Cap sur Marrakech entre filles

En août 2010, direction le Maroc entre mère et filles pour une semaine. La ville abrite quelques pépites comme les magnifiques jardins de Majorelle ou la bouillonnante place Jemaa El Fna.

En août 2010, direction le Maroc entre mère et filles pour une semaine. La ville abrite quelques pépites comme les magnifiques jardins de Majorelle ou la bouillonnante place Jemaa El Fna. Les photos sont d'époque mais ce voyage tenait à être raconté.

La culture est différente de la nôtre et notamment leur rapport aux femmes. Nous ne nous sommes jamais senties en insécurité pour autant, malgré quelques plaisanteries assez lourdes. Le tourisme est bien développé, cependant les prix et services sont annoncés à la tête du client mais c’est le jeu. Une fois qu’on en a conscience on peut négocier avec eux, bien qu’ils soient très affûtés pour cela. Dès que l’on s’éloigne du centre-ville on découvre une autre réalité où la pauvreté est flagrante ; certains villages n’ont pas accès à l’eau courante. L’expérience marocaine reste intéressante tout de même. Concernant l’aspect culinaire, on a gouté de délicieux couscous et tagines, il n’y a pas à dire, ils sont vraiment les rois pour cela. Pour les visites, de nombreux sites restent porte close lors du Ramadan ou limitent leurs horaires d’ouverture.

Nos 10 étapes incontournables à Marrakech:

* Se confronter à la sérénité sans faille des marocains.

* Découvrir une réalité bien éloignée des transats et du all-inclusive du Club Med.

* Vois sa vie défiler, cramponnée à son siège dans un taxi.

* Utiliser la clim berbère pour se rafraichir.

* Se faire tatouer au henné.

*Arroser ses voisins en servant le thé à la menthe selon la tradition marocaine.

* Être sur le dos d’un chameau quand il se lève.

*Négocier ses achats (et ses ventes) dans les souks.

*Boire un jus d’orange frais au-dessus de la place Jemaa el Fna.

* Chercher l’ombre dans les jardins de Majorelle.

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Se confronter à la sérénité sans faille des marocains

Si on en croit le proverbe « heureux celui qui sait prendre son temps », les marocains doivent être au summum du bonheur.Aucun événement n’est synonyme de stress. Même quand nous ne trouvons pas nos valises sur le tapis à l’arrivée dans le pays. Les agents de l’aéroport ne nous ont pas vraiment aidées, on avait qu’à se prêter des vêtements entre nous. Nous avons donc dû compter sur nous-mêmes et heureusement, nous l’avons trouvée sur un autre tapis au bout d’une heure (par chance, elle était rose et immanquable). Avons-nous ressenti un soupçon de mauvaise foi ? La conclusion de l’histoire des douaniers est que nous avons mal cherché, ce n’est absolument pas de leur faute si une valise d’un vol de France a été mise sur le tapis d’un vol en provenance de Milan dans un hall différent.Changer d’heure dans son pays ça peut être compliqué : on avance d’une heure ou on recule ? On dort plus ou moins ? Et bien dans un pays étranger, quand on n’est pas au courant, c’est pire. Nous avons eu de la chance, le pays reculait d’une heure donc nous étions très en avance pour notre premier jour.

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Découvrir une réalité bien éloignée des transats et du all-inclusive du Club Med

Nous avions choisi un hôtel en dehors de la ville. Kasbah le Mirage se dresse fièrement dans un petit village aux portes du désert. En découvrant l’hôtel, nous nous sommes senties mal à l’aise car c’est le seul bâtiment « décent » des alentours, le reste du village semble très pauvre. Les déchets recouvrent le sol. Le parking de l’hôtel où ne sont garés que des chameaux nous fait sourire.L’établissement porte bien son nom. Au milieu du désert, ce « luxe » semble un mirage, chambres spacieuses, jacuzzi sur le toit, piscine et personnel aux petits soins pour ses clients.

Une visite du village est organisée et nous sautons sur l’occasion pour en apprendre davantage. Elle va se révéler passionnante et restera un point fort du voyage. Notre sentiment de malaise disparait un peu car la construction de l’hôtel a permis quelques améliorations dans le village comme l’arrivée de l’eau potable directement dans le village. Avant cela, le puits se trouvait à 10 km. Les jeunes filles (généralement âgées de moins de 10 ans) ramenaient un bidon d'une vingtaine de litres d'eau sur une brouette. L’hôtel emploie également de nombreux villageois.Les maisons du village sont éloignées de ce que nous connaissons. L'architecture marocaine expose la richesse des propriétaires: les plus pauvres ont des habitations en parpaing alors que les plus riches utilisent la chaux et la craie. Les maisons à étages sont aussi signes de richesse. On aperçoit des palmeraies dont les jardins luxuriants sont bien entretenus. Il s’agit de villas privées ou d’hôtels luxueux.

Très prévoyant, les marocains laissent des fils de fer dépasser des toits pour que, au fur et à mesure que la famille s'agrandit, la maison puisse aussi s'agrandir. Aucune des maisons du village n'est équipée d'électricité et d'eau courante, à part l’hôtel.Il y a quelques années, une rivière passait à 50 mètres du village (eaux de l'Atlas) mais a été asséchée à cause de la construction d'un barrage. Cela provoque actuellement des dégâts considérables lorsqu'il est ouvert: le village est inondé. Pour se protéger, un mur a été construit.Côté hygiène, à l’extérieur des maisons, des pièces noires d'environ 2 m2 font office de douches (seul moyen de se laver). Il s'agit de hammams qui fonctionnent au charbon (comme les fours à pain). Le village est équipé de trois fours à chaux utilisés à tour de rôle par les villageois. Leur profondeur est d'environ 6 mètres, des troncs de palmiers y sont brûlés avec des blocs de calcaire formant une pyramide haute de 2 mètres hors sol, de la chaux est ainsi générée.

En discutant avec des villageoises, nous apprenons qu'elles arrêtent l'école en 6ème pour aider aux tâches ménagères et pour apprendre le tissage de rafia: elles vendent leurs créations. Un cache bouteille (environ 7 jours de travail) et deux petites coupelles (4 jours chacune) rejoignent le reste de nos achats; cet argent leur sert à améliorer leur hygiène (brosse à dents, déodorant...).





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Voir sa vie défiler, cramponnée à son siège dans un taxi

Pour un code de la route décent, on repassera. Les priorités sont décidées au bon vouloir du chauffeur. Entre les routes qui ne sont pas non plus en très bon état ; nids de poule, cailloux et goudron qui fond (quand c’est goudronné), les suspensions des taxis sont mises à rude épreuve. La conduite marocaine n’est pas vraiment souple non plus. On a passé des moments très amusants dans ces taxis. Par contre, ils se montrent serviables et s’arrêtent volontiers où vous voulez (ce n’est pas complètement désintéressé, le compteur tourne). On vous recommande les figues de barbarie, vendues un peu partout. Sur la route, c’est aussi l’occasion d’apercevoir des "convois" de toute sorte: viande (crue bien sûr), ordinateurs, matelas... le tout transporté sur des charrettes tirées par des ânes en piteux état.

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Utiliser la clim berbère pour se rafraichir

La clim berbère, la solution écologique et économique. Dommage que son efficacité ne soit pas au rendez-vous.Visiter Marrakech en plein mois d'août n’est pas forcément la meilleure idée quand on n’aime pas la chaleur. Quand on parle de chaleur, on parle de températures avoisinant les 50 degrés en plein soleil, on a même vu un thermomètre monter jusqu’à 52. Pour économiser l’essence de leur taxi, les chauffeurs n’allument pas la clim, la fenêtre ouverte suffit. Pour rafraîchir un peu plus leurs clients qui n’ont pas l’habitude de ces températures, ils rajoutent des peaux de bête sur les sièges de leurs véhicules. C’est sûr, avec toutes ces attentions, on n’a qu’une envie : prendre un taxi pour fuir la chaleur.Dernière nuit dans notre hôtel, nous avons l’impression d’être entrées dans un four. Effectivement, la réception nous annonce que la climatisation est tombée en panne seulement dans notre chambre (on est assez chanceuse) et la température agréable de 20 degrés est montée en flèche à 45. On a eu le droit à la suite de l’hôtel pour palier à cela. Magnifique, on aurait aimé que notre climatisation tombe en panne plus souvent.

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Se faire tatouer au henné

Si vous êtes une femme et voulez revenir avec un joli tatouage au henné marron sur l’une de vos mains, voici ce qu’il faut savoir :* Tatouage sur la paume = vous êtes une femme mariée (peut être synonyme de « tranquillité » face à la gente masculine),* Tatouage sur la paume et sur le dos = vous êtes une femme sur le point de vous marier,* Tatouage sur le dos de la main = vous êtes une jeune fille chaste (on ne vous le conseille pas sur place celui-ci).


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Arroser ses voisins en servant le thé à la menthe selon la tradition marocaine

Nous avons eu la chance d’apprendre à préparer le thé à la menthe. La recette doit être réalisée de façon minutieuse. Voici les secrets pour réaliser LE thé à la menthe :*Dans une théière, mettre 5 cuillères de gainpowder (feuilles de thé séchées en boulettes),* Rincer trois fois (et pas quatre) les feuilles de thé en gardant les rinçages,* Remettre dans la théière la moitié du premier rinçage (cela donne l'âme du thé),* Ajouter un gros bouquet de menthe fraîche et 4.5 morceaux de sucre,* Verser l'eau bouillante,* Oxygéner 4 à 5 fois le thé jusqu'à avoir une belle mousse (il s'agit de remplir un verre de thé et de le reverser dans la théière).

Une fois le thé prêt, il faut le servir (et là ça se corse). Il faut prendre de la hauteur avec la théière puis redescendre et remonter en servant le thé dans les tasses. On vous conseille de vous éloigner des serveurs non expérimentés, ça peut faire mal. Blague à part, le thé préparé comme cela est délicieux, on sent tous les arômes de la menthe qui a bien infusé.




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Être sur le dos d’un chameau quand il se lève

Près de la place Jemaa el Fna, de nombreuses calèches attendent les visiteurs pour un tour de la ville. Des chevaux rachitiques y sont attelés. Ils patientent en plein soleil sous des températures avoisinant les 50 degrés et semblent assoiffés. Leurs pattes sont attachées deux à deux, sans doute pour qu’ils ne se sauvent pas. Ce constat nous a fait mal au cœur et nous nous sommes refusées à cautionner la maltraitance animale. Alors oui nous avons opté pour une balade à dos de chameau dans le désert MAIS nous avons sélectionné une organisation qui ne maltraite pas ses animaux (du moins en apparence). Les chameaux sont nourris et soignés régulièrement, sans paraître à bout de force (bien au contraire) et ne font que peu de balades courtes. Contrairement au cheval, on monte sur le dos du chameau quand il est couché. Il déplie ses pattes arrières puis celles de devant, c’est assez étrange. Durant la promenade, des bébés chameaux nous suivaient


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Négocier ses achats (et ses ventes) dans les souks

« Hey les gazelles, venez voir ma djellaba magique, donnez-moi votre prix, entrez juste pour le plaisir des yeux ».

Attention aux yeux et aux oreilles une fois dans les souks de Marrakech. On n’a pas le temps de regarder un article qu’un autre vendeur nous accapare et nous vante les mérites de ses produits. Il faut rester méfiant et ne pas croire tout ce que les vendeurs racontent. Ils sont extrêmement doués, ils pourraient vendre une vache à un étranger ou un tapis aux pouvoirs magiques (on a aussi vu la lampe du génie qui exauce trois vœux à quiconque l’achète). Il faut s’armer de patience car si on montre un peu trop d’intérêt à un objet, le vendeur ne nous lâchera plus et fera même appel à ses collègues pour vous vendre absolument son bien. C’est connu mais on le répète, il ne faut pas hésiter à négocier car les prix sont décidés par les vendeurs après un examen soigneux de l’acheteur. Nous avons bien ri car certains vendeurs, au lieu de nous refourguer l’un de leurs objets, ont essayé de nous acheter et au sens premier du terme. L’un d’entre eux a proposé 20 chameaux à ma mère en échange de ma sœur.


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Boire un jus d’orange frais au-dessus de la place Jemaa el Fna

Une anecdote pour commencer: cette place était appelée « l'assemblée aux morts » car les criminels y étaient exécutés et leur tête exposée pour servir d'exemple il y a quelques dizaines d'années. La place détonne par son mélange de couleurs et par son dynamisme. La journée, on rencontre des dresseurs de serpents, des spectacles de singes, des tatoueurs au henné et quelques stands de fruits séchés. Dattes, abricots et figues sont excellents. Des thés très épicés sont également à gouter. Les clients locaux se font plutôt rares, sans doute à cause de la chaleur (près de 50 degrés en août).

La nuit tombée, la place change de visage : la foule s'y installe et danseurs, marchands ambulants d'escargots (et oui cette ville est pleine de surprises) et restaurateurs prennent place. Profitant de la « fraîcheur », les locaux sortent, se rassemblent et s’attablent pour leur repas de la journée. De nombreux cafés et restaurants entourent l'endroit, certains la surplombent et offrent une vue panoramique sur le spectacle de la place Jemaa el Fna.

Quelques locaux sont un peu filous. Un mendiant aveugle et handicapé s’est assis sur la place. Il a suscité l’aide de quelques étrangers qui passaient devant lui. Mais quelle surprise quand il a enlevé ses lunettes et n’a eu aucun mal à suivre des yeux une femme qui passait devant lui pour les remettre brutalement et feindre à nouveau la cécité quelques secondes plus tard.Tous les stands, bars et restaurants proposent des jus d’orange frais à des prix dérisoires : 2€ pour presque 1L (c’était en 2010, à vérifier maintenant). On peut les siroter à l’ombre pour oublier quelques instants la chaleur écrasante. D’excellentes pâtisseries vendent les fameuses cornes de gazelle et autres douceurs orientales. Aucune hésitation, elles sont à tomber par terre.

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Chercher l’ombre dans les jardins de Majorelle

Ces jardins sont somptueux, enfin un coin frais où les odeurs d'égout sont complètement absentes et sont remplacées par des odeurs de fleurs, toutes plus agréables les unes que les autres. Ces jardins abritent l'atelier du peintre Jacques Majorelle. A sa mort, Yves Saint Laurent et Pierre Bergé achètent cette demeure et YSL donne le nom du peintre à la couleur des murs de la maison contrastant avec la végétation: le fameux bleu Majorelle. Cette couleur est magnifique. Nous profitons de ces instants pour nous reposer dans un décor apaisant. En juin 2008, les cendres de YSL sont dispersées dans les jardins.Pour nous, ces jardins restent l'endroit que nous avons préféré à Marrakech. Ils sont apaisants.

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Bilan

Malgré quelques ombres au tableau, ce fut une agréable découverte. Nous nous sommes bien amusées pendant cette semaine. Si c'était à refaire, nous éviterions les mois très chauds et la période du Ramadan où les horaires des sites, si ouverts, sont plus restreints.

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