Vendredi 28 juillet.
A Texaco, nous attendons notre chauffeur, Makita, un cousin également. Il profite de sa présence à Brazzaville pour vendre, au marché Total, le manioc récolté au village. Une fois la voiture vidée, nous nous y installons. Mais à la congolaise : trois devant, quatre derrière!
Après le barrage et le contrôle de l'immigration, nous quittons le tumulte et la pollution brazzavilloise pour rentrer dans le pays téké.Fenêtres ouvertes, j'observe les quelques villages qui rompent la monotonie de cet immense plateau herbeux. Mon égo diminue à mesure que la poussière s'accumule sur mon visage. La route nationale n°2 est à l'image du pays :tantôt impeccable et pleine de promesses, tantôt criblée de trous énormes, dangereuse et pleine de carcasses de camions renversées.
Deux heures et 150 km plus tard, nous approchons enfin de Mpoumako.
Au XIX ème siècle , mon arrière grand père et ses femmes fuyèrent la ville de Djambala et le travail forcé imposé par les colons pour la construction du chemin de fer Brazzaville - Pointe Noire. Ils décidèrent de s'installer au delà du Léfini dans un endroit rempli de bananiers. Ainsi naquit le village de M'Poumako , qui signifie "endroit où il y a des bananiers". Aujourd'hui, M'Poumako abrite près de mille habitants, et je suis étonné de le voir si étendu.
Un petit paradis... L'air pur de la campagne, le chant des oiseaux... Accueillis par ma tante, nous nous installons à l'ombre d'un safoutier. Mais rapidement je me mets à courir après d'énormes lézards bicolores et papillons multicolores . La diversité des arbres y est impressionnante: avocatier, cocotier, papayer, citronnier, oranger, palmier, etc.
Il faut traverser la route, véritable colonne vertébrale du village, pour rencontrer deux autres cousins Rock et Rodère. L'un me montre la tombe de ma grand mère au pied d'un anananier, l'autre celle de mon grand père. Je rencontre aussi leurs nombreux enfants, dont un nouveau né, Naomi, dont la beauté égale déjà celle du célèbre mannequin.
Je rencontre aussi les anciens de ma famille, très émus et contents, car ils ont connu mes grand parents. L'un d'eux dit en téké:" Quand je monterai au ciel, je dirai à ton grand père que je t'ai vu".
Une petite balade à pied jusqu'à Enoni, le village voisin, s'impose. Le nombre de lieux de culte est impressionnant. Je tombe d'abord par hasard sur une petite église catholique vide, rudimentaire mais inspirante. Puis, plus loin, de superbes chants africains nous entraînent dans une autre église en pleine répétition , l'assemblée du Dieu du Congo. Enfin, les tams tams de l'église pentecotiste pleine annoncent l'heure de la messe. J'assisterai à la première partie pour le plus grand bonheur des petits et grands . Églises évangélistes, mosquées et même mouvement raélien se trouvaient déjà en amont du village. Dans ces villages du bout du monde, la foi est étonnement omniprésente et vivace. Je m'endors dans la case de ma tante avec des chants d'oiseaux et des chants tékés pleins la tête.