Mercredi 16 jeudi 17 vendredi 18 novembre
La soirée du 15 se passe à l'hôtel. Cette ville ne donne vraiment pas envie de sortir et encore moins le quartier de l'hôtel. Le restau de l'hôtel est quelconque, ce qu'annonçait le Routard. Il faut se plaindre car les pommeaux de douche ne coulent que par 4 ou 5 trous, parce qu'il n'y a pas d'eau chaude. Bref, c'est ce que Roger appelle "les coutumes indiennes" et moi "le sans gêne et le je m'en foutisme".
Le lendemain à 9h comme promis arrive Chantan qui sera notre guide pour la croisière. Cette croisière est quelque chose que les touristes font rarement et pour laquelle on n'a peu d'infos depuis la France, même par internet. Bref on a payé très cher et, en fait, il y a plusieurs sous traitants : l'agence de Delhi avec qui on a traité, une agence de Varanasi que l'agence de Delhi appelle l'"exécutif" et enfin l'équipe des bateaux qui elle n'est pas une agence mais un petit propriétaire qui possède des bateaux et qui prend des "équipages" pour faire les croisières (regardez tout de suite les photos : ce n'est pas du genre Costa Croisières ! .... et c'est tant mieux !).
Nous faisons 1h30 de minibus jusqu'à Mirzapur car les eaux du Gange ne sont pas assez hautes à Allahabad. On fait connaissance avec l'équipage. Nous avons 2 bateaux : celui sur lequel nous ferons la descente du Gange et le bateau "cuisine" qui nous suit. Il sont 5 sur le bateau cuisine et 2 sur notre bateau avec notre guide de l'agence. Ce sont des bateaux à fond plat et la montée à bord n'est pas triste. Avec Biquette notre stage d'aviron de cet été nous est bien utile. Les deux marins sont un à l'avant l'autre à l'arrière. Celui de l'avant s'occupe de la voile, lorsqu'il y a assez de vent, et celui de l'arrière s'occupe du gouvernail. Lorsqu'il n'y a pas de vent les deux se mettent à l'avant et rament en cadence avec chacun une rame. Les rames sont en bambous avec une planche clouée dessus qui fait office de pelle.
Nous remarquons tout de suite qu'ils n'ont peut être pas fait de stage d'aviron mais que leur mouvement pourrait servir de modèle pour les stages comme celui que nous avons fait cet été : impressionnant ! Un des deux ressemble à Jacques Brel et également un peu à James Coburn.
Nous voilà partis sur le Gange. Ce fleuve fait environ 1km de large et ces eaux sont très calmes. Il y a très peu de courant en cette saison. Ces crues ont lieu en juillet août lors de la mousson. Le seule chose à craindre, et encore le risque n'est pas grand, est de s'échouer sur un banc de sable. Nous sommes installés sur des coussins comme des pachas. Le contraste avec les bruits incessants de véhicules et les klaxons est saisissant ! Un calme absolu, surtout quand nous naviguons à la voile. Dans l'autre cas seul le bruit des rames dans l'eau casse ce silence impressionnant. Il y a très peu de trafic fluvial et pour cause : la faible profondeur de l'eau par endroit. Les seuls moteurs que l'on entend sont ceux des rares stations de pompage qui permettent l'irrigation des cultures présentes sur les rives. Nous avons pris le thé (indien) lorsque nous nous sommes installés sur le bateau.
A 13h repas de midi. Nous accostons le long d'un banc de sable désert, sur lequel un petit pipi est facile même pour les filles. Nous remontons sur le bateau et le repas commence. On se lave les mains d'abord : le "chef" passe avec le savon liquide et un seau avec lequel il verse l'eau pour que nous nous rincions. Puis arrivent les plats tous en même temps : crudités, légumes cuits, riz, pommes de terre, chapati (galette faisant office de pain), une sorte de grosses chips un peu épicées. C'est copieux, bon et il y a la version épicée et la version non épicée. Très bon repas.
Nous repartons. Il y a un petit vent qui permet d'avancer lentement mais sans que nos deux marins aient à ramer. Nous sommes assez loin des rives, mais suffisamment prêt pour voir l'activité qui s'y passe. Quelques pêcheurs, quelques parcelles semées dans lesquelles quelques rares personnes s'affairent. Des hommes, femmes et enfants se baignent et/ou se lavent, des femmes lavent le linge et l'étende à plat sur le sol formant de belles mosaïques de couleurs. Des animaux de toutes sortes et surtout des oiseaux migrateurs qui ont fui nos régions froides pour venir passer un hiver beaucoup plus clément ici. Nous apercevons de temps à autre et furtivement un animal qui saute hors de l'eau. Renseignements pris auprès des marins il s'agit de dauphins ! Nous en verrons assez régulièrement mais de loin : ils ne s'approchent pas du bateau. Nous ignorions tous qu'il existant des dauphins d'eau douce ! Nous avions planifié cette descente du Gange pour nous reposer et c'est réussi : c'est le repos complet, à demi allongés sur le bateau qui avance presque imperceptiblement. Encore une fois quel contraste avec le rythme et surtout le bruit de la ville !
Vers 16h les marins commencent à manœuvrer le bateau différemment. Nous comprenons qu'il s'agit de choisir le lieu pour passer la nuit. Ils trouvent une île de sable en nous expliquant que comme ça on est tranquille. Nous débarquons en ne prenant que l'essentiel et en laissant les sacs sur le bateau. Ils installent une grande bâche et un grand tapis dessus sur lequel ils nous invitent à nous installer pour un thé avec de petits beignets de pommes de terre et de légumes. Pendant ce temps ils installent 3 petites tentes style "Quechua comme on voit à la télé" mais qu'ils montent de façon plus classique que celle de la pub. Ils y installent des matelas et transfèrent les oreillers et les couvertures que nous avons dans la journée sur le bateau. Ils installent également des toilettes : à savoir, un peu à l'écart une tente façon "ma cabane au fond du jardin" dans laquelle ils ont fait un trou et qui dispose de papier. Ils montent en plus une tente carrée style "armée moghole" dont les parois sont des moustiquaires et qu'ils placent au dessus du tapis après nous avoir demandé de le quitter provisoirement. Le soleil tombe vite et le coucher de soleil est splendide. Nous mitraillons à tout va. La nuit tombe vers 18h.
A 18h30 on nous apporte la soupe et le dîner est fixé à 19h30. Nous papotons entre nous et avec notre guide. L'équipage mange après nous aussi bien le midi que le soir : ils prennent nos restes et ajoutent quelques sauces épicées car ils doivent trouver ce que l'on mange bien "fade". Le repas du soir est encore excellent et nous félicitons le chef. La tente n'est éclairée que par une lampe accrochée sur une des rames plantée dans le sable à l'extérieure de la tente à cause des insectes. Nous papotons encore un peu entre nous le temps de digérer et nous allons nous coucher avant 21h car le lever demain matin est prévu à 6h : on se met à vivre au rythme du soleil. Le ciel est superbe constellé d'étoiles. Pendant le repas nous avons vu quelques étoiles filantes. Ceux qui se sont réveillés dans la nuit, ce qui est mon cas, ont eu droit à un spectacle encore plus grandiose : le même ciel encore plus étoilé avec la pleine lune qui éclaire notre campement : superbe ! A part quelques chiens, renards et chacals qui hurlent dans le lointain il n'y a aucun bruit. Encore un fort contraste par rapport aux nuits citadines.
Réveillés à 6h avec une tasse de thé. La nuit a été très fraîche et les couvertures ne sont pas de trop. Des jeunes et des enfants des villages voisins nous ont repérés et viennent nous voir en curieux. L'un deux qui a 19 ans engage la conversation dans un bon anglais et nous discutons un bon 1/4h puis il nous salue et s'en va. Un vrai contact sans qu'il soit question d'argent ou de "rabattage" vers une boutique : ça fait du bien. Les enfants également ne demandent rien ; ils nous regardent simplement dans nos préparatifs. Momo donne un stylo et leurs visages s'éclairent. Nous n'en avons qu'un mais ils partent sans se chamailler et en se l'échangeant en l'essayant sur leurs mains.
Petit dej copieux à 6h30 et départ à 7h. A cette heure, il n'y a pas de vent et nos deux marins sont donc à l'ouvrage. Vers 9h le vent se lève et nous passons à la voile. Nous apprécions de plus en plus ce farniente et la perspective d'une visite de fort en début d'après-midi ne nous enchante guère. Nous sacrifions quand même au planning de l'agence et nous débarquons vers 15h en bordure du fleuve à un endroit où il n'y a qu'un escalier permettant de s'éloigner de la berge.
Des enfants nous accostent au son de "Hello ! Money!" : les "contacts vrais" n'auront pas duré ! Longue marche sous le soleil pour arriver à un fort "moderne" avec pleins de militaires. Nous voyons quelques prisons, un grand puits, des débuts de sous terrain, ..... vraiment rien de passionnant. Un petit temple consacré à un jeune frère du roi (on ne sait pas quel roi !) est un peu plus intéressant avec sur tous les murs des tableaux représentant les dieux hindous et dédicacés par ceux qui les ont apportés en offrande. Nous prenons une autre route pour rejoindre le bateau en aval de l'endroit où il nous a laissé.
Nous traversons un village où les gens nous regardent un peu comme des bêtes curieuses. Les enfants tentent encore quelques "money money" mais sans être importuns. Nous regagnons le bateau et naviguons sur le modèle de la veille. Le scénario de la soirée est identique si ce n'est que le village voisin est le théâtre d'un mariage et que nous avons droit à un petit feu d'artifice. La musique techno nous parvient malgré l'éloignement mais nous nous endormons tous rapidement malgré le bruit et les ronflements de Roro qui lui s'est endormi quasi instantanément.
Même scénario au réveil pour cette dernière journée de croisière. Le matin nous nous arrêtons à un village où nous voyons la vie se dérouler. Une vache tente de nous charger, elle est fort heureusement attachée ; un chien grogne à notre arrivée : son maître lui tombe dessus à coup de trique ! Nous allons à l'école où les enfants sont en train d'apprendre dans la cour avec l'instituteur. Ils sont ravis lorsque nous leur faisons un petit signe de la main en partant (encore un de ces rares contacts désintéressés).
Nous reprenons la navigation jusqu'à Varanasi (Bénarès) que nous atteignons à 15h. Débarquement, distribution de pourboire, chauffeur qui ne trouve pas l'hôtel. Malgré le transfert prévu dans la prestation nous nous coltinons nos bagages jusqu'à notre hôtel non sans que notre guide ait demandé 20 fois son chemin. Au prix de la prestation il aurait pu se renseigner avant : Coutumes indiennes dira surement Roro. Notre guesthouse est sympa. Nous avons une seule chambre avec deux grands lits : seule chambre disponible trouvée par Kailash, les hôtels sont bondés (sans doute le début du week end). La douche est la bienvenue après trois jours sans se laver que les dents ! Trois jours prévus à Bénares ce qui va nous permettre de visiter à un rythme tranquille. Il s'agit surtout d'aller voir la vie sur les ghats (gradins) qui mènent jusqu'au Gange et qui sont le théâtre de toutes sortes de cérémonies religieuses, en particulier les crémations.
Grosses bises à tous
Tintin Biquette et la dream team.