En 1927, un français Michel Romanot racontait à tout le monde qu’il y avait plein d’or dans la forêt, mais on ne l’écoutait pas, on le prenait pour un fou, un vagabond. Un jour il rencontra un commerçant, Armand Vigoureux, un belge. Le belge lui dit de s’assoir et de lui raconter son histoire et il l’accompagna dans la forêt pour vérifier si elle était vraie. Et c’était vrai, il découvrit un immense filon d’or. Monsieur Vigoureux décida d’extraire l’or et de construire à cet endroit, en pleine forêt, une ville. Il l’a construite à l’européenne, sur le modèle des cités ouvrières de l’époque. Sa maison sur les hauteurs, celles des contremaitres à mi-pente et les maisons des ouvriers dans la vallée. Les maisons sont en brique, avec des toits pentus qui semblent attendre la neige. Il y avait même une école, un hôpital, une centrale électrique. L’extraction était industrielle, avec des mines creusées en profondeurs et un système de wagonets pour remonter l’or, la ville était prospère. Plusieurs tonnes d’or ont été extraites.
Après l’indépendance, en 1962 monsieur Vigoureux, sentant le vent de l’histoire tourné, est parti. La mine a rapidement périclité, les batiments tombèrent en ruine, l’électricité disparue, l’hôpital fût envahi par la jungle et la ville est devenue village.
Récemment Jan, un autre belge, a décidé de redonner vie à Dimonika, il a racheté l’ensemble du domaine et trouvé la maison du maitre habitée par les chèvres et les rats.
Il a restauré la maison de monsieur Vigoureux et en a fait une auberge pour accueillir les touristes. C’est où je loge. Pour une fois, plusieurs photos de mon hotel puisque c’est un batiment historique, la dernière, c’est la vue depuis la terrasse au petit déjeuner.
La maison est gardée par un chien « méchant ».
A l’époque de Monsieur Vigoureux l’eau potable était transportée d’une cascade (1ère photo) à 5 km de la maison par des tuyaux et des canaux, même un aqueduc (2ème photo) jusqu’à un château d’eau (3ème photo). Une agréable promenade à travers la forêt permet de suivre le canal jusqu’à la cascade où on peut se baigner si on est courageux.
Il a moins d’or mais il y a toujours des chercheurs d’or, le village vit toujours de l’or. La méthode est très artisanale, ils creusent des puits dans la forêt (1ere photo), et retirent de la terre censée contenir de l’or. La terre est ensuite nettoyée et tamisée, et parfois l’or apparait. La forêt est une réserve de la biosphère, mais c’est juste pour faire bien à l’UNESCO, avec ces chercheurs d’or, la forêt est pleine de trous. Sur la deuxième photo un touriste a remplacé le congolais qui n’aimait pas les photos.
Toutes les maisons en brique du village datent de l’époque de Monsieur Vigoureux, et appartiennent théoriquement à Jan, le belge, on peut dire que juridiquement tout le village est un squat, mais c’est le Congo, il y a loin du juridique à la pratique. Certaines maisons vont finir par s’effondrer si elles ne sont pas restaurées, mais il n’y a pas d’argent. Sur la troisième photo on voit que le sol est 50 centimètres plus bas qu’à l’origine.
Il me semble qu’il y a beaucoup de bars pour un si petit village, mais c’est vrai que dés qu’on trouve de l’or, il est transformé en alcool ou en filles.
Je ne peux pas terminer cette étape sans parler du maitre des lieux, Jan, un flamand de Bruxelles, qui accueille les touristes comme s’ils étaient des invités et qui a un exceptionnel talent de conteur pour décrire ces aventures, notamment dans les endroits les plus dangereux de RDC.
Dimonika, un de ses lieux qui ne semblent n’exister que dans les romans, mais qui existent vraiment en Afrique si on cherche un peu.