Un des petits plaisirs de ces chemins à épisodes est de passer la nuit au bord, mais vraiment au bord, de celui que l'on suit. Il suffit de tourner à gauche ( ou à droite, c'est selon) et hop!, le chemin.
C'est très très agréable.
C'est le cas aujourd'hui et j'en suis ravi. En périphérie de Chantada, à 2kms environ du centre, je devine devant moi, à 500 mètres peut-être, une masse importante et bruissante.
Qu'es aquò? me disé-je en moi-même et en occitan.
Je comprends, après une approche circonspecte mais déterminée, qu'il s'agit d'une grande quantité de marcheurs(30/40) encadrés par 3 ou 4 mecs. Je tremble sur mes bases. Il s'agit d'une équipée de marcheurs des 100kms. Fouchtra, mazette, c'est pour ça que l'albergue s'est déclarée pleine, hier. J'avais totalement oublié cette histoire, idiot que je suis!
Quelle horreur, c'est pire qu'un vol de criquets. Nous sommes à 103 bornes de Santiago et l'église,( terme très générique en l'occurrence), a accordé l'obtention de la compostellane ("diplôme" final, vous avez compris) à quiconque arrive à St Jacques après 100kms de pèlerinage et 2 tampons de validation par jour.
4 ou 5 kms plus loin, après un croisement, j'entends derrière moi des voix, des rires. 5 6 marcheurs viennent de pousser comme des champignons, sans doute juste parachutés par un taxi ou autre. Au bout d'une demi heure ils sont 1km derrière. Ce ne sont pas des habitués de la marche.
Il y a devant nous le mont Faro, dressé et presque étalé en même temps, bien desservi par de belles pistes. 1180 mètres et toutes ses pentes.
Certains font ça pour faire bien, d'autres pour entrer dans de grandes écoles (sic), chacun a sa raison d'avoir en 4 jours ce que la moyenne des pèlerins met 2 mois à obtenir. Ne jugeons pas; moi je trouve ça pourri, mais surtout les vendeurs de "pack compostellane" quadrillent le terrain et bloquent les hébergements et restos pour placer des clients. Business.
Au 1er degré ça ne rend pas service, mais au 2nd ça rend débrouillard. Je suis donc dans un hôtel pour routiers et voyageurs de commerce 3kms après mon objectif initial et hors chemin, le long d'un axe qui roule bien, en pleine pampa.
J'y découvre le principe de l'eau. marchante. Voire rampante. Ça se passe dans la salle d'eau, plutôt dans le lavabo, heureusement. La douche ça va. C'est déjà ça, dirait la Souche.
Donc demain je vais d'abord rattraper le camino, ensuite doubler Lalín (où je pense que les criquets vont se poser) pour aller dans une albergue qui ne prend pas les rézas.
Un bon filtre, à priori.
Bonne fin de journée
À demain j'espère
Heure d'arrivée 12h00
Distance parcourue 27,2kms