Carnet de voyage

Vers le Cap nord

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Un vieux rêve : rallier le Cap Nord à vélo depuis Trondheim en passant par les iles Lofoten
Juillet 2024
60 jours
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Publié le 5 juillet 2024

Le départ se précise. Encore deux jours de travail, puis mercredi pour les dernières préparations, et enfin direction Toulouse jeudi. Vendredi, ce sera le vrai grand départ depuis Toulouse Blagnac pour rallier Trondheim en avion.


Là, on dirait que ça se précise.

Vélo et une partie des affaires emballés. 30 kilos!

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Publié le 12 juillet 2024

Cette fois je suis bel et bien parti et les péripéties du voyage ont commencé! J’ai fini par arriver à Trondheim où il fait un temps superbe.

Le fjord de Trondheim vu du train 

Les tracasseries ont commencé à Toulouse où j’ai eu le plus grand mal à enregistrer mon vélo.

1- Je l’avais pré enregistré comme colis et non comme bagage, sans préciser que c’était un vélo. Il faut dire que le site internet de KLM est des plus obscurs.

2- Le carton du vélo pesait 35kg au lieu de 32kg maxi. J’ai dû ressortir des sacoches pour abaisser le poids à 31kg… et comme j’avais eu l’idée de faire filmer le carton… ça a été super pratique…

3- Un carton transportant un vélo n’est pas censé contenir autre chose que le vélo! Savais pas! J’avais plein de choses dedans mais on a fait comme si c’était pas le cas.

4- Bien sûr, j’ai appris tout ça après avoir fait la queue pour l’enregistrement. Bon, carton allégé! Longueur de la queue multipliée par dix entretemps! A la queue business, il n’y a personne…. Donc je passe là, sans le moindre scrupule. Après avoir mobilisé le staff business pendant au moins 45 minutes, je réussis enfin à faire enregistrer mon vélo.

Mais l’heure a tourné et je commence à avoir sérieusement peur de rater mon vol. Course. Suée. Contrôle. Mes deux sacs mis à part: recherche d’explosifs! Le sort s’acharne! Négatif! Recourse! Resuée. Embarquement. Ouf!

Heureusement, le vol a été retardé de 10 minutes. On va décoller à 11:35… 11:55, toujours au sol. Mon temps de transit d’une heure à Amsterdam fond comme neige au soleil, s’abaissant à 30 minutes.

Je me dis que je vais rater ma correspondance. Après, c’est beau Amsterdam. Je m’imagine déjà profiter de la soirée pour aller déambuler aux bord des canaux comme je l’avais fait il y a plus de 30 ans! Mais le pilote a rattrapé un peu de retard en vol. Le vol de correspondance avait 10 minutes de retard… j’ai eu mon avion pour Trondheim in extremis, en ayant bien sûr versé quelques gouttes de sueur.

Je suis donc à Trondheim, Norvège et heureux d’y être. Mon périple va pouvoir commencer. En fait, non. Mon vélo est coincé à Amsterdam!

Trondheim  
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Publié le 13 juillet 2024

Après le remontage du vélo qui a bien pris deux heures, me voilà parti. Quelques kilomètres après le départ, quelques achats de nourriture à l’épicerie et puis, un premier choix: celui de suivre la route E6, très circulante ou de faire confiance a Google pour les chemins de traverse.

Premiers achats de vivres pour repas froids 

Les chemins de traverse sont calmes, offrent des paysages enchanteurs… mais ça monte! Avec ce qu’on appelle des coups de cul (les cyclistes comprendront).

Ça a été dur, très dur. Et comme il est hors de question que je me fasse exploser le palpitant, j’ai souvent poussé le vélo dans les montées. Et puis la situation s’est encore un peu dégradée quand l’itinéraire a emprunté une piste gravillonnée (Gravel road) pendant 20km. J’en ai bavé mais au moins, les paysages ont été à la hauteur.

Des lacs et de la forêt avec des « hutte » isolées 

J’ai fini par couvrir, non sans mal, les 53km prévus avec mes 30 kg de bagages. Il est bien possible que j’aie quelques courbatures demain. J’avais décidé de partir sans entraînement. J’assume donc!

Ça ira mieux dans une semaine.

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Publié le 14 juillet 2024

C’est reparti! Camping hier soir mais pas moyen d’avoir de l’électricité avec une tente à cause de l’esprit étroit des Norvégiens. L’électricité, c’est pour les camping-cars et les caravanes ! J’en ai besoin pour traiter mon apnée du sommeil. J’ai fait sans mais cela ne sera pas possible pendant deux mois !

Par contre, ce qui est sympa en Norvège, c’est que personne ne te volera quoi que ce soit. Tu peux Laisser ton téléphone en charge dans un lieu public, sans que personne ne te le prenne. Dans les campings, il y a aussi une cuisine aménagée avec tout le nécessaire pour se faire à manger, en cas de pluie par exemple.

Les cuisines du camping  

Étape moins enchanteresse que la veille. J’ai longé pendant quelques kilomètres la route E6, route très passante, grand axe qui mène à quelques dizaines de kilomètres du Cap Nord, une horreur. Heureusement qu’il y a des pistes cyclables qui la longent. C’est pourquoi j’ai pris un itinéraire bis, bien bossu (eh oui, les dômes de granite sont tout à fait appropriés pour produire des bosses!). Cette route longeait un grand lac.

Il est pas beau ce lac. 

En Norvège, les jardins sont très bien entretenus, rien de dépasse. De nombreuses personnes ont des robots tondeuse à mulch. Les pelouses sont des greens de golf!

Ce soir, j’ai trouvé un camping à Steinkjer, tout à fait quelconque. J’en ai fréquenté deux et je trouve que, pour le moment, c’est pas terrible par rapport aux standards français. Pas d’arbres, pas de haies pour séparer les emplacements, des douches communes dans celui de ce soir. Attention de ne pas ramasser la savonnette ! Très peu de tentes. En fait, cela ressemble plutôt à des aires de camping-cars. Il y en a à foison et les Norvégiens en sont plutôt fans!

Ah si, il y a une tente: la mienne. 
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Publié le 15 juillet 2024

Ce soir, l’objectif est d’atteindre Sjøåsen.

Hier, arrivé à Steinkjer, je n’avais pas faim malgré les efforts de la journée. Je me suis couché à 20h00 et me suis endormi aussitôt harassé de fatigue. Quand je me suis réveillé, il faisait grand jour, à 3h00 du matin! Le programme d’aujourd’hui est d’aller acheter une pompe à vélo en urgence, ma chinoiserie m’ayant lâché hier à la première utilisation ! Heureusement que j’ai trouvé un gentil Norvégien pour gonfler mes pneus. Il valait mieux qu’elle me lâche dans un camping plutôt qu’en pleine nature lors d’une crevaison.

J’ai dû emprunter La route E6 pendant une dizaine de kilomètres. Ça circule. Puis, j’ai tourné sur la FV 17 qui longe la côte, mais j’ai été surpris par l’intensité du trafic. Toujours beaucoup de camping-cars et de voitures avec des remorques et des caravanes. C’est la pleine saison touristique en Norvège et les véhicules sont surtout norvégiens.

J’ai donc quitté la FV 17 pour une route de traverse qui contourne un grand lac.

Petite pause picnic. Les initiés comprendront. 

Aujourd’hui, j’ai pris mes premières gouttes de pluie, trois fois rien, même pas une averse.

Ça s’obscurcit 

Je me suis arrêté dans un super Camping, très accueillant pour les cyclistes. Il était situé au bord d’une rivière, l’eau était si claire que je me suis baigné.

Le camping Sjøåsen, il y a pire. 

Côté rencontre, pas grand-chose à déclarer pour le moment. A Levanger, j’ai pas mal discuté avec un cyclo tchèque qui revenait du Cap Nord en solo. Sinon, à partir du moment où les cyclos sont en groupe ils ne cherchent pas forcément le contact. Du côté norvégien, les gens sont assez réservés, Mais ils acceptent volontiers de remplir tes gourdes et c’est alors l’occasion d’échanger quelques mots. L’avantage en Norvège c’est que la majorité des gens parlent anglais, qu’ils soient agriculteurs ou caissières de supermarché.

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Au bord du Fjord

Au bord du fjord

Publié le 16 juillet 2024

Après avoir passé une nuit dans un super camping me voilà reparti en direction de Namsos. La circulation sur la FV17 était toujours intense et le paysage ne présentait pas d’intérêt particulier. Des sapins, des lacs, des côtes, des descentes… On s’en lasse. Ce n’est qu’après Namsos que le paysage est devenu intéressant, la route longeant et franchissant des fjords.

Des fjords plus ou moins abrupts 

J’ai parcouru les routes sinueuses et les pont enjambant les fjords jusqu’à trouver cet endroit.

Pas mal pour un bivouac 

Là, en solitaire au bord du fjord, j’ai pu gagner un pari (private joke).

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Publié le 17 juillet 2024

Nuit tranquille en bivouac près du fjord, si ce n’est quelques phoques qui sont venus me surprendre dans mon sommeil. Baignade à poil dans le fjord la veille, mais là, vous n’aurez pas de photo. C’était un pari fait avec des collègues, pari tenu, donc.

La veille, j’ai rencontré un allemand d’origine turque très sympa, puis deux autres allemands le père est le fils en randonnée à vélo. Je les ai initiés au fromage brun et au kaviar de crevettes en échange de quelques raisins.

Pour le repas et la nuit, j’ai dû économiser mon eau car j’ai fait l’erreur de ne pas faire le plein chez des gens le long du trajet, puis après, plus personne. J’ai donc bu un peu d’eau de mer mais pas trop car ce n’est pas très bon pour la santé. Les pâtes à l’eau de mer, c’était super salé!

Hier j’ai commis trois Tonton ( les initiés comprendrons !). Le long du Trajet, j’ai trouvé le moyen d’oublier mon casque, une gourde, et un paquet de biscuits que j’avais prévu pour me donner de l’énergie.

Ce matin, je n’avais pas vraiment envie de partir. Les Allemands de la veille m’ont dit qu’il y avait un col à franchir avec des gradients à 9 %. À 5 %, je pousse déjà mon vélo et mon paquetage, qui pèsent à eux deux 40 kg. Donc j’en ai bien bavé. Et au passage j’ai rempli la moitié d’une gourde avec l’eau d’un lac, pas très propre. Mais j’avais tellement soif.

C’est un peu vaseux. L’occasion de tester mon tube digestif !

Le col est derrière moi. Descente sur le fjord suivant.

Il y a pire comme endroit 

Camping gratuit. Tout à disposition : douches, toilettes, tables et bancs, eau potable (enfin!)

Jolie plage: bain à poil avec deux allemands, père et fils . Eau 12deg.

Premier ferry: Lund - Haalop. Gratuit pour les cyclistes.

Ferry et collègues allemands 

Arrivée ce soir à Kolvereid où j’ai pu racheter un casque de vélo après avoir oublié le mien lors d’un picnic.

J’ai aussi trouvé le moyen d’oublier une gourde et paquet de crackers en dépannant un autre cyclovoyageur, comme quoi la bonté ne paie pas!

Demain la pluie est prévue mais les jours qui suivent devaient être beaux. Je suis béni des dieux, c’est sans doute parce que j’ai fait trop de caprices.

J’en suis à 250km avec un jour de retard sur mon programme. Merci KLM!

Je dois être le 27 juillet à Bodø pour prendre le ferry vers les îles Lofoten le 28. Au pire, je terminerai en bus, d’autant plus que sur la fin de ce trajet, il y a un long tunnel interdit aux vélos.

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Publié le 18 juillet 2024

Ce matin départ sous un petit crachin breton. Tente pliée a 7h00, un peu beaucoup humide, petit déjeuner sous un abri au sec et c’est parti mon kiki.

Abri pour BBQ et matin pluvieux  

Dans les campings, on trouve souvent ce genre d’abri. Pleuvrait-il en Norvège?

Que dire de cette journée pluvieuse. Des routes qui se tortillent entre des lacs au milieu de la forêt. Des myrtilles en abondance à chaque arrêt.

La bruine qui dégouline sur le blouson imperméable. Ma sueur qui se condense à l’intérieur, si bien que je suis mouillé, mais à 37deg, s’il vous plaît. Le plafond est bas.

Un lac dans la brume 

Les camping-cars me doublent mais tout respectant une bonne distance de sécurité. Il y a beaucoup de vacanciers sur la route en ce mois de juillet.

Bon, j’en ai marre de rouler sous la pluie! Au premier camping, je m’arrête! Je trouve un lieu improbable au bord du fjord, tenu par deux retraités.

Le fjord sous la pluie 

A l’accueil/bar, une collection de centaines de briquets.

L’antre du briquetophile 

Demain, il pleut jusqu’à midi. Programme:: grasse mat!

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Publié le 19 juillet 2024

Ce matin, il pleut. 12 degrés. Voilà la vraie Norvège. Il ne manque plus que le vent! Malgré le temps j’ai bien dormi.

Mes affaires de la veille sont trempées, pas du fait de la pluie mais de sueur. Les imperméables le sont dans les deux sens!

Une accalmie est annoncée pour cet après midi. J’ai donc fait le choix d’attendre au chaud dans le café du camping avec un bon livre et un copieux petit déjeuner.

Au chaud, c’est mieux pour lire 

J’ai prévu de pédaler une quarantaine de kilomètres aujourd’hui. En supprimant le jour de repos, j’aurai rattrapé le retard dû à l’arrivée tardive de mon vélo à Trondheim. En fait, j’ai la contrainte d’être à Bodø le 28 juillet pour prendre le ferry pour les îles Lofoten.

Il est 13h00 et la pluie n’a pas cessé. J’ai remis les vêtements humides de la veille pour les faire sécher sur mon corps à 37 deg. En attendant le rayon de soleil, je refais soigneusement mon paquetage en essayant de regrouper le plus utile dans les sacoches avant pour ne pas avoir à ouvrir les sacoches arrières qui sont bloquées par le sac supérieur. C’est en faisant des erreurs qu’on apprend, en étant obligé de tout ouvrir sous la pluie car on ne sait plus quelles affaires on a mises dans quelle sacoche. J’en profite pour évaluer un peu les contenus. L’excès de poids devient obsession d’autant plus que dans les côtes, même avec le développement minimum, j’ai l’impression d’être tiré en arrière à chaque coup de pédale. Je décide de me séparer le plus tôt possible de mes Crooks, bien encombrantes, et de finir au plus vite le beurre de cacahouète très lourd dans son pot en verre.

Les indésirables  

Étape sous la pluie, qui normalement aurait dû cesser vers 13h00, mais elle a persisté quasiment jusqu’à mon arrivée au camping. Au départ, j’avais prévu de m’arrêter à Berg, mais comme il n’y avait aucun camping dans la ville j’ai poursuivi 14 km plus loin jusqu’à Skomo.

En chemin, je me suis fait un plaisir d’emprunter un ferry entre Holm et Vennesund, toujours gratuit pour les vélos. C’est la Prolongation de la route au travers des fjords. Je ne sais pas pourquoi mais j’ai toujours adoré les bateaux.

Malgré la pluie , les paysages sont toujours aussi inspirants 
Petite pause en cours de route sous un abri bus. Trop mouillé, trop froid, trop faim. Allez, plus que  10 bornes à parcourir !

Camping pas très bien noté sur un site qui les référence: https://www.camping.info/fr

Mais qu’importe : patron sympa, douche chaude, collectives certes, lave linge, sèche linge, le tout pour 200 NOK. Y’a rien n’a dire!

Donc séchage d’affaires, machine et tutti quanti !

Ça sèche… en fait pas vraiment .
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Publié le 20 juillet 2024

Petite. Réparation ce matin. La chambre à air avant avait tendance à fuir tout doucement. Donc je l’ai changée. A priori, cette micro fuite est due à un défaut de fabrication ou à son grand âge.

Fuite qui génère le bazar

Bon, il est midi trente, mais ne suis-je pas en vacances après tout?

Un petit arrêt à Brønnøysund, histoire de faire quelques courses en prévision du dimanche et racheter une chambre à air de secours. Du cash aussi! Il y a un seul distributeur en ville pour 5000 habitants ! Hors service ! Mais je commence à comprendre pourquoi, avec sa carte bleue, on peut avoir des espèces dans n’importe quelle petite épicerie… mais pas avec ma carte ! Elle va donc continuer à chauffer et les commissions a être débitées.

Me voilà à Holm pour le ferry. Leur fréquence est bien moindre les samedis et dimanches. Mais avec le vélo, je suis sûr d’embarquer !

Il fait beau, les gamins pêchent , le ferry est confortable.

Après avoir progressé sur une route un peu ennuyeuse entre fjord et montagne, je suis arrivé à Forvik, d’où, je vais pouvoir prendre un autre ferry pour Tjøtta. J’ai deux heures devant moi, largement le temps pour cumuler déjeuner et dîner.

Vous la sentez l’odeur de l’océan? 
Et le brillant du miroir ?

Finalement, comme il n’y avait pas de coin sympa pour camper à Tjøtta, j’ai fait 8 km de plus pour trouver un camping … complet…. Mais dont le propriétaire a quand même trouvé un petit coin pour un malheureux cycliste fatigué. Vive le vélo!

Vue bord de fjord.

Pas mal la vue! 
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Publié le 21 juillet 2024

Départ…vers 12h30… On n’est pas pressé quand on n’est pas inquiété par une rincée en cours de journée ou par la tombée de la nuit. Les horaires des ferries ne sont même pas une contrainte car il y en a beaucoup et les vélos sont toujours prioritaires. La vie en été en Norvège est franchement décalée vers le soir. Étant donné que le soleil ne se couche pas, les gens veillent tard et en conséquence se lèvent très tard aussi. Dans les campings personne n’émerge avant 10 heures. J’ai pris le pli. Il faut bien s’imprégner des coutumes locales.

J’ai commencé doucement la journée, contournant le fjord au bord duquel j’avais dormi.

Toujours d’aussi beaux reliefs 

En cours de route, je me suis fait doubler par deux cyclos belges. 120km par jour pour eux contre 50-60km pour moi. Clairement, on joue pas dans la même catégorie ! Ils étaient beaucoup moins chargés certes, mais surtout beaucoup plus jeunes et entraînés.

En fait l’aventure de la journée a été la traversée du pont Helgelandsbrua. Minimum 50m de haut et plus d’un kilomètre de long, pente 9%. Vent frontal 14m/s. J’ai poussé le vélo ! Heureusement qu’il y avait un trottoir dédié aux piétons et aux cyclistes.

 Helgelandsbrua et les belles montagnes en arrière plan
 Oh, un grand pont avec pente à 9% et vent de face à  14m/s! Ça va être fun!

Ce soir je dors à Nesna. Je me rapproche doucement mais sûrement de Bodø. À moins de 300km maintenant.

Le Fjord près de Nesna 

Les nuages arrivent et cela donne un magnifique coucher de soleil.

Lumières boréales 
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Publié le 22 juillet 2024
Le temps s’annonce incertain… 

Les prévisions météo ne sont pas très bonnes. C’est pourquoi après avoir récupéré l’info auprès d’un couple de cyclos suisses d’au moins 70ans (chapeau bas), je décide de prendre le ferry de la compagnie NORLINES, pour rejoindre Stokkvågen depuis Nesna. Ça m’évitera 66 km, potentiellement sous la pluie et surtout deux tunnels!

Le temps se couvre 

La plupart des tunnels sont autorisés aux vélos, mais sont souvent étroits et mal éclairés. C’est toujours un peu la roulette russe que se faire doubler par un camping-car ou pire un camion dans un tunnel! Par contre d’autres sont formellement interdits aux cyclistes, et s’il y a un itinéraire de contournement, c’est toujours des kilomètres ou/et de la dénivelée en plus. Il existe un site qui référence les quelques 1000 tunnels routiers norvégiens.

https://www.cycletourer.co.uk/maps/tunnelmap.shtml

En attendant mon (petit) navire, je laisse passer l’Hurtigruten, ou express côtier qui relie les villes de la côte entre Kirkenes au nord et Bergen au sud.

L’Hurtigruten 

Je suis à Kilboghamn pour embarquer sur le ferry pour Jektvika. Il est 14h00 et il y a 1h30 d’attente. Ça tombe bien. Je n’avais pas encore déjeuné. Et aussi en attendant, j’en profite pour prendre quelques photos.

Le port de Kilboghamn

Arrivée à Jektvika vers 16h00. Que fais-je? Je cherche un coin pour camper ou je roule les 28 km qui me séparent du ferry suivant… Allez, roule ma poule! Ce sera ça qui ne sera pas fait sous la pluie. Sur le chemin, j’ai eu la joie de traverser quelques tunnels. Pour les deux dans lesquels je suis passé, il y avait un bouton à l’entrée pour activer des feux clignotants pour signaler la présence d’un cycliste.

Tunnels avec feux clignotants pour signaler la présence d’un cycliste 

Et toujours de superbes paysages.

Le prochain fjord et les prochaines montagnes! 
Jeux de lumières

Au loin, juste sous les nuages, on aperçoit le deuxième plus grand glacier de Norvège continentale : la glacier noir.

Sous les nuages, le glacier noir, qui est blanc d’ailleurs.
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Publié le 23 juillet 2024

Le plan aujourd’hui est d’atteindre Ørnes. J’ai laissé la FV17 pour emprunter une route secondaire pour aller rejoindre le ferry à Vassdalsvik, soit une trentaine de kilomètres. De toute façon, je n’avais pas le choix, car c’est la route obligée pour les cyclistes qui n’ont pas le droit d’emprunter le tunnel Svartistunnelen. Il fait 7.6 km de long et passe sous le fameux glacier noir. La route secondaire est agréable, même sous la pluie…. Sauf quand…

Ça monte et ça descend comme ça!
Ben oui, il pleut 

Je suis sur le quai d’embarquement du ferry qui arrivera dans deux heures. Heureusement, il y a un abri avec une salle d’attente pour patienter au sec. Ces Norvégiens prévoient vraiment tout, surtout en relation avec la pluie et le froid!.

Ce matin, en cours de route, j’ai rencontré deux cyclistes, un Allemand et une Suissesse. Ils étaient attablés dans un petit supermarché en train de boire un café. Je passe à la caisse. La caissière me propose un café et je m’assieds avec eux.

Ils m’ont donné deux tuyaux de taille. Le premier pour éviter ce fameux tunnel de 6 km, qui descend à 200 m sous la mer et qui est soi-disant incontournable pour aller au Cap Nord. Un enfer pour les cyclistes avec une côte de 3 km à 10 %. En fait, on peut l’éviter en prenant une route touristique qui mène à un bateau, qui vous transporte vers un petit port après le tunnel. Cela m’enlève une grosse épine du pied car j’avais du mal à m’imaginer remonter cette pente avec mes 25 kg de bagages et mes 15 kg de vélo.

Ensuite, il a une super appli météo qui donne la progression des perturbations en temps réel: YR

Progression des perturbations en direct.

En milieu d’après midi, je suis arrivé à Reipå où je pensais avoir réservé une cabine. Mais bug info ou bug de mon cerveau, rien n’était réservé à mon nom.

J’ai monté la tente sous la pluie, pris rapidement une douche et je me suis engouffré dans mon sac de couchage pour me réchauffer.

Ah, au fait, j’ai franchi le cercle polaire arctique sans m’en apercevoir et personne ne m’a rien dit! Scandaleux !

En Russie, il y avait un monument moche de ce type!

En Russie, au moins ils ont de beaux monuments pour matérialiser le cercle polaire!
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Comment dire… L’étape d’hier était des plus banale, à moins que mon regard commence à s’habituer aux grands espaces, lacs et forêts.

Forets, lacs et ponts traversant les fjords 

Le temps était plutôt couvert et je me déplaçait sur la fameuse route touristique FV17, très fréquentée par les camping-cars notamment. Quelques tunnels où l’on serre les fesses (décidément, camping-cars et tunnels deviennent une obsession voire une phobie!)

Tout en pédalant, j’essaie de trouver des « trucs » pour me motiver à avancer. Il faut dire qu’avec Google maps, j’étais tenté de regarder ma position et le kilométrage restant toutes les cinq minutes. Alors tu te dis, pas avant 17h30… tu tiens et à 17h30 pile tu t’arrêtes pour boire un coup et savoir combien de kilomètres tu as parcourus et surtout combien il t’en reste à parcourir! Bien sur, j’ai un compteur kilométrique… qui ne fonctionne plus…

Et puis il y a les côtes, celles qui s’aplatissent après un virage mais qui, traîtresses, repartent encore plus raides. Tu as déjà mal aux jambes, tu as monté les pignons en espérant mouliner facilement, mais tu appuies tout aussi fort sur les pédales tout en avançant moins vite. A chaque tour de roue tu maudis ce brave Isaac. La côte se poursuit encore au loin… alors tu ravales ta fierté, tu descends et tu pousses! Ce serait quand même con de se faire exploser le palpitant !

Bien sûr en fin de journée, avec la fatigue accumulée, tu mets pied à terre de plus en plus tôt dans les côtes. Je le savais et je confirme, vélo rime bien avec maso!

Quand j’ai planifié mon itinéraire, j’avais prévu un kilométrage raisonnable entre des villes et des villages. Il y avait cependant plusieurs paramètres que j’avais omis de prendre en considération. La pluie, le vent de face, et la présence de campings. Le camping peut paraître un luxe pour le cyclo-voyageur mais quand on s’est fait rincer toute la journée, on est bien content d’avoir une douche chaude et de pouvoir faire sécher ses vêtements.

Donc ce jour, j’arrive à mon point étape, qui n’était qu’un hameau, mais où j’avais la chance d’avoir une épicerie. Je fais le point, quelques achats, bois ma dose quotidienne de coca. Aucun camping à l’horizon. Avec plus de 60km dans les pattes je continue à contrecœur à la recherche d’un éventuel camping. Rien. Je maudis de plus en plus les côtes et commence à envisager le bivouac. Mais trouver un bivouac n’est pas aussi facile qu’il y paraît. La tente n’aime pas trop les tapis de myrtilles, il y a beaucoup de propriétés privées, les terrains sont souvent très en pente. Enfin j’ai fini par trouver mon bonheur près dans lac.

Pas mal pour passer la soirée et la nuit 
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Publié le 25 juillet 2024

Bonne nuit près du lac. Bon, il faut quand même prévoir un bandeau sur les yeux. Dormir la lumière allumée, c’est pas terrible. Bon, premier réveil à 5h00… c’est encore un peu tôt pour plier le camp. Deuxième réveil à 8h00. Bon, là, il faut y aller. Il faut se donner un coup de pied aux fesses pour se mettre en route. Pas facile le matin, quand on ressent les tensions de la veille dans les muscles, que la tenue de vélo est encore trempée de sueur. Alors je prends mon temps, pour petit-déjeuner, plier mon matériel et recharger le vélo. Et c’est parti. L’échauffement se fera dans une côte bien raide. Et là, je me demande si j’ai bien fait de me ravitailler hier… un ou deux kilos supplémentaires, ça compte.

Je tiens le bon bout! 

Sur la route, on annonce un maelström. Un tourbillon géant qui se forme au niveau d’un rétrécissement entre l’océan et le fjord. L’exutoire ou l’entrée du fjord, suivant le sens de la marée canalisent de forts courants générant tourbillons et remous.

Maelstrom de Saltstraumen 

Je m’approche de Bodø. Les paysages sur le fjord sont toujours aussi typiques.

Le fjord avant Bodø  

Bodø, ville de 55000 habitants, point de départ pour les îles Lofoten… il y a certainement un ou plusieurs campings dans les pourtours de la ville… eh bien non! Le premier camping se situe sur la côte ouest à 10 km au Nord de la ville ! Quand on est à vélo et que l’on se croit arrivé, ça fait mal, surtout en fin de journée. Allez, encore 10 bornes avec le vent dans le nez pour une douche! Une douche, mon royaume pour une douche, comme dirait William.

Moralité, pour mes étapes ultérieures, je prévoirai de camping à camping plutôt que de ville à ville.

Mais voici le lot de consolation.

Le miroir du soir…
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Publié le 26 juillet 2024

J’ai finalement décidé de rejoindre les îles Lofoten aujourd’hui au lieu du 28 août, car la pluie menace demain et après-demain. Autant monter une tente par temps sec et attendre dessous que la pluie cesse. Ma femme et une de mes filles viennent me rejoindre le 1er août, ce qui me laisse du temps pour aller randonner à pied ou à vélo, mais débarrassé de tout bagage.

Ensuite, nous passerons dix jours de vacances ensemble.

Pendant les dix kilomètres qui séparaient le camping du port, j’ai pu profiter de superbes paysages et voir une maison ancienne avec un toit végétalisé.

Quelques camping-cars , hein Jérôme.
Maison traditionnelle 

Ça y est, j’ai embarqué sur le ferry pour 3h30 de traversée. Je vais pouvoir retrouver Étienne, Adrien et Nina… dans le confortable salon.

Au fond, la côte s’éloigne doucement. Prendre un bateau, quitter un port et la terre ferme, c’est un peu comme changer de vie, aller vers l’inconnu. Combien de passagers embarquèrent et ne revinrent jamais sur leurs terres natales, tels les esclaves des bateaux négriers ou les dissidents religieux du Mayflower.

Au large de Bodø 

Les îles Lofoten apparaissent enfin. C’est un archipel qui s’étend sur 200 km de long du nord au sud et qui culmine à 1148m.

L’approche des îles Lofoten  

Addendum

Je ne peux m’empêcher de raconter une anecdote qui illustre deux choses : Le fait que j’aie une cervelle de poisson rouge et la bonté humaine.

Au Camping près de Bodø, j’ai sympathisé avec un couple de lyonnais qui circule à vélo depuis quatre mois avec un jeune enfant de deux ans. Nous échangeons quelque infos par WhatsApp puis je quitte le camping pour aller embarquer sur le ferry. En mer, je reçois cette photo.

J’ai oublié l’essentiel de ma popote au camping, dont le couteau auquel je tiens vraiment. Et puis, fini le café !

Le jeune couple allait prendre le train de nuit Bodø - Trondheim le soir même. La gare étant à 400m du port, ils m’ont trouvé une mule (passeur de drogue pour ceux qui ne le sauraient pas) pour me ramener mes affaires. C’est comme cela que de parfaits inconnus très souriants m’ont remis ma chère popote à l’arrivée du bateau de 22h00, palliant ainsi mes déficiences mémorielles et attentionnelles.

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Publié le 27 juillet 2024

Cette étape va durer jusqu’au 11 août. Grand confort: AirBnB à Leknes, location de voiture et tourisme. Visites de musées, randonnées et repos de mes guibolles, enfin presque.

Donc en attendant l’arrivée de la famille, je me suis sédentarisé pour quelques jours (le temps de laisser passer la pluie) dans un camping (bondé le soir) a deux minutes du port de Moskenes.

Météo oblige , il y a dans les campings de nombreux abris comme celui-ci où l’on peut casser la croûte au sec.

Après le 12 août, le plus dur sera devant moi: températures moins clémentes, vents plus soutenus, brouillard, soleil moins présent… mais inch allah!

Dimanche 28 juillet

Beau temps. Journée glandouille. Beaucoup dormi. J’en avais donc besoin. Ne rien faire : quel luxe. « Perdre » son temps pour gagner en sérénité. S’ennuyer, le pied! Penser, rêver, imaginer, se projeter, être dans la lune, les nuages, ailleurs, s'évader, méditer, planer….

Bon faut quand même pas en abuser, pour retourner sur terre, je suis allé faire quelques courses… avec un vélo amputé de ses sacoches! Un régal.

Les maisons norvégiennes arborent souvent fièrement le drapeau national. 

Lundi 29 juillet

Beau temps. L’occasion de faire une petite rando. Départ direct du camping, sans bâtons de marche. Gaffe aux genoux à la descente! 530m de dénivelé. A 200m d’altitude, on se trouve déjà dans un environnement montagnard. Superbe vue depuis le sommet.

Évidemment, quand on trouve autant de myrtilles au bord du sentier, le rythme de progression ralentit 

Mardi 30 juillet

Aujourd’hui, je vais allez visiter Å (rien que le mot qui n’en est pas un puisqu’il ne comporte qu’une seule lettre, suscite la curiosité) et son musée de la morue (le poisson j’entends). Il paraît que c’est un port typique. En attendant une photo du paysage de ce matin ensoleillé.

La chaîne montagneuse des îles Lofoten en direction du nord.

Séquence émotion,

comme aurait dit Nicolas Hulot. En fait c’est grâce à l’argent hérité de mon frère décédé précocement à 54 ans en juillet 2021, que j’ai décidé de financer ce voyage. J’ai renoncé à acquérir un bien matériel avec cet argent au bénéfice du vécu et de souvenirs. Je pense à toi tous les jours Denis. C’est la moindre des choses que de te rendre cet hommage.

Å est un magnifique village, anciennement de pêcheurs, mais qui vit surtout du tourisme aujourd’hui. Il situé à la fin de la route au sud des îles principales des Lofoten.

Au fait, devinez pourquoi les maisons sont souvent rouges: c’était le pigment le moins cher.

Å 

Mercredi 31 juillet

Aujourd’hui, c’est la veille de l’arrivée d’Anne-Lise et Martine. C’est ma dernière journée dans ce camping de Moskenes qui se vide le matin et qui se remplit le soir, telle une marée humaine. Marée humaine qui va se disperser ensuite sur les (la) routes au volant de camping-cars, de voitures, au guidon de motos et de vélos pour quelques uns, ou tout simplement sur leurs deux jambes pour les autres.

La ligne bleue des… Lofoten 

Jeudi 1er août

Ce matin, j’ai récupéré la voiture de location. Je retrouve la famille à 22h00 au ferry à Moskenes. Puis nous aurons 120km à parcourir pour nous rendre au AirBnB, soit 2h de route.

Enfin résolu la logistique du vélo. Le loueur de voiture a fini par me trouver un porte-vélo. Je laisserai ainsi le matériel et le vélo au gîte et reviendrai en bus après avoir redéposé la famille au ferry. Et l’aventure vélocipèdique pourra reprendre.

Reine 

Arrivée de la famille à 22h00 au ferry. Récupération, deux heures trente de route, arrivée au Airbnb à minuit trente. Désillusion complète. Ou l’art de masquer la réalité dans les photos. Je ne m’attarderai pas sur les détails, bref un taudis. Étant donné l’heure tardive, on y passe la nuit et on décide de trouver autre chose pour les reste du séjour.

Vendredi 2 août

Prospection de logement, d’abord peu fructueuse, puis nous optons finalement pour une “cabin” dans un camping.

Les vacances reprennent donc avec la visite de Svolvær, sans grand intérêt, mais surtout avec la beauté des paysages.

Jeux de lumière sur le fjord 

Samedi 3 août

Aujourd’hui la journée a commencé par une baignade matinale (11h30) dans de l’eau de mer bien fraîche, puis s’est poursuivie par une rando au dessus de Svolvær. Magnifique vue.

Vue à 360 degrés depuis le Tjeldbergtinden

Dimanche 4 août

Petit déjeuner ver 10h30. On réfléchit entre rando, canoë ou cueillette de myrtilles. Finalement, ce sera une visite du village d’ Henningsvær.

Henningsvær 

Lundi 5 août

Petite balade autour d’un lac: la ballade des planches, soit plusieurs kilomètres sur des passerelles au dessus d’une zone humide… Avant, nous avions ramassé quelques deux kilos de myrtilles , de quoi faire de la confiture et en bénéficier jusqu’à la fin du séjour voire au delà.

La ballade des planches 

Mardi 6 août

Ce qui est prévu aujourd’hui est le tour de l’Ile de Skrova. Sur les guides, il semble qu’il y ait d’immenses plages de sable blanc. Après l’ascension d’un sommet, la journée s’est soldée par une baignade.

Effectivement 

Mercredi 7 août

Encore une journée superbe. Nous en avons donc profité pour pagayer sur le fjord en canoë et en paddle.


Jeudi 8 août

Aujourd’hui, non allons marcher du côté de la côte atlantique. En face c’est le Groenland! Balade à plat au nord de Brenna.

Agréable ballade avec des plages de sable blanc 

Vendredi 9 août

La journée s’est résumée à la visite du musée viking de Borg.

Le Lofotr vikingmuseum et la reconstitution de sa ferme viking

Il s’agit d’une bâtisse de 80m de long, hébergeant plusieurs familles, le chef, les animaux et les réserves pour l’hiver. Peuple civilisé et plutôt féministe si l’on en crois ce qui est dit au musée. Bref, c’est comme notre bon et héroïque Napoléon!

Samedi 10 août

Dernière journée entière passée avec la famille. Ce dernier jour a été émaillé par un ciel nuageux et quelles gouttes de pluie. Nous avons donc opté pour une promenade tranquille dans le port de Kabelvåg, puis visiter un aquarium.

Kabelvåg et les montagnes environnantes 
Maisons dans Kabelvåg avec une dame ravie que l’on photographie la sienne, bon prétexte pour engager la conversation.
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Publié le 11 août 2024

Dimanche 11 août

La famille est repartie au sud rendre la voiture de location, prendre le ferry pour Bodø, puis l’avion pour la France avec une petite escale à Bruxelles.

Pour ma part, je ré-enfourche le vélo pour remonter vers le Nord de l’archipel. Back to business!

Ce matin, les 41km qui me menaient au ferry de Fiskebøl ont été avalés sans difficulté (bon, c’était plat et sans vent!) mais j’appréhendais un peu la reprise du vélo après 10 jours d’arrêt. Comme d’habitude, même avec un temps couvert, les paysages sont magnifiques.

Un fjord, des nuages, des cascades et des névés

Pour l’après-midi, je me suis fixé comme objectif se rejoindre tranquillement Stokmarknes 15 km plus loin. J’ai quelques jours d’avance sur mon planning, ce qui me laissera de la marge pour affronter vent et mauvais temps potentiels plus au nord.

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Andøy Friluftssenter

Andøy Friluftssenter

Publié le 12 août 2024

Départ tranquille ce matin, le temps de laisser sécher la tente après quelques précipitations nocturnes. A 11 heures, j’étais sur la route. Le parcours démarre par un pont comme je les aime, 1km de long, 500m à 10%. Là, je ne bataille même plus, je prends les options trottoir et poussette. Ça arrange tout le monde, les automobilistes et moi même. Bon au sommet du pont, une petite photo, rien que pour le plaisir des yeux comme on dit à Marrakech!

Toujours des paysages extraordinaires 

La route 82 est un itinéraire sans grande difficulté, quelques petites bosses et faux-plats. Par contre, je pensais avoir moins de circulation que sur l’E10 qui traverse les îles Lofoten… que nenni! Heureusement que les vacances d’été des Norvégiens et des Allemands se terminent, ce sera ça de moins sur la route… bon, il reste ces fichus retraités. Je les maudis encore cinq ans avant de rejoindre moi-même le club!

En chemin, première rencontre avec des rennes.

Quatre rennes, absolument pas perturbés par la horde de photographes postés au bord de la route 

Et un peu plus loin, miroir d’eau…

Des rochers dans le ciel?

Bon, c’est bien joli les rennes et les paysages mais il va falloir penser a trouver un camping… peine perdue, renseignement pris, le prochain se situe à 2h30 de vélo. Je me contenterai donc de mes 70km de la journée et de chercher un spot pour sauvagement camper… once again… rien… Je décide donc de m’arrêter dans un hôtel qui loue des «cabins » pour 700NOK. J’achète ! Un bon lit ne me fera pas de mal!

La tente c’est bien, mais finalement, rien ne vaut un bon lit! 
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Publié le 13 août 2024

Je viens de sortir d’un bain de mer, sur une plage de sable blanc, presque déserte: le rêve! 69,20 degrés nord. L’eau n’était pas si froide d’autant plus que le beau temps s’est réinstallé pour au moins deux jours.

Une plage de sable blanc pour moi (presque) tout seul 

Mais revenons sur le début de la journée. J’avais donc passé une excellente nuit dans un lit douillet. Je m’étais concocté un bon petit déjeuner. J’avais eu une discussion très intéressante avec le propriétaire de l’hôtel. Puis je m’élance gaiement sur la route. Naturellement à froid, tu te tapes toujours un coup de cul (Murphy’s law, dite la loi de l’emmerdement maximum en français). J’ai enfin franchi la difficulté quand je lâche un “putain merde!” bien énervé. Je viens de m’apercevoir que j’ai oublié dans ma chambre, mon casque (obligatoire en Norvège) et mon gilet jaune (bien pratique pour occuper les rondpoints en France !)… Demi-tour! J’enrage à l’idée de me retaper la côte et je fais 3km en sens inverse pour récupérer mon matériel… on ne se refait pas… à quand ma carte bleue et mon passeport ? Je ne blague pas, ça m’est arrivé en Crête il y a…. 37 ans… vous voyez bien que mon étourderie ne date pas d’hier !

Bon, je me suis consolé avec la vue…

Encore une vue magnifique par un matin ensoleillé 

Mon plan est de gagner Andenes pour y prendre le ferry pour l’île de Senja (à prononcer Sénia, Jérôme). Deux options : la route 82, la plus courte, mais qui est quand même assez fréquentée ou la scenic road FV974 qui longe l’océan atlantique. Il n’y a pas photo. Pour quelques kilomètres de plus, je choisis l’option 2.

Un côte magnifique. Au loin, on aperçoit  le Groenland…. Nan… j’déconne! 

Demain il me reste 20km pour atteindre Andenes, ce qui me permettra d’embarquer sur le ferry de 13h00. Je pourrai ainsi parcourir quelques kilomètres sur l’île de Senja, qui est paraît-il encore plus belle que les îles Lofeten.

En attendant…

Papa, c’est loin le Cap Nord? Tais-toi, et pédale!
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Publié le 14 août 2024

Réveil matinal ce matin: 5h30… le vent a soufflé toute la “nuit” et les claquements de la toile de tente m’ont réveillé plusieurs fois au cours du crépuscaube (mot valise de crépuscule et aube pour ceux qui n’auraient pas compris. En fait il ne fait toujours pas vraiment nuit).

Le matin, les rafales étaient toujours assez fortes. Vent qui siffle induit appréhension du cycliste. (Je sais c’est pas brillant mais je voulais une rime). So, the question is: de face ou de dos? Bonne pioche: vent dans le dos. Autant dire que les 20km qui me séparaient d’Andenes, malgré un petit col (100m de dénivelé tout de même!), ont été parcourus rapidement.

Un lac et la forêt 
L’océan et ses dents rocheuses qui émergent, comme sorties de nulle part 

Je rédige tranquillement la première partie de cette étape à Andenes, confortablement installé sur le quai du ferry pour Gryllefjord (Grulefiord pour Jérôme H.!) Aujourd’hui, le ciel est magnifiquement bleu, mais il semblerait que les nuages arrivent et qu’ils auraient l’intention de s’installer pour un moment. Et en plus, ce sont de vilains nuages qui ne vont pas se gêner pour se décharger de leur pluie.

Il va donc falloir faire preuve de qualités tactiques (c’est pas vraiment mon truc!), à savoir, pédaler plus si pas de pluie, se réfugier sous la tente s’il pleut des chiens et des chats (les anglophones comprendront), louer une cabin s’il pleut des éléphants (là, c’est pas une expression anglaise… mais vous avez compris), enfin en dernier recours, transport alternatif (bus, bateau, hélicoptère…. Non, quand même pas!).

Je débarque sur l’île de Senja. J’ai passé la traversée à discuter avec 4 allemands, bien plus jeunes que moi (pas difficile pour des cyclistes), politique, changement climatique, décroissance…

Senja présente une côte qui n’a rien à envier aux îles Lofoten.

Lofoten ? Non Senja

Mais au fur et à mesure que l’on pénètre à l’intérieur de l’île, la végétation se rabougrit, les reliefs s’arrondissent. Il me semble que l’on commence à changer de monde pour glisser progressivement vers la toundra arctique.

Mais revenons un peu à la tactique. Étant donné la pluie annoncée pour les prochains jours, le plan était donc simplissime: rouler le plus loin possible sous le soleil. A l’origine, j’avais prévu de faire étape à Grylleford à l’arrivée du ferry. Je décide donc de pousser plus loin, rouler un petit 50km. Or c’était sans compter sur la quasi absence de camping… quant au bivouac c’est toujours assez compliqué à trouver en dehors des parkings gravillonnés, des propriétés privées, des forêts de bouleaux ou des tourbières bien humides… 60km plus loin, je dois bien admettre que j’étais à bout de forces: trop chaud, pas assez mangé, trop pédalé, trop cherché de bivouacs sans succès. Pas de camping indiqué sur Google maps ni sur la route.

J’ai soif. Je m’arrête demander de l’eau à une dame qui passait l’aspirateur dans sa voiture. Nous discutons cinq minutes. Elle me remplit mes bidons d’eau. Je lui demande si elle connaîtrait un endroit où je pourrais planter ma tente en espérant qu’elle me propose sa pelouse…. Je n’avais pas besoin de surjouer l’épuisement! Elle n’a pas compris mon appel du pied et m’a expliqué comment rejoindre un camping tout près… 8km de piste gravillonnée. Bon bin… pas le choix, mais j’ai quand même tenté l’hospitalité autochtone. Pas assez direct peut être? Vincent, des suggestions?

En compensation, j’ai pris une bonne douche chaude et me suis régalé d’un magnifique coucher de soleil.

C’est beau, hein? 
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Ce matin et cette nuit, il pleut/a plu!

Donc il va falloir passer à la pratique… de la tactique. 7h00, il pleut toujours: grâce matinée tactique. 10h00 il pleut encore: je me rendors tactiquement. 11h00 il peut encore et encore ( Et ça continue, encore et encore, c’est que le début, d’accord d’accord. … vous l’avez?). Brunch tactique! Discutions tactiques mais sincères et intéressées (au sens noble du terme!) avec d’autres campeurs. Consultation de la météo: fenêtre de beau temps vers 16h00. Alléluia, Inch Allah, allah akbar… non, faut pas exagérer et puis, c’est un coup à finir fiché S!

Donc le plan, qui fut élaboré très tactiquement, est de pédaler 38km jusqu’au prochain camping, de louer une cabin pour deux jours et de passer au sec le vendredi où il pleut plus encore et encore.

Je négocie au camping de la veille pour partir après la pluie, c’est à dire à 16h00. En selle. Le ciel est menaçant mais pas une goutte. Et la route commence même à sécher !

Un lac ce matin… pardon cet après midi. 
Il semblerait même que la route sèche! 

Je descends de la montagne à vélo, (vous l’avez?)… et je rejoins le fjord. Je vais quitter l’Ile de Senja, et pour couper le cordon, il y a un pont… comme j’aime: 1km de long dont 500m à 10%, en montée. La descente, c’est que du bonheur. En fait, j’ai fini par comprendre ce qui conditionne la hauteur des ponts: évidemment ce sont les bateaux, et en particulier l’Hurtigruten appelé aussi, express côtier. Donc en ce qui concerne les ponts, si l’Hurtigruten passe dessous, c’est poussette à tous les coups. Bon, elle est pas terrible, j’avoue.

Le soleil fait enfin franchement son apparition. Je prends plaisir à pédaler le long d’une route sinueuse qui borde le fjord. Un panneau indique un point de vue. Des tables, des bancs. Je m’y assoie pour boire quelques gorgées d’eau et grignoter quelques noix.

Un coin sympa pour une pause, d’autant plus que le soleil est revenu. 

Alors que je suis en train de me sustenter, une dame se dirige vers moi et me demande si je veux partager un café avec eux. J’accepte volontiers et délaisse donc mes graines. J’avais affaire à un couple de retraités fort sympathiques qui étrennaient leur camping-car tout neuf pour aller visiter leurs petits enfants à Tromsø. Norvège, France, famille, politique, jeux olympiques… tous les sujets de discussion y sont passés. Au bout d’une heure, ils ont fini par réaliser qu’il valait mieux qu’ils se remettent en route s’ils voulaient trouver un spot pour la nuit.

C’est tout l’intérêt du voyage à vélo. On prends le temps. Ah, l’éloge de la lenteur!

Mes bavardages me font arriver au camping à 20h00, où la propriétaire m’attendait de pied ferme.

« Votre chalet est là, me dit-elle.

- Comment avez-vous deviné que c’est moi qui avait réservé ?

- Vous voyagez en vélo ! »

Ça va être cool.

Vendredi 25 août

Il pleut semble-t-il 

Il semblerait que tactiquement, ne pas rouler aujourd’hui était la bonne décision.

Aujourd’hui, je changerai l’eau des fleurs et m’apprête de vous faire part de quelques réflexions qui me sont venues au cours du voyage. Loin de moi l’idée de porter un quelconque jugement sur les gens ou leurs actions!

  • Les bords de route présentent de nombreux détritus. J’ai connu, notamment en 1997 et 2009, la Norvège beaucoup propre que cela. Le civisme et l’éducation seraient-ils en perte de vitesse? Comme partout, d’ailleurs, dixit le vieux réac? J’ai bénéficié d’une explication alternative exprimée par un Norvégien, qui, je l’espère, ne représente qu’une minorité: “Ce sont les étrangers qui font ça! Je sais même qui. Les allemands, il sont sales (ah bon?), se croient chez eux partout et n’ont aucun respect pour les gens!”. Cette personne avait peut-être une dent contre les Allemands à cause de la prise de Narvik, lors de la deuxième guerre mondiale? Rien sur les Français, ouf. Conclusion: pour faire un raccourci un peu simpliste, j’en conviens, la France n’est pas le seul pays où les problèmes seraient liés à la présence d’étrangers.
  • Le comportement vis à vis de l’énergie, spécifiquement électrique. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai vu, trouvé les lumières allumées h24 dans les douches, les toilettes, les espaces communs comme les cuisines, les extérieurs des maisons privées (c’est presque la règle). Cela me surprend d’autant plus que j’ai été éduqué à éteindre toute ampoule inutile après mon passage. Peut-être une réminiscence des longues nuits d’hiver? Ou la nécessité de consommer de l’énergie hydroélectrique surabondante?
  • Le recyclage des déchets. Là, je ne parlerai que de ce j’ai pu constater dans les campings et les supermarchés. Un point positif: dans tous les magasins, il y a des appareils mangeurs de cannettes et bouteilles en plastique. Les heureux donateurs sont récompensés en points, qu’ils peuvent sans doute valoriser dans l’enseigne en question. J’ai vu des personnes munies d’énormes sacs plastiques remplis de ces boîtes de métal ou bouteilles. Je les soupçonne de récupérer ces emballages sur la voie publique voire dans les poubelles. C'est tout à leur honneur d’ailleurs. Le deuxième point est que ce recyclage n’est pas très clair. Je n’ai pas souvent trouvé des poubelles dissociées et quand elles sont présentes, je ne sais jamais mettre quoi dans quel container: parfois on mélange bouteilles plastiques et cannettes, mais on me sait pas quoi faire de ses boites de sardines. Et ne parlons pas du papier. En France, on ne réfléchit pas: hormis le verre, tout le recyclable est ingéré par la poubelle jaune. Troisième point, j’ai appris en discutant avec une étudiante, qu’il n’y avait aucun recyclage dans son université.
  • Il y a des personnes pauvres en Norvège! Évidemment, je n’étais pas dupe. Des gens pauvres, ils représentent un pourcentage de la population dans tous les pays occidentaux. Lors d’une discussion, un Norvégien m’a expliqué qu’il y avait des grosses différences de développement et d’économie entre le sud et le nord du pays. J’ai effectivement constaté que le nombre de maisons délabrées augmentait dans la partie septentrionale. Je n’ai pas fréquenté les grandes villes donc je n’ai pas vu de clochards mais je pensais que la rente pétrolière et le fond assurait un minimum à tout un chacun. NB La Norvège possède actuellement le plus important fond souverain (avant celui de l’Arabie saoudite) qui s’élève à 740 milliards de dollars.
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Sagelvvatn Camping

Sagelvvatn Camping

Publié le 17 août 2024

Ce matin, comme prévu, beau temps. Donc à 9h30, j’avais libéré la cabin. Me voilà reparti sur la route (On the road again, again…merci Bernard, vous l’avez?) où j’ai bien profité du vent dans le nez! Heureusement pour compenser, toujours de magnifiques paysages.

Un lac, des forêts, une route… des traces de pneus. Il m’a évité de justesse! 

À Bardufoss, je fais le plein de victuailles pour deux jours (le dimanche, tout est fermé) et je rejoins la fameuse route E6 que j’avais très brièvement empruntée au début de mon périple. En fait, cette route E6 ne conduit pas au Cap Nord, mais à Kirkenes, dernière ville norvégienne avant l’arrivée frontière russe. Oui, la Norvège comporte quelques 200km de frontière avec la Russie. Cette frontière a toujours été hautement surveillée et l’est certainement encore plus maintenant.

Cependant il me faudra en théorie emprunter l’E6 sur 440km jusqu’à Olderfjord. Cette route est une sorte de super nationale dont on se demande si elle n’est pas interdite aux vélos. Elle ne l’est pas sans quoi il y aurait des panneaux et de plus, il n’y a pas d’itinéraire alternatif à moins de doubler le kilométrage et décupler le dénivelé. Donc, je vais devoir subir cet axe pendant des centaines de kilomètres.

Les panneaux indicateurs prennent un malin plaisir à te rappeler que tu vas te taper cette route pendant des centaines de km.

J’ai peut-être une alternative. On verra.

J’ai fini par localiser un camping sur Google maps. Ça n’est pas toujours le cas. Je dois encore lutter 16km contre le vent. Les descentes deviennent des faux plats et les côtes des murs. Aussi, quand ce magasin typique d’art sami (lapon) se présente, il est évident que je dois m’arrêter.

Ça sent la boutique attrape-couillons 
Effectivement. J’ai failli craquer pour un troll en plastique ou un renne en peluche !

Après cette immersion dans cette culture laponne authentique, j’arrive enfin au camping. Et là, je m’imagine au Vieux-Boucau ou sur la côte basque.

Les mobil homes sont d’énormes caravanes (en fait, c’est pareil) et dont les abords sont souvent arrangés avec goût.

Fort heureusement, le paysage me rappelle que je suis en Norvège.

Devant en gris, c’est le lac. Tout au fond, on distingue des glaciers. 
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Publié le 18 août 2024

Départ ce matin sous le soleil, comme prévu. J’avais un temps quitté l’E6 pour une route champêtre pour rejoindre le camping. J’ai pu poursuivre sur cet axe tranquille et bucolique pendant une quinzaine de kilomètres et y apprécier le paysage: une ligne d’horizon montrant des calottes glaciaires à moins de 1000m. Pas de doute, malgré les 20•C annoncés, nous sommes bien au delà du cercle polaires arctique.

Des glaciers à basse altitude  

A Nordkjosbotn, je trouve sur Google maps une autre alternative à l’E6. Il se trouve que c’est une piste empierrée, mais sans personne.

Une piste tranquille.

Après 10km de piste, je suis bien obligé de reprendre l’E6 jusqu’à Oteren. Je suis surpris de voir autant de véhicules finlandais sur ce tronçon. Une cyclo suisse qui pédalait en sens opposé me dit qu’elle venait de Finlande. Surpris, je lui demande en combien de jours elle a effectué Le trajet. Dans la journée, me répond-elle. La frontière est seulement à 70km. Je ne pensais pas être si près de la Finlande. Après avoir jeté un œil sur la carte, il est vrai qu’elle pointe une corne entre Norvège et Suède. Ceci explique donc l’abondance de véhicules finlandais qui regagnaient leur pays.

Oteren. Encore une ruse pour éviter l’E6. C’est vrai que cela devient une obsession! Il y a la route 868 qui mène à Lyngseidet rive ouest du fjord. Là, on peut y prendre un ferry pour Olderdalen, évitant ainsi une cinquantaine de kilomètres de cette fichue route. Et en plus comme d’habitude, les paysages sont à couper le souffle.

Le Nord du fjord Lungen 

L’inconvénient des routes secondaires, c’est l’absence de camping. Donc ce soir, c’est bivouac.

Le bateau derrière  la tente, c’est un jeu pour enfants 

et étant donné que de fortes pluies sont annoncées pour demain, lundi sera un jour idéal pour lire sous la tente.

Nuages à l’horizon  

En fait, ce bivouac, il m’a été indiqué par un couple à qui j’ai demandé de l’eau. Mais en arrivant, il était notifié que le camping était interdit. J’avais fait demi tour quand je croise un trike couché qui dévale la piste à toute allure . Je rebrousse chemin pour aller demander au cycliste ce qu’il en était vraiment concernant le bivouac. Je rattrape le gars qui reste assis sur son vélo. Il m’apprends que le panneau d’interdiction a été posé après que des camping-caristes se soient mal comportés, mais qu’il n’y a pas de soucis pour bivouaquer. Il est toujours assis sur son siège et je commence à me dire qu’il est handicapé. Puis il se lève péniblement grâce à des poignées spécialement prévues à cet effet et fait difficilement quelques pas pour venir s’asseoir sur le banc d’une table de pique-nique. “Vous êtes handicapé, lui dis-je, que vous est-il arrivé?”. Il me parle d’une maladie chronique, d’abord initiée par du diabète, puis de perte de masse musculaire. Mais le gars, il fait 20 bornes en trike tous les jours, bon, avec assistance mais quand même! “Tu veux essayer?” me demande-t-il. Et comment! Il active l’assistance électrique et me voilà parti pour quelques centaines de mètres. C’est sympa: t’es au ras de la route, la position est confortable, tu as une poussée efficace sur les pédales, c’est stable… mais cela a un certain encombrement et dans la circulation, gare! Lui, il a bricolé un écarteur, soit une tige horizontale avec un drapeau qui dépasse largement du côté gauche du vélo. Etant donné son handicap, le vélo, qui est considéré comme un fauteuil roulant, lui a été financé à 100% par la sécu norvégienne. “Ils sont très généreux “ me dit-il. Et il me montre des photos de ses 4 chaises roulantes, de la plus légère (7kg) qu’il peut traîner comme une remorque derrière son vélo, à la plus lourde (70kg) motorisée et équipée de quatre gros pneus à crampons conçus pour la glace et la neige. L’accès des personnes handicapées aux lieux publics est une priorité en Norvège: c’est le cas de tous les bus, tous les trains, les administrations, etc. S’il y a la moindre inadaptation, le correctif est fait très rapidement. Bref, nous avons beaucoup discuté handicap et aussi de tout et de rien. Visiblement, ce monsieur avait besoin de parler (peut-être vivait il seul?) et moi, j’avais tout mon temps.

Lundi 19 août.

Journée très pluvieuse, donc que j’avais prévu de passer sous la tente. Grosso modo, j’ai profité des rares éclaircies pour aller soulager ma vessie, et tenter de faire une photo d’une lumière magnifique avec les 10% de batterie qui me restaient.

Une percée de soleil au travers des nuages. Regardez bien, il y a même un arc en ciel 

Qu’ai-je fait de ma journée? J’ai lu les 650 pages de “Changer l’eau des fleurs” de Valérie Perrin. Je recommande chaudement. C’est très bien écrit, tout comme ses deux autres romans “Les oubliés du dimanche” et “Trois”. La nuit a été courte, tellement il m’a été difficile de sortir de l’histoire.

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Publié le 20 août 2024

Ce matin, j’ai poursuivi la route 868 en direction de Lyngseidet où je dois prendre le ferry pour Olderdalen. Grace à la complicité du vent, je n’ai pas vu passer les 32km qui me séparaient de l’embarcadère. Ma seule crainte était de savoir dans quel état était la piste qui permettait de contourner un tunnel de 3km interdit aux vélos. En fait, largement correcte, si l’on ne tient pas compte des merdes de moutons et de ces sales bêtes qui te recoupent systématiquement la route alors qu’elles sont sur le bas-côté (elles se sont sans doute formées chez les poules!). Ce contournement du tunnel m’a permis d’observer de près un renard polaire, en tenue estivale ( roux avec le bout de la queue blanc).

Je suis arrivé pile à l’heure du départ du ferry.

Vues du bateau, les montagnes sont superbes.

Cette rive ouest du fjord est appréciée des randonneurs, skieurs et alpinistes. La chaîne de montagne est d’ailleurs appelée “Alpes de Lyngen” et culmine à plus de 1800m.

Les Alpes de Lyngen depuis le port d’Olderdalen

A Olderdalen, je m’arrête faire quelques courses et profitant de la poste, je réexpédie 1kg en France, le bouquin que j’ai dévoré et une tenue de pluie qui faisait double emploi.

Les cyclos rencontrés jusqu’à présent:(avec qui j’ai parlé, je ne prends pas en compte les nombreux autres que j’ai croisés). Si j’essaie de faire des stats, ce sont des allemands en très grande majorité (plus d’une douzaine), 3 suisses, 3 français, 1 Tchèque. Les deux dernières allemandes, c’était aujourd’hui. J’ai discuté avec l’une d’elles pendant les 20km parcourus sur l’inénarrable E6, côte à côte, lorgnant dans mon rétroviseur les voitures arrivant derrière pour que l’un des deux se rabatte. Grâce à la discussion, je n’ai pas vu passer ces 20km entre Olderdalen et Spåkenes, comme je n’ai pas vu non plus le panneau de travaux que j’ai mis à terre avec mon guidon. Ridet: 1 - Panneau: 0. J’ai eu de la chance, si j’étais tombé, mon voyage aurait potentiellement pu s’arrêter là.

Revenons à mon obsession: l’E6! Et bien, elle est bien moins fréquentée qu’auparavant, sans doute du fait que les Finlandais et autres touristes aient bifurqué sur l’E8 vers la Finlande et que les cours aient repris en Norvège et en Allemagne.

Allez des photos de ces Alpes de Lyngen.

Après mes deux nuits en bivouac, j’ai opté pour un Airbnb, ne voyant pas de camping dans le secteur sur Google maps. En fait, 1km avant le Airbnb, il y en avait un, non référencé. C’est toujours la loterie et l’avant-veille, la malchance m’avait tout droit mené au bivouac.

Maintenant, tactiquement et stratégiquement, le plan de demain est de parcourir (en principe sous le soleil et avec le vent dans le dos) les 50km qui me séparent du port de Skjervøy où je prendrai à 22h00 l’Hurtigruten pour Honningsvåg. Là, je me trouverai à 35km du Cap Nord, pour attendre une fenêtre météo correcte pour aller toucher le fameux globe. Cela me fera shunter pas mal de route mais mon objectif reste de me faire plaisir et non de me faire mal!

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Publié le 21 août 2024

Ce matin je suis parti tranquillement après avoir remis en ordre le Airbnb. 51km à parcourir jusqu’à Skjervøy où je compte embarquer sur l’Hurtigruten sans avoir acheté le billet ni réservé, sur les conseils de mes copains allemands (père et fils) avec lesquels je suis resté en contact. Cross fingers!

Il y a des gens qui disent, que dans la vie il faut aller de l’avant et ne jamais regarder en arrière. J’ai fait exactement l’inverse ce matin et je m’en suis félicité.

Les magnifiques Alpes de Lyngen

Si je récapitule, je fais ce détour et je shunte la route en prenant le bateau pour éviter un tunnel sous-marin de 6km de long et échapper à la pluie. En attendant pour rejoindre Skjervøy….

Devinez sous quoi il passe ce tunnel ?

Ce tunnel de 2km de long avec une pente à 10% passe sous un bras de mer à 92m sous sa surface, comme celui que je veux éviter mais qui lui, s’enfonce à 200m sous la surface de l’eau. Oui, mais celui d’aujourd’hui, il a une longueur trois fois moindre que l’autre et donc, a priori, il ne présente qu’un kilomètre de côte à 10%. Un truc sympa à l’entrée de certains tunnels: un bouton poussoir pour signaler qu’il y a un cycliste à l’intérieur. Donc ce tunnel va valider ou invalider mon choix d’éviter son grand frère. Traverser un tunnel à vélo, qu’il soit sous marin ou pas, c’est très rapidement se retrouver à une température de 13deg, ce qui pourrait être agréable s’il faisait 5deg dehors mais qui l’est nettement moins quand la température extérieure est de 22deg comme aujourd’hui. Pour donner dans la métaphore, c’est comme descendre à la cave en milieu d’après midi sauf que là, on ne ramène pas de vin. Pour revenir au test, une descente à 10%, c’est grisant, surtout dans un tunnel où tu vois défiler les lumières, mais dès que tu attaques la montée, la masse de 120kg, lancée à 60km/h perd rapidement son élan et le cycliste doit aussitôt se mettre à pédaler, ça monte dur, baisser les rapports jusqu’au plus petit, forcer comme un malade, s’essouffler et faire monter le palpitant dans les tours. J’ai quand même tenu 200m avant de mettre pied à terre et de pousser bécane et bagages sur 800m en prenant le soin d’apprécier le bruit et les courants d’air générés par les camions. Donc, selon moi, le test est positif et valide mon choix.

70deg Nord 

A la sortie du tunnel, un panneau indique que nous sommes au parallèle 70deg N. Je pense que je ne suis jamais allé aussi loin au Nord, y compris en Russie. Il n’y a pas un détail qui attire votre attention sur cette photo? Vous avez remarqué ces trois bêtes laineuses sur le bas côté ? Et bien absolument rien ne les empêche de descendre dans le tunnel… Avec Martine aux Lofoten, nous avons failli en taper sur un pont… les brebis n’avaient pas trouvé de meilleur endroit pour ruminer. C’est pire que la Corse ici!

Pour continuer avec un peu d’humour, ce panneau m’a bien fait rire, mais je n’ai pas trouvé la traduction (Vincent W., une idée ?)

Sparrebom 

A priori, cela ne signifie pas Kamikaze de rechange! Vous l’avez?

Quelques kilomètres avant Skjervøy, j’ai pris cette photo .

Au Nord! 

Pour l’instant, c’est le paysage le plus septentrional que j’ai vu.

Je voulais rapporter une anecdote qui vient à nouveau de survenir. Pour être visible, j’ai un gilet jaune pour pédaler. Dès que je ne suis plus à côté ou sur mon vélo, il arrive que des personnes me prennent pour un employé du port ou du ferry. J’ai droit à une question en norvégien à laquelle je serai bien incapable de répondre. Quelques mots d’anglais dissipent vite la méprise.

Ça y est. J’ai embarqué sur l’Havila Capella, paquebot de 120m, pour une croisière de 12 heures. Je suis aussi excité qu’un gosse! J’adore les bateaux! Pour 70€, c’est le grand luxe.

L’Havila Capella comporte de multiples salons.Je crois que celui-ci sera très bien pour dormir un peu.

Ce petit voyage en bateau doit grosso modo me dispenser de 350km de route et me conduire à Honningsvåg, à 35km du Cap Nord. La stratégie est de m’installer plusieurs jours dans une cabin et d’attendre la fenêtre de beau temps pour aller au bout de l’Europe, en mode délesté de bagages. A priori, vendredi ou samedi devrait être de mon bons candidats.

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Publié le 22 août 2024

Un grand saut en termes de distance. J’ai embarqué hier soir sur un bateau luxueux: l’Havila Capella, un vaisseau de 120m. Je dépareillais un peu avec mes vêtements de sport et une vague (?) odeur de transpiration au milieu d’une gent internationale plutôt aisée. 3000€ minimum la semaine de croisière quand même! Mais peu importe. Je suis excité comme un gosse quand je suis sur un bateau! J’ai parcouru l’ensemble des ponts en deux temps trois mouvements! 12h de croisière pour 70€, faut pas rêver, c’est sans cabine.

Le luxe du bateau. Les fauteuils au coin du feu, c’était mon lit!

En cours de route, nous avons fait quelques escales dont la dernière à Havøysund avant Honningsvåg. Havøysund est sans doute l’endroit duquel je repartirai à vélo vers le sud en direction d’Hammerfest.


Hurtigruten, la compagnie concurrente d’Havila. Havøysund, très austère comme endroit. Je n’ose pas imaginer l’hiver.

A Honningsvåg, le bateau se vide quasiment de ses passagers qui pour la plupart, partent en excursion vers le Cap Nord au moyen de bus affrétés par la compagnie maritime. Bien sûr, le coût des excursions n’est pas compris dans le tarif de base et c’est assez lucratif pour le voyagiste. Moi aussi, je suis emporté par cette marée humaine qui se déverse dans les rues de Honningsvåg.

 Honningsvåg, dernière ville avant le cap Nord.
Avant le débarquement

En fonction de la météo (pluie et vent), il y a un créneau favorable pour aller au Cap demain vendredi. J’ai donc réservé une « hytte » pour deux nuits, sachant que si je remplis mon objectif Cap Nord, j’écourterai la deuxième pour aller attraper le ferry à 6h00 du matin… à huit kilomètres de là.

La hytte, de quoi être au chaud et à l’abri sans monter ma tente. 

En montant au Nordkapp Camping, j’ai à nouveau profité du paysage et de l’observation de bestioles pas farouches, approchées plus près que ne le montre la photo. Ceux ci étaient moins cons que les moutons !

Rennes et maisons  à louer au bord du fjord.

Demain, je compte partir tôt pour tenter d’éviter le flot de véhicules et avec le minimum de barda, soit casse-croûte, tenue de pluie et de rechange et kit de réparation. Demain à froid, c’est ça qui m’attend.

On distingue la route. Ça c’est le tout début de la première côte. 600m D+ sur 26km. J’imagine déjà les pros du vélo qui rigolent.
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Publié le 23 août 2024

8h00. Les ciel est bleu et le vent souffle avec force, depuis le sud, rafales à plus de 50km/h. C’est sans doute la raison pour laquelle le ciel est clair et la température clémente. 17deg C.

Ce matin à côté du chalet, une mère allaite son faon.

Une mère allaite son faon sous mes fenêtres. Il faut dire que je suis un peu chez eux. 

Pour aujourd’hui, suivant le plan, ce seront 52km aller-retour. Sur le trajet, il y a deux côtes importantes d’environ 250m de dénivelé chacune. La première commence à la sortie du camping.

On distingue les premières pentes de la route 

Heureusement, j’ai réduit les bagages au minimum. Dans mes sacoches avant, il y a juste un picnic, des vêtements de rechange et un kit de réparation. D’entrée le vent tient toutes ses promesses. Si dans un premier temps il me pousse dans la côte à 9%, rapidement il souffle latéralement ou contre moi au gré des virages et du relief. Même allégé, la lutte est inégale et je dois mettre le pied à terre pour reprendre mon souffle. Je profite d’une voie pour véhicules lents pour pousser mon vélo au sommet de la côte. Une de moins! Le plateau est une lande désolée sur laquelle paissent quelques groupes de rennes.

Tiens, enfin un camping fléché. C’est pas vraiment sur ma route.Tandis que le vent balaie la lande.

Sur le plateau, quand je n’ai pas le vent dans le dos, je subis par moment des rafales latérales très fortes, à tel point que je dois rouler avec une petite inclinaison pour contrecarrer le zef. Gare à la déstabilisation quand un véhicule t’abrite le temps de quelques secondes. J’ai failli tomber plusieurs fois. Je me concentre sur le bord de la route et la tenue de mon guidon. Pour apprécier le paysage, je m’arrête.

Au loin, entre les deux bras de mer, se trouve le cap, la péninsule, que dis-je (vous l’avez ?) qui se termine par le Cap Nord.
Quand je vous dis qu’il y a du vent, même les containers des poubelles sont ancrés.

Un peu plus loin, j’ai la bonne surprise de revoir Konrad, un cyclo allemand rencontré 15 jours plus tôt aux îles Lofoten.

Konrad qui revient du Cap Nord.

La logique des cheminements et le fléchage sont parfois un peu bizarres ici. Il faut dire aussi que me suis laissé dissiper.

Je ne suis pas sûr qu’ils en vendent.

Tiens une photo marrante. Un kilomètre plus loin je suis surpris de le voir plus personne sur la route. J’interroge Google. Je me suis planté de chemin. Retour contre le vent qui n’a pas faibli, bien au contraire. Merci Kronembourg et merci mon humour!

En fait, la petite route secondaire sur la gauche avant KRO était la route principale à suivre. Elle est beaucoup plus étroite et interdite au piétons…. Mais si je dois pousser, je n’aurai pas le choix.

J’attaque la deuxième grande côte, à moins que ce soit elle qui m’attaque (mais tant que ça n’est pas cardiaque, ça ira).

Ça grimpe sans beaucoup de virages et il y en a autant de l’autre côté.

Dans cette grimpette, le vent m’était plus favorable, donc je n’ai pas été piéton. De plus, je sens l’objectif se rapprocher, la motivation se renforce mais je ménage la bête, appréhendant le retour. Au loin, j’entrevois la ligne d’arrivée.

C’est là-bas, tout au fond. Encore quelques faux-plats et grimpettes.

J’arrive sur le parking. Il est environ 10h00. Il n’y a pas trop de monde malgré les nombreux camping-cars et la trentaine de motos plus les voitures. Je me dirige vers le globe.

Le fameux globe 

Il y a déjà quelques cyclistes autour du monument qui attendent leur tour pour faire la célèbre photo. C’est mon tour.

71° 10′ 16″ nord, 25° 46′ 56″ est 
A 300m au dessus de l’océan glacial arctique, j’ai même attrapé un nuage.

En fait, le site du Cap Nord, n’est pas le point le plus septentrional de la Norvège continentale (au Nord il y a les îles Spitzberg ou Svalbard en norvégien) mais c’est un petit cap moins spectaculaire que l’on voit depuis le globe. Là bas, certainement pas de place pour un grand parking.

Le vrai Cap Nord, moins spectaculaire. 

Le site, très touristique, a changé de tactique pour faire rentrer les pépettes. Avant, le parking était payant et ce n’est plus le cas maintenant. Par contre, il faut s’affranchir de quelques 300NOK pour accéder aux toilettes, restaurant, cafétéria, bar et boutique de souvenirs.

Il y a aussi un monument pour la paix. Le monde en a bien besoin!

We keep in touch. 

Le vent souffle de plus en plus fort. Tous les cyclos qui sont là s’accordent sur le fait qu’il serait dangereux et exténuant de redescendre à vélo. Il y a un bus qui part à 13h00. La question est: est ce que tous les vélos rentreront dans la soute? Avec une cyclo belge, sur les indications du chauffeur, nous installons nos bécanes. Le chauffeur s’absente. D’autres cyclos arrivent, prennent la liberté, malgré ma mise en garde, d’ouvrir les soutes et d’installer leurs machines et sacoches. Évidemment, les 7 vélos ne rentrent pas. Le chauffeur réapparaît, légèrement agacé et tout le monde ressort son matériel. Il s’ensuit une bonne partie de Tetris, que l’on finit par gagner.

Aujourd’hui, je n’ai parcouru que 26km mais je sens que mes muscles ont souffert. Comme il est agréable d’observer les paysages au chaud dans un bus et à l’abri du vent.

L’objectif, si toutefois c’était vraiment ça l’objectif, est atteint. Maintenant, le change de cap, ce sera droit au Sud en direction de Tromsø.

Pour demain, le plan est de se lever à 4h00 pour aller à Honningsvåg attraper le ferry de 6h00 direction Havøysund afin d’éviter ce fameux tunnel sous marin. Pour le retour, j’avais réservé depuis la France l’Hurtigruten entre Hammerfest et Tromsø. Donc en vélo, il me reste 160km à rouler en Havøysund et Hammerfest .Là il me reste plus d’une quinzaine de jours pour aviser et modifier le programme avant mon avion à Tromsø le 10 septembre. J’ai largement le temps.

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Publié le 24 août 2024

Ce matin, lever à 4h00 pour prendre le bateau de 6h00 après avoir parcouru les 9km qui me séparaient du port. Évidemment, je n’ai vu personne sur la route et j’ai pu apprécier le lever de soleil.

Lever de soleil sur le fjord près d’Honningsvåg.

Sur le quai, j’ai eu le plaisir de revoir Maxime, la cyclo belge très sympa rencontrée la veille au Cap Nord.

Maxime (c’est une flamande), d’où l’ambiguïté de genre sur le prénom 

Et pour passer le temps quand on attend le bateau, on prend des photos à la con.

Aujourd’hui , j’attrape le bateau.

Le hasard fait que je me retrouve sur le Havila Capella que j’avais emprunté il y a deux jours et qui revient de son terminus, Kirkenes, à la frontière russe. L’employé de l’accueil se souvient de moi et m’appelle par mon prénom. Ça risque pas de m’arriver de me remémorer le prénom de quelqu’un!

Deux heures de croisière pour atteindre Havøysund. A partir de ce village, je compte suivre la scenic road 899 jusqu’à Smørfjord voire plus loin. Pas ou peu de campings sur le trajet. De la pluie et du vent prévus les prochains jours. On improvisera et on s’adaptera.

Finalement et malgré le vent, souvent de face, et deux petits cols, j’aurai établi mon nouveau record de kilométrage journalier: 76km.

Dès que l’on monte en altitude (200m quand même!), la végétation est rase, d’autant plus que des petits groupes de rennes passent leurs journées à la ratiboiser. Cette lande aux formes rondes, entrecoupée de ruisseaux et de cascades est parsemée de nombreux lacs.

La lande, domaine des rennes, est parsemée de lacs.

Les rennes sont des animaux semi-domestiques. Ils fuient parfois à la vue du cycliste et de son barda mais ils sont capables d’aller brouter le gazon du jardin.

Pas gênés les bestiaux. Tien, un gros mâle blanc. 

Le cheminement passe par des cols puis longe les fjords. Les paysages et la lumière sont grandioses. Et de plus, la route est très peu fréquentée.

Des paysages grandioses. 
Et des lumières subtiles. 

Par contre, j’ai été surpris de constater que l’océan avait restitué des tonnes de détritus en tout genre: filets et cordages de pêche, des palettes en pagaille, des bidons en plastique ainsi que tous les déchets ménagers possibles. Je n’avais pas observé cela au îles Lofoten sur les côtes exposées directement à l’océan. Ceci dit, les déchets charriés par le Gulf Stream peuvent provenir de très loin.

Des plages de galets jonchées de déchets.

Pas de camping en vue, donc je m’oriente plutôt vers Le bivouac mais à une condition, qu’il soit à l’abri du vent. Je m’imagine parti dans une nouvelle galère quand j’aperçois une cabane dans un bosquet sur le côté droit de la route. Il n’y a pas l’air d’avoir âme qui vive. Je frappe à la porte pour m’en assurer. C’est ouvert et la cabane a l’air de ne pas avoir été occupée depuis un certain temps, malgré la vaisselle en porcelaine propre (si l’on ne prend pas en compte les crottes de souris) et la déco sommaire. Donc je vais faire quelque chose que je n’ai jamais fait: je squatte. Pas besoin de monter la tente. Il n’y a pas d’eau, donc la douche, ca n’est pas pour ce soir.

Voici mon squat de ce soir .

Pour finir, quelques mots sur les champignons, puisque j’en ai trouvé à côté de la cabane.

Ça se mange certainement. 

Je ne sais pas si ce sont des cèpes, en tous les cas, c’est de la famille des bolets. J’en ai vu souvent sans les avoir cherchés. J’aurais donc pu en récolter des kilos. Je n’en ai mangé aucun, d’une part parce que j’aurais bien aimé avoir un avis local, d’autre part parce que je n’ai pas les casseroles appropriées pour les cuisiner (ça, c’est un peu bidon comme excuse). Moralité, je n’ai jamais gracié autant de champignons.

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Publié le 25 août 2024

Ce matin, je me suis levé tôt, j’ai complètement rangé la cabane, fait le ménage et trié les crottes de souris… J’blague bien sûr! En tous les cas aucune vermine n’est venue grignoter mes vivres cette nuit… c’est sans doute mon odeur de chacal (chacal / souris… vous l’avez?) qui les en a dissuadé. Aujourd’hui devait être une journée venteuse. Elle l’a été. Mais le vent n’était pas là où je l’attendais. Il est blagueur ce zef. Donc les 20km depuis ma cabane jusqu’au village d’Olderfjord ont été vite pédalés, alors que je m’attendais à avoir le vent de face. Il a tendance à suivre les vallées ce vent… Dans cette première partie du trajet, une forêt clairsemée de bouleaux nains conférait au paysage un aspect austère et désolé.

Seuls quelques ruisseaux et lacs agrémentent ce paysage austère. 

A Olderfjord, je me suis arrêté dans un café / restaurant pour boire coca, café et manger une pâtisserie que je sais plus comment elle s’appelle (c’était une pâte feuilletée circulaire avec de la crème pâtissière au milieu). J’ai discuté longuement avec un couple d’américains qui voyagent à travers l’Europe à moto. C’étaient de gentils américains puisqu’ils venaient du Colorado, qu’ils savaient où était l’Europe et surtout qu’ils soutenaient Kamala Harris. Jusque là, rien d’original. Par contre, ce qui l’est, c’est qu’il ont envoyé leur moto en fret et qu’ils reviennent tous les 6 mois par avion en laissant leur moto en en Europe. Elle stockée dans des lieux prévus à cet effet. Il en existe en Roumanie, Bulgarie, Allemagne… pour la France, ils ne savaient pas.

Après ces petites gourmandises (avec 4 heures de sport quotidiennes au minimum, je peux tout me permettre, ou presque), je reprends la route et cette fois, au lieu d’avoir affaire à un vent amical, je dois me battre contre les éléments.

Côté paysage, cela ressemble beaucoup à la section d’avant. J’ai eu la joie de retrouver l’E6, avec ses grandes courbes, ses grandes lignes droites et ses côtes qui présentent de multiples replats et qui, en conséquence n’en finissent pas de monter.

Les belles lignes droites de l’E6. 

Par contre, détail appréciable: il y a beaucoup moins de trafic, fin des vacances oblige.

Hammerfest 54km.

Le panneau indique: Hammerfest 54km. Si je tiens compte de ma feuille de route, Hammerfest est la fin de mon périple à vélo. Selon mon planning, je devais atteindre Hammerfest le 7 septembre. Donc en fait, j’ai 13 jours pour parcourir les 54km qu’il me reste!

En shuntant ce fameux tunnel sous-marin par l’intermédiaire de l’express côtier, j’ai aussi économisé pas mal de kilomètres vélocipèdiques. Et puis je n’ai pas souvent pris le jour de repos hebdomadaire initialement prévu. Donc, dans un premier temps, je vais avancer de deux jours mon départ d’Hammerfest. Cela me laissera plus de temps pour emballer mon vélo à Tromsø. Puis j’ai repéré une île où il y a moyen de randonner.

Ce soir, j’ai trouvé un camping sympa quelques kilomètres avant Oldernes. La propriétaire encourage ses clients à monter voir les cascades à 10 minutes au dessus du camping et aussi à se baigner dans la vasque au pied de la deuxième. La température de l’eau se situerait entre 15 et 20deg C.

Elles sont pas belles ces cascades !

Par contre, je vous garantis que la température de l’eau est largement en deçà de 15deg.

Glagla.
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Publié le 26 août 2024

La nuit dernière a été courte! 22h00 - 9h00! Ça faisait longtemps que je n’avais pas dormi comme ça. Donc, avec une telle heure de lever, je ne suis pas parti avant 11h30. Mais que m’importe. J’ai tout mon temps.

Il était cool ce camping avec ses petites cascades à dix minutes de la tente. 

Je suis allé me documenter sur l’île de Seiland où le voulais aller randonner. Très peu de villages, donc de commerces et dans le parc naturel, aucun refuge et aucun sentier tracé: randonnée réservée aux montagnards avertis (en vaut deux!) qu’ils disent sur le site internet. De plus, je n’ai pas de sac à dos, le seul sac que j’ai est un sac de courses vert en matière synthétique de l’enseigne Kiwi (un Lidl local). Donc j’hésite, d’autant plus qu’il y a l’incertitude météo. Bon allez, enfin je me décide à y aller au moins pour une nuit. On verra bien.

Après 20km à galérer contre le vent qui forcit de jours en jours, j’arrive dans le village de Kvalsund ou se trouve la seule supérette à 30km à la ronde. Ravitaillement donc. Ah oui, il y a aussi un beau pont suspendu qui permet de connecter au continent l’île où se situe Hammerfest.

Vous le voyez le pont?

Ah oui, j’oubliais, à l’entrée de Kvalsund, je tombe sur une harde d’une dizaine de rennes broutant en plein village. Je commence à comprendre pourquoi il a des clôtures autour de certaines propriétés alors que ce n’est pas vraiment dans les habitudes locales.

Le renne est le sanglier local. Bon, il fait quand même moins de dégât.

Revenons donc à mes courses. Il est 14h00, heure idéale pour déjeuner. Pour une fois, je m’octroie un casse-croûte hyper-proteiné: saumon fumé accompagné d’une espèce de salade à la crevette avec beaucoup de crème, quelques légumes et je ne sais quoi, sans oublier ma bouteille de Coca de 50cc.

Me voilà repu et prêt à repartir. Je bourre les sacoches avants de victuailles et je pousse mon vélo afin de l’enfourcher. Pourquoi il n’avance pas ce vélo? M… le cadenas, j’ai oublié de virer le cadenas! D’habitude je n’attache pas le vélo, mais depuis qu’un Norvégien me l’a conseillé, je le fais quand j’y pense, mais je n’ai pas encore pris le pli.

Allez, je pars enfin. Très rapidement, j’entends un bruit suspect qui n’augure rien de bon. Je m’arrête et évalue la tension de chaque rayon de ma roue arrière et comme je le craignais, deux rayons étaient endommagés. Cadenas : 1 - rayons : 0. Naturellement, la roue est voilée, légèrement car elle ne touche pas les patins des freins (eh oui, j’ai un vieux vélo avec des freins à patins et non à disques et plaquettes. Il a plus de 30 ans mon vélo!). Cet incident a néanmoins un gros avantage: il clarifie nom programme des prochains jours. Je vais à Hammerfest faire réparer ma roue.

Maintenant la question est de savoir si ma roue va tenir 30km de plus avec le chargement conséquent qui la sollicite à chaque irrégularité du bitume. A ce moment de la journée, j’avoue que je ne me concentre plus trop sur les paysages mais que je jette plutôt très régulièrement un œil sous ma selle pour évaluer une aggravation éventuelle des dégâts. Elle a l’air de tenir le coup cette bonne vieille roue. C’est quand même solide les vieux biclous!

Advienne que pourra, je regarde à nouveau les paysages. Une des grandes spécificités des voies de communication norvégiennes, ce sont les tunnels. Il y en a plus de 1000 (je crois que je l’ai déjà dit mais tant pis). De nouveaux sont percés tous les ans. Il faut dire que pendant l’hiver, les énormes quantités de neige soufflées par le vent génèrent des conditions idéales pour les avalanches. En général, l’ancienne route est toujours ouverte, même entretenue et sert d’itinéraire bis pour piétons et cyclistes. Jouissance extrême: on peut slalomer entre les cailloux au milieu de la route.

Une route sans voiture, rien que pour moi! 

Après avoir contourné l’île par le sud, je chemine à nouveau avec un bon vent dans le dos. Mon regard peut alors s’attarder sur les multiples hardes de rennes qui paissent tranquillement au bord de la route. Blasé, je ne m’arrête même plus pour les photographier. Par contre, il y a vraiment de plus en plus de clôtures autour des propriétés! Peu avant Hammerfest, il y a beaucoup de travaux sur la route en vue de son élargissement, induisant des circulations alternées, des bosses et de nombreux nids de poule. Ma roue tient le coup.

Enfin, Hammerfest (où j’identifie des supply boats -bateaux ravitailleurs de plate-forme pétrolières-), le camping, la réception. Derrière le comptoir, une femme, je pose une question, elle me demande d’attendre son mari, le monsieur apparaît et elle se met à parler français avec un accent norvégien.

“ Vous êtes français “ dis-je au monsieur. Passé l’effet de surprise, la conversation s’engage. Se sont rencontrés il a 40 ans en France en faisant du parachutisme. Lui, nombreux voyages, journaliste, télé, radio, presse écrite, correspondant de guerre… Ils sont installés à Hammerfest depuis 20 ans. Il m’accompagne à mon emplacement et me lance: “ça fait du bien de parler français!”

Programme de demain: faire réparer la roue. Programme des jours suivants…

Il y a des îles à visiter. 

Mardi 27 août

Belle lumière ce matin vue du camping, presque depuis ma tente.

Cool la vue sur ce lac et ces maisons multicolores. 

Par contre l’accalmie ne va pas durer.

Pluie mais surtout rafales à 80km/h. 

Je ne sais pas pourquoi mais la propriétaire du camping me propose d’intégrer une hytte (cabin en norvégien) pour le prix de l’emplacement d’une tente. Tant mieux! Je démonte donc tout en vitesse et jette mon barda en vrac dans le chalet. Pour le rangement, on verra plus tard. Ma priorité est de faire réparer ma roue. J’ai repéré en arrivant à Hammerfest un magasin de sport en haut d’une bonne vieille côte bien raide d’un kilomètre de long… pas le choix, je pique une suée. Peine perdue, ils ne vendent pas de vélos donc ne les réparent pas non plus. Toutefois, la vendeuse m’indique un autre magasin dans le centre commercial du centre ville qui effectuerait les réparations. Demi tour, recherche dudit magasin, demande de renseignements . Ok, ils réparent, mais le réparateur travaille de 16h00 à 18h00 et est surchargé de travail! Bon, ben, je vais négocier. On serait en Afrique, un billet suffirait!

Quitte à être au centre ville, je fais la tournée des coiffeurs pour me délester de ma tête de terroriste kamikaze.

C’est mieux comme ça, surtout pour 50€ la coupe!

En attendant l’heure de mon rendez vous, je fais quelques photos sur le port et je mange une pâtisserie.

Une petite partie du port d’Hammerfest. 

Je retrouve ma chère hytte bien douillette et chauffée, prends un casse croûte et attends patiemment 16h00 pour aller aborder ce réparateur. Dehors, il vente, il pleut averse et ça ne me donne pas très envie de parcourir les 3km jusqu’au centre commercial. Mais quand il faut y aller… j’arrive trempé au magasin Sport 1 mais le gars qui répare les vélos n’est pas encore là. Son jeune collègue qui m’a pris en charge me dit qu’il travaille dur à l’usine. Donc j’en conclus que c’est son deuxième job. Ben en attendant, je vais boire un expresso (très bon d’ailleurs) que j’accompagne d’une pâtisserie. Je vous le redis, je peux tout me permettre! 16h30, le type n’est pas là, il prend un lunch (dixit). Je suis très loin de m’énerver. M’en fous, j’ai tout mon temps. Je m’assieds au rayon chaussures dans le magasin et patiente tranquillement quand je vois passer le gars un rayon (de mon vélo) à la main. Formules de politesse. « The stroke is broken » … « yes I know »… quelle perspicacité. Le réparateur file dans son atelier vérifier s’il a la bonne longueur de rayon… et bien non. Ce n’est pas très étonnant car les VTT d’aujourd’hui ont plutôt des roues en 27.5 voire 29 pouces et non 26 comme mon vieux destrier. Il me conseille d’aller voir chez Intersport à quelques centaines de mètres. Et là, oh miracle, il disposent de la bonne longueur de rayon. Malheureusement le réparateur doit partir plus tôt pour faire ses courses. « Amenez-moi la roue demain et démontez pneu et chambre à air, ça vous coûtera moins cher ». De retour au camping, je m’exécute.

Je vais discuter avec la propriétaire. Là je tombe sur un français, pardon, un basco-béarnais. Nous discutons tous trois en français (je ne parle pas basque et lui non plus d’ailleurs) et j’apprends qu’il connaît mon voisin Gérard l’horloger, à qui il a confié … une horloge à réparer. Le monde est petit! Le basco machin s’en va et je peux enfin demander la chose pour laquelle je suis venu: un coca.

« - Il n’en reste six, je vous l’offre, ça m’évitera de les ramener à la maison.

- Les glaces, c’est pareil, ça doit être difficile à transporter. Je tente, n’imaginez tout de même pas que c’est une tentative de manipulation.

- Il ne m’en reste presque plus, si vous en voulez une, je vous la donne.

- Vous allez couler la boutique!

- Non on a fait une excellente saison.»

Et de m’offrir une nuit supplémentaire dans la hytte.

Et pendant ce temps là…

Dans le camping, ils sont aussi chez eux! 

Mercredi 28 août

J’ai enfin porté ma roue à réparer. J’espère la récupérer cet après midi vers 16h00. En attendant, j’ai fait quelques courses mais je suis toujours aussi embarrassé pour organiser le reste de mon séjour. Rester à Hammerfest au camping dans cette hytte jusqu’au 7 septembre me coutera une blinde d’autant plus qu’il n’y a pas grand chose à voir ici. Peut-être se rendre aux îles Seland ou Sørøya où la seule possibilité est la randonnée à pied. Donc je traîne un peu sur les quais d’embarquement pour les îles. Repérer la destination des bateaux et l’organisation du quai sont des points assez obscurs. Je questionne un passager norvégien qui vient de débarquer: il confirme. En attendant, je suis surpris de constater qu’ici, le déchargement des véhicules se fait à la grue. Là, la notion de « safety first » est limite!

Le gars est sous la charge, sans gants, casque et chaussures de sécurité. Bien sûr, élingues non contrôlées.

J’ai récupéré ma jante regarnie d’un rayon neuf, réparation facturée 250NOK la bonne surprise ! Donc je peux repartir dès que le temps s’y prêtera. Malgré quelques éclaircies, c’est toujours la pluie qui prédomine.

Une éclaircie entre deux averses génère souvent de belles couleurs.

Il y a un membre Warmshowers (communauté cyclos pour être hébergé et héberger gracieusement) à Hammerfest. Je lui ai envoyé un message ce matin pour que l’on prenne un café ensemble. Pas encore de réponse.

Demain le temps annoncé est encore pluvieux. Il y aura peut-être une fenêtre sans pluie pour une rando l’après-midi. On verra. Le vrai beau temps devrait revenir pour trois jours à partir du 1er septembre.

Jeudi 29 août

Je profite de ces journées sans impératifs pour me lever tard. 10h30 ce matin. Après un copieux brunch, le soleil m’invite à aller randonner. Tout est à portée de pas autour de moi. Je choisis donc d’aller au relais du mont Tyven qui surplombe la ville à 418m. Mon journaliste / correspondant de guerre m’a dit qu’il y avait une belle vue et des escaliers (300 marches) qu’on appelle le chemin des sherpas. Bizarre, mais je ne vais pas tarder à comprendre.

Le chemin des sherpas, escaliers en pierres monumentales.

Lors de la montée, j’aperçois des hommes en gilets jaunes. Pas de rond point à l’horizon, donc ce doit être des travailleurs. J’arrive à leur hauteur. Leur teint basané et leurs yeux bridés me poussent à penser qu’ils ne sont objectivement pas norvégiens. J’entame la conversation et j’apprends qu’il sont népalais, sherpas dans la vraie vie et qu’ils sont venus cinq mois en Norvège pour pour construire des escaliers dans la montagne. Les pierres à placer pèsent entre 700 et 1000kg! Elles sont positionnées précisément grâce à l’hélicoptère. Eux, ils creusent les emplacements et retaillent les marches. Et voilà le mystère des chemins des sherpas élucidé.

Des Sherpas népalais en Norvège pour construire des escaliers dans la montagne!

Au sommet, la vue à 360deg est époustouflante, mais ce n’est pas le plus surprenant. À côté du relais, il y a une cabane en bois que j’imagine être un refuge non gardé. Tout faux.

Cabane au sommet du mont Tyven 

Y dormir est interdit. Il s’agit en fait d’un observatoire design grand confort avec une grande baie vitrée, du mobilier en bois massif, des revues et même un poêle et du bois de chauffage à disposition. Le tout est nickel. Aucun vandale n’est passé par là. Comme d’habitude, quelques objets perdus y ont été déposés. Je ne sais même pas si quelqu’un osera les prendre si les propriétaires ne viennent pas les récupérer. Il vont y rester des mois!

Bien sûr, le panorama récompense les efforts de l’ascension.

Vue depuis le mont Tyven 

Une petite partie de la ville d’Hammerfest (10000 habitants) apparaît, la majeure partie est invisible car située au pied d’une falaise. La ville vit principalement de l’activité gazière engendrée par la production du méga-champ de Snøvit, opéré par Equinor, la compagnie nationale norvégienne. Sur une île se trouve une usine de liquéfaction et le gaz liquide est ensuite exporté par méthanier. L’industrie de la pêche ou de fermes à saumons est anecdotique. Hammerfest n’existerait plus sans l’activité pétrolière.

Avant d’arriver au point de départ de la rando se trouve une autre cabane.

Une autre cabane…

Mais celle-ci est à portée de foulée de fainéants, sans être vandalisée, l’intérieur est rempli de boîtes de bière, de bouteilles d’alcool fort, le poêle a été transformé en poubelle et en incinérateur et du feu a été allumé en dehors du poêle.

Bref, il y a les mêmes partout, il n’y a peut être que la concentration qui varie.

Sinon, mon plan pour les prochains jours se précise. Je partirai demain ou après demain en prenant le ferry pour Alta, puis je parcourrai à vélo les 300km qui séparent Alta de Tromsø. Cela devrait me faire arriver à Tromsø autour du 5 ou 6 septembre.

Vendredi 30 août

Aujourd’hui, comme prévu, il a plu toute la journée.

Pluie et ciel bas.

Cette journée pluvieuse est donc le moment rêvé pour caler mon retour en France. Il faut que j’anticipe: carton pour emballer mon vélo, horaires pour le ferry, hôte Warmshowers à Tromsø, formalités bagage hors format avec KLM. Vu le bordel que ça a été à l’aller, c’est pas gagné!

  • ferry: demain, nous sommes samedi! Merde. Pas de ferry en direction d’Alta à 16h20 mais un seul bus à 9h20. Je prendrai le bus!
  • Carton: j’ai appelé 3 magasins de sport à Tromsø. Deux n’ont pas de cartons, le troisième en avait mais tous réservés (beaucoup de cyclistes!). Je dois le rappeler plus tard.
  • Hôte Warmshowers : contacté deux sur six, non disponibles. Parmi les autres il y a une jeune femme végane assez radicale et un autre (français d’ailleurs) dont la présentation laisse entrevoir une psychorigidité certaine. Je ne préfère pas tenter.
  • KLM: leur site internet, c’est toujours aussi obscur pour déclarer un vélo en bagage accompagné!
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Ça y est, ce matin je quitte Hammerfest à bord du bus numéro 100 qui dessert Alta. En attendant ce dernier, je profite une dernière fois de la lumière de l’endroit.

Toujours le contraste des couleurs complémentaires.

Fait assez étonnant, le bus, qui assure une ligne régulière, s’arrête n’importe où à la demande pour embarquer ou déposer des voyageurs.

Pendant le trajet, je suis surpris de voir par endroits de très importantes quantités d’arbres morts, principalement des bouleaux. Localement, on observe 90% de troncs séchés. Recherche rapide sur internet: il semblerait que ce soit un champignon qui attaque les arbres jusqu’à les faire mourir.

Une autre chose a retenu mon attention lors du trajet: nous avons longé pendant plusieurs kilomètres un immense parc à rennes. Des dizaines de hardes paissaient tranquillement. Sans doute s’agit-il d’une zone de regroupement avant la migration vers nord.

Je suis arrivé à Alta vers midi. Initialement, avec mon plan bateau, je devais arriver vers 18h30 et donc trouver un camping sur place. Ayant l’après midi devant moi, je décide de reprendre mon cheminement vélocipèdique. Monsieur zef, de face, avait décidé de me compliquer la tâche. Le temps était nuageux, ce qui permettait de temps à autre d’observer de magnifiques jeux de lumière.

Jeux de lumières de l’après midi 

Consultation de Google: pas de camping à l’horizon. Ce soir ce sera bivouac. Pour une fois, je trouve un coin sympa, herbu, situé à une distance raisonnable de la route et juste au bord d’un torrent. Eau potable et bac à vaisselle assurés. Les nuages s’accumulent dans le ciel mais le soleil réussit encore quelques percées.

Lumières du soir: le doigt de Thor.
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Publié le 1er septembre 2024

Ce matin, à 8h45, le campement était démonté et j’étais sur la route. Monsieur zef, lui aussi était déjà levé et soufflait en rafales à 30km/h. Je devrai lutter contre lui à armes inégales toute la journée.

Tromsø, ma destination finale.

Tromsø, deux kilométrages au choix. 100km de plus en empruntant les grands axes E6 et E8. 205km avec des ferries et des routes secondaires. A votre avis quelle sera mon option?

Les rennes et les élans viennent de la droite uniquement. 

Grâce au vent, ma vitesse moyenne, arrêts compris, doit osciller entre 10 et 12km/h. M’en fous, j’ai tout mon temps, y compris celui de penser à des conneries, telles que: les deux panneaux signalent que les rennes et les élans viennent de la droite uniquement… désolé, on s’occupe comme on peut. C’est pas plus mal que de se rabâcher «La pêche aux moules-moules-moules… » ou autres chansons à la con en boucle.

J’ai parcouru 50 et quelques kilomètres depuis ce matin. J’en ai ma claque, d’autant plus que le prochain camping se situe à 30km de là. Le vent a eu raison de mes muscles et de ma détermination.

Je me console avec les paysages et les lumières.

Vue sur le fjord de Kvænangen. 
Jeux de lumières sur les montagnes.

Les campings commencent sérieusement a être désertés par les touristes étrangers et les Norvégiens qui y ont leur caravane de vacances. Cet après midi, quatre couples au moins vidaient leur roulotte avant, sans doute, de la laisser en hivernage. Je vais pouvoir ronfler tranquille sans déranger les voisins!

Les campings sont de plus en plus déserts.
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Publié le 2 septembre 2024

Ce matin au camping, il est 9h00 quand je me réveille. Évidemment, quand tu te réveilles une première fois à 3h00, puis que tu penses te retourner toutes les 5 minutes alors que tu t’es rendormi entre temps, ça prolonge un peu la « nuit ». Petit dej., rangement de campement, départ 11h00. Belle vue.

Vue du camping  de Sekkemo.

Encore une fois, quand il n’est pas réorienté par un fjord, cette saleté de vent est contre moi. D’après la météo, il est sensé souffler à 15km/h avec des rafales à 35. Moi, j’ai plutôt l’impression qu’il souffle à 35km/h avec de courtes baisses d’intensité à 15. Aujourd’hui, cette journée venteuse tombe mal car pour éviter un tunnel, je vais devoir franchir un petit col. L’avantage de s’élever un peu, c’est de bénéficier de points de vue sympas.

Vues sur le fjord Kvænangen en montant au col.
Certains laissent une trace de leur passage au panorama.

Je crois que je n’en ai jamais autant bavé dans une côte: vent plus poids égal Bérézina ! Pour arriver à une modeste altitude de…

Tout cet effort pour finalement atteindre la prodigieuse altitude de 401m. 

Enfin, ça c’est fait. C’était la seule difficulté de ma journée, hormis le vent bien sûr. En fait pas tout à fait… après deux jours sans ravitaillement, j’espérais bien trouver un supermarché le long du trajet: et bien, rien sur près de 60km, pas même une station service où acheter deux encas. Par contre, quatre campings sur l’étape: on ne peut pas tout avoir!

Ce col et ce fichu vent ont sérieusement altéré mes capacités musculaires et ma détermination. Dix kilomètres avant la fin de mon étape, je commence à fantasmer pour une glace et un coca! Me ruer sur ces deux sucreries a ete la première chose que j’ai faite en arrivant. Au moins, ces deux choses excellentes pour la santé m’ont permis de remettre du carburant dans la machine. Le point de chute de ce soir est idéalement situé au bord du fjord.

Camping au bord du fjord. On dirait qu’il y a un peu de vent.

Comme dirait Mathieu, ça commence à sentir l’écurie. Il me reste 150km à parcourir jusqu’à Tromsø et seulement deux jours sans pluie, et avec un bon vent de face. Malgré tout, je pense arriver à ma destination finale le 5 septembre en fin de journée. Mais le périple sera vraiment fini quand j’aurai pu emballer mon vélo et l’enregistrer sur mon vol KLM. Souvenez-vous, à l’aller cela a été un sacré bazar.

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Publié le 3 septembre 2024

Beau temps prévu aujourd’hui… mais du vent, avec des côtes. Je fais un ravitaillement conséquent qui a pour effet de rajouter instantanément 4kg de charge sur le vélo. Je n’avais pas le choix, je n’avais plus rien à manger!

Alourdi de quelques pâtes, musli, fruits et légumes, je me lance à l’assaut du vent de face. Sur le plat en début de journée ça va à peu près. Je profite encore des jeux de lumière.

Jeux de lumière sur un port de plaisance . 

Un tunnel va venir corser les choses. Un tunnel interdit aux vélos et qu’il va falloir donc contourner en passant par un col. Un col, on prend de l’altitude, c’est bien pour la vue.

Toujours une des multiples ramifications du fjord de Kvænangen.

La pente de la côte augmente, le vent forcit et je commence à penser que cette journée sera encore plus harassante que celle d’hier. J’arrive au col à bout de forces et je découvre avec stupeur un panneau “sans issue“.

Ils n’auraient quand même pas osé faire ça? Laisser monter un vélo pour finir dans un cul de sac!

Un glissement de terrain, un écroulement, la route emportée… ça aurait été signalé quand même! Passé, le moment de doute, je m’engage… inch Allah. En fait aucun obstacle, pas compris, juste eu peur d’avoir à redescendre!

Bientôt, je rejoins le trajet emprunté à l’aller entre Ravelseidet et Olderdalen, mais je le parcours en sens inverse. Je longe à nouveau le fjord Lyngen et ses Alpes du même nom.

Il y a des vagues car il y a du vent. Les Alpes de Lyngen et leurs glaciers .

Sur les derniers 20km, le vent a encore forci et m’a vraiment pourri la vie. Pleine face, jamais abrité ni par des arbres ni par un relief.

Cette saleté de vent à la noix, je l’avais en pleine poire. D’aucuns diront que c’est bien fait pour ma pomme. A force de pédaler pour des prunes, je n’avais plus la pêche, ni la banane! Et pourtant mon effort valait son pesant de cacahouètes. Je n’étais pas à l’abri d’un pépin ni de tomber dans les pommes. Ma colère a viré à l’orange et par moments, je l’aurait bien calmé avec une grenade, ce fichu vent!

Voilà à quoi on peut penser quand on galère à 5km/h contre un vent de face.

Enfin, à force de ténacité et de jurons (ça défoule!), j’ai fini par arriver épuisé à Olderladen. 65km.

Jeux de lumière sur le Lynsen fjord.

Après une telle journée, j’avais décidé de ne pas monter la tente, d’autant plus que le vent n’avait pas faibli. Je me suis directement rendu au “camping”: 50m par 50m, 2 hyttes, 3 chambres individuelles et un dortoir à 100 NOK, la nuit. Prix défiant toute concurrence! Je n’ai pas voulu prendre le risque d’indisposer un hypothétique voyageur par mes ronflements et j’ai donc pris une chambre individuelle à 350NOK. C’est pas la ruine pour éviter de galérer à monter la tente avec le contrariant monsieur Zef.

Le propriétaire était super sympa et nous avons passé une bonne heure à discuter. Marié à une philippine, il m’a raconté le pays de sa femme, la corruption, les narco trafics, la beauté des paysage…. Nous avons parlé de ses différents emplois, de pêcheur à prof, de ses 63 ans, de son camping et de la pension plancher qu’il aurait le jour de sa retraite à 67 ans. Nous avons aussi évoqué la politique, l’économie, l’écologie, les modes de vie résiliants… Belle rencontre.

Au milieu de mon dîner, je suis sorti comme un diable de sa boîte et me suis précipité sur le quai. Il fallait absolument capter ce moment.

Magnifique coucher de soleil sur le fjord Lyngen.

Côté logistique, toujours pas d’emballage en vue pour le biclou . J’ai commencé à galérer avec KLM pour préenregistrer mon vélo. Leur site internet est pourri. Sur la page bagage, on nous propose vélo, cliquer nous fait passer à la page suivante où il faut saisir le numéro de dossier et son nom, bref c’est Ok… page suivante: trajet complet, numéros de vols, horaires, pub pour des locations de voiture, des hôtels (RAB ou RAF au choix)… et aucun bouton pour enregistrer ce fichu vélo… support WhatsApp KLM, où l’on a affaire à une IA, qui ne répond pas aux questions. Enfin on échange avec un humain qui vous dit: “votre premier vol est opéré par Widerøe, il faut enregistrer votre vélo avec eux”. Rien que de l’écrire, ça m’énerve!

Côté météo, je devrais passer au travers des gouttes pour les deux jours à venir mais le vent sera toujours mon fidèle ennemi. Il me reste 70km à pédaler pour atteindre Tromsø où ce sera le début de la fin de l’aventure.

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Publié le 4 septembre 2024

Ce matin encore une superbe lumière sur les Alpes de Lyngen.

Alpes de Lyngen

Je suis préoccupé par l’enregistrement de mon vélo et le fait de trouver un carton. Je gâche ma traversée du fjord de Lyngen en ferry à essayer d’appeler la compagnie aérienne et les magasins de vélos, sans succès pour ces derniers. Quant à la compagnie, comme je m’y attendais, je m’enlise dans le labyrinthe des chats et des boîtes vocales! Et quand j’ai enfin quelqu’un dont je ne comprends à peine le français parce qu’il s’agit d’un service client délocalisé au Maroc ou ailleurs, on m’explique au bout d’une conversation ubuesque que l’on ne peut rien pour moi! GRRRR! A 10!h00 je suis déjà épuisé.

Je suis allé sur le site de la compagnie Widerøe, en norvégien uniquement, pour entamer un chat, qui est automatiquement perdu si tu abandonnes le site! Booouuuh!

Bon, passons à autre chose.

Mon avant dernier ferry. 

Quand j’ai eu fini de m’énerver au téléphone et sur les sites internet, je décide de m’offrir mon Coca quotidien. Là, je retrouve la même employée thaï qu’à l’aller. Pour une fois que je reconnais quelqu’un! Elle me reconnaît immédiatement et nous engageons la conversation comme deux vieux amis.

A la descente du ferry à Lyngseidet, j’aborde en anglais un cyclo lourdement chargé. A son accent, je devine qu’il n’est pas Allemand. Gagné! Il est Français. Lui, c’est un vrai de vrai: camping sauvage, pêche, feu, objectif cap Nord depuis la France, destination finale Athènes. Six mois. Il n’est pas comme ces nantis qui alourdissent leur bilan carbone en prenant l’avion!

Je vais sur 20 km, traverser les Alpes de Lyngen. Thor a fendu ce massif de plus de 1000m d’altitude d’un seul coup de foudre!

Cette vallée est une entaille profonde dans les Alpes de Lyngen. Sur les flancs, des petits glaciers agonisants.

Sur les flancs de la vallée, j’aperçois quelques petits glaciers agonisants. Dans 5 à 10 ans, ils ne seront certainement plus là. RIP.

Cependant cette entaille dans le massif, me fait gagner 100km sur la route de Tromsø.

Par contre…

Vent frais vent du matin, vent qui me fait chier jusqu’à la fin, haine du vent qui souffle par beau temps…

J’arrive à Svensby, sur ce nouveau fjord que je sais pas comment il s’appelle. Je résous mon problème de carton après avoir rappelé le magasin de vélo (une mer douille - là, je laisse car le correcteur automatique a le sens de l’humour- en moins).

Au passage, encore de beaux paysages.

Discontinuité géologique et jolie maison. 

Sur la route vers ce nouveau fjord, je m’arrête devant la maison d’un sculpteur

Bon, c’est viking comme sculpture!

Le sculpteur qui était à sa fenêtre me fait de grands signes. Mon langage non verbal lui fait comprendre que je ne peux pas me permettre d’acheter une sculpture étant donné mon moyen de locomotion.

Je reprends donc ma route et me dirige vers mon dernier ferry. Là, je rencontre un cycliste autrichien, la cinquantaine, qui compte arriver à Tromsø le soir même. Après la traversée du fjord, je pars tranquillement devant lui alors qu’il fait quelques photos sur le port.

La nature est toujours aussi belle.

Les bouleaux jaunissent et les myrtilliers rougissent.
Une route enventée! Et enchantée.


Petit arrêt pour boire un coup. L’autrichien m’a rattrapé! De mon côté, je suis toujours à la recherche d’un camping à une trentaine de kilomètres avant Tromsø. Rien. Nous pédalons ensemble. Le gars est très bavard alors que moi, je ne le suis pas du tout! Finalement, nous avons discuté quasiment sans discontinuer pendant 40km et je me suis retrouvé à Tromsø à l’insu de mon plein gré. 70km dans la journée, c’était pas prévu.

Tromsø avec son pont qu’on ne voit pas très bien. 

J’appelle mon hôtesse AirBnB. Pas de souci pour une nuit supplémentaire, tu parles! Après moult détours entrecoupés de côtes à 20%, je finis par trouver la maison qui va m’accueillir pendant 6 jours.

15 chambres à louer, eux vivent au sous-sol. Un bon business quoi! Les proprios sont néanmoins sympas et nous disposons de la maison comme chez nous. Ma première auberge espagnole à 58 ans!

Là, je suis encore tombé sur une bavarde, c’est à croire que je les attire! Une américaine, la trentaine, biologiste, faisant une thèse sur les oiseaux tropicaux. J’ai dû passer deux fois mes nouilles au micro onde et j’ai mis deux heures pour les manger. Décidément, l’être humain est vraiment un animal social.


Jeudi 5 septembre

Aujourd’hui, j’ai franchi un cap. Dès le matin, je me suis rendu à l’aéroport en bus pour avoir des infos auprès de la compagnie Widerøe pour le transport de mon vélo. Une gentille hôtesse s’est décarcassée pour obtenir les procédures d’enregistrement anticipé. Peine perdue, elle n’a pas fait mieux que moi. Il faut peut-être attendre quelques jours, qu’elle a dit!

Chose amusante, le trajet en bus s’est fait pour moitié sous des tunnels. Il y a sous Tromsø un véritable réseau routier souterrain avec des bifurcations et des rond-points.

Le positif est que dans le centre commercial voisin de l’aéroport, il y avait un magasin de bricolage où j’ai pu trouver un rouleau de plastique bulles et trois rouleaux de scotch haute résistance. De plus, le carton réservé dans le magasin de sport était toujours là. Je vais pouvoir emballer mon vélo, ce qui me retire une sacrée épine du pied.

Le kit du parfait petit emballeur… de vélo!

Les jours qui viennent, je vais m’atteler a résoudre ce problème d’enregistrement pour ne pas me retrouver dans la même situation qu’à Toulouse. Et puis, je visiterai la ville et ferai au moins une rando.

Il y a notamment la montagne à droite à gravir.

Vendredi 6 septembre

Le réveil sonne, la lumière est belle. Je me précipite pour photographier le paysage: des maisons individuelles de toutes les couleurs, à flanc de colline, à 5 minutes du centre de Tromsø.

Le voisinage.

Brunch, discussion avec une allemande qui travaille 2 semaines au jardin botanique et qui va passer quelques jours à Svalbard (Spitberg). Il y a là-bas un conservatoire mondial de toutes les graines répertoriées sur la planète.

Enfin je m’attaque à la corvée: appeler l’assistance de Widerøe pour enregistrer ce fichu vélo, non, la fichue assistance de Widerøe pour enregistrer mon beau vélo. Je vous la fais courte: une demi heure au téléphone, deux interlocuteurs, on m’explique qui n’y a pas d’accord avec KLM… pas possible, enregistrement le matin même à l’aéroport, moyennant un tarif plus élevé. Un conseil: si un beau jour vous voulez voyager avec un vélo, prenez une seule compagnie aérienne.

Heureusement, je jardin botanique, gratuit et ouvert h24, me change les idées.

La flore arctique.
Le café.

Je voulais sélectionner des photos de fleurs mais elles sont toutes magnifiques et je me fiche de connaître leurs petits noms.

Contez fleurettes .

Déjeuner sur le pouce, puis petit tour en ville. A priori, il n’y a pas grand chose à voir. La rue commerçante principale est sympa. Elle comporte quelques recoins cosys mais surtout une pléthore de boutiques de souvenirs arctiques proposant des trolls en plastique, des mugs, des magnets, des porte-clés, des bois de rennes, des peaux de Rennes, des pulls, des gants, des… … j’ai rien acheté!

Le coin cosy de la rue.
C’est San Francisco ici! 
J’aime ces maisons. 

Un peu plus loin mon regard affûté s’est focalisé sur le rayon fromage d’un bar à vin avec un trois quart de meule de Morbiez! Là, impossible de ne pas rentrer! Roquefort, reblochon, Camembert, brie, Munster, tomme des Pyrénées… je rêve! Je vais voir les vins… Meursault et Savagnin! Bigre! Si ça se trouve, le propriétaire est jurassien!

Je ne m’attendais pas à trouver ça à Tromsø!

Comment calmer la salivation? Même après un café accompagné d’une pâtisserie. Tiens, un musée! Ce genre de chose m’attire comme un aimant.

C’est perspektivet qui m’a poussé à entrer, va savoir pourquoi.

Je rentre en pensant qu’il s’agissait de design. En fait oui et non. Au rez de chaussée, on y explique la construction par les finlandais de maisons en bois pour reloger des familles dans l’urgence dans les années 40 à 50, en Norvège, Colombie et Finlande. L’habitat est adapté à chaque pays, comme en atteste l’expo photos.

Cet habitat en bois, construit dans les années quarante est toujours debout et occupé.
En Colombie, il y a des persiennes pour une ventilation traversante. Lisez ce qui est écrit au dessus de la tête du gamin.

L’espoir fait vivre… l’espérance en fait!

La partie qui m’a le plus interpellé était l’exemple finlandais où il a fallu reloger 420000 personnes expulsées par la Russie après annexion de 10% de la Finlande en 1940. Je ne connaissais pas ce pan de l’histoire.

La frontière actuelle de la Finlande est toujours celle de 1940, où les Finlandais avaient perdu une partie de la Carélie.

Le deuxième étage du musée c’était consacré à l’écrivaine et peintre Sara Fabricius au pseudonyme de Cora Sandel.

Mobilier lui ayant appartenu.

Elle a vécu un moment en France, à Paris où elle fréquentait Colette et Françoise Sangan puis en Bretagne. Son roman le plus connu est Alberte et Jacob, qui flirte avec certains aspects cède ma vie personnelle. C’est très ému que j’ai quitté ce musée.

Samedi 7 septembre

J’vous fais pas un dessin… mais c’était prévu.

Pluie ce matin

Donc, l’activité du jour était aussi prévue!

C’était Tetris, plus précisément emballage du vélo et quelques autres bricoles.

Avant et après: petite cure d’amaigrissement du carton.

Le reste des bagages ira dans un sac type IKEA et un peu de stress perdurera jusqu’à ce que j’aie enregistré tout ça!

En attendant, ce soir, je me suis inscrit à une excursion pour aller observer des aurores boréales. C’est comme la pêche ou la cueillette des champignons: résultat non garanti!

Finalement la cueillette a été bonne.

Différentes aurores boréales dans la même soirée.

Ces photos sont magnifiques mais il faut être honnête, ce n’est pas ce que j’ai vu, pour la simple raison que l’appareil photo est beaucoup plus sensible que l’œil humain. Les firmes, oui, on les discerne mais au niveau des couleurs on est resté au niveau du vert clair. Le violet serait observable à l’œil nu avec une éruption solaire très intense.

En tous les cas, le guide a été bures bon pour nous trouver un coin de ciel dégagé au milieu de la couche nuageuse. De plus, l’observation n’était qu’une parte du programme. Il y avait ça aussi.

Des saucisses de renne au feu de bois et des discussions intéressantes avec italiens, allemands, brésilienne, lithuanien…

Dimanche 8 septembre

Les prévisions météo étaient assez optimistes pour ce dimanche, donc stratégiquement le programme était d’aller marcher pour monter sur l’un des nombreux sommets qui dominent la ville, en l’occurrence le Fløya-Loavgavárri (671m).

Marche d’approche: 3km…. du téléphérique! Faut pas abuser quand même!

Beau panorama depuis la gare supérieure du téléphérique. Tromsø se situe sur l’île.

Je suis quand même monté un peu plus haut à pied: 250m de dénivelé j’entends bien, pour une vue… sympathique.

L’île de Tromsø vue du sommet.

Et naturellement, qui dit nuages dit jeu de lumières.

Je ne m’en lasse pas. 

Au sommet, il souffle un vent à décorner les rennes. Vent tiède qui vient du sud. Il n’est donc pas très étonnant que la végétation soit rase: myrtillers et autres porte-baies mini arbustes…

La flore est rase, colorée et regorge de baies comestibles.

Les myrtillers, malgré le feuillage qui rougit, portent encore de nombreux fruits. Bien sûr,,en descendant, je ne résiste pas à l’envie d’en grappiller quelques uns. Alors que je me régale, je me sens venir un noeud à l’estomac. Je viens de réaliser que ce sont les dernières myrtilles que je mange en Norvège. Je me pensais à l’abri du coup de blues, c’est raté. Descente de moral… descente tout court, et cette à pied par les sherpa steps.

1203 marches… à descendre .