Pour notre dernière journée de voyage, nous nous offrons le spectacle grandiose du lever de soleil sur la mer de l'est. Si on croyait être les premiers à avoir l'idée, c'est sans compter sur le logo de la ville est déjà un soleil qui se lève, et que le nom de la ville veut aussi dire soleil qui se lève (ou un truc comme ça...).
Nos repérages de la veille ont fonctionné. A 4h45 du matin (et oui...) la petite plage est calme, et libre de tous finlandais tous nus qui courent dans les vagues (lire l'article précédent sinon ça ne veut vraiment rien dire), à nous le sable fin de toute la plage. Mais c'était ignorer une porte fermée sur le pont de bois qui passe le ruisseau permettant d'y accéder. Le ruisseau étant ridiculement maigre, nous le traversons à pied sans peine.
Le ciel est déjà bien lumineux. Un rose pâle imbibe les traînées de nuages sur nos têtes. Une myriade de bateaux de pêche en tout gens ratissent l'horizon. Trois gros cargos, déjà amarrés ici la veille, semble imperturbables au spectacle. Il fait très doux, c'est très agréable. A cause d'une brume à mi-hauteur sur l'horizon, nous craignons de ne pas voir le soleil se lever. Mais nos craintes s'estompent lorsque naît, sur la surface de l'eau, timide, l'astre intense qui éclaire les terres d'ici avant les nôtres.
Il ne faut guère attendre que quelques minutes pour que le soleil, comme habitué à la manœuvre, adopte sa rondeur parfaite et s'élance dans une course d'un jour dans le ciel tout entier.
Soudain, interrompant notre rêverie, des voix s'exclament loin derrière nous. Est-ce pour nous ? Nous nous retournons et voyons quatre jeunes militaires nous interpeller. On a beau rien comprendre, on a très bien compris ! Fissa on ramène nos fesses au bord, sans avoir besoin de leur adresser la parole. Le temps de retraverser le ruisseau, on aperçoit quatre autres militaires, venant de l'autre côté de la plage, traverser la plage à la manière d'une fouille pour contrôler que tout va bien, pour finalement déverrouiller la porte en bois.
Après tout, nous sommes proche de l'autre Corée, qui de temps en temps envoie des missiles dont certains sont tombés non loin d'ici, et ces plages ont été il y a dix ans un lieu de débarquement. Donghae est par ailleurs un port de commerce important.
Nous retournons au motel pour trois heures de sommeil qu'on compte bien rattraper. Nous avons un train en fin de matinée, qui en une fois va nous ramener à Séoul.
Dans le hall de la gare, une nuée de lycéennes nous encercle peu à peu. Elles occuperont deux wagons entiers. Il faut dire que nous avons choisi pour ce grand retour la première classe. Elle nous déçoit cependant. Elle diffère très peu de la seconde classe (pas beaucoup de différence de prix aussi cela dit), avec des sièges certes plus large. Nous retraversons les dizaines de tunnels et les montagnes à l'infini, toujours belles, à une vitesse plaisante. Nous retraversons ces villes qui nous semblent maintenant un peu familières. La nostalgie nous gagne, mais n'est-ce pas l'objet même de prendre un train ?
Pour notre dernière soirée en Corée, à Séoul, nous profitons une dernière fois de nos amis. Sans le dire nous savons qu'on ne se reverra pas de sitôt. Quoi de mieux pour accompagner ces moments que des mochis, une tarte au bleuets et un cidre aromatisé Loïc Raison ? Le bus qui relie ce quartier de Séoul à l'aéroport est d'un grand luxe (à un prix raisonnable). Dans les grands fauteuils en cuir de ce "bus-limousine" nous nous endormons, peu pressés de nous engouffrer dans un tunnel spatio-temporel de plus de dix heures. L'aéroport de Séoul est élu le meilleur au monde. C'est déjà ça.