Question existentielle au réveil : comment aller à Belfast ? 3 options, dit mon homme :
Option 1 : en vélo. Quoi ????? Outre le fait qu'on soit à plus de 20 kms du centre ville, je ne m'imagine pas du tout circulant en vélo sur la 4 voies que nous avons prise hier pour venir au camping. Option vivement rejetée.
Option 2 : y aller avec le Tamalou. Simple, facile...jusqu'à la question du stationnement pour la journée dans Belfast. Option écartée.
Reste la 3ème option : Y aller en bus. Certes mais c'est où le bus ? Dans ce camping, pas de réception, on réserve et on paye en ligne et on rentre avec le code fourni. Mais coup de chance, il y a un mec dans un bungalow qui fait office de tourism information. Il est ravi de nous indiquer que le bus est juste à côté et nous emmène en plein centre de Belfast en 30 mns
Et c'est parti dans un beau bus rose comme celui ci.
Je veux voir plusieurs choses dans la ville et évidemment elles ne sont pas à côté les unes des autres. On opte donc pour les bus touristiques hop on off hop qu'on a déjà utilisé dans plein de capitales (et oui à notre grand âge, on ménage les montures). Outre une vision complète de la ville avec des infos par audio guide, cela permet, toute la journée, de s'arrêter dans les coins que l'on veut visiter et de (normalement) reprendre le bus à n'importe quel autre arrêt de son circuit.
Tout commence bien. Les bus touristiques sont juste devant notre arrêt. On part pour aller voir en premier les "murals", fresques murales peintes sur les maisons illustrant le violent conflit qui a opposé catholiques et protestants.
Le 1/4 d'heure culturel pour vous rappeler ce conflit
En 1921, après des années de conflits, le traité instaure la création de la République d'Irlande indépendante et la naissance de l'Irlande du Nord, l'Ulster, composée de 6 comtés majoritairement protestants et fortement attachés au lien avec la Grande Bretagne qui interfère fortement dans la gouvernance de l'Ulster. La minorité catholique souffre alors de discriminations sociale, économique et politique. Cette situation perdure jusque dans les années 60. Lassée par des années de domination des protestants, la minorité catholique a organisé des marches de protestation pour avoir des droits civils équivalents. Les républicains et nationalistes (majoritairement catholiques) et les loyalistes et unionistes (majoritairement protestants) s'opposent alors sur l'avenir de l'Irlande du Nord. Les groupes armés de part et d'autre ((l'IRA provisoire souhaitant la fin de l'autorité britannique sur l’Irlande du nord et la création d'une Irlande républicaine sur toute l'île - L'Ulster volonteer force, groupe paramilitaire collaborant avec les forces de sécurité britanniques, luttant pour maintenir l'appartenance du pays au royaume uni) ont ainsi généré 30 ans de violence . En 1998, le gouvernement britannique admet l'existence du peuple d'Irlande pouvant résoudre les problèmes entre nord et sud sans son intervention. Il est ainsi créé, en Irlande du nord, un gouvernement réunissant unionistes et nationalistes. Les tensions s'apaisent peu à peu avec le désarmement progressif des groupes armées. La tension interconfessionnelle est néanmoins encore sous-jacente.
Nous voici donc bien installés, en haut du bus, aux premières places avec une vision panoramique. Des vrais retraités en voyage 😉. Bon, premier bug, il y a bien les prises pour l'audio guide...mais pas d'écouteurs. Tant pis, on essaye de comprendre ce que crache un haut parleur commentant la visite en anglais. Difficile d'entendre les arrêts au milieu de son charabia. On arrive dans une des quartiers où il y a des fresques et ...on descend du bus...Grave erreur !
Je prends des photos...on marche... je prends de photos...on marche...
On décide de repartir pour aller manger au marché Saint Georges en centre ville. Simple, il suffit de remonter dans le bus. On scrute la carte du trajet fournie dans le bus. Il semble y avoir un arrêt pas loin. Parfait...sauf qu'il n'y a aucun panneau dans les rues et aucune indication sur la carte...On remonte la rue, on la redescend...Rien et de toute façon, il n y a pas de bus non plus. Bref au bout de 20 minutes d'aller retour, on s'arrête à un arrêt de bus de la ville et on prend le 1er qui va en centre ville. Puis direction le marché Saint Georges, à pied pour être plus sûrs d'y arriver.
Surprenant ce marché composé de stands divers et variés.
Au delà des stands alimentaires habituels dans ce genre d'endroit, il y aussi des fleuristes, des brocanteurs, des vendeurs de tableaux, des "sculpteurs" (?), des artisans...
Bref un joli méli-mélo coloré. Une sorte de souk à l'irlandaise
Mais il y a aussi des stands pour se restaurer. On peut manger végétarien, italien, irlandais, salé, sucré, chaud, froid...
Le niveau sonore est déjà assez élevé mais quand, en plus, un "musicien" se met à jouer, cela devient une cacophonie (cliquez)
Après ce repas bien de chez nous (toujours les retraités en vacances 😉), on part pour visiter la principale attraction de la ville : le Titanic Belfast. Et oui ce bateau au destin tragique a été construit ici. C'est de Belfast qu'il est parti pour sa croisière inaugurale. Le musée est totalement interactif et nous met dans la vie du bateau de sa construction à son naufrage.
Courageusement on reprend le hop on hop off. Avantage, on sait où on va et on sait où le reprendre. On trouve aussi les fameux écouteurs....ils sont en fait sous le siège du chauffeur. Il suffit de lui demander gentiment
Extérieurement le bâtiment est spectaculaire.
C'est parti pour la visite
Le 31 mai à 8h13, c'était le départ. Direction New York...après quelques escales pour faire le plein de passagers.
Ce sont finalement 2225 personnes qui se trouvent à bord pour traverser l'atlantique.
Le navire compte 3 classes. Les premières étaient bien sûr en haut du navire ce qui expliquera le nombre de survivants dans cette catégorie de pasagers.
Le 14 avril à 23h40, le navire heurte un icerberg et coule en moins de 3H. Dans le musée, une salle est dans le noir et sur les murs sont projetés les messages en morse envoyés cette nuit là.
Puis, dans de longues vitrines, il y a des noms de disparus avec quelques informations sur leur vie et la raison de leur présence à bord.
Sur 2225 personnes, seulement 32% ont été sauvés. Sur un grand mur, s'égrènent les noms de tous les disparus et tous les survivants.
Cette partie du musée avec cette scénographie est assez émouvante
Plusieurs raisons sont données pour expliquer la tragédie du Titanic et le nombre de victimes : des défauts dans la conception du navire, la capacité des canaux de sauvetage prévue pour 1178 personnes alors qu'il y en avait 2225 à bord, l'absence de jumelles dans les vigies du nid de pie, la vitesse du navire rendant impossible son arrêt avant l'iceberg, le manque d'exercice d'entrainement du personnel à ce genre de situations faisant que les premiers canots sont partis quasiment à vide ...
La visite s'achève avec la découverte de l'épave. (cliquez)
Drôle de se retrouver dehors au milieu des voitures après cette expérience. Miracle le bus hop on hop off passe bien à l'endroit indiqué. On a décidé d'aller boire une bière dans un des plus vieux pub de Belfast. Repérage sur le trajet, c'est l'arrêt n°7 en centre ville juste après celui du marché Saint Georges. Parfait, on pourra se repérer ! On part et moins de 5 mns après, le bus s'arrête. On ne bouge pas. On n'est pas encore passé devant le marché. Problème : tout le monde a l'air de descendre. Devant notre air sans doute interrogatif, une dame nous dit qu 'il faut sortir. Je demande au chauffeur pourquoi il ne fait pas le circuit prévu et là il me répond tout simplement que c'est la fin de son service et il nous plante ..dieu sait où. On gardera un souvenir impérissable de cette compagnie de bus touristique !
Bref, merci à Sygic qui nous permet de rejoindre le Crown liquor saloon, juste en face de l'opéra.
La balade nous donne l'occasion de voir les sorties de collèges : tailleurs avec jupes et cravates pour les filles, pantalon, veste cravate pour les garçons. De quoi donner des idées à notre Gabriel national
Banquettes vintage dans des box intimistes en acajou sculptés, fenêtres en verre gravé, carrelage et mosaïques, lampes rétro, décorations en stucs font le charme de ce vieux pub victorien rénové en 1885. Par contre, il est pris d'assaut en fin de journée et y trouver une place est mission impossible. On se cale dans une petit coin pour boire notre bière. C'est pas du tout la même ambiance que dans le pub du match de rugby. Mais c'est bien bruyant quand même (cliquez)
Et pour finir notre story bus, il nous faut trouver celui qui va nous ramener au camping. Ça y est , on le tient. Mais décidément, on a vraiment un problème avec les bus de Belfast ! Au moment où on va monter dedans, les portes se referment. Un agent de la compagnie nous dit que la machine pour les tickets est en panne. Il faut attendre qu'il la dépanne.
On arrive enfin au camping vers 19h et croyez moi on est ravi de se poser dans notre home sweet home