Le Mali est le pays le plus intéressant de la région.
On a d’abord fait étape à Mopti. C’est le port principal de ce qu’on appelle le delta intérieur du fleuve Niger. Ici le fleuve Niger s’étend dans la plaine comme s’il approchait de la mer bien qu’il n’y ait pas de mer à proximité. C’est la saison des pluies, le fleuve est haut, il y a de l’eau partout. Sur le port une multitude des petites embarcations alimentent le marché de la ville. De grands bateaux de passagers font escale sur le chemin de Tombouctou, on charge, on décharge, c’est passionnant de regarder l’animation du port.
La région est trop peuplée pour dormir calmement dans la voiture, mais sur le port on trouve un bateau trop vieux pour naviguer, il reste à quai mais loue ses cabines comme un hotel. On gare la 4L devant le bateau et on se prend une cabine. Avec toute cette eau c’est l’occasion d’une grande lessive.
Beaucoup d’incontournables dans la région de Mopti. La mosquée de Djenné est le plus remarquable bâtiment d’Afrique de l’ouest, et la plus grande construction au monde entièrement en terre crue. A l’époque l’entrée était autorisée aux non-musulmans (ce n’est plus le cas aujourd’hui). L’intérieur est surprenant, il n’y a pas de grand espace comme habituellement dans les mosquées, 90 énormes piliers soutiennent le poids du toit.
De Mopti on a également visité le pays Dogon. Piste d’accès difficile pour notre petite 4L avec beaucoup de pierres qu’on doit souvent dégager à la main pour passer.
Les dogons forment un peuple qui a gardé son mode de vie traditionnel et habitent des villages à flanc de la falaise de Bandiagara.
De Mopti à Gao, le fleuve Niger fait une boucle vers Tombouctou et le désert. Il y a une piste qui permet de couper cette boucle à travers de très beaux paysages. Des montagnes se dressent au milieu de la steppe, notamment celle qui s’appelle la main de Fatma qu’on reconnaitra sur la photo.
Si les paysage sont beaux, c’est aussi la pire piste de notre voyage. On passe d’abord un passage où on longe des mares, il y a de la boue partout, même sur nous quand il faut pousser la voiture.
Après c’est le sable. Je rappelle qu’on n’a pas de 4x4. On s’ensable, on creuse pour dégager les roues, on met les plaques, on pousse, on fait quelques mètres et on s’ensable à nouveau… On avance très lentement, Je crois qu’on faisait moins de 100 km par jour.
On a rencontré une voiture d’un malien en panne, il n’avait plus d’eau, on lui en a donné un peu. Mais comme on a mis plus de temps que prévu, on n’avait plus d’eau pour nous à la fin. On a dû aller jusqu’à filtrer l’eau du lave glace pour pouvoir boire. Mais finalement on arrive au fleuve Niger en face de Gao et on peut filtrer toute l’eau qu’on veut.
Gao est la ville de départ de la piste qui traverse le Sahara jusqu’en Algérie. C’est le plus long trajet de notre voyage à faire sans trouver d’essence. L’essence est rationnée, on va chercher une autorisation à la police, mais ils ne nous en donnent pas assez. On s’assoit dans l’entrée et on attend. Au bout d’un moment ils en ont marre, comme prévu, et ils nous donnent un volume plus important. Mais on n’en a toujours pas assez. On fait le tour de la ville et on en trouve au marchée noir. Pas suffisamment pour remplir tous les bidons, mais on va partir comme ça, on n’ira pas trop vite pour consommer moins. Finalement on va réussir à rejoindre l’autre coté du Sahara, mais ce sera au litre près.
Pour traverser le Sahara, c’est plus prudent de ne pas être seul. En plus, avec la saison des pluies, il faut faire un détour au début de la piste pour éviter des parties inondées. On s’intègre dans un convoi de camions qui transportent des chèvres. C’est pratique, ça leur sert aussi de garde-manger.
Un soir, lors de l’arrêt, les Maliens trouvent un scorpion, ils le tuent rapidement et on n’y pense plus. Comme d’habitude dans le désert on ne dort pas dans la voiture, mais pas terre, c’est plus confortable. Au réveil on s’aperçoit que tous les maliens ont dormi sur des planches surélevées, posées sur des bidons pour éviter d’être piqués par les scorpions pendant la nuit … Bon ça va, on n’a pas été piqué non plus.