13h00 sonne... que dois-je faire ?
Je ne suis plus qu'à quelques km de mon objectif et tout est contre moi. Je suis usé, le temps ne joue pas en ma faveur et je ne souhaite pas bivouaquer en altitude.
Je prends le temps de sortir ma carte et je me rends compte que jai la possibilité de couper le GR30 par le GR4 qui me raccourci grandement le trajet jusqu'au Puy de Sancy. Ni une ni deux, me voilà reparti comme en quarante, je ne cherche même pas à savoir si j'aurai assez de force pour y arriver avant la nuit ou réfléchir aux potentiels facteurs négatifs qui peuvent jouer contre moi.
Je fonce et je verrai bien...
A peine 4km réalisés, je ne sens plus mes pieds et je suis tout seul en plein milieu d'une route départementale qui file droit vers la station de Super Besse. Encore une fois je pense que le destin m'a bien aidé. Une vieille Peugeot qui gronde arrive dans ma direction et s'arrête quelques mètres plus loin. Christophe le montagnard, prend certainement pitié de moi et propose de me poser en haut de la station. Sur le trajet il me confirmera les dires des randonneurs croisés un peu plus tôt concernant la météo, celle-ci ne va pas s'arranger. Il m'expliquera aussi que la montagne ça le connaît puisque auparavant il était guide de randonnée dans les Alpes, j'écoute donc avec attention tous ses conseils et le remercie avant de claquer la porte et d'arriver au pied de ma cible "Super Besse".
Je me rends directement aux cabines téléphériques afin de prendre un billet et vite arriver au Puy de la Perdix. Ce voyage est un gain de temps énorme sur mon parcours mais je suis obligé dans arriver là si je veux grimper sur ce qui représente pour moi aujourd'hui le toit du monde.
Une fois en cabine, je me retrouve seul... la saison est terminée il n'y a plus grand monde qui passe par là en ce moment. Je me rends compte que les minutes deviennent très longues et je ne sais pas du tout à quoi m'attendre une fois là-haut. Je ne vois même pas à deux mètres, le vent souffle énormément ce qui fait tanguer la cabine dans tous les sens.
J'aperçois l'arrivée, les portes commencent à s'ouvrir et me voilà prêt à affronter le Puy. Comme je m'y attendais, le vent souffle fort, très fort et le froid est bien présent. Avant de me jeter dans la gueule du loup, j'ouvre mon sac, récupère un pull et une deuxième veste afin de ne pas crever de froid, je resserre ma casquette, mes chaussures et, enfin, je me lance.
Les panneaux qui indiquent le Puy de Sancy sont quasiment illisibles au vu du brouillard constant et du vent qui m'empêchent de lire correctement, mais le chemin est bien là et ma motivation aussi.
Je suis à bout de force, le sentier est très pénible, beaucoup de rochers et de petits cailloux passent sous mes chaussures et amplifient les douleurs de mon corps sans parler de mes doigts qui se transforment en glaçon. Les côtes sont ravagées et difficilement pratiquable par des temps comme aujourd'hui mais je ne lâche pas et m'aide comme je peux de mes fidèles bâtons de marche.
Quand soudain ...
Après plus d'une heure de montée, j'aperçois dans le brouillard une image que j'avais pû voir avant de partir, celle du sommet du Puy de Sancy.
Je ne réfléchis plus, ne pense plus à rien je me hâte d'avancer et de tracer les derniers mètres qui nous séparent.
Ma joie explose... je suis enfin arrivé... je suis au plus haut sommet du Massif Central !!
Je monte les quelques marches du belvédère où l'on peu normalement apercevoir un magnifique panorama mais forcément mis à part la purée de pois il n'y a rien d'autre que moi et ma joie d'être arrivé au sommet, à 1885m.
Peu de temps après un autre randonneur arrive, je ne lui laisse même pas le temps de profiter et lui saute dessus afin qu'il puisse immortaliser mon ascension.