Il y a deux espèces de gorilles. Les gorilles de montagnes, très peu nombreux, qu’on trouve au Rwanda, en Ouganda et dans l’est de la RDC. Je les avais vu au Rwanda. Et les gorilles de plaine, beaucoup plus nombreux qu’on trouve dans les forêts humides du Cameroun à la RDC, et bien sûr au Gabon. Les gorilles de montagnes sont plus connus, peut-être parce qu’ils sont moins nombreux et plus en danger. Ils sont étudiés depuis plus longtemps.
Une grande partie des gorilles de montagne est habitué à l’homme, c’est-à-dire qu’ils ne considèrent plus l’homme comme un animal dangereux, on peut donc les approcher facilement. Pour habituer les gorilles, les chercheurs doivent les approcher régulièrement, de plus en plus près, pour que les gorilles trouvent normal la présence des hommes, comme s’ils étaient en présence d’une antilope, par exemple.
Il y a très peu de tentative d’habituer les gorilles de plaine. Ce n’est pas la même espèce, les gorilles de plaine ne réagissent pas comme les gorilles de montagne, ils ne se laissent pas habituer facilement.
Il y a un projet pour habituer les gorilles de plaine, à Yatouga, dans le parc de Loango. C’est un projet de l’université de Leipzig. Les touristes peuvent voir ces gorilles que depuis 2016. Ils disent que c’est un groupe de gorilles habitués, mais pour moi, ça n’a rien à voir avec les gorilles du Rwanda, c’est encore un projet en cours. Il y a actuellement 16 gorilles dans ce groupe.
Et donc, vous l’avez compris, j’ai voulu voir ces gorilles.
Le point de départ est l’hotel « Louango Lodge », au bord de la lagune. Le nombre maximum de touristes pouvant voir ces gorilles chaque jour est de 4. On était 3, j’étais avec un couple germano-galloise. On a une heure de traversée de la lagune pour arriver au camp où est l’équipe qui s’occupe des gorilles. On est au camp à 8h30. On a d’abord droit à une présentation du projet, et aux consignes de sécurité.
Les gorilles dorment dans des nids qu’ils construisent dans les arbres avant le coucher du soleil. Ils dorment toute la nuit. Dés le lever du jour ils partent rechercher de quoi manger, ils peuvent faire plusieurs dizaines de kilomètres dans la journée, surtout en ce moment, à la saison sèche, où il n’y a pas beaucoup de fruits.
Dés 7h une équipe de pisteur est partie chercher les gorilles, dés qu’ils les trouvent, ils doivent appeler le camp pour qu’on les rejoigne. Au Rwanda, il y a des rangers qui suivent tout le temps les gorilles pour les protéger des braconniers, c’est donc facile de les trouver. Ici il n’y a pas de braconniers, et les gabonais ont trop peur des éléphants pour rester dans la forêt la nuit. Parfois, ils perdent le groupe de gorilles plusieurs jours.
Je vous raconte tout ça parce qu’on attend. L’étudiant en charge de nous accueillir, un écossais, ne sait plus quoi nous dire pour nous faire patienter. On nous donne même des sandwichs pour nous occuper. Vers 12h j’entends l’appel des pisteurs, ils ont trouvé le nid, ils n’ont aucune idée de la direction prise par les gorilles à leur réveil. Je suis pessimiste.
Les européens en charge du camp nous propose de faire une marche dans la forêt autour du camp, et ils nous appelleront si les pisteurs trouvent les gorilles. J’ai l’impression que c’est plus pour qu’on ne parte pas sans avoir rien fait.
On marche avec trois guides gabonais. On nous a bien indiqué que l’animal le plus dangereux était l’éléphant. L’éléphant est plus dangereux dans la forêt parce qu’on le voit au dernier moment. Et bien sûr après quelques dizaines de minutes de marche on tombe sur un éléphant. On nous dit de reculer mais je prends quand même quelques photos. C’est impressionnant. Les congolais ont vraiment très peur des éléphants.
Puis il y aura un deuxième éléphant (sans photo). On change de circuit pour ne pas retomber sur les éléphants. C’est une belle forêt.
Sur le chemin un guide remarque une crotte de gorille. On marche encore un peu et au bout du chemin, derrière les arbres : un gorille !! La photo n’est pas extraordinaire, on voit juste la silhouette derrière les feuilles, mais on a trouvé les gorilles avant les pisteurs ! Les gorilles sont en train de marcher et ne s’arrêtent pas. Ils savent qu’on est là et font un détour pour nous éviter, ce qui me fait dire qu’ils ne sont pas vraiment habitués. On voit juste la tête d’un autre dans les herbes.
Nos guides appellent les pisteurs. Il faut qu’on les attende avant de les suivre. Ils perdent les gorilles, mais finalement on les retrouve. Ils sont dans une forêt très dense. Tout d’un coup on entend un gorille crier et bouger les arbres, je ne le vois pas, mais il est à quelques mètres. Il faut rester immobile, à moitié courbé, sans regarder le gorille dans les yeux.
Il s’en va et on peut avancer. On arrive pas loin d’un groupe de 4 gorilles, trois adultes et un petit. Les autres ne sont surement pas très loin. Je les vois assez bien, mais avec toutes les feuilles devant je n’arrive pas à régler les photos. Il faudrait que j’apprenne à prendre les photos avec le réglage manuel. Mais comme le bébé qui doit avoir 1,5 an est plus petit, il a moins de feuilles devant et j’arrive à le prendre en photo. C’est toujours émouvant de tomber sur ce genre d’animaux, surtout en pleine forêt. Je suis tellement captivé par ce que je vois que je ne pense pas à avoir peur.
Les gorilles reprennent leur route. On essaie de les suivre mais ils traversent un marais, facile pour eux, trop difficile pour nous, et il faut les laisser partir.
On termine par une photo du groupe qui s’occupe des gorilles.