Aujourd’hui la journée sera essentiellement consacrée à une aventure industrielle pas banale puis à faire le trajet assez long qui nous ramène entre la ville de Québec et Montréal dans la ville de Trois-Rivières où nous passerons la nuit.
Nous roulons une heure pour rejoindre la lac Saint-Jean et en particulier un village historique singulier appelé Val-Jalbert. Il s’agit d’un ancien village qui a pour origine un projet industriel du début du 20ème siècle conçu par un certain Jalbert.
Celui-ci eut l’idée en 1902 de créer une pulperie qui est une usine destinée à fabriquer de la pulpe de bois pour faire de la pâte à papier.
Il a installé son usine à côté d’une chute d’eau naturelle de 72 m (21 m plus haute que celles du Niagara). En détournant l’eau par un canal et en l’amenant à l’usine dans une conduite forcée il put installer quelques turbines destinées à fournir l’énergie pour convertir le bois en pulpe. Il n’en profita pas vraiment puisqu’il mourut en 1904.
L’usine fut rachetée par des américains.
Le plus remarquable est qu’il se créa en même temps un concept moderne de « village » pour les ouvriers et toutes les personnes travaillant directement ou indirectement pour l’usine.
Tout ce petit monde vivait en quasi autarcie. Les dirigeants eurent l’idée d’un village moderne où les familles ouvrières habitaient des maisons mitoyennes (2 familles par maison). Les maisons disposaient de l’eau courante, de l’électricité, des égouts et de cabinets de toilette. Tout à fait exceptionnelles pour l’époque, ces maisons faisaient l’objet de visites de la part des personnes vivant alentour et qui étaient très émerveillées par le modernisme de ces maisons.
Pour donner une idée, les maisons étaient louées 8$ par mois, l’électricité coutait 1$ par mois et l’eau courante 50 centimes par mois. Le salaire hebdomadaire d’un ouvrier était de 24$.
Les seules catastrophes furent un incendie de l’église, rapidement reconstruite et la grippe espagnole qui toucha surtout les femmes et les enfants.
La dernière fut dictée par le marché : la pâte à papier mécanique fut remplacée par la pâte à papier chimique et en 1927 cette usine dû fermer définitivement et le village fut abandonné.
Il a été racheté pour une municipalité proche qui décida de le rénover partiellement.
Notre visite commence par un circuit en bus d’époque qui nous fait faire le tour du village. Certaines des maisons en bois sont debout mais en l’état, certaines se sont effondrées et n’ont pas été restaurées (dans celle-ci seule la cheminée en brique est restée debout). Et certaines sont flambant neuves avec une restauration complète : en particulier la poste et le magasin qui vendait de tout et qui aujourd’hui vend des souvenirs ;
Le bus nous laisse à l’usine dans laquelle nous voyons une présentation filmée à 360° relatant l’histoire et la vie des ouvriers.
Nous prenons ensuite un petit téléphérique qui nous amène au sommet de la chute d’eau. Nous allons à pied jusqu’à la prise d’eau aujourd’hui condamnée et nous redescendons à pied le long de la chute qui est assez impressionnante par son débit d’eau et le bruit en conséquence.
Puis visite à pied de quelques maisons restaurées, passage au magasin général pour une excellente « crème molle » (comprenez sundae).
Puis nous arrivons à l’école avec sa religieuse qui nous raconte l’histoire et des histoires comme celle-ci : « comment font les sœurs pour se reproduire ? ………… réponse : en couvant ! ».
A l’école dans le pré qui est devant nous voyons une sorte de marmotte (ou castor ou autre) qui est fort occupé à manger de l’herbe. Pas farouche il se laisse approché à moins d’un mètre et nous le photographions à loisir.
Une Dodge de 1928 bien restaurée parcourt le site et nous la croisons plusieurs fois.
Cette visite fut une expérience très enrichissante et nous montre à quel point l’entreprise d’aujourd’hui a dérivé sans doute dans le mauvais sens. Un exemple : les usines de la région organisaient annuellement un rassemblement des ouvriers du secteur. Il y avait un concours entre les ouvriers pour trouver des façons d’améliorer la productivité ou le confort de travail des ouvriers. Des prix étaient remis aux meilleures inventions qui valaient à leur auteur un prix de plus d’un mois de salaire.
Nous partons ensuite pour notre destination du soir et nous traversons toujours un paysage vallonné de forêt. Elle est sans doute composée de plus de conifères que de feuillus et nous voyons beaucoup moins de belles couleurs jaune et rouge que dans celle que nous avons traversée hier.
Nous longeons de très belles rivières parfois très larges et fort bien alimentées en eau qui doit venir des glaciers du nord du pays.
En route nous passons par le village natal de Félix Leclerc mais il n’y a pas grand-chose pour célébrer le grand poète et chanteur.
Nous arrivons à Trois-Rivières vers 18h30 et nous installons dans une très belle auberge proche du Lac Saint Pierre.
Encore un beau coucher de soleil pour finir la journée