ici pour tester....mais je me suis rattrapée plus tard à l'hôtel où des trous avaient été creusés au bord de l'eau pour recueillir le précieux onguent.

Me voilà transformée en GI. On ne se moque pas ! Moi maintenant j'ai la peau douce !

Après le repas, on part pour rejoindre notre hébergement pour ce soir. Hier j’ai lu plusieurs commentaires négatifs sur ce lieu et cela nous inquiète un peu. L’arrivée est surprenante et peu avenante. On quitte la route pour entrer dans un grand terrain vague entouré de grillages. Mais très vite en suivant la piste qui descend vers la mer, on voit des petits bungalows en béton alignés face à la mer. En fait c’est un très bel endroit comme on les aime. Du lit , le regard plonge sur la mer morte.

Franchement il y a pire, non ? 

Des marches ont été faites pour descendre jusqu’à l’eau. Pas de plage certes mais des douches pour se dessaler avant de remonter. Si JP décline forfait pour se re baigner, moi j’y vais en courant. Il y a des vagues, je n'ai pas pied et la sortie de l'eau quand on flotte ainsi n'est pas chose aisée



On a droit à un magnifique coucher de soleil sur la Cisjordanie

Je ne comprends pas les critiques, parfois même très acerbes, faites sur cet établissement. Certes, ce n’est pas du grand luxe mais c’est très propre, avec l’électricité et des prises dans les chambres, de l’eau très chaude à la douche, une terrasse devant chaque bungalow avec table et chaises, la wifi dans la salle de restaurant et surtout un cadre incroyable pour un prix raisonnable pour la zone (Annoncé à 96 euros sur booking). Le repas du soir sous forme de buffet est très simple mais d’un niveau correct. Pour nous c’est un 10 sur 10. Le site est dans la réserve de Mujib.

Mujib chalets Mujib nature reserve, Ath Thughrah

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Dur de quitter notre havre de paix ce matin, mais bon l'envie depuis de longues années de voir Pétra nous pousse au départ. On va donc, enfin, voir ce lieu mythique mais en prenant notre temps.


La route longe d'abord la mer morte avec des couleurs magnifiques 

On prend ensuite la route des Rois qui grimpe en lacets dans des paysages désertiques


Premier arrêt pour visiter la place forte de Kerak. Après les sites gréco romains, nous voici en plein dans l'histoire des croisés. Cette forteresse a été construite par les croisés français en 1142, avec à leur tête le féroce Renaud de Châtillon. Dommage pour notre honneur patriotique (si si pour certains, c’est important 😉), les croisés francs se sont pris ici une belle déculotté en en 1187 lors de la bataille de Hattin et le fort fut repris en 1189 par Saladin


Encore une vue magnifique 

Il ne reste pas grand chose de la forteresse et il est dur d'y imaginer la vie des croisés. Mais, le petit musée gratuit, dans l'enceinte, est très intéressant pour remonter l'histoire de ce lieu.


Les voûtes des douves sont néanmoins impressionnantes 

On reprend la route pour faire un nouvel arrêt historique à Shobak pour voir le krak de Montréal construit au 12e siècle par Baudouin 1er de Jérusalem. Véritable place forte au sommet d'une colline, entourée seulement de montagnes et de déserts, c'est dans un lieu assez magique

La route pour y accéder est désertique mais fort belle 

Ce château est encore plus en ruines que la citadelle de Kerak, mais j'ai bien aimé m'y balader. La vue est à 360 degrés

Belle atmosphère dans cet endroit 

Notre chauffeur trouve ce château magnifique ce qui nous fait sourire en imaginant sa tête face à Chambord, Versailles ou l’un de nos nombreux châteaux de Dordogne. En fait, beaucoup de monuments et de sites ont été endommagés en Jordanie lors des grands tremblements de terre.

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Arrêt miam miam sur la route de Pétra. Les repas sont peu variés. C’est toujours sous forme de buffet. Au début, vous vous dites qu’il y a beaucoup de choix. Ce qui est vrai mais en fait, tous les buffets ont peu ou prou les mêmes choix. Et je le répète, le prix nous étonne à chaque fois. On a sans doute pris de mauvaises habitudes au Maroc ou en Asie du sud est avec de délicieux repas pour quelques euros.


La route est longue et assez monotone jusqu’à Pétra où on arrive en fin d’après midi. Une mauvaise nouvelle nous y attend : il pleut demain sur Pétra. Grosse déception mais Saïd nous réconforte en nous disant que le matin, cela devrait aller. Donc debout à 6H pour entrer dans le site dès 7h, notre hôtel étant juste à côté de l’entrée. On espérait trouver, toujours grâce à Saïd, un guide français mais il y en a très peu et ils sont tous pris.

. Tant pis, on fera la visite avec un guide anglophone. Bien que maitrisant l’anglais, c’est toujours plus compliqué car cela demande beaucoup plus d’attention

Un bon conseil : réservez un guide francophone à l’avance

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On a beau l'avoir vue 100 fois en photos ou en films, on reste sans voix devant les merveilles de Petra !

Quelques centaines de mètres après l'entrée, voici le premier tombeau nommé le tombeau des Obélisques. Le haut est le tombeau avec les 4 obélisques représentant les défunts. En bas, la façade est un triclinium, sorte de salle de banquet utilisé en mémoire des défunts.

Premier tombeau nabatéen 

Ensuite, on accède à ce site mythique par un grand canyon de plus d'un km, le siq, qui, à lui seul vaut déjà la visite. C'est vraiment impressionnant

Superbes couleurs rendues encore plus intenses par la pluie récente 
Les parois sont ornées de restes de sculptures  
Un canal court tout le long des parois, fait pour alimenter la cité en eau . Au retour, il est bien plein !

Et soudain, c'est LA VUE de Petra. Bien sûr, on ne faillit pas à la tradition et on prend la photo que prennent des milliers de personnes chaque année 😉

La photo sans doute la plus connue de Pétra  

Le Trésor s'offre à notre regard dès la sortie du Siq et c'est vraiment un grand moment d'émotion. Tombeau de plus de 40 mètres de haut, il porte le nom de Trésor car les bédouins ont longtemps cru que l'urne funéraire en haut contenait un important trésor. Elle fut d'ailleurs criblée de balles pour essayer de la percer. La sortie du Siq n'est pas le meilleur endroit pour une belle photo par manque de recul. Sur la droite, vous pouvez grimper sur une plate-forme (2 bédouins s'y sont installés et font payer 1 dinar pour s'asseoir sur leurs tapis et boire un thé. C'est un peu moyen mais vous pouvez vous installer gratuitement un peu plus bas)

Grandiose !
On est resté près d'une heure en contemplation 

Mais Petra ne se résume pas au Trésor. Le site est immense.

Le ciel est gris mais chic ...pas de pluie !

On continue avec la rue des façades. On longe ainsi des dizaines de restes de façades de maisons et de tombes construites par les nabatéens.

Les différentes tombes dont la tombe Hégra à merlons

Aujourd'hui, les anciennes habitations servent d'abri aux ânes et aux dromadaires. La présence de ces animaux dans Pétra et, surtout, la manière dont ils sont traités par les jeunes garçons qui les montent ont suscité beaucoup de polémiques ces dernières années. Après un grand nombre de plaintes des visiteurs, les pratiques semblent s'améliorer. Mais il existe toujours le projet de les remplacer par des voiturettes électriques. Cela nous a laissé dubitatifs. Outre la perte économique pour les bédouins et le sort qui sera alors réservé aux animaux devenus inutiles, il est difficile d'imaginer le Siq et le site envahis par des voiturettes de golf. Il est sûr que la présence des dromadaires et des ânes contribue à l'ambiance de Petra, renvoyant notre imaginaire vers les caravanes d'antan. Je pense qu'il vaut mieux continuer la pédagogie auprès des conducteurs d'ânes et dromadaires, mais aussi auprès des touristes.

Les nouvelles caravanes du désert
Imaginez une voiturette à la place du dromadaire sur cette photo 
Les stars de ces ruines
 Même les chèvres s'y invitent

Depuis qu'on est rentré dans le site, on a la mâchoire qui se décroche mais quand on arrive devant l'alignement des tombeaux royaux…. Alors là c'est vraiment le sommet de l'architecture nabatéenne. Creusés à même la falaise, ces 4 sanctuaires dominent le site.

Quelle vue ! 
Spectaculaire !!

En face, se trouve le vaste théâtre là aussi taillé directement dans la roche

A l'arrière, des anciennes tombes

On continue notre chemin en essayant de prendre du courage. Et oui si tout était simple jusqu'à présent, il s'agit maintenant de grimper les 800 et quelques marches qui mènent au monastère. Notre guide de voyage annonce 40 mns ...mais à 60 et 72 ans, on mettra un peu plus d'une heure ! Pour les plus paresseux (ou les moins sportifs 😉), vous pouvez grimper juché sur un âne.

Les voir monter ou descendre dans ces rochers aux milles couleurs est un sacré spectacle


Ça grimpe dur mais les vues splendides justifient l'effort.

Et nous voilà récompensés face au monastère. Encore plus imposant que le Trésor, il atteint les 50 mètres de haut et 45 de large. Construit au 3ème siècle av. J-C pour servir de sépulture, des croix à l'intérieur (non visitable) laissent penser qu'il a servi d'église à l'époque byzantine, d'où son nom.

Les Hommes sont bien petits face à ce monument 


Après avoir admiré ce monument du haut des rochers environnants, installez vous dans le petit salon de thé dans la grotte en face et ...méditez face aux siècles qui se sont écoulés dans ce lieu 😀

Un petit thé avant la redescente ou mieux encore, la boisson locale : jus de citron à la menthe fraiche

Tout au long des marches, les bédouins ont installé des boutiques souvent tenues par les femmes pendant que les hommes, aux yeux maquillés par du khôl, mènent ânes et dromadaires….et que les chats admirent le paysage ou font la sieste au coin du feu

On est rentré sur le site à 7h du matin. Il est presque 15H30 et à part 1H30 environ d'arrêt pour manger et boire un coup, on n'a pas arrêté de marcher. Près de 16 kms selon ma montre...et on n'a pas tout vu. Mais on s'arrêtera là car il faut encore rentrer. Après un dernier regard sur le Trésor du haut de la plate-forme, on se prépare à repartir dans le Siq quand, soudain, on se retrouve sous une pluie battante. Tout le monde se précipite sous les avancées rocheuses pour s'abriter. Mais, il faut partager l'espace avec les animaux et cela devient vite tendu. Mais INCROYABLE : un homme nous crie de venir se mettre à l'abri ...dans le Trésor !! Ce lieu interdit au public nous est grand ouvert. Les murs intérieurs sont d'une couleur magnifique


Quelle chance on a eue ! Sur la 2ème photo, c'est l'entrée du siq, véritable faille entre les falaises

Le retour dans le Siq inondé est un grand moment. Attirés par les affaires à faire, tous les conducteurs de charrettes de Petra se succèdent pour récupérer les touristes délicats qui ne veulent pas se mouiller les pieds. Pour les plus courageux, deux techniques : un exercice d'équilibriste pour éviter de marcher dans l'eau ou, comme nous, y aller franchement et espérer qu'on pourra faire sécher les baskets d'ici demain

Retour spectaculaire

Dernier regard sur le premier tombeau et au revoir Petra

 Magie des couleurs

Une journée bien pleine suffit pour visiter Petra. Mais, pour ceux qui ont du temps (et la forme physique), un deuxième jour peut être sympa pour voir des coins plus reculés comme le haut lieu des sacrifices ou suivre certains chemins de randonnées plus difficiles.


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Départ de Pétra sous la pluie et dans les nuages (on a vraiment eu de la chance hier pour visiter). Raté pour la magnifique vue du belvédère. Direction le désert du Wadi Rum en espérant que le temps sera meilleur. On adore les déserts après de nombreux moments à rêver dans la sahara, le désert de Namib ....

Il faut normalement 2h de Pétra au Wadi Rum. Mais avec le brouillard, tout le monde roule au pas. On mettra donc 2H30.

Et il ne fait pas vraiment beau. On arrive dans le camp où l'on dort ce soir juste à temps pour manger.

On couche dans des petits bungalows recouverts de toiles. Si l'extérieur, quoique non authentique, ne choque pas trop. L'intérieur est très kitch. Et c'est une usine à touristes. Pas vraiment notre truc et encore, avec le coronavirus, il n'y aucun chinois mais beaucoup d'italiens. (pour rappel on y était du 15 au 22 février avant l'épidémie en Italie. Le lendemain de notre départ, la Jordanie fermait ses frontières aux ressortissants italiens). Mais à priori, la plupart des camps du Wadi Rum ressemble à celui-ci.

Cela ira pour une nuit 

Ensuite petite sieste avant de partir à 15h faire une balade de 3h dans le désert. On appréhendait un peu de devoir partir en groupe mais non, ouf, on est seul dans l'arrière du pick up. Par contre, on comprend vite que cette virée dans le désert ne sera pas solitaire. Il y a plein de camps comme le nôtre et tous les pick up sont de sortie. Tous font les même spots et on se retrouve à une cinquantaine de touristes à prendre les mêmes photos. Enfin, si seulement c'était ça mais c'est pire. La plupart se prennent EUX en photos devant le paysage avec des pauses d'un naturel absolu ! Cela m'énerve cette mode. Je ne comprends pas l'intérêt de poser ainsi devant des paysages ou des monuments magnifiques qui se suffisent à eux même pour faire de splendides clichés. Mais bon, c'est sans doute dû à mon grand âge !

Malgré le monde, le décor est époustouflant. Imaginez un sable allant de l'ocre au rouge paprika avec de grands pitons rocheux, des canyons. Et coup de chance, le soleil fait son apparition.

 Avec ses jeux de lumière entre les nuages, les couleurs et reliefs éclatent.
On profite de quelques moments de relative solitude.


Ce site est inscrit au Patrimoine mondial depuis 2011 et le mérite vraiment 

Alors qu'on se retrouve seuls avec les chauffeurs de plusieurs 4X4, ils mettent la musique à fond et commencent à danser

Petit moment sympa 


Et bien sûr, ici aussi, les dromadaires promènent des touristes 

Il y a plusieurs endroits avec des dessins et inscriptions nabatéennes sur les parois des pics rocheux......mais avec 50 personnes plantées devant 😦

Photos prises à 30 mètres par dessus les têtes 😉
 Dernier regard sur le Wadi Rum éclairé par le soleil couchant

Évidemment, on a droit à la soirée animée avec musiques et danses locales.

Ce monsieur nous a préparé un excellent thé à la menthe 
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Très long retour depuis le Wadi Rum avec plus de 4h de route. Décollage cette nuit à 1h40, donc on a un peu de temps pour visiter Amman. Direction d'abord la citadelle pour dominer la ville avec une vue à 360 degrés. De là haut, on voit bien que la ville est construite sur plusieurs collines.

Vue sur le théâtre romain au milieu de la ville 
 Un peu plus de 4 millions d'habitants 
Des centaines de réserves d'eau sur les toits 

La citadelle est le lieu favori de promenade des ammaniens. Faut dire que le lieu est sympa

Un peu de verdure dans cet océan de béton 
Belles ruines au milieu de la ville 

Après ce dernier regard panoramique, on va faire un tour dans la ville basse, vieux quartier commerçant. Pas de souks comme au Maroc, mais des boutiques débordant sur le trottoir


On se balade tranquillement sans aucune interpellation. Plus l'heure avance, plus les rues se remplissent

L'ENDROIT pour se faire photographier à Amman 
 Pas de doute, on est bien au Moyen Orient : boutiques de Keffieh, de chicha, d'e savons d'Alep. 
Les magasins d'épices et de pigments explosent de couleurs et de senteurs

Et pour les lectrices de My Atlas, un petit tour d'horizon de la mode jordanienne.

Bon, faut aimer  ces robes mais les tissus sont magnifiques d’ailleurs je craque et j'en achète 3 mètres 

Allez, on va bientôt quitter ce beau pays.

 On part au son de l'appel à la prière dans les rues d'Amman
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Un très beau voyage conseillé à tous ceux que l'Histoire intéresse. Cette journée dans Pétra restera un souvenir inoubliable

Sur un si court séjour, passer par une agence est un bon moyen de ne pas perdre de temps et de voir l'essentiel. L'agence locale qui travaille avec celle de France a été au top. Le patron nous a appelé 2 fois dans la semaine pour voir si tout se passait bien. Il parlait parfaitement le français.

Voici notre circuit.

Une semaine  en Jordanie

A refaire, on aurait squeezé Umm Qeis. Non pas par manque d'intérêt mais pour le nombre de kms parcourus pour y aller. On aurait passé un jour de plus à côté de la mer morte.

Le prochain périple (3 mois dans les Balkans à partir d'Avril) est tombé à l'eau à cause du Covid 19. Bon ben, on va mettre à jour les carnets de voyage dans My Atlas 😉