1er jour,
1850 m de dénivelé positif, 6h45 de marche
Ce matin, exceptionnellement, on voit le Mont Cameroun depuis le départ de la marche à 950 mètres d’altitude. Ni nuage, ni brume, c’est le grand beau temps. On rentre rapidement dans la forêt, on passe la porte d’entrée du parc. Le chemin n’est pas très large, il ne faut pas se prendre dans les racines. Ca monte mais ça va, je suis encore en forme. On fait régulièrement des pauses pour boire un peu. Je marche avec mon guide, le porteur marche à son rythme.
Après 3 heures de marche on arrive à 2000 m et on sort de la forêt. La pente se fait beaucoup plus raide, il faut souvent s’aider des mains. On passe un refuge intermédiaire. Je monte, je monte. Heureusement j’ai un GPS qui me donne mon altitude, je sais ce qui me reste à faire, c’est plus facile pour le moral. Et tout d’un coup je vois le refuge qui est le but de la journée, ouf !
Je suis surpris d’y trouver un bar, mais je ne prends que des jus de fruits. Et dés la nuit venue je vais dormir dans ma tente à 2800m d’altitude, la journée de demain s’annonce difficile, la fatigue des muscles s’accumule de journée en journée.
2ème jour, 1300 m de dénivelé positif, 1700 m de
dénivelé négatif, 9h30 de marche
C’est reparti vers 7h30. La pente est moins raide qu’hier, mais c’est plus difficile à cause de la fatigue d’hier et du manque d’oxygène. Je marche comme un robot, sans réfléchir. Mon objectif, c’est déjà le troisième refuge à 3700m, on y arrive au bout de 3h de marche. On fait une longue pause de 30 minutes, j’ai même l’impression que je dors un peu, je m’arrêterai bien là.
Mais il faut repartir, encore 400 mètres à monter, j’ai l’impression que je vois le sommet, il n’a pas l’air si loin, maintenant je suis sûr d’y arriver et la marche devient plus facile. Je ne prends pas beaucoup de photos pour rester concentré sur la marche.
Et j’y suis ! 4091 mètres ! Je suis content parce que je n’étais pas sûr de pouvoir encore monter des sommets. 4100 mètres ce n’est pas très haut, mais 3150 mètres de dénivelé en 1,5 jour, c’est pas mal.
Il souffle un vent froid au sommet, je ne m’éternise pas. Maintenant il faut redescendre, pas par le même chemin, l’objectif est d’arriver à la mer en 3 jours. Le début de la descente est rapide et facile dans une sorte de cendre, je peux me laisser glisser. Mais ça ne dure qu’une heure, on arrive à la coulée de lave de 1982 et il faut marcher sur les pierres beaucoup plus lentement. Des plantes ont commencé à coloniser la lave.
Je commence à fatiguer avec ce terrain difficile et 6h30 de marche. Surprise derrière un bosquet à l’ombre, je retrouve mon porteur qui n’est pas passé par le sommet et m’a préparé un ananas, un des meilleurs ananas que j’ai jamais mangé pour un repos mérité.
On reprend la descente et on arrive au cratère de 1999. La coulée de lave de ce cratère est presque arrivée à la mer. Les éruptions de Mont Cameroun se font sous forme de coulées de lave qu’on a le temps de voir arriver, le Mont Cameroun n’a jamais fait de mort.
Mes jambes et mes pieds commencent à souffrir. Dans les descentes le cœur ne force pas, mais pour les muscles c’est pareil que les montées. J’ai hâte d’arriver, et, après être rentré dans les nuages, j’aperçois le refuge à 2400 mètre d’altitude (on le voit à peine dans le fond).
Alors que je me repose en buvant un jus de fruit, je demande au guide quel est le temps de marche prévue pour le lendemain. Il me dit que c’est comme aujourd’hui ! Impossible ! Je suis incapable de marcher encore une journée près de 10h. Pour moi, une bonne marche c’est 5h par jour, 6h max. Je décide de changer le programme, demain on retourne à Buéa (directement sans passer par le sommet bien sûr) et on annule le 4ème jour. Je peux prendre une douche chaude au refuge, mais je dors dans ma tente.
3ème jour,
1600 m de dénivelé négatif, 7h30 de marche
J’ai du mal à marcher rien que pour aller prendre mon petit déjeuner, la journée va être dure. Départ à 7h20. On commence par une marche dans des hautes herbes d’une savane jaunie, je vois à peine le chemin. Et on retraverse la coulée de lave de 1999, plus étroite ici. Ce qui m’inquiète, c’est qu’on ne descend pratiquement pas.
Au bout de 2h de marche on rentre dans la forêt avec le petit mont Cameroun dans le fond. C’est ensuite 4h de marche dans la forêt. Très belle forêt, mais c’est difficile d’en profiter parce qu’il faut que je surveille où je marche. La moindre faute d’inattention et c’est le dérapage, et mes muscles n’étant plus assez forts pour le corriger je m’affaisse lamentablement.
Finalement on sort de la forêt, encore une heure à travers des champs et j’arrive à la fin de la marche. Prés de 24 heures de marche en 3 jours, plus de 3km de dénivelé dans les deux sens. Et j'ai eu de la chance avec le temps, 3 jours de grand beau temps dans une des régions les plus pluvieuses au monde. C’était un beau trek ! Je peux avoir mon certificat pour avoir gravis la plus haute montagne d’Afrique du Centre et de l’Ouest. Mais arrivé à l’hotel, j’ai la plus grande peine pour monter ou descendre les marches des escaliers !