Explorer c'est génial mais pour ça, il nous faut une voiture. Certes, jusqu’à présent, nous avions notre fameuse K2000 mais nous louons ce bolide et comme a peu près tout en Californie, ça coûte les yeux de la tête. C'est "Insane" comme diraient les locaux! C'est alors que beaucoup de questions se posent : devons nous acheter ? Louer ? Quel modèle ? Le simple fait de penser a ces questions me fatigue déjà. Apres de nombreuses discussions avec mes collègues, ces derniers me recommandent fortement de louer autrement dit faire un "lease". Leurs réponses a ma question "pourquoi est ce la meilleure solution?", seront vagues "euh b c'est bien, et tout le monde fait comme ça ici tu sais". Hum, hum...Et pourquoi c'est bien ? "euh et bien c'est pas mal et ça permet d'avoir une voiture neuve tout le temps". Voila un vrai argument, le seul d'ailleurs. J’exagère un peu dans le sens ou mes collègues sont légèrement plus loquasses et pertinents de façon générale mais pour les voitures leur raisonnement était de calquer sur ce que tout le monde fait, et moi j'ai tendance a me méfier de l'effet de masse et préfère aussi explorer le contre courant qui parfois cache de belles surprises. Je ne suis pas vraiment convaincu de la location, néanmoins, ne voulant négliger aucune piste, je décide de prendre mon vélo pour me rendre chez quelques concessionnaires.
Mon vélo mérite d'ailleurs une parenthèse. C'est le premier achat que j'ai fait ici en Californie pour plusieurs raisons : les pistes cyclables sont nombreuses, bien entretenues et très grandes, a l'image des US. Certaines frôlent la largeur des routes Françaises. De plus, en étudiant la route que je pourrai emprunter pour me rendre au bureau, je découvre avec joie qu'un chemin longe la baie et s’arrête a Foster City, juste devant le bureau! Ni une ni deux, je regarde en ligne quelques sites. Tiens donc, pourquoi l'acheter neuf ? Je jette donc un œil sur Craiglist, l’équivalent du bon coin et je trouve une pépite! Mon choix est fait, se sera un beau vélo noir, Trek, pour seulement 250$...Une excellente affaire ici. Ne connaissant pas bien la région, les quartiers privilégiés ou a éviter, je profite d'une discussion avec les parents de Grace, une amie d'Anna chez qui nous buvions le café, pour leur demander si le lieu ou je devais récupérer mon vélo était "safe". Leurs réponses semblaient mitigées...une petite hésitation. Mince alors, j’espère que je ne vais pas finir en petits morceaux pour un vélo. 20h, direction Treasure island pour récupérer mon vélo a bord de Kit et ses boomer qui crachent 2pac a plus s'entendre. Je me mets en condition. L’arrivée sur place confirme les hésitations exprimées quelques heures auparavant par les parents de Grace. L'endroit est peu éclairé pour ne pas dire noir, un lampadaire situé plus loin clignote de façon anarchique faisant penser a une scène de film d'horreur. Des chats miaulent et d'autres animaux se battent, surement des raton-laveurs. Je suis aux aguets, tous mes sens sont en alerte. Je décide de faire demi-tour et garer la voiture dans le sens du départ au cas ou je devrais partir précipitamment et j'attends...Un projeteur s'allume dans la cour a coté révélant, ainsi, le décor splendide de l'endroit se révèle : des piles de containers amassés dans une parcelle clôturée. Une porte en ferraille s'ouvre dans un grincement prolongée faisant fuir tous les animaux aux alentours. Un homme aux cheveux longs s'approche de moi, je sors de la voiture et le salue. Kirill, de son nom, est Biélorusse et ressemble a tout sauf un gangster. L'endroit est terriblement moche mais safe. Kirill me présente son atelier qui est entassé dans un des containers et les vélos a vendre dans un second. Une vraie caverne d’Ali baba avec des articles qui doivent valoir plusieurs 10n de milliers de $. Il ne faut pas se fier aux apparences car j'ai affaire un véritable pro des vélos, un passionné qui a préparé mon vélo avec grand soin. Il prend plaisir a m’énumérer l'ensemble des vérifications qu'il a opéré avant de vendre le vélo qui est reluisant, comme neuf. Je repars donc avec mon Trek dans le coffre sur un air de reggae, la musique étant souvent liée a notre état d'esprit.
Au moment ou je gare mon vélo devant le concessionnaire voiture Honda, le compteur affiche déjà 250 kms! Je rencontre Carlos, un des vendeurs qui m'accueille chaleureusement avec un café et m'invite a m’asseoir. La discussion est cordiale mais je me rend rapidement compte qu'elle dégénère et se transforme en discussion de comptoir ou j'ai l'impression d'avoir affaire avec un vendeur de tapis qui communique des 10n de prix différents. Je ressors d'ici avec les idées peu claires mais j'ai un avis sur le prix et les modèles que l'on pourrait prétendre. Depuis 2 semaines, je scrute les voitures autour de nous pour identifier les modèles qui nous plaisent enfin qui me plaisent car Cécile n'accorde pas ou peu d'importance aux voitures. Moi non plus mais il faut bien choisir! Le design des Kia me paraissaient bien aussi alors ni une ni deux je décide d'aller faire un tour dans la concession Kia. Accueil moins chaleureux cette fois. Nous avons plus de mal a nous comprendre avec le vendeur, non pas au cause de la langue mais bel et bien de la culture. En effet, il me demande quels sont mes besoins ? Je n'ai pas de réel besoin hormis le fait d'avoir une voiture et payer un prix raisonnable pour cela. C'est une réponse qu'il est difficile de comprendre aux US ou les vendeurs sont la pour répondre a des besoins. Nous voila bien avancés. Après une longue discussion, je suis face a des propositions diverses et variées ou je ne comprends pas toujours les nuances. Je suis plutôt silencieux mais je réfléchis. Le vendeur voit que la balance dans mon esprit penche dangereusement vers un manque d’intérêt. Il sort donc le grand jeu en me faisant une nouvelle proposition deux fois plus basse...cela ne fera qu'accentuer le doute qui naissait en moins quant a l’honnêteté de ce monsieur. Certains auraient certainement été réceptifs a cette offre généreuse, moi je me dis que la précédente offre était donc une arnaque sans nom. D'ailleurs, après avoir fait sa proposition, le vendeur était tellement nerveux qu'il a même failli casser son stylo a force de le tapoter nerveusement sur le bureau. Je ressors d'ici avec les idées limpides, merci monsieur, je ne louerai pas de voiture ici. Entre temps, je suis allé essayé une voiture Honda HRV pour analyser l'ensemble des possibilités mais la encore la conclusion sera la même. Suite a cela, pendant plusieurs semaines, je recevrai des appels, sms, whatsapp avec de nouvelles propositions financières valables quelques jours uniquement. C'est mal me connaitre, je ne prends quasiment aucune décision a la hâte, encore moins pour acheter une voiture chers camarades. La dévaluation des propositions est quand même anecdotique : nous sommes passés de 500$ / mois plus 9000$ d'apport avec un engagement de 3 ans, a 15 000$ pour 2 ans de location sans mensualité. En tout cas, si un jour nous décidons de louer une voiture, je sais comment faire pour diviser le prix par deux : attendre! C'est décidé, nous achèterons notre voiture! Nous cherchons, cherchons encore, sur internet le model idéal qui ne se présente pas vraiment. Et si nous reprenions la même que celle que nous avions en France ? Aller c'est partie. CarMax devient le site que je fréquente le plus et la, devant nous, se présente l'affaire du siècle, je pré-réserve la voiture dans l'enseigne CarMax de Fairfiled, situé a 1h de route. Let's go, notre voiture nous attend...pas encore tout a fait. Arrivés sur place, nous demandons a voir la voiture qui est comme neuve, un prix correct. On l'a prend! Great jusqu’à ce que la dame me demande si j'ai l'assurance de la voiture ? eh bien non comment pourrais-je ? Je ne savais pas encore si nous allions la prendre, pas de numéro de plaque a disposition. Un non sens. La dame est sympas, voit que je suis déçu, légèrement agacé donc elle demande a son manager qui est catégorique en voyant mon permis Français. Calmons nous...Moyennent une petite somme, nous décidons de faire rapatrier la voiture plus près de chez nous et la prendrons lorsque tout sera validé coté administratif.
Entre temps, je discute avec des collègues qui en connaissent un rayon sur les voitures et me conseillent d'aller a San-José dans la concession Mercedes. Je sais déjà que l’opération va prendre des heures alors, après avoir mangé un bon Ramen, Cécile part avec les enfants dans un parc et moi je m'en vais chez Mercedes....Sans les clés de la voiture que Cécile a garder par inadvertance dans son sac. Je ne sais pas comment cela est possible sur le plan technologique mais bref, je roule toujours avec, malgré tout, une petite goutte de sueur qui se forme sur mes tempes. J'arrive sur place, éteins la voiture en hésitant car après je ne pourrai plus redémarrer! Ici, rien a voir avec les précédentes expériences, on a affaire a des professionnels. Mon collègue Bassem, nous a mis en relation avec le vendeur Tony qui lorsqu'il me voit arriver, demande avec le sourire, aux personnes installées a son bureau d'aller voir une autre personne car "son client" est arrivé. Je me sens soudainement très important! Tony est sympas, professionnel et me présente quelques voitures dont une comme nous voulions, parfaite, encore mieux que celle que nous avions vu la semaine passée. Cécile et les enfants me rejoignent, en uber évidement, pour voir la voiture et la famille valide a l’unanimité! Ne nous précipitons pas, il y a encore beaucoup de démarches a suivre. Assurance, l'apport, l'ouverture d'un crédit etc...Le rendez dur pas loin de 3h, les kids qui jusqu’à présent étaient sages, commencent a prendre possession des lieux et retourne l'espace d'accueil et le coin café. Nous aurons ainsi un service personnalisé avec dégustations incluse de tout ce que les machines a café pouvaient proposer. Le rendez vous est long et ponctué de temps morts ou Tony doit faire des vérifications avec ses managers quant a notre dossier. Ainsi, nous discutons, il s'absente et revient...sans fin. Si long, qu'entre deux vérifications, Tony nous présente ses vins préférés cultivés a coté de Napa. Lunaire ce rendez-vous! Avant de repartir, nous devons fournir une empreinte bancaire qui ne fonctionnera pas...apparemment ce n'est pas grave. Si vous le dites. Pouvons nous repartir avec la voiture ? Ou la la non, pas de précipitation. Il faut d'abord avoir un retour de la banque etc...Nous repartons donc avec k2000 et une liste de pièces a fournir. lundi 10 mars, fin d’après-midi. Tout est millimétré. Je pars en mission, et je pèse mes mots. Première étape, récupérer le chèque a la banque pour l'apport, et oui nous n'avons pas d'autre option pour payer pour le moment, puis rental car pour rendre k2000, uber pour prendre le train direction San Jose, uber de nouveau et j'arrive chez Mercedes pour, cette fois, récupérer la voiture. Enfin j’espère...il est 18h, Tony précède a quelques vérifications et nous marchons jusqu’à d'autres bureaux ou sièges les managers. L'ambiance et tout sauf décontractée ici...et en tendant l'oreille, j'entends un des manager s’écrier que rien n'est prêt. Impossible, j'ai du mal comprendre! Comment est ce possible après tous ses échanges, ces allers-retours...Au vu du visage de Tony, je pense avoir bien compris. Nous retournons au bureau et la...les aller-retours recommencent. il est déjà 19h20 . Tony me propose d'aller voir la voiture qui est prête, je m'installe, découvre en détail toutes les options. Je suis content et connecte mon téléphone pour m'autoriser une petite musique qui me remonte le moral, j'ai bon espoir. 20h, Tony revient, pus souriant et nous retournons dans le bureau des "petits chefs". Ça y est, je peux signer! incroyable. Je signe peut-être 50 feuilles, je ne me souviens plus exactement mais ça a du prendre 15 mins uniquement pour signer. "Petit chef" me dit qu'il a une proposition a me faire. oh non ça recommence...J'ai tout sauf envie de négocier a ce moment la! 20h30. Je suis face a plusieurs documents qui sont des propositions financières pour assurer les éventuelles pannes de la voiture. C'est onéreux pour ne pas dire hors de prix. je lis, j'analyse et mon verdicts tombe : "Thank you but I am not interested". Un moment embarrassant, scabreux s'installe. "petit chef" ne comprend que l'on puisse dire non donc je répète la sentence. Sans dire un mot il m'imprime une seconde proposition a laquelle je réponds la même chose après avoir parcouru les documents. Il est agacé et ça se voit car la plus grosse partie du deal, bien camouflée en fin de parcours, vient de lui échapper et je l'ai compris au moment même il m'a dit qu'il avait un deal. Pour détendre atmosphère, je lui dit que je connais un très bon client a lui (mon collègue) qui achète souvent des voitures ici. Il vérifie dans sa base client et en voyant la collection de voitures de mon collègue possède, "petit chef" change d'attitude et décide contre toute attente de réduire les mensualités du crédit. Incroyable! Tout s’accélère, je signe un dernier document, sort et la voiture est prête, munit de ses plaques d’immatriculations, éclatante, garée devant le logo Mercedes imposant. Avant de quitter le parking, Tony me propose de me prendre en photo a coté de la voiture. Quel cliché mais je me prête au jeu et cette photo sera finalement un bon souvenir. 21h15, je démarre, direction Burlingame, ça y est nous avons notre voiture. Je suis sur l'autoroute, fatigué certes mais heureux comme un pape! C'est sur les notes de placebo que je crie a la victoire! En rentrant, Cécile est étonnée de me voir rentrer aussi tard. Je commence a lui raconter mais je ne sais pas par ou commencer mon histoire, j’abrège en disant que ça y est la voiture est la, garée bien au chaud dans notre parking. Cécile ne me croit pas et je la comprends!
Avoir la voiture c'est bien, avoir le droit de la conduire pour une durée illimitée est encore mieux et pour cela nous devons repasser le code et le permis de conduire. Cela permet également de réduire de façon considérable les coûts de l’assurance auto. 20 chapitres, 80 pages, voila a quoi ressemble le livret qu'il faut apprendre pour le code. Un chapitre par soir associé a quelques tests blancs en ligne feront l'affaire. Direction le department of motor vehicules ou DMV, un endroit emblématique que tout le monde rejette a l’unanimité. Prendre rendez-vous en ligne est un projet a part entière tant le site est complexe. Et malgré cela, en arrivant il faut faire la queue pour préciser de nouveau, le motif de notre venue. Je me soumets aux règles, je prends sagement le petit bout de papier sur lequel un numéro est griffonné. J'attends une heure, puis me dirige vers l'un des guichet. Je tente un "good afternoon, how are you?" On restera plutôt sur un simple "hello" en retour. Je passe un test visuel ou je dois lire 3 lettres qui font 20 cm...Peu objectif ce test mais la encore je fais bêtement ce que l'on me demande. On me donne encore des papiers, plein de petits bouts de papiers, ma pochette violette s’emplit au fur et a mesure que j'avance. J'aurais peut-être du en prendre plusieurs. Puis vient le stand photo ou tout le monde est sur son 31. Je comprendrai plus tard que cette photo sera sur mon permis et ID. Je ne sais pas comment me décrire sur cette photo tant je la trouve hideuse...Puis vient le moment de l'examen, le code. Debout devant un ordinateur des années 90, au milieu de a foule, dans un brouhaha sans nom ou il est difficile de son concentrer. je fais 2 fautes sur les 5 premières questions! Les deux personnes a cote de moi exprime un "no" très sonore et se prenne la tête entre les mains signifiant qu'ils avaient échoué. Le reste de l'examen se passera sans embûche et c'est avec 2 fautes que j’obtiens l'examen. Basique et simple mais je repars plutôt fier du majestueux DMV. Dernière étape, la conduire! Modeste, je décide de prendre une leçon de conduite pour avoir les basiques car les règles sont quand mêmes différentes et pas logiques pour certaines. Exemple : il faut s’arrêter suffisamment loin derrière la ligne du stop de façon a la voir une fois arrêté. Cela impose ensuite de s'avancer a tâtons pour voir si des voitures arrivent avant de traverser. Intérêt clairement limité. Mon moniteur est space et dans son monde. J'ai l'impression de ne pas savoir conduire tant il touche mon volant et me dit sans arrêt "left left" ou "right right". J'apprends quelques petits astuces mais rien de plus. L'avantage aux Etats-unis est que les parcours de l'examen de conduite sont disponibles en ligne et il est donc possible de faire un repérage en amont, chose que je fais évidement. Retour au DMV pour la conduite ou je suis accompagne de Dorenne qui sera ma garante possédant un permis américain, condition sinequanon pour obtenir le permis. Nous attendons 1h a l’intérieur puis 1h dans la voiture... L'examinatrice arrive. Avant de partir, elle vérifie que je sais comment mettre le clignotant, les phares et...comment indiquer a l'aide des bras notre intention de tourner ou freiner. Et oui ici, on peut utiliser son bras pour indiquer que l'on va tourner. La monitrice s'installe cote passager, dans ma propre voiture et c'est partie. Je suis confiant car ayant repère le trajet la veille, je connais tout par cœur. En revanche, je n'avais pas prévu les travaux qui vont modifier l’itinéraire. Mince! Cela n'aura pas d'impact sur le résultat final ' you did great" me dira l'examinatrice en guise de conclusion. Ça y est, nous pouvons reprendre notre aventure avec notre voiture cette fois!