C’est le 10 juillet et nous avons oublié de réserver notre place sur les Grands Voiliers. Les enfants l’ignorent et Mike ne semble trop peiné. Mon mal de mer sera nul et moi épargnée. Je suis finalement contente bien que l’expérience aurait pu être intéressante. Les enfants ne veulent pas visiter de villes, ni villages, ni marcher. Il fait trop chaud aujourd’hui.
- Maman : quand est-ce qu’on va aller ailleurs qu’en ville?
- Tu n’aimes pas la ville, dis-je.
- Oui, mais en ville, on fait que marcher, marcher, marcher. Nous pourrions faire comme mes amis et aller dans le sud en avion et rester à la plage d’un hôtel toute la journée.
- Humm, c’est agréable et tentant ton idée, mais le prix lui l’ai moins. Pour le prix de 7 jours dans un hôtel tout inclus sans excursions planifiés et pour seulement 2 adultes, nous pouvons voyager 20 jours dans une ville en échangeant notre maison et en incluant de nombreuses visites et excursions. En plus, nous sommes 6 et pouvons apporter Rouky. N’est-ce pas avantageux Ally?
- Oui, mais c’est toujours pareil. On ne prend jamais l’avion.
- Un jour, un jour. Lorsque chacun paiera sa part, nous prendrons l’avion et irons dans le sud pour nous faire bronzer. En attendant, nous profitons des échanges pour vivre comme les locaux et voyagez en famille.
Elle hausse les épaules et attend ma réponse. À vrai dire, je ne suis pas une fanatique de la bronzette. C’est trop long et avec des enfants, c’est ennuyant. Je préfère encore les faire marcher et dépenser leur énergie.
- Maman et moi avons pensé vous faire une surprise, lance Mike en entrant dans le petit salon. Nous ne visiterons rien aujourd’hui, mais nous irons à un endroit que vous adorerez.
Comment piquer leur curiosité et la garder jusqu’à l’arrivée sur le site 1 heure 30 plus tard.
Nous nous amuserons toute la journée dans le New England six Flag et ils ne le savent pas encore.
En apercevant les premières montagnes russes, ils ont vite deviné notre destination. L’ambiance dans l’auto monte d’un cran. Nous arrivons avant l’ouverture et avons droit à la levée du drapeau, une première pour nous. Les enfants rigolent, Mike, heureux dépose sa main sur son coeur et moi je suis étonné. Traite de ma patrie! Je souris en reconnaissant mon homme avec sa personnalité contradictoire permanente. Lui qui était à la fois loyaliste et patriote, portant le chandail de l’équipe adverse lors des parties sportives locales et qui salue le drapeau américain malgré son origine canadienne. Il ne faut pas trop s’arrêter à ce qu’il doit penser. Il m’étourdit et il doit l’être lui aussi, mon provocateur!
La journée se déroule comme il se doit; avec énormément de plaisir dans les manèges. J’ai profité de l’âge d’Alyson pour monter dans l’un des manèges que j’ai toujours appréciés, les montagnes russes. Après 20 ans d’abstinence, je décide que nous irions dans la plus haute, la plus raide, mais qu’elle ne devrait pas ni aller de reculons ni en position inversée (tête en bas). Nous n’avions pu monter au Canada Wonderland alors voici ma chance de me prouver que j’ai encore l’âge et les capacités. Nous faisons la courte file et montons dans le Bizzaro.
En moins de 3 minutes, j’ai cru mourir, moi qui n’ai jamais eu le vertige, j’en suis présentement affecté. Si je pouvais, je me cacherais sous mon siège. La vitesse de roulement du wagon m’oblige à tenir mes lunettes afin qu’elle ne s’envole pas comme la casquette de Mike, plus tôt, dans un autre manège. En ce faisant, je me bloque partiellement la vue et donne l’impression à Alyson que j’ai peur et n’ose regarder. Je dois lui crier que je n’ai pas le choix de les tenir et que c’est amusant, mais je la sens crispée, elle aussi, sur son siège à mes côtés. Le tour terminé, je suis étourdie, flageolante et j’ai des blessures sur le nez à force d’avoir trop pressé avec mes lunettes. Il devrait y avoir une affiche à l’entrée des manèges indiquant de ne pas porter de lunettes, foulard, casquettes et autres objets légers. Alyson tremble du haut de ses 12 ans même si elle m’affirme avoir adoré son expérience. Elle regarde les autres montagnes russes sans vouloir y monter prétextant une envie de se reposer un peu avant de recommencer. L’orgueil d’une ado n’est pas facile à protéger et en parlant d’orgueil, je décide que si je veux survivre au reste de la journée, je dois aller rejeter mon stress et par le fait même mon déjeuner, aux toilettes... Je n’ai définitivement plus 20 ans! Sal coup pour mon estime personnel.
La matinée s’est déroulée dans les manèges et nous avons profité de l’aquaparc durant la période chaude de la journée. Le site est gigantesque et nous regrettons de n’avoir pu utiliser qu’un quart de celui-ci.
Les enfants sont exténués de leur journée et nous les couchons tôt. Alyson, notre infatigable accepte à reculons de garder une quarantaine de minutes afin que nous allions marcher, Mike, Rouky et moi. Malgré sa capacité de commencer à prendre soin des enfants, notre cocotte est toujours réticente de rester seule à la maison. Elle préfère encore être à nos côtés. Nous essayons de lui donner des ailes peu à peu et c’est plus ou moins facile. À notre retour, elle monte se coucher et nous en profitons pour nous concocter un délicieux repas à deux. Au menu, des brochettes de poulet sur lit de riz et salade céasars. Mike à déniché dans le grand salon un CD de Johnny Cash. Nous nous installons donc sur la petite table de centre, assit au sol et dégustons notre repas avec une bouteille de vin blanc. J’adore les fins de journées ou tout ce que nous avons à faire est de parler et d’écouter de la bonne musique en bonne compagnie tout en buvant une bonne bouteille de vin.