Carnet de voyage

Guinée Equatoriale

5 étapes
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Voyage pas facile dans le labyrinthe administratif d’une dictature paranoïaque, entre batiments coloniaux espagnols, plages désertes et forêts impénétrables.
Du 28 décembre 2017 au 5 janvier 2018
9 jours
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13
déc

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Ce carnet de voyage est extrait de myatlas.com/patrickT/afrique écrit en "live". Vous pouvez lire ce carnet pour connaître les commentaires (et mes réponses) reçues pendant le voyage. N'hésitez pas à me poser des questions via des commentaires, j'essaierai d'y répondre.

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Mon premier voyage sera en Guinée Equatoriale.

Départ le 28 décembre pour la capitale de Guinée Equatoriale, Malabo par Iberia, la compagnie aérienne espagnole. Départ à 8h10, arrivée à 18h45, j’ai privilégié l’heure d’arrivée, beaucoup de vols arrivent en pleine nuit.

Je reste 9 jours en Guinée Equatoriale. Vol le 5 janvier de Malabo à Douala, la plus grande ville du Cameroun.

Renseignements pratiques : visas

Le visa de Guinée Equatoriale est un où il faut le plus de papiers, officiellement il faut :

- Un billet d’avion aller-retour

- Une attestation d’assurance

- Un extrait de casier judiciaire

- Une copie de vaccination de la fièvre jaune

- Une attestation de revenus

- Une confirmation de réservation d'hôtel visée par le Département de la Sécurité Nationale des étrangers à Malabo

Comme ça me paraissais impossible à obtenir je ne suis pas passé par une agence, je suis allé directement à l’ambassade. On ne m’a pas demandé l’attestation de revenus ni parlé du département de la Sécurité Nationale.

J’ai réservé à l’hotel Ibis pour avoir plus de chance d’être accepté. La première fois j’ai apporté la réservation d’hotel faite sur Internet, on m’a demandé une lettre de réservation écrite par l’hotel.

J’ai appelé l’hotel et ils m’ont envoyé cette réservation. Mais l’ambassade l’a refusée parce qu’il n’y avait ni le tampon, ni la signature de l’hotel.

L’hotel me l’a renvoyé, tamponnée et signée, et là c’était bon.

La première fois, ils m’avaient dit qu’il fallait entre 1 et 3 semaines pour avoir le visa, mais 2 jours après le dépôt il était prêt.

27
déc

Demain je pars pour la Guinée Equatoriale.

Vol Iberia, départ d'Orly à 8h10, transit à Madrid de 10h15 à 12h45, Arrivée à Malabo à 18h45, il n'y a pas de décalage horaire.

La Guinée Equatoriale n’est pas le pays le plus connu au monde, je vous le présente un peu.

C’est un petit pays de 28 000 km carrés (environ la taille des Pays de Loire) bizarrement composés de trois parties : l’ile de Bioko où se trouve la capitale Malabo, une partie continentale qu’on appelle Rio Muni et une toute petite ile au sud de Sao Tome : Annobon. Je me contenterai de Bioko.

Il y a 760 000 habitants. C’est une ancienne colonie espagnole et l’espagnol est la langue officielle. Indépendant depuis 1968. Grâce à sa production de pétrole la Guinée équatoriale a le plus haut PNB par habitant d’Afrique.

La population est à 90% catholique.

L’ile de Bioko, que je vais visiter est une ile volcanique. Elle fait 67km de long et 40 de large, le plus haut sommet est le Pic Basilé, 3011m, j’espère y monter, mais c’est facile, il y a une route mais il faut des autorisations.

La capitale Malabo est au nord de l’ile. Je vais rester tout le temps (8 nuits) dans le même hotel dans la capitale et faire des excursions le long de la route qui longe les cotes est et ouest.

29
déc

J’avais bien vu qu’il y avait beaucoup de brume, on voyait uniquement le sommet de mont Cameroun au moment où on a commencé la descente vers Malabo, la capitale de Guinée Equatoriale. Je ne sais pas si c’est des nuages, de la poussière où du sable mais ça a l’air bien dense. Il est 17h45, on rentre dans la brume. Je suis à la fenêtre, et je scrute le sol, mais rien, on est dans la purée de pois. Et c’est de plus en plus sombre, à la fois à cause de cette brume et de la nuit qui approche. Tout d’un coup, je vois les premières lumières au sol, mais elles me semblent très proches et quelques secondes après l’avion remet les gaz. Je vois même un feu plus haut que l’avion, je comprendrai que c’est une torchère. C’est d’autant moins rassurant qu’il doit y avoir un volcan de 3000 mètres pas très loin.

De nouveau je ne vois plus rien, et on nous annonce (je ne comprends pas tout) qu’il n’y a pas assez de visibilité pour atterrir, bon, c’est ce que j’avais remarqué, et que ça devrait être mieux dans une heure.

On fait un tour en restant dans la brume. Ca ne me parait pas très prudent, on ferait mieux d’aller à Douala pendant qu’il nous reste du carburant. J’ai l’impression qu’on va de nouveau essayer d’atterrir, mais je ne vois toujours aucune lumière au sol, pourtant il fait nuit…. Et on nous annonce qu’il n’a toujours pas assez de visibilité et qu’on va aller au Cameroun, ouf, c’est ce que j’aurais fait !

Quelques minutes après il y a une infinité de lumières, on survole Douala et on se pose sans dommage. Il est 19h15.

Je pense qu’on va descendre et passer la nuit au Cameroun, mais on nous dit d’attendre dans l’avion. Au bout d’une heure on nous prévient que la visibilité c’est améliorée à Malabo, et qu’on va pouvoir y retourner. Une autre heure pour faire le plein (c’est plus sûr) pendant qu’on reste dans l’avion (je croyais que c’était interdit, mais peut être pas ici). Vol plus tranquille et tonnerres d’applaudissements à l’atterrissage, il est 22h.

Aucune question au contrôle de police pour rentrer dans le pays. Fouille symbolique de mon sac.

Contrairement à mon attente, les chauffeurs de taxis ne se jettent pas sur moi quand je sors de l’aérogare, mais j’en trouve un quand même pour aller profiter d’une nuit bien méritée à mon hotel.

Le permis de tourisme

Le visa à beau n’être pas simple à obtenir, il ne suffit pas pour avoir le droit de visiter le pays et de prendre des photos, il faut un permis de tourisme (Autorizacion para visita turistica), c’est l’objectif de mon premier jour dans le pays.

Et pour cela il faut carrément aller dans les ministères. Je prends un taxi pour le ministère du tourisme et de la culture, qui était indiqué dans les guides, mais il ne s’occupe plus que de la culture. En route pour le nouveau ministère du tourisme, qui par chance se trouve juste en face de mon hotel, je vais pouvoir y revenir à pied. Il y a un secrétaire qui connait le sujet, mais pas beaucoup d’autres fonctionnaires, et pas l’inspecteur général qui doit signer ma demande. Le lui laisse les photocopies de mon passeport et de mon visa et la liste des sites et villes que je veux visiter. Il me dit de revenir à 14h30.

A 14h30, encore moins de monde au ministère, le secrétaire n’est pas là, les bureaux semblent déserts, il y a juste une vigile. Le secrétaire m’avait laissé son numéro de téléphone mais je n’arrive pas à le joindre. Je vais à l’hotel essayer de téléphoner mais sans succès et quand je reviens au ministère il est carrément fermé ! Et jusqu’à mardi ! C’est mal parti pour visiter le pays et avoir le droit de prendre des photos.

Je demande une dernière fois, sans trop d’espoir, à l’hotel de téléphoner, et ils arrivent à joindre le secrétaire, il dit qu’il viendra directement à l’hotel me donner le permis.

Et un peu après 17h il est bien là avec le permis. Il me dit qu’il a dû aller à la maison de l’inspecteur général du tourisme pour faire signer le permis parce qu’il n’est pas venu au bureau de la journée, le télétravail à l’air développé ici dans l’administration !

J’ai mon permis, mais ce n’est pas tout à fait fini, il me reste à le faire inscrire au ministère de la sécurité, j’irai demain, il semble que ce ministère ne ferme pas le samedi.

Je commence à comprendre pourquoi ce pays est un des moins visités au monde.

Ci-dessous les premières photos du pays, comme je n’avais pas le permis j’ai pris que des photos à l’intérieur d’un café et à l’intérieur du jardin de mon hotel. Pour avoir plus de chance d’avoir le visa, j’avais réservé un bon hotel.

Et juste après avoir eu le permis, deux photos dans le quartier de l’hotel, on remarque toujours cette brume, le ciel n’est pas bleu et on voit à peine le soleil.

1
janv

D’abord retour sur ma précédente étape :

La météo : Je pense que le temps est toujours la même à cette époque de l’année, c’est la saison « sèche », ça veut dire qu’il pleut moins, mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’humidité, si près de l’équateur. D’où cette brume permanente, plus ou moins épaisse. Il ne fait pas très chaud, max 30°, min 23°, mais avec l’humidité, c’est plus difficile à supporter, je suis trempé à cause de la sueur dès que je sors. Ce n’est pas les endroits du monde les plus faciles à vivre, au début de la colonisation espagnole, au 19ème s. 90% des européens mourraient dans les deux ans après leurs arrivées.

Le permis de tourisme : J’ai été au ministère de la sécurité, mais il n’y avait personne pour s’occuper de mon permis le samedi. Il faudra que j’y revienne mardi. Mais j’ai quand même été visiter la ville et pris des photos avec mon petit appareil photo, plus discret (excusez-moi si la qualité est moins bonne).

L’ambiance est assez lourde, il y a beaucoup de policiers où de militaires, certaines rues sans qu’on sache pourquoi. Des secteurs entiers sont réservés aux palais présidentiels. Il y a aussi de temps en temps des convois officiels qui passent en armes à grande vitesse. Toutes les voitures doivent s’arrêter et se garer sur leurs passages.

J’ai quand même fait attention pour prendre ces quelques photos des rues du centre :

La ville est sur une hauteur qui domine le port, mais bien sur pas de photo du port. Il n’y a pas énormément à visiter dans la ville, quand même quelques églises qui datent de la colonie.

Le plus beau batiment colonial est la maison verte. J’ai d’abord pris cette photo sur le coté. Sur la façade principale il y avait deux policiers, je leur ai demandé si je pouvais prendre une photo de la maison, j’ai compris qu’ils me disaient oui, mais après avoir pris la photo ils m’ont demandé de la supprimer, ce que j’ai fait. Il me reste quand même cette photo.

Entre la ville et l’aéroport il y a un nouveau très beau parc, ici, pas de problème pour prendre des photos, j’ai pris mon appareil photo principal. On est accueilli par une grande statue du président.

Très peu de monde, mais beaucoup d’oiseaux et de lézards à tête jaune. Ils sont craintifs mais j’ai quand même réussi à les prendre en photo.

J’ai aussi été à Sipopo, à 15km de Malabo. Dans mon guide ils disent que c’est un station balnéaire luxueuse, mais pour le luxe on repassera. Il y a un pont en bois jusqu’à une île et un chemin toujours en bois qui permettait de se promener dans la forêt. Mais le bois est pourri et le chemin en ruine. Sur cette ile il y a d’énormes chauve-souris, impressionnantes mais trop rapides pour être prises en photo.

4
janv

Je ne vais pas rentrer dans le détail de ma demande de permis au ministère de la sécurité. J’ai passé deux jours à faire le dossier et à attendre le responsable, pour que finalement ils me disent qu’ils ne reconnaissaient pas le permis donné par le ministère du tourisme parce qu’il était signé par l’inspecteur général alors qu’il fallait qu’il soit signé par le directeur général !

J’ai arrêté là la tentative d’avoir un accord de la sécurité et, comme il ne me restait qu’un jour, j’ai loué une voiture avec chauffeur pour faire le tour de l’île. A un contrôle on m’a demandé mon passeport, mais jamais le permis.

Bon, il n’y a pas énormément à voir, voici quelques photos : Arena Blanca, une belle plage au nord de Luba, déserte la semaine.


Un arrêt au monument 1778 qui commémore l’arrivée des espagnols en 1778.




Une vue de la ville de Luba, la deuxième ville de l’île de Bioko. L’église de Bakeke, entièrement en bois, c’est la plus vielle église du pays (1887).

Moka est en altitude, au milieu de la forêt, j’ai été au centre de recherche de la vie sauvage. Le responsable maintient un petit musée et m’a expliqué leur mission pour sauvegarder les animaux sauvages du sud de l’île, surtout les singes et les tortues. On peut faire de longues marches à partir de Moka, mais il faut dormir sur place. Je me suis contenté d’une petite marche d’une heure dans la forêt. J’ai vu des touracos (de grands oiseaux bleus et rouges), mais trop rapides pour que je les prenne en photo.

C’est rare les pays où je suis content de partir, mais la Guinée Equatoriale est de cela. Ils ne font rien pour retenir les visiteurs mais de toute façon il n’y a pas grand-chose à voir. Le principal intérêt de ce pays est d’être un des rares touristes à y avoir été. Je n’ai pas l’impression d’avoir vu d’autres touristes. Il y a des européens, mais ils semblent tous être venus pour travailler. Ca me paraît difficile de recommander ce pays.

Et j’ai réussi à reprendre la photo que j’avais due supprimer, il n’y avait plus de policier pour garder la maison verte.

La Guinée Equatoriale est une caricature de dictature. Mais on ne risque rien si on est en règle. Le régime a la paranoïa d’un coup d’état. Il paraît qu’il y a eu une tentative de coup d’état pendant que j’y étais, c’est peut-être pour ça qu’il y avait des convois militaires. Pour plus de détail vous pouvez cliquer cet article :

Le monde 1

Et pour avoir une idée de la façon dont les ressources du pays ne profitent qu’à quelques-uns :

Le monde 2

A ce propos j’ai appris que la superbe ambassade du 42 avenue Foch où j’ai dû aller 3 fois avant d’avoir mon visa avait été acheté en son nom propre par Teodorin, le fils du président. Quand la justice française a voulu la saisir elle a été transformée en Ambassade et bénéficie ainsi de la protection diplomatique.