Carnet de voyage

Aventures Nomades

26 étapes
62 commentaires
Aventures africaines en pick-up 4x4 avec cellule. Nous traverserons le Maroc, la Mauritanie, le Sénégal pour arriver en Guinée Conakry que nous ne connaissons pas.
Janvier 2017
12 semaines
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Tout d'abord, le véhicule : un pick-up Nissan Navarra équipé d'une cellule "Loge Mobile". Alain a percé un deuxième lanterneau au-dessus du lit pour l'aération. Il a ensuite monté des moustiquaires aux fenêtres et à la porte.

Carnet ATA : obligatoire pour le Sénégal. On l'obtient par internet auprès de la CCI de Toulouse.

Le visa mauritanien se fait à la frontière pour la modique somme de 120 € par personne pour une entrée. Si je compte bien : 480 € de visa pour traverser la Mauritanie, plus certainement quelques taxes !!!!

Pas de visa pour le Sénégal. Il a été supprimé voilà peu.

Le visa guinéen se prend à Dakar.

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Moulay Bousselam, la lagune.     (Maroc) 
Arrivée des pêcheurs à Nouakchott (Mauritanie) 
Premier baobab (Sénégal) 
Amicale visite au bivouac (Sénégal)
Au bord du Niger (Mali) 
J'adore cette photo prise à Djenné 
Au Pays Dogon (Mali) 
Site de Laongo (Burkina Faso) 
Parc de la Pendjari (Bénin) .  Les éléphants viennent de traverser la Pendjari qui marque la frontière avec le Burkina.
Tiébélé, petit royaume dans le Burkina. 
Burkina. Photo favorite également, très inspirante... 
Dans le delta du Sine Saloum (Sénégal) 
Lac Rose (nord Sénégal) Le dur travail du sel 
Remontée par la Mauritanie 
Maroc vers Tafraoute, la fraîcheur impose la toile bivouc 
Marrakech, place Jemaa el Fna. On allait boire un thé dans le bistrot que l'on voit  à gauche. Il a été le théâtre d'un attentat 1...
Merveilleux Maroc 
Petit ânon, la vie ne sera pas rose tous les jours .... 
Tanger Med , 4 mois plus tard .. 
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Maroc, Sahara occidental, Mauritanie, Sénégal, Guinée .

Tanger Med, Agadir, puis descente le long de la côte atlantique, traversée du Sahara occidental qui est source de conflit entre l'Algérie et le Maroc, chaque pays prônant la propriété de ce désert inhospitalier, encore miné, et enfin la frontière mauritanienne. Le no-man's Land qui sépare les 2 pays et qui était rock'n'roll avec piste cabossée et sableuse, bordée d'épaves, et où sévissaient quelques bandits, à été goudronné et nettoyé. Traversée de la république islamique et passage de la frontière au barrage de Diama toujours sur la côte atlantique. Et enfin le Sénégal et l'Afrique noire colorée et exubérante toujours dans l'excès, que nous aimons tant. Nous irons en Casamance (sud Sénégal) en évitant la Gambie, puis découverte de la Guinée.

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Tanger Med, passage de la douane à minuit et dodo à 1 h en face des banques . Nous sommes plusieurs à dormir sur place. Départ pour Agadir après le change. Autoroute jusqu'au bout, mais c'est long. La nuit nous attrape après Marrakech. Arrivée à Sidi Bibi à 20 h (sud Agadir). Nous étions attendus par Jean-Louis, Monique, Marie-Geneviève, Jacques et Dominique et nous nous attablons autour d'un bon couscous. Belle nuit étoilée et donc nuit fraiche.

Bonne fête à mon fils David et bisous fiston. Ce 29 décembre beau soleil. Camping fleuri. La douche bien chaude. Apéro dinatoire autour d'un crémant de Bourgogne. Rangement de la cellule.

On reprend la route demain matin

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Plus de neige dans l'Atlas que sur les Pyrénées 
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Elle a commencé fin décembre après notre départ d'El Ouatia (Tan-Tan plage) . La route étire son goudron en plus ou moins bon état, sur des centaines de kilomètres souvent rectilignes. Un brouillard de sable masque la plupart du temps l'horizon et un vent permanent rabat nos portières . Pour qu'il cesse, il faut attendre le coucher du soleil. Le réveillon de fin d'année s'est passé dans un camping aussi rude que le paysage alentours. Peu d'électricité, peu d'eau mais beaucoup de poubelles.... L'ambiance était d'autant plus chaleureuse ,,,,, le menu correct : poisson grillé frites, salade de fruits. Nous avions bien sûr amené l'alcool.

Tarfaya, Boujdour, Dakla et sa lagune, son camping à éviter. Encore quelque 300 km et la longue route désertique nous amène à la frontière avec la Mauritanie.

Là c'est une autre paire de manches .....

Poste  saharaoui .... Symbole d'une entente ?
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Après les multiples démarches frontalières, visa mauritanien à 120€/pers, change, sollicitations multiples, bivouac à 50km en terre mauritanienne, dans les poubelles puisqu'on ne peut pas y échapper.. le lendemain 400 km de désert jusqu'à Nouakchott. Camping "les Sultanes au bord de l'Atlantique. Bel endroit qui maintenant est assez déserté vu la baisse du tourisme dans cette partie de l'Afrique. Nous déjeunons sous la paillotte avec du capitaine (poisson) grillé, frites, légumes, excellent ! Et c'est le lendemain, après Keur Massène, que nous prenons sur la droite la piste qui nous amène au barrage de Diama par le parc du Diawling. Piste très dégradée avec tôle ondulée et énormes ornières. Le Diawling se mérite et nous avons payé le prix fort : les 1500 km de route saharienne !!!!

Là, la terre noyée émerge de temps en temps, elle sert de refuge à des millions d'oiseaux dont les vols assombrissent le ciel et l'eau. Les phacochères sont aussi légion et si on n'en voit pas beaucoup, ils laissent leurs empreintes dans la boue.... Le fleuve a eu raison du désert, et la vie aime ça.

Camping les Sultanes vers Nouakchott 

Nous sommes tous les quatre (Monique, Jean-Louis, Alain et moi), fatigués et nous nous installons pour un bivouac enfin digne de ce nom dans la savane, à une dizaine de km de la frontière sénégalaise. Température encore raisonnable de 32° le jour et 17° la nuit.

Les oiseaux bien plus nombreux que les hommes à pécher ! 
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Les frontières Mauritano-Sénégalaise, se résument : "bonjour ça va ?( 10€ police + 10€ douane ) X 2 . 10€ le parc + 10€ le pont sur le barrage + 40€ l'assurance (qu'on a déjà, mais c'est pas bon ..) "soit le bienvenu et bonne chance ".

Les 40 km de goudron qui nous séparent de St Louis sont ponctués de villages sales et encombrés dont chaque conducteur interprète le code de la route à sa manière...

Et enfin Saint-Louis, la ville bruyante, grouillante, colorée, et embouteillée. Le Havre de paix se trouve à quelques km et s'appelle Zébrabar. Encore un camping désert sur la langue de Barbarie, mais celui-là est propre !

Bivouac en savane mauritanienne 
Un  petit café ? 
L'océan est au-delà, en face. Sommes sur la Langue de Barbarie 
La colombe de la paix sur le Sénégal ... 
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Halte obligée à Dakar pour le carnet ATA et le visa Guinéen. On bivouaque non loin des douanes devant un petit marché, dans un environnement de fin de monde. Le lendemain plongée héroïque dans la circulation dakaroise, nous évitons mille accidents, chaque conducteur ayant son interprétation personnelle du code de la route, à la recherche de l'ambassade de Guinée qui avait déménagé .... Le soir, pour l'anniversaire de Monique, direction Rufisque, campement l'Oustal .... Champagne, Foie gras de Castelsarrasin, merci Jean-Louis !!!!! steak de zébu + frites. La dernière étape dakaroise sera pour l'ambassade de Guinée qui heureusement ! à fait nos visas en 24 h et non en 72 h comme annoncé (grace à JLA notre "public-relation"). Encore un peu de pollution maximum et route pour notre petit village situé 200 km à l'est , en plein sahel.

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Karkodji, petit village que nous avions découvert par hasard lors de notre périple 2011. Nous ne les avions jamais oubliés et je m'étais juré de revenir les voir. Ils est situé en plein sahel hors de tout circuit touristique, et l'accueil qui nous avait été réservé nous avait marqué à jamais. Pour y parvenir,traversée de Touba, ville sainte du mouridisme, une des branche de l'islam. L'opulente mosquée est en réfection. Quelques kilomètres, plus loin, piste à droite et le fourgon de nos amis s'ensable. On décide donc après avoir rejoint un terrain porteur, de bivouaquer sur place, il est déjà 18 h ! Un jeune, passant à pied par là et se dirigeant vers Karkodji, nous lui demandons de prévenir les instituteurs de notre bivouac et de notre arrivée le lendemain. À 19h, ayant attelé une carriole, nos instituteurs viennent nous souhaiter la bienvenue, l'émotion est immense, car ils pensaient ne jamais nous revoir.

Le lendemain , la sangle de traction ayant fait son travail, nous nous installons sous "notre arbre" qu'ils ont appelé "l'arbre du souvenir". Et puis congratulations, sourires, les enfants arrivent au triple galop, les hommes, les femmes... Difficile de décrire l'euphorie générale qui nous transporte... Je fais circuler l'album photo de l'époque qui connait un grand succès et que nous laissons au directeur de l'école. Vers 14h30 nous rentrons dans l'école. La cinquantaine d'enfants de 8-10 ans se lève pour nous saluer, l'instituteur nous présente, JLA fait son cours de "carie", ensuite nous chantons en tapant dans nos mains. Puis c'est une chanson de gestes 2 par deux et bien sûr nous y passons..

Ensuite classe des petits CE1 - CE2. Ils sont très intimidés et apprennent le français, mais nous chantons encore. Nous apportons les diverses fournitures que nous leur avions amenées et dont notre amie Annie à largement contribué : cahiers, stylos, ardoises, peintures, livres, jouets, plus quelques vêtements ..... Au retour sous notre arbre, nous étions épuisés et sommes restés en contenplation devant le coucher du soleil qui nous a fait le grand jeu. À 20 h re-visite du directeur et de l'instit mais nous sommes trop épuisés pour engager de grandes conversations.

Le lendemain réunion au sommet avec le chef du village et les professeurs. Ils espèrent un partenariat actif. Nous ferons tout ce qui est possible pour y arriver. Au revoir les amis, on a du mal à partir et ils ont du mal à voir nos véhicules s'éloigner. On reviendra ...Inchallah ...

La piste vers Karkodji 
Bivouac à 4 km du village 
À l'arrière plan, l'école 
Avec les lunettes, l'instituteur 
Les notables 
Les petits 
Le grand jeu 
Le chef du village 
Au-revoir, une partie de notre coeur reste à Karkodji 
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Traversée du Sénégal Est-Ouest. Campement Djidjack tenu par des Suisses à Palmarin. Très bel endroit. La réception se situe dans une très grande case à impluvium. Case avec un "trou" au centre du toit qui permet à l'eau, pendant la saison des pluies, de couler dans un réservoir. Nous nous installons sous un énorme acacia, le même qui nous avait accueilli voilà 6 ans. Promenade le long de l'océan, jusqu'au bateau échoué qui a fini par se fendre en deux. Petite baignade avec Monique (surtout elle !) , l'eau n'est pas chaude!

La route qui mène à la pointe de Djiffer étant en travaux, on renonce, et direction JOAL-FADIOUTH, la ville natale de Léopold Sédar-Sengor. L'ile de Fadiouth est reliée à la ville de Joal par une passerelle de 500 m de long, soumise à un droit de passage de 1250 CFA. Le village insulaire est catholique et les gorets courent partout... C'est très pauvre et très sale. Une deuxième île, composée entièrement de coquillages, abrite le cimetière. Nous franchissons à nouveau une passerelle pour y accéder. Endroit très insolite en terre à forte majorité musulmane, où les tombes de coquillages sont surmontées d'une croix. Tous les prénoms inscrits sont français... Nous remarquons quand même un petit carré musulman.

Campement Djidjack 
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Pour atteindre le Siné-Saloum, nous prenons le bac à Foundiougne. On est serrés comme des sardines. Monique et JLA montent de justesse. Toujours folklo avec les vendeuses de noix de cajou et autres. Direction Toubacouta petit village au bord des bolongs. On choisit au hasard un campement qui est un ancien comptoir qui faisait commerce des arachides : Africa Strike. On y prend tous les repas du soir (excellents) . Wi-fi, piscine, jardin, couvée de petits canards. Visite à tous les marchands de souvenirs et balade en pirogue entre les palétuviers dont les racines portent les huîtres. On va jusqu'à l'ile aux coquillages autrefois habitée et dont les autochtones ont entassé des tonnes de restes de coquilles.

Vers 18 h le piroguier nous emmène vers le "reposoir aux oiseaux" une toute petite île où hérons noirs, blancs, cormorans, aigles-pêcheurs et autres, viennent passer la nuit. Nous assistons donc à leur coucher avant de se diriger vers un vaste bolong pour admirer cette fois, le coucher du soleil.

Le der des der... sur le bac de Foundiougne
Nos voisins 
Chez Mar Picasso de Toubacouta 
Les huîtres sur les racines des palétuviers 
Le feu du soir dans le saloum 
Rencontre 
Le héron blanc au "reposoir" 
Les perruches habitent les baobabs des îles du Siné-saloum 
De minuscules crabes bleus habitent  entre les racines, sur les plages boueuses.
Au détour d'un bolong, mangrove-miroir .
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La vie coule au gré du Siné-saloum, et elle est douce à Africa Strike. Nos repas du soir nous sont servis avec une grande gentillesse par Rose la cuisinière.Ils sont excellents notamment le Tieboudien ainsi que le poulet Yassa, spécialités sénégalaises. Aux heures les plus chaudes, nous nous baignons dans la belle piscine et nous nous reposons dans les lits installés autour, il faut être en forme pour l'apéro !!!

Et c'est d'attaque que nous reprenons la route pour le sud. À Tambacounda ça chauffe ! 38° ! Puis c'est le campement Wassadou situé au bord du fleuve Gambie, aux portes du Parc du Niokolo Koba. Camping sommaire, repas bof, mais site enchanteur .... Les babouins se disputent sur un rocher au bord de l'eau, les centaines d'oiseaux s'ébattent dans les arbres et les petits singes agiles se régalent des fleurs de fromagers.

Le lendemain, nous décidons de changer de campement car nous n'aimons pas trop les pièges à touristes et les coquillettes du repas de la veille ont eu du mal à passer ... Donc route vers Dar Salam à une quinzaine de km de là... et nous sommes tombés dans l'impressionnant programme routier du Sénégal qui refait toutes les routes à problèmes : nous nous sommes faits engloutir par des tonnes de poussière soulevées par d'énormes camions.. Obligation d'allumer les phares pour ne pas se faire emboutir... Le campement déserté par les touristes, se délabre lentement ...

La Guinée nous attend, et à la fraîche, nous retraversons l'énorme chantier pour atteindre l'unique route qui y mène....

Jus d'ananas au gingembre ! Ça réveille ! 
Le Tieboudien 
Du campement Wassadou dans le Niokolo Koba 
Au premier plan, les fromagers 
Route en travaux 
Nous allons quitter le Sénégal 
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On se présente à la frontière guinéenne avec un jour d'avance. Sommes le 20 et le visa ne débute que le 21. On verra bien.... Ils n'y ont vu que du feu et c'est passé comme une lettre à la poste. Sous une température de 39° ils a fallu aller de bureaux en bureaux pour de multiples écritures sur de gros registres.. La N1 qui va à Labé, grande ville du Fouta-Djalon à 1200 m d'altitude, n'est pas de tout repos avec de gros travaux, et puis, plus de goudron, il manque 20 km et nous mettons 3 h pour les faire. Le fourgon de nos coéquipiers souffre et eux aussi. Ils faut franchir d'énormes fondrières, et nous croisons de gros camions pétaradants qui se tordent dans tous les sens...

Le Fouta-Djalon, massif montagneux du Nord de la Guinée, culmine aux environs des 1500 m. Il donne naissance à de nombreux fleuves africains comme la Gambie, le Bafing ou le Bakoy et à de nombreuses rivières guinéennes. Son relief accidenté et les pluies diluviennes en saison d'hivernage rendent difficile une bonne infrastructure routière.

Nous arrivons enfin dans la grande ville, à l'hôtel Tata, recouverts de poussière. L'endroit est agréable dans la verdure et les chants d'oiseaux. Le soir visite de "Léon le camé de Tata" . JLA et Monique débouchent 2 bouteilles de champagne, et nous trinquons avec les patrons.

Le marché de Labé, pas enthousiasmant, mais on y trouve des tissus teints en indigo qui viennent de Mali, dans le nord du massif. Nos cohéquipiers font réparer le marche-pieds et le tuyau d'échappement du fourgon et décident de ne pas continuer. Les routes sont trop mauvaises.

C'est donc seuls que nous attaquons les 232 km de piste qui devraient nous amener à Kindia dans la Guinée Maritime. Nous y ferons 3 bivouacs, de multiples rencontres, longerons des paysages de montagne recouverts d'une végétation luxuriante : myriades de manguiers plus que centenaires, mandariniers et orangers, bananiers, palmiers, énormes roseaux, fleurs de toutes les couleurs, rizières, l'eau de manque pas ici ! D'ailleurs nous franchirons la Karima sur un bac actionné par des hommes au moyen de câbles et poulies, nous franchirons le Konkouré, plus impétueux, sur un étroit pont métallique, et de multiples ruisseaux qui abreuvent les oiseaux et les troupeaux.

Les petits singes très craintifs, nous les avons croisés dans une zone rocheuse et inhabitée, mais impossible de les prendre en photo, pas plus que les petits "écureuils" surpris au détour d'un virage...

La piste, fréquentée surtout par les motos, quelques taxis-brousse bourrés à la gueule, quelques voitures bringueballantes, galeries chargées de paquets, matelas, chaises, les poulets morts attachés par les pattes faisant office d'essuie-glaces sur la lunette arrière, le tout surmonté d'un ou deux "convoyeurs" rebondissant sur tout ce chargement hétéroclite, peu de gros camions, est défoncée par la saison des pluies. Elle monte et descend au gré des collines et enfume de poussière les villages qui la bordent, rougit les lessives étendues, colore d'ocre la végétation, ses ornières et cailloux affleurant mettent à mal les pneus et les mécanismes, mais c'est normal, c'est l'Afrique vivante, gaie, insouciante et accueillante pour les toubabs. C'est un ruban rougeoyant, torturé par les eaux d'été, qui fend la végétation, fourmille de vie, résonne de rires d'enfants, d'éclats de voix, de klaxons tonitruants, et qui permet les échanges entre villages.

Le 4ième jour vers midi, voilà le goudron, et Kindia se profile à l'horizon. C'est dans l'incroyable tohu-bohu de son marché que s'achèvent les 230 km de piste qui furent une incroyable aventure, physique, à cause de la chaleur, de la poussière et des ornières, humaine, grâce aux rencontres, et visuelle par des paysages africains inconnus de nous jusque là. La luxuriance de la végétation et les montagnes ont remplacé le Sahel....

Descente vers Labé, capitale du Fouta-Djalon 
Champagne ! Au-revoir les amis... 
Léon, le camé de Tata 
La sortie de l'école 
La piste monte et descend 
Après la distribution des Chupa- choops, (merci Annie)  ...
...Voici le cadeau du village  ...
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Bac  sur la Kakrima 
Nids de tisserins 
Case traditionnelle guinéenne 
Pont sur le Konkouré 
La piste 
L'eau 
Les fleurs 
L'oiseau bleu 
Re-la piste 
Et ... le marché de Kindia ..... 
Notre halte .... auprès de mon arbre ..... 
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Seuls ceux qui connaissent l'Afrique noire, savent ce que sont les marchés . Je vais essayer de vous les décrire:

D'abord de loin on aperçoit les mobylettes et les piétons s'entrecroisant assez habilement au milieu de la circulation automobile. Pas un centimètre carré de chaussée n'est libre ! Et puis en s'approchant un peu on entend la clameur : klaxons, musique et éclats de voix, la température monte, allez on plonge! Et là, faut essayer de survivre à la pression. On tente de s'arrêter à l'étalage choisi, mais pas évident.... "emportés par la foule..." La marchande de fruits propose une douzaine d'avocats ... 10 000 FG (1 €) ... mais je ne veux qu'un avocat ... 2 000 ..ah bon ..OK ... 7 ou 8 mangues ....10 000 FG ... bon j'ai compris .. ok, mais c'est beaucoup quand même non ? allez je prends ..7 ou 8 ananas ..10 000 FG .... ah non ! c'est trop ! J'en prend qu'un tant pis ...2000 FG ... ???? Déjà bien chargée je repars en évitant de justesse une moto qui elle même évitait une marchande portant sur sa tête un plateau rempli de beignets, qui évitait ... etc ....

Donc, le marché de Kindia terminé, avions repéré l'hôtel Bungalow qui allait nous servir de campement pour deux jours. Juste ce qu'il faut pour toilette, lessive, farniente, électricité pour le frigo. Les petites cases étaient équipées de douches chaudes, nous n'en avions pas eues depuis le nord du Sénégal, ce n'est pas indispensable sous ces climats, mais pas désagréable pour le shampoing et le lavage du linge. Pour la nuit, nous préférons dormir dans notre cellule avec son confortable matelas.

Nous étions garés sous un Jacquier, aux énormes fruits, heureusement verts, car ils sont très lourds et piquants et nous auraient défoncé le toit en cas de chute. Une gloriette nous servait de salle à manger où "Totzi" le sympathique gérant, nous servait notre petit déjeuner composé de Nescafé, pain et Vache qui Rit... le deuxième jour nous avons quand même eut droit à la confiture de mangues. Les deux matins, réveil au son du clairon à 6 h ( nous étions proches d'une caserne ), suivi de près du muezzin, complétés par quelques moteurs tonitruants... Ceci fait, journées calmes...

Samedi 28 janvier, un peu de tourisme aux chutes de Kissili. Deux belles chutes d'eau, avec piscines naturelles, même en ce moment qui est la saison sèche. Le site est aménagé dans le respect de l'environnement et attire la haute société de Conakry. Elle investit les lieux dans de gros 4x4 , est très étonnée que nous venions de France avec notre véhicule " à votre âge".... Le "recteur" affable, nous offre de l'eau fraîche...

Marché de Kindia 
Noix de coco fraiche 
Sieste réparatrice sous la gloriette
Le soleil se couche derrière les frondaisons de notre campement 
Première chute de Kilissi 
Tarzan .... 
Jane ... 
Deuxième chute 
Notre sympathique guide 
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Trouver un bivouac en Guinée-Maritime, n'est pas chose facile !!! Très peu de pistes et lorsqu'on en trouve une, la végétation est impénétrable et les endroits dégagés sont occupés par des villages. Sur une hauteur, environ 80 km au nord de Conakry, un chantier nous a accueilli pour la nuit. Quelques ouvriers occupaient un vieux barraquement et nous ont dit : Installez-vous près des conteneurs, on vous protège...

La route autour de Coyah-Conakry-Dubréka est un énorme chantier, amplifié par les embouteillages, la poussière et la chaleur, le tout au milieu des marchés et de la foule qui s'y agglutine. Les barrages de police se succèdent et demandent toujours l'ordre de mission ... Alain quelque peu énervé ....

Puis le calme revient sur la N3 qui longe l'océan, plus de chantiers... Ouf ! Vers 16 h Bel-Air et ses plages nous tendent les bras. Mais .... Un complexe hôtelier mégalo pour milliardaires a privatisé la plage et on nous demande la somme exorbitante de 200 000 FG pour y passer la nuit, sans aucune commodité !!! On transige à 200 000 pour 2 nuits, trop fatigués pour aller plus loin.

Il faut dire que c'est un vrai paradis, les énormes arbres nous protègent des rayons du soleil, la brise de mer nous assure une petite clim, le ressac des vagues nous berçe ..... Pour compléter le tableau, l'eau de l'océan Atlantique doit friser les 28°.

La vraie plage de Bel-Air où les villageois avaient organisé des cases au bord de l'eau est toute proche, mais pas de touristes, et tout tombe dans l'abandon... C'est ça aussi l'Afrique .

Campement chantier 
L'enfer de la circulation au nord de Conakry 
À quoi rêvent-elles ? 
L'envers du décor  
L'envers du décor - 2 
La longue marche des africaines ... 
Et enfin Bel-Air ... Le paradis 
Ses couchers de soleil .... 
.... ruisselants d'or 
Ses brumes matinales ouatées ...
Hajda, Bijou, Hibrahim .... 
À l'ombre des arbres, les pieds dans l'eau 
Le miroir brisé 
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Nous attaquons le retour vers Coyah-Conakry-Dubréka , et vers 16 h prenons une piste à droite dans le village de Tanéné dans l'espoir de trouver un bivouac. 4 km plus tard, après avoir encore bifurqué à droite, au hasard, arrivée dans un minuscule village où nous sommes accueillis les bras ouverts, au bout de quelques accolades nous demandons s'il est possible de se reposer pour la nuit sur le terrain de foot attenant.... Ils sont toujours un peu surpris que nous ne voulions pas rester au coeur du village ... "Mais oui bien-sûr !!! Et c'est là, qu'Alain à entend un bruit suspect dans le moteur, poulie de l'alternateur cassée. Consternation générale, nous devons repartir à Tanéné : " alors, vous ne pouvez pas rester" nous dit le jeune nous servant d'interprète. Nous promettons de revenir dès la réparation terminée.

Un autochtone, Marif Conté nous guide jusqu'au meccano, qui tente la réparation en faisant souder une entretoise cannette de coca.... Ça marche, pour l'instant ... mais il fait nuit et la station Total proche, nous servira de campement. Les divers ronflements (c'est pas Alain), générateur, camions, se calment vers 11h. La station ferme et est gardée par un militaire.

Au petit matin, de fortes clameurs se font entendre, il s'agit d'une manifestation de lycéens exaspérés de ne pas avoir de professeurs, qui ne viennent pas enseigner car ils ne sont pas payés . Le militaire nous fait mettre à l'arrière de la station dans des poubelles. Le ton monte dans la rue, et notre ami Marif qui est revenu nous voir, nous amène chez son frère à 100 m de là pour nous mettre en sécurité. Nato Sylla, sa belle-sœur nous accueille dans sa cour intérieure et nous installe des chaises à l'ombre de la gloriette. Elle me fait monter au balcon pour observer, et au-dehors ça barde: vociférations, slogans, jets de pierres, coups de bâtons ... Je prends quelques photos, mais je suis repérée et m'éclipse rapidement. Marif nous explique que des casseurs se sont joints aux manifestants et qu'il ne faut pas sortir. D'ailleurs on ne pourrait pas, les routes sont barrées par de la terre et des cailloux. Le calme revient vers 13 h, on cuit un peu dans la cour en attendant que les routes soient libres, puis nous revenons comme promis dans notre petit village : MERTEYAH.

Les habitants, qui, n'y croyaient plus, s'avancent peu à peu vers nous, puis tout le monde arrive avec un grand sourire, on nous avance des chaises à l'ombre du grand manguier, les jeunes, qui parlent français, font le lien avec les anciens qui ne parlent que Soussou... Les femmes amènent de grands fauteuils en bois au "père de famille" et à la grand-mère qui vivent là avec toute leur descendance.

Des jeunes gens en moto nous demandent si nous sommes d'accord pour qu'ils organisent une grande fête en notre honneur ce soir. "Avec plaisir"... quelques instants plus tard, la moto revient chargée de deux énormes baffles. Notre 4x4 et sa cellule, rouges de poussière se font laver par un adolescent , Kerfala Camara, qui ne nous quittera plus ... L'après-midi s'écoule avec de multiples échanges, visite du village, on va voir le match de foot qui se déroule sur notre terrain de bivouac.

Lorsque la nuit tombe, vers 19 h (nous sommes à l'heure solaire), nous essayons de nous retirer au calme, mais c'est impossible et tout le village nous suit vers le 4x4.

Et vers 21h, que la fête commence :

Les organisateurs ont installé un générateur, une lampe au bout d'une perche en bois, de multiples branchements, une table chargée d'amplificateurs, mixeurs, et avec leur portable ont envoyé des musiques africaines endiablées ! Incroyable ! Les enfants, qui ont le rythme dans la peau depuis leur plus jeune âge, ont ouvert le bal, suivis par les femmes, nous avons pas mal été mis à contribution et emportés par l'ambiance survoltée, nous nous sommes mélés aux danseurs.

Au fil de la soirée les villages voisins sont arrivés avec à leur tête le "père de famille" venu nous saluer. Le maire de cette communauté de petits villages a fait son entrée dans un vêtement blanc, il tenait à nous voir et à nous serrer la main. La fête bat alors son plein, l'ambiance est survoltée, quelques femmes dansent avec frénésie, nous sommes en nage dans la poussière, quand notre disk-jockey passe une musique adéquoite pour entamer un rock-en-roll, les spectateurs sont ébahis et nous terminons dégoulinants sous un tonnerre d'applaudissements.

Sales, épuisés mais heureux nous regagnons notre bivouac, toujours accompagnés, on nous amène oranges et bananes, nous nous éclipsons dans la cellule pendant qu'autour de nous on parle, on rit, les enfants se bousculent ..

.. La belle fête Soussou se terminera vers minuit et perdurera pour de longues années dans notre mémoire et dans nos coeurs.

En blanc notre ami Mérif, puis le Maître et ses apprentis 
Nato Sylla qui nous a accueillis dans la cour intérieure de sa maison 
La manif. Une femme à gauche m'a vue... 
À gauche, le "père de famille" , la grand-mère et une partie de leur descendance . MERTEYAH
La grand-mère, qui m'a longuement étreinte, s'occupait en permanence de ce bébé ?? Orphelin ? 
Kerfala à tiré l'eau  du puits pour laver le 4x4
Les femmes à la cuisine 
Les organisateurs disk-jockey 
Et voilà .... Les deux grands-mères.. 
Ambiance assurée .. 
Frénésie .. 
Gentillesse ... 
Un peu fatiguée quand même, mon coeur ... c'est beaucoup ... 
Allez, une dernière. 
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Après les au-revoir , les cadeaux échangés, Alain démarre le moteur et là ... tout pète. La courroie de l'alternateur est cassée et la réparation "coca" n'a pas tenu. Re - garagiste. Il n'a ni l'un, ni l'autre ... Notre jeune ami Kerfala, un ado de 16 ans arrive en moto avec son père et se propose d'aller à Conakry nous faire l'échange standard. Il embarque avec lui un garagiste et les voilà partis... Nous attendons toute l'après-midi dans la chaleur, 37 °, et la poussière d'un "garage" africain (ceux qui connaissent compatirons) . Finalement ils arrivent en taxi-brousse vers 21h30 : la moto est tombée en panne à Dubréka, non-loin de la capitale, ils l'ont confiée à un quidam, ont pris un taxi pour le garage Nissan, qui lui avait augmenté le prix, n'ayant pas assez d'argent, le jeune a laissé son portable en gage, au retour ils s'arrêtent à Dubréka pour charger la moto sur un taxi-brousse, mais plus personne, quidam et moto disparus .... Faut le faire non ?

L'échange d'alternateur et courroie a pris 30 mn et peu après 22 h tout était OK ... Sauf notre jeune Kerfala, dépité. Nous lui donnons le complément pour la pièce et un dédommagement pour les taxis ainsi que mon ancien portable...

C'est sales, stressés, épuisés et ruisselants de sueur que nous reprenons le chemin de la station Total pour notre bivouac. Nuit chaude et moite. Dans cette région le taux d'humidité est très important. Kerfala est là tôt le matin, il s'est énormément attaché à nous et n'arrive pas à nous quitter : Lorsque nous passons à Dubréka 2 h plus tard, il est là au bord de la route les larmes aux yeux (les taxis-brousse sont beaucoup plus rapides que nous quand ils ne tombent pas en panne car ils rebondissent de cailloux en ornières). Un ultime adieu ferme, mais dans l'après-midi il nous appèlera plusieurs fois, et nous décidons de ne plus répondre.

Après 80 km de route défoncée jusqu'à Kindia, notre case à l'hôtel Bungalow nous paraît un paradis. Douche, calme, repos, on a l'électricité, des toilettes... (Nous bivouaquons depuis une semaine). Tozi, le gérant, tout sourire..Car nous sommes toujours les seuls occupants du lieu qui compte une quinzaine de cases ombragées. Repos le lendemain également.

Après avoir fait le plein de gasoil, qui se fait rare, et l'achat de 2 rosés chez Total, direction Mamou et là commence LA ROUTE DE L'IMPOSSIBLE. Les 130 km de route de montagne sont une formidable foire d'empoigne où circulation, qui est très importante (N1), se fait soit dans d'énormes ornières, soit sur une piste défoncée, le goudron ayant rendu l'âme depuis longtemps. Les camions en panne sont pléthore, les taxis brousse également, ils déchargent leurs passagers, qui, habitués à la chose, prennent leur mal en patience.... Les mécanos, couchés dans la poussière, noirs de cambouis, font ce qu'ils peuvent .... Des pistes secondaires se forment pour éviter les véhicules immobilisés, des voitures s'ensablent, des chauffeurs s'énervent et veulent qu'on tire leur camion !!!! C'est dans une pagaye indescriptible qu'Alain arrive à nous tirer de là sains et saufs ! Mamou est enfin là et un peu hagards vers 17 h nous prenons une piste sur la gauche. 100 m plus loin, nous passerons la nuit dans un bivouac en altitude, plat et aéré. Nous sommes revenus dans le Fouta-Djalon et la température de 33° nous paraît fraîche.

N1 entre Kindia et Mamou 
Manquait plus que ça ! 
Va en falloir !!!! 
Camion en panne ....
Camion accidenté 
Chargement éparpillé ... 
Route bouchée, piste secondaire 
Quelques instants de répit 
Au travers des marchés 
La Guinée, toujours baignée de brume. À gauche, en sombre, le nez du chauffeur ... 
Enfin Mamou .
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Dalaba, à une trentaine de kilomètres de notre bivouac, petite bourgade à 1300 m d'altitude dans le Fouta-Djalon, était, parait-il, un paradis avec des jardins fleuris. Les malades et convalescents y venaient se reposer. Un français était venu s'y installer, avait créé " Le jardin Chevalier" et planté une multitude d'arbres tous répertoriés. Hélas, Dalaba, comme le reste de la Guinée, depuis quelques années est dans un état de délabrement qui fait mal au coeur. Les rues sont défoncées, les poubelles ont remplacé les fleurs et le jardin Chevalier est tellement envahi par la végétation qu'on ne distingue même plus ses essences rares.....

Or donc, vers 10h 30, nous voilà avec notre 4x4 entrain de cahoter dans la rue qui mène au marché afin de trouver quelques tomates, quand derrière nous : "S'il vous plaît, s'il vous plaît, les Toulousains"... avec un fort accent du sud-ouest. Stop, et par la vitre apparait un guinéen, le sourire jusqu'aux oreilles. Il s'agit d'Abdulye Bah vrai toulousain de Guinée, ou l'inverse. Nous apprendrons par la suite que ses parents ayant été assassinés par le régime de Sékou Touré, il s'est retrouvé à l'âge de 8 ans à Toulouse, y est resté une cinquantaine d'années et y a sa famille et ses enfants. Donc, on parle quelques instants pays et arrive une voiture avec chauffeur à notre hauteur " je vous présente mon oncle le Colonel", homme de grande prestance, souriant, qui nous invite pour le déjeuner. Après avoir garé le 4x4 à l'ombre, nous embarquons dans la 205 d'Abdulye qui tient à nous faire visiter la ville fondée par son grand-père. Vers 12h30 : "le Colonel aime manger tôt" on y va. Belle maison, beau jardin derrière les murs.

Et voici l'histoire du colonel qui porte haut et fort ses 80 printemps : Enfant de troupe dans son pays, il s'engage dans l'armée française à la veille de la décolonisation, gravit les échelons, fait la guerre d'Algérie, se marie avec une bretonne et passe par de nombreux régiments : Vannes, Caen, Alençon, Nouvelle-Calédonie etc... Il termine donc Colonel avec la Légion d'honneur, l'ordre National du Mérite et la Médaille militaire.

Ancien parachutiste lui aussi, il entreprend avec Alain une longue "remontée du Mékong". C'est un personnage haut en couleurs, un des fils du fondateur de Dalaba, patriarche d'une grande famille, dont les membres sont répartis dans le monde entier et mariés avec chinois, américains, turcs, français ... j'en oublie certainement. Il fait de nombreux va-et-viens avec la France : "...Le 12 mars je vais en cure à Dax .." " Allez passons à table, Mohamed (son chauffeur) tu peux servir ".

Souleymane (le Colonel) va chercher dans une petite cave à vins réfrigérée un Bordeaux Côte de Blaye que nous dégustons avec un grand plat de crudités, suivi de spaghettis-boeuf en sauce et papaye au citron.

L'électricité est fournie par un groupe électrogène qui fait un boucan permanent.

"Si ce n'est pas malheureux", nous explique-t-il, " l'eau qui est à profusion dans le Fouta, n'arrive même pas dans les maisons, l'électricité, quelques heures le soir, et les chutes d'eau ne servent à rien, les crédits acquis pour le goudronnage de la ville ont été détournés deux fois, la corruption stoppe tout progrès ! Un pays si riche : Or, diamants, bauxite, des fruits et légumes à profusion, des tonnes de mangues pourrissent à la saison, les bananes également, elles ne sont pas exportées..." Il est désespéré et nous aussi. Tant que les routes seront dans cet état lamentable, rien ne pourra se faire, pas plus le commerce que le tourisme. Et comment mettre un frein à cette corruption endémique?

" Les présidents élus", continue-t-il, " s'empressent de s'entourer de leur ethnie, souvent des incapables qui ne pensent qu'à profiter de leur fonction."

Le président a été réélu et donc rien ne changera dans les prochaines années.

Nous allons remercier le cuisinier et faisons le tour du jardin dont il est si fier. Tout pousse là-bas : bananiers, citronniers, mandariniers, orangers, manguiers, avocatiers, corrossols, fruits de la passion...

Nous prenons congé après avoir échangé nos adresses mail, il nous propose de bivouaquer dans la "Concession familiale", là où son père à établi sa famille dans les années 30. C'est sur la route de Labé, notre prochaine étape. Un endroit fermé et calme. "D'accord, merci beaucoup de votre accueil".

Abdulaye le Toulousain, nous fait visiter la Maison du Gouverneur et la magnifique Case à Palabres où se réunissaient les chefs coutumiers. Mais depuis Ebola plus aucun touristes ne la visite .... Le Grand Hôtel de la ville et sa magnifique terrasse, s'endorment sous les soleils de la saison sèche et se délabrent sous les pluies diluviennes d'été.

La journée s'achève avec une dernière recommandation de notre guide : " Quand vous allez à Toulouse, allez voir mon beau-frère, il tient "Le petit Troquet", sur les quais de la Garonne, à côté de la maison de Nougaro."

Au-revoir Abdulaye, nous nous reverrons certainement en France car " nous ne reviendrons en Guinée que lorsque les routes seront refaites". " Pas refaites", réplique-t-il, "faites". Et c'est sur cette boutade que nous quittons notre guinéen de Toulouse, ou l'inverse.

Abdulaye le Toulousain. 
Les corrossols du Colonel 
Devinez de quoi parlent deux anciens militaires ? 
D'arbres fruitiers ... et oui ! 
Sol ouvragé de la belle case à Palabres 
Et son plafond en paille tressée 
En allant vers le jardin Chevalier 
La terrasse du Grand Hôtel 
Dernier lever de soleil en Guinée 
Termitière champignon de Guinée. Parfaite.... Bravo mesdames.. 
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Le Mont Badiar - Nord Fouta-Djalon 
Les taxis-brousse lancés à toute allure....
Et modestement chargés .... 
Champ de termitières 
Marché de L'abbé avec Monique 
Végétation luxuriante.... De l'eau partout dans le Fouta 
Encore de l'eau .... 
Toujours de l'eau.... 
Ses rizières ....(je crois) 
Ses bananeraies et légumes  
Ses opulents manguiers ... 
De surprenantes montagnes en Guinée Maritime .. 
Des couchers de soleil à devenir poète .... 
La terre, l'eau, le feu des origines ... 
Rencontres du soir ... 
À l'heure du goûter .... 
Sur la plage .... 
Au bal du village .,. 
Sous la case à Palabres ..... 
Mère universelle regardant tendrement son bébé .... 
Jeunesse universelle avide de plaisirs .... 

Tant d'autres instants inoubliables que j'aimerais vous faire partager .... Bref, la Guinée nous a décoché une flèche en plein coeur.... Il a fallu la conquérir, le défi fut rude,( routes défoncées, police tatillonne, jungle impénétrable), mais elle nous a tout donné comme aucun autre pays visité jusqu'alors . Sa nature foisonnante nous a accueillis pour nos bivouacs, sa population nous a ouvert ses bras et son coeur...

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On n'a pas osé .... peur des gouttières ... 
Au Sénégal .. rare 
Bivouac exotique Sénégal 
Vive l'Afrique - Toubacouta - Siné-Saloum .
Tricycle sur terrain accidenté 
En Guinée Maritime 
Tenue de camouflage 
Le caméléon de l'hôtel Tata à Labé se met sur la même branche tous les soirs vers 18 h 
L'île aux coquillages ..Aïe ça pique les pieds ...Siné-Saloum 
Ah ! Une bière ! Merci le ciel .....
Les "aurores boréales" du Sahel . Karkodji Sénégal 
Petite princesse aux pieds nus . Karkodji Sénégal 
Je l'aurai cette noisette !!! Non mais ... 
Zut ! Mon dentier ... Ça la fout mal .... 
Une dédicace pour nos amis Jean-Louis et Monique avec qui nous avons partagé dans la joie , un mois d'aventure africaine.
Allez!  On tire à la courte-paille, qui aura l'os .... 

Sans rancune, j'espère..

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Phacochère . Hou! Ça démange ! 
Sommes accueillis par une première vague de pellicans 
Puis d'autres... 
 Discussion avec le piroguier
Madame attend ... Fait pas chaud... 
Des milliers d'oiseaux, on ne peut plus passer! 
Autorisation d'amérir ..... Train d'amérissage en place tvb . 
Ibis, cormorans et autres , pardon à notre guide, j'ai oublié. 
Maman croco ne dort que d'un oeil, les petits sont derrière, cachés dans l'herbe. 
L'île couvoir-nurserie. Les oiseaux sombres sont des jeunes de moins de 6 mois. Les parents les nourrissent toute la journée. 

Ils régurgitent les poissons. Les oiseaux qui ont le ventre jaune sont des femelles qui couvent

L'heure du bain 
Phacochères en balade.. 
C'est qui celle là ? 
Le chacal 

Ils sont nombreux au Sénégal . Nous les avons entendus hurler, notamment lors d'un bivouac dans un bois d'eucalyptus vers Kaolack. Impressionnant !

Le parc du Djoudj est situé au nord-ouest du Sénégal, sur la rive gauche du fleuve. Le parc du Diawling est son pendant sur la rive droite, en Mauritanie.

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On quitte l'Afrique Noire par la Mauritanie, qui est un pays sahélien avec, pour moi, deux attraits, le Banc d'Argain et le désert que nous avons parcourus en 2009. Malheureusement, maintenant il est impossible d'accéder au désert, et pas question de s'aventurer seuls dans le Banc d'Argain qui est composé de dunes, plages et falaises bordant l'océan.

Piste de "la ligne du chemin de fer" actuellement interdite, au nord. 
Les impressionnants monolithes, toujours interdits d'accès... (on est avec l'HDJ 80)
Les généreuses oasis 
Au pied de la montagne, devant le désert de dunes , Moudjeria.
Rencontre vers le Banc d'Argain 
Il faut bien calculer son passage avec l'heure des marées. Sinon .... 

Et encore, je ne vous ai pas parlé de Chinguetti à demi enfouie dans les sables, ni des fraîches gueltas qui abreuvent les troupeaux du désert..

Bien, donc vous l'avez compris, nous n'avons pu rien refaire de tout ça, et maintenant 99% des voyageurs ne connaissent de la Mauritanie que ce paysage :

Pas terrible, non ? 

Après avoir traversé 1500 km de Sahara, nous arrivons aux environs El Ouatia où il prend fin tout doucement....

Et nous voici dans les marguerites en-dessous d'Agadir, camping Bakanou, bohème, convivial et propre.! Impec !
Puis Taroudant, ses remparts et son charmeur de serpents.... Enfin le serpent était un peu endormi ! 

Et enfin Tafraoute toujours aussi belle dans son écrin de rochers ocres et de palmiers. La route depuis Aït Baha a été refaite. La météo toujours splendide, le camping "Les trois palmiers" très sympa, et enfin, ce qui est très agréable, c'est de pouvoir se promener en ville et choisir librement ses babouches sans se faire accoster.

La belle route Aït Baha - Tafraoute , une photo à chaque virage !!! 
Ces anciens villages se dépeuplent ... il est parfois difficile de les voir dans les rochers..
Les nouveaux villages sont situés dans la vallée 
La "Tête de Lion" emblématique de Tafraoute 
Ainsi que les babouches en peau de chèvre. 

Puis nous nous dirigeons vers Taliouine, pays du safran, qui est située au pied du Haut Atlas et de son point culminant, le Toubkal 4167 m. Nous prenons la belle R 106 qui passe à Igherm et qui va d'est en ouest dans l'Anti Atlas. Elle est peu utilisée et nous réserve des paysages époustouflants.

La R 106 vers Igherm 
Toujours la même route mais changement de paysage 
Le printemps est là, malgré l'altitude, on doit être vers 1500 m.  
Culture du safran sur les hauts plateaux vers 1800 m 

On ne s'attarde pas à Taliouine dans le brouillard par 10° !!! Le grand sud dunaire nous attend ! À Tazenakht le soleil revient et fait remonter le thermomètre à 26° sur Foum-Zguid. Le village est très agréable et nous ne résistons pas aux incontournables brochettes de chez Rachid.

Foum-Zguid s'étire entre montagne et palmeraie 
Ah ! Qu'on est bien ! 

La route de 120 km qui mène à Zagora traverse le désert. Le vent est quasi nul, ce qui est rare dans le coin.

Le seul accacia de la région nous abrite pour le repas 
Quel profil ? Le droit ? Le gauche ? 
Les montagnes de Zagora 
Mise en place d'une lame de suspension supplémentaire chez Ali, l'incontournable meccano de Zagora. 
Camping "Oasis palmier" toujours très accueillant et très propre, un peu envahi.... 

On resterait bien dans le coin, mais ...Le bateau est réservé le 13 mars ... Donc, route pour Tazzarine par Tarhbalt. La météo est toujours exceptionnelle, sans vent .

Les murs de protection du camp Serdrar proche de Tazzarine 

Nous visons maintenant les gorges du Ziz par la N12. Alnif et la traversée du Djebel Sarhro par la R113, Goulmina et à quelques encablures du tunnel du Légionnaire, le camp Jurassic lové dans les falaises.

Tazzarine 
L'entrée des gorges du Ziz 
L'écrin du camp Jurassic à droite,
à gauche,
à l'accueil.

Le compte à rebours commence, 4,3,2,1... Il nous reste à traverser l'Atlas, admirer Chefchaouen la bleue... et écraser une larme en voyant du bateau, le continent africain s'éloigner. Le prochain épisode sera le dernier de notre aventure.

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Les derniers jours d'une si grande aventure sont toujours difficiles à vivre. La nostalgie des beaux jours passés envahit notre esprit, la joie de retrouver les enfants , les amis, la maison, Djoby (chien) , Loulou (chat), efface un peu ce vague à l'âme des retours. Et puis on a encore de belles étapes à parcourir, profitons-en jusqu'au bout !

Remontée plein nord. L'Atlas enneigé domine Midelt 

Les premières cigognes, nous les rencontrons vers Midelt. Le soleil brille ardemment mais les neiges de l'Atlas modèrent son ardeur, et lorsque nous passons les cols à 1900 m, un petit vent glacial nous rappelle que nous sommes encore en hiver. Le pic-nic de midi est pris en plein soleil vers Timahdite, et plutôt que de suivre tout droit vers Azrou, Alain prend une petite route à gauche qui s'enfonce dans les montagnes. Nous n'allons pas le regretter :

L'aventure continue ... 
La belle piste se faufile dans un paysage sauvage et rude mais habité. 
La neige n'est pas loin.... 
L'habitat est adapté au climat montagnard.
Paysage d'une bouleversante beauté naturelle. 
Pas d'automobile sur cette "route-piste", seuls les ânes assurent le transport.
Scène de la vie quotidienne. On remarque une pintade (assez rare) et un nid de cigogne sur le poteau électrique.
Les célèbres cèdres de l'Atlas 
Les endémiques singes "Magot" 

Et voilà Azrou et son rocher, les températures sont plus douces et nous allons camper dans les cerisiers.

Aux environs d'Azrou 
Les cigognes envahissent tous les toits, poteaux électriques, minarets....
Coucou Alain, on se prépare un petit apéro ? 
Soleil prisonnier (on veut le garder ) ... 

Ifrane à 1650 m est la station de ski réputée de l'Atlas, son centre ville est fort agréable avec boutiques, bars et restaurants où en ce samedi matin de nombreux marocains profitent du soleil en sirotant un thé sur les terrasses. C'est tentant et nous commandons cafés et crèpes du pays, délicieuses et copieuses.....Trop copieuses, le péché de gourmandise ne me fut pas pardonné et c'est nauséeuse que je remontais dans le 4x4 pour rejoindre Fès ... la visite de la belle ville passa à la trappe.. au profit d'une sieste suivie d'une tasse de thé ... mais la crèpe refusait toujours de passer ...

Le dimanche 12 mars fut une longue journée qui débuta ainsi (après un doliprane ) : " On prend quelle route pour aller à Chefchaouen ?" En effet, depuis Fès on a le choix : à l'ouest ou à l'est par le Rif. "Allez, à l'est par le Rif." Ceux qui l'ont déjà prise le savent, les paysages qu'elle réserve sont somptueux, mais elle est tortueuse, certaines portions sont en mauvais état et très vertigineuses !!!!

Cela commence doucement dans de vertes collines plantées d'oliviers .
Palette de couleurs annonçant le printemps. 
Puis la route s'élève dans le massif. 
De multiples pistes zèbrent le paysage et relient les villages à la route.

Nous faisons une halte déjeuner dans un village haut perché dont les barbecues des gargottes fument . Anniversaire oblige !! Les délicieuses boulettes de keftas grillées à point nous sont servies dans des assiettes recouvertes de papier alu, et consommées à la mode du pays, sans couverts, avec du pain. Le réveillon du 31 décembre à Tarfaya me revint en mémoire car c'est avec nos doigts que nous avions dégusté les poissons grillés !

Belle vue du Rif et de ses cultures en terrasses  ?!?! 
Les grande montagnes sont dans le brouillard 
Chefchaouen la bleue se pavane au soleil 
Mais non, tu ne peux pas monter,  faut aller à la douche d'abord et faire un brushing, t'es un peu ébouriffé ...
La grand place au milieu de la médina 

Non, vous n'aurez pas de photos traditionnelles des ruelles ou des portes, j'en ai tellement pris que j'ai fait l'impasse, mais je ne peux résister au plaisir de vous en mettre une de 2015 :

C'est beau non ?
Allez, une autre, mais c'est la dernière. 
Dernier jour ... Ceuta, l'enclave espagnole dont les grillages de 6 m de haut sont régulièrement gravis par les migrants... 
Vue depuis la jolie route qui rallie le port de Tanger-Med.. l'Espagne est si proche .. 
Le face à face de deux continents. 
Et le bateau s'éloigne du continent africain dont nous sommes tous issus.. 

Maintenant, il faut bien écrire le mot FIN, mon coeur bat la chamade en le faisant, en quittant ce lien que l'on appelle Blog et qui nous a réunis pendant les 80 jours de notre voyage. J'ai adoré le faire vivre en pensant à vous tous qui alliez le lire et que nous avions laissés en France.

Il restera un témoignage vivant de ce que nous avons vécu, de nos enthousiasmes et de nos émotions, de tous ceux que nous avons rencontrés, des sourires que nous avons vu fleurir sur de petits visages tristes, des menottes caressées ou des mains noueuses serrées, des larmes écrasées au moment des adieux....

Le 16 mars 2017